Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 3/211-220

Fascicules du tome 3
pages 201 à 210

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 3, pages 211 à 220

pages 221 à 230


le quart sont de prime en seconde, de seconde en tierce, &c.

Demi-canon. s. m. Pièce d’Artillerie. Dimidium tormentum bellicum. Tormentum bellicum minus. Il y a des demi-canons de trois sortes. Le demi-canon le plus petit est ordinairement de 6 pouces de calibre, & pèse 5400 livres. Il a quelquefois dix & quelquefois onze pieds de long : il est de 30 livres de balle, & porte 156 pas de but en blanc. Sa charge est de 14 livres de poudre. Le demi-canon ordinaire, qui est de 6 pouces plus deux lignes de calibre, a douze pieds de long, & 5600 livres de poids. Sa charge est de 17 livres 8 onces de poudre, & porte un boulet de 6 pouces & demi de diamètre, & de 32 livres de poids. Il porte de but en blanc 162. pas. Le demi-canon de la plus grande espèce a 6 pouces de calibre, 12 pieds de long, & 6000 livres de poids. Sa charge est de 18 livres de poudre, & il porte de but en blanc 180 pas. Harris.

Demi-case, terme de Trictrac, c’est celle où il n’y a qu’une dame abattue sur une flèche.

DEMI-CASTOR. s. m. On appelle ainsi un chapeau qui n’est pas fait entièrement de poil de castor, mais dans lequel il entre d’autre poil ou de la laine. Ac. Fr. 1740. au mot castor.

Demi-ceint. Est une ceinture d’argent ou d’autre métal avec des pendants, que portoient autrefois les femmes, où elles accrochoient les clefs, les ciseaux, &c. Semicinctum.

Demi-ceintier. s. m. Artisan qui faisoit des demi-ceints, lorsqu’ils étoient en usage. C’est une des qualités des maîtres Chaînetiers.

Demi-cercle, c’est la moitié de la circonférence d’un cercle, qui a pour sa base le diamètre. Hemicyclus. On l’appelle aussi hemicycle.

Demi-cercle, est aussi un instrument d’arpentage appelé quelquefois graphomètre. Voyez ce mot.

Demi-circulaire. adj. Epithète que les Anatomistes donnent à des fibres du cœur. Semicircularis. Elles sont ainsi appelées, parce que descendant de la base du cœur en ligne spirale de droit à gauche vers la pointe, ou faisant un demi-cercle, elle remontent en la même ligne spirale de gauche à droite vers la base. Voyez Dionis, cinquième Démonstration Anatom.

Demi-clef. s. f. Terme de Marine. Nœud qu’on fait d’une corde sur une autre corde, ou sur quelque autre chose.

Demi-colonne, en Architecture. C’est celle qui ne paroît qu’à demi hors du mur, qui n’est pas en plein relief. Columna mediâ parte exstans, prominens.

Demi-corde. s. f. C’est la moitié d’une corde de bois c’est-à dire, ce qui peut tenir de bûches dans une membrure de quatre pieds de haut, sur quatre pieds de long. A Paris on l’appelle plus communément une voie de bois.

Demi-coulevrine. s. f. Pièce d’Artillerie, dont il y a trois sortes. Tormentum dimidio minus eo quòd a colubro dicitur. La demi-coulevrine ordinaire est de 4 pouces & demi de calibre, de 2700 livres pesant, de dix pieds de long, & de dix livres onze onces de balle ; chargée de 7 livres 4 onces de poudre, elle porte de but en blanc à 175 pas. La demi-coulevrine de la plus petite grosseur n’est que de 4 pouces ou 3 lignes de calibre, de dix pieds de long, & de 1000 livres pesant ; chargée de 6 livres 5 onces de poudre, d’un boulet de quatre pouces de diamètre, & de 9 livres pesant, elle râse un espace de 174 pas. La demi-coulevrine de la plus grande sorte, est de 4 pouces de calibre, de dix pieds de long, plus de pied, c’est-à-dire, 4 pouces, & de 3000 livres pesant. Sa charge est de 8 livres 8 onces de poudre, & de 12 livres 11 onces de balle ; ce qui fait un boulet de 4 pouces & demi de diamètre. Elle porte de but en blanc 178 pas Harris.

Demi-coupé. s. m. Terme de danse. Subinflexus gradus. Les pas composés de plusieurs, se commencent ordinairement par un demi-coupé, soit du pied droit, soit du gauche. Supposé que ce soit du droit il faut avoir le pied devant à la quatrième position, & le corps posé dessus, le droit prêt à partir, en sorte qu’il n’y ait que la pointe qui porte à terre. Ainsi pour commencer ce demi-coupé, vous portez le pied gauche contre le droit à la première position, & vous pliez également les deux genoux ayant toujours le corps posé sur le pied gauche, le droit en l’air, les genoux pliés également & tournés en dehors, la ceinture non pliée, & la tête fort en arrière. De-là vous passez, étant plié, le pied droit devant vous sans vous relever, à la quatrième position, & dans le même temps vous apportez le corps dessus, en vous élevant sur la pointe du pied droit. Et dans le même temps vous apportez le corps sur le pied droit, en vous élevant sur la pointe du pied, mais en vous relevant il faut étendre le genou & de suite approcher la jambe gauche auprès & de suite vous posez le talon à terre, ce qui termine la fin de ce pas. Rameau. Le pas de menuet finit par un demi-coupé échappé.

Demi-croix. s. m. Terme usité dans l’Ordre de Malte où l’on appelle de ce nom les Donnés, ou les Oblats de l’Ordre. Voyez Donné, & Oblat.

Demi-Déesses. s. m. pl. Toute la Grèce étoit remplie de demi-Dieux & de temple érigés en leur honneur mais dans toute l’histoire, il n’est fait mention que d’une seule demi-Déesse. Voyez HÉMITHÉE.

Demi-diametre. s. m. Terme de Géométrie. C’est une ligne droite tirée du centre à la circonférence d’un cercle, la même chose que rayon.

Demi-Dieu. On appelle demi-Dieux chez les payens, les Dieux du second ordre, qui avoient un Dieu pour père, qui tiroient leur origine des Dieux ; ou des Héros qui avoient mérité par leurs belles actions d’être mis au nombre des Dieux, mais dans un rang inférieur. Semi-Deus. Les faunes, les Néréides, les Nymphes, les Dryades, &c. Les hommes illustres & extraordinaires, Hercule, Castor, Pollux, Jules César, Auguste étoient des demi-Dieux : quand on les appelle Dieux, on doit entendre ce mot, les Dieux du second ordre, ou des demi-Dieux. Vous autres demi-Dieux avez peur comme les autres hommes. Voit.

Songez que c’est fort peu de chose,
Qu’un demi-Dieu quand il est mort.

Demi-Dieu, se dit encore dans un sens figuré, en parlant des Conquérans, de Rois, des Souverains, à cause de leur puissance, de leur rang, de leur autorité qui les rendent en quelque manière semblables aux Dieux ; & qui en sont en ce sens de demi-Dieux. Mlle Scudery, parlant du Doge de Genes, s’exprime ainsi :

Quoi ! lui dis-]e, entrer en France,
Et vous montrer en ces lieux !
Oui, dit-il, par la clémence,
Du plus grand des demi-Dieux. (Le Roi de France.)

Que crois-tu, dis-le moi, des beautés de ces lieux,
Où viennent comme nous errer nos demi-Dieux ?

Nouv. ch. de Vers.

On dit aussi, qu’un Centaure étoit feint demi-homme & demi-cheval. Semihomo. Une Sirène demi-femme & demi-poisson. Un Hermaphrodite est demi-homme & demi-femme. Androgynus, hermaphroditus.

DEMIDITON. s. m. On appelle ainsi, en termes de Musique, la tierce mineure qui a ses termes comme 6 à 5.

Demi-épineux. adj. Terme d’Anatomie. C’est un des six muscles communs au dos & aux lombes. C’est le second de leurs extenseurs. Il est nommé demi-épineux, parce que la moitié de ce muscle prend son origine des épines de l’os sacrum, & l’autre moitié des épines des vertèbres des lombes ; & montant en haut va s’insérer un peu obliquement à toutes les apophises transverses des vertèbres du dos jusqu’au cou, & les tire toutes en arrière. Ce muscle est situé entre le sacré & le sacrolombaire, qui est un de ceux de la poitrine. Ces trois muscles ne semblent faire qu’un corps, & on a de la peine à les séparer. Ils forment cette masse de chair qui occupe le dos depuis l’os sacrum jusqu’au cou. Lorsque ces muscles ne font pas bien leur devoir, ou par foiblesse, ou par quelque méchante habitude, l’on devient voûté, & quelquefois bossu. Dionis.

Demie. Ne demie, ni la moitié de la chose qui vient d’être nommée.

Revenge n’en veux, ne demie. Marot.

Revenge ne demie, signifie, ni revanche, ni demi-revanche, c’est-à-dire, ni rien qui approche de la revanche. La Fontaine se sert de cette façon de parler dans son Oraison de S. Julien, où il dit :

Ou sans pact ne demi
L’on se guérit, l’on guérit sa monture.

C’est-à-dire, sans aucun pact. Notes sur Cl. Marot.

Demi-file, Terme de l’art militaire. C’est une file divisée en deux. Geminas in partes divisus ordo. La demi-file est le rang du bataillon qui suit le serre demi-file, & qui commence la dernière moitié de la hauteur du bataillon. Ainsi le bataillon étant à huit de hauteur, le cinquième rang doit être la demi-file. S’il est à six de hauteur, ce fera le quatrième rang.

Demi-fleuron. s. m. Terme de Botanique. Les Botanistes appellent demi-fleurons les feuilles qui forment la couronne des fleurs radiées. Ces feuilles sont fistuleuses par le bas, plates dans le reste, & elles portent ordinairement sur le jeune fruit qui pousse un filet pointu ou fourchu, lequel passe au travers d’une gaine dont le demi-fleuron est garni. Cette gaine commence le plus souvent par cinq autres petits filets qui naissent des parois internes du demi-fleuron.

☞ Les fleurs à demi-fleurons, sont des bouquets applatis en-dessus, formés d’un nombre de demi-fleurons rassemblés dans un calice commun. Chaque demi-fleuron (Semi-Flosculus,) est un tuyau qui se termine par une grande lèvre. Ces pétales portent chacun sur un embrion de graines. Il y a aussi des demi-fleurons stériles. Duhamel. Voy. Pétale.

Demi-futaie. s. f. Se dit des bois, ou arbres, dont l’âge est depuis quarante ans jusqu’à soixante. On leur donne aussi le nom de bois de haut revenu.

Demi-gorge, Terme de Fortification. C’est une ligne qui va du flanc ou de l’angle de la courtine au centre du bastion. Linea ab angulo frontis propugnaculi ad ejusdem centrum pertingens.

Demi-Hollande. s. f. Dans le commerce de Toilerie, on donne ce nom à certaines toiles de lin blanches & fines qui ne se fabriquent point en Hollande, mais en France dans la Province de Picardie, particulièrement à Beauvais, Cominge, & aux environs de ces endroits.

Demi-jeu, à Demi-jeu, Terme de musique instrumentale, manière de jouer qui tient le milieu entre le fort & le doux.

Demi-intérosseux. adj. m. & subst. Terme d’Anatomie. Semi-interrosseus. Le demi-intérosseux de l’index est un petit muscle charnu, court & plat à-peu-près comme l’antithénar ou le demi-intérosseux interne du pouce. Il est situé obliquement à côté de celui du pouce entre la première phalange du pouce & le premier os du métacarpe. Winslow.

Demi-litron. s. m. Terme de commerce. Sorte de mesure, qui sert à mesurer des grains ou choses semblables. Demi-litron de pois, de noisettes, &c.

Ce mot vient du Grec ἡμίλιτρον, hemilitra, ou semilibra.

Demi-lune, Ouvrage de fortification, que l’on met ordinairement devant la courtine, ou l’angle flanqué d’un bastion. Lunatum propugnaculum, lunata munitio. La demi-lune sur la courtine est composée communément de deux petits flancs d’environ cinq ou six toises, & de deux faces qui se terminent en angle saillant vers la campagne ; la gorge de la demi-lune est terminée par deux lignes prolongées de la contrescarpe du fossé, qui forment un angle rentrant du côté de la place, vers le milieu de la courtine. La demi-lune sur l’angle flanqué du bastion, est composée des mêmes parties que la précédente ; elle diffère seulement de la première, en ce que la gorge de celle-ci est formée par une ligne circulaire ; d’où le nom de demi-lune lui a été donné. Dans la bonne fortification on se sert aujourd’hui de bonnes contregardes pour couvrir les bastions, au lieu de demi-lunes dont on se servoit ci-devant.

On appelle encore demi-lune, ce qu’on appeloit autrefois ravelin, qui est un ouvrage fait à-peu-près de la même façon que la première sorte de demi-lune, à l’exception que ce dernier ouvrage n’a point de flanc : il n’a que deux faces terminées en angle saillant vers la campagne, dont la gorge est fermée.

La demi-lune est dite couronnée, lorsqu’elle est couverte d’un ouvrage à couronne. Lunatum propugnaculum coronatum. On la nomme aussi tenaillée, lorsqu’elle est accompagnée à droite & à gauche de deux ouvrages construits à angle droit sur l’angle flanqué de la demi-lune, par le prolongement de ses deux faces qu’on tire d’environ 28 ou 30 toises ; chacun de ces ouvrages ayant deux faces terminées en angle saillant vers la campagne, & un fossé de huit ou neuf toises qui les sépare de la demi-lune, & la contrescarpe. Lunatum propugnaculum utrinque forcipis in morem munitum.

Enfin la demi-lune est appelée accornée, lorsqu’elle est contregardée par deux ouvrages qui avancent en forme de cornes, vers la campagne, ayant au-devant une petite demi-lune, autrement lunette, qui couvre l’entre-deux de leur séparation, & par conséquent l’angle flanqué de la demi-lune. Cornutis operibus instructum.

Demi-lune d’eau. Dans la décoration des Jardins. C’est une espèce d’amphithéâtre circulaire, orné de pilastres, de niches ou renfoncemens rustiques, avec des fontaines en napes, ou des statues hydrauliques. Lunatum amphitheatrum scatentibus & salientibus aquis ornatum.

Demi-membraneux. adj. Terme d’Anatomie. Muscle de la jambe, le troisième des fléchisseurs. Semimembranaceus. Il est ainsi nommé, parce qu’il tient en quelque façon de la nature des membranes. Il prend son origine de l’éminence de l’ischion, & va s’insérer à la partie postérieure de l’épiphyse supérieure du tibia. Il est situé comme les deux autres fléchisseurs dans le derrière de la cuisse & en agissant ils font fléchir la jambe, qu’ils tirent en arrière. Dionis.

Demi-métal. s. m. Substance minérale qui a plusieurs propriétés des vrais métaux, sans pourtant avoir leur fixité ni leur ductilité, tels sont l’Antimoine, le Bismuth, le Zinc, le Cobalt & l’Arsenic.

Demi-métope. s. f. Terme d’Architecture. Semimetopium, ou plutôt Semimetopa. Les demi-métopes ne sont pas la moitié juste des métopes, mais seulement des portions de métopes, qui se mettent à l’encoignure de la frise Dorique : on les appelle cependant en François demi-metopes, parce que Vitruve les appelle en latin Semimetopia.

Demi-montre, Terme de Guerre. C’est la moitié de la montre, c’est-à-dire, de l’argent qu’on doit aux troupes, & qu’on a coutume de leur donner quand on fait la revue. Le Maréchal de Grammont envoya le Chevalier de Chabot pour nous faire venir sous Philisbourg, où nous demeurâmes le 14. & où nous reçûmes une demi-montre. Bussi Rab.

Demi-mot, Dans l’usage ordinaire cela ne signifie pas la moitié ou une partie d’un mot, mais quelques paroles qu’on dit, ou quelques signes qu’on fait pour faire entendre quelque chose, & c’est en ce sens qu’on dit par manière de proverbe, il faut entendre à demi-mot, c’est-à-dire, sans attendre que les choses soient clairement expliquées & déclarées. M. Perrault s’est servi de cette expression en parlant des choses inanimées, & des signes qu’on remarque dans les arbres, les plantes.

Il faut qu’à demi-mot un Jardinier entende,
Ce que dans ses besoins un arbre lui demande.

Demi-nerveux. adj. & s. m. Terme d’Anatomie. C’est un muscle de la jambe, & le second des fléchisseurs. Seminervosus. Barthol. Le demi-nerveux est ainsi nommé, parce qu’il n’est pas tout-à-fait charnu, & que sa substance tient de la nature du nerf. Il prend son origine de l’éminence de l’ischion, & va s’insérer à la partie supérieure & postérieure du tibia. Dionis.

Demi-orbiculaire. adj. & s. m. Terme d’Anatomie. Nom des muscles communs aux deux lèvres. Semiorbicularis, e. On prend communément les demi-orbiculaires pour un seul muscle qui environne les deux lèvres ; & auquel on donne le nom d’orbiculaire ; mais, en examinant bien les angles des lèvres on y trouve les fibres de la lèvre supérieure croisées avec les fibres de la lèvre inférieure, & on distingue l’arcade musculaire de l’une, d’avec l’arcade musculaire de l’autre. C’est pourquoi j’en fais deux que j’appelle en général demi-orbiculaires, & en particulier l’un demi-orbiculaire supérieur, & l’autre demi-orbiculaires intérieur. Il seroit mieux de les appeler demi ovalaires.

Le demi-orbiculaire supérieur est souvent plus large que l’inférieur. Il a encore cela de particulier que les fibres de son arcade ne vont pas toutes au coin de la bouche, mais se terminent par degrés entre le milieu & les extrémités de cette arcade à-peu-près comme les fibres demi-orbiculaires de la paupière supérieure. Le demi-orbiculaire inférieur est pour l’ordinaire plus uniforme dans l’arrangement de ses fibres. Winslow.

Demi-osseux. s. m. Terme d’Anatomie. Nom d’un des muscles qui meuvent les doigts de la main. Semiosseus. Le demi-osseux du pouce s’appelle autrement l’antithénar. Voyez ce mot.

Demi-pélagiens. Voyez Semi-Pélagiens.

Demi-pièce. s. f. Terme de commerce ; Pièce d’étoffe ou de toile coupée en deux.

Demi-pique, est une longue javeline. Hasta brevior.

Demi-Pont. s. m. Terme de Marine. On l’appelle aussi corps-de-garde du vaisseau. Statio militum in navi. C’est ordinairement la partie qui se trouve sous le gaillard de l’arrière.

Demi-quarante-cinq, Terme de jeu de Paume. Donner demi-quarante-cinq, c’est donner à son adversaire quarante-cinq dans un jeu, & trente dans l’autre, & ainsi de suite alternativement.

Demi-quart. s. m. Sorte de mesure, moitié d’un quart. C’est aussi, selon Nicod, une monnoie de France frappée par Ordonnance du Roi Henri III.

Demi-queue. s. f. Espèce de tonneau de vin dont ceux d’Orléans, d’Anjou & du Maine se servent, contenant vingt-sept setiers, à huit pintes le setier, deux chopines la pinte, deux demi-setiers la chopine, & deux poiçons le demi-setier. Il se prend tant pour le fust sans vin, que pour cette mesure & quantité de vin sans fust. Les quatre demi-queues valent trois muids de vin au fust & jauge de Paris.

Demi-revêtement, Terme de Fortification des places, c’est un revêtement de maçonnerie qui soutient les terres du rempart, seulement depuis le fond du fossé jusqu’au niveau de la campagne, ou un pied au-dessus.

Demi-setier. s. m. Nom de mesure des choses sèches & des choses liquides, mais qui est bien différente pour ces deux sortes de choses. Voyez Setier.

Ce mot vient de dimidius sextarius, ou de Semi sextarius, qui est formé du Grec ἡμιξέστης.

Demi-sextil, Terme d’Astronomie. C’est la distance d’un douzième, ou d’une demi-sixième partie du Zodiaque, qui est entre deux planètes. Comme sextil est la distance de deux signes, ou de quarante-cinq degrés, demi-sextil est la distance d’un seul signe qui est entre deux planètes. Le demi-sextil approche fort de la conjonction.

Demi-soie. s. f. On dit que les Marchands donnent ce nom à quelques étoffes, comme à l’étamine, au camelot, dans lesquels il entre une moitié de soie avec une moitié de laine. Semi sericus, a, um.

Demi-soupir. s. m. Caractère de musique qui se fait ainsi , & qui marque un silence dont le temps doit être égal à celui d’une croche ou de la moitié d’un soupir. Encyc.

Demi-teinte. Voyez Teinte.

Demi-tierce, s. & adj. f. Semitertiana. Voyez HÉMITRITÉE.

Demi-tige. Voyez Arbre.

Demi-ton. s. m. Terme de Musique. C’est la moitié d’un ton. Hemitonium. Il y a un demi-ton mineur. Le demi-ton est essentiel à la Musique, car il en est l’ame & l’ornement, vu que par son moyen l’on établit les diverses espèces de quarte, de quinte, & d’octave. La proportion en nombres du demi-ton majeur est de 16 à 15. Celle du demi-ton mineur est de 24. à 25. Celle du demi-ton moyen est de 128 à 135. Le dièse enharmonique est la différence du demi-ton majeur, & du demi-ton mineur.

Demi-tour à droite, demi tour à gauche. Commandement pour faire changer de front à un bataillon, soit à droite, soit à gauche.

Demi-trente, Terme de jeu de Paume. Donner demi-trente, c’est donner à ton adversaire trente dans un jeu, & quinze dans l’autre, & ainsi de suite alternativement.

Demi-vol. s. m. Dimidius volatus, semi-volatus. C’est quand la perdrix, ou quelqu’autre oiseau, que l’on a fait lever, va s’abattre peu loin de l’endroit d’où on l’a fait partir.

Demi-vol, en termes de Blason, se dit d’une aîle seule d’un oiseau sans qu’il soit besoin d’en marquer l’espèce. Ala simplex, ala unica. Les bouts de ses plumes doivent toujours être tournés vers le flanc fenestre.

Demi, est aussi une espèce d’adverbe qui signifie, A moitié. Il se joint en ce sens avec beaucoup d’adjectifs. Il est demi-mort. Semivivus. Cette viande n’est pas demi-cuite. Semi-coctus. Ce rôti est demi-brûlé. Semi-ustus. Cet homme est demi-ivre. Vino semi gravis. Le mot demi se joint aussi aux noms de mesure, tant des espaces, que des choses liquides & des choses sèches, & il signifie la moitié de la mesure dont le nom est après celui de demi. Demi-pied. Demi-lieue, demi-quart de lieue. Demi-boisseau. Demi-setier. Demi-heure ; &c. C’est la moitié d’une lieue, d’un boisseau, d’un setier, d’une heure. On ne se sert pas ordinairement du mot de demi avec un nom de mesure, lorsqu’on a un mot simple & unique pour exprimer la mesure dont on parle ; ainsi, quoiqu’on dise bien demi-aune pour la moitié d’une aune on ne dit pas demi-pinte, parce qu’on a le mot de chopine qui signifie la même chose : ce ne seroit pas cependant une faute de s’en servir.

On dit, proverbialement, A trompeur, trompeur & demi ; pour dire qu’on sera encore plus fin que celui qui a voulu tromper. On dit aussi, battre quelqu’un en diable & demi ; pour dire, le battre excessivement. Le petit peuple dit, sans respect ni demi, pour dire sans aucun respect.

A demi, Autre adverbe qui signifie la même chose que demi. Ce tonneau est à demi bu. Semi inanis. Cet habit est à demi usé. Semi tritus. Il est à demi endormi. Semi sopitus. Cela est à demi fait. Semi factus. Demi mort. Semianimis, semianimus. Un habile nomme entend à demi mot. Intelligenti pauca. Il ne faut point pardonner à demi, faire du bien à demi. Imperfectè. Il est à demi fou de la perte de sa femme. Penè impos animi, penè raptus ex sese. On a beau amasser des matériaux pour bâtir, il n’y en a jamais à demi ; c’est-à-dire, assez. Satis. Il ne faut pas savoir les choses à demi, Imperfectè. Cela est à demi cuit, Semi coctus, à demi brûlé, semi ustus, à demi rôti, semi assus, à demi mangé, semesus, à demi renversé, semisupinus, à demi abattu, à demi ruiné, semi rutus, à demi formé, semiformis, à demi ivre, vino semi gravis, à demi sauvage, semi-barbarus. Ce vaisseau est à demi plein. Semi plenus. Cette porte est à demi ouverte. Semi apertus. Ceux qu’on nomme Zuingliens, ou Sacramentaires, n’ont pas cru qu’il se fallût éloigner à demi de la foi. Pel.

Les Dieux m’ont secourue, & mon cœur affermi,
N’a rien dit, ou du moins n’a parlé qu’à demi. Rac.

DÉMIRCAPI, ou TÉMIRCAPI. Voy. DERBENT.

DEMIS. ise. adj. Voyez Démettre.

☞ DEMISSION. Terme de Jurisprudence. C’est en général un acte par lequel on quitte quelque chose. C’est-là l’idée principale que présente ce mot dans les articles suivans.

Démission, se dit particulièrement de l’acte par lequel on se dépouille d’un emploi, d’une charge, d’un bénéfice dont on étoit pourvu. Abdicatio. Demissio. On a envoyé demander à un tel la démission de sa charge. L’amour du repos n’est pas toujours le motif des démissions. Le mécontentement ou le soin de sa famille en est souvent la cause. On ne doit donner de démission que quand il n’est plus permis de remplir les devoirs avec honneur. La démission peut être volontaire ou forcée. La démission d’un bénéfice est pure & simple, ou bien elle se fait en faveur d’un autre.

☞ La démission pure & simple, est un acte par lequel on se dépouille purement & simplement d’un bénéfice, sans le transmettre à un autre, entre les mains de l’ordinaire ou du collateur.

☞ La démission en faveur, n’est pas une démission proprement dite. On l’appelle plus communément résignation. Voyez ce mot. Voyez aussi renonciation, désistement, abdication, où les différences de ces mots sont expliquées.

Démission, est aussi un acte par lequel un père, ou une mère, se démet, & se dépouille de son bien en faveur de ses enfans. La démission est une succession anticipée. C. B. Cessio. La démission de biens est un délaissement général de tous ses biens, que l’on fait à ses enfans ou autres présomptifs héritiers, avec rétension d’usufruit, ou à la charge d’une pension viagère, ou à telle autre condition qu’il plaît aux parties.

Démission de foi, est l’aliénation que fait un vassal d’une partie de son fief, sans rétention de foi, en sorte que le nouvel acquéreur la tienne en plein fief séparé de la partie que le vassal s’est retenue. Ce qui est un démembrement de fief qui ne se peut faire sans le consentement du Seigneur.

☞ Nos Coutumes permettent bien au vassal de se jouer de son fief, mais jusqu’à démission de foi ; c’est-à-dire que les vassaux ne peuvent se jouer de leurs fiefs, qu’autant qu’ils retiennent à eux la foi qui est due au Seigneur dominant.

Démission, Dans les coutumes de Vest & de Devest, est l’acte par lequel celui qui a fait un contrat translatif de propriété d’un héritage en faveur de quelqu’un, déclare pardevant les officiers du Seigneur de qui relève cet héritage, qu’il s’en est démis & dévêtu en faveur de l’acquéreur. Ferr.

DÉMISSIONNAIRE. s. m. & adj. C’est celui en faveur duquel on a fait une démission. On a voulu que l’enfant démissionnaire mît les biens de ses père & mère à couvert au préjudice des Créanciers. Journal du Palais.

DEMITTE. s. f. Sorte de toile de coton qui se tire de Smyrne.

☞ DEMMIN, DAMIN ou DIMIN. Demmium. Ville d’Allemagne dans le Duché de Stétin, en Poméranie, sur la Péene. Long. 37. d. lat 94. d. 3. selon Zeiler.

DÉMOCRATIE, s. f. Sorte de gouvernement où le peuple a toute l’autorité, & où la souveraineté réside dans le peuple. Cette espèce de gouvernement politique est directement opposé à la monarchie. Si la souveraine puissance réside entre les mains d’une partie du peuple seulement, c’est une aristocratie. Democratia, populare imperium. La Démocratie n’a été florissante que dans les Républiques de Rome & d’Athènes. Les séditions, & les troubles arrivent souvent dans les Démocraties. Le Gouvernement de Bâle est une Démocratie.

Ce mot vient de δημοκρατία, formé & composé de δῆμος, peuple, & de κρατεῖν, régir, commander.

DÉMOCRATIQUE. adj. Qui appartient à la démocratie. Etat, gouvernement démocratique. Democraticus. Le gouvernement des Républiques modernes tient plus de l’aristocratique, que du démocratique.

☞ DÉMOCRATIQUEMENT. adv. D’une manière démocratique. Democraticè.

DEMOGORGON. s. m. Divinité ou Génie de la terre, comme son nom le signifie. C’étoit, dit-on, un vieillard crasseux, couvert de mousse, pâle & défiguré, qui habitoit dans les entrailles de la terre. Il avoit pour compagnons l’Eternité & le Cahos. S’ennuyant dans cette solitude, il se fit une petite boule sur laquelle il s’assit, & s’étant élevé en l’air, il environna toute la terre, & forma ainsi le Ciel. Il tira ensuite, de la terre, de la boue enflammée qu’il envoya dans le Ciel pour éclairer le monde, dont il forma le soleil qu’il donna à la Terre en mariage, d’où naquirent le Tartare, la Nuit, &c. On donne ensuite plusieurs enfans à Demogorgon, savoir la Discorde, Pan, les trois Parques, l’Erèbe. Cette Théogonie, la moins déraisonnable de toutes celles que l’idolâtrie a enfantées, n’est qu’une enveloppe grossière sous laquelle les Anciens ont renfermé le Mystère de la Création du monde. C’est Bocace qui la rapporte, comme l’ayant tirée de Théodontius, ancien Auteur Grec. Démogorgon vient de Δαίμων, Génie, & Γεωργών, qui préside à la terre.

DEMOISELLE. s. f. Femme ou fille née de parens nobles. Femina nobilis. Cette personne est Demoiselle, quoiqu’elle soit pauvre, elle est fille de Gentilhomme.

Autrefois on disoit Damoiselle, & on trouve encore ce mot de Damoiselle dans des actes, comme contrats, &c.

Demoiselle, se dit aujourd’hui de toutes les filles qui ne sont point mariées, pourvu qu’elles soient d’honnête famille. Ces deux belles Demoiselles sont filles d’un Marchand, d’un Procureur. Ce nom ne se donnoit autrefois qu’aux filles des Princes & des Grands Seigneurs, des Barons & des Chevaliers, qui n’étoient point mariées. Ce mot vient du Bas-Breton, ou ancien Gaulois, où l’on disoit Demoiselle en la même signification.

Demoiselle, se dit aussi d’une fille qui est à la suite ou au service d’une Dame. Ancilla, famula, assecla. Les Demoiselles suivantes sont les confidentes de leurs maitresses.

Demoiselle, est aussi un ustensile qu’on met dans le lit pour échauffer les pieds d’un vieillard. C’est un fer chaud qu’on met dans un cylindre creux, qu’on enveloppe dans des linges, & qui entretient long-temps sa chaleur ; quelques-uns l’appellent moine. Ferrum calidum cylindro concavo inclusum.

Demoiselle, ou Damoiselle, mais plus souvent Demoiselle ; parce qu’il est plus doux. C’est un outil dont se servent les Paveurs pour enfoncer les pavés. C’est un gros cylindre de bois ferré par le bout & pesant qui a deux anses aux côtés pour le manier & l’élever un peu en l’air. Fistuca. Les Paveurs appellent aussi cet instrument hie. Ils disent en riant faire sauter la Demoiselle ; pour dire, travailler avec la hie, ou enfoncer le pavé avec la Demoiselle.

M. Perrault, dans ses notes sur le ch. 3. du liv. 3. de Vitruve, dit qu’on a appelé cet instrument du nom de demoiselle, à cause qu’il a deux anses qui représentent deux bras.

Demoiselle, Espèce de jambier qui soutient le cheval dont se servent les Scieurs de long.

Demoiselle, en termes de Monnoies, espèce de verge fer ou espadon, qui sert à empêcher que les charbons ne coulent, avec la matière, de la cuillier dans les moules. Encyc.

DEMOISELLE DE NUMIDIE. ou POULE DE NUMIDIE. C’est un oiseau rare d’un plumage gris plombé, qui a des plumes élevées en forme de crête, longues d’un pouce & demi ; mais les côtés de cette crête & le derrière sont garnis de plumes noires & plus courtes. Au coin de chaque œil elle a un trait de plumes blanches qui passant sous l’appendice, lui forme de grandes oreilles de plumes, faites de fibres longues & déliées, comme celle que les aigrettes ont sur le dos. Le devant de son cou a des plumes noires encore plus déliées que celles de l’aigrette, qui lui pendent sur l’estomac. Ses jambes sont couvertes de grandes écailles par devant & de petites par derrière. Ses ongles sont noirs & médiocrement crochus. La plante du pied est grenée comme du chagrin. On croit que c’est le même oiseau que les Anciens ont nommé scops, & les Grecs ὠτίς, qu’Aristote a nommé bateleur, danseur & comédien, & Pline parasite, & baladin ; & on l’a appelé en François demoiselle, parce qu’il semble qu’il imite les gestes d’une femme qui affecte d’avoir de la grace dans son marcher, dans ses révérences & dans sa danse. Athénée le nommoit anthropoeide ; c’est-à-dire, ayant forme humaine, à cause qu’il imite ce qu’il voit faire aux hommes, & il rapporte la manière dont Xénophon dit que les Chasseurs prennent ces sortes d’oiseaux. Ils font semblant en leur présence de se laver les yeux, & au lieu de bassins pleins d’eau, ils en laissent qui sont pleins de glu. Les demoiselles s’approchent de ces bassins, & se collent es pieds & les yeux avec la glu, en imitant les gestes qu’elles ont vu faire aux hommes. On en a nourri dans la Ménagerie de Versailles.

DEMOISELLE. s. f. Espèce de petit insecte. C’est un ver, en forme de nymphe, qui a deux yeux si gros, qu’ils font presque toute sa tête & quatre ailes admirables qui le font tourner avec une grande vîtesse ; parce qu’il prend sa proie en l’air. Il a deux dents renfermées en dedans avec lesquelles il pince très-fort. L’accouplement de ces insectes, se fait, d’une façon bien singulière, en l’air en volant, & en faisant des cabrioles, l’extrémité de la queue de la femelle se courbant vers le milieu du corps du mâle où sa verge est située, & la recevant ensuite dans l’extrémité de sa queue. Cet insecte a aussi deux cornes, & il jette dans l’eau ses œufs, qui ressemblent à ceux des poissons d’où l’on voit sortir une infinité de vers à six pieds. Il s’en forme ensuite un ver volant, qui étoit auparavant rampant & nageant. Chacune de ses six jambes est composée de six parties velues par-tout, dont l’extrémité est armée de deux ongles ou serres. Le ventre se divise en dix anneaux. Du lieu où la poitrine s’unit avec le ventre, sortent quatre boutons qui s’enflent, & renferment ses ailes comme les boutons des plantes contiennent les fleurs. Les Latins l’appellent libella, ou perla. Swammerdam en distingue de dix-sept sortes, & dit que Rondelet mal-à propos l’a nommée cigale d’eau ou cicada aquatica ; au lieu d’une sauterelle d’eau, locusta aquatica, dont parle Moufet. Jonston l’appelle forficula aquatica, qui est ce que Moufet appelle puce d’eau, ou pulex marinus. C’est aussi ce que M. Rédi appelle scorpion aquatique. M. Hombery, pensionnaire de l’Académie Royale des Sciences, a donné des observations sur cette sorte d’insecte, dans l’Histoire de l’Académie de l’Année 1699. On trouve dans le Mercure de Juin 1735. 2e. vol. que suivant l’opinion des Naturalistes, cet animal prend naissance dans le fonds des eaux, enveloppé d’une seule membrane ; qu’il dilate son ventre pour faire entrer l’eau dans l’intestin par l’anus ; qu’ensuite il comprime son ventre pour en chasser l’eau assez loin, aussi par l’anus, qu’il fait rentrer l’eau dans son intestin pour la rejeter comme la première fois, recommençant & continuant si long-temps ce petit jeu qu’il fait circuler l’eau dans un bassin avec assez de vîtesse.

Il y a une espèce de poires qu’on appelle poire de Demoiselle ; ou autrement poire de vigne ; & que mal-à-propos on nomme en quelques endroits Petit-vin. La Quint. Voyez au mot Vigne.

DÉMOLIR. v. a. Abattre, détruire, quelque ouvrage d’Architecture ou de maçonnerie. Demoliri, destruere, diruere. Il a été accordé qu’une telle place, qu’un tel château seroient démolis. Le temps détruit, démolit les édifices les plus solides. Le canon vient à bout de démolir les plus fortes murailles. Lorsque Montgommeri eut blessé Henri II. Catherine de Médicis fit démolir les Tournelles, au lieu desquelles on a bâti la Place Royale. Colon.

Démolir, ne se dit que des bâtimens, & des ouvrages de fortification. Ce mot ne présente que l’idée générale de destruction. Raser, démanteler, faire sauter y ajoutent des idées particulières. Voyez ces mots.

Démoli, ie. part. Destructus, eversus. On a pour les grands hommes après leur chûte les mêmes égards que pour les temples démolis, dont on révère jusqu’aux ruines. Bouh.

DÉMOLITION. s. f. Ruine, destruction d’un bâtiment. Demolitio, eversio. Quand on a bâti contre les réglemens, le Maître des œuvres ordonne la démolition de l’ouvrage. On travaille à la démolition de cette citadelle, de ce temple d’Hérétiques.

Démolition, se dit aussi des matériaux qui restent quand on a abattu quelque maison, comme plâtras, bois, plomb, fer, &c. Rudera, ruinæ. On a tant vendu les démolitions de cette tour. Il faut enlever les démolitions, les décombres de ce bâtiment. Les démolitions ont comblé le fossé de cette place. Cette maison qui paroît neuve n’est bâtie que de démolitions. Il avoit ordonné aux Babyloniens d’emporter les démolitions du temple. Ab.

DÉMON. s. m. Les Anciens ont appelé ainsi certains Esprits ou Génies, qui apparoissent aux hommes, tantôt pour leur servir, tantôt pour nuire. Dæmon, malus dæmon. On prétend que Socrate avoit un Démon familier, un Génie particulier. Le Spectre qui apparut à Brutus étoit un mauvais Démon qui l’épouvanta. Cardan se vantoit d’avoir commerce avec des Démons, au rapport de Jérôme Cardan son fils. La première idée des Démons est venue de Chaldée. De-là elle s’est répandue chez les Perses, les Egyptiens & les Grecs. Pythagore & Thalès de Milet sont les premiers qui ont apporté la connoissance des Démons dans la Grèce. Platon s’en est expliqué plus distinctement que les autres Philosophes. Il entendoit par-là des esprits inférieurs aux Dieux ; mais supérieurs aux hommes. Platon appeloit Démons, des Esprits familiers qui habitoient la moyenne région de l’air, & entretenoient la communication entre les Dieux & les hommes, en portant aux Dieux les offrandes des hommes, & en annonçant aux hommes la volonté des Dieux. Il n’en admettoit que de bons & de bienfaisans : mais ses disciples ne pouvant rendre raison du mal, adoptèrent des Démons ennemis & destructeurs des hommes. Il n’y a rien de plus commun dans la Théologie Payenne que ces bons & ces mauvais Génies. Cette opinion superstitieuse passa chez les Israëlites par le commerce qu’ils eurent avec les Chaldéens. Mais, par les Démons, ils n’entendoient point le Diable, ou un Esprit malin ; ils ne prenoient point dans ce sens le terme de Démon, & il n’a été employé dans cette signification que par les Evangélistes, & par quelques Juifs modernes. Van. Dan.

Ce mot vient du Grec Δαίμων.

Dans le sens des Anciens, les Poëtes ont dit, le Démon de la Guerre ; pour dire, le Dieu Mars : le Δαίμων qui les inspire, pour dire, Apollon. Pindare paroît plutôt entraîné du démon de la Poësie, que guidé par la raison. Boil.

Si-tôt que son Démon commence à l’agiter,
Tout, jusqu’à sa servante, est prêt à déserter. Id.

On le dit dans le même sens en plusieurs autres phrases, dans un style figuré, & dans la poësie. Le Démon de la discorde, de l’envie, de l’impureté, &c. comme s’il y avoit un Démon particulier qui portât les hommes à la discorde, à l’envie, à l’impureté, &c.

Démon, se prend encore aujourd’hui dans le sens des Anciens pour Génie, Esprit, soit bon, soit mauvais. Le Démon de la France. Je ne fais quel Démon secret m’inspire sans cesse, que ce n’est qu’à ma colère que je dois vos tendresses. Let. Portug. Je ne sai quel Démon ennemi de mon repos m’a fait voir cette beauté.

Quel Démon vous irrite & vous porte à médire ? Boil.

Je vois Condé, Prince à haute aventure,
Plutôt Démon qu’humaine créature. La Font.

Le Démon de la Thrace, c’est Mars, Dieu de la guerre, parce que les Thraces étoient des peuples très-belliqueux.

Démon, selon les Chrétiens est un Esprit malin, ennemi de l’homme, qui a été précipité du ciel aux enfers, à cause de son orgueil & de sa rébellion, Satan, Béelzébub, Lucifer, sont appelés les Princes des Démons. Jesus-Christ chassoit les Démons des corps des possédés. L’Esprit-Saint le conduisit dans le désert pour être tenté par le Démon. L’enfer est le partage des Démons. Si le Démon peut faire des miracles, & changer l’ordre de la nature, il faut que Dieu opère lui-même, & qu’il lui prête, pour ainsi dire, sa toute-puissance. S. Evr. Il faut être sans cesse en garde contre les surprises & les prestiges du Démon.

De nos plus saintes actions,
Le Démon quelquefois nous fait des précipices. L’Abbé Tétu.

Le Démon du midi, est, selon quelques-uns, une tentation diabolique, suivant ce qui est dit au Pseaume 90. Ab incursu & dæmonio meridiano. Ce mot d’incursus est pris souvent pour l’épilépsie. Ce qui fait que le P. Mabillon a prouvé par plusieurs passages, que ce Démon du Midi est une maladie soudaine & violente, qui prive les personnes de l’usage des sens, de la raison : elle est ainsi appelée, parce qu’on croyoit qu’elle venoit de l’Esprit malin, & parce qu’elle arrivoit ordinairement au plus haut du jour.

Démon, se dit aussi d’un méchant homme qui ne s’attache qu’à nuire aux autres. Quand cet homme est en furie, c’est un Démon. Cet enfant est un Démon incarné, tant il est malicieux. Il est familier en ce sens, aussi-bien que lorsqu’on dit, faire le Démon, pour dire, faire du bruit, tempêter. Il a fait le Démon toute la nuit.

Démon, se dit aussi des choses qui paroissent épouvantables. Ainsi le Capitan a dit du Poëte des visionnaires.

Toutefois il crachoit du creux de ses poumons
L’Epode, l’Antistrophe & cent autres Démons.

On dit aussi en bonne part, d’une personne qui a beaucoup d’esprit, qu’elle a de l’esprit comme un Démon.

Démon & Diable considérés dans une signification sinonyme. Diable, suivant la remarque de M. l’Abbé Girard, se prend toujours en mauvaise part. C’est un esprit malfaisant qui porte au vice, tente avec adresse, & corrompt la vertu. Démon se dit quelquefois en bonne part. C’est un fort génie, qui entraîne hors des bornes de la modération, pousse avec violence, & altère la liberté.

☞ Le premier enferme dans son idée quelque chose de laid & d’horrible que n’a pas le second : & voilà pourquoi la plupart du temps on s’abstient d’en prononcer le nom, & que par une fausse délicatesse, on substitue à sa place celui de démon.

☞ La malice est l’apanage du diable, la fureur est celui du démon : ainsi l’on dit proverbialement que le diable se mêle des choses, quand elles vont de travers par l’effet de quelque malignité cachée ; & l’on dit que le démon de la jalousie possède un mari, lorsqu’il ne garde plus de mesure dans sa passion.

☞ Les Poëtes dans leur entousiasme, sont agités d’un démon qui les fait souvent sortir des règles du bon sens, & prendre le phœbus pour le sublime du style poëtique. Voyez Diable.

DÉMON méridien. C’est le nom qu’on donne à la constellation appelée la flèche ou dard.

DEMONA, ou Val Démona. Province la plus septentrionale de Sicile. Vallis Demona, ou Nemorensis. Elle a au sud la vallée de Noto, au couchant celle de Mazara ; la mer de Toscane la baigne au nord, & le fare de Messine avec la mer Ionienne au levant. Le Val de Démona est arrosé par un grand nombre de rivières qui le rendent très fertile, quoique ce pays soit très-montagneux. C’est dans le Val de Démona ou Demoné qu’est le fameux mont Gibel, ou Ethna. La capitale de cette Province est Messine.

DÉMONIAQUE. adj. m. & f. (Il s’emploie aussi substantivement.) qui est possédé du Démon. Qui ab insidente intus dæmone torquetur, ou Dæmoniacus. Le Seigneur a guéri plusieurs démoniaques. l’Eglise exorcisé les démoniaques. Les Turc n’ont qu’à faire les démoniaques pour être en réputation de sainteté ; d’où vient que généralement parmi les Turcs, les fous sont révérés comme des Saints. Du Loir, L. V, p. 159.

Démoniaque, se dit figurément de ceux qui crient, qui tempêtent, qui menacent. Ce mari, quand il a bu, fait le démoniaque dans le logis.

Démoniaque. Nom de Secte. Dæmoniacus. Les Démoniaques sont un parti d’Anabaptistes, qui enseignoient que les Démons seroient sauvés à la fin du monde, & qui pour cela furent ainsi nommés.

DÉMONOGRAPHE. s. m. Ecrivain qui traite de la nature des Démons, de leur puissance & de leurs effets. Agrippa, Wierius, Becker, Daneau, Osiander, de l’Encre, Glanvil & plusieurs autres sont des Auteurs démonographes. Naudé, dans son apologie, déclame fortement contre les démonographes, qui sont cause que plusieurs grands hommes ont été accusés de Magie. Pierre Massé a réfuté vigoureusement les démonographes.

DÉMONOMANIE. s. f. Connoissance des Démons. Scientia Dæmonum. Traité de leur nature & de leurs effets. Bodin a fait un traité de la Démonomanie.

DÉMONSTRABLE. adj. m. & f. Ce terme n’est guère en usage que dans le Dogmatique. Il signifie, qui peut être démontré. Qui demonstrari potest. Il n’est reçu dans aucun style.

DÉMONSTRANCE. s. f. Vieux mot. Montre, exhibition. Demonstratio, ostensio, exhibitio.

Et mis en découvrance
Du corps mué la triste démonstrance. Marot.

DÉMONSTRATEUR. s. m. Qui se dit en Botanique de celui qui démontre les plantes, & qui apprend à les connoître. Demonstrator. M. de Jussieu, démonstrateur des plantes au Jardin Royal. On le dit de même d’un Médecin ou Chirurgien qui donne des leçons d’Anatomie sur le cadavre, qui démontre les parties du corps humain. Démonstrateur en Anatomie, en Botanique.

DÉMONSTRATIF, ive. adj. En termes de Rhétorique, c’est un des trois genres d’Éloquence, qui se propose la louange ou le blâme, comme dans les Panégyriques, les Oraisons funèbres, les invectives, &c. Les Catilinaires de Cicéron sont dans le genre Démonstratif. Demonstrativus. La Rhétorique est divisée en trois parties, qui contiennent le genre délibératif, le démonstratif, & le judiciaire. On l’emploie aussi substantivement. Cela est bon dans le démonstratif.

Démonstratif, en termes de Grammaire, se dit des pronoms qui servent à montrer & à indiquer quelque chose, comme celui-là, celui-ci, celle-là, ceux-ci.

Démonstratif, en termes de Philosophie, se dit des raisons & des argumens convaincans, évidens & certains. Quelque méchante raison qu’allègue un Avocat, il dit qu’elle est démonstrative. S’il y avoit quelque raison démonstrative on ne disputeroit pas. En Géométrie on ne procède que par des voies démonstratives.

DÉMONSTRATION. s. f. Action par laquelle on montre ou indique quelque chose. En Jurisprudence, indication dont on se sert pour mieux faire connoître la personne ou la chose qu’on veut désigner. Quand des parties ne sont pas d’accord sur quel héritage une redevance est due, il en faut faire la démonstration. La fausse démonstration ne vicie point le legs, pourvu que la chose léguée soit existante, & qu’elle puisse être léguée au légataire. Indicatio, demonstrado.

☞ On appelle aussi démonstration les leçons que donnent les Professeurs d’Anatomie & de Botanique en faisant voir la chose même qu’ils expliquent. Démonstration d’Anatomie, démonstration de Botanique.

Démonstration, signifie quelquefois témoignage, mais avec cette différence, que par un usage tout-à-fait bisarre, démonstration dit moins que témoignage. Les démonstrations tombent plus sur l’extérieur ; l’air du visage, les caresses, les parole flatteuses, ne désignent qu’un accueil obligeant. Significatio alicujus rei. Témoignage au contraire est plus intérieur & va plus au solide, & à des services essentiels. En un mot, un faux ami peut donner des démonstrations d’amitié qui d’ordinaire sont trompeuses, & il n’y a qu’un véritable ami qui en puisse donner des témoignages. Bouh. Dans le monde tout se passe en démonstrations obligeantes sous lesquelles on dissimule ce qu’on pense. S. Evr. La dévotion qui se déploie si fort en démonstrations, & en actes extérieurs, est souvent une fausse vertu qui a sa source dans les passions humaines. De Vill. Ce mari donne tous les jours à sa femme de grandes démonstrations d’amitié. Ce reproche l’a touché sensiblement, mais il n’en a fait aucune démonstration au dehors.

Démonstration, en termes de Philosophie, se dit d’une preuve évidente, d’un argument convaincant, dont les deux premières propositions sont certaines, claires & évidentes, d’où il s’ensuit nécessairement une conclusion infaillible. Demonstratio. Aristote a remarqué que la démonstration ne regarde proprement que la persuasion intérieure, & non pas le consentement extérieur ; parce qu’il n’y a rien de si bien démontré qui ne puisse être nié par un opiniâtre, qui s’est engagé à contester les choses mêmes dont il est intérieurement persuadé. Port Royal. La Géométrie est la seule science qui soit fondée sur des démonstrations. Quand on parle d’une vraie démonstration, on entend parler de la géométrique. Une démonstration a ordinairement trois patries : l’explication, la préparation & la conclusion. L’explication est l’exposition des choses que l’on suppose données dans la proposition, & de ce que l’on veut démontrer. La préparation est une supposition qu’il faut faire selon la nature de la démonstration qu’on veut faire. La conclusion est une proposition qui conclut ce que l’on veut démontrer, & qui acheve de persuader & de convaincre l’esprit. On appelle démonstration affirmative, celle qui par des propositions affirmatives & évidentes, par dépendance l’une de l’autre, finit parce qu’elle veut démontrer. La démonstration négative, est celle par laquelle on montre qu’une chose est telle par quelque absurdité qui s’ensuivroit, il elle étoit autrement, on l’appelle aussi démonstration à l’impossible. La démonstration géométrique, est celle qui sa fait par des raisonnemens géométriques. La démonstration méchanique, est celle dont les raisonnemens se tirent des règles de la Méchanique.

Il y a des démonstrations métaphisiques ; &, comme la géométrie entre dans toutes les sciences spéculatives, toutes ces sciences ont des démonstrations, mais tirées de la Métaphysique, ou fondées sur la Métaphysique. Une proposition seule n’est point une démonstration, par exemple. Le tout est plus grand que la partie, n’est point une démonstration, c’est un principe, une proposition certaine, claire & évidente. Une démonstration est un argument, un syllogisme par lequel on démontre, c’est-à-dire, on prouve évidemment une proposition : par exemple, Le corps humain est un tout composé de plusieurs parties ; le bras n’est qu’une partie du corps ; donc que le corps est plus grand que le bras. Voilà une démonstration métaphysique. Les deux prémisses de la démonstration métaphysique doivent être certaines & évidentes par elles-mêmes & par la seule pénétration des termes. Par exemple, dans la démonstration qu’on vient de faire, on connoît évidemment qu’un tout est un assemblage de plusieurs parties : on connoît évidemment ce que c’est que partie, on sait évidemment ce que c’est, dans le corps humain, que le bras : on sait évidemment qu’il n’est que partie. Ainsi les deux prémisses sont certaines & évidentes par la seule notion ou pénétration des termes.

Il y a aussi des démonstrations Physiques. Ainsi de l’existence du monde, de la beauté, de l’ordre, de la proportion, de la liaison, de l’utilité mutuelle de ses parties, des fins auxquelles elles sont destinées, ce qu’on appelle causes finales de tout cela, où l’on remarque une sagesse admirable, on tire une démonstration physique de l’existence de Dieu. Ainsi Aristote, du mouvement qui se voit dans la nature, a conclu la nécessité d’un premier moteur.

On en tire aussi du consentement des Sages ; de l’opinion générale de toutes les nations, de tous les hommes qui reconnoissent tous quelque divinité, on en tire une preuve morale de l’existence de ce premier être ; mais en général les démonstrations morales ne sont guère que des préjugés légitimes & très-forts, & non des démonstrations, en prenant ce terme à la rigueur.

On distingue, dans l’Ecole, des démonstrations physiques de trois espèce ; les unes que l’on appelle démonstrations a priori, les autres a posteriori, & les troisièmes a simultaneo. Démonstration à priori, c’est-à-dire démonstration tirée d’une chose qui existe, qui est avant la chose que l’on veut prouver ; c’est la démonstration de l’effet par sa cause. Démonstration a posteriori, c’est-à-dire démonstration tirée de quelque chose qui est postérieure à celle que l’on veut prouver, c’est la démonstration de la cause par ses effets. Démonstration a simultaneo, c’est une démonstration prise de quelque chose qui a une connexion nécessaire à celle que l’on veut prouver. Ainsi je démontre qu’une telle personne est en tel endroit, parce que je viens d’y entendre sa voix, c’est une démonstration à simultaneo. Au reste ces termes latins se disent souvent dans des Traités théologiques ou philosophiques & dans les conversations en parlant François ; surtout les deux premiers, car le troisième n’est guère d’usage.

DÉMONSTRATIVEMENT. adv. D’une manière convaincante, demonstrativè. Je m’en vais prouver ce problême démonstrativement.

DEMONTER, v. a. Oter à un cavalier sa monture, lui faire perdre sa monture. {{lang|la|Alicui equum eripere}}. Ce Marchand étoit monté sur un bon cheval, il a trouvé des voleurs qui l’ont démonté. Il est venu une maladie sur les chevaux, la plupart des Cavaliers de l’armée sont démontés. On dit qu’un cheval a démonté son homme, pour dire, qu’il l’a jetté par terre. Acad. Fr.

Démonter, dans les arts méchaniques, désassembler les différentes parties qui composent une machine. Compagem aliquam dissolvere. Démonter une montre, une grue, une charpente, démonter un lit, un cabinet, des tablettes, pour les transporter. Démonter un fusil pour le nettoyer. On dit particulièrement démonter, en parlant des machines de fer, de cuivre, & dont les parties sont unies, de plusieurs manières différentes, & désassembler pour les constructions en bois, surtout si les parties ne tiennent qu’à chevilles & à mortoises. Démonter une montre, désassembler une charpente. On du aussi, en guerre, qu’on a démonté le canon de l’ennemi, lorsqu’on a ruiné les affûts, & qu’on l’a mis hors d’état de servir. On dit aussi démonter un canon, pour dire, l’ôter de dessus son affût. On a démonté le canon pour le faire passer. On dit aussi qu’un luth est démonté, quand il n’y a point de cordes. Il fit construire les vaisseaux, en sorte qu’on les pouvoit démonter, & en charger les pièces sur un chariot. Vaug. Démonter un gouvernail, ne signifie pas le défaire, le mettre en pièces, mais l’ôter de l’arrière du vaisseau où il est attaché & suspendu.

Démonter, est en usage figurément en Morale ; & on dit que les Courtisans ont des visages qui se démontent, pour dire, qu’ils en changent selon l’occasion, & qu’ils paroissent tristes & joyeux, selon que cela plaît au maître. Cet argument convaincant suffit pour démonter le plus opiniâtre disputeur, le mettre hors d’état de répondre. Perturbare, elinguem reddere. Voilà une affliction qui est capable de démonter l’esprit d’un Philosophe. Il a la cervelle démontée, son esprit ne fait pas bien ses fonctions. Ces paroles démontent toutes vos espérances. Ablanc. Pour dire les déconcertent. On dit dans le même sens ; ce Ministre a démonté toute la politique de ses ennemis. Il semble que tout son corps soit démonté. Mol. Pour dire il semble que son corps soit fait de pièces rapportées, & qu’il agisse par ressort. Tout cela est du discours familier.

Démonté, ée. part.

☞ DEMONTRER. v. a. Terme fort usité en Botanique, en Histoire naturelle, en Anatomie, pour dire, faire voir aux yeux la chose dont on parle. Demonstrare, indicare. voyez Démonstrateur & Démonstration.

Démontrer, signifie aussi, donner des marques, des témoignages. Significare. Le visage du Sage démontre la tranquillité de son ame. Voilà des signes qui démontrent qu’il y a de l’eau, qu’il y a des mines en cet endroit là. Les traits du visage & de la main sont des signes qui démontrent le naturel & les avantures des hommes, à ce que disent les Physionomistes & les Chiromanciens.

Démontrer, se dit, dans un sens philosophique & plus rigoureux, pour dire, prouver d’une manière évidente, ou par des conséquences nécessaires d’un principe incontestable, évident. Demonstrare. On démontre un problème, une vérité, une proposition. Un Géomètre démontre tout. Un Physicien ne démontre rien. Les vérités du sentiment se montrent, & ne se démontrent point. S. Evr.

Démontré, ée. part. Demonstratus.

DÉMOPHILE. s. f. C’est le nom de la septième des dix Sibylles que compte Varron. Elle étoit de Cumes comme la Sibylle Déiphobe. C’est d’elle qu’on a fait le conte des Livres Sibyllins.

DÉMOPHON, ou DÈMOPHOON. s. m. Fils de Thésée & de Phèdre, Roi d’Athènes, se déclara protecteur des Héraclides qu’Euristhée persécutoit, & fit même périr leur ennemi. Lorsqu’Oreste, coupable de parricide, vint à Athènes, Démophon ne voulant pas l’admettre à sa table, sans cependant lui en faire sentir l’affront, voulut qu’on servît à chaque convive une coupe particulière, contre l’usage.

DEMOR. s. m. Vieux mot. Délai, retardement. Sans demor pour dire, sans délai. On disoit aussi autrefois démorison dans le même sens. Mora.

DÉMORDRE. v. n. Lâcher ce qu’on tient avec ses dents. Rem mordicus apprehensam dimïttere. On dit que le lézard ne démord point, & qu’il laisse plutôt ses dents dans la plaie. Voilà un mâtin qui ne démord jamais. On ne le dit guère au propre qu’en parlant de certains animaux, les loups, les chiens, &c.

Démordre, se dit figurément des opiniâtres, qui n’abandonnent jamais les opinions dont ils sont entêtés, les résolutions qu’ils ont prises. Qui a proposito abduci, revocari non potest. Quand une fois il s’est mis une chose dans la tête, il n’en démord jamais. Quand cet homme a entrepris une fois un dessein, il n’en démord point. Il n’est que du style familier.

DÉMOSTHÈNE. s. m. Demosthenes. Nom d’homme. Démosthène étoit un Orateur célèbre de Grèce : son caractère étoit la force, le sublime, le grand. Démosthène naquit l’an du monde 3672. de Rome 372. Il mourut de poison.

Le nom de Démosthène vient de Demosthènes, en Grec Δημοσθένης ; ce mot Grec, qui est composé de deux autres qui veulent dire force du peuple, convenoit fort bien à cet Orateur, qui étoit zélé pour les intérêts du peuple, & qui se signala par ses discours contre Philippe en faveur de la République d’Athènes.

DEMOURANCE, ☞ Vieux mot. Demeure, séjour. Mora, mansio, habitatio. Faire, tenir demourance, demeurer. Manere, habitare, morari.

Qui sous espèce & noire obscurité,
Pas fait tant dans ici bas demourance. Marot.

Tenir demourance en un lieu, en un état, c’est y demeurer, y persévérer.

Vinrent à croître, & démouvance y tindrent,
Si longuement qu’aucune forme prindrent. Marot.

Au DEMOURANT. Vieux adverbe. Au reste, & après tout.

DEMOURÉE. s. f. Vieux mot. Absence, retardement. Mora, absentia.

Pourquoi as fait si longue demourée. Marot.

Hélas ! & nous irons sans demourée.
Vers le pays d’Afrique l’altérée. Marot.

DEMOURER. v. n. Vieux mot. Demeurer. Manere.

Dessous l’arbre où l’ambre dégoûte
La petite formis alla,
Sur elle en tomba une goutte,
Qui tout-à-coup se congela ;
Dont la formis demoura-
Au milieu de l’ambre enfermée. Marot.

Ce nonobstant votre je démourrai,
Mais ce sera le plus loin que pourrai. Marot.

DÉMOUVOIR. v. a. Terme de Palais. Mettre quelqu’un hors d’intérêt, pour lui faire abandonner sa demande, quitter sa résolution ; faire désister quelqu’un. Dimovere. On lui a offert de payer la dette, de reprendre l’héritage qui lui est à charge, afin de le démouvoir de plaider : on ne l’a jamais pu démouvoir de ses prétentions. On dit aussi, on lui a fait plusieurs remontrances pour l’empêcher d’aller à la guerre, on n’a pû jamais l’en démouvoir, le faire changer de dessein. Le verbe démouvoir n’est guère en usage qu’à l’infinitif dans le sens qui vient d’être expliqué.

Dému, ue. part. Dimotus.

DÉMUNIR. v. a. Oter les munitions, les défenses d’une place. Nudare, spoliare munimentis. Le Roi témoigne qu’il ne veut pas garder cette place, parce qu’il la démunit. Un Gouverneur ne doit pas laisser démunir sa place, en laisser tomber les fortifications, en laisser sortir la garnison, emporter les armes, les munitions.

Démuni, ie. part.

DÉMURER. v. a. Ouvrir une porte ou fenêtre qu’on a murée. Oter la maçonnerie qui la bouchoit. Démurer une porte. Januam, fenestram obturatam aperire.

Démuré, ée part.

DEN.

DÉNABA. Ou selon la prononciation Hébraïque, DINAHABA. Denaba. Ville d’idumée que les Septante appellent Δενναϐά, Dennaba. C’étoit la patrie, ou du moins la ville Royale de Bala, ou Bela, ancien Roi d’Edom, ou de l’Idumée. Gen. XXXVI. 32. 1. Paral. I. 43.

DENAIN. Voy. DENIN.

DENAING. s. m. C’est le copec de Moscovie, c’est-à-dire, une petite monnoie d’argent, qui vaut environ quinze deniers de France.

DÉNAIRE. adj. m. & f. Qui appartient au nombre dix. Denarius, a, um. L’arithmétique dénaire ou la dixme. De la Fontaine. Cet auteur écrit dénère, mais mal, il faut écrire dénaire. Ce mot vient du Latin denarius. L’Arithmétique dénaire ou la dixme est celle qui divise un tout en dix parties qu’on appelle primes, puis les primes en dix parties qu’on appelle secondes, les secondes en dix tierces, & ainsi de suite en quartes, en quintes, en sextes, &c. Voyez La Fontaine.

Se DÉNANTIR. v. n. p. Abandonner les assurance qu’on peut avoir. Ce mot est d’usage particulièrement en Picardie, & dans les autres provinces du Nord de la France.

☞ DENAT. Petite ville de France, dans le Languedoc, au Diocèse d’Albi, sur l’Asson, Généralité de Toulouse.

DÉNATES. s. m. & plur. Pénates, Dieux domestiques. Denates, Penates. Denis d’Halicarnasse, L. I. où il parle des Dieux pénates, dit que l’Historien Timée a écrit que la figure, ou statue, l’effigie des Dieux Dénates, ou Pénates, n’étoit autre chose que des bâtons de cuivre ou de fer courbés, & un vase Troyen de terre cuite ; & que c’est-là tout ce qu’Enée apporta de Troye ; mais il dit que pour lui, il a vu un temple à Rome près de la grande place, où ces Dieux étoient représentés assis, tous la forme de deux jeunes hommes, ayant chacun un dard en main ; que tout cela sont des symboles des Dieux tutélaires, que la posture d’un homme assis marque la sureté ; que les javelots signifient qu’ils repoussent les violences & les outrages, & que la jeunesse désigne l’accroissement d’un état ; qu’au reste l’inscription étoit Denates, parce que les Anciens, avant l’invention de la lettre P, se servoient de la lettre D. Tel est le récit de l’Historien des Antiquités Romaines, qui pourroit bien s’être trompé. Souvent la queue du P est si petite sur les médailles, qu’il n’y a nulle différente entre cette lettre P & un D. La même chose pourroit bien être de l’inscription qu’avoit vu Denis d’Halicarnasse, où la queue du P pouvoir être rongée par le temps ; car que les anciens habitans de l’Italie n’eussent point la lettre P, c’est une erreur que plusieurs noms propres qui nous restent de cette antiquité si reculée réfutent suffisamment ; par exemple, Capys, Capetus, Picus, Pilumnus, Pallas. Les Troyens avoient aussi la même lettre, témoins les noms Palinurus, Paris, Pergama, Phriges, Priamus, Procus, &c.

DÉNATTER. v. a. Défaire de la natte, ou détortiller ce qui étoit tortillé en natte. Storeas detrahere. On fait dénatter, ôter la natte de cette chambre. On a dénatté ses cheveux qui étoient nattés. Cirros decussatim implicatos solvere.

DÉNATURALISER, v. a. Mot factice qui signifie, priver quelqu’un des droits & des privilèges de Regnicole, le traiter en étranger, le destituer de ses charges & de ses dignités.

DÉNATURÉ, ée. adj. Qui a perdu les sentimens de la nature ; qui manque des sentimens naturels d’affection & de tendresse pour les plus proches parens. Inhumanus. Une mère qui désavoue sa fille est une mère dénaturée. Un fils qui machine quelque chose contre son père, est un fils dénaturé. Un père qui déshérite son fils sans sujet, est un père dénaturé. On le dit aussi des actions qui sont contraires à ces sentimens. Action barbare & dénaturée.

Dénaturé, ée. part. du verbe dénaturer. Biens dénaturés. Voyez le verbe suivant.

DÉNATURER, v. a. Faire changer de nature à quelque chose. Il ne se dit guère que dans cette phrase : Dénaturer son bien, pour dire, vendre ses propres pour faire des acquêts, dont on ait la libre disposition. Cette partie se plaint de ce que les biens en question sont dénaturés par la disposition d’une sentence insoutenable. On oblige quelquefois une femme à dénaturer son bien avant que de l’épouser, afin de la mettre en état de faire de plus gros avantages à son mari que la coutume du lieu ne le permet. Il faudroit l’obliger à dénaturer son bien, à vendre ses terres, pour vous en donner le prix de la main à la main. Le Marquis d’Argens, quarante-neuvième Lettre Cabalistique. Il est de principe que la Comédie est essentiellement destinée à peindre les mœurs, & à ridiculiser les défauts qui régnent dans la vie commune, & non à représenter les mœurs & les vices des Grands, de ceux qu’on appelle les Dieux de la terre, c’est-à-dire, des Rois, des Princes & de leurs Ministres. C’est dans la Tragédie que leur place est marquée : c’est-là que, par la peinture de leur caractère vertueux ou vicieux, le Poëte se propose d’exciter à la vertu, & d’éloigner du vice. Introduire dans la Comédie ces grands personnages ne me paroît pas plus raisonnable, que de mettre un Financier ou un Médecin dans une Tragédie. Il ne faut jamais dénaturer les genres. Observ. sur les Ecrits Mod. T. XI. p. 4. & 5.

DENBIGH. Ville de la Principauté de Galles en Angleterre. Denbiga. Elle est capitale du Comté de Denbigh, en Anglois, Denbigh-Shire, & située sur la petite rivière de Cluyd. Le Comté de Denbigh est une Province de la Principauté de Galles. Il est borné au couchant par la Province ou contrée de Caernarvan ; au midi par les Comtes de Mérioneth & de Montgommery ; au levant par ceux de Shrop & de Chester ; & au nord par celui de Flint & par la mer d’Irlande.

DENCHÉ ou ENDENCHÉ. adj. Terme de Blason, qui se dit des pièces honorables de l’Ecu qui sont bordées de dents ou de pointes. Denticulatus. On met cette différence entre ce qui est denché & engrêlé, que dénché se dit lorsque les pointes sont assez grosses & taillées droites, faisant un angle dans leurs intervalles, comme les dents d’une scie ; au lieu que l’engrêlé a les pointes petites, & ses ouvertures creuses & vides, & un peu arrondies. On voit plusieurs chefs & sautoirs denchés, plusieurs bandes & bordures endenchées. Il porte d’argent à la croix denchée de gueules. Colomb.

DENDE. s. m. C’est le nom que les Orientaux donnent à une espèce de Ricinus, qu’on appelle encore Abelmoluch.

DENDER. Rivière des Pays Bas. Nous prononçons Dendre. On la nomme aussi Denre & Tenre, en Latin Tenera. La Dender, ou Dendre, a sa source dans le Hainaut, & se jette dans l’Escaut à Dendermonde.

DENDERMONDE ou DENDREMONDE. Ville des Pays-Bas, dans la Flandre, à l’embouchure de la Dender dans l’Escaut. Teneræmunda. Nous prononçons Dendremonde. Elle a été ainsi appelée à cause de sa situation. Voyez le Voyage des Pays-Bas, du P. Boussingaut. On l’appelle aussi Dermonde & Tendermonde, mais en François nous disons toujours Dendremonde. La Seigneurie de Dendremonde est un pays dont Dendremonde est capitale, & qui est assez étendu. Elle confine avec le vieux bourg de Gand & les pays d’Alost, de Boruhein, de Waës. L’Escaut la divise en deux. Quelques-uns comme le Père Daniel dans son Hist. de Fr. T. II. p. 344. écrivent Dendremonde.

DENDRITE. s. m. L’Acad. dit féminin. Dendrites. Les Dendrites sont des pierres blanches, ou grises, sur lesquelles on voit des accidens qui représentent des branches, des arbres, des arbrisseaux, des buissons, &c. Ces dendrites ne sont point des plantes-pierres. Car 1o. les rameaux des arbres peints en miniature sur les dendrites ne sont jamais confondus l’un avec l’autre, ni repliés l’un sur l’autre, comme sont souvent ceux des plantes-pierres. 2o. Une autre différence du dendrite & de la plante-pierre, c’est que le feu ôte au dendrite ses figures sans le dissoudre, ce qu’il ne fait à la plante-pierre qu’en la réduisant en cendre. Cela prouve que les figures du dendrite sont extérieures, qu’elles sont l’effet d’une couleur appliquée naturellement sur cette pierre. Il y a des dendrites dont les couleurs résistent long-temps au feu, & ne s’effacent que par un commencement de calcination, mais il y en a peu. Si l’on fait couler de l’huile entre deux marbres polis appliqués l’un à l’autre, quand on les sépare, la liqueur se partageant, son impression forme diverses figures semblables à celles qu’on voit sur le dendrite, & dont la ramification commence toujours du côté par lequel on a commencé à séparer les marbres. Ainsi les figures du dendrite sont formées par une liqueur bitumineuse qui s’insinue entre les couches de pierre : & en effet il sort du dendrite mis au feu une odeur de bitume. Cette liqueur au reste sort du dendrite même, & se filtre au travers de ses pores, & c’est le froid & la pression des couches supérieures qui la fait sortir. Il y a des dendrites que les figures pénètrent entièrement ; d’autres où les figures ne pénètrent que jusqu’au milieu, ou moins encore.

DENDROÏDE. s. f. C’est le nom d’une plante qui croît comme les arbres. Blancard cité par James.

DENDROPHORE. s. m. Qui signifie proprement Porte-arbre. Qui porte un arbre. On appeloit ainsi chez les Payens ceux qui, dans certains sacrifices, portoient des arbres par la ville. Dendrophorus. Voyez Dendrophorie. Le Code Théodosien, de pagan. sacr. & temp. L. 20. parle de certains lieux qu’avoient les Frédiens & les Dendrophores pour y faire des repas, & les confisque. Ce mot se trouve aussi dans les anciennes inscriptions. Voyez Vossius, de Idolol. L. I. c. 10.

Dendrophore, est aussi, dans l’Antiquité, un Artisan. Il y avoit un Corps, ou comme l’on parloit chez les Romains, un Collége de Dendrophores, qui suivoit les armées : on ne sait pas trop quel étoit leur art, & leur fonction. Quelques-uns disent qu’ils faisoient le bois des tentes ; c’est-à-dire, tout le bois qui servoit à élever les tentes. D’autres disent que c’étoient ceux qui fournissoient le bois d’ouvrage nécessaire pour la construction des édifices, & des machines de guerre. Saumaise, vers la fin de ses Notes sur la vie de Caracalle par Spartien, avoue que c’étoit-là le sentiment général de tous les Savans de son temps ; mais il soutient avec sa politesse ordinaire qu’ils se trompent tous, & que les Dendrophores des armées n’étoient point différens de ceux des sacrifices, dont nous avons parlé dans l’Article précédent.

DENDROPHORIE. s. f. Cérémonie ancienne des Payens, qui consistoit à porter un ou plusieurs arbres par la ville, dans certains sacrifices, & en l’honneur de quelques Dieux. Dendrophoria. La Dendrophorie se faisoit aux sacrifices de Bacchus, à ceux de Cybèle, & à ceux du Dieu Silvain. Arnobe, L. V. parle de celle qui se faisoit aux sacrifices de la Mère des Dieux. Elle consistoit à porter un pin par la ville. On plantoit ensuite ce pin en mémoire de celui sous lequel Atys, favori de la Déesse, s’étoit mutilé. On couronnoit les branches de cet arbre, parce que Cybèle l’avoit fait ; on entouroit son tronc de laine, parce que la Déesse avoit couvert de laine la poitrine d’Atys, pour la réchauffer, Artémidore, L. II. c. 42. Commodien, Strabon, L. X. parlent de la Dendrophorie.

Ces mots, Dendrophore, & Dendrophorie, sont Grecs, composés de δένδρον, arbre, & φέρω, je porte.

DÊNE. Bourg du Comté de Glocestre en Angleterre. Dania. Les Anglois écrivent Déan. La forêt de Dêne est une forêt d’Angleterre qui prend son nom de ce bourg, qui y est situé, & qui occupe la partie du Comté de Glocestre qui est au couchant de la Saverne.

DÉNÉBALÉZET. s. m. C’est le nom d’une étoile fixe de la première grandeur, qui s’appelle autrement queue de Lion. Voyez ce mot.

DÉNÉGATION. s. f. Terme de Jurisprudence. Action par laquelle on dénie en Justice la vérité de quelque chose. Negatio. On interroge plusieurs fois un accusé, pour voir s’il persiste dans ses confessions, ou dénégations. Une écriture privée se contredit par une simple dénégation. On dit aussi déni en ce sens.

☞ On appelle aussi dénégation une exception par laquelle on nie formellement le fait énoncé par le demandeur. Par exemple, si un Seigneur agit contre son vassal pour raison de ses droits, & que le vassal désavoue son Seigneur, ce sera en proposant une exception dénégatoire.

Dénégatoire, (exception), Voyez l’Article précédent.

DÉNERAL. s. m. Terme de Monnoie. C’est une plaque ronde servant de modèle aux Monnoyeurs pour faire une espèce de la grandeur & du poids qu’il faut. Specimen monetæ fabricandæ.

Les dénéraux sont des poids dont les Ouvriers & les Tailleresses sont obligés de se servir pour ajuster les flancs du poids juste des espèces à fabriquer, & dont les Juges-Gardes sont aussi obligés de se servir pour peser les espèces nouvellement monnoyées, avant que d’en faire la délivrance au maître. Chaque dénéral doit être étalonné sur le fort de l’espèce, en sorte que le trébuchant y soit compris. On l’appeloit sous Philippe-le-Bel fiarton. Boizard.

DÉNI. s. m. Refus d’une chose due. Negatio, denegatio. Le déni qu’on fait des alimens à son pere, est une ingratitude punissable. On dit au Palais, déni de Justice, déni de renvoi. Il faut faire trois sommations à un Juge subalterne, avant que d’appeler comme de déni de Justice, comme le prescrit l’Ordonnance de 1667. art. 4. du tit. 25. Déni de justice, se dit lorsqu’un Juge rejette une requête qui lui est présenté juridiquement, ou lorsqu’il refuse de donner son jugement sur une affaire dont il est juge, & qui est en état d’être jugée. Dans ce cas il est permis de prendre le Juge à partie, & d’appeler du déni de justice pardevant le Juge supérieur.

☞ Le déni de justice dans le Tribunal Ecclésiastique, n’est pas un moyen d’appel simple, mais un moyen d’abus qui en attribue la connoissance aux Parlemens.

Déni de renvoi ou d’incompétence est le refus que fait un Juge d’admettre la demande en renvoi, qui lui est faite par l’une des parties, pour raison d’incompétence, ou de quelque privilège. Dans ce cas il est permis à la partie, dont la demande en renvoi n’est pas admise, d’appeler par devant le Juge supérieur, comme de déni de renvoi, ou d’incompétence.

Déni d’alimens. Voyez Aliment, Alimentaire.

☞ Le mot de déni n’a guère d’usage que dans ces trois phrases.

DÉNIA. Petite ville d’Espagne sur la côte de Valence, à quelques lieues au nord d’Alicante. Dianium. Cette ville a eu un Evêque. Dénia est aussi une petite Isle vis-à-vis de la ville de Dénia. C’est la Planasia des Anciens. Ce nom Dénia vient du mot Latin, qui fut apparemment donné à ces lieux, parce qu’ils étoient consacrés à Diane.