Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 3/051-060

Fascicules du tome 3
pages 41 à 50

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 3, pages 51 à 60

pages 61 à 70


leur tige, de leurs branches. Carpere, decerpere, legere. On cueille des fleurs au Printemps, & des fruits en Automne ; cueillir des roses, cueillir un bouquet, cueillir des légumes.

Ce mot vient du Latin colligere.

Cueillir, se dit aussi des gros fruits, quand on parle en général de ce qu’on a retiré dans une récolte, dans une vendange, colligere. L’été a été sec, on n’a pas cueilli beaucoup de blé, mais en récompense on cueillera beaucoup de vin.

On dit aussi qu’on a préposé un homme pour cueillir la dime, pour en faire la recette, l’enlèvement des gerbes. Cueillir les aumônes, pour dire, en faire la cueillette, la recette.

Ceux qui s’en servent dans ces deux dernieres significations, ont tort. Cueillir ne se dit que des fleurs, des fruits, des légumes qu’on détache de leurs branches ou de leurs tiges. On cueille des fleurs, des pommes, des poires, des légumes, & on recueille du vin, du blé & on léve la dime, on fait la recette des cens, des droits Seigneuriaux. on fait la quête dans l’Église, dans les maisons pour les Pauvres, pour le Prédicateur &c. Dans ce dernier sens, on dit aussi quelquefois cueillette, que je n’aime pas.

Dans le figuré, cueillir des Palmes, des Lauriers, c’est remporter des victoires. Palmas, laureas metere, victorias reportare.

En style de galanterie, cueillir un baiser sur les lévres d’Isis Cueillir la fleur de la virginité d’une fille.

Cueillir le verre, Terme de verrerie. C’est le prendre avec la selle dans le pot où les matières ont été entiérement vitrifiées, (ce qui se fait à quatre reprises différentes, quand la matière attachée au bout de la selle à chaque fois est assez refroidie ;) pour ensuite les souffler, & en faire des plats de verre, ou du verre en table.

Cueilli, ie. part. Il a la signification de son verbe.

On dit en Maçonnerie, qu’une porte ou une croisée est cueillie en plâtre, quand sur le mur simplement hourdi on fait une petite bordure de plâtre, qu’on applique avec la régle, afin de servir de niveau & de régle pour enduire le tableau de la porte, ou de la croisée.

CUEILLOIR. s. m. Petit panier long d’environ un pied, large de cinq à six pouces, n’ayant point d’anses, & fait pour l’ordinaire d’osier vert assez grossièrement rangé. C’est dans ces sortes de cueilloirs que les gens de la campagne apportent au marché leurs prunes, cerises groseilles, &c. La Quint. Qualus, canistrum, calathus. Un cueilloir de cerises, de prunes, de groseilles, &c. Apporte ce cueilloir pour y mettre des cerises. J’ai besoin de ce cueilloir pour mettre des figues. Liger.

Cueilloir, en terme de pratique, signifie la même chose que Cueilleret.

CUENÇA. Ville Épiscopale de la nouvelle Castille en Espagne, située sur les hautes montagnes fort rudes appelées La sierra de Cuença. Elle se nomme en Latin Concha. M. l’Abbé Chastelain, dans son Martyrologue au 28e de Janvier, p. 434. & 445. dit toujours Couenque, au lieu de Cuença. Alphonse IXe. grand-pere maternel de S. Louis, ayant pris sur les Maures la ville de Couenque en Castille, y fit ériger un Evêché. Les Chanoines de Couenque, &c. Je ne sais où il a pris ce mot. Nous disons Cuença, comme en Espagnol.

Il y a une autre ville de ce nom dans l’Amérique Méridionale au Pérou, dans l’audience de Quito. On la nomme aussi Bamba.

CUENS. s. m. Vieux mot très-usité dans notre langue, qui s’est dit pour comte. Comes. Li Cuens de Flandre, li Cuens de Champagne.

☞ CUFA. Ville d’Asie, dans les états du Turc, sur l’Euphrate, dans l’Iraque.

☞ CUHIUNG. Ville de la Chine, quatrième Métropole de la Province de Sunnan. Elle est de 15. d. 24 min plus occidentale que Peking. Lat. 24 d. 56.’

CUI

CUJAVA. s. m. Terme de Relation. Espèce de chaise fermée en usage aux Indes. On en met deux sur un chameau, une d’un côté, & une seconde de l’autre, comme nous mettons ici des paniers, ou des mannes sur les chevaux : on renferme dedans les femmes, & on s’en sert pour les transporter d’un lieu en un autre sans qu’on les voie. Sélla Indorum gestatoria. Ast-kan voulant surprendre la citadelle de Dolrabad, & la mettre entre les mains du Mogol son maître, feignit un mécontentement, & se réfugia chez le Roy de Visapour : à qui il demanda la permission de se retirer avec dix ou douze de ses femmes, & autant de gens à lui, dans la Citadelle de Dolrabad ; l’ayant obtenue, il y entra avec huit ou dix chameaux, les deux cujavas qui sont de côtés & d’autres du chameau étant bien fermés, selon la coutume, afin que l’on ne pût voir les femmes que l’on met dedans ; mais, au lieu de femmes, on avoit mis deux soldats dans chaque cujava tous gens d’exécution, tels qu’étoient aussi ceux qui conduisoient les chameaux. Ainsi il leur fut aisé d’égorger la garnison, qui n’étoit pas sur ses gardes, & de se rendre maîtres de la place. Tavernier, Voyage des Indes, T. II. L. I. C. 9.

CUJAVIE. Province de la grande Pologne. Cujavia. Elle a au Nord le Duché de Prusse, au couchant le Palatinat de Kalisk, au midi ceux de Lancici & de Rava, & au levant celui de Ploczko. La capitale de Cujavie est Uladislaw.

CUIDER. v. n. Vieux mot qui signifioit autrefois penser. Putare, cogitare, existimare. Il cuidoit bien faire ses affaires, il a cuidé tout gâté ; il n’est plus du tout en usage, si ce n’est dans le style burlesque. Le Comte Duc mourir cuida. Voit.

Ce mot vient du Latin cogitare, Nicod.

CUIDEREAUX. s. m. pl. Vieux mot. Amans. On trouve dans Villon,

A cuidereaux d’amour transis.

CUILLER, ou CUILLIER. s. f. On prononce fortement l’r finale comme dans fer & mer. Ustensile de ménage, qui a un creux, ou demi-globe concave, qu’on nomme cuilleron, & qui est par un bout attaché à un manche. Cochlear, cochleare.

☞ Il y a des cuillers à bouche, dont on se sert à table pour manger le potage & autres choses.

Il y en a de plus grandes dont on se sert à la cuisine pour dresser le potage & pour divers autres usages. Cuiller à pot, cuiller à potage, à ragoût, cuiller à olives.

Il y en a de plus petites dont on se sert pour prendre le Café.

On appelle cuiller couverte, une sorte de grande cuiller dont on se sert pour faire prendre des bouillons ou des médecines aux enfans, aux malades.

Il y a aussi des cuillers dont les Artisans se servent pour différens usages. Elle sert aux Ciriers à verser de la cire ; aux Fondeurs à verser du plomb & des métaux. En grand volume, elle sert à vuider des sables, &c.

Quelques auteurs écrivent cueiller, mais selon l’usage le plus ordinaire, & la prononciation généralement reçue, ce premier e est inutile & mal ajouté. Car on ne prononce point la première syllabe de ce mot, comme celle de cueillette, cueillir, &c. où l’on met un e entre l’u & l’i ; mais on prononce simplement l’u & l’i comme dans cuider, cuir, cuirasse, &c.

☞ Ce mot étoit autrefois masculin. Aujourd’hui il est féminin ; & bien des gens l’écrivent avec un e à la fin : ce qui paroît plus analogue au génie de la langue ; que de terminer un nom féminin par er pur : chose dont il n’y a guère d’exemple.

L’usage de la cuiller pour administrer la communion aux Laïques est une preuve de l’attention pleine de respect (qu’ont les Orientaux) pour les saints mystères. L’opinion commune des Grecs est que la coutume en fut établie par S. Jean Chryrostôme ; & quoique cette Tradition ne soit pas certaine, au moins l’antiquité de cette pratique est incontestable, puisque les Nestoriens & les Jacobites la conservent pareillement, ce qui fait voir qu’elle est plus ancienne que les schismes de ces deux sectes. Tous les Auteurs qui en ont parlé, conviennent que la communion donnée de cette manière a été introduite pour prévenir l’effusion du calice, précaution fort inutile, qui ne peut venir dans l’esprit à ceux qui ne croïent pas qu’il contienne autre chose que du vin, & que les Protestans n’ont jamais prise. Le nom de λαϐίς, qui signifie une pincette, & qui fait allusion au charbon que le Chérubin prit sur l’autel pour toucher les lèvres d’Isaïe, fait assez voir l’opinion qu’ils en ont, aussi bien que la conservation qu’ils en font, dans laquelle, selon le Rituel du Patriarche Gabriel, il est dit qu’elle servira à contenir les membres ou les parties du Corps de Jesus-Christ. Renaudot.

Les Cuillers des Turcs sont de bois, avec un manche long d’un demi-pied pour le moins, & ils n’en-usent guere que pour s’empêcher de se brûler les doigts. Aussitôt qu’ils le peuvent, ils se servent d’une main pour cuiller & pour fourchette, & du creux de l’autre pour assiette, avec laquelle en même temps ils portent le manger à la bouche. Du Loir. p. 168.

On appeloit autrefois cuiller un morceau de fer qui embrassoit le bout de l’essieu des roues de devant d’un carosse. Une cuiller du carosse se rompit.

Cuiller à canon, en matière d’Artillerie ; c’est une feuille de cuivre arrondie de différente grosseur, qui sert à retirer la gargousse d’un canon.

Cuiller à brai, est une grande cuiller de fer pour prendre le brai chaud.

Cuiller de Pompe, c’est un instrument de fer acéré, & tranchant, avec lequel on creuse les pompes.

Cuiller, Coquille longue, ou poisson à têt dur. Rond. Concha longa.

Cuiller, ou Cuillier, Instrument de Chirurgie. C’est une petite cuiller d’argent dont on couvre l’œil, quand on fait l’opération de la fistule lacrymale. Col de Villars.

Cuiller, ou Cuillier, Oiseau semblable au héron, hormis qu’il a le bec en forme de cuiller, ou de spatule. On l’appelle autrement Palle ou Spatule. Voyez Palle.

Cuiller, aux Pelottes. Les cuillers des Fondeurs en sable ne ressemblent que par leur long manche aux cuillers des Plombiers, & par le nom qu’elles ont conservé, à cause qu’on s’en sert pour porter les pelottes de cuivre dans le creuset où le métal est en fusion.

CUILLERÉE. s. f. Plein une cuiller, cochlear cumulatum. Ce malade n’a pris qu’une cuillerée de gelée, de bouillon. Il ne faut qu’une cuillerée de vinaigre pour faire une chopine d’oxycrat.

Cuillerée. Herbe, Cochlearia. Pomey.

CUILLERON. s. f. La partie creuse de la cuiller attachée au manche, & qu’on met dans la bouche, quand on mange. Cochlearis pars cava. Il y a des cuillerons en ovale, comme ceux qui servent à table, d’autres ronds, comme ceux de la cuisine ; d’autres avec un bec, comme ceux des Ciriers, &c.

☞ On se sert de ce terme en Botanique pour désigner les parties qui ont la forme d’une cuiller. Feuille creusée en cuilleron.

CUIPOUNA, s. m. Nom d’un arbre qui croît au Brésil. Il y en a de plusieurs espèces. Le suc de l’écorce de celui qui porte des fleurs jaunes, exprimé & mêlé avec de l’eau claire, déterge & incarne les ulcères invétérés. Ray, Hist. Plant.

☞ CUINE. s. f. Terme de Chimie. Vaisseau de terre, servant à distiller de l’eau forte.

☞ CUIR, s. m. On le dit en général de la peau de l’animal, corium, pellis. On dit qu’un homme a le cuir dur, rude. L’âne a le cuir dur & épais. Avoir des sérosités entre cuir & chair. Aqua intercus, aquam intercutem.

On le dit plus ordinairement de la peau des animaux, séparée de la chair qu’on corroie, & qu’on prépare pour servir à divers usages, particulièrement à faire des bottes, des souliers, à couvrir des carosses, des meubles, des livres, &c. Corium. Tous Marchands sont obligés de porter leurs cuirs à la Halle aux cuirs. Les cuirs de Hongrie sont faits de peaux de Bœuf & de cheval ; ceux de Russie, de peaux de Vaches, ceux de Maroc ou de marroquin, de mouton. Le cuir d’un âne est le meilleur pour faire du chagrin. Il y a plusieurs sortes de Marchands de cuir. Les Tanneurs vendent les gros cuirs passés à la tannerie. Les Corroyeurs préparent le cuir avec des des graisses pour le rendre plus maniable. Les Peaussiers vendent des peaux de mouton de toutes sortes de couleurs, des peaux pour faire des gants, & des peaux de truie pour couvrir des coffres & des livres d’Eglise. Les Mégissiers préparent les peaux de mouton, & en ôtent la laine. Il y a aussi des Marchands de marroquin, de vache de Russie, & de mouton de Limoges, qui n’ont point de grain de l’autre côté. On appelle cuirs verts, les cuirs qui n’ont aucune préparation, & tels qu’ils sortent de dessus le corps. Les Romains se servoient dans les commencemens de monnoie de cuir. Philippe de Commines dit qu’après les levées faites pour la rançon du Roi, on fut obligé de se servir en France d’une monnoie de cuir, où il y avoit seulement un petit clou d’argent. Un Arrêt du conseil de 1649, attribue deux muids de sel aux Tanneurs de Paris pour la fabrique des cuirs de Hongrie. M. de la Mare, dans son Traité de la Pol. L. V. T. XX. C. 10. traite ce qui regarde la salaison & la conservation, la vente & le débit des cuirs des abatis de Bouchers.

Cuir vert. Cuit crud, ou Cuir frais. Ce sont certains cuirs qui ne sont point apprêtés, & qui se mettent sur les écoutilles de la sainte Barbe, de crainte du feu ; on en couvre aussi les hunes.

Cuir de Poule. C’est un nom que les Gantiers donnent à une sorte de petit cuir très-mince & très-léger, qu’ils emploient à faire des gants de femmes pour l’été.

Cuir doré. On appelle ainsi des peaux de mouton passées en basanne, sur lesquelles sont réprésentées en relief diverses sortes de grotesques relevées d’or ou d’argent, de vermillon ou autres couleurs. On en fait des tapisseries.

Cuir bouilli. C’est une préparation de cuir, qui par les réglemens de Police, n’appartient qu’aux Gainiers & Bourreliers qui font bouillir le cuir avec plusieurs gommes, résines & colles, dont ils font un secret entr’eux. Corium decoctum, coctum.

☞ Ce mot vient du Latin corium, qui, si l’on en croit Rochefort, s’est dit pour Carium, de caro chair, parce qu’il couvre la chair.

On dit figurément & proverbialement. Rire entre cuir & chair. Jurer entre cuir & chair, pour dire, Rire, Jurer en soi-même, sans oser éclater, sans en faire rien paroître au-dehors. On dit aussi, Faire du cuir d’autrui large courroie ; pour dire, faire largesse aux dépens d’autrui. Ce proverbe est tiré du Latin, De alieno corio ludere. Etre libéral du bien d’autrui. On appelle ironiquement & populairement un Savetier, un Orfèvre en vieux cuir. On appelle un visage de cuir bouilli, un visage extrêmement laid.

CUIRASSE. s. f. Arme défensive faite d’une lame de fer fort battu, qui couvre le corps depuis le cou jusqu’à la ceinture ; tant par devant que par derriere, & qui doit être à l’épreuve au moins du pistolet. Lorica. Les Piquiers sont armés d’un pot & d’une cuirasse ; c’est un bon corps de cuirasse qui est à l’épreuve. Les Cavaliers ne prirent une cuirasse que vers l’an 1300. Le Gendre.

Quelques-uns croient que ce mot a été dit par corruption de cucurasse, parce qu’elle couvre le corps. D’autres le dérivent de cuir, ou de coriaceus, parce que les armes défensives étoient faites anciennement de cuir

Cuirasse, se dit quelquefois pour Cuirassier. Eques Loricatus. Comme Mazarinn étoit fort ami de Picolomini, maintenant Archevêque de Sienne, il fit grande liaison avec son frère, qui étoit lors Major de Cavalerie dans le Régiment de Papenhein, lequel lui persuada de prendre une Compagnie de Cuirasses dans le même régiment. Mascur. En ce sens on ne le dit qu’au pluriel, & il est un peu vieux.

On dit proverbialement, endosser la cuirasse, pour dire, embrasser la profession militaire. Militiam sequi. On dit le défaut de la cuirasse, pour dire où la cuirasse finit ; & au figuré, l’endroit foible d’un homme, d’un écrit. Il a trouvé le défaut de la cuirasse.

CUIRASSER. v. a. Couvrir, revêtir, armer d’une cuirasse. Loricâ induere, armare. On va cuirasser toute la Cavalerie.

Cuirassé, ée. part. & adj. Qui a une cuirasse. Loricâ protectus, loricatus. Lorsqu’il y avoit des Piquiers dans les compagnies d’Infanterie, ils étoient cuirassés. Toute la Cavalerie Allemande est cuirassée. Saint Dominique le Cuirassé, ou l’Encuirassé, est un Saint du onzième siècle, ainsi nommé, parce qu’il portoit toujours une cuirasse de fer par pénitence. Saint Pierre Damien son ami a écrit sa vie.

Il se dit aussi figurément, pour dire, un homme bien préparé à tout. Il croyoit le surprendre, mais il l’a trouvé cuirassé.

CUIRASSIER. s. m. Cavalier armé de cuirasse. Loricatus eques. Les Allemands font grand état des Cuirassiers de l’Empereur. Il y a en France un Régiment de Cuirassiers. Ce mot se dit aussi d’un simple Fantassin qui porte la cuirasse & la pique. Loricatus.

CUIRATIER. s. m. On nomme ainsi en quelques endroits du Languedoc, particulièrement à Beaucaire, ceux qui travaillent à la préparation des cuirs.

CUIRE. v. a. Je cuis, tu cuis, il cuit, nous cuisons, je cuisis, j’ai cuit, je cuirai ; que je cuise, que je cuidisse, je cuirois. Donner aux alimens une préparation convenable par le moyen de la chaleur, pour les rendre plus faciles à digérer. Coquere, concoquere. On le dit tant de ce qui se cuit dans le pot avec de l’eau, que de ce qu’on rôtit à la broche, dans le four, sous la cendre, ou d’autre manière ; & tant des choses solides, comme le pain, les viandes, les fruits, que des liqueurs, comme le vin, les syrops, &c.

Cuire, se dit aussi dans la signification de faire cuire. On cuisoit du pain dans tous les environs pour l’armée.

On le dit quelquefois absolument pour cuire du pain. Cuire au four bannal. Les Boulangers ne cuisent point demain. Tel Boulanger cuit deux fois, trois fois par jour.

Cuire, signifie aussi Digérer ; & se dit de cette seconde préparation des alimens qui se fait dans l’estomac pour les rendre propres à être convertis en notre substance. Il y a des alimens que l’estomac a peine à cuire.

On le dit à peu-près dans le même sens de l’action de la chaleur naturelle sur les humeurs. Telle chose est bonne pour cuire les humeurs, il faut que la chaleur naturelle cuise les humeurs, cuise le rhume. On le dit encore de l’action du Soleil sur les fruits ; le soleil cuit les fruits, la chaleur du soleil n’est pas assez grande chez nous pour bien cuire les melons. Voyez Suc, fruit, maturité.

Cuire, dans différens arts & métiers, se dit en général de la préparation qu’on donne par le moyen du feu ou de la chaleur à certaines choses pour les rendre propres à l’usage auquel on les destine, soit en leur donnant plus de consistance, soit en faisant sortir tout-à-fait l’humidité. Ainsi on dit cuire du fil, de la soie, de la colle ; cuire de la chaux, du plâtre. En Orient les briques se cuisent au soleil, en France dans des fourneaux.

Cuire, Terme de Doreur, c’est mettre une pièce rougir sur le feu pour la rendre plus maniable & plus douce. Encyc.

Cuire des cheveux, terme de Perruquier. C’est mettre des cheveux au four, roulés autour des moules ou bilboquets, & enfermés dans de la pâte, pour leur faire prendre la frisure.

Cuire, se dit aussi au neutre. Le souper cuit, cela doit cuire dans son jus. On dit que des légumes, des pois, des fèves &c. cuisent bien, ou ne cuisent pas bien, pour dire qu’ils sont faciles, ou difficiles à cuire.

Cuire se dit hyperboliquement d’une chaleur ou douleur excessive qu’on souffre. Uri. Le soleil est si ardent en cette saison, qu’on cuit dans cette campagne. Ceux qui souffrent une grande migraine, disent que la tête leur cuit.

Cuire, se dit aussi en passant des plaies, des excoriations, fluxions, inflammations, &c. pour causer une douleur semblable à celle que cause le feu qui touche quelque partie. Urere, dolorem afferre, creare. Une plaie qui est exposée à l’air cuit davantage, que quand elle est bandée. Quand le pus se forme dans une plaie, cela cuit beaucoup. Les yeux cuisent quand ils sont rouges & enflammés. Dans ces cas il est aussi neutre.

Cuire, se dit figurément dans le style simple & enjoué, des mauvaises suites des affaires, qui causent de la douleur & du repentir. Dolore. Il a dit une parole, il a fait une société ; il lui en cuira long-temps. Oh ! qu’il vous en cuira. Bens.

On appelle un boute-tout-cuire, un homme qui mange, qui dissipe tout. Expression populaire.

On dit proverbialement & par menace, Vous viendrez cuire à notre four : pour dire, vous aurez quelque jour affaire de moi.

Cuit, ite. part. Il a toutes les significations de son verbe. Coctus. Du pain cuit. De la viande cuite. On dit, en parlant des choses bouillies, qu’elles sont pourries de cuire, pour dire, excessivement cuites. Du vin cuit. De la crème cuite. Son rhume n’est pas encore cuit. Les humeurs ne sont pas cuites.

On dit proverbialement, Il est trop cuit, ou assez cuit, pour manger cru, quand on a une telle impatience de manger, qu’on ne veut pas donner le loisir à la viande de cuire. On dit qu’un homme est cuit, qu’il est fricassé, pour dire, que sa fortune est ruinée, que son crédit, que sa réputation sont perdus. On dit, qu’il n’a pas la tête bien cuite, pour dire, qu’il est un peu extravagant ; qu’il n’est pas assez mûr. On dit, qu’un homme a du pain cuit, pour dire, qu’il a beaucoup de bien, qu’il se peut passer de travailler. On dit aussi qu’un homme a du pain cuit, pour dire, qu’il a une bonne provision de ce qui lui est nécessaire. Ce prédicateur a deux ou trois Carêmes, il a du pain cuit. Acad. Fr.

On dit encore, Trop gratter cuit, trop parler nuit ; pour dire, qu’il faut s’abstenir de se gratter, & de parler. On dit d’une place mal fortifiée, qu’on la prendroit avec des pommes cuites ; & aussi de celui qu’on menace de battre, Je lui rendrai le visage plat comme une pomme cuite. On dit aussi Liberté & pain cuit ; pour dire, que les deux plus grands biens sont d’être libre, & d’avoir ce qui est nécessaire pour la vie. On dit populairement & bassement : Je fais où il m’en cuit : c’est-à-dire, je fais ce qui me grêve, ce qui me fait peine. Il a cuit & moulu, pour dire, qu’on ne veut plus entendre parler de quelqu’un, dont on a lieu d’être mécontent.

CUIRÉ, ée. adj. Terme en usage chez les Maîtres Coffretiers-Malletiers, une malle bien cuirée est une malle de bois, dont les joints, avant qu’elle soit couverte de cuir, ont été radoubés, soit en dedans soit en dehors, avec une toile épaisse, enduite de colle forte.

CUIRET. s. m. Signifie en termes de Chapeliers, un petit morceau de cuir que l’on met entre la chanterelle & la corde de l’arçon, dont se servent les Arçonneurs pour faire voguer l’étoffe.

CUIRIE. s. f. Vieux mot qui a signifié un collet de cuir, ou un colletin de bufle.

☞ CUISANT, ante. adj. Synonyme d’âpre, piquant. Acer, pungens. Douleur cuisante. Froid cuisant.

Au figuré, on le dit en parlant des peines d’esprit, pour douloureux, sensible. Acerbus, molestus. Le péché laisse des remords & des soucis cuisans. Son cuisant désespoir se changea en une tranquillité pleine d’horreur, S. Real. Combien de cuisans déplaisirs traversent souvent la fortune la plus tranquille ? Abad. Les Philosophes ont fait consister la fermeté d’ame à recevoir sans émotion les chagrins les plus cuisans, & à regarder d’un air tranquille les pertes les plus douloureuses. S. Evr.

Qui peut dire les soins cuisans
Qui travaillent les Courtisans ? Id.

Je sens au fond du cœur mille remords cuisans. Corn.

L’amour n’a point de peine & de tourment,
De feu cuisant, ni de cruel martyre,
Que de bon cœur je ne voulusse élire,
Pour vos beaux yeux qui me vont consumant. Voit.

☞ CUISEAU. Petite ville de France, dans la Bresse Châlonnoise, du Diocèse de Lyon, sur les frontières du Comté de Bourgogne.

☞ CUISERY. Petite ville de France, dans la Bresse Châlonnoise, Diocèse de Châlons.

CUISINE, s. f. La partie du logis où l’on cuit, & où l’on prépare les viandes, Culina. Les bourgeois ont des servantes de cuisine. Les grands ont des Ecuyers de cuisine, des chefs de cuisine. Il y a aussi une cuisine sur les vaisseaux. Dans les vaisseaux de guerre on la place ordinairement au fond de cale, dans les vaisseaux marchands sous le premier pont, quelquefois dans le château d’avant, ou aux côtés, &c.

Chaque nation suit en cela ses vues particulières.

La beauté, les attraits, l’esprit, la bonne mine,
Echauffent bien le cœur, mais non pas la cuisine. Corn.

Ce mot vient de cucina, qui se trouve pour coquina dans les anciennes Gloses. Ménage.

Les Italiens disent en leur langue cucina. Il grande Apparechio della Cucina.

Coquina se prononçoit cokina, d’où il s’est fait cukina, qui est la même chose que cucina. Pour coquina, le P. Pezron prétend qu’il est pris du Celtique queguin : mais il est au moins douteux si queguin n’est pas plutôt du Roman formé du Latin coquina. On trouve aussi dans la basse latinité cocina, & cocinarius, pour dire, cuisinier. Voyez Acta SS. April. Tom. III. p. 223 F.

On appelle batterie de cuisine, tous les ustensiles de cuivre & de fer qui servent à faire cuire, rôtir, griller, ou autrement préparer les viandes. Vasa coquinaria. Couteaux de cuisine, table de cuisine, linge de cuisine.

☞ On appelle familièrement Latin de cuisine, un fort mauvais Latin.

☞ On dit populairement ruer en cuisine, pour dire, goinfrer.

☞ Faire la cuisine, c’est apprêter à manger. Apparare. Bonne cuisine, mauvaise cuisine, pour dire, bonne chère, mauvaise chère. Chercher les bonnes cuisines, les cuisines bien fondées, les maisons où l’on fait bonne chère ; faire rouler, aller la cuisine, donner ordre que la table aille bien ; fonder la cuisine, pourvoir à ce qui regarde la nourriture.

Cuisine, se dit aussi pour le métier de Cuisinier, pour l’art simple d’apprêter les mets pour satisfaire aux besoins de la vie. Ars coquinaria. Mais aujourd’hui que la délicatesse & la volupté président dans les cuisines, c’est l’art pénible de donner aux mêts, par les différens apprêts, un goût plus agréable, d’aiguiser l’appétit, & de faire manger au-delà du nécessaire. C’est, en style de Montagne, la science de la gueule. Apprendre la cuisine. Savoir la cuisine.

Et Malherbe & Balzac si savans en beaux mots,
En cuisine peut-être auroient été des sots. Mol.

On appelle aussi, la cuisine, les Officiers qui servent dans une cuisine. Il a laissé sa cuisine à Paris.

On appelle chez le Roi, cuisine-bouche, le lieu où l’on prépare les viandes pour sa table. Culina mensæ regiæ ; cuisine du commun, celle où l’on prépare pour les Officiers. Domesticorum mensæ culina.

Le Grand Maître des cuisines de Pologne est un Office important qui se donne à un homme de condition.

On dit proverbialement, qu’un homme est fort chargé de cuisine, pour dire, qu’il est fort gras, & sur-tout qu’il a un gros ventre. Valdè obesum esse.

On donne encore le nom de cuisine à une espèce de boëte à différens compartimens, dans lesquels on met des épices & autres drogues aromatiques, dont on se sert dans les ragoûts. Les cuisines sont comme un cylindre de cinq à six pouces de long, qui s’ouvre à vis par cinq ou six endroits, qui sont autant de couplets & autant de petites boëtes pour les épiceries. Ces sortes de cuisines se portent dans la poche. Un tel a toujours sa cuisine dans sa poche.

Qui de livres de Droit toujours débarrassé,
Porte cuisine en poche, & poivre concassé. Regn.

CUISINER. v. n. Faire la cuisine, apprêter à manger. Coquinariam artem exercere. On a mis ce garçon chez un Traiteur pour apprendre à cuisiner. Il cuisine fort bien. Il n’est d’usage que dans le style familier. Il est dans Charles Etienne.

CUISINERIE. s. f. Manière de faire la cuisine, d’apprêter à manger. Il est vieux. L’art de cuisinerie au monde de la Lune, est de renfermer dans de grands vaisseaux moulés exprès, l’exhalaison qui sort des viandes en les cuisant, & quand on en a ramassé de plusieurs sortes & de différens goûts, selon l’appétit de ceux que l’on traite, on débouche le vaisseau où cette odeur est assemblée ; on en découvre après cela un autre ; & ainsi jusqu’à ce que la compagnie soit repue. Cyrano.

CUISINIER, iere. f. Qui fait la cuisine & apprête les viandes. Coquus, coqua. Les Traiteurs doivent être reçus Maîtres cuisiniers : c’est une maîtrise particulière différente des Rotisseurs & des Pâtissiers. Leurs titres sont de Maîtres Queux & Porte-chappes. Les Cuisiniers ont réduit en art & en méthode le secret de flatter le goût, & de faire manger au-delà du nécessaire. La Bruy. On donne souvent le surnom de Cuisinier, coquus, à Martial, soit parce que lui, ou son pere l’avoient été, soit parce qu’il parle souvent de sauce & de bonne chère.

☞ On a donné le nom de Cuisiniere, s. f. à un ustensile de fer blanc, qui sert à faire rôtir la viande.

CUISSART. s. m. Armure de la cuisse, qui sert au soldat à le défendre des atteintes ou des effets du coup, dans cette partie. Le cuissart est attaché au bas du devant de la cuirasse. Femorale, femoris tegumentum ferreum. Les cuissarts n’ont commencé d’être en usage que vers 1300. Le Gendre, Mœurs des François p. 104.

CUISSE. s. f. Partie du corps de l’homme, ou des animaux à quatre pieds, & des oiseaux, qui est entre la jambe ou jarret, & le tronc du corps. Femur. On a donné différens noms aux différentes parties de la cuisse. Le devant de sa partie supérieure se nomme l’aîne, inguen, le côté de dehors la hanche, coxa, coxendix, & le derrière la fesse, clunis. Sa partie inférieure & postérieure s’appelle jarret, poples, de post & plito, parce qu’il se plie par derrière ; & l’antérieure s’appelle genou, genu, qui vient du Grec γόνυ, signifiant angle. L’os de la cuisse est le plus grand & le plus fort de tous les os du corps humain, parce qu’il en porte tout le fardeau ; d’où vient qu’il a été aussi appelé femur, du mot Latin fero, qui signifie porter. Les Payens croyoient que Bacchus étoit né de la cuisse de Jupiter, où il avoit été enfermé. On estime la cuisse dans Les bécasses, & l’aile dans les perdrix.

Ménage, après Saumaise, dérive le mot François cuisse du Latin cossa, qu’on a dit pour coxa.

On dit au Manège, les aides des cuisses, pour dire, les mouvemens des cuisses, par lesquels le Cavalier fait obéir le cheval à ce qu’il lui demande. Femorum motu equum regere, moderari.

A la boucherie on appelle la cuisse de bœuf, la partie de derrière du bœuf qui se divise en quatre, le cimier, le gîte, la culotte, & le trumeau.

On appelle aussi cuisses, certaines parties ou divisions de fruits coupés par quartiers. Une cuisse de noix. Quatripartitæ in nucleo distinctionis pars quælibet.

On dit accoler la cuisse à un homme, quand on le va saluer à son arrivée en descendant de cheval. Alicui descendenti ex equo gratulari, blandiri.

Cuisses, en termes de Verrerie, sont des manières de piliers qui supportent la couronne & l’arche.

Les serruriers appellent cuisse de grenouilles certains anneaux de clefs qui sont limés &arrondis, en sorte que ce qui touche la tige est plus menu que le milieu de l’anneau, lequel est partagé avec la lime par une espèce de ciselure qui forme comme les deux cuisses.

Cuisse de triglyphe. Terme d’Architecture. C’est la nervure, la côte élevée entre deux glyphes ou cavités dans un triglyphe. Vitruve l’appelle Femur.

CUISSE-MADAME. s. f. Espèce de poire. Pyrum Onychinum. La Cuisse-madame est une espèce de rousselet ; elle en a la figure & le coloris ; elle a la chair entre tendre & cassante, accompagnée d’une eau assez abondante, un peu musquée, & fort agréable quand elle est bien mûre. Elle mûrit au commencement de Juillet. Son arbre fait de fort beaux buissons ; il est très-difficile à se mettre à fruit ; mais aussi fait-il merveilleusement des qu’il a commencé. La Quint. L’arbre & le fruit portent ce nom, comme la plupart des autres fruits.

CUISSETTE. s. f. Terme de Manufacture de lainage. Il se dit de la moitié des fils d’une portée.

CUISSON, s. f. Manière de faire cuire une chose, & le degré convenable auquel il faut faire cuire. Coctio, coctura. On a tant payé pour la cuisson des viandes. Les viandes doivent être servies dans une certaine fleur de cuisson qui passe en un moment. Citri.

☞ On appelle pain de cuisson, le pain de ménage qu’on fait chez soi.

Cuisson se dit principalement, parmi les confiseurs des différentes préparations du sucre qu’on fait passer au feu. Voyez Caramel, Cassé, Lissé, Plumé, Soufflé.

Cuisson, se dit aussi passivement de la douleur que cause une brûlure, une inflammation, une plaie, une excoriation. Urens doloris sensus. Il sent une grande cuisson dans l’œil, dans les reins, dans les uretères.

CUISSOT. s. m. Cuisse de cerf, de sanglier, de chevreuil, il ne se dit qu’en parlant de vénaison. Ferinæ femur. Il m’a fait présent d’un cuissot de cerf. Ce cuissot de chevreuil sera bon en pâte.

CUISSY. Abbaye de Prémontrés. Cuissiacum. Elle est au pied de la montagne de Cuissy, assez près de la rivière d’Aisne, à quatre lieues de Laon. Elle doit ses commencemens à Luc, Doyen de la Cathédrale de Laon, qui quitta le monde, & se retira dans une Chapelle au lieu où est cette Abbaye. L’Evêque de Laon Barthelemi, à qui cette Chapelle appartenoit, en fit la donation à Luc par un Acte de 1117. Voyez la Vie de S. Norbert par le P. Hugo, p. 194 & 253.

☞ CUISTRE. s. m. C’est le nom qu’on donne ordinairement aux valets de Collège.

☞ C’est aussi un terme d’injure dont on se sert pour désigner un pédant rustre & grossier. C’est un cuistre, un vrai cuistre, un cuistre fieffé.

Plusieurs dérivent ce mot de l’Allemand kuster, qui signifie un serviteur d’Eglise. Mais il vient plutôt du Latin coquere.

CUIT, ite. Voyez CUIRE.

CUITAPERI. Montagne de Laponie, près du bord oriental du fleuve de Torno, à 4 ou 5 lieues au Sud d’Avasaxa. Cuitaperus Mons. A 4 lieues d’Avasaxa nous quittâmes nos bateaux, & ayant marché environ une lieue dans la forêt, nous nous trouvâmes au pied de Cuitaperi, montagne fort escarpée, dont le sommet n’est qu’un rocher couvert de mousse, d’où la vue s’étend fort loin de tous côtés, & d’où l’on voit au midi la Mer Botnia. Maupert.

☞ CUITE, s. f. Quantité de pain ou d’autre chose qui a été mise au four, & retirée chaque fois. Du pain de la première, de la seconde cuite. Dans ce sens il faut dire du pain de la première ou de la seconde fournée.

On le dit aussi du degré de cuisson. Coctura. La cuite de ces briques n’a pas été assez forte. La cuite de la chaux, du verre, la première, la seconde cuite. Les Chimistes tiennent que le succès de leurs opérations dépend de la cuite, de la manière de donner le feu pendant la cuite.

On a dit à cuite dans le vieux langage, pour dire à force. Brochent à cuite d’éperon.

CUIVRE. s. m. Métal qu’on tire de plusieurs mines de l’Europe, mais particulièrement de Suède. Æs cyprium, cuprum. Il est dur, sec & pesant, & le plus ductile après l’or & l’argent. Il abonde en vitriol & en soufre. Les Chimistes l’appellent Venus, croyant qu’il a du rapport à cette planète. Ils disent qu’il est composé d’un soufre mal digéré, d’un mercure jaune & d’un sel rouge. On le trouve en poudre & en pierres, lesquelles on lave bien pour les nettoyer d’une terre qui y est mêlée. On les fait fondre ensuite par le moyen d’un feu très-vif, & l’on jette la matière fondue dans des moules. C’est le cuivre ordinaire. Pour le rendre plus dur & plus beau, on le fait refondre une ou deux fois ; il s’en sépare à chaque fusion quelques parties grossières & terrestres. On l’appelle alors cuivre de rosette. Toute la fonte ou le bronze est de cuivre avec quelque mélange d’étain ou d’antimoine. Le cuivre jaune est un mélange de cuivre avec de la calamine, qui est une terre jaune que l’on trouve vers le Pays de Liège, avec laquelle on le fond ; & il augmente son poids de dix pour cent. On l’appelle aussi laiton, & en Latin aurichalcum, comme qui diroit æs aureum. On en fait la plupart des ustensiles du ménage & de cuisine. On reblanchit le cuivre jaune avec de l’esprit d’arsenic & d’orpiment. Pline dit qu’il y a du cuivre naturellement blanc, & qu’il se trouve au-dessous de la mine d’argent.

☞ On connoît à la Chine le cuivre blanc & le noir.

☞ Il y a au Japon du cuivre couleur de feu, qui est extrêmement fin & cassant.

☞ Il y a à la Chine un très-beau cuivre vert, qui est par petites aiguilles, velouté & soieux ; on diroit qu’il chatoye.

On appelle cuivre vierge, celui qui fort de la mine, qui n’a point été fondu.

Les Chimistes appellent safran de Venus, celui qui se fait de lames de cuivre stratifiées avec du sel décrépité en poudre dans un creuset, quand on les a éteintes dans l’eau, & ratissées avec des brosses de fer. Ce safran est très-rouge, & on en fait des emplâtres pour mondifier les plaies & les ulcères. On a prétendu que l’esprit de Vénus étoit un véritable alkaëst capable de dissoudre totalement les perles, les coraux, les yeux d’écrévisse, plus facilement que tous les autres dissolvans, sans rien perdre de sa force ; mais l’expérience est contraire. On donne aussi le nom de safran de Venus à l’æs ustum. On appelle le vert de gris ou rouillure de cuivre, ærugo. Le cuivre rouge fondu avec vingt-deux à vingt-trois livres d’étain fin par quintal, est appelé métal, & c’est celui dont on fait les cloches. Quand le cuivre rouge & le jaune sont fondus ensemble quintal pour quintal, alors on l’appelle bronze, & on en fait les figures, les statues, & les autres ornemens. Dans la province de Fokien à la Chine, il y a un lac, disent les Chinois, dont l’eau est verte, & qui change le fer en cuivre. P. le Comte.

M. Beker, premier Apothicaire du Roi de Dannemark, croit qu’il est dangereux pour la santé de manger ou de boire des choses acides dans des vases d’argent commun, où il y a beaucoup de cuivre, & plus dangereux encore de se servir dans ces occasions des vaisseaux de cuivre.

☞ Aucun métal ne se rouille plus facilement à l’air & dans l’eau. Cette rouille qui est verte, & qui s’appelle verdet, communément vert de gris, rend les vaisseaux de cuivre très-dangereux, à moins qu’ils ne soient bien étamés, & si l’eau y a séjourné, elle contracte le goût de cuivre, & en dissout quelque partie, qui peut être très-préjudiciable à la santé.

Les Médecins Indiens font grand cas du talc & du cuivre jaune, qui consume, à ce qu’ils disent, les humeurs les plus visqueuses, & qui leve les obstructions les plus opiniâtres. Let. Cur. et édif. Tom. IX.

Ce mot de cuivre vient du Latin cuprum, ainsi appelé, quasi æs Cyprium, parce qu’il a été trouvé premièrement dans l’Ile de Chypre, comme dit Pline.

Cuivre de Corinthe, ce métal si fameux étoit un alliage d’or & d’argent, ou le cuivre l’emporte. Æs Corinthiacum. Ce mélange se fit à l’embrasement de Corinthe. Les différens métaux fondus formèrent un alliage fortuit qui a gardé le nom de cette ville saccagée.

☞ Plusieurs regardent comme une fable cet alliage accidentel des trois métaux qui se fit dans l’embrasement de Corinthe, suivant quelques Historiens, & prétendent que le cuivre de Corinthe étoit réellement une composition d’un mêlange de cuivre, d’or & d’argent fait par art.

Savot a parlé plus exactement du cuivre de Corinthe, il en marque trois espèces ; l’une où l’or est le métal dominant ; l’autre où l’argent prédomine, & la troisième, où l’or, l’argent & le cuivre sont en égales portions. Il prétend même qu’on imitoit le vrai cuivre de Corinthe en alliant ces trois métaux. Chez les Médaillistes le cuivre, dans la distinction des suites des médailles dont les cabinets sont composés, porte le nom de bronze. On voit plusieurs médailles de cuivre rouge dès le tems d’Auguste, qu’on range parmi le moyen bronze. Il y en a aussi de cuivre jaune parmi le grand & le moyen bronze.

Cuivre. Terme de Carrier. Les Carriers appellent banc de cuivre, une pierre dure & jaunâtre, qui ne peut servir qu’à faire du rabot, & à paver les cours des maisons.

CUIVRÉ. adj. On appelle, en termes de Doreurs, Ouvrage cuivré, une fausse dorure, c’est-à-dire, une dorure faite avec du cuivre en feuille, employé de la même manière que l’or fin.

CUIVRETTE. s. f. C’est une petite anche de cuivre qu’on applique sur les bassons ou hautbois, lorsque leur longueur empêche de les emboucher commodément. Lingula ex ære cyprio. On appelle aussi cuivrette le petit morceau de cuivre sur lequel on attache & on lie les petits morceaux de cuivre qui composent une anche.

CUIVREUX. adj. Terme de Teinturier. Ce sont des reflets qu’a une pellicule presque toujours très-mince, que l’on voit dans la fermentation de l’indigo. Ces reflets sont appelés cuivreux, parce qu’on y voit les couleurs de l’iris, où le rouge & le jaune dominent. Mémoires de l’Académie des Sciences 1740. pag. 155.

☞ CUIVROT. s. f. Outil d’Horlogerie. Petite poulie de laiton qui a un trou pour entrer sur les tiges de différentes pièces que l’on veut tourner. Enc. Il y en a de plusieurs façons.

CUL.

☞ CUL. s. m. L’l ne se prononce point, & on le supprime souvent dans l’écriture. Le derrière, cette partie de l’homme, qui comprend les fesses & le fondement. Tomber sur le cul. S’asseoir sur le cul. Donner des coups de pied au cul. Un postillon a souvent le cul écorché. Cet enfant s’est mis à cul nud. Culus, nates, clunes. On le dit aussi de l’anus même, par où l’animal décharge son ventre.

☞ On dit proverbialement qu’un homme montre son cul, qu’on lui voit le cul, pour dire que ses habits sont mauvais.

☞ On dit aussi proverbialement & figurément, montrer le cul, pour tourner le dos, montrer de la foiblesse où il faut de la fermeté. Tergum vertere.

On dit d’un homme, qu’il a toujours le cul sur la selle, pour dire qu’il est vigilant, qu’il est toujours à cheval. Semper equo insidens. On le dit aussi de celui qui est assidu à l’étude, à son travail, qui est sédentaire. On l’appelle autrement cul de plomb.

On dit aussi que quelqu’un a été arrêté sur cul, pour dire, tout court, & qu’on l’a empêché de passer outre. Repentè. On le dit aussi des autres obstacles qu’on met à la poursuite des affaires. On alloit faire adjuger cette terre ; mais les dettes de l’Etat ont fait arrêter sur cul le poursuivant.

On dit au jeu, jouer à cu-levé, dans les jeux où l’on ne peut jouer que deux, lorsque celui qui perd quitte la place à un troisième pour jouer à son tour. On dit aussi, jouer à coupe-cul, quand on joue à la charge de ne point donner de revanche. On appel au Lansquenet un coupe-cul, quand celui qui a la main, tire sa carte la première, & perd toutes les autres.

Qu’ils se gouvernent comme au jeu,
Quand on leur coupe cul, qu’ils modèrent leur feu.

Nouv. choix de Vers.

Cul, se dit par extension du fond de la partie inférieure d’un vaisseau. Fundus. Le cul d’un verre, d’une bouteille. Le cul d’un chapeau, c’est la forme d’un chapeau. Cul de chapeau se dit vulgairement d’un chapeau dont on a coupé les bords au nœud, c’est-à-dire, au bas de la tête. Le cul d’un chaudron, le cul d’un panier, d’une poële, d’une hotte, &c.

Mettre un tonneau sur cul, c’est-à-dire, le vider & le renverser après. Dolium, cadum invertere, vertere. On dit aussi, boire sur le cul d’un tonneau, pour dire, se servir d’un tonneau renversé au lieu de table. On dit, mettre une charrette à cul, pour dire, la mettre les limons en haut. Acad. Franç.

On dit sur la mer, mettre cul en vent, c’est-à-dire, mettre vent en poupe, sans voiles, ou autrement, par un gros tems. Puppim ventis obvertere. Les matelots appellent cul de pot double ou simple, certains nœuds qu’ils font au bout des cordes.

On appelle un cul-de-basse-fosse, un cachot creusé dans la basse-fosse même, l’endroit le plus bas d’une prison. Locus in carcere depressior.

Cul, en matière de Modes, on a donné ce nom à des embourremens d’habits, ou à certains gros bourrelets qui entouroient tout le corps, dont les Dames se servoient pour paroître plus grosses de la ceinture en bas. Elles ne mettoient ces culs que quand elles vouloient sortir, & elles disoient, apportez-moi mon cul. On ne trouve point le cul de Madame. Le cul de Madame est perdu. Dialogue du nouveau langage, p. 205.

Cul, se dit aussi du derrière de quelque chose. Tergum. On fouette les coupeurs de bourse au cul d’une charrette. Le cul d’une aiguille, est le derrière, le trou où l’on passe le fil. Foramen acus. Le cul d’un artichaut est la partie du fond qui touche la tige. Cinaræ ima pars.

Cul-bas. Sorte de jeu de cartes qui se joue à cinq ou six personnes, plus ou moins. Voyez Cu-bas, en suivant l’ordre orthographique.

Cul-de-lampe, se dit non-seulement de la partie extérieure extérieure & plus basse de sa lampe, mais aussi par comparaison des ornemens d’architecture & de menuiserie, qu’on met aux voûtes & aux planchers, pour finir & terminer le dessous d’un ouvrage, & qui ont la figure de l’extrémité d’une lampe. Testudineatus lucernæ fundus. On appelle cul-de-lampe une espèce de pendentif qui tombe des nervures des voûtes gothiques. Pendens à fornice gothico ornamentum testudineato lucernæ fundo simile. On le dit aussi en Imprimerie de ces figures qu’on met au bas des pages à demi-vides. Impressa Typis imaguncula, testudineatæ lucernæ fundi in morem desinens. Et encore de ces lignes qui aboutissent en pointe à la fin d’un chapitre, d’un traité, qui ne vont pas jusqu’au bout de la page. Cul-de-lampe en encorbellement, est une saillie de pierres rondes par leur plan, qui porte en encorbellement la retombée d’un arc doubleau, d’une tourelle, d’une guérite, &c.

Cul-de-four. Voûte sphérique. On appelle cul-de-four un pendentif, une voûte sphérique rachetée par quatre fourches ou pendentifs, & qu’on nomme aussi pendentif de Valence. Testudo. Cul-de-four de niche, la fermeture cintrée d’une niche sur un plan circulaire.

Cul-de-jatte est un homme qui n’a ni jambes ni cuisses, & qui marche sur le cul enfermé dans une jatte. Captus cruribus ideòque coactus sedere semper tanquam in gabata. Le Poëte Scarron avoit pris le surnom de cul-de-jatte, parce qu’il étoit paralytique, & étoit toujours dans la chaise.

Cul-de-poule, se dit par comparaison d’une petite grimace qui se fait, quand on avance les levres en rond pour faire la moue, parce que cela représente un cul-de-poule. Affectata quædam labrorum projectio. On le dit aussi, quand on joint les cinq doigts de la main ensemble, en sorte qu’ils ne fassent qu’une pointe. Coacti in unum eumdem apicem quinque digiti.

Cul-de-sac, se dit non-seulement au propre du fond d’un sac, mais encore il signifie un bout de rue qui n’a point d’issue. Angiportus, Angiportum.

Cul-de-sac-Royal. Terme de Géographie. C’est le principal & le meilleur port de la Martinique, il est défendu par un bon fort.

Cul-blanc. s. m. Oiseau qui fréquente les rivières, gris par-dessus, & blanc par-dessous. Il est bon à manger. On l’appelle Cul-blanc à cause de la blancheur des plumes de son croupion. Le Cul-blanc n’a qu’un petit cri lorsqu’on le fait partir. Il ne fait pas un vol fort long, & ne s’élève pas beaucoup, volant seulement à fleur d’eau. Il est un peu plus petit que la bécassine. La couleur de son pennage est d’un gris cendré mais les grandes plumes des ailes sont un peu obscures. Le ventre, les cuisses, & généralement toutes les parties de dessous sont blanchâtres. Son bec est noirâtre, long & menu, les jambes noirâtres aussi, & moins longues que celles de la bécassine. On dit qu’il se cache pendant les jours caniculaires, & qu’il revient aussi-tôt qu’ils sont passés.

Il y a encore trois autres espèces de cul-blancs. La première s’appelle Vitrec. Voyez ce mot.

La seconde est un oiseau un peu plus petit que le Vitrec, & un peu plus grand qu’un passereau. Sa tête, son cou, son dos, les petites plumes de ses ailes, sa poitrine & son ventre, sont d’un roux jaunâtre, plus coloré sur le dos, & plus clair par la poitrine. Ses yeux sont noirs : derriere les yeux il a une tache noire assez grande, qui a la figure d’un croissant. Son bec est d’une moyenne longueur, grêle, & noir. Les grandes pennes de ses ailes sont pareillement noires, & jaunâtres à leurs extrémités, ainsi que les plumes de sa queue. On l’appelle en Grec Oenanthe, & en Latin Vittiflora.

La troisième espèce est commune en Italie. Oenantha, Vittiflora Italica. Cet oiseau a le bec très-aigu, & une façon d’oreilles assez grandes. Sa tête est d’une couleur cendrée, tirant sur le brun ; son dos est de même couleur, mais marqué de taches plus noires. Son ventre est tacheté de marques de couleur de rouille. Sa gorge, la poitrine, & le reste de son ventre, sont d’un gris cendré, comme l’alouette ; ses ailes de même. Les plumes qui sont à l’extrémité des côtés sont plus pâles. Les petites plumes du second rang, qui couvrent les grandes pennes des ailes, sont semées de blanc. Sa queue est longue de trois doigts, & garnie de douze plumes, qui ont chacune une tache blanche à leur extrémité, qui est placée en dedans respectivement de part & d’autre. Elles sont opposées les unes aux autres avec un bel ordre. Les plumes qui garnissent le croupion, sont blanchâtres à l’extrémité. Ses ongles sont grands, robustes, & bien proportionnés.

Aux environs de Boulogne en Italie, il y a encore un petit oiseau qui a la queue & le cul presque tout blanc, la tête & le dos d’un jaune tirant sur la rouille, les pennes de ses ailes moitié noires, & moitié jaunes ; son bec long & brun, sa gorge, sa poitrine & son ventre, d’un blanc qui tire un peu sur le jaune. Sa queue proche du croupion, est jaune ; le reste est noirâtre. Les Oiseliers l’appellent Strapasio. On pourroit l’appeler en Latin Oenanthe ou & Vittiflora Eononica.

On appelle populairement culs-blancs, les petits merciers qui vont par la campagne vendre de menues marchandises qu’ils portent dans une balle sur le dos. Dans les Ordonnances ils sont nommés Porte-Balles.

Cul-rouge. s. m. Sorte d’oiseau. Voyez Épeiche, ou Pic-rouge.

Cul-d’âne. s. m. Espèce de poisson, autrement nommé Ortie de mer.

Cul, se dit proverbialement en ces phrases. Il est demeuré entre deux féUes le cul à terre, pour dire » Il a manqué les deux occasions qui s’étoient présentées, & sur lesquelles il avoit compté.

Je vois ces héros retournés
Chez eux avec un pied de nez,
Et le protecteur des rebelles
Le cul à terre entre deux selles. La Font.

Comme un homme, qui voulant s’asseoir, au lieu de se mettre sur un siège, s’assied entre deux chaises & tombe à terre.

On dit aussi qu’un homme en a dans le cul, pour dire qu’il a fait une grande perte, soit en procès, soit au jeu, soit en autre affaire : & on dit aussi, qu’il est à cul, pour dire, qu’il est ruiné sans ressource. On dit aussi de celui qui est tombé en bas la tête la première, que la tête a emporté le cul. On dit de plusieurs gens alliés en même famille, qu’ils se tiennent tous par le cul comme des hannetons : on dit aussi, comme des Juifs. On dit de celui qui n’ose achever une affaire, après l’avoir entrepise avec bravade, qu’il a montré le cul. On le dit même d’un poltron, ou des soldats qui fuient. On dit d’un homme fort crotté, qu’il est crotté jusqu’au cul. On dit de celui qui marche mal en traînant les jambes, qu’il a le cul rompu. On dit aussi, renverser cul par dessus tête. On appelle bout-de-cul, un petit homme gros & trapu. On dit d’un homme qui se tourmente extrêmement pour venir à bout de quelque chose, qu’il y va de cul & de tête comme une corneille qui abat des noix. On dit d’un homme qui joue, & qui perd tour ce qu’il a, qu’il perdroit son cul, s’il ne tenoit. On dit, faire une chose à écorche-cul, pour dire, la faire à regret & en rechignant. On dit qu’un homme tire le cul en arrière, pour dire, qu’il a de la peine à se résoudre à faire une chose. On dit d’une personne qui a grand’peur, qu’on lui boucheroit le cul d’un grain de millet. On dit, baiser le cul à quelqu’un ; pour dire, lui rendre des soumissions serviles & lâches ; il ne faut pas vouloir péter plus haut que le cul, pour dire qu’il ne faut pas entreprendre plus qu’on ne peut.

On dit proverbialement Tenir quelqu’un au cul & aux chausses, pour dire, le tenir d’une manière qu’il ne puisse échapper. On le dit aussi au figuré, pour dire, qu’on agite quelque chose qui concerne sa personne, ses biens, sa vie, son honneur.

CULAGE. Voyez Cullage.

CULANT. Ville de Berry, qui a titre de Baronie. Culentum. La Ville de Culant est située à quatre lieues de Dun-le-roy à dix lieues de Bourges, & porte de tems immémorial le titre de Baronie. Elle a donné son nom à une des plus illustres Maisons de Berry, qui a possédé cette Baronnie jusqu’en 1582, que Jean de Culant, Seigneur de Brecy, la vendit à Jean de Beaufort, Marquis de Canillac. Voyez la Thaumassiere. Hist. de Berry. L. IX. C. 6. & suiv.

CULASSE, s. f. C’est la partie du canon comprise entre les tourillons, & l’extrémité de la pièce où elle est renforcée de métal & la plus épaisse. Ferreæ fistulæ cauda, postica pars. Elle comprend la lumière, la platte-bande & le bouton. On a trouvé l’invention de faire des canons qu’on charge par la culasse.

Culasse, se dit aussi des autres armes à feu. On démonte les mousquets par la culasse. Elle tient au canon par une vis.

On à se proverbialement & bassement, qu’une femme est renforcée sur la culasse, quand elle a les hanches larges, & de grosses fesses.

Culasse. Terme de Marine. Ce mot se dit aussi du derrière d’un vaisseau. Tergum navigii. Pomey.

CULBUTE, s. f. On prononce l’l. Saut périlleux, où les pieds font le tour du corps, tandis que la tête est en bas. Applicato in terram capite totius corporis rotatio, rotatus, circumactio. Les Baladins font plusieurs culbutes tout de suite. Pourquoi a-t-on établi ces exercices, & de quoi servent à la vertu tous ces sauts, & toutes ces culbutes ? Abl.

Culbute, signifie aussi une chute. Prolapsio in caput. Il est tombé du haut du rempart, il a fait une étrange culbute.

☞ On dit figurément d’un homme qui d’une grande fortune est tombé dans la misère, dans la disgrace, qu’il a fait une grande culbute. Lapsus, prolapsio.

Culbute, ou Culebute, se dit aussi d’un nœud de rubans de couleur que les jeunes Demoiselles portoient presque sur le derrière de la coëffe-cornette. Cette culbute s’appelle aussi une renverse. Tænia occipiti imposita, ou tænia postica.

CULBUTER, v. a. Faire tomber, renverser quelqu’un d’un lieu haut, cul par dessus tête. Aliquem pronum in caput dejicere. Les ennemis étoient entrés dans la demi-lune, mais on les a culbutés & renversés dans le fossé. Il le poussa si rudement qu’il le culbuta.

Culbuter, se dit aussi au figuré, & signifie, abbatre, détruire ; mais on ne le dit qu’en riant. Dejicere, évertere.

La mort qui se plaît à la lute,
Et qui les plus forts culebute. Ménage.

Culbuter quelqu’un, c’est renverser, détruire sa fortune.

Culbuter, est aussi quelquefois neutre, & signifie, tomber en faisant la culbute. Pronum In caput volvi. Il fit un faux pas, & culbuta le plus plaisamment du monde. Les petits enfans culbutent souvent.

On le dit aussi figurément, pour dire, être ruiné, perdre sa fortune. Ce Banquier a culbuté.

Culbuté, ée. Part.

CULE. Terme de Marine. C’est un commandement pour dire, recule, par aphérese, ou le retranchement de la première syllabe.

CULÉE. s. f. Terme d’Architecture. C’est une grosse masse de pierre qui soutient la voûte de la" dernière arche d’un pont, & toute sa poussée. Moles saxea cui pontis arcus ultimus totiusque vis pontis incumbit. On appelle aussi culée, ou butée, la palée de pieux qui retient les pierres derrière ce massif.

Culée d’arc-boutant. Dans l’Architecture c’est un pilier fort & solide qui soutient la voûte des grands bâtimens, par exemple, des Églises, en recevant les retombés des arcs-boutans d’une Eglise.

Culée. Terme de Mer. Donner des culées, se dit lorsque le vaisseau qui touche à terre, ou sur le sable, donne des coups de sa quille sur le fond. Navis impressio.

CULÉE. Terme de commerce de cuirs. On nomme ainsi la partie du cuir, qui est la plus proche de l’endroit où étoit la queue de l’animal. On l’appelle aussi croupe.

CULEMBACH. Culembachium. Ville du Cercle de Franconie en Allemagne, capitale du Marquisat de même nom, située au confluent des deux sources du Mein. Le Marquisat de Culembach est borné au couchant par l’Evêché de Bamberg, & au midi par le territoire de Nuremberg, au levant par le Palatinat de Bavière & de Bohême, & au nord par le Voigtland, qui est une partie du cercle de la Haute Saxe. Culembachius tractus, ager, pagus. Marchionatus Culembacensis. Le Marquisat de Culembach est la partie supérieure du Burgraviat de Nuremberg, dont le Marquisat d’Onspach est l’inférieure. Voilà pourquoi on les appelle la Principauté inférieure & la Principauté supérieure. Maty.

☞ CULEMBOURG. Petite Ville des Pays-bas avec titre de comté ; aux confins du Duché de Gueldres & de la Province d’Utrecht.

CULER. v. n. Terme de Marine. C’est aller en arrière. Il est peu usité.

CULERON. s. m. Terme de Sellier & de Bourelier. Postilena. C’est la partie de la croupière qui est faite en rond & sur laquelle pose la queue du cheval.

☞ CULEYATELMUHAYDIN. Ville d’Afrique, au Royaume de Maroc, dans la Province de Hea, située entre des écueils.

CULIACAN. Ville de l’Amérique Septentrionale, dans le Mexique, au Pays de même nom, sur le bord oriental de la mer Vermeille.

☞ CULIER. adj. Terme d’Anatomie, qui n’est d’usage que dans cette phrase, boyau culier, celui qui se termine à l’Anus. Il est situé entre le cæcum & le rectum. Voyez Colon.

CULIÈRE. s. m. C’est une pierre platte, creusée en rond ou en ovale, de peu de profondeur, avec une goulette qui reçoit l’eau d’un tuyau de descente, & la conduit dans un ruisseau pavé. Cavatus vel in orbem vel in ovatam figuram lapis ; cujus per canaliculum exceptus è fistulis imber in incile pavimentatum deducitur ; cavatus in orbem, ou in ovum lapis.

CULLAGE, ou CULLIAGE. s. m. Droit honteux & injuste usurpé par les Seigneurs sur leurs vassaux, & établi par une bizarre coutume, qui leur donnoit la première nuit des nouvelles mariées. Delibatio pudicitiæ, violatio, defloratio virginitatis. On prétend que ce droit, qui choque le bon sens & les bonnes mœurs, fut établie par Even Roi d’Ecosse, & aboli par Malcolm III, & converti en une prestation. L’usage de ce droit a causé quelquefois des révoltes des sujets contre leur Seigneur : aujourd’hui ce droit est aboli par-tout, & peut-être en quelques endroits converti en autre chose. Il y a encore en quelques endroits des Seigneurs qui ont des droits qui ont quelque chose d’obscène & de bizarre, mais qui n’approchent pas de ce qui vient d’être rapporté. Voyez de Lauriere sur Ragueau.

CULM. CULME. Petite ville de la Prusse Royale, capitale du Palatinat de Culme. Culmia. Les Chevaliers de l’Ordre Teutonique en jetèrent les fondemens l’an 1223. & la fortifièrent ensuite contre les irruptions des Prussiens. L’Evêque de Culm fut d’abord suffragant de l’Archevêque de Riga ; mais en 1466, on le restitua à celui de Gnesne. Depuis comme la ville a été presque ruinée par les guerres, il a été transféré à Colmensée, ville du même Palatinat.

CULMINANT. adj. masc. Terme d’Astronomie qui se dit du point du méridien, par lequel passe une étoile. Le point culminant. Punctum culminans. On ne se sert point de ce mot qu’il ne soit précédé de celui de point. Le point culminant, c’est l’endroit par où l’écliptique est coupée par le méridien, dans la partie qui est sur l’horizon. Le point opposé de l’écliptique est pareillement coupé par le même méridien ; mais c’est sous l’horizon, & il s’appelle le fond du Ciel. Ce mot vient du nom latin culmen, qui signifié le sommet, la plus haute partie de quelque chose que ce soit, & on le donne au point du méridien où passe un astre parce que c’est le point du Ciel où cet astre est le plus haut sur l’horizon.

CULMINATION. s. f. La plus grande élévation d’une étoile. Voyez Élévation.

CULMINER, v. n. Terme d’Astronomie, qui se dit des Astres. C’est la même chose que passer par le méridien. Culminare. Sirius, ou le grand Chien culminoit cette nuit à 1h 30′ 50″.

☞ CULOT. s. m. On appelle ainsi l’Oiseau le dernier éclos d’une couvée, & le dernier né des autres animaux : & dans le style familier & populaire, on donne le même nom au dernier né d’une famille natu minimus, & figurément on appelle culot d’une compagnie, celui qui est le dernier reçu, ou le plus jeune de la compagnie. Aliquam in societatem recentissimus omnium aggregatus. Dans quelques Provinces on dit clos-cul, terme également banni du style honnête & poli.

Culot, est aussi le petit rond qui forme la plus basse extrémité d’une lampe d’Eglise. Fundus lucernæ testudineatus.

Culot, en termes d’Architecture & de Sculpture, est un ornement ressemblant à une tige, à un cornet, d’où naissent des feuillages : on emploie cet ornement dans les grotesques, & dans les cabinets, pour porter quelque pièce curieuse.

Culot, en termes d’Orfévre, se dit des parties rondes de plusieurs ouvrages, ou de leurs parties inférieures comme des réchauts à culot. Les cassolettes doivent être marquées au culot, au baste, au dôme & au chaudron ; les lampes aux cores, au chapiteau, & au culot, qui est ce petit rond qui forme la plus basse extrémité des lampes d’Eglise.

Culot, se dit aussi d’un creuset à fondre de l’or & de l’argent. Catillus in quo liquatur aurum. Pomey.

☞ Il y a apparence que cet auteur s’est trompé. Culot ne se dit point d’un creuset, mais d’un petit plateau cylindrique de terre cuite, sur lequel on pose le creuset dans le fourneau, pour le garantir de l’action trop vive du feu.

Culot, se dit encore, en termes de monnoie, des matières métalliques qui, après la fusion, relient au fond du creuset, séparées des scories.

Quand l’argent est fondu, & que le troisième feu qu’on y a donné est passé, on découvre le fourneau, on y laisse refroidir le creuset sans y toucher, on le retire ensuite ; on le casse & on y trouve un culot dont le fond est d’argent fin, & le dessus de crasses de salpêtre avec l’alliage de l’argent, & même quelque partie d’argent que le salpêtre y a attirées pendant l’opération. Boizard. On fait fondre après cela le culot d’argent fin dans un autre creuset, &c. Id. Quand on a laissé refroidir le creuset où l’on a fondu l’or, & jeté l’antimoine nécessaire, on le retire, on le casse, & on trouve un culot dont le fond est d’or fin, & le dessus de crasses d’antimoine, avec l’argent & le cuivre de l’alliage, & même quelques parties d’or que l’antimoine y a aussi attirées pendant l’opération. Il est à remarquer que, bien que l’or de ce culot soit fin, il est néanmoins de couleur grizâtre, & est si aigre & si cassant qu’on le réduiroit facilement en poudre avec le marteau, parce que l’antimoine lui communique ses qualités. Id. Pour retirer le plomb, l’argent & le cuivre dont ces culots sont composés, on se sert d’une manière de fourneau qu’en appelle Ressuage. Quand on veut séparer les métaux des culots, ce que l’on appelle faire ressuer les culots, on fait un feu de charbon pour bien recuire la casse ; en fait une grille avec des bûches au-dessus du ressuage : cette grille n’est pas de fer, parce que l’ardeur du feu feroit que le cuivre des culots s’y attacheroit : met les culots sur cette grille, on fait un feu clair dessous, qui fait allumer le charbon qui est lardé entre les pavés dont le ressuage est composé. Quand les culots sont bien échauffés, le plomb & l’argent se fondent presqu’en même temps, & coulent dans la casse ; mais comme le cuivre est plus difficile à fondre, il reste sur la grille, & on voit le reste des culots percés comme des éponges, aux endroits dont le plomb & l’argent ont été détachés par l’action du feu. On retire après cela les restes des culots, on les fait fondre & on les met en lingots. Id.

A la Boucherie on appelle culot le derrière du cimier de bœuf qui contient depuis les hanches jusqu’à la queue. Tergum Bovinum.

CULOT, en termes de Miroitier, signifie une espèce d’escabelle sans fond, sur laquelle se pose la sebille, où se conserve le vif argent, pour mettre les glaces au teint.

Culot. Terme de Chandelier. On appelle dans la fabrique des chandelles moulées le culot du moule, un espèce de petit entonnoir mobile, fait de fer blanc ou d’etain.

Culot. Terme d’Artificier. C’est la base mobile du moule d’une fusée quelconque, sur laquelle on appuie son cartouche, par le moyen d’un bouton en hémisphère qui entre dans la gorge, du milieu duquel sort souvent une petite broche de fer.

CULOTTE. s. f. Partie de notre vêtement qui couvre depuis la ceinture, jusqu’aux genoux, sur les côtés desquels elle se boutonne, & se serre par une boucle de Jarretière. Braccæ, femoralia.

Culotte, signifie aussi des trousses de Page qui sont serrées & plissées, & qui ne couvrent que le haut des fesses. Breves & complicatæ Epheborum caligæ. C’est aussi le haut-de-chausse des Chevaliers de l’Ordre du Saint-Esprit, & celui que les gens-d’armes portoient autrefois à cheval.

Culotte in-folio. On appelle ainsi, dit-on, une espèce de culotte qui descend jusqu’au bas des jambes, & les couvrent toutes ou presque toutes, comme la culotte des Turcs & autres Orientaux. Cette expression ne convient qu’au style badin & boufon.

Culotte en Pantalon, c’est une culotte qui tient au bas des chausses.

Culotte. Terme de Fleuriste. Il se dit de l’anémone, c’est la moitié de dessous des grandes feuilles, qui est le plus proche de la queue, & qui est d’ordinaire de différente couleur que le bout de ces grandes feuilles. Pars ima calicis. La culotte aide à connoître quand une anémone doit augmenter en coloris. Culture des Fleurs.

Culotte, ou Calotte. Terme d’Arquebuzier. L’un & l’autre se disent, mais culotte est le plus usité. C’est un fer délié, rond & creux en manière de petite calotte, que l’on attache au bout de la poignée d’un pistolet. On en fait aussi d’autre métal. Pour la culotte ou la calotte d’un pistolet.

On appelle encore culotte de bœuf le derrière du cimier.

Culotte de Pigeon. Le derrière. On sert le derrière d’un pigeon par distinction, & non pas le devant, qu’on appelle brassières.

CULOTTIN. s. m. Espèce de haut-de-chausse, qui est étroit & juste par la cuisse, qui serre par le bas, & qui quelquefois a des boutonnières à côté du genou, & tout autour au-dessus du genou, des aiguillettes & des rubans. Braccarum genus quoddam strictiorum.

Culottin, est un nom que l’on donne populairement aux petits enfans nouvellement en culotte, & en ce sens on dit un petit culottin.

CULTE. s. m. Hommage, honneur religieux qu’on rend à Dieu par des actes de religion, par des prières, des sacrifices, des cérémonies &c. Cultus : rendre son culte à Dieu. Rétablir le culte Divin. Quel étonant spectacle que cette différence infinie de cultes qui partagent l’Univers ! Ce Quiétisme aboutit à anéantir le culte de la Religion. Bos. Ceux qui sont accoutumés à vivre de raison & d’intelligence, ne peuvent s’accommoder d’un culte où l’esprit n’a point de part. Port-R. Ce culte qu’on rend aux Saints ne peut être regardé comme un culte profane & mondain, parce qu’il se rapporte à Dieu. Fléch. Ce culte extérieur ne sauroit plaire à Dieu, lorsqu’il est séparé des mouvemens intérieurs de l’ame. S. Evr. Les Siamois tiennent que la diversité des Religions est agréable à Dieu, & que les différens cultes sont différentes manières de l’honorer qui ne lui déplaisent point, parce qu’elles tendent toutes à une même fin, & qu’elles ont toutes les mêmes objets. Id. Les Payens rendoient un culte superstitieux à leurs fausses Divinités. Epicure trouvoit que ces Dieux oisifs, ces êtres impuissans dont il ne voyoit rien à espérer ni à craindre, ne méritoient pas la peine de son culte. Id. Le culte, se divise chez les Théologiens en trois sortes ; le culte de latrie, celui qui se rend à Dieu ; le culte de dulie, celui qui se rend aux Saints, le culte d’hyperdulie, celui qui se rend à la Sainte Vierge. Voyez Latrie, Dulie, Hyperdulie.

☞ On dit aussi en parlant de l’idolâtrie : le culte des Idoles, le culte des Faux-Dieux.

Culte, se dit aussi figurément de l’attachement que nous avons pour certaines choses dont nous nous faisons des espèces de Divinités. Les femmes sont flattées agréablement par la vanité d’attacher les hommes, & d’être, pour ainsi-dire, l’objet de leur culte, & de leur adoration. Boursaut. Soumissions, bassesses, voilà le culte agréable aux Idoles à qui notre ambition nous fait sacrifier. S. Real. Voyez Adoration, Adorer.

CULTELLATION. s. m. Terme de Géométrie. Manière de mesurer assez simple par le moyen de l’instrument universel qui mesure les distances & les hauteurs pièce par pièce, & non tout à la fois par une seule opération. Cultellandi ratio.

CULTIVATEUR. s. m. Celui qui cultive. Cultor. Il a été trouvé juste de tout tems de donner une partie des fruits de la terre au propriétaire du fonds, & l’autre au cultivateur. Les Espagnols ont traité la question, si, après que le Curé avoit dîmé sur le monceau des gerbes provenues au champ, il pouvoit, après le partage fait entre le cultivateur & le propriétaire, redîmer encore sur la portion du propriétaire tirée ex acervo. Fevret.

CULTIVER, v. a. Labourer, amender une terre, lui donner les façons nécessaires pour la rendre plus fertile. Colere, culturam adhibere. La terre ne rapporteroit que des plantes inutiles, si elle n’étoit cultivée. Voyez Labourer, Fumer, Ensemencer.

Cultiver, se dit aussi des arbres & des plantes, quand on a soin de les tailler, émonder, déchausser, & de les garantir des mauvais vents & des injures du ciel, pour les faire mieux venir, & les faire mieux rapporter. Cultiver en ce sens, c’est labourer, arroser & conduire un arbre. Voyez ces mots. Les plantes qui naissent dans les pays chauds, ne se cultivent pas sans peine dans les pays froids.

Cultiver, se dit figurément de l’esprit, de la mémoire, &c. pour dire, les exercer, apporter du soin à les perfectionner. Il faut cultiver l’esprit des jeunes gens, leur mémoire, en leur donnant de bonnes instructions. Depuis cent ans on a bien cultivé les arts & les sciences dans l’Occident. On dit en ce sens cultiver l’amitié, la connoissance, la bienveillance de quelqu’un, pour dire, prendre soin de les conserver, de les ménager. Scipion avoit toute la vertu des anciens Romains ; mais polie & cultivée. S. Evr. Vous avez un esprit cultivé qui réveille le mien. M. de Scud. Je me suis fait un plaisir de cultiver un beau naturel que le hazard offre à mes soins, & que je ne veux point laisser stérile. Vill. On est trop dissipé dans le monde pour cultiver l’amitié : on se donne à tout superficiellement, & ; on ne s’attache à personne. Le Ch. de Mer. Le plus heureux naturel a besoin d’être cultivé par l’usage du monde. Bell. La science rouille l’esprit en cultivant le jugement. S. Evr.

On dit, c’est un homme qu’il faut cultiver, pour dire, c’est un homme dont il faut ménager, entretenir la bienveillance. Acad. Fr.

Cultivé, ée. part. Cultus.

CULTURE. Soin qu’on prend de rendre une terre fertile par le labour, par l’amendement, d’élever un arbre, une plante. Cultura, cultio, cultus. La culture de la terre est l’occupation la plus honnête & la plus innocente. Voyez Cultiver.

Culture, se dit figurément de l’esprit, des mœurs, des arts & des sciences. La culture de son esprit, est son unique application. Le plus beau naturel sans culture, est comme un champ négligé, qui ne produit que des plantes inutiles. Vaug. La culture des sciences forme l’esprit. Le peu de connoissance que j’ai, je le dois à la culture des bonnes lettres. Patr. Il faut songer à la culture des arts & des sciences. Ablanc. Travailler à la culture de son esprit.

Culture, & par corruption, Couture, s’est dit pour un lieu cultivé, un lieu plein de jardins, de prez, de vignes, &c. Colonia, ager, ou campus colonicus. Il y avoit autrefois aux environs de Paris, la Culture S. Eloy, aux environs de l’Eglise Saint-Paul, la Culture de Sainte Catherine, qui a donné son nom au quartier qui a été bâti dans son étendue, & qui s’appelle encore la Couture, la rue de la Couture, Sainte Catherine de la couture. De même Cultures, ou Coutures de Saint Gervais, du Temple, de Saint Martin, de Saint Lazare, de Saint Magloire, de l’Evêque.

☞ CULVERTAGE. Terme de coutume, dont la signification est ignorée : on sait seulement que c’étoit une servitude ignominieuse.

CUM.

CUMANA. s. m. Arbre Indien qui ressemble beaucoup au mûrier, tant par la forme, que par son fruit, dont on a fait un syrop, qu’on dit être fort bon pour la toux & pour l’enrouement. Son bois est si dur, qu’il fait feu comme le cailloux.

CUMANDA-GUACU. s. m. Nom de certaines fèves Indiennes fort grosses. On les fait rôtir, on les broie, & on en donne dans un œuf pour le flux du ventre. Bouillies, mises en cataplasme, & appliquées sur le ventre, elles passent pour guérir la colique. On s’en sert aussi sous cette forme pour résoudre les abcès.

CUMBERLAND. Nom d’une Province du Nord d’Angleterre qui a titre de Comté. Cumbria. Le Comté de Cumberland est séparé de l’Ecosse, par le Golfe de Solway, & par les monts Cheriotes qui la confinent du côté du Nord. Il a le Comté de Nortumberland au levant ; ceux de Vestmorland & de Lancastre au midi, & la mer d’Irlande au Couchant. Maty. Sa Capitale est Carlie. Les Isles de Cumberland, Cumbria insulæ, sont trois grandes Isles de l’Amérique Septentrionale, entre le détroit de Hudson & celui de Davis. Id.

CUMBULU. s. m. Grand arbre qui croît au Malabar. Sa racine prise en décoction avec une addition légère de riz, passe pour un bon remède dans les fièvres symptomatiques qui accompagnent la goutte. Voyez le Dictionaire de James.

CUMÉE. adj. fém. Qui ne se dit qu’au féminin & de la Sybille Italique, qu’on appelle aussi Cumée, parce qu’elle étoit de Cimmérie, petit bourg près de Cumes, ville de la Campanie en Italie. Cumæa. Enée, au Livre VIe. de l’Enéide, va consulter la Sybille Cumée, qui le conduit aux enfers. La Sybille Cumée est différente de la Sybille Cumane, qui vivoit sous le règne de Tarquin le Superbe. Voyez Onuphrius & Gallœus De Sybillis.

CUMÉEN, éene. s. m. & f. Qui est de Cumes. Cumæus, a. Hérodote écrit dans la vie d’Homère que les Cuméens sont les premiers Fondateurs de Smyrne. Du Loir., pag. 13.