Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CORNETTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 922-923).
◄  CORNETIER
CORNEVILLE  ►

CORNETTE. s. f. ce mot se disoit autrefois de toute sorte d’habillement de tête ; & on appeloit cornette de Moine, leur capuchon ; cornette d’Avocats, de Docteur, le chaperon qu’ils portoient autrefois sur leur tête. Capitis tegumentum. La partie de devant de ce chaperon, ou bourlet, s’entortilloit sur le haut de la tête, & ce nom lui vient de ce qu’après avoir fait quelques touts, les extrémités formoient sur la tête comme deux petites cornes. C’est encore maintenant une marque de magistrature, & on la porte pendante sur l’épaule, & le chaperon par derrière, comme les Consuls, ou Echevins en quelques endroits. Epomis. Le Doge de Venise porte aussi une cornette, qui est un bonnet fait en pointe. On regardoit comme un grand désordre en 1495, que les Ecclésiastiques commençassent à la manière des Séculiers, de porter des chapeaux sans cornettes. Il fut ordonné qu’ils auroient des chaperons de drap noir, avec des cornettes honnêtes, & que s’ils étoient trop pauvres, ils auroient du moins des cornettes attachées à leurs chapeaux, & cela sous peine de suspension, d’excommunication, & de cent sous d’amende. Lobineau, T. I, p. 845.

Cornette ne se dit plus maintenant, en langage ordinaire, que des coëffes, ou linges, que les femmes mettent la nuit sur leurs têtes, & quand elles sont en déshabillé. Linea mulieris mitella. On l’appelle cornette, des deux bouts de cette coëffure, qui ressemblent à des cornes.

Vous avez de riches manteaux,
Vous avez de belles cornettes,
Vous faites d’affiquets nouveaux
Toujours d’inutiles emplettes :
Mais de jeunesse, Isis, d’embonpoint & d’attraits,
N’en ferez-vous jamais ? Coulange.

CORNETTE, en termes de Guerre, est un étendart de Cavalerie, ou de Dragons. Equestris turmæ vexillum. La cornette est un étendart carré, qui se porte au bout d’une lance par le troisième Officier de la compagnie. Celle de la Mestre de Camp est blanche. C’est pour cela qu’on appelle le premier régiment de Cavalerie légère, le régiment de la cornette blanche. Dans les compagnies de Chevaux-Légers, de Dragons & de Mousquetaires, il y a des cornettes.

Cornette. s. m. Officier de Cavalerie ou de Dragons qui porte l’étendart de la compagnie, & qui la commande en l’absence du Capitaine, & du Lieutenant. Turmæ vexillarius. Ce mot vient à cornu, parce qu’on met les cornettes de Cavalerie sur les aîles, qui forment une espèce de pointe, ou de corne de l’armée. En ce sens il est masculin.

Cornette se prend aussi quelquefois pour la compagnie entière qui marche sous la Cornette. Equitum turma. On a levé trente Cornettes de Cavalerie ; pour dire, trente compagnies. On leva quinze cornettes. P. Daniel.

Cornette, en termes de Marine, est le pavillon du Chef d’escadre, qui est carré & blanc. Vexillum navale. Il le porte au mât d’artimon, quand il est en corps d’armée, & au grand mât, quand il commande en chef. Le battant de la cornette doit avoir quatre fois la hauteur du guindant. Elle doit être fendue par le milieu des deux tiers de sa hauteur.

Cornette, en termes de Fauconnerie, est la houppe ou tiroir de dessus le chaperon de l’oiseau. Apex.

Cornette est aussi le nom qu’on donne à une sorte de fer. Le fer cornette a huit ou neuf piés de long, trois pouces de large, & quatre à cinq lignes d’épaisseur.

Cornette est aussi une sorte de fleur sauvage, qui croît parmi les blés quand ils sont mûrs, & qui ressemble à la violette. Il y a aussi des cornettes cultivées, & ces sortes de cornettes sont simples, doubles, violettes, incarnates, panachées, en un mot, de toutes couleurs. La cornette, comme un arbrisseau, a plusieurs petites branches, qui portent quantité de fleurs faites comme les godets des clochettes doubles. Elle est violette par les bords, & tire au rouge : elle a une bonne odeur ; & comme elle vient de graine, on la resème tous les ans. Morin.