Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CULTIVER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 60).
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CULTIVER, v. a. Labourer, amender une terre, lui donner les façons nécessaires pour la rendre plus fertile. Colere, culturam adhibere. La terre ne rapporteroit que des plantes inutiles, si elle n’étoit cultivée. Voyez Labourer, Fumer, Ensemencer.

Cultiver, se dit aussi des arbres & des plantes, quand on a soin de les tailler, émonder, déchausser, & de les garantir des mauvais vents & des injures du ciel, pour les faire mieux venir, & les faire mieux rapporter. Cultiver en ce sens, c’est labourer, arroser & conduire un arbre. Voyez ces mots. Les plantes qui naissent dans les pays chauds, ne se cultivent pas sans peine dans les pays froids.

Cultiver, se dit figurément de l’esprit, de la mémoire, &c. pour dire, les exercer, apporter du soin à les perfectionner. Il faut cultiver l’esprit des jeunes gens, leur mémoire, en leur donnant de bonnes instructions. Depuis cent ans on a bien cultivé les arts & les sciences dans l’Occident. On dit en ce sens cultiver l’amitié, la connoissance, la bienveillance de quelqu’un, pour dire, prendre soin de les conserver, de les ménager. Scipion avoit toute la vertu des anciens Romains ; mais polie & cultivée. S. Evr. Vous avez un esprit cultivé qui réveille le mien. M. de Scud. Je me suis fait un plaisir de cultiver un beau naturel que le hazard offre à mes soins, & que je ne veux point laisser stérile. Vill. On est trop dissipé dans le monde pour cultiver l’amitié : on se donne à tout superficiellement, & ; on ne s’attache à personne. Le Ch. de Mer. Le plus heureux naturel a besoin d’être cultivé par l’usage du monde. Bell. La science rouille l’esprit en cultivant le jugement. S. Evr.

On dit, c’est un homme qu’il faut cultiver, pour dire, c’est un homme dont il faut ménager, entretenir la bienveillance. Acad. Fr.

Cultivé, ée. part. Cultus.