Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/381-390

Fascicules du tome 2
pages 371 à 380

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 381 à 390

pages 391 à 400


d’esprits & de goûts, que les uns sont touchés par de certaines raisons, qui choquent les autres. Nicol. L’envie de plaire répand sur toutes les actions un certain feu qui les rend plus vives & plus agréables. M. Sc. Certain Renard Gascon, d’autres disent Normand. La Font. Alors le mot certain signifie proprement quelque, ou le quidam des Latins ; ce qui arrive toutes les fois qu’il est employé devant un substantif. Il y a de certains principes qui ne s’accordent pas trop avec les vérités de la Foi. En mettant certain après le substantif, & en disant un principe certain, cela feroit un sens fort différent. Ainsi il change de signification selon le rang qu’on lui donne dans la construction.

Certain, est aussi un terme de mépris, soit par rapport aux personnes d’une condition basse & obscure, ou peu estimables par elles-mêmes ; soit par rapport aux choses qu’on méprise. Nescio quis. Supervenit nescio quis. Nous fûmes troublés par un certain homme, qui est le fléau de toutes les conversations. M. Scud.

Il est bien difficile enfin d’être fidèle
A de certains maris faits d’un certain modèle. Mol.

☞ Dans cette acception, on dit en Jurisprudence, un certain quidam, de certains quidams, une certaine quidane, en parlant de gens dont on ne sait pas, ou dont on ne veut pas dire les noms.

Certain, se dit aussi pour, fixe & précis. Certus, constitutus. Donnez-moi un jour certain pour vous voir. On l’a assigné à certain & compétent jour pour venir plaider. Il faut un certain temps d’étude pour obtenir des Bénéfices comme gradué.

Certain se prend aussi dans un sens relatif à la persuasion d’esprit & signifie alors, qui a des raisons indubitables pour être persuadé d’une chose ; dans cette signification le mot certain est encore analogique à sûr & assuré, mais il semble toujours être mieux à sa place dans les choses de spéculation, & partout où la force de l’évidence a lieu. On est certain d’un point de science. M. l’Abbé Girard Syn.

☞ On dit, qu’un homme est bien certain de son fait, quand il est bien assuré de ce qu’il avance.

Certain, en termes de Palais, signifie, instruit & fondé de pouvoir suffisant. Instructus, edoctus. Ce Procureur demandoit un délai, disant qu’il n’avoit ni mémoires, ni pouvoir de la partie : il a été ordonné qu’à la quinzaine il viendra certain ; pour dire, avec pouvoir & instruction.

CERTAINEMENT. adv. Véritablement, assurément, indubitablement. Certè, certò. La mort doit arriver certainement. Les Sceptiques, n’affirmoient rien certainement. Bayl. Certainement il n’est pas raisonnable qu’un Religieux soit si absorbé dans l’étude, que l’esprit en soit accablé. L’abb. Reg. Et certainement qu’on cherche dans tous les lieux que la piété a pu consacrer pour le soulagement des affligés, on n’y verra rien de si déplorable que les captifs. Pat. Certainement la profusion, & les autres défauts suivent de près les richesses excessives. Boil.

☞ CERTAINETÉ. s. m. Vieux mot qu’on disoit pour certitude.

CERTEAU. s. m. Le Certeau d’Eté est une espèce de poire qui vient à la fin de Septembre. La Quintinie la met parmi les mauvaises poires. Le Certeau musqué est une poire d’Automne qui ne vaut pas mieux, au jugement du même Auteur.

CERTES. adv. qui sert quelquefois de liaison pour les périodes. Certainement. Certè. Certes, c’est avec justice qu’on l’a condamné. Cela est-il vrai ? Oui certes. Le Roi se faisoit remarquer à sa bonne mine, & à la grandeur de son courage, en quoi certes personne ne le surpassa jamais. Vau. Certes le Barreau n’a vu que trop de ces malheureuses entretenir l’Audience des indiscrétions de leur vie. Pat. ☞ Le P. Bouhours trouvoit que certainement vaut mieux que certes : & d’après l’usage le P. Bouhours a raison. La Bruyere trouvoit pourtant que ce mot étoit beau dans sa vieillesse, & avoit encore de la force sur son déclin. La Poësie surtout le réclame. Quoi qu’il en soit, dans l’Histoire, dans un discours d’éloquence, il a quelque chose d’énergique qui soutient & qui anime les endroits passionnés ou raisonnés. Ainsi, en le bannissant de la contestation, on peut l’employer dans le style soutenu.

☞ Les Vocabulistes décident précisément le contraire ; mais, en matière de langage, leur autorité n’est pas irrefragable.

CERTIFICAT. s. m. Témoignage qu’on donne par écrit, pour faire connoître la vérité de quelque chose. Scripta certificatio, scriptum testimonium. Les Curés délivrent des certificats de mariages qui sont faits en leur Eglise.

Certificat de descente. C’est un billet par lequel les Commis du Bureau des traites déclarent & certifient qu’ils ont vû & visité certaines marchandises, conduites ou descendues à leurs bureaux. Ce certificat se met ordinairement au dos de l’acquit à caution, & c’est ce qu’on appelle décharger cet acquit.

☞ Il y a aussi des certificats qu’on appelle dans le commerce certificats de franchise, par lesquels ou déclare que certaines marchandises sont exemtes des droits de sortie du Royaume, parce qu’elles ont été achetées pendant la franchise des foires.

CERTIFICATEUR. s. m. Celui qui se rend caution d’une caution judiciaire, qui la certifie solvable. Consponsor. Les cautions & certificateurs reçus en Justice sont solidairement obligés avec le principal débiteur, & sont également condamnés au payement de la chose dûe, parce que l’accessoire suit le principal. Mais il y a cette différence entre la caution, & le certificateur : c’est que le certificateur n’est obligé que subsidiairement, & en cas d’insolvabilité de la caution ; ensorte qu’il faut discuter le principal obligé, & la caution, avant que de s’adresser au certificateur. On les appelle dans l’ancienne pratique, contrepleiges.

Certificateur de criées. Avocat ou Procureur Praticien qui certifie en justice que les criées ont été faites dans les formes judiciaires. Testis factæ Magistratûs nomine promulgationis. Au Châtelet de Paris il y a deux Certificateurs de criées en titre d’office, dont le témoignage suffit au lieu de celui des dix Praticiens requis par l’Ordonnance.

CERTIFICATION. s. f. ☞ Terme de Pratique. C’est en général une attestation donnée par écrit. Dans ce sens c’est la même chose que certificat.

☞ En termes de Finance. C’est une attestation qu’un Comptable & un Financier mettent au bas d’un mémoire, d’un registre, d’un compte ; par lequel ils affirment véritable ce qui y est contenu. Consignatum scripto testimonium.

Certification, en termes de Palais, est une formalité qui est requise après avoir fait faire des criées pour faire un décret valable. Consignatum factæ Magistratûs auctoritate promulgationis testimonium. C’est un acte par lequel dix Anciens Avocats, ou Procureurs d’un Siége Royal, certifient que les saisies & criées ont été faites avec toutes les formes & solennités requises par le Droit, par la Coutume & par l’Ordonnance ; ensuite de quoi le Juge interpose son autorité, & donne sa sentence pour la certification des criées. Par l’art. 571. de la Coutume de Normandie, il ne faut que sept Avocats, outre le Juge, pour la certification.

Certification, se dit aussi de l’attestation qu’on donne en Justice de la solvabilité d’une caution présentée, dont on répond en son propre nom. Data pro sponsore cautio.

CERTIFIER. v. a. Rendre témoignage de la vérité de quelque chose, soit de bouche, soit par écrit. Testari verbo ; scripto, rem aliquam. Cette nouvelle m’a été certifiée par bien des gens d’honneur. Il faut qu’un acte soit certifié par quelque personne publique, pour faire foi en justice.

Certifier des criées, c’est donner une attestation, que les criées sont faites suivant les formes requises, sur laquelle on donne une sentence qui les certifie, & les déclare valables. Factam auctoritate Magistratùs promulgationem scripto testari.

Certifier, signifie aussi, Répondre d’une caution, après avoir attesté sa solvabilité. Spondere pro aliquo.

Certifié, ée. part.

CERTITUDE. s. f. La certitude est proprement une qualité des jugemens de notre esprit : c’est l’adhésion de notre esprit à la proposition que nous affirmons ; c’est la force avec laquelle nous y adhérons. Quand je dis, l’ame est immortelle ; l’ame n’est que la cause occasionnelle des mouvemens du corps ; je fais deux jugemens, mais la certitude du premier est bien au-dessus de la certitude du second. La certitude ne convient qu’aux jugemens ; elle ne se trouve point dans les idées, qui ne font simplement que représenter les choses. La certitude est de même nature que l’évidence qui la produit. La certitude est plus ou moins grande, selon que l’évidence est plus ou moins grande. L’évidence est dans les choses que l’esprit voit, qu’il considère, & dans les idées : la certitude est dans les jugemens de l’esprit sur ces choses. Explorata rei notitia, cognitio, certitudo. Il faut croire avec certitude tout ce que Dieu a révélé. Nous ne devons prêter notre consentement qu’aux vérités que nous connoissons avec certitude. Maleb. La certitude téméraire de l’ignorance est plus tranquille qu’une science raisonnée & réfléchie. S. Evr. A l’égard des vérités chrétiennes & des promesses générales de Dieu, il faut avoir une certitude entière, parfaite, être au moins infailliblement assuré qu’on est dans la voie du salut. Autrement ce ne seroit plus religion & foi divine, mais opinion & connoissance humaine.

☞ Le mot certitude se prend en différens sens, s’applique quelquefois à la vérité ou à la proposition même à laquelle l’esprit adhère : comme quand on dit, la certitude de telle proposition. Quelquefois il se prend comme nous venons de le faire, pour l’adhésion même de l’esprit à la proposition qu’il regarde comme certaine.

☞ On peut encore distinguer avec M. d’Alembert, l’évidence de la certitude, en disant que l’évidence appartient proprement aux idées dont l’esprit apperçoit tout d’un coup la liaison ; & la certitude à celles dont il n’apperçoit la liaison que par le secours d’un certain nombre d’idées intermédiaires. Ainsi cette proposition, le tout est plus grand que sa partie, ainsi que celles qu’on appelle ordinairement premiers principes, axiomes, est une proposition évidente par elle-même, parce que l’esprit apperçoit tout d’un coup la liaison qui est entre les idées de tout & de plus grand, de partie ou de plus petit : mais cette proposition, le carré de l’hypothenuse d’un rectangle est égal à la somme des carrés des deux côtés, est une proposition certaine & non évidente par elle-même, parce que l’esprit n’en apperçoit la vérité que par le moyen de plusieurs propositions intermédiaires, qu’il ne peut envisager toutes à la fois.

Les Scholastiques distinguent deux sortes de certitude : l’une de spéculation, laquelle naît de l’évidence de la chose ; & l’autre d’adhésion, qui naît de l’importance de la chose, qui n’exclut point la certitude de spéculation, qui même la suppose toujours. Ils appliquent aux choses de la foi la certitude d’adhésion, qui n’est point purement arbitraire, mais très-raisonnable, rationabile obsequium ; car la raison démontre que nous devons croire avec certitude les choses de la foi, & que pour quoi que ce soit nous ne devons jamais quitter cette adhésion. Ceci est incontestable dans les principes de toutes les sectes qui partagent la Religion Chrétienne. Il est vrai que les choses de la foi n’ont pas toujours une évidence intrinsèque, qui produise nécessairement une certitude de même espèce que celle avec laquelle on adhère aux propositions de Géométrie ; elles en ont toujours une qui lui est équivalente.

☞ Quoique les choses de foi soient très-certaines, quoiqu’elles aient une certitude équivalente à celle avec laquelle on adhère aux propositions de Géométrie ; cette distinction des Scholastiques n’en est pas moins frivole. L’adhésion de notre esprit ne naît point de l’importance de la chose, mais de l’évidence ; & la certitude de spéculation & l’adhésion sont un seul & même acte de l’esprit. Voir la liaison de deux idées, c’est juger.

On distingue encore dans l’école trois sortes de certitude, par rapport aux trois degrés d’évidence qui la font naître ; la certitude métaphysique, qui vient de l’évidence métaphysique, telle qu’est celle qu’un Géomètre a de cette proposition, que les trois angles d’un triangle sont égaux à deux angles droits ; la certitude physique, qui vient de l’évidence physique, telle qu’est celle qu’a un homme qu’il y a du feu sur sa main, quand il le voit & qu’il se sent brûler ; une certitude morale, fondée sur l’évidence morale, telle qu’est celle qu’une personne a, qu’il a gagné ou perdu son procès, quand son Procureur & ses amis le lui mandent, quand on envoie copie de l’arrêt, &c. Sur quoi il faut remarquer que la certitude morale est souvent équivalente à la certitude métaphysique, non-seulement dans les choses que l’on souhaite, comme le gain d’un procès &c. mais dans celles pour lesquelles on a le plus d’aversion. Ainsi un criminel à qui on a lu la sentence qui le condamne à la mort, ne doute nullement qu’il ne soit en effet condamné à la mort, & qu’il ne doive être exécuté au temps & au lieu marqué ; cependant il n’en a qu’une certitude morale, car il est visible que ce n’est point une certitude métaphysique ; ce n’est pas non plus une certitude physique ; la certitude physique qu’il a ne regarde que la lecture de la sentence & les actions qui se font autour de lui, lorsque l’exécuteur prend possession de sa personne : or toutes ces choses n’ont point une liaison physiquement nécessaire avec la vérité de sa condamnation. Cet exemple, quoique désagréable, a été choisi comme le plus propre à faire connoître la force de la certitude morale. Enfin, il faut ajouter que dans les choses de pratique, la certitude morale doit nous suffire. Si trois ou quatre personnes disent à quelqu’un que le feu est à sa maison, la certitude qu’il en a n’est que morale ; mais sans attendre une certitude d’une autre espèce, il doit accourir pour éteindre le feu, & mettre ordre à ses affaires.

Certitude, se dit aussi pour stabilité, de ce qui est assuré, qui n’est point sujet au changement. Il n’y a point de certitude dans les choses qui dépendent de la fortune. Nihil certum.

CERVAISON. s. f. Terme de chasse. C’est la saison où le cerf est gras & bon à chasser. Tempestas figendis, agitandis cervis idonea.

☞ CERVARA. Petite ville de Portugal, dans la Province de Tra-los-Montes.

CERVARO. (le) Cerbalus. Rivière d’Italie, au Royaume de Naples, dans la Capitanate. Elle prend sa source dans l’Apennin, & se perd dans le Candelaro, vers Manfredonia.

CERVEAU. s. m. C’est cette grosse masse molle enfermée dans le crâne, où aboutissent tous les organes des sons, & où on croit que l’ame réside principalement. Cerebrum. Il est enveloppé de deux membranes qui sont la dure-mère & la pie-mère. Il est situé au lieu le plus élevé du corps, pour la commodité des fonctions animales, dont il est le principal organe. Il a la même figure que les os qui le contiennent, étant rond & oblong, aplati par les côtés. Il est plus grand dans l’homme à proportion de son corps que dans tous les autres animaux. Il a un mouvement de systole & de diastole de même que le cœur, c’est-à-dire, qu’il se dilate, & qu’il se resserre. Il est divisé en trois parties ; savoir, le grand cerveau, le cervelet & la moëlle allongée. Le grand cerveau se divise en deux parties, la droite & la gauche, par le moyen d’un repli de la dure-mère, qu’on appelle la faulx, parce qu’il en a la figure. Il est aussi séparé du cervelet par un autre repli de la dure-mere. Sa surface extérieure a plusieurs circonvolutions semblables à celles des intestins grèles. Il est composé de deux substances, qui sont la corticale ou cendrée, & la médullaire. La substance corticale n’est autre chose qu’un amas de glandes rangées les unes auprès des autres, destinées à la séparation des esprits animaux, laquelle se fait du sang qui a été porté par les artères carotides. Ces glandes ont chacune un conduit particulier, dans lequel sont reçus les esprits qu’elles ont filtrés. La substance médullaire est formée de tous ces conduits qui sortent des glandes, & qui se sont réunis : elle est située sous la cendrée, mais elle n’est pas si molle. On trouve dans le cerveau quatre cavités qu’on appelle des ventricules. Il y en a deux dans sa partie moyenne, qu’on nomme les ventricules antérieurs ou supérieurs. Ils ont la figure d’un croissant, & sont séparés par une cloison mince & transparente, qui est une portion du cerveau. On l’appelle septum lucidum. On remarque dans ces ventricules le plexus ou lacis choroïde, qui est un tissu d’artères & de veines, & quatre éminences ; les premières sont les corps cannelés : & les deux autres les couches des nerfs optiques. On y voit aussi le fornix ou la voûte, qui sépare le troisième ventricule des deux supérieurs. Au-dessous du fornix il y a deux trous, par lesquels le 3e ventricule communique avec les deux autres. Celui de devant s’appelle vulva ; & celui de derrière anus. Le troisième ventricule est une cavité longue en forme de fente, qui est dans la moëlle alongée : il a deux ouvertures, l’une est l’orifice de l’entonnoir, qui est un canal qui va à la glande pituitaire : l’autre est un conduit par lequel le troisième ventricule communique avec le quatrième, qui est aussi dans la moëlle alongée au-dessous du cervelet. Ce quatrième ventricule est fait en forme de plume à écrire, d’où vient qu’on l’appelle calamus. A l’entrée du canal qui va du troisième ventricule au quatrième, est posée la glande pinéale, ainsi appellée parce qu’elle a la figure d’une pomme de pin. C’est dans cette glande que Descartes a mis le siége de l’ame. Derrière la glande pinéale il y a quatre éminences ; deux supérieures & plus grandes, qu’on appelle nates, fesses ; & deux autres inférieures & plus petites, qu’on nomme têtes. Ces quatre éminences, de même que les corps cannelés, & les couches des nerfs optiques, appartiennent à la moëlle alongée. Si on renverse le cerveau, on voit à sa base les dix paires de nerfs qui en sortent, les artères carotides & les cervicales, la glande pituitaire, la moëlle alongée, les corps pyramidaux, les olivaires, &c. Les animaux farouches & la plupart des poissons, ont le cerveau fort petit. On n’en trouva pas plus d’un pouce dans la tête d’un crocodile, qui en avoit dix-huit de longueur, qu’on anatomisa dans l’Académie des Sciences. Les Anciens ne mangeoient jamais de cerveau, comme le croyant une chose sacrée. On fait cas de l’Anatomie du Cerveau, par Willis.

Boneti croit qu’on peut vivre sans cerveau. Il parle de quelques fœtus venus au monde sans cerveau, & de deux enfans, dont l’un vécut quelques heures, & l’autre trois mois entiers, sans cerveau. Il parle encore de plusieurs choses trouvées dans le cerveau ; entr’autres d’une pointe de dard de la longueur du doigt, qui y resta l’espace de quatorze ans, & qui fut enfin rejeté par la bouche. Willis, qui a disséqué les têtes de plusieurs espèces d’animaux, a trouvé que le cerveau de l’homme & des bêtes à quatre pieds ont une grande affinité, & que le cerveau des poissons ne diffère guère de celui des oiseaux, qui ont été tous créés en un même jour. Vign. Mar.

On a trouvé des bœufs qui avoient le cerveau pétrifié. Bartholin fait mention d’un, & M. Duverney le jeune d’un autre, sur lequel il a fait des observations dans les Mem. de l’Ac. des S. 1703, p. 261 & s.

Ce mot de cerveau vient du latin cerebrum, fait du grec κεφαλὴ, tête, comme si on disoit cerabrum.

On dit figurément qu’un homme s’alembique le cerveau, quand il s’applique trop fortement à quelque méditation ; & qu’il a le cerveau creux ou le cerveau vide, quand il est un peu fou.

Cerveau, en termes de fonderie, est la partie supérieure de la cloche, qui se courbe en forme de timbre ou de calotte. Superior campanæ pars galeæ in morem arcuata.

CERVELAS. s. m. Boudin ou saucisson gros & court, rempli de chair de pourceau, assaisonnée avec beaucoup de sel & d’épices, pour le rendre de haut goût. Botulus suillâ carne fartus.

Cervelas, est aussi un instrument de Musique, qui est une espèce de basson, de courtaut ou de fagot racourci, & si petit, qu’on le peut cacher dans la main, car il n’a que cinq pouces de long. Sa partie supérieure a huit trous qui le percent tout du long jusqu’auprès de sa base, qui se communiquent, & ne font qu’un seul canal continu : de sorte que le cervelas harmonique va aussi bas qu’un instrument qui seroit huit fois aussi long, ou qui auroit trois pieds & demi. Il a l’étendue d’une 15e, lorsqu’on embouche tous les trous l’un après l’autre.

CERVELET. s. m. Terme d’Anatomie. Cerebellum. C’est la partie de derrière du cerveau, auquel il est joint par enbas ; mais par enhaut il en est séparé par le repli de la dure-mère. Sa figure est plus large que longue. Il est fait comme une boule plate. Sa substance est plus dure & plus solide que celle du cerveau : elle est pourtant de même nature, étant composée d’une partie corticale ou glanduleuse, & d’une médullaire. Sa surface est sillonée comme le cerveau, mais ces sillons sont réguliers : ils sont disposés dans un certain ordre, comme autant de demi-cercles. Sa partie antérieure & sa postérieure sont terminées par des apophyses qu’on appelle vermiformes, parce qu’elles ont la figure d’un ver. Le cervelet a quelques autres apophyses. On ne peut le blesser, ni la moëlle de l’épine, qu’aussi-tôt l’animal ne meure : ce qui n’arrive pas au cerveau, dont on a souvent retranché une partie sans danger. Willis distingue les fonctions du cerveau & du cervelet, & donne l’un pour principe des actions volontaires, & l’autre des involontaires, comme sont la respiration, le battement du cœur, &c.

CERVELIÈRE. s. f. Vieux mot qui se trouve souvent dans les anciens romans, où on dit que des Chevaliers étoient armés de haubergeons & de cervelières. Cassis, Galea. C’étoit une espèce de casque ou armure de tête. Elle fut inventée par un Michel Scotus, Astrologue, fort aimé de l’Empereur Frédéric II, dont il étoit domestique. C’est celui qui a écrit un livre de la Physionomie, dédié à cet Empereur.

CERVELLE. s. f. Substance molle enfermée dans la tête de l’animal. C’est la partie molle, blanche & spongieuse du cerveau. Cerebrum. Un Boucher d’un coup de massue fait sauter la cervelle d’un bœuf. La cervelle d’un veau, d’un agneau, d’un lapin, d’une volaille est bonne à manger.

On appelle aussi le cerveau de l’homme, la cervelle. L’homme, à proportion de son corps, a plus de cervelle qu’aucun autre animal ; & on dit même qu’il en a plus que deux bœufs. ☞ Les animaux ruminans en ont plus que les autres brutes. Les animaux qui se battent en ont fort peu. Les muscles temporaux, qui sont fort épais, étrécissent leur crâne. Les poissons en ont beaucoup moins que les quadrupèdes. Les insectes n’en ont presque pour. L’homme, le plus prudent des animaux, en a le plus, & ensuite les animaux disciplinables.

Cervelle, se dit figurément de l’esprit ou du jugement de l’homme. Ingenium, mens. Ce Conseiller d’Etat est la meilleure cervelle du Conseil. Ce jeune homme est fort étourdi, c’est une tête sans cervelle ; il a la cervelle d’un oison.

Je ne puis arracher du creux de ma cervelle
Que des vers plus forcés que ceux de la Pucelle. Boil.

Cervelle de Palmier. est ainsi qu’on appelle une espèce de moëlle douce qu’on trouve au haut du palmier, qui est bonne à manger. Manger de la cervelle du palmier. Ablanc.

On dit proverbialement qu’on a mis quelqu’un en cervelle, qu’on le tient en cervelle, pour dire qu’on l’a mis en peine, en inquiétude, quand on lui fait espérer quelque chose dont il attend le succès. On appelle aussi un homme qui a une mauvaise mémoire, cervelle de lièvre, qui le perd en courant.

☞ CERVERA. Petite ville d’Espagne, capitale de la Viguerie de Cervera en Catalogne, sur une rivière qui porte le même nom, qui le perd dans la Sègre au-dessous de Lerida.

CERVICAL, ALE. adj. Terme d’Anatomie, qui se dit de ce qui appartient au cou. La première paire des nerfs cervicaux, ou la première paire cervicale passe entre la première & la seconde vertèbre du cou. Elle est plus postérieure ou en arrière que les autres nerfs cervicaux, & ses ganglions sont plus gros que les leurs. Winslow. La seconde paire des nerfs cervicaux, ou la seconde paire cervicale, passe entre la seconde & la troisième vertèbre du cou. Id. La 3e paire des nerfs cervicaux ou 3e paire cervicale ou vertébrale passe entre la 3e & la 4e vertèbre du cou. Id. Les quatre dernières paires des nerfs cervicaux ou les quatre dernières paires cervicales passent entre les portions du muscle scalène. Elles sont en général plus grosses que les premières. Id. La veine cervicale. Id. Les nerfs cervicaux, les paquets cervicaux. Id. Les glandes cervicales. Id. Les Médecins appellent cervicales deux artères qui montent par le cou au cerveau, & qui sont des rameaux des artères souclavières. Cervicalis. Il y a aussi deux veines cervicales qui reportent le sang du cerveau, & qui vont s’insérer dans les veines souclavières.

Ce mot vient de cervix, mot latin qui signifie le derrière du cou.

CERVIER, loup-cervier. s. m. Animal sauvage qui tient du chat & du léopard, qui a de la vitesse, & qui est ennemi du cerf. Voyez Loup.

☞ CERVIX. f. m. Terme d’Anatomie, purement latin, qui signifie la partie postérieure du cou. Il n’y a point de mot françois qui lui réponde parfaitement.

☞ CÉRUMEN. s. m. Terme de Chirurgie emprunté du latin. Matière jaunâtre & épaisse qui se trouve dans l’oreille qu’on appelle ordinairement cire des oreilles. Voyez ce mot.

☞ CÉRUMINEUX, EUSE. adj. Qui appartient à la cire des oreilles. Les glandes cérumineuses. L’humeur cérumineuse des oreilles.

☞ CERVOISE. s. f. Boisson faite avec du bled ou de l’orge & du houblon. C’est une espèce de bière. Voyez ce mot qui est plus usité. Cervoise ne se dit qu’en parlant de la boisson des anciens. Cervisia ou cerevisia.

CERVOISIE. s. f. se trouve dans une fable de La Fontaine pour cervoise, bière. Cervoisie engraissante.

CERVOISIER ou CERVISIER. s. m. Celui qui fait & qui vend de la cervoise. C’est ce qu’on nomme un Brasseur. Cervisiarius ou Cerevisiarius.

☞ CERUS. Cærus, a été appelé par les Grecs le Dieu du temps favotable, opportuni temporis Numen, & par les Latins Occasion. Occasio. Les Eléens lui avoient consacré un autel. Callistrate avoit représenté ce Dieu sous la figure d’un beau jeune homme, ayant des cheveux épars et flottans au gré du vent, tenant un rasoir en main. Phèdre, dans ses fables ingénieuses, nous le dépeint sous la figure d’un homme qui a des aîles, qui n’a des cheveux que par devant, & est chauve par derrière, qu’on ne peut rattrapper, lorsqu’une fois on l’a laissé échapper, parce qu’il va si vîte, qu’il pourroit marcher sur le tranchant d’un rasoir, sans se blesser. Antiq. Grecq. & Rom.

CÉRUSE. s. f. Blanc de plomb. Cerussa. C’est ainsi que la nomment les Chimistes. Elle se fait de lames de plomb fort déliées, auxquelles on fait recevoir la vapeur du vinaigre, qu’on a mis dans quelque vaisseau sur un feu modéré. Ces lames se convertissent par ce moyen en une rouillure blanche, qu’on ramasse, & dont on forme de petits pains. Cardan enseigne le moyen de faire de l’étain & de la céruse. C’est de celle-ci principalement que les femmes se servent pour se farder ; mais elle gâte l’haleine & les dents, fait des rides, & apporte plusieurs autres incommodités, étant une espèce de poison, quand elle est prise intérieurement ; mais c’est un médicament quand on l’applique extérieurement dans plusieurs onguens, emplâtre & autres préparations.

☞ La céruse broyée & préparée est ce qu’on appelle en peinture blanc de plomb. C’est le seul blanc qu’on puisse employer à l’huile ; mais ceux qui préparent cette matière doivent être sur leurs gardes pour se garantir de la colique des Peintres, souvent occasionnée par le plomb & par toutes les préparations du plomb.

Ce mot vient du grec κερὸς, cire. La céruse ressemble beaucoup à la cire. En latin cerussa, en grec ψιμμύθιον.

Il y a une céruse minérale, dont parle Falloppe ; mais tous les autres la tiennent factice.

Céruse, se dit figurément pour faux-brillant, à cause du mauvais usage que les femmes en font quelquefois. Tu n’éblouis pas tes lecteurs avec la céruse & le plâtre. Main. Mauvais jargon,

CES.

CÉSAIRE. s. m. Nom d’homme. Cæsarius. Il y a plusieurs saints Césaires. S. Césaire Diacre & Martyr à Terracine dans le premier siècle de l’Eglise ; S. Césaire frère de S. Grégoire de Nazianze dans le IVe. Il y a une lettre de S. Jean Chrysostome au Moine Césaire, où la comparaison qu’il fait du mystère de l’Incarnation avec celui de l’Eucharistie, n’a rien que de très-conforme à la foi de l’Eglise, comme on l’a montré.

Césaire. s. f. Nom. de femme, Cæsaria. Sainte Césaire étoit sœur de saint Césaire, Archevêque d’Arles.

La règle de S. Césaire est une règle que saint Césaire, Archevêque d’Arles, fit pour des Religieuses auxquelles il bâtit un Monastère à Arles vers l’an 506. Cette règle fut aussi observée dans le Monastère de sainte Croix de Poitiers, lorsque sainte Radégonde eut fait bâtir ce Monastère en 544. Il y a eu aussi une règle de saint Césaire pour les hommes, que l’Abbé Tedvale reçut de lui, & qu’il donna par son ordre à plusieurs Monastères. C’est, à peu de choses près, la même que celle des Religieuses. P. Héliot. T. V, c. 4.

CÉSAR. s. m. C’est un nom propre de famille Romaine, qui a établi l’Empire Romain. Cæsar. Jules César. Auguste César. Les douze Césars, ou les douze premiers Empereurs. Il est venu en usage dans la langue en ces phrases proverbiales : Il est brave comme un César. Il faut rendre à César ce qui appartient à César ; pour dire, il faut rendre à chacun le sien. Le P. Bouhours dit que cette phrase est un barbarisme autorisé par la tyrannie de l’usage.

☞ César, dit Ménage, au singulier ne signifie point Empereur : & il est bien probable que celui qui a traduit le premier ce passage, reddite quæ sunt Cæsaris, Cæsari, n’entendoit pas trop le françois. Il est du moins évident que ce premier traducteur a fait deux fautes dans un seul mot : l’une disant César pour Empereur ; l’autre disant à César. Car supposant que César signifie là Empereur, c’est un nom appellatif, qui demande un article ; & il faudroit dire rendez au César, ce qui est au César, comme nous dirions rendez au roi ce qui est au Roi, à César est aussi irrégulier, que le seroit à Roi, à Empereur. S’il s’agissoit de Jules César, comme César est un nom propre, qui se met sans article, à César seroit régulier : mais il s’agit de Tibère, qui régnoit alors. Cependant, ajouta-t-il, quelque irrégularité qu’il y ait dans cette phrase, il faut s’en servir sans scrupule ; l’usage qui a établi des solécismes, peut autoriser des barbarismes quand il lui plaît. Cette phrase a lieu dans le propre & dans le figuré.

☞ Il est vrai, dit M. Ménage, que par ces paroles notre Seigneur a voulu dire qu’il faut payer aux Souverains les tributs qui leur appartiennent : mais quoique ce soit là le sens des paroles de Notre-Seigneur, cela n’empêche point qu’il ne faille les traduire à la lettre, & César, en cet endroit, c’est Tibère, lequel s’appeloit César ; non pas, parce qu’il étoit Empereur ; mais parce que c’étoit son nom d’adoption. Tibère ayant été adopté par César Auguste, qui l’avoit été par Jules César, s’appela César dès le jour de son adoption. Il est vrai que tous les Empereurs Romains ont été ensuite appelés Césars : mais ce nom de famille qu’ils ont pris est toujours demeuré un nom de famille, comme celui de Ptolomée parmi les Rois d’Egypte. Rendez au César, ce qui est au César, dit Ménage, seroit donc une traduction ridicule ; & rendez à César, ce qui est à César est très-bien traduit. Il veut être César, ou rien ; c’est-à-dire, hazarder tout, pour être tout ou rien : c’étoit la devise de César Borgia, Duc de Valentinois.

Quelques anciens Grammairiens prétendent que le nom de César vient du mot latin cæsaries, chevelure : ainsi César voudroit dire la même chose que chevelu, & le premier qui ait porté ce nom ne l’auroit eu que parce qu’il avoit de beaux cheveux ; mais la plus commune opinion est que le nom de César vient à cæso matris utero, de ce qu’il fallut ouvrir le ventre de sa mère pour l’en faire sortir. Janus Bircherodius, dans son ouvrage sur l’Ordre de l’Eléphant, prétend que le nom de César vient de ce que celui qui le porta le premier, tua un Eléphant, en guerre, à cæso elephanto. Il appuie ce sentiment sur une médaille critique, sur laquelle on voit un Eléphant, avec ce mot, Cæsar.

César a long-temps signifié l’héritier désigné à l’Empire, comme aujourd’hui le Roi des Romains. Depuis Marc-Aurèle jusqu’à l’Empereur Valens, nul n’a été fait Auguste, qu’il n’eût auparavant été créé César. Spartien dit que Luce-Vère est le premier qui a été appelé César avant que d’être Empereur. Les Césars étoient adjoints à l’Empire ; Erant principes Imperii. Arbogaste tua Victor que Maxime son père avoit laissé dans les Gaules, après l’avoir créé César. Voyez Auguste.

Le César a été la seconde dignité, la seconde personne de l’Empire, jusqu’à Alexis Comnène. Cet Empereur érigea une nouvelle dignité en faveur de son frère Isaac Comnène, qu’il appela Sebastocrator, auquel il donna le pas sur le César, ainsi que nous l’apprennent Anne Comnène, sa fille, Alexiad. Lib. III, & Codin De Off. Constant. cap. 2. Voyez sur cet endroit les notes du P. Goar. Codin décrit la création du César, ses habits, sa couronne, ses droits, ses privilèges, &c. Pour détruire la pensée de celui qui a dit qu’on ne donnoit la couronne de laurier qu’aux Augustes, & jamais aux Césars, il n’y a qu’à voir le médaillon de Maxime Γ. ΙΟΥ ΜΑΞΙΜΟϹ ΚΑΙϹΑΡ, où il a la couronne de laurier, avec la qualité de César ; sans parler du bas Empire, où Crispus César est couronné de laurier. P. Jobert.

Le Cardinal Noris, De Lic. c. p. 43, prétend qu’on marquoit les années des Césars sur les médailles, & que celles de Constance Chlore & de plusieurs autres ensuite, sont marquées sur les médailles, quoiqu’ils ne fussent encore que Césars.

César, signifie aussi Empereur. Imperator. D’où vous vient cette audace, de parler publiquement pour soulever le peuple contre la religion des Césars ? Port-R.

Et les Rois à genoux venaient de toutes parts,
Adorer la grandeur du Trône des Césars. God.

CESARE. Terme artificiel de Logique, fait pour exprimer le premier mode de la seconde figure du syllogisme. Dans un syllogisme en Cesare la majeure & la conséquence doivent être universelles négatives ; la mineure universelle affirmative, & le moyen terme doit être l’attribut dans la majeure & la mineure. Nulle vertu n’est blâmable : Tout ce qui a la passion pour principe est blâmable ; Donc nulle vertu n’a la passion pour principe : c’est un syllogisme en Césare.

CÉSARÉE. s. f. On a donné ce nom dans l’antiquité à des Eglises Chrétiennes. Cæsarea. Il y avoit une Césarée célèbre à Alexandrie. Eutychius, Patriarche d’Alexandrie en parle beaucoup. Elle étoit dédiée à saint Michel, Archange, & quoi qu’on en dise, je ne crois pas qu’on ait donné ce nom à aucune autre Eglise. Il paroît que celle-ci avoit été un temple d’Idole bâti par Cléopatre, & ainsi nommé apparemment en l’honneur de César. Il fut ensuite changé en une Eglise, & dédié à saint Michel par Alexandre, Patriarche d’Alexandrie, successeur de saint Athanase ; & elle garda son ancien nom.

CÉSARÉE. Nom de plusieurs villes qui ont ce nom du mot César, parce qu’elles ont été bâties, rétablies, ou consacrées à l’honneur de quelqu’un des Césars. Cæsarea. Césarée, ville maritime de Palestine, appelée autrefois la Tour de Straton, fut bâtie par le grand Hérode, la 17e année de son règne en l’honneur d’Auguste, qui vint cette année-là en Syrie. On mit douze ans à la bâtir, & le Roi Hérode la dédia par de grandes fêtes & des combats magnifiques la 28e année de son règne, dix ans avant la naissance de J. C. Voyez Josèphe Antiq. Jud. Liv. XVI, ch. 9, & De Bello Lib. I, chap. 16. Pour la distinguer des autres, on la nomme Césarée de Palestine. Elle étoit entre Ptolémaïde au nord, & Joppé au midi. Quelques-uns disent que c’est la même qu’Apollonie.

On y voir de belles & grandes colonnes ensevelies dans le sable, des restes de ses magnifiques édifices, de grands fossés à fond de cuve, creusés pour défendre les murs de la ville, & qui subsistent encore aujourd’hui avec leur contrescarpe. Mém. des Mis. du Lev. T. V, p. 22.

Césarée de Philippe est une autre ville de la Terre-Sainte, nommée auparavant Panéas, & rétablie par Philippe fils d’Hérode en l’honneur de Caligula. Elle étoit vers les sources du Jourdain aux confins de la Célésyrie. M. Corneille l’appelle Césarée Philippe, mais le Port-Royal, le P. Bouhours & tous nos Traducteurs disent Césarée de Philippe ; c’est l’usage. Césarée de Cappadoce, ville Archiépiscopale de Cappadoce, ainsi nommée à l’honneur de Tibère ; elle s’appeloit auparavant Mazaca ; elle fut surnommée la Grande. Il y avoit encore Césarée en Mauritanie qui fut la demeure du Roi Juba. Césarée en Italie proche de Ravenne. Césarée en Pannonie.

CÉSARIEN, ENNE. adj. Qui appartient à César, qui a quelque rapport à un César. Cæsarianus, a. Les troupes Césariennes ; c’est-à-dire, de César. Ce titre a été donné à quelques Provinces, comme la Mauritanie Césarienne.

Césarien. s. m. Nom d’Office, Cæsarianus, Cæsariensis. Les Césariens étoient les Officiers ou Ministres des Procureurs des Césars. C’étoit eux qui tenoient les comptes du fisc, ou des revenus de l’Empereur, & qui prenoient possession en son nom des biens qui lui étoient dévolus, ou confisqués. Il y a un titre du Code Théodosien, De Cæsarianis. Voyez Godefroy sur ce titre, & les Dictionnaires de Calvin & de Du Cange. Cujas croit que c’est de ce mot que s’est formé le nom Sergent.

Césarienne (Opération) adj. f. Terme de Chirurgie. Opération par le moyen de laquelle on tire un enfant du corps de sa mère, en faisant une incision au dessous du nombril, à côté de la ligne blanche ou du muscle droit, incision par laquelle on ouvre le péritoine, & ensuite la matrice. L’expérience a fait voir que les plaies des muscles de l’épigastre, du péritoine, & celles de la matrice ne sont pas mortelles, de sorte qu’on peut ouvrit quelquefois le ventre de la mère pour en faire sortir l’enfant. Mais ce n’est pas sans un très-grand danger. Aussi ces sortes d’opérations se pratiquent très-rarement. Ceux qui sont venus au monde de cette manière, ont été appelés Cæsares & Cæsones, à cæso matris utero, comme César, Scipion l’Africain & Manlius. François Rouffet, Médecin du Roi, a fait un bon traité de l’Opération Césarienne.

CÉSARILIO di S. Maria. C’étoit autrefois une ville nommée Appii Forum, le Marché d’Appius. Elle étoit entre Terracine & les trois Hôtelleries, dans le Latium, ou Pays Latin, près de la Palus Pontine.

CÉSARIN. s. m. Nom d’un parti qui se forma dans l’Ordre de S. François, contre les relâchemens qu’y introduisit le P. Hélie, Général de l’Ordre, après la mot de S. François. Ce parti prit ce nom du P. Césaire de Spire, qui en étoit le Chef. Cesarinus. Les Césarins, après l’apostasie du P. Hélie, eurent quelque relâche, & jouirent de la tranquillité dans leur solitude jusqu’au Généralat de Crescence de Jési, dont les relâchemens les obligèrent à sortir de leurs retraites pour s’y opposer. Leurs efforts ayant été inutiles, ils retournèrent dans leurs pauvres maisons, sans vouloir faire de Congrégation séparée, & S. Bonavenrure ayant été élu Génétal, & ayant retranché tous les relâchemens, il ne fut plus parlé de Césarius. P. Hélyot. T. V, c. 3.

CÉSARION. s. m. Nom d’homme. Cæsarion. C’est le nom que César souffrit que l’on donnât au fils qu’il eut de Cléopatre, & qu’Auguste fit mourir après la prise d’Alexandrie. Le P. Soucier, Jésuite, a publié une médaille très-singulière de Jules César, qui représente d’un côté la tête d’une Victoire ailée de même qu’on la voit sur d’autres médailles de Jules, à cela près qu’elle est un peu différemment coëffée. L’inscription est Cæsar. dict. ter. Au revers il y a une couronne de laurier, dans laquelle est la tête nue d’un jeune homme, tournée à gauche : devant la tête & dans le champ de la médaille se voit une feuille de laurier, qui n’est point de la couronne. A droite est un A, & à gauche au-dessus de la feuille de laurier un autre A. Quelques Médaillistes prétendoient que ce jeune homme étoit Césarion, & que l’époque de la troisième Dictature de César, marquée sur la médaille, étoit l’année que cet enfant naquit ; mais le P. Soucier a montré qu’elle avoir été frapée pour Auguste, & qu’elle marquoit la distinction que César lui fit cette année-là, à son triomphe de l’Afrique, en lui donnant part aux distributions qu’il fit à ceux qui avoient servi dans la guerre d’Afrique. Césarion ressembloit fort à César, à ce que disoient quelques Historiens Grecs. Suétone en parle dans Jules, ch. 52, & dans Auguste, ch. 17.

CESÈNE. Ville d’Italie, en l’Etat de l’Eglise, dans la Romagne, sur la rivière de Savio, avec un Evêché suffragant de l’Archevêché de Ravenne, C’est une assez grande ville, peu peuplée.

☞ CESIL. Ville de la Palestine, dans la Tribu de Juda. Eusèbe l’appelle Xil, & la place dans la partie méridionale de cette Tribu.

☞ CESION. Ville de la Palestine, dans la Tribu d’Issachar. Elle fut cédée aux Lévites de la famille de Gerson.

CESSANT, ANTE. part. & adj. qui se dit en cette phrase ou autres semblables. Il faut exécuter cet ordre, toutes affaires cessantes, tous empêchemens cessans. Cessans.

CESSATION, s. f. Discontinuation de quelque travail ou de quelque action. Cessatio, intermissio. La trêve emporte une cessation d’armes, d’hostilités. Il y a cessation de plaidoiries à la Grand’Chambre le 14 d’Août. Cessation de travail, cessation de commerce, cessation de toutes poursuites.

CESSE. s. f. Qui se dit toujours avec la négative exprimée par la proposition sans ; & signifie alors, continuellement, sans relâche. Sine ulla imermissione, assiduè, continenter. Pour devenir savant, il faut étudier sans cesse. L’Evangile nous avertit qu’il faut prier Dieu sans cesse. Son adversaire se répandoit sans cesse en bravades ; & étaloit son éloquence avec beaucoup de faste. P. d’Orl.

Et le destin d’Oreste
Est de venir sans cesse adorer vos attraits,
Et de jurer toujours qu’il n’y viendra jamais. Racine.

Seigneur, afflige-moi sans cesse,
Mais ne m’abandonne jamais. L’Abbé Têtu.

On dit familièrement, n’avoir point de cesse, n’avoir aucune cesse ; pour dire, ne cesser point. Il n’aura point de cesse, que vous ne lui ayez accordé ce qu’il demande, qu’il ne soit parvenu à ses fins.

☞ CESSE. Petite rivière de France, dans le Languedoc, qui a sa source dans le Diocèse de Saint-Pons, traverse le canal Royal, dans le Diocèse de Narbonne, où elle se perd dans l’Aude.

☞ M. Corneille met une rivière de ce nom, dans le Luxembourg. Voyez Léche.

☞ CESSER. Cessare, definere. Selon Vaugelas, le mot de cee=sser est naturellement neutre, & plus rarement actif. En effet, il est d’un usage moins fréquent à l’actif, qu’au neutre ; & il signifie mettre fin à une chose, en arrêter le cours en l’abandonnant.

On dit activement, cesser ses plaintes, ses murmures ; cessez vos tendres reproches, mettez fin. Mollium define querelarum. Cessez, cessez moi tous vos chants d’allégresse. Mol.

On dit neutralement la pluie a cessé ou est cessée. L’orage n’a point cessé. Sa fièvre ne cessa que sur le soir. On le joint à l’infinitif d’un autre, par le moyen de la particule de. Cesser de médire de quelqu’un. Cessare de aliquo detrahere. Cesser de parler, d’agir, de pleurer, de se plaindre. Il a cessé de pleuvoir.

Pour être Souverain, faut-il cesser d’être homme ? Corn.

☞ Souvent aussi, il est employé avec le verbe faire. Faire cesser les travaux.

Cesser, finir, discontinuer, considérés dans une signification synonyme. On cesse, en abandonnant l’entreprise ; on discontinue en l’interrompant ; on finit en l’achevant. Pour finir son discours à propos, il faut le faire un moment avant que d’ennuyer. On doit cesser ses poursuites, dès qu’on s’apperçoit qu’elles sont inutiles. Il ne faut discontinuer le travail que pour se délasser, & pour le reprendre ensuite avec plus de goût & plus d’ardeur. Les personnes qui ne finissent point leurs narrations, & ne cessent de parler sans discontinuer, sont aussi peu propres à la conversation que celles qui ne disent mot. Syn. Fr.

Cessé, ée. part.

CESSIBLE. adj. m. & f. Terme de Droit François. Qui peut être cédé, transporté d’une personne à une autre. Quod potest cedi, quod potest tradi alteri. Le retrait féodal est cessible, à moins que le contraire ne soit porté par la Coutume ; & comme la nôtre (celle de Chartres) n’en parle point, il faut dire, que le retrait féodal est cessible ; & la maxime en est aujourd’hui constante, contre l’opinion de Me Charles Du Moulin sur l’article 20 de la Coutume de Paris. On n’a point suivi en cela Du Moulin, & par tous les Arrêts, il a été jugé que le retrait féodal est cessible. De Merville. Mais M. De Merville ne dit pas que tous ces Arrêts aient été rendus dans la Coutume de Chartres, qui paroît, comme l’a remarqué Du Moulin, n’avoir permis de retrait féodal, que pour réunir au fief dominant, le bien que le Seigneur retireroit en cas de vente. La moindre circonstance peut changer l’espèce des affaires, & rend inutiles les inductions qu’on tire des Arrêts. Ainsi l’on ne peut point encore regarder cette question comme absolument décidée pour la Coutume de Chartres. Jour. des Sav.

L’usufruitier peut exercer le retrait féodal, sans être tenu de rendre après l’usufruit les héritages retirés… & quoique Brodeau & quelques autres soient du sentiment contraire, j’estime que l’usufruitier peut céder son droit à un autre, vu que le retrait féodal est cessible. Ferriere, in-12, sur la Coutume de Paris, Tom. 1, p. 63, de l’édition de 1707. Quoique le droit d’habitation ne soit pas cessible, & qu’il soit purement personnel & inhérent à la personne du propriétaire, néanmoins il a été jugé qu’un propriétaire, d’une seizième partie par indivis d’une maison, ayant le consentement des autres copropriétaires, étoit bien fondé de faire vider le locataire, pour aller habiter en personne ladite maison. L’Arrêt est du 17 Mai 1629, rapporté par du Fresne, dans son Journal des Audiences, Liv. II, c. 43. Guéret sur le chap. 81, de la 1, cent. des Arrêts de M. le Prestre.

CESSION. Il f. Acte par lequel un homme transmet à un autre le droit qui lui appartenoit. Cessio juris sui, vel suo jure. Il a fait cession & transport d’une telle dette. On ne le dit guère que des obligations, rentes ou dettes mobiliaires, qui consistent en la tradition d’un écrit. A l’égard des meubles, offices, ou des héritages & immeubles, le transport qu’on fait de la propriété s’appelle vente, échange, donation. Cession est un terme générique, dont les espèces sont le transport, l’abandonnement de biens, la subrogation, & la cession en Justice.

Cession est aussi un abandonnement qu’on fait de tous ses biens en Justice, ou volontairement à ses créanciers, pour éviter la contrainte par corps. Bonorum cessio. On ne peut faire cession qu’en vertu des Lettres du Prince, qu’on appelle bénéfice de cession. La cession est une mort civile. On n’y est point reçu pour dettes de deniers royaux, de mineurs, de dépôts, ou cautionnement en Justice, ni quand il y a stellionat ou crime ; ni pour moisson de grains, ni pour vente du poisson salé, &c. Le bénéfice de cession n’est accordé qu’à ceux qui étant tombés en pauvreté, remettent de bonne foi leurs biens à leurs créanciers. Les étrangers non naturalisés ne sont point reçus à cession, ni le fermier contre le propriétaire, ni le principal obligé contre la caution, ni ceux qui ont obtenu des remises, & fait des contrats d’atermoiement. La cession emporte note d’infamie, & oblige à porter un bonnet vert ; autrement on est déchu de la grâce : ce qui a eu lieu d’abord dans la Coutume de Laval, pour signifier que celui qui avoit fait cession de biens étoit devenu pauvre par sa folie. A Lucques le cessionnaire porte un chapeau ou un bonnet orangé. Les Docteurs d’Italie disent que celui qui faisoit abandonnement de biens, étoit tenu de fraper trois fois du cul sur une pierre en présence du Juge. Autrefois on faisoit la cérémonie de faire quitter la ceinture & les clefs en Justice à ceux qui faisoient cession, parce que les Anciens portoient à leur ceinture les principaux instrumens qui leur servoient à gagner du bien, comme un homme de robe son écritoire, le Marchand sa gibecière ou escarcelle, & le Gendarme son épée, &c. Elle doit être faite en personne, tête nue & sans ceinture. La forme des cessions chez les Romains & les vieux Gaulois étoit telle ; celui qui la faisoit ayant amassé dans sa main gauche de la poussière des quatre coins de sa maison, se plantoit sur le seuil de la porte, dont il tenoit le poteau avec la main droite, & jetoit la poussière qu’il avoir amassée par dessus ses épaules : puis se dépouillant tout nu en chemise, ayant quitté sa ceinture & ses houssaux, il sautoit avec un bâton par-dessus une haie, donnant à entendre par-là à ses parens & à ses créanciers, qu’il n’avoit plus rien au monde, & que quand il sautoit, tout son bien étoit en l’air. La cession se faisoit ainsi en matière criminelle : mais en matière civile, il mettoit seulement une houssine d’aune, ou bien un fétu, ou une paille rompue sur le seuil de la porte, pour marquer qu’il abandonnoit ses biens : ce que l’on appeloit Chrenecruda per durpillum & festucam, Cession par le seuil & par le fétu. Il en est parlé dans la Loi Salique au titre Chrenecruda. Voyez une autre ancienne formule de cession au mot de Scandale. Le P. Ruinart, dans l’Appendix de Grégoire de Tours p. 1331, a donné trois anciennes formules de Cession. Voyez Banqueroute & Abandonnement.

CESSIONNAIRE. s. m. Celui qui accepte, & à qui on fait une cession ou transport de quelque chose. Is cui aliqua possessione ceditur. Le cessionaire n’a pas plus de droit que son cédant. Cessionnaire des droits de quelqu’un.

Cessionnaire, signifie aussi, celui qui a fait cession de biens en Justice. Is qui cedit alteri possessione suâ. On peut remettre en prison le cessionnaire qui ne porte point de bonnet vert. Le cessionnaire soit volontaire ou judiciaire, ne peut être élu dans les charges, non plus que ceux qui ont obtenu des Lettres de répit ; il ne peut être réhabilité qu’après avoir entièrement satisfait ses créanciers.

C’EST FAIT, C’EN EST FAIT. Ces deux manières de parler n’ont pas la même construction. C’est fait a un régime, on dit, c’est fait de vous, de lui, &c. C’en est fait n’a point de régime : on dit par exemple, c’en est fait, il n’y faut plus penser, il n’en faut plus parler.

J’étais dans les filets, c’étoit fait de ma vie. Malh.

CESTE. s. m. Terme Poétique. C’est une ceinture mystérieuse que les Poëtes & les Peintres attribuent à Vénus & à Junon. Zona, cingulum, cestus. Quelques-uns disent que c’étoit un corset. Cupidon déroba le ceste à Vénus. Ablanc. Comme ce mot est Latin, & peu commun en François, bien des gens n’ont pas approuvé l’usage qu’en fait M. Ménage dans ces deux vers.

Elle avait en ses yeux, en sa voix, en son geste,
Plus de charmes divers que Vénus dans son ceste.

Chez les Anciens, ceste étoit proprement la ceinture que le mari donnoit à sa femme le premier jour de ses noces. Voyez Ceinture.

Ce mot vient du grec κεστὸς, qui signifioit une ceinture, ou autre ouvrage brodé à l’aiguille, qui étoit un ornement ordinaire des femmes. Voyez Ceinture. Il faut dire en Latin cestus sans diphthongue, à la différence de cæstus, qui suit ; car on ne dit point cæstus en ce sens, non plus que cestum, neutre, au moins dans la bonne Latinité, quoi qu’en dise le Moréri ; Κεστὸς, cestus, ceinture du ventre, vient du Celthique Cest, qui signifie ventre. Pezron.

Ceste est aussi un gros gantelet de cuir garni de plomb, dont se servoient les anciens Athlètes dans les combats du pugilat. cæstus. Calepin a cru que c’étoit une massue de laquelle pendoient des balles de plomb attachées par des morceaux de cuir. Il se trompe, car c’étoit seulement une longe de cuir garnie de cloux, de plomb, ou de fer, dont on entouroit la main en forme de liens croisés, & même le poignet & une partie du bras, pour empêcher qu’ils ne fussent rompus ou démis. On l’appeloit ainsi, à cædendo, tuer & fraper. Voyez sur le ceste Vigénere dans ses Annotations sur Tite-Live, Tom. I, p. 972.

CESTIPHORES. s. m. pl. C’étoient des gens qui combattoient à coups de poing, ou avec le gantelet, appelé Ceste.

C’EST POURQUOI. Voyez Pourquoi.

CÉSURE. s. f. Terme de Poësie. Cæsura. C’est dans les vers François un repos qui coupe le vers en deux hémistiches, & qui dans les vers alexandrins se trouve après la sixième syllabe, & après la quatrième dans les vers de dix syllabes.

Que toujours dans vos vers le sens coupant les mots,
Suspende l’hémistiche, en marque le repos. Boil.

Il n’y a que les vers de douze & de dix syllabes qui aient une césure. Cependant les vers de huit syllabes se ceux de sept paroissent plus harmonieux quand ils ont un repos, ceux de huit après la quatrième syllabe, ceux de sept après la troisième.

Il seroit assez mal aisé de bien soutenir la voix sur dix ou sur douze syllabes de suite sans respirer, surtout dans une prononciation grave & majestueuse, comme lorsqu’on récite ou que l’on déclame des vers. C’est pour cette raison qu’on a voulu marquer dans les deux espèces de nos plus grands vers un certain repos qui les partage en deux hémistiches, & c’est à quoi on a donné le nom de césure. Dans les vers de dix syllabes, la césure porte toujours sur la quatrième, & sur la sixième dans ceux de douze. La syllabe qui porte la césure ne sauroit souffrir l’e muet. La césure doit toujours tomber sur la dernière syllabe du mot, à moins que cette syllabe n’ait un e muet, car alors on rejette la césure sur la pénultième, & on élide l’e muet avant l’hémistiche suivant, qui doit commencer par une voyelle. La césure est fausse toutes les fois qu’en s’y arrêtant on sera obligé de s’éloigner de la manière naturelle de parler ou de lire, qui ne permet pas de se reposer pour reprendre sa respiration, en désunissant certains mots qui sont liés ensemble, & qui doivent être dits tous d’une haleine, comme l’adjectif & le substantif, le nom & son régime, le verbe auxiliaire & le participe qui y est attaché, lorsqu’ils se suivent immédiatement ; à moins que ce qu’on réserve pour le second hémistiche, ne le remplisse tout entier, & ainsi des autres. P. Mourgues.

En latin, la césure est une syllabe qui reste après un pié, dont elle semble être détachée pour commencer le pié suivant. Dans ce vers,

Armavirumque cano Troqui primus ab oris.


les syllabes no & sont des césures. Les vers sans césure en François sont tout-à-fait vicieux. L’endroit où le vers doit être coupé, & où il doit y avoir un repos, ne peut-être lié avec ce qui suit. Dès qu’on ne sait où s’arrêter, on n’en sent plus la cadence.

CET.

CET, CETTE. Pronom démonstratif qui répond au Latin hic, hæc, hoc. C’est la même chose que Ce. Voyez Ce. Cet se met devant une voyelle, cet autre, cet homme ; & ce, devant une consonne. Ce livre est beau, ce café est bon.

CÉTACÉE. adj. de t. g. qui se dit des grands poissons, qui approchent de la baleine, cete, cetaceus. Les tiburons sont des poissons cétacées qui engloutirent les hommes. Les orkes, phyfetères ou souffleurs, pristères, lamies, sont des poissons cétacées. Les urnes, qu’on a cru jusqu’ici de licorne, sont des dents ou défenses d’un poisson cétacée qu’on trouve dans la mer glaciale, nommé Narwal.

☞ On dit substantivement, les cétacées, le genre des cétacées. Le narwal est du genre des cétacées.

CÉTÉRAC. s. m. Terme de Botanique. Cetherach, ou Asplenium. Plante qui porte ses fruits levés au dos de ses feuilles comme la plupart des fougères. On croit qu’elle a la propriété de consumer la rate, & que ce nom d’Asplenium lui a été donné à cause de cette qualité. Ses racines sont vivaces, & composées de filamens nous, du collet desquelles partent des feuilles longues comme le doigt, obtuses, comme ondées sur leurs bords, charnues, verdâtres en dessus, écailleuses à leurs revers ; & d’entre ces écailles rouilleuses sortent de très-petites capsules sphériques, garnies d’un anneau élastique par lequel elles s’ouvrent en deux pour laisser échaper sa semence, aussi menue que la poussière la plus fine.

Le Cétérac est apéritif, & on s’en sert comme des autres capillaires dans les embarras des viscères, & pour emporter les obstructions du foie & de la rate, pour dissiper la jaunisse, & pour arrêter des flux de sang. Pline & Dioscoride ont écrit que la décoction des feuilles de Cétérac faite dans le vinaigre, & prise en breuvage l’espace de quarante jours, consume la rate.

CETERÉE. s. f. Mesure qui sert à l’arpentage dans quelques endroits de la Guienne ; c’est proprement l’arpent du pays. Voyez Seterée.

CETES. s. m. Roi d’Egypte, dont les Grecs ont Fait leur Protée. Il étoit fort habile dans les arts, & se transformoit en différentes formes. Les différens ornemens que les Rois d’Egypte avoient coutume de prendre & de changer souvent, donnèrent occasion à la fable, comme l’a remarqué Diodore de Sicile. Voyez aussi le P. Kirk. Ægypt. Tom. I, p. 96.

CETRA. Nom d’une arme des anciens Gaulois. C’étoit une ☞ espèce de petit bouclier rond, de cuir, dont se servoient les soldats Espagnols & Africains à la guerre.

CETTE. Cap. de Cette. Port de Cette. Voyez Sete. C’est ainsi qu’il faut écrire. Le Port de Cette a de longitude 21d 12′ 58″, & de latitude 43d 24′ 40″. Cassini.

CETUI, CETUI-CI, CETTE-CI. Pronoms qui s’emploient en Poësie en style burlesque, ou quand on imite l’ancien langage. Hic, hæc ; iste, ista. En sa place on dit celui-ci, celle-ci.

Cetui pays n’est pays de cocagne. Voltaire.

Heureux sont ceux que la vanité lasse
De cetui siècle. M. De Théniseul.

CETUS. s. m. C’est ainsi que les Latins appellent une constellation méridionale que l’on nomme plus ordinairement baleine.

☞ CETZURA. Petite ville de Moldavie, sur la rive gauche de Pruth, presque vis-à-vis d’Yassi.

CEU.

☞ CEU. Ville de la Chine dans la province de Chanton ou Kantung. Elle est de 15 m. plus orientale que Peking. à 36 d. de lat.

CEV.

CEVA ou CEVE. Petite ville d’Italie en Piémont, au Comté d’Asti, sur le Tanaro, capitale du Marquisat de Ceva.

CEVAL, & CEVEL. s. m. Vieux mot qui s’est dit pour cheveu, & d’où le mot de cheveu a été formé dans la suite.

Les ongles grands & longs, les ceveles méelés.

R. de la conquête d’outr.

CÉVENNES, que Maty & quelques autres en petit nombre écrivent Sevennes, contre l’usage ordinaire. Cemmenius Tractus. Les Cévennes sont un quartier du Languedoc ; elles ont au midi le bas Languedoc, le Rouergue au couchant, l’Auvergne & le Forez au nord ; & au levant le Rhône les sépare du Dauphiné. Les Cévennes renferment le Gévaudan, le Vélay & le Vivarès, dont les villes principales sont Mende, le Puy, & Viviers, trois Evêchés. Les montagnes des Cévennes, Cemennus, ou Cemmenius mons, Mons Cebenna, ou Gebennicus, sont des montagnes de trente lieues d’étendue, ou environ, depuis les sources de la Loire jusques vers Lodève. Les Fanatiques des Cévennes, dans la guerre de 1689, étoient des paysans des Cévennes, fortement abusés par de prétendues prophéties du Ministre Jurieu. M. de Bruys a écrit fort exactement & fort agréablement l’histoire de ce Fanatisme des Cévennes.

CEUFREY. s. m. Nom d’homme. Ceolfridus. Saint Ceolfrid, que le vulgaire de France appelle Souffroy, ou Saint Ceufrey, étoit du pays des Berniciens, & Disciple de saint Benoît Biscop. Il eut le gouvernement du Monastère de Wermouth, & après s’en être démis, il mourut à Langres l’an 716, en allant à Rome pour finir les jours au tombeau des Apôtres.

☞ CEURAWATH. Nom d’une Secte de Benjans, dans les Indes qui croient la métempsycose, avec tant de superstition, qu’ils craignent même de faire mourir les moindres insectes ; & les Prêtres ont toujours la bouche couverte d’un voile, de peur d’en avaler quelques-uns ; ils mènent une vie très-austère ; ils sont tous admis à la prêtrise, même les femmes, pourvu qu’elles aient plus de vingt ans. Il ne faut pour cela, que prendre l’habit de Prêtre, faire vœu de chasteté, & pratiquer l’austérité de vie, qui est extraordinaire. Les veuves ne sont point obligées de se brûler avec leurs maris ; mais elles promettent une viduité perpétuelle. Toutes les autres Sectes des Benjans ont beaucoup de mépris & d’aversion pour celle-ci.

CEUTA. M. Corneille dit Ceute & Ceuta. Le dernier est plus ordinaire, & je ne sais si l’on dit jamais autrement. Septa, Exilissa, Lissa. C’est une ville du Royaume de Fez, dans la Province de Habata, près du détroit de Gibraltar, au pied d’une montagne qui a sept sommets si semblables qu’on les nomme les sept frères ; & cette ville, quelquefois en latin Ad septem fratres, est un Evêché suffragant de Lisbonne. Elle étoit aux Portugais ; mais toutes les places des Etats de Portugal ayant secoué le joug des Espagnols en 1640, la seule Ceuta, qui avoit un Gouverneur Espagnol, demeura sous la domination Castillanne, & les Portugais la cedèrent par la paix de 1668. ☞ Les Maures l’assiégèrent en 1697. Ce siege dura plus long-temps que celui de Troie ; elle se défendit vigoureusement pendant plus de cinquante ans, & elle s’est maintenue sous la domination d’Espagne.

CEY.

CEYLAN. Voyez Ceïlan.

☞ CEYTAVACCA. Ville d’Asie. Les Géographes la placent dans l’île de Ceïlan entre la ville de Colombo & la montagne qu’on appelle Adam-pic. Elle appartient aux Hollandois.

CEYX. s. m. Terme de Mythologie. Il étoit fils de Jupiter & fils de Lucifer ; il fit naufrage en allant consulter l’Oracle d’Apollon. Après sa mort, Alcyone & lui furent changés en oiseaux.

CEZ.

CEZE. Rivière de France. La Ceze prend sa source auprès de Villefort dans les Cévennes. La Ceze roule des pailletes d’or. Voyez l’Hist. de l’Acad. des Sc. de 1718. L’or de la Ceze est à 18 karats 8 grains. Ib.

☞ CEZIMBRA. Ville de Portugal dans la Province d’Estramadure, à quatre lieues de Setuval.

CHA.

CHA. s. m. C’est une étoffe de soie très-simple, & très-légere, dont les Chinois, chez qui elle se fabrique, s’habillent le plus ordinairement en été.

CHAA, ou TCHA. C’est, à ce que disent quelques Auteurs, une espèce de thé du Japon, ou une feuille faite comme le thé ordinaire, mais plus petite & plus agréable au goût & à l’odorat, de couleur verte plus claire, tirant sur le jaune. Elle croît à un petit arbrisseau de la grandeur du groselier, qu’on cultive avec soin dans le Japon pour le distribuer. On l’appelle improprement fleur de thé. On met infuser pendant demi-heure au plus, une pincée de cette petite feuille dans une livre d’eau chaude, dans un vaisseau couvert. Elle devient d’un vert jaune, d’une odeur de violette. On ajoûte un peu de sucre, & on la boit la plus chaude qu’on peut. La prise est de quatre ou cinq onces. Elle purifie le sang, abat les vapeurs, éveille les esprits, empêche l’assoupissement. Mais le chaa n’est autre chose, que le thé, & c’est le nom chinois. La différence des noms entre chass & thé a fait croire à quelques uns que l’un étoit différent de l’autre.

CHABAN, CHAHBAN, CHAVAN, ou CHUAN. s. m. selon Laurentius Var. Sacr. p. 467, Golius p. 4 ; ad Alfragen, & Fabricius, Menologio, p. 75. C’est le nom d’un mois des anciens Arabes, & le troisième de leur année, qui répondoit au mois de Mai ; mais il paroît par la Relation Turque de la conquête de Babylone, dont Du Loir nous a donné le texte & la traduction dans la VIIIe Lettre de son voyage du Levant, que ce n’est pas tellement un terme des anciens Arabes, qu’on ne s’en serve encore. Le 19e de la lune de Chahban on enrôla ceux des troupes qui voulurent être enfans perdus, & on les distribua sous des enseignes. Du Loir, p. 231. La lune de Chahban est une des trois pendant lesquelles les Mosquées sont ouvertes pour le Temgid, ou la prière de minuit. Id. p. 145.

CHABANEIX, ou plutôt CHABANOIS. Petite ville de l’Angoumois, Diocèse de Limoges, située sur la Vienne où elle a un pont de pierre, à trois lieues au-dessous de Saint Junien ; entre cette ville & celle de Confolent.

CHABAR. s. f. Terme de Mythologie. Nom d’une fausse Divinité, dont les livres des Arabes font souvent mention. Chabar. Euthymius Zygabenus dit que les Arabes furent idolâtres jusqu’au temps d’Héraclius, c’est-à-dire, jusqu’à Mahomet, & qu’ils adoroient entr’autres divinités Lucifer & Venus, qu’ils appellent, dit-il, dans leur langue Chamar : il a voulu dire Chabar. Le P. Kirker veut que ce soit la lune, qu’on l’ait prise pour Venus, à cause qu’elles produisent à peu près les mêmes effets. Les Mahométans renoncent à Chabar. Ils ont un acte ou formule de cette renonciation, que le P. Kirker a rapporté. Voyez son Œdip. Egypt. T. I, Synt. IV, ch. 16, § 3.

Le P. Kirker écrit Cabar, il est mieux d’écrire Chabar. C’est un kef en Arabe, & non pas un kaf. Ce nom signifie proprement grand, puissant, de l’hébreu כבר, Chabar, qui signifie multiplicare, d’où כביר, Chabir, interprété validus, fort.

CHABLAGE. s. m. Peine & travail du Chableur. Labor, opera præfecti fluminum.

CHABLAIS. Caballiacensis, ou Caballicus, ou Caballiacus. Le Chablais est une Province de Savoie qui a titre de Duché, & qui est situé entre le lac & le territoire de Genève au nord, le Genevois au couchant, le Faucigny au sud, & le Valais au levant. Tonnon en est le principal Bourg. Quelques uns croient que c’est le pays des anciens Nantuates.

CHABLE. Voyez Cable. Funis nauticus, rudens.

CHABLEAU. s. m. Voyez Cableau & Cincenelle.

CHABLER. v. a. Terme de rivière & de Marine. Attacher un fardeau à un cable, le hâler, l’enlever, comme on fait dans les ateliers. Funem ponderi alligare.

Chabler les noyers. C’est en quelques Provinces, faire tomber les noix de dessus les noyers à coups de perches. Nuces decutere.

CHABLEUR. s. m. Terme de Rivière. Officier de ville commis sur les rivières, qui sert à faire partir les coches & les bateaux, & à les faire passer par les permis, sous les ponts & autres passages difficiles. Fluminum ac navicularum præfectus. Les voituriers sont obligés de se servir de Chableurs pour passer les ponts & pertuis, dans les endroits où ils seront établis. Les Chableurs doivent travailler en personne, & ne peuvent faire commerce sur la rivière, ni tenir cabaret ou hôtellerie.

CHABLIS, ou CHABLES, ou CAABLES. s. m. ou adj. pris substantivement. Terme de Forêts. Ce sont des arbres de haute futaie, abattus, renversés, brisés ou arrachés par les vents. Conf. de l’Ordonnance des Eaux & forêts. Strages arborum ab tempestate. Les Maîtres des Eaux & forêts sont obligés après les grands orages de se transporter dans les forêts, & de faire un procès-verbal du nombre des chablis & en faire la vente ensuite. Les bois de délit sont vendus avec les chablis. Dans les titres Latins on les appelle chablitia.

CHABLIS. Bourg de Champagne aux confins du Duché de Bourgogne, sur la rivière de Serain entre Tonnerre & Auxerre. Le vin de Chablis est estimé. Paradin, dans ses Annales de Bourgogne, L. I, p. 101, dit que Chablis se dit pour chaplis, & qu’il a été corrompu par le vulgaire.

CHABLOTS. s. m. pl. Petits cordages qui servent aux Maçons pour attacher les pièces de bois qu’ils nomment échasses. Funiculi.

CHABNAM. s. m. ou Rosée. Terme de Commerce, Espèce de Mousseline, ou toile de coton très-claire & très-fine, qu’on apporte des Indes Orientales.

CHABOT. s. m. Petit poisson qu’on trouve dans les ruisseaux & dans les rivières, qui a la tête grande, large & plate, la bouche fort ouverte & sans dents, & dont le corps va toujours en diminuant depuis la tête Jusqu’à la queue. Gobius, gobio capitatus. Rondelet. La maison de Chabot a des chabots dans ses Armes. Regnier, en parlant d’un troc de choses égales, a dit : Si ce n’est un chabot pour avoir un gardon.

Ce mot vient du latin capito, qui lui a été donné à cause de la grosseur de sa tête pour la même raison on l’appelle encore âne, ou tête d’âne. On l’appelle aussi cabo & rhombus.

CHABOUC. s. m. Terme de Relation. Grand fouet dont les Indiens se servent pour punir les criminels. Flagrum. Il n’a pas tenu à eux que je ne fusse battu cruellement de plusieurs coups de chabouc, & chassé d’une Eglise que j’avois auprès d’une grande ville nommée Tarkolan : Let. cur. et ed. T. X. Un de mes Catéchistes, qui parla alors avec une fermeté vraiement chrétienne, fut rudement maltraité par des soldats, qui lui déchargèrent sur le corps de grands coups de chabouc. Ib. T. XI.

☞ CHABRATE. s. f. Espèce de pierre transparente à laquelle les Anciens ont attribué des propriétés merveilleuses.

CHABYE. Lieu de l’île du Cap Breton, à 15 ou 16 lieues du Cap de Nord. Denys, P. I, c. 6. Le Chabye est une anse qui a environ deux lieues de profondeur. Dans le fond est une grave de sable mêlée de cailloux, que la mer y a faite, derrière laquelle est un étang d’eau salée, & cette anse est bordée de rochers des deux côtés. La morue donne beaucoup dans cette baie. Il y a peu d’abri pour les navires.

CHACABOUT, ou XACABOUT. s. m. Nom d’une secte établie dans le Royaume de Siam, dans une partie du Japon & dans le Tonquin, par un solitaire nommé Chacabout, dont les sectateurs ont pris le nom. Tavernier, qui en parle dans son Voyage des Indes, dit que ce Chacabout donna dix préceptes à ses disciples ; que ces préceptes défendent le meurtre, le larcin, les souillures du corps, le mensonge, les outrages, la perfidie ; les desirs déréglés, la médisance, la colère ; qu’il recommande l’étude des Sciences nécessaires à chacun selon son état ; qu’il établit des Religieux qui renoncent aux délices de la vie, qui s’adonnent à la méditation & au soulagement des malades ; qu’il enseigna la métempsycose ; qu’il promettoit aux fidèles observateurs de sa loi une joie éternelle, dans laquelle ils entreroient immédiatement après leur mort ; qu’il menaçoit les transgresseurs d’un supplice éternel, & ceux qui n’y auroient pas entièrement obéi, de passer en divers corps pendant 5000 ans avant que d’entrer dans la joie éternelle des justes. Tout cela a tant de rapport au Christianisme, qu’il est fort probable que ce Chacabout n’a été qu’un Missionnaire Chrétien, qui a prêché la foi dans les Indes, & que cette doctrine est un Christianisme défiguré.

CHACAL. s. m. C’est un animal à peu près fait comme un Renard, excepté qu’il est plus gros, & qu’il a le poil plus épais & plus rude. C’est, dit-on, l’Hiène des Anciens, & le Dabuh des Africains. ☞ Mais on a tort de confondre ces deux animaux qui n’ont rien de commun que le goût pour la chair pourrie & les cadavres. Le Chacal est très-commun dans les pays Orientaux ; la Mingrelie principalement en est toute couverte. Les Chacals déterrent les morts, & dévorent les animaux & les charognes, & jusqu’aux enfans qui ne peuvent leur résister. Quand ils hurlent ensemble, ils s’entre-répondent avec une espèce d’accord, l’un faisant la basse, & l’autre le dessus ; & comme leur cri est perçant & traînant comme celui d’un chat qui miaule, il effraie lorsqu’on l’entend pour la première fois. Chardin qui rapporte toutes ces particularités, dit qu’on l’appelle en latin Crocuta, & en grec Cycissa. Voyez Hyenne & Dabuh.

☞ CHACAMA. Vallée de l’Amérique au Pérou dans la Province de Lima, fertile en cannes à sucre.

☞ CHACAPOYAS, ou SAINT JUAN DE LA FRONTERA. Petite ville de l’Amérique au Pérou, dans l’Audience de Lima.

☞ CHACARAS. Nom des Prêtres idolâtres qui sacrifioient au Soleil dans le Pérou.

CHACART. s. m. Terme de commerce. Espèce de toile de coton à carreaux de différentes couleurs. Elle vient des Indes Orientales, particulièrement de Surate.

CHACELAS. Voyez Chasselas.

CHACEOR, & CHACEOUR. s. m. Cheval de Chasse. Vieux mot hors d’usage.

CHACO. Grand pays de l’Amérique qui s’étend environ 300 lieues du Nord au Sud entre le Tucuman, les Provinces de Los Charcas, les Chiquites, le Paraguay & le Parana ; mais sa longueur de l’est à l’ouest est fort inégale. Les trois principales rivières de ce pays sont la rivière Salée, la rivière Rouge & le Pileo Mayo. Dans la langue Quichoane qui a cours dans tout le Pérou, on appelle Chacu ces grands troupeaux de bêtes fauves, que les Indiens rassemblent dans leurs chasses par le moyen des battues. Avec le temps ces mêmes Indiens ont donné le même nom à tous les pays extrêmement peuplés & en particulier à celui dont je parle. Les Espagnols l’ont pris d’eux, en changeant la dernière lettre. Il parut en 1733 une Description Chorographique de ce pays, composée par le Père Lozano, Jésuite, qu’on pourra consulter.

CHACONNE. s. f. Terme de Musique. Air de Musique, ou danse qui est venue des Mores, dont la base est de quatre notes, qui procèdent par dégrés conjoints, sur laquelle on fait plusieurs accords & plusieurs couplets qui ont un même refrain. Cantici vel saltationis genus, cujus partes variæ eàdem terminantur clausulâ. On passe souvent dans les chaconnes du mode majeur au mode mineur. De Brossard. On tolère dans les chaconnes bien des choses à cause de la contrainte, qui ne seroient pas régulièrement permises dans une composition plus libre. Id. ☞ On dit composer une chaconne, & danser une chaconne, en parlant de la danse, faite sur l’air de la chaconne.

On appelle chaconne chantante, des paroles faites sur l’air de la chaconne. On appelle aussi chaconne chantante, un air composé sur des paroles, où le Musicien s’est assujetti à une basse contrainte. Acad. Fr.

Ce mot vient de l’italien ciacona, formé de cecone, qui signifie gros aveugle, à cause que le mouvement en fut inventé par un aveugle.

Chaconne, dans l’histoire des modes, a signifié aussi un ruban pendant du cou de la chemise sur la poitrine des jeunes gens qui sont à demi-deboutonnés. Tæniola de collo pendens. Cail.

CHACOS. s. m. Sorte d’arbre qui ne se trouve que dans le Pérou. Il naît comme un arbrisseau d’un fort beau vert, ayant les feuilles rondes & déliées & porte un fruit plat d’un côté, rond & long de l’autre, de couleur cendrée, d’un goût agréable & sans aigreur, & contenant une semence fort menue, que les habitans estiment fort. Elle provoque l’urine, & fait sortir la gravelle & la pierre des