Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 338-339).
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CE. Pronom démonstratif, c’est-à-dire, qui sert à indiquer les personnes & les choses dont on parle, ou dont on vient de parler, & qui répond au latin hic. Cette est le féminin de ce pronom, & répond à hæc. Ces en est le pluriel pour le masculin & le féminin, & répond à hi & . Mais il faut remarquer que ce pronom ce se change en cet, devant un nom masculin qui commence par une voyelle, ou par un h qui n’est pas aspiré. Cet homme est habile, & non pas ce homme. Mais il faut dire ce Héros, & non pas cet Héros : parce que l'h dans le mot de Héros étant aspiré, empêche l’effet de la voyelle qui suit.

☞ Quelquefois on ajoute, pour plus d’énergie, les particules ci & là, aux substantifs précédés de ce ou cet. Cette Dame-ci est plus honnête que cet homme-là. Ci indique un objet plus proche, là un objet éloigné.

Ce pronom a beaucoup de grace & d’énergie lorsqu’il est suivi du pronom relatif, qui.

Cette particule, en quelques manières de parler, se trouve retranchée devant que ; mais ces manières de parler sont vieilles, & ne s’emploient plus.

Voyez que c’est du monde & de l’orgueil humain.

P. Le Moine.

CE est aussi un substantif, & signifie la chose dont on parle. Voila ce dont il s’agit. En vertu de ce que dessus. Ce qui résulte de ce discours. Remarquez qu’il est plus élégant de répéter ce au second membre de la période quand elle a commencé par-là, que de le supprimer. Par exemple, ce qui est le plus déplorable, c’est ici ; c’est est mieux que, est. Ce qu’on souffre avec le plus d’impatience, ce sont les perfidies. Dans ces exemples, la particule ce signifie la chose qui est déplorable, ou qu’on souffre. Toutes ces expressions se rendent en latin par le pronom neutre id suivi du relatif quod. Mais quand on dit, ce furent les Romains qui domptèrent : alors la particule ce est sans nombre, & ne régit point le verbe qui suit. Au contraire le verbe substantif qui marche après, est déterminé au singulier, ou au pluriel par le substantif qui vient ensuite. Vaug. Corn. Le pronom ce, joint à quelques particules, sert à former d’autres pronoms, ceci, cela, dont nous parlerons en leur place.

Outre ce. Manière de parler qui n’est plus en usage ; on dit aujourd’hui, outre cela. Ad hæc, præterea, præter hæc.

On dit au Palais quand on infirme une sentence, qu’on a mis l’appellation & ce dont il a été appelé, au néant ; on sous-entend la sentence. C’est une formule de prononcer que les Cours supérieures se sont réservées. Les autres Juges prononcent par un mal jugé. Quelquefois on dit absolument, on a mis l’appellation & ce ; c’est-à-dire, que l’appelant a gagné sa cause. On dit, à ce qu’il soit dit ; pour dire, afin qu’il soit dit. A ce que j’entends, pour dire, comme on me fait croire.

Ce dit-il, ce dit-on. Ces phrases ne sont pas du bel usage, en écrivant ; & dans un discours soutenu, grave, sérieux, il faut dire, dit-il, dit-on. Inquit, aiunt.

Ce, pour il, dans ces phrases & autres semblables. Quelle heure est-ce ? Ce lui fut force de hazarder bataille ; il n’est plus en usage ; il faut dire, quelle heure est-il ? il lui fut force. Vaug. Et même cette dernière phrase a aujourd’hui quelque chose d’embarrassé ; on ne peut s'en servir que dans le discours familier.

Ce peu veut dire le peu de choses faites. Faites part aux pauvres de bon cœur, & avec joie, de ce peu que vous avez. Port-R. On ne dit jamais ce beaucoup, quoiqu’on dise fort bien ce peu.

Ce peu de lignes, pour dire la courte lettre, le billet, expression bourgeoise qui a vieilli.

On dit aussi adverbialement, c’en est fait. Actum est. C’est moi. Ego sum. C’est pourquoi. Quapropter. C’est à savoir. Scilicet, videlicet. C’est mon devoir. Ita placet.

On dit encore, quoique ç’en soit. Ut ut est. Ce, dit-il. Ait. Ce dit-on. Aiunt. Ce néanmoins. Ce fut un tel. Ce sont les gens de bien, &c.

On dit aussi c’est mon, par une basse ironie ; on sousentend avis. Ita censeo. Vraiment, c’est mon.