Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/371-380

Fascicules du tome 2
pages 361 à 370

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 371 à 380

pages 381 à 390


ont aussi promis une récompense à quiconque en pourroit venir à bout. Voyez Quadrature.

On dit figurément, quand on veut parler d’une chose difficile, ou impossible, qu’on auroit aussi-tôt trouvé la quadrature du cercle.

On appelle cercle d’or, une espèce de petite couronne chez les Romains, qui étoit la marque de la dignité du Patriciat.

Cercle signifie aussi un grand cerceau, ou pièce de bois flexible, ou de fer, ou de quelqu’autre matière qui sert de lien pour serrer & lier quelque chose. Il faut tant de cercles à cette cuve. ☞ Les cercles ne diffèrent des cerceaux, que par leur grandeur. Ils servent pour les cuves, cuviers ; & les cerceaux pour les tonneaux ordinaires. Il faut mettre des cercles de fer pour tenir cette flèche, cette poutre, cette colonne. On appelle aussi dans la sphère armillaire, cercle, les cerceaux de carton qui se coupent les uns les autres, & qui composent cette machine qui représente les cercles de la sphère céleste.

On dit proverbialement : on ne connoît pas le vin au cercle, pour dire, qu’on ne connoît pas à la mine le caractère d’une personne.

En termes de Marine, on appelle cercle de pompe, un cercle double de fer, dont l’un est rond, qui embrasse le haut de la pompe pour l’empêcher de se fendre, & l’autre carré, qui sert à joindre sa potence à la pompe. Les cercles de hune sont de grands cercles de bois qui font le tour des hunes par le haut. Les cercles de boutehors sont des cercles doubles de fer, qui sont au bout des vergues où l’on passe les boutehors, qui servent à mettre les voiles d’étui.

Cercle Goudronnés, en termes de Guerre, sont de vieilles mèches, ou de vieux cordages poissés, & trempés dans le goudron, pliés, & tournés en cercles. Ils servent à mettre dans des réchauts pour éclairer dans une ville assiégée.

Cercle à feu. Machines de guerre. Ce sont deux ou trois grands cercles de bois, liés ensemble avec du fil d’archal, & autour desquels on met plusieurs grenades, canons de pistolet chargés, & autres choses de cette nature, le tout entouré de feux d’artifice. On y met le feu, & on fait rouler cette machine sur les travaux des assiégeans. On fait aussi de ces cercles à feu d’une autre manière ; mais elle revient à peu près à la même chose, & au même usage.

Grand Cercle. Petit Cercle. Terme de guerre qui se dit de l’assemblée que font tous les soirs en cercle tous les Sergens d’une garnison, pour donner l’ordre. On l’appelle ainsi pour le distinguer de ceux de chaque régiment. Cœtus, conventus structarum turmarum. Chaque caporal de semaine doit se trouver armé tous les soirs à l’heure marquée pour l’ordre au grand cercle que les Sergens forment pour cet effet. Bombelles. Chaque Caporal de consigne des postes du dedans de la Place doit aller à l’ordre au grand cercle avec le Sergent du plus ancien Régiment de son poste, duquel il doit recevoir le mot, & après le grand cercle rompu, sans s’arrêter à celui de son Régiment, ni ailleurs, il doit s’en retourner vite à son poste, pour le distribuer aux autres Caporaux. Id. Celui du Corps-de-garde de la Place aura soin de porter le fallot allumé pour éclairer le grand cercle. Id. Dès que l’heure sera venue, & que l’on appelera à l’ordre, tous les Sergens doivent former le grand cercle suivant l’ancienneté de leur Régiment, Bataillon & Compagnie, ayant chacun leur Caporal derrière eux, qui présentera les armes du côté de dehors. Id. Le grand cercle rompu, les Sergens de chaque Régiment doivent former un petit cercle particulier, où leurs Officiers-Majors leur répéteront, & leur expliqueront par détail tout ce qui regardera le service & la discipline. Ce petit cercle rompu, chaque Sergent dira à son Caporal ce qu’il aura à faire. Id. Rompre le cercle, c’est renvoyer ceux qui le composent.

Cercle se dit aussi de ce qui paroît en rond. On voit quelquefois un cercle lumineux autour du soleil, qu’on appelle parélie. Il y en a de même autour de la Lune. Voyez Paraselene.

Cercle magique. Le peuple donne ce nom à un Phénomène assez commun dans les campagnes. C’est une espèce de rond qu’il suppose avoir été tracé par des Sorciers ou par quelque esprit.

Cercle à la corne, en termes de Maréchallerie, se dit des bourrelets de corne qui entourent le sabot, qui font connoître que le cheval a le pied trop sec, & que la corne se desséchant serre le petit pied.

Cercle, en termes de Blason, se dit de ce qui est rond, uni & percé. Quand il y a un chaton, on l’appelle anneau. Annulus. Quand il y a un ardillon, on l’appelle boucle. Fibula. Quand il est lié en cerceau, il faut que le lien soit d’un autre émail. On appelle cercle perlé, une couronne de Vicomte. Circulus margaritis distinctus, perspersus.

Cercle, d’équation. Terme d’horlogerie. C’est un cercle nouvellement imaginé, & ajouté aux cadrans des pendules, pour marquer l’heure vraie du Soleil. Voyez sur ce cercle le Mémoire de M. Dufay, parmi ceux de l’Académie des Sciences de l’année 1725.

Cercle. Terme de Chimie. Les Chimistes appellent ainsi un instrument de fer rond, avec lequel ils coupent le cou d’un vaisseau de verre de la manière suivante. Ils font rougir le cercle, & l’appliquent sur le cou du vaisseau jusqu’à ce qu’il soit bien échauffé, après quoi ils le séparent au moyen de quelques gouttes d’eau froide, ou en soufflant dessus. Dict. de James.

Cercle Membraneux. Terme d’Anatomie, qui se dit d’une partie de l’oreillette gauche du cœur, qui entoure intérieurement son embouchure. Circulus membranosus. Le cercle membraneux placé à l’embouchure de l’oreillette gauche du cœur, est une espèce de petit entonnoir dont l’ouverture la plus étroite est tournée vers le haut, ou vers la base du cœur. Le sang poussé par la contraction de l’oreillette gauche est obligé d’augmenter sa vitesse pour passer d’abord par la partie la plus étroite de cet entonnoir ; après quoi il coule sans difficulté par la partie la plus large dans le ventricule gauche. Acad. des Sc. 1701. Hist. p. 26.

Cercle se dit aussi figurément & par extension d’une assemblée qui se fait chez la Reine, où les Dames se tiennent en rond autour d’elle, où les Duchesses ont le privilège d’être assises sur un tabouret. Circulus, corona, consessus. Cette chambre est le lieu où la Reine tient son cercle. Il y a cercle chez la Reine.

☞ On appelle aussi cercles, des assemblées qui se tiennent dans des maisons particulières, principalement chez les Dames. Un petit cercle d’amis. Briller dans les cercles & dans les compagnies. Qu’il fait beau voir un ignorant mondain s’ériger dans les cercles des femmes en Juge de la Religion !

Cercle se dit aussi en Logique, du vice d’un raisonnement ☞ lorsqu’on allègue pour preuve, la proposition qu’on avoit avancée, & qu’il s’agit de prouver. C’est ce qu’on appelle circulus vitiosus ou petitio principii, pétition de principe.

Cercle se dit aussi au figuré de tout ce qui revient de temps en temps. L’état de ceux qui vivent dans le monde, est un cercle perpétuel d’actions & d’occupations extérieures. Flech.

☞ On le dit aussi de l’étendue & des bornes de nos connoissances. L’étude des belles Lettres étend le cercle de nos idées. Le cercle de la plus heureuse & plus riche mémoire est toujours fort étroit.

On appelle en Géographie Cercles de l’Empire, les diverses Provinces, & Principautés de l’Empire qui ont droit de se trouver aux Diètes, & qui font ensemble le corps politique d’Allemagne. Circuli. Le Cercle de Bavière. Le Cercle de la basse Saxe, &c. La divison de l’Empire en six Cercles a été établie par Maximilien I en 1500, à Ausbourg : douze ans après il partagea l’Allemagne en dix Cercles ; ce partage fut confirmé par Charles-Quint dans la Diète de Nuremberg l’an 1522. Quoique le rang de ces Cercles n’ait jamais été bien réglé, le voici tel qu’il est dans la Matricule Impériale : Le Cercle d’Autriche, celui de Bourgogne, du Bas-Rhin, de Bavière, de la Haute-Saxe, de Franconie, de Suabe, du Haut-Rhin, de Westphalie, & de la basse-Saxe. Heiss. Plathner a donné une description des Cercles de l’Empire, qui comprend plusieurs tables. Sciagraphia decem Circulorum sacri Imperii Romano-Germanici, &c.

CERCLER. v. a. Vieux mot. Environner, entourer. Circumdare.

Cercler un tonneau ou une cuve. Terme de Tonnelier. C’est y mettre des cerceaux, ou des cercles.

Cerclé. adj. Terme de Blason, qui se dit des tonneaux liés avec des cercles ou cerceaux. Ligatus, constrictus circulis.

CERCLIER. s. m. Ouvrier qui travaille à faire des cercles ou cerceaux dans les forêts. Circulorum opifex. L’Ordonnance veut que les Cercliers, Tourneurs, Sabotiers, &c. ne puissent tenir ateliers qu’à demi-lieue des forêts.

CERCOPES. Peuples qui habitoient une Île voisine de la Sicile nommée Pithécuse. On dit que Jupiter les changea en singes, pour les punir de leurs débauches. Cercopes est le nom que les Grecs donnent aux singes.

CERCOPITHEQUE. s. m. Terme de Mythologie. Espèce de singe, auquel les Egyptiens rendoient les honneurs divins. On le représentoit avec un croissant sur la tête, & un gobelet à sa main.

☞ C’est aussi un nom générique par lequel on désigne les Singes à longue queue.

CERCOSIS. s. f. Terme de Médecine. C’est une excroissance de chair, qui sort de l’orifice de la matrice, le remplit & le bouche. Cercosis. On emporte cette excrescence par extirpation.

Ce mot vient du grec κέρκος, queue, parce que cette excrescence est quelquefois aussi longue que la queue d’un renard, on lui a donné le nom de κέρκωσις. M. Dionis le dérive de κέρκειν, qu’il explique par tromper ; il dit que cette excrescence s’appelle cercosis, parce qu’elle ressemble quelquefois par sa longueur à la queue d’un renard, qui lui sert à tromper les autres animaux.

CERCUEIL. s. m. ☞ Dans l’usage ordinaire ce mot est synonyme de bière. Quelquefois on entend par ce mot un vaisseau de plomb propre pour transporter & enterrer les morts. Feretrum. Quand il est de bois, on l’appelle bière. Ménage dérive ce mot de sarcolium, qui a été fait du grec σάρξ, & prétend qu’on disoit autrefois sarcueil. Saumaise le dérive de sacrophaculus disant que sacrophage étoit une pierre dont on faisoit anciennement les tombeaux, & qu’on a étendu ce mot aux tombeaux faits de toute autre matière.

Les cercueils de la Chine, dit le P. Fontanaye, sont grands & d’un bois épais de trois ou quarre pouces, vernissés & dorés par dehors, mais fermés avec un soin extraordinaire, pour empêcher l’air d’y pénéttrer. Essais, I. Hiéroglyp. p. 507.

☞ On dit figurément, en parlant de quelqu’un a qui un accident a causé la mort, que c’est ce qui l’a mis au cercueil.

CERDAGNE. Petite Province d’Espagne, qui a titre de Comté. Cerretania. La Cerdagne est dans les Pyrénées, entre le Comté de Foix, le Roussillon & la Catalogne. Sa capitale est Puicerda. La partie qui touche au territoire de Conflant & aux sources de la Sègre, jusqu’à Livia exclusivement, est à la France depuis la paix des Pyrénées.

CERDEAU. voyez Serdeau.

☞ CERDEMPORUS, terme de Mythologie, surnom de Mercure, Dieu des Commerçans, Ἔμπορος, Commerçant.

CERDONIENS. Nom d’anciens Hérétiques, qui ont été dans la plûpart des erreurs de Simon le Magicien, de Saturnin & des autres Gnostiques. Cerdon, qui a été leur Chef, vint de Syrie à Rome sous le Pape Hygin. Il y abjura ses erreurs, mais en apparence seulement ; ensorte qu’ayant été convaincu qu’il y persistoit, & que même il dogmatisoit en cachette, il fut chassé de la communion des fidèles. Il reconnoissoit deux principes, l’un bon, & l’autre mauvais. Ce dernier étoit, selon lui, le Créateur du monde, & le Dieu qui avoit apparu dans l’ancienne loi. Le premier, qu’il appeloit inconnu, étoit le pere de J. C. qui n’étoit venu au monde que selon la seule apparence de la chair, & qui par conséquent n’étoit point né d’une Vierge, & n’avoit point souffert véritablement, mais avoit seulement semble souffrir. Il nioit la résurrection des corps ; il rejetoit toutes les écritures de l’ancien Testament, comme ne venant point du bon principe. Marcion, qui fut son Disciple à Rome, fut le successeur de ses impiétés. Saint Irénée, Tertullien & saint Epiphane ont parlé au long de l’hérésie des Cerdoniens.

CÉRÉALES. adj. f. pl. pris substantivement. Terme de Mythologie. Cerealia. Fêtes de Cérès, en l’honneur de Cérès. Elles furent instituées par Triptolème d’Eleusis dans l’Attique, & fils de Celéus, Roi d’Eleusis & de Mehaline, en reconnoissance de ce que Cérès, qui passa pour avoir été sa nourrice, lui avoit appris l’art de cultiver le blé, & d’en faire du pain. Ainsi ces fêtes prirent naissance dans la Grèce. Il y en avoit deux à Athènes ; les unes se nommoient Eleusinies, & les autres Thesmophories. voyez à ces mots ce qu’il y a de particulier à chacune. Ce qui convenoit à toutes les deux, & en général aux céréales, c’est qu’on les célébroit avec beaucoup de religion & de pureté, jusques-là qu’on s’abstenoit de vin & de tout commerce avec les femmes pendant ce temps-là. On y honoroit non-seulement Cérès, mais encore Iacchus & Liber, c’est-à-dire, Bacchus : les victimes qu’on immoloit étoient des porcs, à cause du dégât qu’ils font aux biens de la terre ; & enfin il n’y paroissoit point de vin. Plaute, du moins, semble le dite, Aulul. Act. II. Scen. 7. & Macrobe, Saturn. L. III, ch. 11, dit expressément qu’il étoit défendu d’offrir du vin à Cérès en quelque sacrifice que ce fût. Cependant Caton dans les derniers mots du c. 134, De re rustica, dit le contraire, & Macrobe, à l’endroit que j’ai cité, excuse Virgile d’avoir fait offrir du vin à Cérès. Lambin dit qu’il ne faut entendre Plaute que des Céréales des Grecs, & non pas des Romains. Un Auteur récent, réfute Lambin, en disant que Plante étoit Grec ; & il ne fait pas attention que Plaute ne parle pas de son chef, qu’il fait parler un de ses personnages, & que sa Comédie est Grecque, ou que la scene étoit en Grèce, comme il paroît par les seuls noms des personnages qui sont tous Grecs. Pour Macrobe, il dit qu’à la vérité on ne lui offroit point de vin, vinum ; mais du vin doux, mulsum ; & que le sacrifice que l’on faisoit à cette Déesse & à Hercule le vingt-unième de Décembre étoit d’une truie pleine de pains, & de vin doux, & c’est ce que Virgile entend par miti Baccho. Voyez Saumaise sur Solin, p. 750, & les Auteurs cités ci-dessus.

Les Céréales passèrent des Grecs aux Romains qui les célébroient pendant huit jours, depuis le douzième d’Avril jusqu’au dix-neuvième inclusivement. C’étoient les Dames seules qui les célébroient en habit blanc ; les hommes vêtus aussi de blanc n’en étoient que les spectateurs ; ils s’abstenoient aussi de vin & de tout commerce avec les femmes. Les Romains crurent devoir honorer par-là une Divinité qui s’étoit distinguée par sa chasteté. On ne mangeoit que le soir après le soleil couché, parce que Cérès, malgré la fatigue du voyage, n’avoir pris de nourriture que le soir, lorsqu’elle cherchoit sa fille. Il y avoit aussi durant le jour des combats à cheval, qui furent changés dans la suite en combats de Gladiateurs ; ce qui fut regardé comme une chose de mauvaise augure pour la République ; le peuple avoit part à la fête par les largesses qu’on lui faisoit de pois, de noix, & d’autres choses semblables. Les Ediles présidoient aux Céréales, comme on le voit par cette médaille de Memmius. C. MEMMIUS, C. F. QUIRINUS MEMMIUS ÆD. CEREALIA PRIMUS FECIT. Il falloit au moins être nommé Edile pour présider à cette cérémonie, comme il paroît par les témoignages de Cicéron tirés d’un de ses Discours contre Verrès. Cependant il est arrivé une fois que le Dictateur ou le Général de la Cavalerie, par un Senatusconsulte, présida aux Céréales. Cette fête duroit huit jours, & se célébroit au Cirque, à commencer le lendemain du jour qu’avoient fini les jeux du Cirque. Après la bataille de Cannes, la désolation fut si grande à Rome, qu’il ne se trouva point de femmes qui pussent célébrer cette fête, parce qu’il n’y en avoit point qui ne fût en deuil ; la fête fut omise cette année-là, mais le Sénat ordonna qu’on quitteroit le deuil pour quelque temps, pour célébrer les autres fêtes. On y célébroit la douleur de Cérès après la perte de sa fille Proserpine. On y portoit en procession les statues des Dieux. On dit aussi qu’on y portoit un œuf, apparemment comme la figure du Monde, qui renferme, comme l’œuf, une force vitale qu’il communique aux semences ; ou, selon quelques-uns, mais avec moins d’apparence, pour représenter l’œuf dont Castor & Pollux étoient nés. Ces jeux se faisoient dans le Cirque, comme Ovide le marque, Fast. L. IV, v. 391 ; & l’on y faisoit des courses & des combats à cheval. Les victimes étoient deux truies, l’une dorée, & l’autre argentée, dit Festus ; c’est-à-dire, l’une couverte d’ornemens dorés, & l’autre d’ornemens argentés. Tout ceci est recueilli d’Alexand. ab Alex. Genial. dier. L. VI. c. 19. Rhodig. L. XXVII, c. 37. Rosin. Antiq. rom. L. V, c. 12. Scalig. Poetic. L. I, ch. 32. Festus, Tite-Live, Arnobe, Ovide, Cicéron, &c.

CÉRÉMISSES ou CZÉRÉMISES. s. m. pl. est le nom qu’on donne à de certains peuples de la Moscovie orientale, qui sont au rivage du Volga ou Rha, entre Nisi-Novogrood & Cazan. Ce sont les Tartares que le Czar Jean Bazilowitz fournit au milieu du seizième siècle. Quelques-uns sont Mahométans, & les autres Païens. Olearius parle au long de ces peuples.

CÉRÉMONIAL. s. m. Livre où est contenu l’ordre des cérémonies Ecclésiastiques. Ritualis liber, Cæremoniarum codex. Cérémonial Romain. Dire, comme Larrey, que Goodaker, Archevêque d’Armach, & Bâle Evêque d’Osseri, furent les premiers sacrés en Irlande sous Edouard VI, selon le nouveau cérémoniel, c’est mal parler ; il faut dire, selon le nouveau cérémonial. Cet Auteur répète ce mauvais mot cent fois dans son Histoire d’Angleterre. Bayle s’en est aussi servi.

Cérémonial se prend pour l’assemblage des cérémonies que l’on observe les uns envers les autres par civilité, par honnêteté, ou par devoir. Mutua vitæ communis urbanitas. Il y a un certain cérémonial entre les femmes, qui les occupe si fort, qu’il n’y a rien qu’elles ne soient capables de sacrifier pour le maintenir. Cail.

☞ Dans ce sens, on dit d’un homme qui n’aime pas ces sortes de cérémonies, qu’il n’aime point le cérémonial ; & pour dire qu’un homme entend bien les usages & les règles du cérémonial, on dit qu’il entend bien le cérémonial, qu’il est fort sur le cérémonial.

☞ Dans un sens plus étroit, on appelle cérémonial certains usages établis par une longue coutume, tant pour les affaires civiles que pour les autres, par exemple, les Mariages, les Enterremens, &c. que l’on doit regarder comme autant de loix auxquelles on est obligé de se conformer.

☞ On appelle encore cérémonial certaines conventions entre les Souverains concernant la manière dont eux ou ceux qui les représentent, doivent en user les uns envers les autres dans les cérémonies politiques. Le cérémonial est différent selon les Pays.

Cérémonial, ale. adj. Ceremonialis. Qui concerne les cérémonies. Les Juifs avoient beaucoup de loix qui n’étoient que céremoniales, Les préceptes cerémoniaux de la loi de Moyse ont été abolis par la prédication de l’Evangile.

CÉRÉMONIE. s. f. Assemblage de plusieurs formalités qui servent à rendre une chose plus magnifique & plus solennelle. Solemnes ritus, cæremonia. Les Entrées des Rois se font avec grande cérémonie ; le Bourgeois va au-devant d’eux en armes, les Magistrats avec leurs robes : on leur présente le dais ; on leur érige des trônes, des arcs de triomphe.

Ce mot vient du Latin cæremonia, qu’on a fait de quasi Cereris munia, signifiant des oblations à Cérès, d’autant qu’on faisoit plus de cérémonies aux gerbes qu’on lui offroit, qu’en toute autre offrande, ou, avec Valère Maxime, à Cere & munia. Céré étoit une petite ville proche de Rome, où les Romains firent des offrandes avec un culte extraordinaire, à cause de la crainte qu’ils avoient alors des Gaulois qui attaquoient Rome. D’autres dérivent ce mot de cerus, vieux mot latin, qui signifie saint, sacré, consacré ; quelques-uns le font venir du grec χαίρειν, se réjouir, être en bon état, parce que les cérémonies ont été d’abord employées dans les choses de religion qui tournent à notre avantage. Enfin il y en a qui disent que le mot de cérémonie vient de l’hébreu חרם, tuer, consacrer. Les premières étymologies ne sont guères plus naturelles ni plus vraisemblables.

Cérémonie se dit aussi en matière ecclésiastique, des choses qui peuvent rendre le culte divin plus auguste & plus vénérable. Cérémonie, dans les choses ecclésiastiques, est proprement une action extérieure établie par l’Eglise, pour rendre le service divin plus auguste & plus respectable, Sacer ritus, sacri ritûs cæremonia. L’ancien Testament étoit tout plein de mystères & de cérémonies, comme on voit aux livres des Nombres & du Lévitique. La Loi nouvelle a abrogé les cérémonies de l’ancienne, comme la Circoncision, &c. On doit parler avec respect des cérémonies de l’Eglise. La bénédiction des cloches n’est pas un baptême, ce n’est qu’une cérémonie. C’est être superstitieux que de mettre son espérance dans les cérémonies, & c’est être superbe que de ne vouloir pas s’y soumettre. Pasc. Les cérémonies de l’Eglise sont édifiantes & vénérables, quand on les fait avec décence & avec gravité. Flech. L’usage des cérémonies est très-propre à édifier le Peuple, à faire respecter les Ecclésiastiques. Les cérémonies sont nécessaires pour attacher le Peuple, sur lequel la pompe, l’appareil mystérieux des cérémonies fait souvent plus d’impression que le fonds de la Religion. Bouchel. Il paroît par les Réponses de Saint Augustin aux Questions de Janvier, qu’il y a eu dès les commentemens, dans les cérémonies, différens usages en différentes églises.

Cérémonie se dit aussi des déférences qu’on a les uns pour les autres, par civilité & par honnêteté. Scita vitæ communis urbanitas. C’est une cérémonie de donner le pas, le haut du pavé, le haut de la table à quelqu’un ; de ne vouloir laver, ou se coucher qu’après lui. Quand on a l’esprit libre, tout ce qui contraint, tout ce qui est cérémonie, est ennuyeux. M. Scud. L’usage des cérémonies est presqu’aboli, & on a eu raison de se défaire de ces manières gênantes. Bell. Quelques cérémonies trompeuses tiennent lieu d’amitié dans le monde. Bouh.

Cérémonie signifie encore les façons, les complimens, & les grimaces qu’on fait, ou pour refuser quelque chose, ou pour y consentir. Comitas plus nimio affectata. C’est un homme timide, & circonspect, qui ne s’est rendu qu’après bien des façons, & bien des cérémonies. Saint-Evremond. Théodose eut la modestie de refuser l’Empire ; & l’on remarque que ce n’étoit point par une vaine cérémonie, mais par une véritable sagesse. Fléch. Ce mot se prend quelquefois, en mauvaise part, pour une civilité importune & outrée. C’est un grand faiseur de cérémonies. Il faut bannir la cérémonie.

Habit de cérémonie est un habit décent, convenable à sa profession. Vestitus ad pompam comparatus. On le dit aussi des ornemens & des marques de la charge & de la dignité dont on est revêtu. Mener en cérémonie, c’est conduire solennellement & avec éclat. Traiter en cérémonie, c’est faire un repas magnifique, & dans toutes les formes.

On appelle Officiers des cérémonies, ceux qui ont soin de faire garder l’ordre & les cérémonies accoutumées dans les actions d’éclat & de solennité. Rituum solemnium Magistri, moderatores. Il y a le Grand-Maître, le Maître, l’Aide des cérémonies. Dans les Eglises il y a aussi un Maître des céremonies, qui fait observer l’ordre, & tout ce qui est porté dans le Rituel.

On dit ordinairement, sans cérémonie. Familiariter, sine ulla comitatis affectatione ; pour dire, franchement & sans façon.

CÉRÉMONIEUX, EUSE. adj. & f. Formaliste, qui fait beaucoup de cérémonies, qui fait des complimens outrés & incommodes. Nimius comitatis affectator. La plaisante civilité, de prendre le pas devant tout le monde, de peur de passer pour cérémonieux ! Cost. Comme les pleurs des femmes sont d’ordinaire artificielles & cérémonieuses, ne faut pas s’y opposer, c’est les engager à faire pis. Mont.

On dit ironiquement d’un homme qui en use plus librement, plus familièrement, qu’il ne faudroit, qu’il n’est point cérémonieux. Ac. Fr.

☞ CÉRENZA, (la) ou CIRENZA. Cerentia ou Geruntia. Ville du royaume de Naples, dans la Calabre citérieure. C’étoit autrefois une ville épiscopale, dont l’Evêché a été uni à celui de Cariati, & la Cérenza n’est plus qu’un village.

CÉRÈS. s. f. terme de Mythologie. Ceres. Déesse du Paganisme, fille de Saturne & de Rhea. Hesiod. Theogr. 454. Cérès avoit trouvé l’art de cultiver la tere, & on l’honoroit comme la Déesse des Blés. Elle eut Proserpine de Jupiter, & Plutus de Jasius, Id. Théog. 911 & 969. Pluton ayant ravi Proserpine pendant qu’elle cueilloit des fleurs dans une prairie, Cérès courut toute la terre pour chercher sa fille. Voyez Claudien, De Raptu Proserp. & Ovid. Metam. L. V. Quand elle fut arrivée dans l’Attique à Eleusis, elle prit en affection Triptolème, fils de Celeus Roi d’Eleusis, & se fit sa nourrice ; quand il fut grand, elle lui découvrit le secret de cultiver la terre, de recueillir le blé & d’en faire du pain, & l’ayant monté sur un char tiré par des serpens aîlés, ou par des dragons, elle l’envoya par toute la terre apprendre son secret aux hommes. Selon quelques Auteurs, la vérité de cette fable est, que Proserpine, fille d’une Reine de Sicile, fut enlevée par Orcus Roi des Molosses. Quand on eut le secret de semer & de cultiver les blés, on partagea les terres & les campagnes ; on mit des bornes aux héritages, & on fit des loix pour leur conservation ; c’est pour cela que Cérès passoit pour avoir inventé les loix, & qu’on l’appeloit Themosphore. Au reste, ce n’étoit pas seulement l’invention du blé, mais de tout ce qui regarde les richesses & le ménage de la campagne qu’on lui attribuoit. De-là quelques autres noms qu’on lui donnoit, comme Mallophore, Porte-laine ; Melophore, Qui porte ou qui produit des brebis, & sur-tout Παμμήτηρ, mère de tout, dans les hymnes attribuées à Orphée. Cérès étoit représentée de différentes manières ; quelquefois elle portoit une couronne d’épis, d’autrefois on la représentoit triste, & tenant un flambeau à la main, ou bien portant en main un bouquet d’épis & de pavots. C’est ainsi qu’elle est gravée sur les médailles. Cérès étoit la même que la Terre, qu’Isis, que la Lune & Vénus. On la nommoit Eleusine, d’Eleusis ; Frutis à fruendo, jouir ; Inferna, parce que les semences s’enferment dans le sein de la terre ; Mammosa, qui a beaucoup de gorge, à raison de la production des fruits, &c. Selon Diodore de Sicile, Cérès est Isis. L’arrivée de Cérès en Grèce est le transport des blés d’Egypte en Grèce dans un temps de famine. Erecthée, qui fit ce transport, fut déclaré Roi en reconnoissance de ce bienfait, & il établit en Grèce les mystères de Cérès, ou Céréales, à la manière d’Egypte, qu’Isocrate prétend néanmoins, dans son Panégyrique, avoir été donnés aux Grecs par Cérès elle-même.

Le premier lieu où l’on ait bâti un temple à Cérès, c’est Palantium en Arcadie, au rapport de Diodore de Sicile, Liv. I. C’est Evandre qui fit passer le culte de Cérès de Grèce en Italie. Elle n’eut de temple à Rome que l’an de Rome 257, après la victoire remportée sur les Volsques. La première statue de bronze qui a été faite à Rome, fut une statue de Cérès. Pline, XXXIV, 4. Vossius croit, que selon l’Histoire, Cérès & Isis sont deux Déesses fort différentes ; mais que, selon les raisons physiques sur lesquelles la fable est fondée, ce n’est qu’une même divinité. Le même Auteur montre qu’il y a deux Cérès, l’une céleste, qui étoit la Lune, & l’autre terrestre, qui étoit la Terre. Voyez de Idolol. L. I, c. 17, L. II, c. 27, & c. 59. On représentoit Cérès assise sur une pierre & avec une tête de cheval. Vossius, de Idol. L. IX, c. 23. Les animaux consacrés à Cérès sont la grue, la tourterelle, le surmulet ou mulet, poisson de mer ; & le serpent aîlé ; & pour les plantes, le blé & le safran.

Comme Cérès passoit pour la Déesse des fruits & des grains, & comme ayant appris aux hommes l’art de cultiver la terre, les fruits & les grains s’appellent en Poësie, les dons, les présens, les trésors de Cérès.

La fourmi tous les ans, traversant nos guérets,
Grossisses magasins des trésors de Cérès. Boil.

C’est pourquoi on la prend pour le pain même, comme Bacchus pour le vin. Sans Cérès & Bacchus, Vénus est languissante. Sine Cerere & Baccho, friget Venus.

Ce nom Cérès est la même chose, si l’on en croit Varron, que Gérés, & il s’est fait de-là par le changement du G en C. Et cette Déesse, dit-il, fut appelée Gérés, quod gerat fructus. D’autres prétendent que, supposé que Cérès ait été appelée d’abord Gérés, ce nom vient du grec Γῆρυς, Gerys ; en effet Hesychius dit qu’Achero, Ops, Helle, Gerys, la Terre & Cerès, sont la même. Or Γῆρυς, suivant le sentiment de ces Auteurs, est un nom hébreu qui vient de גרש, geresch qui signifie selon eux du blé moulu, broyé, de גרש, garasch, qu’ils expliquent, frangere, contundere. Il vaudroit mieux dire que גרש, geresch, signifie les fruits qui sont produits & poussés dehors ; car en effet il a ce sens. Deut. XXXIII 14, & n’a jamais l’autre en hébreu, גרש, garasch, ne veut dire que expellere, protrudere, & non point frangere, contundere. On ajoûte que Cérès portoit à Cnide un nom approchant de Γῆρυς, qui est Κύρη ; mais ce nom lui fut donné, dit-on, parce qu’elle étoit κύρια τῆς γῆς, la maîtresse de la terre, ce qui n’a point de rapport à l’étymologie grecque de Γῆρυς. D’autres tirent Cérès de l’hébreu חרס, Hhres, qui signifie le soleil, auteur de tous les fruits de la terre ; & ils disent que חרס a bien plus d’analogie avec Γῆρυς, que גרש. Ils confirment encore ceci par Plutarque, qui dit que Cyrus en Persien signifie le soleil. Voyez Vossius, De Idolol. L. II, c. 59.

CÉRET. Petite ville de France dans le Roussillon, avec un pont magnifique d’une seule arche. C’est le lieu où s’assemblèrent les Commissaires d’Espagne & de France, pour régler les limites des deux Royaumes, en 1660. Elle est près du Tec, à cinq lieues de Perpignan. Cerisidum ou Ceretum.

CÉRÈTHÈ ou CERÉTHIEN, ou CÉRÉTHEN, ENNE. s. m. & f. Cerethæus. II est parlé de deux sortes de Céréthiens dans l’Ecriture ; ou bien il est parlé des Céréthiens en deux manières : 1o. Au I. Livre des Rois, XXX, 14, il est parlé des Céréthiens qui demeuroient vers le midi de la Terre Sainte du côté de l’Egypte. 2o En d’autres endroits on trouve des Céréthiens que l’Ecriture joint avec les Phéléthiens, & qui sont des soldats, des gardes de David, ou des gens de sa suite & de sa maison. Quant aux premiers, on convient assez que c’étoient des peuples qui faisoient partie des Philistins. L’Ecriture semble le marquer assez clairement, I. L. des Rois, XXX, 14 ; Ezech XXV, 16. Sophon, II, 5 ; & II. Liv. des Rois, VIII, 1 ; & il semble qu’ils étoient de la Satrapie de Gaze qui étoit la plus méridionale. C’est le sentiment de Junius, de Piscator, de Malvenda, de Tostat, de Kimhhi, de Vatable & de Ménochius.

Pour les autres Céréthiens, on ne sait pas trop ce qu’ils étoient. Les uns veulent que ce soit un nom appellatif, & d’autres un nom propre. Des premiers est le Paraphraste Chaldaïque Jonathan, qui traduit Cerethi par Archers, & Philethi par Frondeurs ; l’Arabe traduit Cerethi par des gens nobles, libres ; d’autres, Conseillers du Sanhédrin. Il semble que ç’ait été l’opinion des Septante. Josephe les appelle Gardes du corps, σωματοφύλακας. Ceux qui le suivent, conjecturent qu’ils étoient ainsi appellés de כרת, exscindere, parce qu’ils étoient toujours prêts à punir les coupables. Munster, Vatable, Pierre Martyr, Ménochius rapportent cette opinion, ou la suivent.

Ceux qui croient que c’est un nom propre disent, que ce sont des compagnies, des troupes de ces Cérèthes Philistins, dont nous avons parlé, que David avoit à son service, comme le Roi a des Etrangers pour sa garde. Forsterus, Cornelius à Lapide & Tirin, suivent ce sentiment. Pierre Martyr ne croit pas que David eût choisi des Païens pour Gardes. Junius croit que c’étoient des Israélites, qui demeuroient parmi les Philistins. Serrarius dit que ce sont les mêmes qui sont appelés Géthéens, II L. des Rois, XV, 18, & il conjecture que ces noms leur ont pu être donnes des lieux où ils avoient demeuré avec David. Du reste, Grotius croit que, si l’on accorde que c’étoient des Philistins, on peut dire que les Crétois en sont descendus. Mais il n’en a d’autres preuves que la ressemblance du mot, & l’habileté des Crétois à tirer de l’arc, que les Septante semblent aussi attribuer aux Céréthiens. Il paroît plus probable que c’étoient des troupes de ce peuple qu’on nommoit כרתים, Céréthim, Céréthiens, & dont parle le premier Livre des Rois, XXX, 14. Il habitoit vers le midi de la tribu de Juda, comme nous l’avons dit. Ainsi il ne faut point distinguer des Cérèthes ou Céréthiens de deux sortes.

Nos Interprètes disent Céréthiens. Car nous avons fait une irruption vers la partie méridionale des Céréthiens, I des Liv. des Rois XXX, 14. Tous ces Officiers marchoient auprès de lui, les légions des Céréthiens & des Phélétiens, & les six cens hommes de pied de la ville de Geth, II Liv. des Rois, XV 18. Banaïas, fils de Joada, commandoit les Céréthiens & les Phélétiens, II Reg. VIII. Sacy. c. 18. Les Traducteurs de Genève & les Desmarets écrivent Kéréthiens ; mais en hébreu, c’est un כ, & non pas un ק. On trouve Cérèthes & Céréthéens dans les Mém. de Trévoux.

CERF, subst. masc. L’f ne se prononce pas. Animal sauvage, qui est fort léger à la course, & qui porte un grand bois. Cervus. Le cerf a le devant de la tête plat, sur laquelle il porte un grand bois qu’il met bas tous les ans vers le mois d’Avril. Il a le pied fourchu, le cou long, de petites oreilles, & la queue courte. Il est de la taille d’un bidet ; de poil brun, fauve ou rougeâtre. Il aime le francolin, & hait l’aigle, le vautour, le bélier, les chiens & les tigres. La femelle du cerf s’appelle biche. Cerva. Le petit cerf s’appelle faon. Hinnulus. Jean-André de Grabe, Médecin d’Erford, a fait un Traité de la description du cerf, tant physiquement que médicalement, qu’il appelle Elaphographie.

☞ Le petit du cerf ne s’appelle faon que jusqu’à six mois. Alors les bosses commentent à paroître, & il prend le nom de hère. A la seconde année, quand ses dagues sont alongées en dagues, il prend le nom de Daguet. Cervus bimulus. En la troisième, quatrième & cinquième année, c’est un cerf à sa première, seconde ou troisième tête. Cornua præfert senis & octonis palmitibus bracchiata. La sixième année, on l’appelle cerf de dix cors jeunement. Sexennis cervus decem palmitibus bracchiata præfert cornua recentia. La septième, cerf de dix cors. Septennis decem ramoriun cornua exhibet. La huitième, on l’appelle grand cerf ; & la neuvième, grand vieux cerf ; après lequel temps sa tête n’augmente plus. On connoît leur âge à la grosseur du merrain, à la profondeur des raies qu’il a aux meules, aux andouillers qui en sont le plus près, à la quantité des chevilles, surtout au haut de leurs têtes, qui sont, les unes couronnées, les autres à ramures. On dit qu’un cerf n’a point de refus, quand il est chassable, & en saison.

Ce mot vient du latin cervus, qui vient du grec κεραός, de κέρας, cornu, corne. Corne. Cervus, un cerf, prend son origine du celtique caru, & caro. Pezron.

Un bois de cerf est le terme dont les Chasseurs appellent ce que les Tablettiers appellent les cornes. Cervi cornua. Et l’on appelle Raclure de corne de cerf, ce qui en sort quand on râpe ce bois. On appelle aussi une tête de cerf, le bois d’un cerf : & on dit qu’un cerf pose son bois ou sa tête, ou met bas, quand ce bois lui tombe ; & on dit alors qu’il fraie & décroûte sa tête. Cadentis cervini cornu tempestas. On appelle une tête bien née, bien semée, quand elle est également marquée en ses deux perches. La perte du bois des cerfs vient de ce que tous les cerfs ont des vers qui s’engendrent sous la langue auprès de la nuque du cou, gros comme ceux des chairs corrompues. Il y en a environ une vingtaine qui se tiennent l’un à l’autre tout en un tas. Ils rongent la racine du merrain. Lorsque ce bois est tombé, de ces mêmes vers s’engendre une grosse masse de chair, qu’on nomme le revenu, reditus ; puis peu-à-peu la tête s’alonge, les meules se forment, & la tête se couvre d’une peau qu’il frotte contre les arbres. Cela s’appelle frayer, affricare & l’on connoît la hauteur d’un cerf à celle des lieux où il a frayé. Quand toute cette peau est tombée, il brunit son bois dans les charbonnières, dans les terres noires ou roussâtres. Grabe, dans son Ἐλαφογραφια, rapporte la cause de la chûte, & le renouvellement du bois des cerfs, à un suc plein de sel dont cet animal abonde, ainsi qu’il paroît par la quantité de sel volatil qu’on tire de ses cornes, de son sang & de son urine, lequel cessant de fournir chaque année en certain temps l’aliment nécessaire aux cornes, les détache de leur lieu, les pousse ensuite dehors, & en fait naître de nouvelles à leur place ; de même à-peu-près que les sucs qui montent au printemps dans les arbres, produisent de nouvelles feuilles, & de nouveaux fruits à la place de ceux qui sont tombés. Les cerfs choisissent les lieux les plus bas & les plus ombrageux, afin d’éviter les mouches, & ils ne vont que de nuit aux viandes, comme n’osant se montrer jusqu’à ce qu’ils aient recouvré leurs cornes.

On appelle la meule du cerf, la bosse qui est sur sa tête, d’où sort le merrain, la perche, ou le fruit de son bois qui produit la ramure. Matrix cervini cornu, imus torus & summa radix cervini cornu. Antouillers ou andouillers, sont les premières branches du bois du cerf, près de la meule. Primarius pollex cervini cornu. Surandouillers, les secondes branches. Secundarius pollex cervini cornu. Celles qui sont au-dessus, s’appellent Chevillure. Cervini cornu digitus. Enfourchure. Bifidus apex cervini cornu. Trochure. Cervini cornu trifidum aut quadrifidum cacumen. Paumure. Apex cervini cornu palmatus. La couronnure se dit des épois ou branches qui sont à la cime en guise de couronne. Cervini cornu apex coronatus. Epois de tête de cerf, sont les cors ou cornichons de la couronnure, paumure, trochure, & enfourchure de tête. Cervini cornu fusi coronarii. On appelle tête affourchie, celle qui représente une fourche. Cervinum cornu bifidum. Les têtes contrefaites s’appellent simplement têtes, La pince du cerf, c’est l’extrémité de l’ongle d’en-bas sur le devant. Antica & ima pars cervinæ ungulæ. Le talon, le côté du pied ou les os. Unguis cervi posticus, cervinum calcar.

Cerf. (Fumées de) Torches ou Plateaux, sont la fiente du cerf. Cervinum stercus. Mue de cerf, c’est la chute de sa tête, pendant laquelle il se recèle & demeure caché dans son buisson. Cervini cornu interitus. Les marques de la piste du cerf sont les portées, les fumées, les allures, les foulées, les fuites & sa manière de marcher. Il dresse plus volontiers ses fuites & sa manière de marcher. Il dresse plus volontiers ses fuites par les grands chemins : car il va toujours à côté, & jamais dans les pistes des autres. On appelle aussi pieds de cerfs, les voies & les marques qu’il a empreintes sur terre en marchant. Vestigia cervini pedis. Le cerf n’a point de vessie de fiel ; mais au bout de sa queue on trouve un ver tirant à la couleur de fiel qui est un poison aussi dangereux que le napellus.

Cerf. (Rut de) C’est la saison où le cerf est en chaleur & cherche la femelle. Cervini venerem patientis & æstuantis tempestas. On appelle daimtiers, les testicules du cerf. Cervini testiculi. Les cerfs privés de leurs daimtiers ne muent plus leur tête ; ou ils sont alors sans tête, il ne leur en revient plus de nouvelle.

Cerfs. (Hordes de) Ce sont des cerfs qui vont en troupe, particulièrement, quand il neige. Cervorum agmen. On appelle lancer le cerf, quand on le fait partir. Le cerf qu’on a lancé s’appelle droit. Celui qu’on rencontre en chemin s’appelle le change. On dit aussi qu’un cerf est au ressul, quand il est au soleil après la rosée, ou après sa course. Cervi ab silvestri madore apricantis statio. On appelle muse de cerf, la triste contenance où il se trouve tandis qu’il est en amour. On dit aussi que le cerf fait le rouge, pour dire, qu’il rumine. On appelle le lit, la chambre, ou la reposée du cerf, son fort, sa demeure, un lieu les arbres & les herbes sont toufus.

On appelle aussi écuyer de cerf, un jeune cerf en compagnie d’un vieux. Quelques-uns l’appellent broquart. Il a un petit bois fort pointu.

On dit que le cerf est de bon temps, ou de hautes erres, quand il va vîte & loin, ou quand les pistes sont fraîches : qu’il va de vieux temps, quand il va deçà & de-là, est incertain dans sa course. On dit, démêler & redresser le cerf, pour dire, quitter le change, & fraper à route.

On lève le pied droit du cerf pour présenter au Seigneur ou Maître de la chasse. Le massacre, qui est la tête séparée du corps, est le droit du Véneur qui a détourné le cerf. Il en fait le premier droit à son limier. Les menus droits sont la langue, le mufle & les oreilles. Le cimier est le dessus du dos approchant des cuisses. La nappe du cerf, c’est sa peau. Pellis cervina. On ôte le parement du cerf, c’est-à-dire, une chair rouge qui est attachée à sa peau, quand on fait la curée.

On dit qu’un cerf prêt à se rendre, va feignant son corps, lorsqu’en chancelant il fait de grands bonds, de grandes glissées, & donne des os en terre : qu’il est aux abois, quand il est las & qu’il n’a plus la force de courir. Viribus defecti cervi extrema necessitas : & qu’il pleure quand il est en cet état, comme s’il demandoit grâce par ses larmes. Aristote dit que la branchure gauche du cerf n’a pu encore être trouvée, & qu’il l’enterre & la cache, comme étant propre à la Médecine : de-là vient qu’on dit en proverbe, qu’une chose est au lieu où le cerf a posé sa tête ; pour dire, qu’elle est mal-aisée à trouver. Les cerfs ont la moitié de leur tête à la mi-Mai, plutôt ou plutard, selon que le climat est plus ou moins chaud, ou qu’ils sont plus jeunes ou plus vieux. Il faut remarquer que tous les cerfs d’un pareil âge se mettent ensemble, les daguets avec les daguets, les cerfs de dix cors jeunement avec leurs semblables, & ainsi des autres. Ils ne se séparent qu’au printemps pour prendre buissons & faire leurs têtes. Le cerf est d’un tempérament chaud & sec, & d’un naturel très-violent & colère ; sur-tout dans le temps de sa chaleur, où l’on a trouvé quelquefois des cerfs qui se battoient avec tant de furie, que leurs têtes demeuroient croisées & embarrassées l’une dans l’autre sans qu’on pût les séparer. Ce temps commente à la fin du mois d’Août, & continue les autres suivans. Matthiole dit que les cerfs traversent la mer en troupe, & se soulagent les uns & les autres, en mettant leurs têtes sur le derrière de ceux qui vont devant : qu’ils vont ainsi de Sicile en Chypre. Ils vivent plusieurs siècles, puisque Pline dit qu’on en a trouvé qui avoient des colliers d’or qu’Alexandre leur avoit fait mettre, qu’on a pris plus de cent ans après sa mort, & que ces colliers étoient recouverts de leur peau. On en a trouvé de semblables en Allemagne & en France. Charles VI chassant dans la forêt de Senlis, prit un cerf qui avoit un collier de cuivre doré avec cette inscription latine, Cæsar hoc me donavit, c’est-à-dire, César m’a donné ce collier. Il n’y a pas d’apparence, dit Mezeray, que ce fut Jules César, ou Charlemagne, comme quelques-uns l’ont cru ; c’étoit plutôt quelqu’Empereur d’Allemagne beaucoup plus moderne, dont le cerf avoit passé en France. Selon Grabe, dans sa Description du cerf, la cause de cette longue vie est l’abondance d’un sel balsamique ou préservatif dont la nature les a pourvus au-delà de tous les autres animaux. ☞ Cet Auteur, comme bien d’autres, a trouvé la raison de ce qui n’est pas, tout ce qu’on a débité sur la longue vie des cerfs, est aujourd’hui regardé comme une fable. Pline dit aussi que ce sont les cerfs qui ont montré la propriété du dictame pour guérir les plaies des flèches. Il y a un si grand nombre de cerfs au royaume de Siam, qu’on y en tue tous les ans plus de cent cinquante mille, dont on envoie les peaux au Japon. Il y a aux Indes Occidentales des cerfs privés qu’on élève dans les maisons & qui vont paître à la campagne sous la conduite des Bergers, & qu’on ramène le soir ; & du lait des biches on en fait du fromage. Herrera. Virgile suppose des troupeaux entiers de cerfs en Afrique, quoique l’Histoire naturelle nous apprenne qu’il n’y en eut jamais. On prétend que Castor est le premier qui ait monté à cheval pour courre le cerf.

Il y a un cerf de Canada, qui a quatre pieds de haut, de son bois trois pieds, & ses andouillers un pied. Il y en a six à chaque perche. Pline & Aristote disent que c’est le plus grand nombre que les cerfs en peuvent porter. Cependant il y en a ici qui en portent jusqu’à vingt-deux. Ce bois est couvert d’une peau fort dure, & garnie d’un poil épais & court. On en a disséqué un à l’Académie des Sciences, où on n’a trouvé que deux ventricules fort distincts, quoique ce soit un animal ruminant. Ses intestins pris tous ensemble, avoient quatre-vingt-seize pieds de long. On y a trouvé plusieurs pièces de cuir, de la grandeur d’un écu blanc ; des morceaux de plomb grands comme l’ongle, qui paroissoient usés & rongés, & quelques fragmens d’ardoises : ce qui fait croire qu’ils amassent à la hâte leur nourriture, & qu’ils l’épluchent à loisir.

Il y a une espèce particulière de cerfs en tout semblables aux autres, sinon qu’ils sont barbus, & ont tout le poil de l’estomac long, de même que les boucs. Les Anciens les appeloient Tragelaphus, c’est-à-dire, Bouc-cerf. Il ne s’en trouvoit, selon Pline, liv. VIII, ch. 34, que le long du Phase, fleuve de la Colchide, aujourd’hui de Mingrélie : mais on en voit aussi dans les montagnes de Bohème & dans la Misnie.

La raclure de corne de cerf est un remède astringent. On en fait aussi de la gelée qu’on appelle de poisson, qui est bonne au goût, mais qu’on rend de même qu’on l’a prise. On estime fort en Médecine la moelle de cerf ; & on tient que l’os du cœur d’un cerf favorise l’accouchement. Un Médecin du Nord prétend que la corne de cerf est une vraie panacée, & qu’on a raison de la nommer ainsi. Voyez Grabe, Ἐλαφογραφια, sive Cervi Descriptio physico-Medico-Chymica, où il explique la nature, la qualité & les divers usages que l’une & l’autre Pharmacie peuvent tirer des diverses parties du corps du cerf, de ses larmes, de son sang, de son urine, & même de ses excrémens. On trouve aussi beaucoup d’antiquités sur les cerfs & les biches dans Vossius, De Idol. Lib. III, cap. 49, 56, 57, 58, 59, 61, 62, 63, 65, 67, 68, 69, 73, Lib. IV, cap. 59, 61.

La chair des petits cerfs qui sont encore sous la mère, c’est-à-dire, des faons, lactantes, est la meilleure. Ceux d’un an sont encore bons ; on les nomme encore jeunes à trois ans ; mais alors leur chair commence à durcir. Celle des vieux cerfs est dure, difficile à digérer, fait un mauvais suc, mélancholique & atrabilaire. Les chairs de cerf ne valent rien pendant les mois d’Août, de Septembre & d’Octobre qu’ils sont en rut ; parce qu’alors non-seulement elles sont plus sèches, & plus dures qu’en une autre saison, mais encore parce qu’elles sont d’une odeur plus forte & plus puante que celle du bouc. En quelque saison que ce soit, l’on n’estime des vieux cerfs que la langue, le mufle & les oreilles : ce que l’on nomme, en termes de Vénerie, les menus droits ; & l’on y ajoûte tout au plus le cimier, qui est le dessus du dos approchant des cuisses. A l’égard des faons, le meilleur manger sont les filets, ou la longe. Et si on les châtre, & qu’on les apprivoise à l’âge de trois ans, ils s’engraissent, & leur chair est bien meilleure. De la Mare, Traité de la Police, Liv. XXIII, ch. 1.

Sur les médailles, le cerf marque Ephèse, & les autres villes où Diane étoit singulièrement honorée. P. Jobert. Les revers qui ont pour inscription, Dianæ Cons. Aug. ont pour type un cerf ; telles qu’on en voit un très-grand nombre de Gallien.

Un cerf qui de son souffle chasse un serpent, selon l’opinion des Naturalistes, avec ce mot espagnol, con el soflo l’ahuysenta, c’est-à-dire, De son souffle il le met en fuite, est dans Picinelli la devise d’un guerrier, devant qui les ennemis ne sauroient tenir. Saint Charles Borromée, dans l’Académie des Affidati de Pavie, prit un cerf, qui mordu d’un serpent, court à une fontaine, avec ce mot : Una salus.

On appelle dans le Manège, mal de cerf, un rhumatisme, qui tombe sur les mâchoires & sur le train de devant d’un cheval.

En termes de Blason on dit, un cerf sommé, c’est-à-dire, ramé de 9, 10, 11, ou 13 cors ; quelquefois sans nombre. Cervus cornua novent, decem, undecim, aut tredecim palmitibus brachiata præferens. Quand on n’y met que la tête seule ; elle doit montrer les yeux & les deux oreilles, & alors plusieurs l’appellent Massacre. Obversum cervii caput.

On dit proverbialement, au cerf la bière, & au sanglier le mière, ou le barbier ; pour dire que les plaies que fait le cerf sont mortelles : car le Mière ou Mire signifioit autrefois Médecin. On dit aussi qu’un cerf bien donné aux chiens, est à demi-pris.

Cerf-volant, s. m. Prononcez cer volant. Petit animal, sorte d’escarbot, ou insecte volant, ainsi appelé, parce qu’il porte des cornes dentelées semblables à celles d’un cerf. Scarabæus Lucanus ou cornutus, ou corniger. Il ne s’en sert pas pour fraper, mais pour pincer, parce qu’elles sont mobiles, &e peuvent s’approcher l’une de l’autre. Scaliger l’appelle βοῦς ξυλοφαγος, & Cardan taurus. Le mâle a des cornes, mais la femelle n’en a point. Leurs aîles sont pliées & renfermées dans une écaille comme dans une espèce d’étui, qui s’ouvre quand ces insectes veulent voler. Il a une espèce de trompe ou langue qui lui sert pour prendre sa nourriture, qui est une humidité qui découle des chênes. Swammerdam fait voir vingt-une sortes de boucs ou de chèvres volantes qui ont des cornes fort longues, branchues, semées de petites pointes ou boutons.

Il y a une espèce de cerf-volant dans la Virginie, dont le chant est si aigu & si fort, que tout le bois en retentit.

Cerf-volant est aussi un jouet d’enfans, qu’ils font avec de l’osier & du papier qu’ils attachent à une corde, & qu’ils font voler en l’air ; cet instrument est plat en ovale, un peu plus alongé par un bout que par l’autre : l’osier ne sert que de cadre pour soutenir le papier qu’on colle dessus : au bout alongé on attache une longue queue de papier, qui est quelquefois de différentes couleurs. Ludicra scarabæi Lucani in auras volantis effigies.

Cerf-volant. Terme de Tanneurs. C’est ainsi que les Tanneurs & les autres artisans qui font commerce de gros cuirs, appellent les cuirs tannés à fort fair, & dont ils ont ôté le ventre.

Taureau-Cerf, Pourceau-cerf. Voyez Taureau & Pourceau.

CERFEUIL. s. m. Chœrophyllum sativum, Cerefolium. Plante potagère, dont la racine est blanche, grosse comme le petit doigt à son collet, longue, fibreuse, âcre au goût, & qui donne des feuilles tendres, plus finement découpées que le persil, un peu velues, d’un vert plus gai, d’une odeur & d’un goût aromatique. De leur centre partent une ou plusieurs tiges, hautes de deux pieds au plus, minces, cannelées, creuses, lisses, noueuses d’espace en espace, divisées en quelques branches, qui d’abord naissent alternativement des aisselles des feuilles, mais qui sont opposées aussi-bien que les feuilles en approchant du haut. Elles portent de petites ombelles blanches, composées de cinq pétales inégaux fendus en deux, & disposés en manière de fleur de lis de France. A ces fleurs succèdent des fruits longs de demi-pouce, sur demi-ligne environ de largeur, faits en manière de bec d’oiseau, lisses & glabres, composés de deux semences aplaties par l’endroit qu’elles se joignent, convexes sur leur dos. Leur odeur & leur goût est douçâtre & aromatique. On mêle le cerfeuil parmi les herbes potagères, pour relever le goût de celles qui sont un peu fades ; ses feuilles sont employées dans les bouillons apéritifs & rafraichissans. L’eau de cerfeuil purifie le sang en provoquant les urines & les sueurs ; ses racines sont aussi apéritives & diurétiques, de même que ses semences.

La Quintinie distingue deux espèces de cerfeuil, le cerfeuil ordinaire, & le cerfeuil musqué, Tom. II, p. 274.

L’un & l’autre cerfeuil ne se multiplie que par graine. Celle du cerfeuil ordinaire est noire, fort menue & assez longuette, rayée dans sa longueur ; elle vient sur ses pieds en automne, & se forme & mûrit dans le mois de Juin. Celle du cerfeuil musqué est longuette, noire & assez grosse. Sa racine est d’une saveur agréable.

☞ Il y a aussi un Cerfeuil sauvage qui croît dans les haies & les vergers. Il a à peu près les mêmes caractères extérieurs que le cerfeuil ordinaire. Il est amer & âcre au goût. Quelques Auteurs le regardent comme venéneux.

CERFOUETTE. Voyez Serfouette.

CERFOUIR. Voyez Serfouir.

CERFROI. Célèbre Monastère du Diocèse de Meaux chef de tout l’Ordre des Mathurins, ou de la Sainte-Trinité. On l’a mal appelé en latin Cervus frigidus, ce doit être Cerfredum. Voyez Dom Duplessis Hist. de l’Egl. de Meaux, Tom. I, p. 172 & 131.

CERIACA. s. m. Arbre qui fleurit blanc, & qui porte des fleurs qui ont de l’air de la feuille appelée étoile.

CERIGO. Île de la Méditerranée sur la côte de la Morée, & dans le canal qui est entre cette presqu’île & l’île de Candie, au midi du cap Malio. Cythera. Nous cinglames avec un vent assez favorable jusques à la première Ile de l’Archipélague, appelée autrefois Porphyris, depuis Cythère, & maintenant Cerigo, où, selon les Poëtes, Vénus aborda dans une coquille. Du Loir, p. 3. Cette île est située à la plage Laconique entre le promontoire Tænarlum, maintenant appelé cap de Matapan, & celui de Malea, à présent Malio, dont elle est plus proche. Elle n’est pas fort grande ; mais elle étoit autrefois d’une si grande importance pour les Lacédémoniens, qu’elle servoit de rempart à leur ville capitale, & de havre à tous les vaisseaux qui revenoient d’Egypte & de Libye. Ils y envoyoient tous les ans un Magistrat, pour rendre la justice & pour commander la garnison qu’ils y entretenoient. Les Athéniens s’en rendirent maîtres, & la firent tributaire l’an 8e de la guerre Péloponnésiaque. Idem. p. 3 & 4. Elle étoit aux Vénitiens quand Du Loir écrivoit ; elle est maintenant aux Turcs. Il n’y a rien de rare en tout ce qu’elle contient, qu’une grotte prise dans la montagne, qui regarde le port de l’autre côté du Château ; elle a plus d’une demi-lieue de profondeur, & est percée d’un bout à l’autre. Les habitans y ont bâti un Couvent de Caloyers, parce qu’ils croient que Saint Jean l’Evangeliste l’ayant choisi pour sa retraite, y commença son Apocalypse, & que Dieu, pour survenir à la nécessité de ce grand Apôtre, fit miraculeusement dégoutter du haut du rocher, de l’eau, qui tombe encore tous les jours en quantité suffisante à la soif de l’homme. Du Loir, p. 4 & 5.

☞ CERILLI. Petite ville de France, Diocèse de Bourges, à deux lieues de Bourbon l’Archambault.

CERIN. Voyez Serin.

CERIN. s. m. Nom d’homme. Quirinus. S. Quirin, que nous nommons S. Cerin, fut compagnon du martyre des Saints Nicaise & Pientie. C’est dans le Vexin François qu’ils soufrirent au IIIe ou IVe siècle.

CÉRINTHIENS. Anciens Hérétiques qui ont pris leur nom de Cérinthe, contemporain de S. Jean. Cérinthe fut un zélé défenseur de la Circoncision, aussi-bien que les Nazaréens & les Ebionites. Saint Epiphane rapporte de lui qu’il fut le chef d’une faction qui s’éleva à Jérusalem contre Saint Pierre, à l’occasion de quelques Incirconcis avec lesquels cet Apôtre avoit mangé. Il est marqué dans l’Histoire des Actes, que les fidèles circoncis disputoient sur ce sujet contre lui ; à quoi Saint Epiphane a ajoûté que Cérinthe fut l’Auteur de cette dispute, lorsqu’il étoit encore du nombre des fidèles. Il croyoit que Jésus étoit un pur homme, fils de Joseph & de Marie ; mais que dans son Baptême une vertu céleste descendit sur lui sous la forme d’une colombe, ensorte qu’il fut alors comme sacré par le Saint Esprit & fait Christ. Ce fut par le moyen de cette vertu céleste qu’il fit tant de miracles ; & comme elle étoit venue du Ciel, elle le quitta après sa passion & s’en retourna au lieu d’où elle étoit venue. Il croyoit donc que Jésus, qui étoit un pur homme, étoit véritablement mort, & qu’il étoit aussi ressuscité ; mais que Christ, qui étoit distingué de Jésus, n’avoit point souffert.

Quelques anciens Auteurs ont attribue à Cérinthe le livre de l’Apocalypse, croyant que, pour autoriser les rêveries touchant le regne charnel de Jésus-Christ sur la terre, il avoit publié des ouvrages sous le titre d’Apocalypses, où il débitoit ses visions touchant ce regne charnel, & il prétendoit être un grand Apôtre, qui avoit reçu de Dieu ces révélations. Voyez Eusebe, Liv. III de son Hist. Ecclesiast, c. 28. S. Epiphane traite Cérinthe d’homme sans entendement, & qui se contredit ; parce qu’il dit que Jésus-Christ a véritablement souffert, & qu’il a été crucifié, mais qu’il ne ressuscitera qu’au temps de la résurrection générale, lorsque tous les hommes ressusciteront. Le même S. Epiphane observe que quand un Cérinthien mouroit sans avoir été baptisé, on baptisoit quelqu’un en son nom ; ils croyoient satistaire par-là au précepte du baptême. C’est le sens qu’ils donnoient à ces paroles de Saint Paul dans sa première Epitre aux Corinthiens, c. 15, v. 29. Si les morts ne ressuscitent point, pourquoi donne-t-on le baptême pour eux.

Les Cérinthiens recevoient l’Evangile de Saint Matthieu, mais ils en avoient ôté la généalogie de Jésus-Christ : ils s’appuyoient sur cet Evangile pour prouver que les Chrétiens devoient être circoncis, puisque Jésus-Christ, qui étoit leur maître, avoit été circoncis ; ils ne recevoient point les Epitres de Saint Paul, parce que cet Apôtre avoit aboli la circoncision. Consultez Saint Epiphane, hær. 18.

CERISAIE. s. f. Lieu planté de cerisiers. Locus cerasis consitus. J’ai une belle cerisaie. Voilà une cerisaie bien étendue. Liger.

CERISE. s. f. Petit fruit rouge qui mûrit des premiers au printemps. Cerasum. Sous ce nom général on comprend les guignes, les bigarreaux, les cerises, les griottes les guindous, les cœurets & les merises. Les griottes du Dauphiné & de l’Italie sont la même chose que ce qu’on appelle en France cerise. La guigne est une grosse cerise noire, douce, dont le noyau est rouge. Son arbre a le bois plus gros, & sa feuille plus large & plus brune que les autres. Il y a des guignes blanches, rouges & noires, qu’on grèfe sur les merisiers qu’on trouve dans les bois. On les appelle en Toscane machines & durassines, que l’on comprend sous le nom de cerise. Il y a aussi des merises qu’on apppelle en italien corbines, qui sont plus menues, douces & fermes, & qui noircissent les lèvres. Il y a une cerise à bouquet qu’on appelle jemelle, dont quelques-unes sont hâtives & précoces. Il y a une cerise blanche, qui étant très-mûre, devient ambrée & jaunâtre. La cerise de Portugal est la plus belle & la plus grosse, & la meilleure de toutes ; & sa couleur est d’un incarnat admirable mais elle charge peu. La cerise de Montmorency est grosse & tardive, à courte queue, & la plus estimée. On la nomme en quelques endroits coulars. Les guindous sont des cerises du Languedoc, qui sont fort douces & grosses, & d’un rouge-brun, fort estimées. Le bigarreau est une espèce de cerise plus longue & plus dure, qui noircit & durcit en mûrissant. Il y a un bigarreau tardif, ou de fer, qui mûrit plus tard, & qui n’est pas si sujet aux vers que l’ordinaire. Il est d’un goût excellent, & fait un bel arbre. Le cœuret, est une espèce de bigarreau plus rendre, & fait en cœur, dont le goût est relevé. Son bois est plus gros, & sa feuille plus large. Il y a enfin une cerise bleue, qui est plus rare qu’aucune autre, qui est venue depuis peu de Flandre, & est d’un goût délicieux. Cependant dans l’usage on n’appelle cerise, Cerasum, que le fruit du cerisier. Voyez Cerisier.

Les premières cerises furent apportées par Lucullus de Cerasunte, ville de Pont, après qu’il eût vaincu Mithridate, à ce que dit Pline : d’où vient qu’elles en portent encore le nom en Latin, cerasum. Cerise hâtive, cerise précoce, cerise tardive. En Angoumois on appelle guignes ce que nous appelons cerises. Bartholin dit que pour avoir du vin de cerise fort délicat, il faut l’entonner dans des muids faits du bois de cerisier, qui lui communique sa qualité. On en fait encore en mettant 12 à 15 livres de cerises mondées de leurs queues & de leurs noyaux, dans un demi-muid de bon vin blanc, avec ces mêmes noyaux cassés. Un mois après ce fruit a communiqué au vin sa qualité rafraichissante & apéritive ; & outre sa couleur agréable, & son goût délicieux, il a des effets surprenans, sur-tout pour tempérer les reins, & pour en vider les sablons, les glaires, & les petites pierres qui s’y forment quelquefois.

Le mot allemand kerse & kirse, & le françois cerise, sont pris du celtique kiris. Pezron.

La Quintinie dit quelquefois cerise, pour cerisier, & alors il le fait tantôt masculin & féminin. Six cerises, tardifs, deux cerises hâtifs, quatre cerises hâtives, dit-il dans la même page & le même article ; mais mal. Il faut dire Cerisier, ou si l’on se sert du nom du fruit en parlant de l’arbre, il faut le dire au pluriel, & le faire toujours féminin. Par exemple : Quel arbre plantez-vous-là ? Ce sont des cerises hâtives ; & non pas, c’est un cerise hâtif. Quels arbres mettez-vous en cet endroit ? Je le destine pour des cerises hâtives, & non pas hâtifs.

Pêche-Cerise. s. f. Voyez Pêche.

CERISÉE. s. f. Lieu planté de cerisiers. Locus cerasis consitus. Cerisaie est mieux.

CERISETTE. s. f. Espèce de prune, dont la couleur est rouge. La Quint. C’est de là qu’elle a pris son nom.

CERISIER. s. m. Cerasus. Arbre étranger qu’on a communément dans les jardins & à la campagne, & qu’on dit avoir pris son nom de Cerasunte. Le Cerisier ordinairement croît d’une médiocre hauteur, surtout celui qui porte les fruits aigres ; au lieu que celui qui en porte de doux s’élève beaucoup plus haut : leurs troncs à tous les deux sont lisses, & couverts d’une écorce polie, & qui se gerse dans la vieillesse. De ces gersures découle une gomme transparente, un peu jaunâtre, elle se dissout dans l’eau comme la gomme arabique. On la nomme ordinairement gomme de pays Gummi nostras. Ces troncs se divisent ensuite en de grosses branches qui sont subdivisées en plusieurs rameaux, & dont l’écorce est d’un brun clair & poli, & d’un goût amer. Ces branches sont chargées de feuilles alternes, oblongues, entières, dentelées sur leur bord, lisses, d’un vert luisant en dessus, plus pâle en dessous, portées par des queues assez courtes. Ses fleurs sont à cinq pétales blancs, ou lavés d’un peu de pourpre, arrondies, de trois lignes environ de diamètre, soutenues par un calice verdâtre, à cinq pointes ; du milieu duquel s’élèvent plusieurs étamines qui environnent un pistil, dont la base renfermée dans le fond du calice est l’embryon, qui devient, après que la fleur est passée, un fruit charnu & succulent, qui renferme un petit noyau, dans lequel est contenu une semence ou amande. Ce fruit est proprement appelé la cerise.

Nous donnons différens noms françois aux espèces de cerises & de Cerisiers ; car on appelle ordinairement cerise la cerise aigre, Cerasium acidum ; & l’arbre qui la porte Cerisier, Cerasus sativa, fructu rotundo, rubro & acido. On nomme griotte, la cerise douce ; & l’arbre, le Griottier, Cerasus sativa, fructu majore ; les guignes Cerasa carne tenerâ & aquosâ. La chair en est tendre & pleine de suc. Son arbre se nomme le Guignier, Cerasus fructu aquoso. Les merises, ou cerises noires, Cerasia nigra, & l’arbre se dit le Mérisier, Cerasus major ac silvestris fructu subdulci nigro colore inficiente. Les bigarreaux ont la chair dure & ferme : on les appelle duraines dans quelques Provinces du Royaume, Cerasa crassa, carne durâ : l’arbre qui les donne, est appelé Bigarreautier, Cerasus fructu magno cordato. On confit, les cerises aigres ; on les conserve dans l’eau de vie ; & l’eau de vie empreinte de leurs sucs est la base du ratafia, sorte de liqueur qu’on boit après le repas. Les merises donnent une belle couleur au ratafia. Il y a d’autres espèces de cerises qui ne sont point bonnes à manger, telles sont les Cerises à trochets. Cerasa racemosa, rubra. Les feuilles de ce Cerisier sont plus larges que celles des autres espèces dont nous venons de parler. Ce qu’on nomme communément Bois de Sainte Lucie, est un arbre assez semblable au Cerisier à trochets. Ses fleurs & ses fruits sont pareillement disposés en grappe. Il vient dans les bois auprès de Genève, & dans le Lionnois. On fait plusieurs ouvrages avec son bois, qui a une odeur assez agréable, Cerasus racemosa silvestris, quibusdam aliis Padus. Les Parfumeurs emploient le fruit d’une espèce de Cerisier, différent encore de tous ceux-ci par ses feuilles & ses fruits. Cette dernière espèce devient un gros arbre : son bois est rougeâtre, un peu veiné, tendre, & d’une odeur pareille à celui du bois de Sainte-Lucie ; & peut-être les ouvriers confondent-ils ces deux bois. Ses branches sont garnies de feuilles assez semblables à celles du bouleau, un peu plus larges, plus arrondies, plus fermes, & d’un vert plus foncé & plus luisant en dessus, & d’une amertume très-grande. Ses fleurs sont blanches, petites, & d’une odeur agréable ; les fruits sont fort petits en comparaison des autres espèces, vert-brun d’abord, & d’un pourpre très-foncé & noirâtre dans leur parfaite maturité. La chair est très-amère, aussi-bien que le noyau, qui est la seule partie dont les Parfumeurs se servent pour relever l’odeur de leurs parfums. Ils appellent ce noyau le magalet, par corruption de mahaleb, Cerasus silvestris amara, Mahaleb putata. J. B. Cerisier à fleur double, ou Merisier à fleur double, sont des variétés qui ne dépendent que du nombre de pétales des fleurs de ces Cerisiers.

Les Cerisiers jettent aussi une gomme ou glu, & ne peuvent souffrir le fumier. Matthiole. Il y a un Cerisier à grappes, dont la fleur est belle, & vient en grappes comme le raisin ; mais son fruit est petit comme une merise. Il y a des Merisiers, aussi bien que des Cerisiers à fleurs doubles & fort belles.

On appelle Cerisiers de pié, ceux qui naissent de la racine d’autres Cerisiers. ☞ Les grosses griottes réussissent bien sur ces rejettons. Le vrai Cerisier se greffe plus ordinairement sur le Mérisier rouge qui est-très abondant en sève.

CÉRISOLES. Village des Etats de Savoie, situé sur une colline entre Carmagnole & Albe. Cerisola. La bataille de Cerisoles gagnée en 1544, le 14 d’Avril par les François sur les troupes de Charles V, a rendu ce bourg fameux.

☞ CERISY. Abbaye de France en basse Normandie, au Diocèse de Bayeux, entre Bayeux & Saint Lo, Elle est de grands Bernardins.

CERITES. s. m. pl. Cærites. Peuples d’Etrurie, qui durant la guerre des Gaulois, reçurent chez eux les Prêtres & les Vestales de Rome avec les statues des Dieux, & les instrumens de la Religion, ensorte que le culte des Dieux ne fut aucunement interrompu. Les Romains pour les récompenser, leur donnèrent le droit de Bourgeoisie dans Rome, sans cependant leur accorder celui de suffrage dans les assemblées du peuple, ni celui de pouvoir aspirer aux charges de la République. Strabon blâme les Romains d’avoir montré si peu de reconnoissance envers les Cérites, en quoi je trouve qu’il a raison. Car il me semble que c’étoit un deshonneur que d’être mis au rang des Cérites ; in Cæritum tabulas referri, puisque les Censeurs écrivoient sur le rolle des Cérites les plébéiens qu’ils effaçoient de leur Tribu, & les privoient par-là du droit de suffrage, de même qu’ils effaçoient de la liste des Chevaliers & de celle des Sénateurs, ceux de ces deux corps de la conduite desquels ils n’étoient pas satisfaits. Aulu-Gelle, Noct. Actic. 16, 13. De-là vient l’expression Cærite cerâ dignum, qui se dit de ce qui est méprisable. Horat. L. I, Ep. 6, v. 62.

CERMOISE. s. f. Terme de Fleuriste. Tulipe dont la couleur est incarnat, tirant au colombin avec du blanc de lait. Morin.

CERNAY. Ville de France dans la Champagne, à huit lieues de Rheims.

CERNAY. Voyez Perdrigon de cernay.

CERNE. s. m. Rond qui se trace avec quelque bâton sur la terre, sur le sable. Circulas, orbis. Il se dit proprement de ces figures que les Magiciens font avec leur verge enchantée pour y faire leurs charmes & leurs conjurations.

...... A minuit à la Lune
Va faire en terre un grand cerne tout rond. Marot.

On appelle aussi cerne les enceintes qu’on fait à la chasse. Circuitus.

Cerne. Terme de Fauconnerie. On appelle vol à grand cerne, celui des moineaux & des autres oiseaux qui vont haut & bas.

Ce mot, aussi-bien que celui de cerneau & cerner, vient de circinare, & de circinus, qui signifie compas qui coupe en rond, comme dit Ménage, après Scaliger & Nicot.

Cerne, se dit aussi du trait livide en forme de cercle qui se fait quelquefois autour d’une plaie, qui n’est pas en bon état, autour des yeux quand ils sont battus.

CERNEAU. s. m. La moitié d’une noix verte, qu’on tire de sa coque, & qu’on mange avec du sel, quand on l’a épluché. Juglandium nucleus è viridi putamine cultro eductus. On a servi un cent de cerneaux.

On appelle Vin de cerneaux, un vin fort & haut en couleur, qui est bon à boire sur l’arrière saison, au temps des cerneaux, comme ayant perdu sa vigueur, ou ses fumées. Vinum vehemens ac viridi coloris extremâ tempestate bibendum. Le vin d’Orléans est un vin de cerneaux.

CERNER. v. a. Faire un cerne avec quelque ferrement coupant par la pointe, pour en retirer ce qui est enfermé dedans. Enucleare, educere, eximere. On cerne les noix pour en tirer le cerneau. On cerne une pomme, une poire, pour en tirer ce qui est verreux ou pourri. Les Artisans appellent aussi cerner, couper en rond. Circumcidere.

On dit cerner un arbre par le pied ; pour dire, y faire un cerne tout autour, soit pour l’arracher tout-à-fait avec ses racines, soit seulement pour le mieux cultiver, y mettre de bonne terre, du fumier, &c.

CERNÉ, ÉE. part. On dit qu’une personne a les yeux cernés, quand elle a les yeux battus.

☞ CERNU. Petite ville d’Afrique, au Royaume de Maroc, dans la Province de Duquela.

☞ CERNY, Nom d’une petite ville de France, dans le Gâtinois Orléanois, à onze lieues de Chartres.

☞ CERO. s. m. Nom qu’on donne en Provence, principalement à Antibe, à un certain poisson de mer, du genre des tourds.

CEROENE. Voyez Ciroene.

CÉROFÉRAIRE. s. m. Ceroferarius. Terme de Liturgie. Le Céroféraire est la même chose que l’Acolythe. Voyez ce mot. S. Isidore de Séville dit que ceux que les Grecs appellent Acolythes, sont appelés Céroféraires par les Latins parce qu’ils portent les cierges, lorsqu’on doit lire l’Evangile, ou offrir le sacrifice. Céroféraire veut dire Porte-cierge, & ce mot vient de cereus, cierge ; & fero, je porte.

☞ CEROMA. Voyez Cérat.

CÉROMANTIE ou CÉROMANCE. s. f. Espèce de Divination ; art de deviner par le moyen des figures de cire. Ceromantia. Cardan dit qu’elle fut apportée de Turquie en ce pays-ci de son temps. Ce mot vient de κέρος, cire, & μάντεια, divination.

☞ On versoit goutte à goutte de la cire fondue dans un vase plein d’eau, & l’on tiroit de bons ou de mauvais présages des figures que ces gouttes formoient en se figeant.

☞ CÉROMANTIEN. s. m. Celui qui se vante de deviner par le moyen des figures de cire.

CERON. s. m. Voyez Suron.

CÉROPISSE. s. f. Emplâtre faite avec de la poix & de la cire. Κεροπίσσος. C’est avec cette sorte d’emplâtre que les Anciens faisoient leurs Dropaces. Ils en mettoient ordinairement une certaine quantité sur du linge ou de la peau, l’appliquoient sur quelque partie du corps & l’ôtoient ensuite, ce qu’ils réitéroient plusieurs fois, à dessein d’attirer au-dehors les humeurs ou les sucs qui servent à nourrir les parties, ou d’ouvrir les pores. Pour rendre cette emplâtre plus efficace, ils y employoient quelquefois des drogues acrimonieuses : par exemple, la pariétaire d’Espagne, du poivre, du sel ou soufre en poudre. Ils s’en servoient aussi pour faire tomber le poil, ou l’arracher.

CERQUEMANAGE. s. m. Terme de Coutumes. Circamanaria. Droit, ou exercice de la charge, ou office de Cerquemaneur. On trouve en quelques coutumes Cerquemage, cerquemenage, cherquemenage & cherquinmange ; pour cherquemanage.

CERQUEMANEMENT. s. m. Terme de Coutumes. Action de cerquemaner.

CERQUEMANER. v. n. Terme de coutumes. C’est faire descente sur les lieux avec jurés experts Cerquemaneurs pour régler les différents qui naissent au sujet des limites d’un héritage, d’une maison, d’un chemin.

M. Des Jaunaux fait venir Cerquemaner de chercher & de manoir.

CERQUEMANEUR. s. m. Terme de Coutumes en Flandre & en Picardie. Circamannus. C’est un juge ou Expert & Maître-Juré, qu’on appelle pour planter les bornes d’héritages, ou pour les rasseoir & les replanter, & qui a quelque juridiction pour juger les différens qui peuvent naître à ce sujet. Il a à sa suite des Sergens & un Greffier. Il y en a encore en Picardie & en Flandre, & il en est fait mention dans les Coutumes de Mons, de Cambrai, de Valenciennes & autres.

Ce mot vient de circare agrum ; pour dire, mesurer un champ ; & de man, qui signifie homme en Allemand & en Flamand.

CERRE. s. f. Terme de Botanique. C’est une espèce de chêne, dont les feuilles ressemblent à celles du chêne commun ; mais elles sont plus longues, & ont des découpures plus fines & plus profondes. Son gland est fort amer, & fort desagréable, presque tout engagé dans une calotte, qui est garnie & entourée d’aiguillons larges, de couleur cendrée. Quelques-uns appellent ces calottes vallons, ou gallons. On s’en sert au lieu de galles pour teindre les draps en noir ; mais la teinture n’en est pas bonne & se perd bientôt. On s’en sert aussi comme de l’écorce du chêne pour corroyer les cuirs. En latin cerrus mas majore glande. Il y a une autre espèce de cerre qu’on nomme cerrus femina minore glande.

CERS. s. m. Vieux mot qui signifie vent de bise. Boreas, Aquilo. On a dit ciers & sers dans le même sens. Borel dérive le mot de cers de Circius ventus.

☞ CERTAIN, AINE. adj. Certus, minimè dubius, indubitatus. Véritable, dont on ne doit point douter. Ce mot considéré dans cette signification qui a rapport à la réalité de la chose, est synonyme aux mots assûré & sûr ; mais certain semble mieux convenir à l’égard des choses de speculation & partout où la force de l’évidence a lieu. Les premiers principes sont certains ; ce que la raison démontre l’est aussi. L’homme docte doute de tout ce qui n’est pas certain. La justesse du raisonnement consiste à ne poser que des principes certains, pour n’en tirer ensuite que des conclusions nécessaires. M. l’Abbé Girard Syn. Deux & deux sont quatre ; 9 multiplié par 9 est égal à 81 ; l’effet ne sauroit être avant sa cause, &c. ; sont des principes certains. Voyez Certitude, Sûr & Assuré.

Certain se prend quelquefois comme substantif. Il ne faut jamais quitter le certain pour l’incertain, c’est-à-dire, un peu de réalité vaut mieux que beaucoup d’espérance.

Certain se dit aussi dans un sens vague d’une personne, ou d’une chose en général ; de ce qu’on ne sait pas avec une entière certitude ; ou d’une chose qu’on tient assurée au fond, mais dont on ne connoît pas bien toutes les circonstances. Quidam. Prenez garde que de certaines gens qui ont tant de plis & de replis dans le cœur, n’ont jamais l’esprit juste. Le Ch. de M. Il y a une si grande diversité