Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/341-350
pages 331 à 340
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CÉDON. s. m. Petite plante qui fleurit blanc, & en pyramide. Il faut écrire sedum.
CÉDRAT. s. m. Espèce de citronnier, dont le fruit est très-doux & odoriférant. Malum citreum dulcissimà medullâ. Quelques-uns écrivent Cédrac, aulieu de Cédrat ; mais mal. La Quintinie dit que c’est un oranger, & non pas un citronnier. Les feuilles de l’oranger, nommé Cédrat, ont le même goût que l’orange même, & pouroient contribuer a faire de la limonade. La Quint. Le fruit de cet arbre s’appelle aussi Cédrat ou Cédra.
CÈDRE. s. m. Cedrus. Se prend souvent en François pour le bois du cèdre du Liban. On dit, un câdre, une bordure de cèdre. On imite la couleur de cèdre par la teinture rougeâtre qu’on donne aux ouvrages qu’on veut faire passer pour bois de cèdre ; mais l’odeur sert à en faire la différence, le véritable cèdre ayant une odeur fort aromatique. On appelle à Paris cèdre, le bois de l’Acajou rouge, parce qu’il est rougeâtre & d’une odeur aromatique, qui tient un peu du santal. Ce dernier est très-amer au goût. On ne connoît point le caractère de l’Acajou rouge. Du Tertre en parle en son second volume de son Histoire des Antilles, p. 159.
Cèdre. s. m. Cedrus. Est le nom de deux ou trois arbres bien différens les uns des autres. Il est très-difficile de concilier les Anciens avec les nouveaux sur ce qu’on doit appeler proprement cèdre. Par les descriptions de Dioscoride & de Théophraste, ce n’est point un arbre conifere : peut-être ne connoissent-ils pas notre cèdre du Liban. Mais sans entrer dans ces discussions, dans lesquelles on ne peut avancer que des conjectures, nous conserverons ce nom de cèdre aux arbres & arbrisseaux auxquels nos prédécesseurs l’ont voulu attacher ; mais pour les distinguer, nous leur ajouterons le nom du pays, où apparemment on les a trouvés plus communément. L’arbre que nous nommons à présent cèdre, vient du Mont-Liban, & c’est une espèce de Mélese. Voyez Mélese, où l’on en parle amplement. Les Anciens faisoient mention de deux cèdres, l’un de Phénicie & en Cilicie, qu’on appelle Oxycèdre, & ils le comparoient au Genévrier ordinaire, dont cependant il étoit différent par ses fruits, qui étoient beaucoup plus gros, & qui étoient rougeâtres. Voyez Genèvrier. Et ils nommoient enfin cèdre de Lycie, cedrus Lycia, cedrus folio Cupressi, un arbrisseau dont les feuilles approchent de celles du Cyprès. Ses fleurs sont de petits chatons fort courts. Ses fruits sont des baies rougeâtres, rondes, beaucoup plus grosses que celles du Genévrier, & qui contiennent plusieurs semences. Ce cèdre croît en Languedoc, & il y en a deux espèces qui se distinguent toutes les deux par leur hauteur, & la grosseur de leurs fruits. M. De Tournefort a trouvé deux espèces de ce dernier cèdre dans son voyage du Levant. Elles s’élèvent en arbre : elles sont très-puantes ; au lieu que celui qu’on vient de décrire n’est point si désagréable, son odeur approchant du Cyprès & de la Sabine.
Le bois de cèdre est presque immortel & incorruptible, parce qu’il est fort amer, & que les vers n’aiment que ce qui est doux. C’est pourquoi les Anciens se servoient de planches de cèdre pour écrire les choses d’importance, comme on peut recueillir de ce passage de Perse ; Et cedro digna loquutus. On en bâtit des palais & des navires. Cet arbre est toujours vert, & aime les lieux froids & les montagnes ; & si on lui taille sa cime, il meurt. Le cèdre du Liban est semblable au sapin, que les Grecs appellent ἐλάτη (elatê), les Latins, cedrus major, cedrus Phœnicia, Syriaca, ou en un mot cedrelate. Son écorce est polie, lissée & sans mousse, excepté la partie qui est depuis la terre jusqu’aux premières branches, lesquelles environnent l’arbre presque depuis la terre jusqu’à la cime en guise de roue. Elles poussent par certains intervalles toujours en diminuant jusqu’en haut, de sorte qu’elles représentent une pyramide. Ses feuilles sont semblables a celles du pin ou mélese, mais plus courtes, & ne sont point piquantes. Bruyn, dans son Voyage de la Terre-Sainte, dit que les feuilles des cèdres du Liban qu’il alla voir, sont semblables a celles du romarin ; que les petites feuilles qui sont aux branches montent en haut, & que le fruit pend en bas. Ce fruit est fait en pommes semblables à celles des pesses, mais plus longues, plus dures & plus nourries, & sont difficiles à détacher de leurs queues. Elles contiennent une graine semblable à celle des cyprès, & jettent une résine grasse, épaisse, transparente, d’une odeur forte, qui n’est point coulante, mais qui tombe goutte à goutte. Les Arabes l’appellent kitran ou alkitran. Salomon donna plusieurs villes au Roi Hiram, pour les cèdres qu’il lui avoit envoyés pour bâtir le temple de Jérusalem. Fernand Cortez fit bâtir un Palais à Mexique, où il y avoit sept mille poutres de cèdre, la plûpart de douze cens pieds de long, & douze de tour, à ce que dit Herréra. Il y avoit un cèdre abattu en Cypre qui avoit treize cens pieds de long, & si gros, que trois hommes avoient de la peine à l’embrasser. Il servit à la galère de Démétrius. Bruyn dit que des deux plus remarquables qu’il vit sur le Mont Liban, l’un avoir cinquante-sept paumes de tour, & l’autre quarante-sept.
Ce mot vient du grec ϰεδρος (kedros), qui a la même signification, qui vient de ϰαίρω (kairô), uro, de ϰυώδης (kuôdês), suavè olens. Le cèdre brûlé rend une odeur fort bonne.
On dit proverbialement ; depuis le cèdre jusqu’à l'hyssope, pour dire, depuis le plus grand jusqu’au plus petit. Cette phrase est prise de l’Ecriture, troisième Livre des Rois IV, 33, où il est dit que Salomon avoit écrit sur les arbres depuis le cèdre, qui est sur le Mont Liban, jusqu’à l’hyssope d’une masure. On dit aussi dans le même style de l’Ecriture, les cèdres du Liban, pour signifier les Grands, les Puissans du siècle, les orgueilleux.
On a donné pour devise à un Collège célèbre, un cèdre chargé de fleurs & de fruits, avec ce vers du Tasse, Mentre che spunta l’un, l’altro matura. Et pour marquer la pureté du Cardinal Horace Spinosa, un cèdre, avec ce mot, A putredine tuta. Le même arbre, & ce mot Italien, Nel fiore il frutto, est la devise qu’un Italien fit pour marquer la fécondité virginale de la Sainte Vierge.
Cèdre de Gaza ou Gaze. C’est un fruit dont Bruyn parle dans son Voyage du Levant, p. 303. Il en décrit deux, dont l’un avoit deux caïeux, qui au bout se terminoient en pointe. Le fruit étoit d’une grosseur extraordinaire ; sa longueur jusqu’à la pointe ayant 14 pouces, & son diamètre étant de 5 pouces trois quarts : l’autre avoit treize pouces de long & six de diamètre. Ce fruit a peu de suc. On le peut manger comme des limons doux.
Cèdre doux. Espèce de Citronnier qu’on appelle aussi Cédrat. Voyez Cédrat.
On appelle aussi cèdre, une espèce de citrons, dont se fait une certaine boisson, que l’on nomme Aigre de cèdre. Acad. Fr.
CÉDRIE. s. f. Résine qui sort du cèdre. Cedria. C’est une liqueur, qui pour être bonne, doit être grasse, épaisse, transparente, d’une odeur forte, & telle qu’en la versant elle ne coule point trop vite, mais qu’elle tombe également goutte à goutte. Elle a deux qualités bien opposées : elle conserve fort long-temps les corps morts, parce qu’elle en dessèche & consume les humeurs superflues, sans endommager les parties solides. ☞ C’est pour cela que les Egyptiens s’en servoient dans leurs embaumemens ; & au contraire elle putréfie les chairs molles & délicates des corps vivans, sans qu’on en souffre aucune douleur ; ce qui vient sans doute de la chaleur des corps vivans, qui donne de l’agitation aux parties de cette résine, & en augmente la force.
CÉDRON. Torrent ou ruisseau dont il est parlé dans l’Ecriture. Cedron. Ce torrent avoit sa source près de la ville de Jérusalem, & couloit au pied des montagnes sur lesquelles cette ville étoit bâtie, à l’orient & au midi. Il faloit le passer pour aller de Jérusalem au mont des Olives, comme fit J. C. la veille de sa passion. Jean XVIII. 1. De-la ce torrent passant aux confins de laà Tribu de Juda, & de celle de Benjamin, alloit se jeter dans la mer Morte. Le Roi passa aussi le torrent de Cedron. Saci. II des Rois XV, 23. Jésus sortit avec ses Disciples pour aller au-delà du torrent de Cedron, où étoit un jardin, dans lequel il entra & ses Disciples aussi. Bouh. Jean XVIII. 1. Ce torrent est presque toujours à sec quand il ne pleut pas.
Ce mot est purement hébreu. De כדר, être noir, ou obscur, le fait כדרון, kidron, qui signifie noirceur, obscurité, nom qui fut donné à ce torrent, ou parce que les vallées dans lesquelles il couloit autour de Jésusalem étant fort profondes & fort resserées entre les montagnes, elles étoient aussi fort obscures, ou parce que ses eaux étoient troubles & boueuses. En S. Jean, XVIII, 1, le texte grec l’appelle le torrent des Cèdres, τῶν κέδρων (tôn kedrôn), au lieu de τοὺ κεδρὸν (tou kedron). Grotius soutient cette leçon, & la préfère à celle du latin ; mais il se trompe, c’est une erreur de copiste. Elle s’est aussi glissée dans les Septante, IIe des Rois, XIII, 4, des Rois XXIII, 4, 6, &c. Mais dans le IIe Livre des Rois XV, 23, & ailleurs, la vraie leçon s’est conservée dans les bons exemplaires. Voyez sur ce torrent de Cédron le Voyage de la Terre-Sainte du P. Nau, Jés. L. II, C. 1, & L. IV, C. 17.
CÉDULE. s. f. Petit morceau de papier où l’on écrit quelque chose pour servir de mémoire. Schedula. On donne aux Régens des cédules où sont écrits les noms des causeurs, & de ceux qui n’ont pas fait leur thême. Ailleurs le mot de cédule est moins en usage que ceux de promesse & de billet.
Ce mot vient du grec σχέδη (schedê), qui signifie l’écorce des tilleuls sur laquelle les Anciens écrivoient.
Cédule, en termes de Banque, est un morceau de papier où les banquiers & les marchands écrivent leurs promesses, lettres de change & rescriptions. Chirographi cautio, syngrapha, syngraphus. Cédule banquière, est l’obligation d’un Banquier de Rome qui promet acquitter la somme du rachat d’une pension créée sur un bénéfice. On le dit aussi des autres billets, promesses & reconnoissances qui se font sous seing privé. Même on le dit des minutes d’obligation quand on les garde par devers soi : & c’est en ce sens qu’on dit, plaider contre sa cédille ; pour dire, contre son écrit, son obligation. On l’appelle aussi chez plusieurs Marchands, police, à cause du mot espagnol poliça, qui signifie la même chose.
☞ Il y a cette différence entre cédule, billet ou promesse, & obligation, que la cédule est sous seing privé ; & l’obligation, pardevant Notaire : ainsi elles ont des effets différens.
☞ Le créancier d’un simple billet n’est que créancier chirographaire. Et le créancier en vertu d’une obligation, est créancier hypothécaire.
☞ Deplus on n’ajoute point foi aux billets sous seing privé, qu’ils ne soient reconnus & on n’a aucun égard à leur date.
On appelle en termes de Pratique, une cédule évocatoire, la signification qu’on fait à une partie ; pour avertir qu’on veut faire évoquer, & renvoyer le procès qu’on a contre elle en un autre Parlement, à cause des parens, & alliances qu’elle a au lieu où l’instance est pendante. Transtatitiæ litis diploma, instrumentum.
CEER. s. m. Poids tout ensemble & mesure, dont on se sert sur la côte de Coromandel.
☞ CEFALONIE Voyez Cephalonie.
☞ CEFALU ou CEFALEDI. Ville de Sicile, dans la province de Demone, sur la côte de l’Île, avec un Evêché suffragant de Messine.
☞ CEGINUS. Terme d’Astronomie. Etoile fixe de la troisième grandeur, dans l’épaule gauche du Bouvier.
CEIGNANT, ANTE. adj. de part, du verbe ceindre. Prononcez ing comme une seule n mouillée, ou comme l’n con tilde des espagnols ; & comme dans le mot françois Seigneur ; & ainsi des autres temps ou personnes du même verbe qui s’écrivent par eing, & que l’on indiquera au verbe Ceindre.
Ceignante. s. f. Terme d’Anatomie. Cingens. C’est le nom que l’on donne à la douzième vertèbre du dos, à cause qu’elle est placée à l’endroit où l’on porte ordinairement la ceinture.
☞ CEILA. Ville de la Palestine, dans la tribu de Juda, à dix-sept milles d’Eleutheropolis du côté d’Hébron, selon Eusèbe, à huit milles d’Hébron, selon S. Jérôme.
CEILAN ou CEYLAN. Le P. Bouhours écrit toujours ainsi. Ceilanus, Ceilania, Taprobana. Île de l’Océan oriental, située au levant méridional de la presqu’île de l’Inde, deçà le Gange, entre le 121e degré de longitude, & entre le 6e & le 10e de latitude au nord, dit Maty. Mais selon les Observations du P. Noël, Jésuite, cette longitude est fausse de plus de 20 degrés. Car, selon lui, Trinquemale, ville à l’orient de l’Île de Ceilan, diffère du méridien de Paris, qui est au 20e degré, de 81d 8′ 15″, & par conséquent cette ville de Ceilan, & la côte orientale de l’Île est au 101e degré 15 secondes. Elle n’est séparée du Continent de la côte de Coromandel, & de celle de la pêcherie, que par le détroit de Chilao, ou de Manar, qui est fort étroit, & si peu profond, que quelques Auteurs écrivent que les éléphans le passent à gué. Elle est pleine de montagnes fort hautes, principalement vers le milieu. On y voit en plusieurs endroits plusieurs forêts si épaisses, qu’elles sont impraticables. Le reste du pays, qui est bien cultivé, est fort fertile en toutes sortes de fruits, figues, raisins, grenades, oranges, limons, citrons, sucre, tabac, & principalement en riz & en canelle, dont il y a des bois entiers. On y trouve aussi du gingembre & du cardamome. L’Huillier, dans son Voyage des Indes, dit qu’on y cueille aussi le girofle, la noix muscade & du poivre, que l’odeur du girofle est si forte, qu’elle le fait sentir dans toute l’île, & même à quelque distance en mer. Mandeslo, plus croyable, dit que c’est la canelle qui porte son odeur bien avant dans la mer. Il y a aussi beaucoup d’aréca, dont les habitans font un grand commerce. On y trouve des pierres précieuses, & l’on y pêche des perles. La pêche s’en fait depuis l’onzième Mars jusqu’au vingtième d’Avril. L’Île de Ceilan nourrir des bœufs, des brebis, & surtout une grande quantité d’éléphans sauvages & domestiques, qui ne font pas si grands que ceux que l’on rire de la terre ferme, mais qui ont, dit-on, plus de courage & de docilité. Les Hollandois les vendent aux Maures & aux Persans, & en tirent un grand profit. Schoten dit qu’il y a des satyres, dont nous passerons au mot Satyre. Il y a aussi un nombre prodigieux de singes & de guenons très-incommodes, & qui désolent tout le pays.
En 1505, les Portugais, sous la conduite de Laurent Almeida, abordèrent en cette Île. En 1517, ils eurent permission de faire des retranchemens autour de l’endroit où ils s’étoient postés. Ces retranchemens se changèrent bientôt en forteresses. C’est ainsi que Colombo fut bâtie. En 1597, le Roi de l’Île étant mort sans enfans, déclara le Roi de Portugal son héritier. En 1623, le Roi de Gandy ou Candy, leur fit la guerre ; mais ayant été défait & vaincu, il fut obligé en 1632, d’accepter sa paix, à condition de payer tous les ans un tribut de deux éléphans. En 1639, son fils recommença la guerre. Les Hollandois allèrent à son secours. La guerre dura jusqu’en 1644, que l’on fit une trêve de huit ans. La guerre ayant recommencé en 1655, les Hollandois chassèrent les Portugais, & ils sont maintenant les seuls qui y commercent.
Avant que les Hollandois fussent dans cette Île, on la divisoit en cinq Royaumes principaux ; ceux de Trinquemale, de Baticalo & de Jala, ou Yale, vers le Levant ; & ceux de Ceitavaca & de Candex, vers le couchant. Aujourd’hui on ne la divise qu’en trois parties principales. Presque toutes les côtes appartiennent aux Hollandois. On y joint les Îles de Jaffanapatan, de Manar & de Calpentin. C’est la première partie, dont la principale contrée est le Canneland, ou pays de la canelle, & la ville capitale Colombo. La seconde partie est le Royaume de Candea vers le midi ; & la troisième le pays de Wanny au nord.
On croit que l’Île de Céïlan est la Taprobane des Grecs & des Romains. Les Romains la nomment Tiranisin, c’est-à-dire, Terre de délices, & ils croient que ç’a été le lieu du Paradis Terrestre. Il y a une fort haute montagne, à laquelle quelques-uns donnent sept lieues de haut, & d’autres seulement deux, que l’on nomme le Pic d’Adam, parce que tous les Habitans disent qu’Adam y a été enterré. Quelques Auteurs prétendent que Céïlan est l’Ophir de Salomon. Les Historiens de l’Ile de Céïlan sont Mandeslo, Voyage des Indes, Liv. II ; Jean Ribeyro, Histoire de l’île de Céïlan ; Robert Knok, Relation du Voyage de l’île Céïlan ; Gauthier Schouten dans son Voyage aux Indes Orientales. Voyez aussi le VIe Recueil des Lettres édifiantes & curieuses, pag. 79.
Wicqfort, dans sa Traduction de Mandeslo, dit Ceylon ou Zeylon, mais mal ; l’usage est de dire en notre langue Céïlan. Maty le fait tantôt masculin, & tantôt féminin, disant le Céïlan Hollandois, & la Céïlan Hollandoise. Ni l’un ni l’autre n’est autorisé par l’usage. On ne dit guère Céïlan seul, on y joint le nom île. L’île de Céïlan est grande, est fertile, est abondante en canelle, & non pas, Céïlan est grand, ou grande, fertile, &c. Les Arabes l’appellent Serandib & d’Herbelot a remarqué que les Géographes Orientaux, en parlant de cette île, ne font aucune mention de l’arbre de canelle, qui ne croît que dans cette Île, soit, dit-il, qu’il ne s’y trouvât pas encore de leur temps, & qu’il y ait été transporté d’ailleurs, comme de la Chine ; ce qui a fait donner à cet arbre le nom de Dar Tchin en orient, mot qui signifie Bois de la Chine ; ou qu’il faille entendre cet arbre, sous le nom de Nargil, dont ils parlent.
CEILANOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de l’Ile de Céïlan. Les Mémoires de Trévoux, 1711, pag. 1069, disent : Les Céïlanois ont la peau noire, & sont de petite taille, ils sont adroits & spirituels, & si on en croit notre Auteur, (Schouten) il n’y a point de peuples aux Indes plus civilisés qu’eux mais cela n’empêche pas qu’en comparaison des Européens, ils ne paroissent barbares & féroces. Mais d’autres disent qu’on ne parle point ainsi, & qu’il faut dire Chingulais. Voyez ce mot.
☞ CEINDRE. V. act. Cingere. Je ceins, nous ceignons, je ceignois, j’ai ceint, je ceindrai, que je ceigne. Entourer, environner. On ceint une ville de murailles, de fosses. Cingere urbem mænibus, fossâ. On ceint un parc de murs, de haies vives.
☞ Ceindre l’épée à quelqu’un. C’est lui mettre l’épée au côté.
☞ Ceindre son corps, ses reins ; se ceindre le corps, les reins, c’est les serrer avec une ceinture ou quelqu’autre chose. Les Juifs étoient obligés de ceindre leurs reins, & d’être debout, quand ils mangeoient l’Agneau Paschal. Le Roi ceint l’épée aux Gentilshommes, quand il les fait Chevaliers. Le grand Muphti ceint l’épée au Grand-Seigneur, ce qui est comme la cérémonie du Sacre des Rois parmi les Chrétiens. Du Loir, page 64.
On le dit aussi des couronnes, ou autres marques d’honneur, dont on environne le front. Il est ceint d’un bandeau royal, d’un diadème. Sa tiare étoit ceinte d’un bandeau de pourpre. Vaugel.
☞ Ceindre (se) le front d’un diadème, c’est se mettre une couronne sur la tête.
☞ Dans le style noble & soutenu, en parlant d’un Conquérant, on dit que la Victoire lui a ceint le front de lauriers.
Et ton front cette fois
Sera ceint de lauriers qu’on ne vit jamais luire
Sur la tête des Rois Malh.
☞ Le Poëte auroit pu trouver un mot plus propre que luire.
☞ On dit poétiquement ceindre la couronne, la thiare, pour parvenir à la Royauté, à la Papauté.
Ceint, einte, part.
CEINTES, s. f. Terme de Marine. On dit aussi chaintes, carreaux, préceindes, ou perceintes, ou lisses. Ce sont des rebords ou espèces de cordons qui regnent au pourtour du navire, dont les trois premières d’enbas se nomment particulièrement précintes, & les autres au-dessus carreaux de lisse. Navis coronæ. Ces pièces servent à donner la grâce & la rondeur au pourtour du navire, aussi bien qu’à le fortifier, & à marquer la division des tillacs, & font le même effet au vaisseau, que les plinthes aux façades des bâtimens sur terre. La première se place à cinq pieds ou environ au-dessous du premier sabord à l’endroit du maître bau. La deuxième est parallèle & distante de la première de 18 à 22 pouces, & les autres de même.
CEINTRAGE. s. f. Terme de Marine, se dit généralement de tous les cordages qui ceignent, qui lient ou qui environnent les vaisseaux. Funes quibus cingitur ac religatur navis.
☞ CEINTRE. Voyez Cintre.
☞ CEINTRER Voyez Cintrer.
CEINTURE. s. f. Espèce de lisière, de différentes matières, qu’on met autour des reins pour les serrer. Cingulum, cingulus, zona. ☞ L’usage des ceintures est fort ancien. Celle que Dieu commanda au Grand-Prêtre des Juifs de porter, étoit un tissu de fil d’or, de pourpre, d’écarlate, de cramoisi & de fin lin retors. Lorsque les Juifs célébroient la Pâque, ils avoient des ceintures autour de leurs reins, suivant l’ordre qu’ils en avoient reçu de Dieu. J. C. envoyant les Apôtres prêcher l’Evangile, leur défend de porter aucun argent à leurs ceintures : neque pecuniam in zonis vestris : la bourse tenoit à cette ceinture.
☞ Les Romains portoient toujours une ceinture qui leur servoit à retrousser leur robe quand ils vouloient agir. Cette coutume étoit si générale, que ceux qui n’avoient point de ceinture, & qui laissoient traîner leur robe, passoient pour des gens oisifs & voluptueux. Dac. De-là les expressions latines, distinctus, & altè cinctus, un homme indolent, & un homme alerte, actif.
☞ L’usage des ceintures a été aussi fort commun chez nous : mais les hommes ayant cessé de porter des habits longs, & la mode des paniers & des robes lâches s’étant introduire pour les femmes, la ceinture est demeurée aux premiers Magistrats, aux gens d’Eglise, aux Religieux, & à quelques femmes seulement…
☞ L’aube du Prêtre se serre avec une ceinture de fil ou de soie. Cette ceinture est le symbole de la chasteté : celle qu’il porte pardessus sa soutane & celle des Magistrats, est un large ruban de soie noire.
☞ La défense de porter la ceinture étoit autrefois une tache d’ignominie. Les Cessionnaires étoient obligées de quitter leurs ceintures en Justice. Cette coutume venoit de ce que nos ancêtres avoient accoutumé de porter à leurs ceintures tous les instrumens nécessaires pour l’usage ou pour la conservation des biens, comme la bourse, les clefs, & ensorte que la ceinture étoit le symbole des biens. L’Histoire remarque que la veuve de Philippe I, Duc de Bourgogne, renonça à la succession, & déposa sa ceinture sur le tombeau du Duc. Pasq.
Ceinture de Vierge ou de Virginité. C’étoit une coutume chez les Grecs & chez les Romains, que le premier soir des noces le mari dénouoit la ceinture de la fille qu’il avoir épousée. Homère, liv. XI de l’Odyssée, appelle cette ceinture παρθενίνη ζᾴνην (partheninè zanèn), Ceinture de fille. Festus dit que la nouvelle mariée portoit une ceinture que le mari lui dénouoit dans le lit, & qu’elle étoit faite de laine de brebis. Cette ceinture, ajoute-t-il, étoit nouée du nœud d’Hercule, & le mari défaisoit ce nœud pour un bon présage, afin qu’il fût heureux en enfans, comme Hercule l’avoit été, qui laissa, lorsqu’il mourut, soixante-dix enfans. Consultez Méziriac dans son Commentaire sur la Lettre de Philis à Démophon. ☞ On appelle aujourd’hui ceinture de virginité ou ceinture virginale, un instrument injurieux au sexe, imaginé par le démon de la jalousie, dont les maris se servent pour s’assurer de la sagesse de leurs femmes. Cette ceinture est fermée par un cadenas dont le mari seul a le secret. Les Poëtes attribuoient à Vénus une espèce de ceinture qu’ils appeloient ceste. Cestus. Ils y attachoient le pouvoir d’inspirer de l’amour, & de charmer les cœurs. Voyez Ceste. C’est dans ce sens que Boileau a dit :
On dirait que pour plaire, instruit par la nature,
Homère ait à Vénus dérobé sa ceinture.
Ceinture de Venus est aussi un terme de Chiromancie. Il signifie la ligne de la main qui commence entre le second & le troisième doigt, qui traverse le mont de ces doigts, & va en forme de demi-cercle, finir vers le petit doigt.
Ce mot vient du Latin cinctura, ou de cinctorium. On trouve dans la basse Latinité cinta, pour dire en général un cercle, un tour, ambitus, circuitus, de cingo, cinctum ; & il est sur-tout très-fréquent, pour signifier le tour des murailles ou des fosses d’une ville, selon la Remarque des Jésuites d’Anvers, Acta. SS. Mart. Tom. II, pag. 165, C.
Ceinture à l’Angloise, est une espèce de sangle juste, dont on se sert pour porter l’épee, Militare cingulum, balteus, balteum.
Ceinture de Mercure. Terme de Médecine. C’est une ceinture faite de drap empreint de mercure, ou dans laquelle on enferme du mercure qu’on prépare de différentes façons ; quelquefois la ceinture est de cuir ou de toile de coton, &c. Ce remède a quelquefois de bons effets ; mais il est dangereux pour ceux qui sont foibles, ou sujets à avoir des convulsions. On emploie ce remède pour guérir la gale, chasser la vermine, tuer les poux. Entre les remèdes monstrueux dont les Empiriques ont gâté la Chirurgie, pour le malheur des Malades, la ceinture de mercure n’est pas la moins en vogue parmi le vulgaire. Fabricius, cité & traduit par Dégory. ☞ On appelle quelquefois cette ceinture, ceinture de sagesse, Cingulum sapientiæ.
Ceinture se dit aussi de l’endroit du corps où l’on met la ceinture. Renes. Quand on se baigne en cet endroit-là, on n’a de l’eau que jusqu’à la ceinture. Scarron a dit des Héros à l’égard des Géans :
Et ne vont pas à la ceinture
De ceux dont je fais la peinture.
☞ Ceinture se dit aussi du bord d’en-haut d’un haut-de-chausse, d’une jupe. Faire élargir, faire rétrécir la ceinture d’une culotte, d’une jupe.
Chez les Maîtres de danse, en parlant de la disposition du corps, de l’air, de la manière de porter le corps en marchant, en dansant : on dit, la ceinture d’en haut, la ceinture d’en bas, pour dire la partie du corps qui est depuis la ceinture jusqu’en bas.
Ceinture de la Reine est un droit fort ancien qui se lève à Paris de trois ans en trois ans, qui étoit d’abord de trois deniers pour chaque muid de vin, & de six deniers pour chaque queue. Vectigal testio quoque anno pendi solitum, ex vino domesticum Reginæ subsidium. Il étoit destiné à l’entretien de la maison de la Reine. On l’a depuis augmenté, & on l’a étendu sur d’autres denrées, comme sur le charbon, &c. On l’appeloit autrefois la taille du pain & du vin, comme il se voit par les Registres de la Chambre des Comptes de l’an 1339.
Vigenere croit que le nom de ce tribut pourroit avoir été pris de ce qu’autrefois les ceintures servoient de bourses, de sorte que ceinture de la Reine signifiât la même chose que Bourse de la Reine, comme si ce tribut s’étoit levé pour la bourse de la Reine. Mais, ajoute-t-il, il y a plus de deux mille ans qu’on levoit en Perse un pareil tribut, & qui se nommoit du même nom, comme témoigne Platon dans l’Alcibiade, Cicéron après lui, & Arténée au Liv I. des Deipnosophistes, ce qui n’empêche point que cette étymologie ne puisse avoir lieu. Annot. sur Tite-Live, Liv. I, Tom. I, pag. 956.
☞ On lève en Angleterre un impôt à peu près semblable qu’on appelle aurum Reginæ, or de la Reine.
Les Chrétiens de la ceinture. Motovakkeke, Xe Calife de la Maison des Abassides, obligea les Chrétiens & les Juifs l’an 235 de l’égire 856 de J.C. de porter une large ceinture de cuir, qu’ils portent encore en effet dans l’Orient. Depuis ce temps les Chrétiens d’Asie, & principalement ceux de Syrie & de Mésopotamie, qui sont presque tous Nestoriens ou Jacobites, s’appellent les Chrétiens de la ceinture.
L’Ordre de la Ceinture. Voyez au mot Cordelière. L’Ordre de la Cordelière.
Ceinture signifie quelquefois, enceinte. Ambitus, circuitus. Une ceinture de murailles, de fossés. On le dit aussi du cordon de la muraille.
Ceinture s’est dit en Poësie, des bandes & des cercles qu’on imagine dans le Ciel, comme sont les zones, le zodiaque. Zona.
Et de-là traversant cette ardente ceinture.
Qui d’un feu tiède & clair couronne la nature.
Ceinture. Terme de Boulanger. Les Boulangers & Pâtissiers appellent la ceinture de leur four, ce tour intérieur de sa cavité, où la chapelle & l’âtre s’unissent.
Ceinture d’Hildanus. s. f. terme de Chirurgie. Cingulum Hildani. C’est une ceinture de cuir dont on se sert quelquefois dans la réduction des luxations & des fractures des extrémités supérieures & inférieures, pour tirer la partie en droite ligne. Dict. de Col. de Villars.
Ceinture, en termes d’Architecture, est un anneau, un orle, ou un liteau qui est au haut, & au bas du fût de la colonne, qu’on appelle autrement Escape. Balteus. On appelle aussi ceinture de la volute Ionique, ce qu’on appelle autrement Echarpe.
☞ Ceinture se dit encore de certains rangs de feuilles de refend de métal posées sur une astragale en manière de couronne, qui servent autant pour séparer sur une colonne torse, la partie cannelée d’avec celle qui est ornée, que pour cacher les joints des jets d’une colonne de bronze, ou les tronçons d’une colonne de marbre. Balteus.
On appelle aussi ceinture funèbre, autrement, litre, une bande noire, que les Patrons des Eglises, ou les Seigneurs Hauts-Justiciers ont droit de faire peindre dedans & dehors les Eglises, & de la charger du blason de leurs Armes pour honorer la mémoire des Fondateurs dont ils sont descendus, ou dont ils ont les droits. Tænia funebris, C’est un droit honorifique.
On dit proverbialement, qu’une personne est toujours pendue, toujours attachée à la ceinture d’une autre ; pour dire, qu’elle est toujours avec elle. On dit aussi, que bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée ; pour dire que l’estime qu’un homme s’est acquise dans le monde vaut mieux que les marques extérieures qu’il affecteroit pour faire paroître son mérite. Cela vient de ce qu’autrefois il n’étoit permis qu’aux honnêtes femmes de porter des ceintures dorées. Par Arrêt du Parlement de Paris rendu en 1446, il fut défendu à toute femme de mauvaise vie de porter la ceinture dorée. D’autres disent que ce proverbe signifie, qu’il vaut mieux acquérir de la réputation dans les actions militaires, que de vivre dans la paix & dans la robe, à cause que les gens de robe portoient des habits longs, & étoient obligés d’avoir des ceintures ; au lieu que les gens de guerre portoient des cottes d’armes qui n’étoient pas ceintes, parce qu’elles étoient légères & volantes.
CEINTURÉ, ÉE. adj. Qui porte une ceinture ou une écharpe. Le Comte de Guiche étoit ceinturé. Madame De Sévigné. Ce mot est nouveau, & n’a pas fait fortune.
CEINTURETTE. s. f. Terme de Chasse. Ce mot n’est en usage que pour signifier une petite bande de cuir qui entoure le cor de chasse. La ceinturette est large d’un doigt, & ordinairement rouge.
CEINTURIER, IÈRE, s. m. & f. Celui qui fait & qui vend des ceintures & des baudriers. On appelle à Paris ce corps d’artisans, Ceinturiers-Baudroyers.
☞ On les appeloit autrefois Maîtres-Courroyeurs, du mot Courroie, parce qu’ordinairement les ceintures étoient de cuir.
CEINTURON. s. m. Ceinture de cuir, de soie, ou d’autre matière, à laquelle on attache des pendans pour passer une épée. singulum militare, balteus. Ceinturon de soie, de maroquin.
CEL. pronom masculin. On le disoit autrefois pour ce. Hic.
CELA. Pronom démonstratif & indéclinable, qui se dit d’une chose qu’on montre, ou qu’on présente, & qui n’a point de pluriel. Hæc res, ea res.
☞ Cela est bien ; cela me fait plaisir ; ne me parlez point de cela.
☞ On remarquera que quand ce pronom va seul, & sans opposition à ceci, il a la même signification, c’est-à-dire, qu’il désigne une chose qu’on tient ou qu’on montre. Que penseriez-vous de cela ? Cela est fort beau.
☞ C’est tout le contraire quand on l’emploie par opposition à ceci, & il désigne alors une chose plus éloignée. Cela est plus solide, ceci est plus élégant ; je ne veux point de ceci, donnez-moi de cela.
☞ On dit ironiquement, en parlant d’une action que l’on condamne ; cela est bon ; & familièrement en parlant de quelqu’un qu’on a vu enfant ; je vous ai vu que vous n’étiez pas plus grand que cela, parce qu’alors la main de celui qui parle, montre la petite taille qu’il veut désigner.
Cela se dit quelquefois pour signifier, cet homme, mais dans le style simple & familier. Is, iste. Cela ne fait que jouer. Cela ne fait que jurer. Vaug. Bouh.
CÉLADON. s. m. Couleur verte, mêlée de blanc, ou qui tire sur le blanc. Color thalassinus ex viridi albicans. La peluche de cette anémone est celadon. Le céladon est un bleu verdâtre, ou vert bleuâtre. Ce mot est un véritable adjectif pris substantivement.
Céladon, est aussi un nom propre de Berger. On trouve souvent ce mot dans les Eclogues, & les Idylles des Poëtes.
☞ On dit d’un homme à beaux sentimens, en matière de galanterie, que c’est un Céladon.
☞ CELAMA. Ville des Indes dans l’Ile de Banda, l’une des Moluques.
☞ CELANO. Celanum. Petite ville avec titre de Comté dans l’Abruzze ultérieure, au Royaume de Naples, sur le lac du même nom, ou pour parler plus exactement, près de la source d’une petite rivière qui tombe dans ce lac, à deux milles & demi du lac.
CELANTES. Mot technique ou artificiel, que l’on donne en Logique au second mode indirect de la première figure des syllogismes. Celantes. Les syllogismes en celantes ne diffèrent des syllogismes en celarent qu’en ce que dans ceux-là la conclusion est renversée, & que l’attribut en est le véritable sujet.
Tous les maux passagers ne sont point à craindre.
Tous les maux de la vie présente sont passagers ;
Donc nul des maux qui sont à craindre, n’est un mal de cette vie.
CELARENT. Terme artificiel que l’on donne en Logique au second mode direct de la première figure. Celarent. Un argument en celarent a la majeure universelle négative, la mineure universelle affirmative, & la conclusion comme la majeure, & dont le moyen terme est le sujet dans la majeure, & l’attribut dans la mineure.
Nul pêcheur impénitent ne doit s’attendre d’être sauvé.
Tous ceux qui meurent après s’être enrichis des biens de l’Eglise, sans les avoir restitués, sont des voleurs impénitens.
Donc nul d’eux ne doit s’attendre d’être sauvé.
CELATE. Vieux mot, qui veut dire salade, heaume, Casque. Galea. Borel croit que les casques ont été appelés celates à cælatura, à cause des figures d’animaux & d’autres choses qu’on mettoit sur les casques.
☞ CELEBES. (Ile de) île de la mer des Indes, sous l’équateur, qui la coupe en deux parties inégales, entre les Philippines au nord, les Moluques au Levant & au midi & l’Ile de Bornéo au couchant. On lui donne 100 lieues de longueur & 68 de largeur. Il y avoit autrefois six Royaumes dans cette Ile : elle n’en contient plus que deux, celui de Celebes vers le septentrion, & celui de Macassar vers le midi.
☞ Les habitans étoient autrefois antropophages & idolâtres. Quand quelque habitant des Moluques étoit condamné à mort, le Roi de Ternate l’envoyoit dans l’Ile des Celebes, afin que ces Sauvages le tuassent & le mangeassent. Ils ont embrassé le Musulmanisme.
CÉLÉBRANT. s. m. Prêtre, ou Prélat, qui dit la Messe, qui officie. Rei sacræ minister.
CÉLÉBRATION. s. f. Action de célébrer. Celebratio. Il faut se tenir dans le respect pendant la célébration de la Messe. On délivre des certificats des célébrations des mariages. On dit aussi, la célébration d’un Concile. La célébration d’une fête, de l’Office divin.
Célébration se dit aussi des jeux & des combats athlétiques des Anciens. Les chaleurs qu’il faloit essuyer dans la célébration des jeux mettoient la patience des athlètes à une rude épreuve. Acad. des B. L. T. I, Mém. p. 225.
CÉLÈBRE. adj. m.f. Qui est en réputation. Celeber, celebris. Un Avocat, un Prédicateur célèbre. Une histoire célèbre. Une Foire célèbre, bien fréquentée.
☞ Rien n’est plus ordinaire que d’employer indifféremment les mots célèbre, illustre, fameux, renommé ; & tous nos Dictionnaires nous les donnent comme synonymes. Cependant, quoique tous ces termes marquent l’opinion que les hommes ont conçu de nous, ou la réputation, ils ont tous leur idée propre qui les caractérise.
☞ Célèbre ne se dit que de celui qui a acquis de la réputation, fondée sur un mérite de talent ou de science, qui sans le placer dans le grand, & sans emporter l’idée de dignité, fait néanmoins honneur au sujet. Il y a des Auteurs célèbres, qu’il n’est pas permis de blâmer, même dans ce qu’ils ont de blâmable, sans faire courir beaucoup de risque à sa propre réputation.
☞ Illustre marque une réputation fondée sur un mérite accompagné de dignité & d’éclat, qui fait non-seulement connoître, mais encore estimer le sujet, & le place dans le grand. Les Princes brillent pendant leur vie, mais ils ne sont illustres dans la postérité que par les monumens de grandeur, de sagesse & de bonté qu’ils laissent après eux. Les hommes illustres : on comprend sous cette dénomination les Ministres, les Capitaines, les Magistrats distingués, même les Gens de lettres qui joignent des dignités au mérite littéraire.
☞ Fameux ne désigne que l’étendue de la réputation, fondée sur une simple distinction du commun qui fait parler du sujet dans une vaste étendue de contrées Se de siècles, soit que cette distinction se prenne en bonne ou en mauvaise part. Erostrate brûla le temple d’Ephèse pour se rendre fameux. Il y réussit, par la défense que les Juges firent de prononcer son nom.
☞ Renommé offre l’idée d’une réputation, fondée sur la vogue que donne le succès ou le goût public, qui sans procurer beaucoup d’honneur au sujet, rend son nom connu dans le monde. Il seroit presque synonyme à fameux, s’il se prenoit en bonne & en mauvaise part. Il paroît outre cela marquer une réputation moins étendue. Les Gobelins ont été des teinturiers si renommés que leur nom est demeuré au lieu où ils travailloient & aux ouvrages que d’autres ont continué après eux. Les vins de Champagne, Bourgogne, sont renommés. Il suffit d’être renommé dans un art, pour faire fortune.
☞ Fameux, célèbre & renommé se disent des personnes & des choses. Illustre ne s’applique qu’aux personnes, du moins quand on veut être scrupuleux sur le choix des termes,
☞ Illustre, célèbre, renommé se prennent toujours en bonne part. Fameux en bonne ou mauvaise part. Un fameux Capitaine, un fameux Voleur, si l’on dit un homme célèbre par ses crimes, comme on le trouve dans le Dictionnaire de l’Acad. Fr. & même ailleurs, c’est un abus de terme. Fameux est le vrai mot. voyez les Synonymes de M. l’Abbé Girard.
Célèbre se dit aussi de ce qui se fait avec cérémonie & solennité. On fit une célèbre fête au sacre, au mariage du Roi.
CÉLÉBRER, v. a. Honorer quelqu’un par des louanges, par des monumens, fêtes, inscriptions, ou trophées qu’on fait en son honneur. Celebrare. Les Anciens ont célébré la gloire de leurs Héros par tous les moyens qu’ils ont pu imaginer. Alexandre envioit le bonheur d’Achille, qui avoit trouvé un excellent Poëte pour célébrer ses louanges. Vaug.
CÉLÉBRER, signifie aussi, solenniser. Festa colere, diem festum agere. Il faut célébrer les grandes fêtes avec plus d’éclat que les ordinaires. Les Payens célébroient les jeux Olympiques tous les cinq ans. Ludos celebrare.
CÉLÉBRER se dit plus ordinairement des cérémonies Ecclésiastiques ; & on dit sur-tout, célébrer la Messe, ou absolument célébrer, pour signifier, dire la Messe. Facere, rem divinam facere. Célébrer la Messe dans le VIIIe siècle, signifioit souvent y assister, & se disoit des Laïques. Ainsi Sigebalde, Roi d’Westsex en Angleterre, dit dans une lettre à S. Boniface, qu’en célébrant la Messe il fait réciter son nom comme celui des Evêques d’Angleterre. C’est qu’en latin, d’où cette expression est prise, Celebrare, signifie, hanter, fréquenter, se trouver en quelque lieu. Ainsi dans les bons Auteurs celebrare silvas, celebrare templa, celebrare alicujus domum, potentum limina, signifie, aller dans les forêts ; être assidu au temple ; hanter la maison de quelqu’un, fréquenter les Palais des Grands. Mais ce sens n’a point passé dans notre langue, ou n’est point venu jusqu’à nous. On dit pareillement, célébrer un Concile ; pour dire, tenir un Concile.
Célébrer se dit encore du mariage qu’on fait avec toutes les solennités du Droit Civil & Ecclésiastique. Célébrer des noces, les faire avec beaucoup de magnificence & d’éclat. Agere solennem nuptiarum diem.
Célébré, ée. part.
CÉLÉBRITÉ, f. f. Solennité, cérémonie qui rend une action célèbre. Celebritas. La célébrité des jeux, La célébrité des noces. La célébrité des funérailles. Ludorum, nuptiarum, funerum solennia. L’entrée des Légats se fait avec beaucoup de célébrité. Il se dit aussi des personnes, & alors il signifie, grande réputation. Il a toujours eu beaucoup de célébrité, La célébrité que donne l’Histoire à ceux qui ont cultivé la vertu, & l’infamie dont elle note les scélérats, sont de puissans moyens pour inspirer l’amour de la vertu, & l’horreur du vice. Boss. Voyez Célèbre.
CÉLÉEMENT. adv. Vieux mot, qui veut dire, en secret. Clàm, secretò, celanter. Il vient de celare, celer, cacher, Crétion est un accroissement de ce qui vient céléement. Traduct. des Instit. de Justin. C’est-à-dire, sans qu’on s’en apperçoive, insensiblement.
CELENO. s. f. est le nom d’une des Pleyades, filles d’Atlas,
☞ C’est aussi le nom d’une des Harpies, fille de Jupiter & de la terre, dont Virgile a donné la description dans le troisième livre de l’Eneïde, Voyez Harpies.
CELEP. s. m. Liqueur, breuvage des Orientaux. Ils le trouvent délicieux. Il est sucré & ambré. Les Turcs appellent cette liqueur ou plutôt cette boisson saleb. On la boit chaude, & la racine de satyrion en fait la base.
CELER. v. a. Tenir une chose cachée, & secrète, ☞ n’en pas donner connoissance, la taire, & non pas la déguiser, comme le disent les Vocabulistes. Celare, occultare, tegere. Un bon Capitaine doit celer ses desseins à tout le monde. La nature a bien des secrets qu’elle a celés aux hommes. La plus grande discrétion d’un Amant est de celer son bonheur.
La coutume des Perses est de celer le secret avec une fidélité merveilleuse. Vaug.
On dit aussi qu’un homme se fait celer, quand il fait dire qu’il n’est pas chez lui, quoiqu’il y soit effectivement.
Celé, ée. part.
CELÈRES. s. m. pl. Celeres. Les Célères étoient un Corps ou Régiment de la garde des Rois Romains établi par Romulus, & composé de trois cens jeunes gens, choisis parmi les plus illustres familles de Rome, approuvés par les suffrages des Curies du peuple dont chacune en fournissoit dix. Ils étoient toujours auprès de la Personne du Roi, pour le garder & pour recevoir ses ordres & les exécuter. A la guerre ils étoient à l’avantgarde quand il faloit donner le combat qu’ils commençoient toujours les premiers, & dans la retraite ils faisoient l’arrière-garde. Quoique ce fût un corps de cavalerie, ils mettoient pied à terre, & combattoient à pied, par-tout où la cavalerie ne pouvoit agir. Leur Commandant s’appeloit Tribun des Célères. Tribunus Celerum. Il faisoient trois compagnies de cent maîtres chacuoe, qui avoit un Capitaine nommé centurion. Leur Tribun étoit la seconde personne du Royaume. Plutarque dit, dans la vie de Numa, que ce Prince cassa le Régiment des Celères : si cela est vrai, il fut rétabli bientôt après, & l’on en trouve encore sous les Rois suivans, témoin le fameux Brutus qui chassa les Tarquins, & qui fut Tribun des Celères. Rosin. Antiq. Rom. L. VIII, c. 4. Vigenere sur Tite-Live, Tom. I, p. 1027, 1028, 1373.
Ce nom vient de Celer, prompt, vîte ; & il leur fut donné, ou à raison de leur promptitude à obéir au Roi, ou à cause que leur premier chef s’appela Celer, ou d’un autre Celer compagnon de Romulus, qui lui fut d’un grand secours dans le combat contre Remus, & qui tua ce Prince. On prétend que c’est eux que l’on nomma dans la suite Trossules, trossuli, parce qu’ils prirent seuls la ville de Trossulum en Etrurie, sans le secours d’aucune infanterie, ou pour quelqu’autre raison qu’on ne sait pas.
CÉLÉRET, ou COLORET. s. m. Filet dont on se sert sur les côtes de Normandie.
CÉLERI. s. m. C’est une espèce de persil qu’on cultive avec soin dans les jardins. Quelques-uns l’appellent persil de Macédoine. Apium Macedonicum. Il est le même que celui qu’on appelle persil de marais, en latin ; apium palustre, sive officinarum ; mais par la culture il devient plus doux, & de meilleur goût. ☞ On seme la graine de céléri sur couche au mois d’Avril : on le replante au mois de Juin, on l’arrose souvent.
☞ On le blanchit en butant ses tiges de terre & de fumier, jusqu’au haut des feuilles.
☞ Le céléri se mange en salade & entre dans plusieurs ragoûts. Ce mot nous est venu des Italiens, qui nomment cette plante celeri ou sceleri.
☞ CELERIER. Voyez Cellerier.
CÉLÉRIN. s. m. Nom d’homme. Celerinus. Saint Célerin, Lecteur de l’Eglise de Carthage du temps de S. Cyprien, & Confesseur de J. C. sous Dece, étoit d’une race très-illustre parmi les Chrétiens, & ne doit pas être confondu avec un autre Confesseur Célérin qui étoit à Rome dans le temps de l’Election du Pape Corneille, & se trouva engagé dans le parti Novatien, qu’il quitta bientôt en se réunissant aux Catholiques.
Le peuple dit proverbialement d’un grand parleur, qui dit tout ce qu’il sait, & ce qu’il devroit taire, que c’est un saint Celerin. C’est une froide équivoque, pour exprimer un homme qui ne cele rien. Le peuple prononce rin ou ren pour rien.
CÉLÉRIN. s. m. Petit poisson de mer, qui est une espèce de sardine. Il a le corps blanc & la tête dorée.
☞ On trouve dans les lacs de Savoie un petit poisson qu’on appelle aussi célérin à cause de sa ressemblance avec le célérin de mer. On l’appelle en Italie sardanelle.
CÉLÉRINE. s. f. Nom de femme. Celerina, grand’mère de S. Célérin, Diacre.
CÉLÉRITÉ. s. f. Promptitude, diligence. Celeritas. C’est une affaire qui réquiert célérité. Il ne se dit guère qu’au Palais.
Cependant le P. Catrou a dit dans son Hist. Rom. Les Romains bâtissent des navires avec une célérité capable de faire croire que leurs forêts sont tout-à-coup métamorphosées en galères.
☞ Célérité. Terme de Physique. Voyez Vitesse qui est le mot propre.
Ce mot vient du latin celer, qui vient du grec κέλλω, curro.
CÉLESTE. adj. m. & f. Qui a rapport au ciel, qui appartient au ciel, qui vient du ciel. Cælestis. Les corps célestes sont incorruptibles. Les influences célestes agissent sur les corps sublunaires. Aristote a admis des intelligences célestes qui faisoient mouvoir les astres. Les Poëtes appellent les astres, les célestes flambeaux. Notre ame a une origine céleste.
Se sacrifie aux traits du céleste courroux. La Fon.
Céleste, (Harmonie) est une harmonie que quelques Philosophes se sont imaginés être produite par les astres, & par leurs mouvemens, & que notre éloignement nous empêchoit d’entendre, comme Platon, Philon Juif, S. Augustin, S. Ambroise, S. Isidore, Boëce & plusieurs autres. Ils disent que le mouvement & l’impulsion des globes célestes, qui se poussent par des intervalles dissemblables, forment des tons dont la variété est tout-à-fait musicale. Il est impossible, selon eux, que des corps si vastes ne forment pas une espèce d’harmonie, en fournissant leur carrière avec tant de rapidité. L’air frapé par la force de leur impulsion, rend nécessairement un bruit proportioné à la violence qu’il a soufferte. Ainsi comme la sphère céleste est müe avec une grande justesse par la main toute-puissante qui y préside, & que tous les globes ne font pas tous le même circuit, & ne roulent pas avec la même vitesse, les tons différens que produit la différence de leurs mouvemens, forment un concert admirable. Mais cette opinion a été résutée d’avance par S. Irenée, & ensuite par S. Basile & S. Epiphane.
En Astrologie on appelle thême ou figure céleste la disposition du ciel à certain moment désigné, comme la naissance d’un enfant, quelque accident signalé de sa vie, de ses actions : & c’est et qu’on appelle autrement horoscope.
On appelle gloire céleste, la béatitude éternelle : les Esprits célestes, les Anges & les Saints qui en jouissent : les inspirations célestes, les graces qui nous viennent du ciel. ☞ Corneille a employé ce mot dans les Horaces,
J’atteste
Le souverain pouvoir de la troupe céleste.
Sur quoi Voltaire remarque que cette expression est hors d’usage, & bannie du style noble, sur-tout depuis que Scarron l’a employée dans le style burlesque.
Céleste se dit aussi par extension pour extraordinaire. C’est une beauté céleste, un esprit céleste.
Et dès qu’on vient à voir vos célestes appas,
Un cœur se laisse prendre & ne raisonne pas. Mol.
Céleste, (Bleu) est un bleu qui est de la couleur du ciel serein. Or ce bleu du ciel vient du grand éloignement où il est de nos yeux, à cause que la lumière se perd dans cette vaste étendue.
On appelle à Paris les Sœurs Célestes, les Religieuses de l’Annonciade, à cause qu’elles sont en partie habillées de bleu. Moniales annunciatæ Virginis ab habitu cælestis coloris, Cælestes appellattæ ; Cælestes sorores, Virgines.
Il y a en Italie des Annonciades que l’on nomme Annonciades célestes, parce que sur une robe blanche & un scapulaire elles portent un manteau bleu. Elles furent fondées en 1604 & 1605 sous Clément VIII & Paul V, qui approuvèrent leurs constitutions. Leur Fondatrice fut la Mère Victoire Fornari. Voyez Annonciade.
CÉLESTE. s. f. Cælestis. Terme de Mythologie. C’étoit une Déesse honorée à Carthage. Tertullien dans son Apologétique, & Philastrius, disent que c’étoit une Déesse d’Afrique ; Philastrius, que c’est celle qu’on appeloit ailleurs Reine & Fortune du ciel. Baronius, qui parle fort au long de cette Déesse sur l’an 399 de J. C., croit que c’étoit l’Astarte des Sidoniens, qu’on appeloit la Reine du ciel. En 399 les Chrétiens de Carthage changèrent le Temple de Céleste en Eglise. On la réprésentoit portée sur un lion ; & si l’on en croit Capitolin, dans la vie de Pertinax, elle rendoit des Oracles dans ce Temple. Lucien, Apulée, Hérodien & plusieurs autres témoignent que l’idole de Céleste portoit le nom de toutes les principales Divinités du monde, c’est-à-dire, comme parle S. Ambroise adv. Symmach. que cette Déesse étoit honorée par différens peuples, & en différens endroits, sous différens noms. Vers l’an 341, l’Empereur Constantius fit ruiner à Carthage le temple de Celeste. Héliogabale fit apporter de Carthage l’idole de Celeste, que toute l’Afrique révéroit extrêmement. On prétendoit que c’étoit la Lune : c’est pourquoi Héliogabale disoit qu’il la vouloit marier avec son Dieu, qu’on prétendoit être le Soleil. Il en fit célébrer les noces à Rome, & dans toute l’Italie, & obligea tous les sujets de l’Empire à lui faire des présens de noces : il avoit fait apporter de Carthage toutes les richesses du temple de Celeste pour avoir de quoi la parer. De Tillem.
CELESTE, s. f Terme de Fleuriste. C’est une tulipe gris lavande avec un peu de rouge & de blanc de lait. Morin.
CÉLESTIEL, ELLE. adj. Vieux mot. Céleste. Cœlestis, e. Le corps de M. S. Louis fut canonisé à Rome par le Pape Boniface VIII de ce nom l’an 1297 à la requête, poursuite & diligence du Roi Philippe le Bel, son neveu, & mis au catalogue des Saints de la Cour célestielle de Paradis. Anon. Vie de S. Louis.
Mais par disant d’esprit célestiel,
En t’aimant trop, tu me hais & déprimes. Marot.
CÉLESTIN, INE. Vieux adj. Céleste. Cœlestis, e.
Et quand il eut sa face célestine,
Qui des humains la mémoire illumine,
Tournée à moi. Marot.
CELESTIN. s. m. Nom d’homme. Cœlestinus. Célestin, Historien du temps de Valérien & de Galien. Cinq Papes ont porté le nom de Célestin. Les Célestins dans Pline, Liv, III, c. 14, sont des peuples de l’Ombrie.
CÉLESTIN. s. m. Religieux d’un Ordre institué par Saint Pierre Célestin, Pape, & qu’il réforma de l’Ordre de Saint Bernard en 1244. Cœlestinus. Ce Saint né en 1225, dans la petite ville d’Isernia, ou Sergna, au Royaume de Naples, dans le Comté de Molisse, se retira sur le mont de Mourrhon ou Mouron, & y mena pendant cinq ans une vie très-pénitente & très-mortifiée. Les bois qui environnoient sa demeure ayant été abattus, il passa sur le mont Majella. Quelques compagnons se joignirent à lui : il y établit vers l’an 1254, une Communauté, qui fut appellée le Monastère de Ste Marie de Majella, comme il paroît par une Bulle de Grégoire X, & ensuite le Monastère du Saint Esprit. Cet Ordre fut premièrement approuve l’an 1264, par Urbain IV, qui l’incorpora à celui de Saint Benoît. Il fut confirmé ensuite par Grégoire X, l’an 1274, dans le second Concile général de Lyon. Son fondateur qui se nommoit Pierre, & à qui le séjour qu’il fit sur le mont de Mouron, avoit fait donner le surnom de Mouron, fut élu souverain Pontife sous le nom de Célestin V, & les Religieux de cet Ordre prirent le nom de Célestins. Jusques-la ils avoient été appelés les Religieux de Saint Damien. Pierre de Tivoli, Général de cet Ordre, en obtint encore une nouvelle confirmation de Boniface VIII. Voyez Bollandus, T. III, de Mars, & le P. Hélyot, T. VI. c. 23. Philippe le Bel fit demander douze Célestins au Général de l’Ordre par Pierre de Sorre, son Ambassadeur à Naples, & les introduisit en France en 1300, leur donnant d’abord deux Monastères, celui d’Ambert dans la forêt d’Orléans, & celui du Mont de Chatres dans la forêt de Compiegne.
Frères Mineurs Célestins, ou Ermites Célestins, sont des Religieux de l’Ordre de Saint François, qui sur la fin du XIIIe siècle s’opposèrent aux relachemens qui s’introduisoient dans l’Ordre sous le gouvernement de Matthieu d’Aquas Spattas, Général, élu dans le Chapitre de Montpellier en 1287, & voulurent vivre selon la pureté de la Règle de Saint François. Le Pape Célestin V, le leur permit, les soutint & leur ordonna de quitter le nom de Frères Mineurs, & de prendre celui de pauvres Ermites Célestins. Mais après l’abdication de ce Saint Pontife, ils furent persécutés, & obligés de se retirer dans une Isle d’Achaïe. Ils en furent chasses dans la suite, & après bien des souffrances, ceux qui échapèrent se retirèrent en France, où ils se joignirent à d’autres Religieux zélés, ce qui donna occasion à deux partis qui divisèrent l’Ordre : l’un se nomma les Spirituels, & l’autre les Frères Mineurs de la Communauté. Voyez Vading, Annal. Min. T. Il & III, & le P. Hélyot, T. VII, c. 4.
On dit dans le style bas & familier par une manière de proverbe : Voilà un plaisant Célestin ; pour dire, voilà un impertinent, un ridicule, un sot. Cependant si l’on avoit égard à l’origine de cette façon de parler, elle devroit signifier un homme gai, plaisant, divertissant : voici son origine. Autrefois à Rouen, capitale de Normandie, les Célestins n’étoient exemts de payer l’entrée de leur boisson, qu’à condition qu’un de leurs Frères marcheroit à la tête de la première des charrettes, sur lesquelles on conduisoit cette boisson, & sauteroit d’un air gai, en passant auprès de la maison du Gouverneur de la ville. Un jour un de leurs Frères ayant paru devant les charrettes plus gaillard que ceux qu’on avoit vus jusqu’alors, le Gouverneur ne put s’empêcher de dire : voila un plaisant Célestin.
On dit à la Célestine ; pour dire, à la manière des Célestins ; & ces façons de parler sont assez communes. Une omelette à la célestine. Elles sont fort épaisses.
CÉLESTINE, s. f. Terme de Fleuriste. Anémone à peluche, qui a les grandes feuilles blanches, sa peluche blanche, mêlée de citron, qui blanchit sur la fin. Morin.
☞ CÉLESYRIE. Voyez Cœlesirie.
CELIAQUE. adj. de t. g. Terme de Médecine qui se dit d’une espèce de flux de ventre, dans lequel les alimens ne sortent pas tout crus comme dans la lienterie, mais à demi digérés, de sorte que ces deux maladies ne diffèrent entre elles que du plus au moins. Il arrive souvent aussi que les alimens sont digérés ; mais le chyle demeure confondu avec les excrémens. Les causes de la céliaque sont ou la foiblesse du levain de l’estomac, ou le peu de séjour que les alimens y font, ou l’obstruction des veines lactées, ou bien le défaut d’âcreté de la bile.Cœliacus. ☞ C’est ce qu’on appelle ordinairement passion, affection céliaque. On le dit aussi en anatomie d’une artère du bas ventre, qui vient de l’aorte ; l’artère céliaque se divise en deux, la droite va au foie, & la gauche à la rate.
Ce mot vient du grec ϰοἱλια, venter, ϰοιλιαϰὸς un homme sujet à ces sortes d’incommodités.
CÉLIBAT, s. m. État d’un homme qui vit hors du mariage. Vita cœlebs, vulgò cœlibatus. La dure loi du célibat a trouvé de grandes résistances pour s’établir : le cœur ne s’y opposoit pas moins que l’esprit. Saint Evr. Les éloges que Tertullien a donnés à la chasteté firent trouver une plus grande perfection, & une plus grande pureté dans le célibat. Id. Dans le premier Concile de Nicée, Paphnuce s’opposa hautement à la loi que l’on y vouloit faire, pour obliger les Evêques & les Prêtres à garder le célibat. Du Pin. Cependant les grands applaudissemens qu’on donna au célibat, & les fortes raisons de ses partisans ne laissèrent pas de faire impression. Id. Et il fut ordonné à tous les Ministres sacrés, sans exception, de garder le célibat. Dans l’Occident les Conciles d’Elvire, d’Arles, d’Agde, de Tours, &c. ont reçu ce Décret, ou l’ont confirmé. Tant d’autorités font voir que la loi qui ordonne le célibat est sage. Les Prêtres qui se piquoient d’une sainteté plus exacte gardèrent le célibat, en sorte qu’à la fin du IV siècle, & depuis le Décret du Pape Sirice en 385, il y en avoir peu qui fussent mariés. Le Concile d’Orange en 441, ordonna la déposition de ceux qui ne s’abstenoient pas de leurs femmes. Grégoire VII, acheva presque de réduire les Ecclésiastiques à la loi du célibat. Dans le XIIe siècle le Pape Célestin envoya les Légats en Bohême pour soumettre les Ecclésiastiques au célibat. Ils refusèrent d’y consentir,& répondirent qu’ils ne souffriroient point un joug que ni eux, ni leurs pères, n’avoient pu porter : on les contraignit. Au Concile de Trente on proposa de rendre aux Ecclésiastiques la liberté du manage, & de les délivrer de la contrainte du célibat, c’étoit même un article de l’Interim de Charles-Quint. Mais le Pape refusa d’y consentir : & tous les Ecclésiastiques sont obligés de garder inviolablement le célibat, comme un état plus pur, & plus convenable à la sainteté de leur profession. Saint Evr. Les Hérétiques ont parlé contre le célibat d’une manière, si grossière, qu’elle est capable de faire rougir même les libertins.
M. Ferrand, dans sa Réponse à l’Apologie pour la reformation, montre que les Prêtres, les Diacres, & les Soudiacres, ont toujours été en obligation de garder le célibat ; que dans l’Eglise Gallicane, aux temps de Saint Loup & du Ier Concile de Mâcon, on obligeoit les Acolythes & les Exorcistes à la continence comme les Ordres supérieurs. L’Historien Socrate, Liv. V, c. 22, dit qu’en Thessalie on excommunioit un Clerc s’il habitoit avec sa femme, quoiqu’il l’eût épousée avant son ordination, & que la même coutume s’observoit en Macédoine & en Grèce ; qu’en Orient tous observoient volontairement cette règle. Saint Jérôme, plus ancien que Socrate, dit que les Eglises d’Orient, d’Egypte, & du Saint Siège Apostolique, c’est-à-dire, les trois grands Patriarchats, & presque toutes les Eglises du monde qui leur étoient soumises, prenoient pour Clercs des vierges ou des continents ; ou que, s’ils avoient des femmes, ils cessoient d’être leurs maris. S. Epiphane avant Saint Jérôme, quoique du même siècle, dit qu’un homme qui a été marié, ne l’eût-il été qu’une fois, n’est point reçu pour être Diacre, Prêtre, Evêque, ou Soudiacre du vivant de sa femme, s’il ne s’en abstient ; que s’il se pratique quelque chose de contraire en quelques endroits, cela est contraire à la règle de l’Eglise, quoique toléré par condescendance pour la foiblesse humaine. Ce qui montre qu’il y avoit une ancienne règle ou Canon qui ordonnoit le célibat aux Clercs. Le Président Savaron, dans ses Origines de la ville de Clermont en Auvergne, p. 46, remarque que le célibat étoit gardé par les Evêques dans le IIIe siècle. Voyez le Traité de Rarramne contre les Grecs, Liv. IV, c. 6, où il répond aux accusations des Grecs par rapport au célibat des Clercs.,
☞ Quoique la loi du Célibat pour les Evêques, les Prêtres & les Diacres soit fort ancienne, il est pourtant vrai que le Célibat n’est pas attaché de droit divin aux ordres sacrés, c’est-à-dire, qu’il n’y a point de loi divine qui défende d’ordonner Prêtres des personnes mariées, ni aux Prêtres de se marier. Dans l’ancien Testament il étoit permis aux Prêtres de se marier, même après avoir été élevés à cette dignité. Dans le nouveau Testament Jésus-Christ n’a fait aucune défense sur cette matière ; & si l’Apôtre Saint Paul dans ses Epitres à Timothée & à Tite, veut que les Evêques soient chastes & continens, ce n’est pas un commandement divin ; & puis ces passages de Saint Paul ne s’entendent point du Célibat, puisque l’Apôtre défend seulement aux Evêques d’avoir plusieurs femmes en même temps, ou successivement. Oportet Episcopum esse unius uxoris virum. Voyez M. Morin & M. l’Abbé de Saint Pierre sur le Célibat.
Scaliger tire ce mot du grec ϰοιτὴ, qui signifie lit, & λείπω qui signifie linquo, celui qui abandonne le lit nuptial, ou qui n’en a jamais voulu. D’autres disent que le mot de célibat vient de Cœli beatitudo.
☞ CÉLIBATAIRE. s. m. Qui vit dans le Célibat, qui n’est point marié, quiqu’il soit d’âge à l’être. Cælebs. On doit se servir de ce mot, plutôt que de celui de garçon, qui a plusieurs autres significations, & et qui d’ailleurs n’est pas noble. Lycurgue porta des loix très-rigoureuses contre les célibataires, par lesquelles Ils étoient exclus de tous les emplois civil & militaires. Tous les ans les femmes de Lacédémone alloient prendre chez eux tous les célibataires, les conduisoient au Temple de Junon, en les accablant de plaisanteries, & leur donnoient le fouet aux pieds de la Statue.
CELICO. Bourg du Royaume de Naples, proche de proche de la ville de Cosenza. Ce bourg fut la patrie du célèbre Abbé Joachim, qui y naquit en l’an 1111.
CÉLICOLE. s. m. & f. Nom de Secte. Cœlicola. Les célicoles, ou adorateur du Ciel, professoient une hérésie qui tenoit, à ce que l’on croit, du Judaisme, & du Paganisme. Ils pervertissoient le Baptême, comme les Donatistes ; & il s’en trouvoit principalement en Afrique. Honorius fit ou confirma beaucoup de loix contre eux l’an 408, que l’on voit dans le Code Théodosien sous le titre des juifs, c’est ce qui fait croire qu’ils judaïsoient au moins en quelque chose. Quelques Auteurs en concluent que c’étoient des Apostats, qui de la Religion Chrétienne étoient passés dans le Judaïsme. Ils appeloient leurs Supérieurs Majeurs.
☞ Les Juifs avoient été aussi appelés Célicoles, parce que quelques-uns d’entr’eux étant tombes dans l’idolâtrie, du temps des Prophètes, ils adoroient les astres du Ciel, & les Anges. C’est pour cela que Saint Jérôme consulté par Algasie sur le passage de Saint Paul aux Colossiens, que personne ne vous seduise, en affectant de paroitre humble par un culte superstitieux des Anges, répond que l’Apôtre veut parler de cette erreur des Juifs, & prouve qu’elle étoit ancienne parmi eux, & que les Prophètes l’avoient condamnée. Clément d’Alexandrie reproche les mêmes erreurs aux Juifs, & Saint Epiphane dit que les Pharisiens croyoient que les cieux étoient animés, & les considéroient comme les corps des Anges. Mor.
CELIDÉE. s. f. Terme de Fleuriste. Anémone à peluche, qui porte de grandes feuilles blanches mêlées d’incarnat, sa peluche céladon, mêlé de couleur de rose. Morin.
CÉLIGNE. s. f. Nom de femme. Cœlinia ou Celinia. Célinie, que le peuple nomme Sainte Céligne, étoit de la ville de Meaux. Baillet. Elle croit contemporaine de Sainte Geneviève, sous la conduite de laquelle elle consacra à Dieu sa virginité. Il y a une autre Sainte Céligne veuve, honorée à Laon & à Reims.
CÉLIQUE. adj. m. & f. Qui se trouve dans nos vieux Auteurs pour céleste. Cœlestis, e ; cœlicus, a, um.
☞ CELLA. s. f. Terme d’antiquité. Dans les grands Temples des païens, c’étoit le Temple proprement dit, ou étoient les Dieux, les Autels, les Candélabres. La cella avoit trois parties principales, la Basilique qui répond à ce que nous appelons la nef dans nos Eglises, l’adytum qui répond à notre sanctuaire, & la tribune ou rond-point de nos Eglises, où étoit la Statue du Dieu dont le Temple portoit le nom. Lettre dans Les Mém. de Trév. Février, 1759.
CELLE, pronom fém. Voyez Celui.
CELLE en Provence, est un bourg près de Brignoles. L’Abbaye de Celle est une Abbaye de Bénédictines de la Reforme au Val-de-Grace : elle a été transféree dans la ville d’Aix. P. Hélyot, T. IV, p. 332.
Celle. s. f. Vieux mot qui signifioit autrefois une petite maison, chambre ou retraite d’un Moine, d’un Hermite. Cella, cellula. Il n’est plus en usage qu’en ses composés.
On l’a dit originairement de la maison où demeuroient des personnes de servile condition ou francs, ou bien des enfans qu’on y laissoit pour aller commodément à l’école.
Celle. En usage dans l’Ordre de Grandmont. Monastère de cet Ordre soumis à celui de Grandmont. Cella. L’ordre fonde par Saint Etienne de Muret prit le surnom de Grandmont, à cause qu’on soumettoit à ce Monastère qui avoit titre de Prieuré, tous ceux que l’on bâtissoit, auxquels on donnoit le nom de Celles. P. Hélyot, T. VII, c. 54. De cent quarante Celles ou environ, qui dépendoient de Grandmont, Jean XXII, en érigea XXXIX en Prieurés Conventuels à chacune desquelles il unit quelqu’une des autres Celles. Idem. p. 418.
Quelques Auteurs dérivent ce mot de l’hébreu כלא qui veut dire un lieu où l’on enferme quelque chose, une prison.
Les Sœurs de la Celle. Nom qui a été donné à une partie des Religieuses Hospitalières du Tiers-Ordre de Saint François. Sorores à Cella dictæ. Les Religieuses Hospitalières du Tiers-Ordre de Saint François, qui n’avoient point de rentes, & vivoient des aumônes qu’elles alloient chercher, furent appelées les Sœurs de la Celle, & elles alloient servir les malades hors de leurs Monastères. P. Hélyot, T. VII, c. 40.
Celle-neuve. Cella nova. Nom de lieu & d’une Abbaye de Bénédictins, appelée Saint Sauveur de Celle-neuve, sur les confins du Royaume de Galice en Espagne, au pied du mont Léborite, ou Léporate, proche de la rivière de Sorgne, au Diocèse d’Orense. Cette Abbaye, aujourd’hui très-considérable, fut fondée en 955, par un Evêque de Compostelle. Elle fut unie à la Congrégation de Valladolid en 1506, par Jules II.
Celle-volane. Nom d’un lieu d’Italie & d’une congrégation de Chanoines Réguliers. Cella volana. La Congrégation de Saint Jacques de Celle-volane. Congregatio sancti Jacobi, in Cella volana, ou simplement la Congrégation de Cella-valane. On ne sait ni l’année de l’institution de cette Congrégation, ni quel fut son Instituteur. On sait seulement qu’elle prit son nom de Celle volane, lieu où étoit son premier Monastère ; que Celle volane étant au milieu d’un bois, dans une situation fort mal-saine, les Religieux furent obligés de l’abandonner. Le Prieur seul y resta, & en 1424, il le donna aux Chanoines Réguliers de Sainte Marie de Frisonnaire. Ceux-ci n’ayant pu non plus en soutenir le mauvais air, transporterent le Monastère dans un des fauxbourgs de Ferrare, & en 1595, dans la Ville où on leur bâtit une Eglise, qui en 1596, fut érigée en Abbaye par Pie V. Ils eurent encore un autre Monastère à Ravenne, qui eut le même sort que celui de Celle volane ; & la Congrégation de Ste Marie de Frisonnaire ayant été unie à celle de Saint Jean de Latran, celle de Celle volane s’y trouve aussi maintenant incorporée. Voy. le P. Hél. T. II. c. 5.
CELLERAGE. s. m. Terme de coutume. Droit seigneurial qui se prend sur le vin quand il est dans le cellier. Cellarium vectigal. En quelques endroits on l’appelle Droit de Chantelage ; quand on le met sur le chanrier.
CELLERERIE. s. f. Titre ou bénéfice de l’Officier claustral qui est Cellérier. Cellarii Præfectura.
CELLÉRIER, IÈRE. s. m. & f. On prononce célérié, & quelques-uns écrivent célérier avec une seule l. Œconome d’un Monastère : Office claustral chez les Moines, qu’exerce celui qui a soin des provisions de la nourriture du Couvent. Cellarius, cellario præfectus, Cellerarius, Cellararius.
On dit aussi cellerière dans les maisons des Religieuses. Cellaria, custos obsonio & penori præfecta. Dans la Règle de Sainte Césaire, écrite au VIe siècle par son frère l’Evêque S. Césaire, la cellériere est appelée Cavenaria, & Celleraria.
Ce mot est tiré du Droit Romain. Cellerarius dans le Digeste est celui qui étoit proposé à l’examen des comptes. Ulpien le définit, Cellerarius, id est, ideò præpositus ut rationes salvæ sint. Voyez sur l’office de Cellerier la règle de Saint Benoît, & les constitutions des différentes Congrégations qui suivent cette règle.
Les Anciens donnoient ce nom à ceux à qui ils commettoient le soin de leurs affaires domestiques. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui dans les grandes maisons. Intendant. Les Prélars & les Monastères l’affecterent pour le donner à leurs Procureurs & à leurs Agens. L’Auteur de la vie de Saint Césaire, dit que ce grand personnage fut Cellerier, c’est-à-dire, Procureur de Luxeul, Cellerarius, id est, Procuratur fuit Lexoviensis Monasterii. Philippe de Savoye, quoiqu’il fût d’une naissance si illustre, étoit Cellerier de l’Archevêque de Vienne l’an 1243. Chorier. Hist. du Dauph. Liv. IX, p. 264. Le Cellerier, Cellerarius, Cellarius, étoit proprement l’Officier qui a soin de la provision de bouche. Qui cellæ vinariæ & escariæ præest. Les anciennes fonctions du Cellerier ont rapport à cette origine. Il ne se méloit d’abord que de faire recueillir les grains du Seigneur, & de les serrer dans les greniers ; & ses droits constituoient en une certaine quantité de grains prise sur ceux qui se recueilloient pour le Seigneur ; de plus en un habit avec sa fourrure. Le soin de faire porter la récolte du Seigneur dans le grenier étoit commun à cet Officier, & à celui qu’on nommoit Baile. Aussi la part qu’il devoit prendre sur la recette étoit réglée sur le même pied. L’un & l’autre, suivant les titres qui nous restent, avoient un treizième du total. Ainsi les offices de Cellérier, de Mistral & de Baile, n’étoient distingués que par le nom, & nullement par les fonctions. On peut remarquer toutefois une différence considérable entre cet Office, & celui de Mistral, c’est que le Cellerier faisoit la recette des revenus du Seigneur dans route l’étendue de la terre par préférence même au Châtelain. Valbonnais. On peut voir dans cet Auteur plus de détail sur cet Office. Mém. pour l’Histoire de Dauphin. Disc. V, c. 5.
L’Office de Cellerier étoit plus ordinaire dans le Viennois, dans la Baronnie de la Tour, & dans les terres que les Dauphins avoient au-delà du Rhône, que dans les autres parties du Dauphiné. On n’en trouve presque point dans l’Ambrunois, ni dans le Briançonnois. Dans tout le Gapençois il n’en paroît qu’un à Ulpaix. Dans le Graisivaudan outre les Celleriers d’Avalon, de Cornillon, & de Moirans, il y en avoit un à Grenoble. Dans le Viennois, outre ceux de S. Donat, de Crémieu, de Bourgouin, de Quirieux, de la Tour du Pin, il s’en trouve un pour toute la Baronnie de la Tour, qui avoit sous sa charge les Châtelains & les autres Celleriers de la terre. Enfin, dans les terres situées en Bresse & en Bugey dépendantes des Dauphins, il y avoit presque en toutes des Celleriers. Valb.
On trouve fort peu d’inféodations de ces offices : il n’en paroît qu’à Avalon & à S. Donat. Id.
Le Cellerier, dit Pierre de S. Julien dans son origine des Bourguignons, a aussi est un office dans les chapitres. C’étoit celui qui avoit soin des affaires temporelles, & de faire distribuer aux Chanoines le pain, le vin & l’argent, à raison de leur assistance au cœur. On l’a nommé en différens lieux Cellerier, Boursier ou Courier, dit le même Auteur. Voyez Courier.
CELLERIÈRE. s. f. Nom de dignité dans les Communautés de filles. Celleraria. Dans l’Abbaye de Remiremont, après la secrete, qui est la seconde dignité, suit la Soutière ou Cellerière, qui jouiy de plusieurs droits & juridictions temporelles, qu’elle possede, aussi bien que de quelques Seigneuries par indivis avec l’Abbesse. Elle est pour cet effet tenue, par forme de reconnoissance au Chapitre, de distribuer à toutes les Dames Chanoinesses, à certains jours de l’année, de l’huile, du vin & autres choses semblables. P. Hélyot, T. VI, 6. 413. Elle nomme aussi les deux petits Ministreux. Id. p. 414.
CELLES. Ville de Berry sur la rivière de Cher à trois lieues de Romorantin. Cellæ. Il y a à Celles une Abbaye célèbre, fondée par S. Euspice Moine