Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CESTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 387).

CESTE. s. m. Terme Poétique. C’est une ceinture mystérieuse que les Poëtes & les Peintres attribuent à Vénus & à Junon. Zona, cingulum, cestus. Quelques-uns disent que c’étoit un corset. Cupidon déroba le ceste à Vénus. Ablanc. Comme ce mot est Latin, & peu commun en François, bien des gens n’ont pas approuvé l’usage qu’en fait M. Ménage dans ces deux vers.

Elle avait en ses yeux, en sa voix, en son geste,
Plus de charmes divers que Vénus dans son ceste.

Chez les Anciens, ceste étoit proprement la ceinture que le mari donnoit à sa femme le premier jour de ses noces. Voyez Ceinture.

Ce mot vient du grec κεστὸς, qui signifioit une ceinture, ou autre ouvrage brodé à l’aiguille, qui étoit un ornement ordinaire des femmes. Voyez Ceinture. Il faut dire en Latin cestus sans diphthongue, à la différence de cæstus, qui suit ; car on ne dit point cæstus en ce sens, non plus que cestum, neutre, au moins dans la bonne Latinité, quoi qu’en dise le Moréri ; Κεστὸς, cestus, ceinture du ventre, vient du Celthique Cest, qui signifie ventre. Pezron.

Ceste est aussi un gros gantelet de cuir garni de plomb, dont se servoient les anciens Athlètes dans les combats du pugilat. cæstus. Calepin a cru que c’étoit une massue de laquelle pendoient des balles de plomb attachées par des morceaux de cuir. Il se trompe, car c’étoit seulement une longe de cuir garnie de cloux, de plomb, ou de fer, dont on entouroit la main en forme de liens croisés, & même le poignet & une partie du bras, pour empêcher qu’ils ne fussent rompus ou démis. On l’appeloit ainsi, à cædendo, tuer & fraper. Voyez sur le ceste Vigénere dans ses Annotations sur Tite-Live, Tom. I, p. 972.