Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/331-340

Fascicules du tome 2
pages 321 à 330

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 331 à 340

pages 341 à 350


☞ On dit absolument, l’eau a cavé sous ce rocher.

Caver signifie aussi en plusieurs jeux de renvi. Faire un fonds de certaine somme, pour avoir devant soi de quoi jouer.

Caver au plus fort, c’est faire bon à chaque coup du jeu, d’autant d’argent qu’en joue dans ce moment-là celui des joueurs qui en joue le plus.

On dit aussi familièrement & figurément, caver au plus fort ; pour dire, porter tout à l’extréme.

Caver, en termes de Vitrier, c’est : évider dans un morceau de verre de couleur, pour y enchasser d’autres de diverses couleurs, qu’on retient avec du plomb de chef-d’œuvre. On cave avec un diamant, & un gresoir qu’on doit conduire avec adresse pour ne pas casser la pièce. Cela ne se pratique guère que pour les expériences, & les chefs-d’œuvre de vitrerie.

Caver, en termes d’Escrime, c’est s’exposer à recevoir un coup d’épée dans le même temps qu’on le porte. C’est le contraire d’opposer. Voyez ce mot. Encyc.

Cavé, ée, part.

CAVER. s. m. Vieux mot, qui se trouve dans les fors ou coutumes, & dans les actes de Navarre & de Gascogne, & qui signifie Cavalier, Chevalier, un vassal qui sert avec ses chevaux un Seigneur. Les Cavers.

Ce nom vient de caballarius, Chevalier. De Marca.

CAVERIE. s. f. Terre d’un caver, terre sujette au service d’un caver, ou dont le maître est un vassal qui doit servir avec ses chevaux le Seigneur dont il relève. Caballaria.

CAVERNE. s. f. Grand creux qui se trouve fait naturellement, & sans art, sous quelque montagne ou rocher. Specus, spelunca, caverna. Les bêtes farouches se retirent dans les cavernes. ☞ Les cavernes se forment comme les précipices, par l’affaissement des rochers, ou comme les abymes, par l’action du feu, les explosions des volcans & les tremblemens de terre, &c.

☞ Les anciens distinguoient entre antrum & spelunca, que l’on traduit ordinairement par le mot caverne, & donnoient le premier nom à celles qui sont l’ouvrage de la nature, & le second à celles que l’art avoir creusées. Nous appelons ordinairement caverne, celle qui a une profondeur considérable, & qui est accessible : si elle étoit profonde & creusée en précipice, ce seroit un abyme. Celles qui n’ont que la profondeur nécessaire pour servir de logement à un homme ou à une famille, sont proprement des grottes. Les grottes, sont la plûpart l’ouvrage de la main des hommes.

CAVERNEUX, EUSE, adj. Plein de cavernes. Cavernosus. On dit un pays caverneux, des terres, des montagnes caverneuses.

☞ Ce terme se dit en Anatomie de plusieurs parties du corps. Il signifie la même chose que corps nerveux & corps spongieux. Cavernosus. Les nerfs caverneux sont deux corps plus ou moins longs & gros, dont la partie la plus considérable de la verge est composé. Leur substance interne est rare & spongieuse ; lorsqu’elle vient à s’emplir de sang & d’esprits, les nerfs caverneux s’enflent : ce qui fait la tension de la verge.

☞ Il y a encore le corps caverneux de l’urèthre. Voyez ce mot. Le sinus caverneux de la duremere. Voyez ce mot.

CAVERNOSITÉ. s. f. Espace vide d’un corps caverneux. Petites cavernes qui, se trouvant en grand nombre dans un corps, le rendent caverneux. Caverna, cellula. Les plumes renferment dans leur cavité un gros & long corps, charnu, caverneux, sur lequel rampent une infinité de petits vaisseaux sanguins, qui entrent par le trou inférieur de la plume, pour verser leur lymphe dans les cavernosités de ce corps, pour être de-là portée dans toutes les parties de la plume, afin de les nourrir. Acad. des Scienc. 1699, Hist. p. 44.

CAVESSE DE MORE. Terme de Manège. C’est la même chose que Cap de More expliqué ci-dessus. Ce mot vient de l’espagnol, cabeça, qui signifie tête.

CAVESSON ou CAVEÇON. s. m. Terme de Manège. Capistrum. C’est une espèce de muserolle, demi-cercle de fer, qu’on met sur le nez du cheval, qui le contraint, & sert à le domter & à le dresser. Equi retinaculum asperius, capistrum. Les cavessons de cuir ou de corde servent à mettre les chevaux entre deux piliers. Il y a aussi des cavessons de fer faits en demi cercle de deux ou trois pièces, assemblées par des charnières, qui servent à dresser les jeunes chevaux. Il y en a de tors & de plats ; d’autres creux par le milieu & dentelés comme des scies, qu’on appelle mordans, ou à siguette ou cavessons camares. On ne se sert plus de ces derniers, & ils sont absolument bannis des Académies. Ils étoient garnis de petites pointes très-aigues qui tourmentoient excessivement le cheval. Tous cavessons sont montés de têtière, de sougorge, & de deux longes.

Ce mot peut venir de l’espagnol cabeça, qui signifie tête.

On dit d’un homme fougeux & emporté, qu’il a besoin de cavesson ; pour dire, qu’il a besoin qu’on le retienne.

CAVET. s. m. Terme d’architecture, du latin cavus. C’est un membre creux ou moulure rentrante, qui est faite de la quatrième partie d’un cercle, & qui fait partie des ornemens des corniches. Sima. On s’en sert aussi dans les ornemens des bordures de menuiserie.

CAVIAL, s. m. D’autres disent caviat, & d’autres caviar. Sorte de mets ou de ragoût qu’on prépare comme les boutargues. Il se fait d’œufs d’éturgeon qu’on saupoudre de sel, & qu’on expose après au soleil, en les remuant plusieurs fois le jour. Le cavial est fort commun dans tous les pays du nord. On l’assaisonne ordinairement avec du vinaigre quand on en veut manger. Les uns le mangent sur le pain, & les autres en font une espèce de salade, comme on en fait avec des anchois.

☞ Les anciens faisoient un ragoût à-peu-près semblable des intestins du Thon, qu’ils nommoient Scombrus, & ils l’appeloient garum ou muria.

CAVIDOS ou CABIDOS. s. m. Terme de commerce & de relations. C’est le nom d’une mesure de Portugal, qui est environ égale à l’aune d’Amsterdam, ou de Hollande, qui est de deux pieds un pouce & deux lignes. Les cavidos dont on se sert dans les Indes Orientales, sont environ d’un tiers plus courts que ceux de Lisbonne.

CAVIER. Termes de Coutumes. On appelle Seigneurs caviers, ceux auxquels les cens, rentes, & devoirs fonciers sont dûs par les tenanciers.

Cavier ou Caver, vient de Caballarius : ce mot dans la basse latinité, signifioit Chevalier : ainsi Cavier, dans son origine, signifioit un vassal qui doit à son Seigneur service de cheval. Voyez Caver.

CAVILLATION. s. f. Terme d’Ecole. C’est un argument faux & sophistique, un raisonnement qui n’est fondé que sur une vaine subtilité. Cavillatio. La plupart des objections qu’on fait au Collège font de pures cavillations. Il n’est pas d’usage dans le discours ordinaire.

Ce mot vient de cavillari, que l’on fait venir de calvo.

CAVIN. s. m. Terme de guerre. C’est un lieu creux, soit un chemin, soit un fossé, dans lequel on peut s’avancer à couvert vers les ennemis, comme dans une tranchée. Fossa.

☞ CAVINAS. Peuple de l’Amérique méridionale, au Pérou, dans la Province de Charcas, dans les montagnes.

☞ CAVITE ou CAVITA. Ville de l’Île Manille, une des Philippines, dans la Province de Bahi.

CAVITÉ. s. f. Creux ou vide dans un corps solide ; ce qui est cave ou creux. Caverna, cavus sinus. Les Médecins nomment cavités, plusieurs endroits creux qui sont dans le corps, comme les cavités du cerveau, du cœur, des veines.

CAULACAU ou CAVLACAV. s. m. Nom que les Nicolaïtes, hérétiques du premier siècle, donnoient à une des puissances qui gouvernoit le Ciel, abusant d’un passage d’Isaïe, où se lisent ces mots hébreux, Cau-la-cau. Fleury. Ces mots se trouvent dans Isaïe XXVIII, 10 & 13. On lit dans le texte de S. Epiphane, hérésie des Nicolaïtes, ch. IV, & ch. V. Καυλαυϰαύχ & Καυλαυϰαύϰ, mais mal. L’hébreu est : קולכו, Kav-La-cav. χ ou le ϰ est superflu, & ne peut être dans l’hébreu. Le Caulacau des Nicolaïtes étoit un Prince, Ἄρχων. C’est tout ce qu’en dit ce Saint, qui en rapportant la signification des mots hébreux selon l’interprétation des Septante, montre le ridicule de cette fiction des Nicolaïtes, qui ne peut avoir aucun fondement dans Isaïe. Voyez cet Auteur à l’endroit cité, le P. Petau dans ses notes, & S. Jérôme dans son commentaire sur Isaïe.

CAULEDON. s. m. Terme de Chirurgie qui désigne une fracture transversale avec inégalité, qui sépare les parties de l’os rompu, de manière qu’elles ne sont plus vis-à-vis l’une de l’autre. Ce mot est grec, ϰαυληδὸν, caulatim, in modum caulis, en tige ; parce que cette fracture laisse des esquilles ou inégalités aux bouts fracturés, comme une tige ou un tronc de chou, quand on le casse. Col de Villars.

CAULICOLES. s. f. pl. Terme d’Architecture. Ce sont de petites tiges qui sortent d’entre les feuilles d’Acante, qui semblent soutenir les huit volutes du chapiteau Corinthien. Cauliculi. On les appelle aussi Tigetes.

CAUMONT. Nom de lieu. Calvus mons, Calvomontium. C’est de ces mots latins que s’est formé le nom françois, qui se prononce quelquefois Caumont, & quelquefois Chaumont, quoiqu’il ne faille pas confondre ces deux noms, & les donner indifféremment aux mêmes lieux. Car l’usage & la différente prononciation des différentes Provinces ou des siècles différens, les a appliqués à différens lieux. Il faut dire Caumont, ville du Bazadois sur la Garonne. Caumont, ville de l’Armagnac sur la petite rivière de Corre. Caumont, Baronie dans le Rouergue. En d’autres il faut dire Chaumont. Nous en parlerons en son lieu.

Suivant ce que nous avons dit, ce mot signifie une montagne chauve, c’est-à-dire, stérile, sur laquelle il ne vient rien.

☞ CAUNAR. Bourg de France en Gascogne, Evêché d’Aire, à une lieue de S. Sever.

☞ CAUNE. (la) Ville de France au haut Languedoc, Diocèse de Castres, sur les confins du Rouergue.

☞ CAUNES. Ville de France, dans le haut Languedoc, Diocèse de Carcassonne.

☞ CAOURS, ou CAVOURS. Petite ville d’Italie dans le Piémont, sur les frontières de France.

CAUQUEMARE. s. f. Vieux mot, qui signifie Sorcière. Saga.

Griffons hideux qui mangent gens,
Barbares & fiers lougaroux,
Vieilles & laides Cauquemares. Pesart.

CAURAULDE. s. f. Vieux mot. Sorcière qui a le visage défiguré, de cara, visage.

Comme elle a été en presse
De Sorcière & de Caurauldes.

CAURIOLE. s. f. Terme d’Architecture. Ce mot se trouve dans la traduction de Palladio, par M. de Chambray. Les caurioles sont ce qu’on appelle communément postes.

CAURIS ou CORIS. s. m. Coquilles blanches dont les Nègres se servent pour monnoie. Les habitans de Siam & d’autres endroits des Indes, sont charmés quand on leur porte du cauris, parce que non-seulement ils en font leur monnoie ; mais les femmes s’en font encore des colliers & des brasselets pour rehausser la noirceur de leur teint, comme nos Dames mettent des mouches pour relever leur blancheur. Remarquez cette mère qui livre tranquillement sa fille à un Etranger pour une somme de cauris, qui sont des coquillages blancs qui servent de monnoie dans ce pays. Pluc.

☞ CAURZIM. Petite ville de Bohême, capitale du Cercle de même nom, à six lieues de Prague.

CAUSAL, ALE. adj. C’est le nom que quelques Grammairiens donnent à certaines particules, comme : parce que, vu que, car. On les appelle causales, parce qu’elles servent à rendre compte de la raison & de la cause pourquoi on a dit ou fait quelque chose. On les appelle plus communément causatives : mais quelques-uns les appellent causales. Cette particule causale, quia, est décisive pour notre sujet. causalis. L’Ab. Faidit.

CAUSALITÉ. s. f. Terme dogmatique. Manière dont une cause agit. Ratio quâ agit causa. En termes barbares de l’école on dit causalitas. Il y a une causalité morale, & une causalité physique, comme il y a des causes morales & des causes physiques. L’Auteur, outre les questions ordinaires, traite au long la causalité des Sacremens. Mém. de Trev.

CAUSANT, ANTE. AIDANT, ANTE. Toutes choses étant causées & causantes, aidées & aidantes, & toutes s’entretenant par un lien naturel, il est impossible de connoître les parties sans connoître le tout, non plus que de connoître le tout, sans connoître les parties. Pascal.

CAUSATIVE. adj. f. Qui se dit en cette phrase grammaticale, une particule causative. Voyez Causal.

CAUSE. s. f. Ce qui produit un effet. Causa. On dit en Théologie, que Dieu est la première cause. La cause des causes. On appelle cause première, celle qui agit par elle-même, & par sa propre vertu. Dieu seul peut être cause première. On l’appelle aussi cause universelle. Causa universalis.

Quand tu vois du Soleil l’éclatante lumière,
Et tous les feux du Firmament,
La raison & la foi doivent en ce moment
Elever ton esprit vers la Cause première.

 
L’Ab. Tétu.

On nomme causes secondes, celles qui ayant reçu de la cause première leur vertu, leur pouvoir d’agir, leur faculté, n’agissent point par elles-mêmes, comme la cause première, & qui sont mues par la cause première. Causæ inferiores, causes secundæ. Selon les notions & les principes de la raison commune à tous les hommes, l’on peut décider, qu’il y a une cause supérieure & intelligente, à qui toutes les créatures doivent leur être. S. Evr. Dieu suspend quelquefois l’action des causes secondes, & les conduit à une autre fin que celles où elles tendoient par leur destination naturelle, quand il le trouve à propos pour les desseins de la sagesse. Sherlock. Si Dieu remue immédiatement les causes secondes pour chaque événement, elles ne sont que de pures machines immobiles par elles-mêmes, & qui n’ont en elles aucun principe d’action. Id. La Providence se sert des causes secondes, des causes sublunaires, & en détermine le mouvement comme il lui plaît. Les causes secondes sont subordonnées à une cause générale, qui les met en action. Bay. Par un enchaînement de causes inconnues, mais déterminées de tout temps, chaque chose marche en son rang, & acheve le cours de sa destinée. Vaug. Socrate ne regarde la beauté que comme un effet de la nature, qui s’eleve à la connoissance de sa cause. Vill.

Les causes, en termes de philosophie, ont été distinguées par les Anciens en cause efficiente, c’est l’agent qui produit quelque chose, Causa efficiens conficiens, effectrix. Cause matérielle, c’est le sujet sur lequel il travaille, ou ce dont la chose est formée. Materia, materies. Cause formelle, c’est le changement qui résulte de son action dans le sujet, ou ce qui rend une chose telle, & la distingue des autres. Forma. La cause finale, c’est le motif qui le fait agir, ou la fin pour laquelle une chose est. Finis, propositum, causa finalis. Quelques-uns ont ajouté la cause exemplaire. Causa exemplaris, exemplum, exemplar. C’est le modèle que suit un agent, & qui le conduit dans son action mais ce n’est pas proprement une cause.

La cause physique est celle qui produit un effet sensible, & corporel : comme l’approche du Soleil est cause de la chaleur. Causa physica. La cause morale est celle qui produit un effet réel, mais dans des choses spirituelles ; comme le péché est la cause de la perte de la grâce. Causa moralis. D’autres appellent cause physique, celle qui produit l’effet par une qualité physique ; & cause morale, celle qui détermine, quoique non nécessairement, la cause physique à produire l’effet : ainsi le Soleil est cause physique de la lumière ; une pierre qui écrase un homme en tombant, est cause physique de sa mort ; mais les prières, les conseils, les menaces, les ordres, les exhortations, &c. qui nous portent & nous déterminent, quoique non nécessairement, à faire ou ne pas faire quelque chose, sont des causes morales. Dans ce sens, cause morale ne se dit qu’à l’égard des êtres intelligens & libres. Cette dernière notion de cause physique, & cause morale, est la plus juste : elle distingue mieux & fait mieux connoître les deux espèces de causes dont il s’agit.

Cause occasionnelle, est l’occasion seulement, & non pas la cause directe de ce qui arrive. Occasio, causa occasionem, ansam præbens : par exemple, l’ame ne pouvant pas agir sur le corps, ni le corps réciproquement sur l’ame, Dieu, à l’occasion d’un mouvement du corps, imprime à l’ame une pensée ; & de même à l’occasion d’une pensée de l’ame, il imprime un mouvement au corps ; d’où il s’ensuit que les mouvemens de l’ame, ou du corps, ne sont que les causes occasionnelles de ce qui se passe dans l’un & dans l’autre. Font. Selon les Philosophes modernes, le choc, ou la percussion, n’est que la cause occasionnelle du mouvement produit dans le corps choqué : c’est Dieu qui en est la cause immédiate & efficiente. Bay. De même ils disent que l’action des corps sur nos organes n’est point la cause efficiente de nos idées, & de nos perceptions : elle en est seulement une cause occasionnelle ; qui détermine Dieu à agir sur notre esprit, suivant les loix de l’union de l’ame & du corps. Id. C’est le sentiment des Cartésiens de nos jours.

Ceux qui méditeront un peu la matière, verront aisément les fâcheuses & les ridicules concluions qu’on en peut tirer : par exemple, ce n’est point un boulet de canon qui tue un homme, ou qui abat une muraille, c’est Dieu qui fait tout. Le mouvement d’un Canonnier, dont le bras remué par la puissance de Dieu a porté du feu sur la poudre d’un canon, a déterminé Dieu à enflammer la poudre ; la poudre enflammée a déterminé Dieu à pousser le boulet ; le boulet poussé avec une rapidité inconcevable jusqu’à la superficie extérieure du corps d’un homme ou d’une muraille, a déterminé Dieu à briser le corps de cet homme, & à lui fracasser les os, ou à faire voler des éclats des pierres de cette muraille. Un fantassin qui s’enfuit, ne s’enfuit pas ; mais le mouvement de sa glande pinéale agitée par l’impression d’un bataillon ennemi qui vient à lui, hérissé de bayonnettes au bout du fusil, détermine Dieu à remuer les jambes de ce fantassin, & à le porter du côté opposé d’où vient ce bataillon. Les conclusions dangereuses de cette nouvelle Doctrine regardent les dogmes catholiques de la liberté du péché, du mérite, &c. On a toujours dit dans un sens moral, que le monde est un théâtre où l’on joue la comédie ; chacun y fait son rôle : mais on pourroit dire aujourd’hui dans un sens naturel, si la chose n’étoit pas si sérieuse, & qu’elle ne regardât pas Dieu & la Religion, que le monde est un théâtre de marionnettes, & que chaque homme est un Polichinelle, qui fait beaucoup de bruit sans parler, & qui s’agite beaucoup sans se remuer.

La cause universelle est celle qui par l’étendue de son pouvoir peut produire tous les effets : il n’y a que Dieu qui soit cause universelle. Causa universalis. La cause particulière est celle qui ne peut produire qu’un seul effet, ou que certaines espèces d’effets. {'lang|la|Causa singularis}}, ou particularis. La cause principale, est celle qui donne le mouvement à l’instrument ; qui s’en sert. Causa principalis. Dans l’usage ordinaire, & ailleurs que dans les ouvrages dogmatiques, on appelle cause principale, celui qui a plus de part à une chose que les autres. Cause totale est celle qui produit tout l’effet. Causa totalis. La cause partielle, Causa partialis, est celle qui concourt avec un autre pour la production du même effet. Cause univoque est celle qui est de même espèce que son effet, qui est semblable à son effet. Causa univoca. Cause équivoque est celle qui n’est pas de la même espèce que l’effet qu’elle produit. Causa æquivoca.

On dit qu’un homme est cause d’un scandale, d’une querelle, d’une guerre, de la fortune de quelqu’un ; pour dire, qu’il en a fourni les occasions. Je ne suis pas cause de ce qui lui est arrivé. Les hommes par leurs artifices & par leurs feintes passions, sont cause du malheur de celles qui se laissent tromper. M. Scud. L’ignorance invincible est une excuse légitime des crimes dont elle est cause. S. Evr.

Cause signifie aussi raison, prétexte, sujet, moyen qui sert à défendre, louer ou blâmer quelque chose. C’est pour cette cause qu’on l’a fait mourir. Un Juge se doit déporter, quand il fait qu’il y a des causes de récusation contre lui. L’Arrêt déclare qu’à bonne & juste cause il a formé son opposition. Il a été accusé à tort & sans cause. Sans alléguer aucune cause elle rompit tout commerce avec moi. Voit.

As-tu de ton espoir des causes légitimes ?
Quand tu crois te sauver sur quoi te fondes-tu ?
Toi, pécheur, de qui la vertu
Consiste à s’abstenir des plus énormes crimes.

L’Abbé Tetu.

Cause, en termes de Palais, signifie un droit acquis à quelque personne par quelque titre que ce soit, vente, cession, donation, succession, confiscation, &c. Jus. Ainsi on dit, ses héritiers ou ayant cause. On dit aussi, qu’un homme a une bonne cause y quand il a un droit apparent. Les Juges doivent être toujours pour la bonne cause. Æquitas.

Cause, se prend aussi pour intérêt. Causa, partes. La cause des pauvres est la cause de Dieu. En matière de Religion, la cause de Dieu devient d’ordinaire la nôtre, parce que nos passions se mêlent avec elle. S. Evr. Darius fit prier Alexandre de venger sa mort, & lui fit dire qu’il devoit cet exemple au monde, & que c’étoit la cause commune de tous les Rois. Vaug. C’est la cause publique qui réside en la bouche des gens du Roi.

Cause se prend aussi pour ce qu’on appelle parti. Etre pour la bonne cause. Vaug. La faveur de Dieu n’est pas moins attachée aux bonnes mœurs qu’à la bonne Cause. Sherlock.

Cause, signifie aussi différent, contestation qui doit être plaidée à l’audience. ☞ On dit procès quand il s’agit d’une affaire qui s’instruit par écritures. Cause se dit quelquefois du plaidoyer même. Causa, lis, controversia. Cette cause a été appelée à tour de rôle. Citata præconio apparitoris causa apud judices ad instituendam ejus disceptationem, Cet Avocat a bien plaidé sa cause. C’est une belle cause, une belle question à juger. Le renvoi se doit demander avant que la cause soit contestée. La contestation en cause se fait par l’appointement en matière civile, & par la confrontation en matière criminelle. Prendre fait & cause d’un autre, c’est, prendre en main sa défense, prendre sur soi l’événement du procès. Tueri partes alicujus. Cet homme est fort habile, il défend bien sa cause. Ceux qui perdent leur cause doivent être condamnés aux dépens. On dit encore, mettre un homme en cause ; pour dire, le rendre partie au procès. Tous les garans, tous les cohéritiers ont été mis en cause. Il n’est pas en cause. On l’a mis hors de cause ; c’est-à-dire, on l’a débouté de son intervention. Tite-Live rapporte, qu’Horace fut absous, plutôt par l’admiration de sa vertu, que par la justice de sa cause. S. Evr. Les preuves dont un Avocat appuie sa cause, font que les Juges la trouvent bonne ; mais les affections dont il l’anime, font qu’ils souhaitent qu’elle soit bonne. Bouh.

. . . . . . Huissier, faite faire silence :
Avec tous ces causeurs étes-vous de complot ?
Quelle pitié ! voilà quatre causes, je pense,
Que nous jugeons, sans en entendre un mot.

S. Ussan.

On appelle aussi la cause grasse, une cause plaisante, & sur un fait inventé, que les Clercs de la Basoche plaidoient autrefois pour se divertir le jour du Mardi gras, & qu’on a abolie depuis peu, à cause des ordures, dont elle étoit souvent remplie. Causa jocularis. Quand on plaide au Palais quelque cause plaisante, on dit encore une cause grasse.

On appelle Curateur aux causes, un homme préposé pour avoir soin des affaires des mineurs émancipés, qui ont des procès. Pupilli curator. On dit, qu’un homme a ses causes commises, quand il a droit de plaider en certaine Juridiction, comme les Officiers qui ont un Committimus aux Requêtes du Palais & de l’Hôtel ; l’Université au Châtelet de Paris ; l’Ordre de Cluni au Grand Conseil.

Une cause d’appel, est un différent sur la confirmation ou cassation d’un Jugement donné à l’Audience par un premier Juge. Provocationis causa, lis ex provocatione.

Il y a plusieurs écritures qu’on nomme absolument cause ; comme cause d’appel, sont les écritures qu’on donne en conséquence d’un appointement rendu à l’Audience sur une appellation verbale, à la différence des griefs qu’on donne sur les procès par écrit, qui ont été appointés devant les premiers Juges. On appelle aussi des causes d’opposition, les écritures qui se fournissent dans les décrets & instances d’ordre pour soutenir les oppositions qu’on y a formées. Lis contestata.

Cause Incidente, est une demande formée incidemment par l’une des Parties, qui a quelque connexité à la demande principale.

Cause d’Intervention. Voyez Intervention.

Cause Sommaire est celle qui est pure, personnelle, & n’excède pas la valeur de 400 livres aux Cours souveraines, aux Requêtes de l’Hôtel & du Palais, & par-tout ailleurs 200 livres, suivant l’art. I, tit des Matières Sommaires de l’Ordonnance de 1667.

Cause Bénéficiale, est celle dans laquelle il s’agit de bénéfice Ecclésiastique, de dixme, de portion congrue, & autres choses semblables.

Cause pie est celle qui provient de la libéralité des Fidèles, exercée envers une Eglise, un Hôpital, ou les pauvres.

Cause est aussi le motif, le fondement d’un acte. Une obligation sans cause est nulle. Une promesse pour cause de prêt.

On appelle Donations à cause de mort, les donations qui sont faites par un malade qui meurt de la maladie dont il est alité, & qui sont sujettes aux mêmes formalités que les testamens.

On se sert aussi dans les Requêtes, Arrêts, Edits & Déclarations, de cette formule : à ces causes, pour commencer la conclusion, le dispositif de l’acte. Proptereà, idcircò, ob eam causam. La seconde partie du décret de Gratien se divise en trente-six sections, qu’on appelle causes.

Ce nom de cause, vient de ce que Gratien examine de part & d’autre dans la seconde partie les questions qu’on peut agiter, tant au for intérieur qu’extérieur de l’Eglise, en une telle cause, en une telle distinction.

On appelle aussi en Droit Canon les causes majeures, les causes des Evêques, ou plutôt les grandes affaires de l’Eglise. Ces causes majeures sont de trois espèces suivant l’ancien Droit. Les unes regardent la foi ; les autres ont pour objet les points douteux & importans de la discipline ; & les dernières regardent directement la personne des Evêques, lorsqu’ils le trouvent coupables de quelque crime qui mérite la déposition. Le Droit nouveau en a introduit encore quelques autres espèces. Le plus ancien Canon où il soit fait mention des causes majeures, est tiré de l’Epitre Décrétale du Pape Innocent I, à Victrice, Archevêque de Rouen. Ce Canon qui est de l’an 404, porte que lorsqu’il se présentera des causes majeures, elles seront terminées par le jugement des Evêques, & ensuite rapportées au Siège Apostolique, ainsi qu’il est ordonne par le Synode, c’est-à-dire, par le Concile de Sardique, & non pas par celui de Nicée, comme quelques-uns ont cru mal-à-propos. M. Gerbais, Docteur de Sorbonne, imprima en 1679, à Paris, Dissertatio de Causis Majoribus ad caput Concordatorum de Causis.

☞ Le Concile de Trente ordonne que les causes criminelles contre les Evêques, si elles sont assez graves pour mériter déposition ou privation, ne seront examinées & terminées que par le Pape. Mais l’Eglise de France a conservé l’ancien droit.

Ce mot de cause, en y ajoutant la particule à, sert à former quelquefois une préposition, de quelquefois un adverbe. Quand il est préposition, il gouverne le génitif. Rei alicujus causâ, gratiâ. Il a fait cela à cause de moi. On l’estime à cause de sa doctrine. Les animaux ont été crées à cause des hommes, c’est-à-dire, en leur considération. Et quand il est adverbe, il est suivi d’un que, & signifie parce que. Propterea quod. Cet Ecolier, a été châtié à cause qu’il ne vouloit point étudier. On écrivit une lettre en gros caractères à Antigonus à cause qu’il étoit borgne, & un aveugle, dit-il, y mordoit. Abl. Mais en de pareilles occasions il vaut mieux se servir de parce que.

Cause se dit proverbialement en ces phrases. C’est un Avocat à tort & sans cause ; un Avocat de causes perdues. La guerre est cause des troubles ; ce qui se dit à ceux qui se plaignent d’un malheur public, qu’on ne sauroit empêcher.

CAUSER. v. a. Etre cause, produire ou occasionner quelque effet. Creare. Les grands peuvent causer beaucoup de bien & de mal. les schismes causent un grand scandale dans l’Eglise, Son imprudence a causé tout ce désordre.

N’ayez point ces délicates craintes,
Qui d’un juste héritier peuvent… causer les plaintes.

Mol.

En style de Notaire, causer s’emploie passivement. Cette donation est causée pour récompense de ses vices.

Causer, v. n. signifie encore, s’entretenir de choses familières & peu importantes. Garrire. Il est mal séant de causer dans l’Eglise. Causer de choses indifférentes.

Ménage tient que ce mot vient de causare, dont on s’est servi dans la basse latinité, pour dire, plaider une cause ; d’où il a été étendu aux entretiens familiers & aux railleries.

Causer, signifie encore parler trop, ou indiscrètement ; lâcher quelque parole qui fait découvrir un secret. Garrire, loqui temerè, inconsultè. Ne dites rien devant cet homme-là, c’est un homme qui cause, qui est sujet à causer. Les femmes n’ont pas la force de se taire : elles ont une furieuse démangeaison de causer. Bouh.

Causer, signifie aussi, médire, parler avec malignité. Maledicere, conviciari. Cette femme à une réputation douteuse ; on en cause.

Causer, en termes de Fauconnerie, exprime le son des perroquets & des pies. Loqui. On dit causer des perroquets & des pies. Fault.

On dit proverbialement qu’une personne cause comme une pie borgne ; qu’elle cause quand elle a les pieds chauds ; pour dire qu’elle parle trop.

Causé, ée. Part.

CAUSERIE. s. f. L’action de causer. Ceci entre nous deux & Madame de Coulanges ; car vous jugez bien que cette causerie seroit entièrement ridicule avec d’autres. Mme Sevigné. Il n’est que familier.

Brantome, qui a dédié ses Dames Galantes au Duc d’Alençon, frère d’Henri III, Roi de France, parle dans son Epître, des causeries dont ce Seigneur l’avoit honoré. Ce mot le trouve aussi dans le Dictionnaire de Bayle, remarq. C. de l’article de Catherine de Bore, femme de Martin Luther. Voici le passage : Il y a toutes les apparences du monde que l’on parloit mal de lui & d’elle, à cause, sans-doute qu’il la voyoit familièrement. Il l’aimoit, & il l’appeloit sa Catherine. M. Seckendorf conjecture que ces causeries furent une des raisons qui la portèrent à déclarer qu’elle ne vouloit pas épouser le Docteur Glacius, mais que volontiers elle le marieroit ou avec Luther ou avec Amsdorf.

☞ CAUSEUR, EUSE. Loquax. Il est aussi causeur qu’une femme. Femme causeuse. Humeur causeuse. Il y a des passions causeuses.

☞ On le dit aussi substantivement. C’est un causeur, une causeuse. Saumaise étant à Paris, n’aimoit pas à se rencontrer en compagnie avec Blondel, parce que celui-ci étoit un grand causeur. Colombier.

Causeur se dit aussi dans le discours familier pour, indiscret dans ses propos, qui ne sait pas garder un secret. Ne vous fiez pas à lui, c’est un causeur. Ce n’est qu’un causeur,

Efforçons-nous de vivre avec toute innocence,
Et laissons aux causeurs une pleine licence. Mol.

CAUSSADE. Petite ville de France en Guienne, dans le Bas-Quercy, près de l’Avéiron.

☞ CAUSTICITÉ. s. f. Terme didactique & de Chymie. Qualité d’une substance caustique, qui a la propriété de brûler, de corroder. Vis caustica. Caustique. Voyez La causticité de certains sels, de certaines préparations métalliques qui entament la peau, qui brûlent & consument les chairs.

Causticité, dans le sens moral, se dit, dans la signification de malignité, pour inclination à dire ou à faire des choses mordantes & satyriques. Mordacitas. Sa causticité l’a rendu odieux. M. le Franc dit que la fameuse Eglogue du pauvre Ménage, intitulée Christine, se trouve réduite aux points & aux virgules, par la causticité d’un mauvais plaisant qui avoit de la mémoire. Observ. sur les Ecrits mod. T. 14, p.5.

CAUSTIQUE. adj. de t. g. Qui a la propriété de brûler, qui est corrosif. Le suc de tithymale est fort caustique. Caustions, acturens. L’arsenic n’est poison, que parce qu’il est caustique, qu’il corrode & perce les parties où il s’attache. Il y a des remèdes caustiques & corrosifs, qu’on appelle aussi pyrotiques, qui par leur substance âcre, mordante & terrestre, corrodent, brûlent & détruisent la peau & la chair pour pénétrer au-dedans des corps durs & calleux, & fondent & liquéfient les humeurs ; comme alun brûlé, éponges, cantharides, & autres vésicatoires. Les caustiques qui font escarre, sont appelés ruptoires ou cautères. Les cristaux de lune & pierre infernale, qu’on fait avec l’argent & l’esprit de nitre, sont caustiques, par cette union. On met aussi au rang des caustiques l’orpiment, la chaux vive, le vitriol, la cendre de figuier & de frêne, la cendre de lie de vin, le sel de lessive dont on fait le savon, le mercure sublimé, &c. Ce mot vient du grec ϰατϛιϰὸς (katsikos), urens, qui vient de ϰαίω (kaiô), uro.

☞ On appelle sel caustique, un sel alcali. Voyez Alcali.

☞ Ce mot est aussi emploié substantivement ; comme dans l’article précédent. Faire usage des caustiques, La pierre infernale est un puissant caustique.

Caustique perpétuel. Causticum perpetuum. On donne ce nom à la pierre infernale.

Caustique se dit dans le sens figuré, d’un homme mordant & satyrique, qui parle avec malignité. Mordax, qui iniquo mordet dente. C’est un homme très-caustique ; il a l’humeur caustique.

☞ On le dit aussi substantivement pour causticité. Les satyres de Juvénal n’approchent pas de la mordacité & du caustique de la plume de Pogge dans ses ouvrages appelés invectives. Journ. des Sav, 1720.

Caustique est aussi substantif féminin, comme terme de dioptrique & de catoptrique. On appelle caustique, la courbe sur laquelle se rassemblent les rayons réfléchis ou rompus par une surface. Caustica. Un rayon soit réfléchi, soit rompu par une courbe quelconque, doit être coupé en quelqu’un de ses points par un autre rayon semblable, & infiniment proche de lui ; de même ce second rayon doit être coupé par un troisième, & ainsi à l’infini. La suite de tous ces points d’intersection forme une ligne courbes que M. Tschirnhaus a appelée caustique ou brûlante, parce qu’il est visible que les rayons ne sont en aucun autre endroit si ferrés & si capables de brûler, que sur la circonférence de cette courbe, où ils se coupent. Si les rayons sont réfléchis, la courbe s’appelle caustique, par réflexion ; & s’ils sont rompus, caustique par réfraction. Une caustique peut se réduire toute en un point. Ainsi, si des rayons parallèles à l’axe d’une parabole tombent sur sa concavité,& s’y réfléchissent, ils vont tous se réunir au foyer de cette courbe, & ce point seul est toute la caustique. Dans un demi-cercle dont la concavité réfléchit des rayons perpendiculaires à son diamètre, & parallèles entr’eux, ou venus du soleil que l'on suppose infiniment éloigné, la caustique est une courbe assez étendue, qui coupe précisément par le milieu un rayon perpendiculaire au diamètre. C’est dans ce point, qui est par conséquent un quart du diamètre d’une sphère, ou d’un miroir concave, que l’on établit communément son foyer ; mais il ne faut pas croire que ce foyer, ou la caustique, soit alors ce seul point.

Toutes les courbes qui sont couvertes du côté du point lumineux, au lieu de rassembler les rayons réfléchis, les écartent & les rendent divergens, & alors on voir que leur caustique est du côté opposé à celui où se fait la réflexion, que celle d’une demi-sphère convexe, par exemple, est du côté de sa concavité, que par conséquent, les rayons se réfléchissent sur la convexité, comme s’ils étoient partis de cette caustique, située du côte convexe, c’est-à-dire, en un mot, qu’ils s’écartent après la réflexion. Il y a des cas où les courbes ont aussi les rayons réfléchis sur leur concavité, mais cela dépend de la situation du point lumineux à leur égard, & alors la caustique ne manque pas de passer du côté de la convexité. Un des plus grands avantages de la méthode des caustiques, c’est qu’elle donne la rectification ou la longueur des courbes, toutes les fois que celles qui les produisent font géométriques. Ainsi l’on voit que la caustique par réflexion formée dans un demi-cercle, qui a reçu, comme on vient de le dire, des rayons perpendiculaires aux rayons du diamètre qui la termine, est au diamètre de ce demi-cercle comme trois à deux. De même la caustique par réflexion d’une demi-circonférence circulaire, qui a reçu des rayons parallèles à son axe, est au diamètre de cette demi-circonférence, à peu près comme cinq à trois.

Comme toutes les caustiques sont produites par des rayons soit réfléchis, soit rompus, & que leur réflexion ou leur réfraction dépend de leur incidence, les caustiques changent nécessairement, selon que les rayons incidens ont une direction différente. Dans la caustique par réflexion formée au-dedans du demi-cercle, les rayons incidens sont supposés perpendiculaires au diamètre qui termine ce demi-cercle. Mais si ces rayons partoient tous d’une extrémité de ce diamètre pour aller frapper différens points de la circonférence concave, & qu’ils en fussent tous autant de cordes, il naîtroit une autre caustique. Elle seroit au diamètre de son demi-cercle générateur, comme quatre à trois, au lieu que la première étoit comme trois à deux.

M. Carré a donné dans les Mémoires de l’Académie 1703, pag. 183, la rectification des caustiques circulaires, des caustiques cycloïdales & paraboliques, & de leurs développées avec la mesure des espaces qu’elles renferment. On dit ordinairement, les caustiques de M. Tschirnhaus, comme on dit la Spirale d’Archimède, la Conchoïde de Nicomède, la Cissoïde de Dioclis, & les Développées de M. Huygens. Fontenelle.

CAUSUS. s. m. C’est-à-dire, Fièvre ardente. Espèce de fièvre continue, aiguë, accompagnée d’une chaleur brûlante & d’une soif qui ne peut s’éteindre. Ce mot est grec ϰαὺσος, il vient de ϰαιω, je brûle.

CAUT, AUTE. adj. Vieux mot, qui signifioit fin & rusé. Cautus, callidus, astutus. Le Roi d’Espagne (Philippe II,) est un grand Prince, sage, caut & avisé ; le plus puissant, & plus grand terrein de tous les Princes Chrétiens, & le seroit encore davantage, si toutes ses terres & Royaumes se tenoient, & étoient joints à l’approche l’un de l’autre. Sat. Ménipée. T. 1, p. 122.

☞ CAUTÈLE. s. f. Vieux mot, qui, dans quelques anciens Jurisconsultes, signifie la même chose que ruse & finesse.

Ce mot n’est en usage qu’en Droit Canonique, où il est synonyme à précaution, quand on parle des absolutions qu’on prenoit à cautèle pour se mettre en sureté de conscience. Cautio. Ainsi quand un Prêtre étoit excommunié, ou seulement interdit par une sentence, on disoit que, s’il vouloit déduire ses causes d’appel, afin d’être capable de dire la messe, il étoit obligé d’obtenir des Lettres d’absolution à cautèle. ☞ On conserve ordinairement l'expression latine ad cautelam, sans la franciser.

Aujourd’hui l’absolution à cautèle n’a d’autre effet que de donner droit d’ester en jugement, c’est-à-dire de vous donner permission de poursuivre votre droit en justice, & elle ne suspend point autrement la sentence : de sorte qu’un Prêtre excommunié qui a été absous ad cautelam, ne peut pas pour cela dire la messe.

CAUTELEUSEMENT. adv. D’une manière fine & cauteleuse. Vafrè, versutè, veteratoriè. Un chicaneur agit toujours cauteleusement quand il contracte. Ce mot n’est pas du bel usage, & ne se peut dire qu’en riant.

CAUTELEUX, EUSE. adj. Qui emploie la finesse & la ruse pour tromper. Vafer, versutus, versipellis, veterator. Il n’y a point de plaisir de traiter avec des gens cauteleux. Ce mot n’est en usage que dans le style simple, familier, ou comique, où il se prend toujours en mauvaise part. La Chapelle, en parlant de la sainte Baume, dit :

Le Démon cauteleux & fin,
En a fait l’abord effroyable,
Sachant bien que le Pèlerin
Se donneroit cent fois au Diable,
Et se damneroit en chemin. La Chap.

☞ CAUTÈRE. s. m. Terme de Chirurgie. Ouverture qu’on fait à la chair, dans quelque partie du corps, en la brûlant avec un bouton de feu ou avec une caustique, pour faire écouler les mauvaises humeurs. Voyez ces mots. Inusta lapide caustico plaga, ou causerium, qui signifie également le remède caustique & la plaie faite par ce remède. On fait un cautère, c’est-à-dire, une petite plaie ronde, avec un bouton de feu, un fer brûlant, ou avec un caustique quelconque, qu’on entretient en mettant dedans un petit pois, ou une boule de lierre, afin que les mauvaises humeurs du corps sortent par là. On a soin de panser tous les jours un cautère. On fait des cautères au bras, à la jambe, à la cuisse, & à la nuque.

Cautère signifie aussi le remède caustique avec lequel on fait cette plaie. Cauterium. Le cautère est actuel ou potentiel. Le cautère actuel est un bouton de feu, ou fer rougi, qu’on applique sur la partie, comme aux fistules lacrymales ; & aux chevaux sur les boutons de farcin. Les cautères actuels sont aussi ces fers recourbés, dont l’extrémité est faite en plusieurs fortes de figures, dont on se sert selon le besoin ; il y en a de cultelaires, d’olivaires, c’est-à-dire, de figure d’olive, &c. Le cautère potentiel, est un sel artificiel qui fait une brûlure sur la chair. C’est une substance dont le feu ne se développe que quand elle est appliquée sur le corps. Il se compose de chaux, d’eau forte, de cendre gravelée de figuier, de vigne, de tithymale, de troncs de choux, ou autres caustiques. Il s’appelle pierre à cautère. Lapis causticus. Ambroise Paré enseigne la manière de faire des cautères de velours, qu’il a ainsi nommés, à cause qu’ils ne font point de douleur, sur-tout quand ils sont appliqués sur des parties exemtes d’inflammation. On dit appliquer un cautère à quelqu’un, au bras, à la jambe, à la nuque.

Ce mot vient de ϰαίω (kaiô), uro.

CAUTÈRES. C’est un village situé dans cette partie des monts Pyrénées, qui est dans la Province de Bigorre. Il y a trois sources d’eau minérale, & quatre bains. Voyez le Dict. de James.

CAUTÉRETIQUE. adj. m. & f. & s. m. Terme de Médecine, qui se dit des remèdes qui brûlent, qui consument les chairs. Pyrotique. Causticus, pyroticus, a, um. Si un hydrophobe a été mordu à un endroit qui ne peut souffrir le fer, ni le feu, ni la ventouse, comme sont les extrémités des membres, & plusieurs endroits du visage, il faut alors avoir recours aux cautériques, ou pyrotiques, qui puissent consumer les chairs infcétées. Journ. des Sav. 1720, p. 172.

CAUTÉRISATION. s. f. Effet de la pierre caustique, opération par laquelle on applique un cautère, ou l’effet qui en résulte. Adustium, cauterium.

CAUTÉRISER, v. a. Appliquer un cautère. Cauterizare. Lapide caustico alicui plagam inurere. Cet homme s’est fait cautériser le bras.

On le dit aussi des caustiques qui corrodent les parties du corps humain. On a ouvert ce corps mort, on a trouvé ses boyaux, son estomac cautérisés par le poison, ou l’arsenic.

CAUTÉRISÉ, ÉE. part. Qui a des cautères, ou qui a été gâté par des caustiques ou corrosifs. Lapide caustico adustus.

Cautérisé, se dit aussi des fruits qui ont été battus de la grêle, ou bèquetés par des oiseaux ; qui ont des endroits creux & endurcis. Percussus grandine, aut avium rostro. Les poires de messire-jean sont sujettes à être cautérisées.

On dit figurément de la conscience d’un méchant homme, qu’elle est cautérisée. Vitiata, corrupta sceleribus conscientia ; pour dire, que les crimes y ont fait plusieurs taches, qu’elle est corrompue, endurcie.

☞ CAUTION. s. f. Terme équivoque. Il est quelquefois synonyme de cautionnement, acte par lequel on s’oblige à l’exécution de quelque engagement Sponsio, cautia, cautela. C’est dans ce sens qu’on dit, élargir quelqu’un à la caution d’un autre, élargir quelqu’un à sa caution juratoire, c’est-à-dire, sur la promesse qu’il fait avec serment de se représenter quand la justice l’ordonnera. Vadari decem vadibus, obliger quelqu’un de donner dix cautions de se présenter en justice.

Caution, se dit plus ordinairement de celui qui répond pour un autre, qui s’oblige pour assurer l’exécution des engagemens qu’un autre a contractés. Prœs, sponsor, fidejussor, vas. On est caution, on se rend caution de quelqu’un, on lui sert de caution. On reçoit une caution, on certifie, on décharge une caution. Une femme peut être présentée pour caution, pourvu qu’elle soit autorisée par son mari, mais un Prêtre ne le peut pas être, parce qu’il ne peut être contraint par corps. On est obligé de discuter le débiteur principal avant les cautions pures & simples, qui n’ont point renoncé au bénéfice de discussion & de division.

Caution solidaire, est celui qui s’oblige à payer en son propre nom, lui tout seul, & toute la somme, comme s’il étoit principal débiteur, sans qu’on soit obligé à discuter les biens de celui pour qui il s’oblige, ou de diviser la dette entre les cofidéjusseurs : en ce cas celui qui intervient caution est censé coobligé solidairement. Sponsor in solidum.

Caution bourgeoise. C’est un homme qui a un domicile connu & des biens apparens.

Caution banale, est un misérable qui s’oblige pour la forme, & pour telle somme qu’on veut, comme le Guichetier des Consuls, qui s’oblige moyennant deux sous pour l’exécution de toutes les sentences qui se rendent aux Consuls. Sponsor alienum ad arbitrium obligatus.

Caution juratoire, est un serment que fait une personne, ou qu’on présuppose qu’elle doit faire en Justice, d’accomplir ce qui lui a été ordonné, de se représenter à toute assignation, de rapporter des meubles & papiers, de payer le Juge, &c. On élargit souvent des prisonniers, on donne des mainlevées à des débiteurs à leur caution juratoire. Cautio jurejurando confirmata.

Caution de Tuteur. En pays de Droit écrit, les Tuteurs sont tenus de donner caution, conformément au Droit Romain. Mais les pères & les mères sont admis à la tutelle de leurs enfans sur leur caution juratoire, & ne font point tenus de donner aucun Fidéjusseur qui réponde de leur administration.

Caution judiciaire, sont les fidéjusseurs qui s’obligent en justice en conséquence d’un jugement qui l’ordonne : comme quand il est ordonné qu’une somme, ou quelque chose soit délivrée à une des parties, en baillant caution.

Caution certifiée est celle que fournit une autre personne qui se rend certificateur de solvabilité, & qui est caution de la caution. Consponsor. Les cautions & certificateurs qu’on donne en Justice sont tous obligés solidairement, & ne sont point reçus à demander le bénéfice de discussion.

Caution, (Réception de) est une procédure qui se fait en justice par un procès verbal, de la présentation de la caution, de sa soumission, de la communication de ses effets & facultés, & des contestations de ceux qui l’impugnent, & qui la combattent ; sur quoi se fait un référé à la Chambre, où elle est rejetée, ou reçue. Cautionis datæ significatio.

Caution, en matière civile, est celui qui répond pour un autre dans une affaire purement civile. Sponsor, præs.

Caution, en matière criminelle, est celui qui répond de représenter le criminel quand il le faudra ou de payer le Jugé. Vas, vadis.

Caution réséante. Il faut ajouter un nom de lieu, comme Paris, Orléans, &c. Caution réséante à Palis, est une caution qui a non-seulement son domicile à Paris, mais qui y fait sa demeure actuelle.

Cautio judicatum solvi, est une caution qui se donne en jugement par un étranger, quand il est demandeur ou appelant, de payer les dépens & ce qui fera porté par le jugement, en cas qu’il soit prononcé contre lui. Cette prévention devient nécessaire, parce qu’un étranger n’ayant point de biens en France, pourroit, en s’en retournant dans son pays, se soustraire à la condamnation prononcée contre lui.

☞ On dit figurément, être caution, se rendre caution d’une chose, pour dire, garantir qu’elle est arrivée ou qu’elle arrivera. J’en fais caution ; je vous en fais caution. Cette nouvelle est vraie, j’en suis caution.

☞ On dit de même qu’un homme est sujet à caution, pour dire, qu’il ne faut pas se fier à lui ; Du biæ fidei : & qu’une nouvelle est sujette à caution, pour dire, douteuse,

CAUTIONNAGE. s. m. Ce mot se trouve dans quelques coutumes pour caution, ou action de cautionner. Fidejussio.

CAUTIONNEMENT. s. m. Action de celui qui cautionne ; ou l’acte qui en est dressé chez un Notaire, ou au Greffe. Cautionis significatio. Il a fait au Greffe son cautionnement, ou sa soumission de caution. Je tiens en main l’acte de son cautionnement.

CAUTIONNER. v. a. Se rendre caution, soit par écrit en fait de contrats, soit verbalement par manière de conversation. Sponsorem esse, vadem esse, vadari aliquem, spondere pro aliquo.

Cautionné, ée. part.

CAUX. Pronom pluriel. Vieux mot, qui signifie, ceux. illi.

Caux. Pays de France en Normandie. Caletensis ager, ou pagus. Le pays de Caux est borné au levant par le territoire d’Abbeville, au midi par le Beauvaisis, au septentrion par l’Océan, & au couchant par la rivière de Seine avec une partie du Roumois. Ce sont les Caletes de César, Valois, Notit. Gall. p. 115, au mot Caleti. La capitale du pays de Caux étoit anciennement l’Illebonne, On dit rarement ce nom seul, & on y joint presque toujours le mot de pays. Pays de Caux. On dit cependant Gelinote de Caux, ou Poule de Caux. Ce sont les poules de ce pays que l’on engraisse, & qui sont excellentes. Cap ou Chef de Caux, c’est la pointe de terre qui s’avance dans la mer à l’embouchure de la Seine du côté du Hâvre de grace. Le pays de Caux est environné des rivières d’Eu, de la Seine. & de la mer Océane, & arrosée des eaux de Sie, de Dieppe & de Saint Valery. Il est fertile dans sa plus grande partie, & abonde en tout ce qui est nécessaire à la vie humaine. Ses principales villes sont Caudebec, Harfleur, le Hâvre de Grace, Fécan, Montivillier, Dieppe, Saint Valery, Eu, Neuchatel & Aumale. Le premier Tome de la Descript. Géog. & Hist. de la Haute Normandie, est uniquement employé a la description du pays de Caux.

Caux. Petite ville de France en Languedoc à quatre ou cinq lieues de Beziers.

CAX.

CAXA. Monnoie, Voyez Cas.

☞ CAXEN. Ville maritime d’Asie, dans l’Arabie heureuse, à vingt lieues de Fartach.

CAY.

CAYAPIA. s. f. Herbe du Brésil, dont les feuilles rendent une odeur semblable à celle des feuilles de figuier. Sa racine est distinguée au milieu par un certain nœud qui étant broyé & bû avec de l’eau, a la propriété de résister au venin des serpens, & de garantir ceux qui sont blessés de flèches empoisonnées.

☞ CAYAS. s. m. Petite monnoie de cuivre qui a cours dans les Indes.

CAYELAC. s. m. Bois de senteur qui croît dans le Royaume de Siam. Les Siamois, aussi bien que les Chinois, en brûlent dans les temples en l’honneur de leurs Pagodes.

CAYENNE. (la) Île. Elle diffère du méridien de Paris de 3h 42′ 0″ occid. ou 55d 30′ 0″. Elle a de longitude 324d 21′ 8″ de hauteur du pôle ou latitude 4d 50′ 0″ nord. Cassini. Par les observations de M. Des Hayes, la Cayenne est à 4d 56′ 22″ de latitude. Acad. des Sc. 1701. Hist. p. 111. Voyez Caienne.

CAYER. Voyez Cahier.

CAYES. s. f. pl. Terme de Marine. Ce sont des roches molles, ou des bancs de sable couverts d’une vase si épaisse ou d’une si grande quantité d’herbages, que les petits bâtimens qui échouent s’en relèvent difficilement. Arenariæ moles.

Cayes. C’est ainsi qu’on appelle toutes les petites îles des Indes occidentales, lesquelles ne sont pas assez considérables pour porter des noms particuliers, & qui ne diffèrent guère des bancs de sable que par les herbages dont elles sont revêtues.

CAYEU. Voyez Caïeu.

☞ CAYEU. s. m. Espèce de sardine qu’on trouve dans les mers de l’Amérique.

CAYLAR. (le) Ville de France en Languedoc, à cinq lieues de Lodève.

CAYLUS. Petite ville de France dans le Quercy, sur les frontières du Rouergue, à huit lieues de Montauban.

CAYMACAN. Du Loir écrit ainsi. Voyez Caïmacan.

CAYMAN. s. m. C’est le nom qu’on donne aux crocodiles dans les Îles occidentales. Voyez Crocodile.

CAYON. s. m. Ce mot s’est dit autrefois pour aïeul. Avus.

☞ CAYOR. Petit Royaume d’Afrique dans la Nigritie, entre le Sénégal & le Cap-Vert.

CAYRAC. Ville de France dans le Quercy.

CAYSTRE. Petite rivière de l’Asie mineure, fameuse chez les Poëtes, parce qu’elle étoit autrefois pleine de cignes. Cayster, ou Caystrus. Elle a sa source dans la Phrygie, ou, selon d’autres, dans les montagnes de Lydie ; elle arrose cette Province & la plaine d’Ephèse, passant à un mille de cette ville du côté du couchant, & se jette dans la mer Ionienne. Cette rivière fait beaucoup de tours, & de détours, qui ont trompé quelques gens, qui l’ont prise pour le Méandre, & qui font que les Turcs l’appellent Coutchouk-Mindre, c’est-à-dire, petit Méandre ; & Minderscare, Méandre noir. Ils la nomment aussi Carafou, qui veut dire eau noire ; & d’autres Chiay. Mais dans notre Poësie, où l’on en parle encore souvent, elle retient toujours son ancien nom de Caystre.

Sur le Caystre autrefois
Faisoit admirer sa voix
Un Cygne, dont le plumage
Egaloit le doux ramage.

Nous descendîmes une montagne que les anciens appeloient Mimas ; son pied est arrosé du fleuve Caystre, où nous ne vîmes aucun cygne, & nous le passâmes aisément, parce que ses eaux sont basses. Du Loir, p. 23. De-là à Ephèse il n’y a qu’un marécage d’une demi-lieue. Idem.

Au reste, il faut écrire Caystre, car c’est un α en grec, ou pour le moins Caïstre, & non point Caïste, comme a fait M. de la Mothe dans son Iliade, L. II, p. 37.

Des Cygnes du Caïste on voit les bataillons,
A flots tumultueux inonder les vallons ;

Il y a dans Homère Καυστρίου ἀμφι ῥέεθρα. Et par tout Καιῠσρος, Cayster ou Caystrus.

CAYSTRIUS. s. m. Terme de Mithologie. Dieu ou Héros qui fut adoré, & qui eut un temple proche de Caystre dans la Lydie, si l’on en croit Strabon, Liv. XIV.

CAZ.

☞ CAZ. Monnoie des Indes. Voyez Cas.

☞ CAZAN. Voyez Casan.

☞ CAZAN. Voyez Hazan.

☞ CAZELLES. s. f. Espèces de bobines chez les fileurs d’or, sur lesquelles l’ouvrage se dévide après avoir été filé.

☞ CAZEMATE. Voyez Casemate.

CAZERES, Bourg de France en Gascogne, sur la Garonne, au Diocèse de Rieux.

CAZERNE. Voyez Caserne.

☞ CAZEROM. Ville d’Asie, au Royaume de Perse, capitale de la Province de Sapour.

CAZETTE ou CASSETANE. Terme de Fleuriste. Anémone à peluche, qui a les grandes feuilles rouges, bordées de couleur de soufre, sa peluche d’un rouge de feu. Morin.

CAZIASQUER. s. m. Terme de relation. Intendant de Justice dans les armées des Turcs. Prætor in exercitibus Turcicis. Dans le Divan les Caziasquers sont à la gauche du premier Visir. Du Loir, p. 78. Les Caziasquers venoient ensuite avec leurs turbans, gros, pour le moins, d’un pied & demi de diamètre. Id. p. 129.

☞ CAZIMIR. Ville de la grande Pologne, dans le Palatinat de Lublin, sur la Vistule.

CAZORLA. Ville de l’ancienne Bétique en Espagne. Cazorla, anciennement Carcesa. Elle est située aux confins de la Bétique, de la Murcie & de la Castille, à deux lieues de la source du Guadalquivir, autrefois Bœtis. Voyez Ambros. Moralès, descript. Hispan. c. XXII. Ce n’est point, comme cet Auteur l’a cru, la Caistaon de Strabon, ni la Castalon de Polybe & d’Etienne de Byzance. Celle-ci est la Castulo de Tite-Live, grande ville de l’Orétanie. Tit. Liv. Decad. III, L. IV. Le Vega partage Cazorla en deux parties. C’est l’ancienne Carcesa où S. Hésychius ou Ischius prêcha la foi sous l’Empire de Néron, & fut martyrisé. Acta Sanctorum Martyrum, T. I, p. 4, 5, 7.

CAZOU. s. m. Nom d’homme. Caidocus. L’Abbé Chastelain dit, p. 399, qu’un ancien manuscrit de la vie de S. Cazou le fait mourir à Benavenne en Angleterre. Cette ville est dans l’Itinéraire d’Antonin. Elle étoit au pays de Northampton au centre de l’Angleterre, à l’endroit à peu près où depuis a été bâti Védon. Ceux qui de S. Cazou font un Evêque de Bénévent en Italie se trompent à la ressemblance de ce nom avec celui de Benavenne. Il semble, ajoute-t-il, que ce saint soit celui dont l’Eglise de Rennes fait mémoire le 21 Septembre, & dont Albert de Morlaix a donné la vie le premier de Novembre sous le nom de S. Cado ou Cadouad, où il dit qu’il demeura quelque temps en une Île de la côte de Vannes, que cette Île est dans la Paroisse de Bela, & qu’elle se nomme Enes-Caduad, c’est-à-dire, Isle de S. Caduad ; car איכן, en hébreu, signifie Île.

CE.

CE. Pronom démonstratif, c’est-à-dire, qui sert à indiquer les personnes & les choses dont on parle, ou dont on vient de parler, & qui répond au latin hic. Cette est le féminin de ce pronom, & répond à hæc. Ces en est le pluriel pour le masculin & le féminin, & répond à hi & . Mais il faut remarquer que ce pronom ce se change en cet, devant un nom masculin qui commence par une voyelle, ou par un h qui n’est pas aspiré. Cet homme est habile, & non pas ce homme. Mais il faut dire ce Héros, & non pas cet Héros : parce que l'h dans le mot de Héros étant aspiré, empêche l’effet de la voyelle qui suit.

☞ Quelquefois on ajoute, pour plus d’énergie, les particules ci & là, aux substantifs précédés de ce ou cet. Cette Dame-ci est plus honnête que cet homme-là. Ci indique un objet plus proche, là un objet éloigné.

Ce pronom a beaucoup de grace & d’énergie lorsqu’il est suivi du pronom relatif, qui.

Cette particule, en quelques manières de parler, se trouve retranchée devant que ; mais ces manières de parler sont vieilles, & ne s’emploient plus.

Voyez que c’est du monde & de l’orgueil humain.

P. Le Moine.

CE est aussi un substantif, & signifie la chose dont on parle. Voila ce dont il s’agit. En vertu de ce que dessus. Ce qui résulte de ce discours. Remarquez qu’il est plus élégant de répéter ce au second membre de la période quand elle a commencé par-là, que de le supprimer. Par exemple, ce qui est le plus déplorable, c’est ici ; c’est est mieux que, est. Ce qu’on souffre avec le plus d’impatience, ce sont les perfidies. Dans ces exemples, la particule ce signifie la chose qui est déplorable, ou qu’on souffre. Toutes ces expressions se rendent en latin par le pronom neutre id suivi du relatif quod. Mais quand on dit, ce furent les Romains qui domptèrent : alors la particule ce est sans nombre, & ne régit point le verbe qui suit. Au contraire le verbe substantif qui marche après, est déterminé au singulier, ou au pluriel par le substantif qui vient ensuite. Vaug. Corn. Le pronom ce, joint à quelques particules, sert à former d’autres pronoms, ceci, cela, dont nous parlerons en leur place.

Outre ce. Manière de parler qui n’est plus en usage ; on dit aujourd’hui, outre cela. Ad hæc, præterea, præter hæc.

On dit au Palais quand on infirme une sentence, qu’on a mis l’appellation & ce dont il a été appelé, au néant ; on sous-entend la sentence. C’est une formule de prononcer que les Cours supérieures se sont réservées. Les autres Juges prononcent par un mal jugé. Quelquefois on dit absolument, on a mis l’appellation & ce ; c’est-à-dire, que l’appelant a gagné sa cause. On dit, à ce qu’il soit dit ; pour dire, afin qu’il soit dit. A ce que j’entends, pour dire, comme on me fait croire.

Ce dit-il, ce dit-on. Ces phrases ne sont pas du bel usage, en écrivant ; & dans un discours soutenu, grave, sérieux, il faut dire, dit-il, dit-on. Inquit, aiunt.

Ce, pour il, dans ces phrases & autres semblables. Quelle heure est-ce ? Ce lui fut force de hazarder bataille ; il n’est plus en usage ; il faut dire, quelle heure est-il ? il lui fut force. Vaug. Et même cette dernière phrase a aujourd’hui quelque chose d’embarrassé ; on ne peut s'en servir que dans le discours familier.

Ce peu veut dire le peu de choses faites. Faites part aux pauvres de bon cœur, & avec joie, de ce peu que vous avez. Port-R. On ne dit jamais ce beaucoup, quoiqu’on dise fort bien ce peu.

Ce peu de lignes, pour dire la courte lettre, le billet, expression bourgeoise qui a vieilli.

On dit aussi adverbialement, c’en est fait. Actum est. C’est moi. Ego sum. C’est pourquoi. Quapropter. C’est à savoir. Scilicet, videlicet. C’est mon devoir. Ita placet.

On dit encore, quoique ç’en soit. Ut ut est. Ce, dit-il. Ait. Ce dit-on. Aiunt. Ce néanmoins. Ce fut un tel. Ce sont les gens de bien, &c.

On dit aussi c’est mon, par une basse ironie ; on sousentend avis. Ita censeo. Vraiment, c’est mon.

CEA.

CEADDE. s. m. Nom d’homme qui se prononce Cedde. Cealdas. S. Ceadde, Evêque de Lindish, puis de Lichfield en Angleterre, étoit de Northumberland, & vivoit au VIIe siècle. Il mourut en 672.

CÉANS. adv. Terme demonstratif du lieu où l'on est quand on parle. Hic, in hac domo, in his ædibus, hic intùs. Le maître de céans. N’y a-t-il personne céans ? Venez céans, c’est ici. Dieu soit céans. Monsieur... revint hier céans. De Fénelon. Ce mot n’est que du style familier.

Quoi ! je souffrirai moi, qu’un cagot de critique
Vienne usurper céans un pouvoir tyrannique ?

Mol.

CEAU. s. m. Autrefois on disoit ceau pour ciel.

De roses y ot grand morceau
Si belles n’avait sous le ceau. Rom. de la Rose.

CEB.

CEBI-PIRA. s. m. Arbre du Brésil, dont l’écorce, qui est amère & astringente, entre dans des bains & des fomentations qui passent pour excellens dans les maladies qui ont pour cause le froid, dans les tumeurs des pieds & du ventre, & dans les douleurs de reins, que les Portugais appellent Curimentos. Elle est astringente & tant soit peu acrimonieuse. On s’en sert pour la galle, les dartres & les autres maladies cutanées de la même espèce.

CEC.

CECHIN. s. m. C’est la même chose que Sequin. Voyez ce mot.

CECI. Pronom démonstratif qui se dit pour, cette chose-ci, en parlant d’une chose presente ou peu éloignée. Hoc. Que veut dire ceci ? Ceci est étrange. Ceci n’a point d’exemple. Ce pronom ne se met devant & avec le verbe est, que lorsque le mot qui suit est adjectif, & jamais quand c’est un substantif. Par exemple, ceci est beau, ceci est admirable. Ceci n’est pas assez bien traité ; il faut le retoucher. Mais on ne dit pas ceci est mon chapeau ; ceci est mon gant ; ceci est mon livre, mon ouvrage ; ceci est ma maison ; ceci n’est pas mon cheval. il faut se servir de ce  ; en séparant ce de  ; & dire, c’est là mon chapeau, mon gant, mon livre ; c’est-là ma maison ; ce n’est pas là mon cheval. Voilà l’usage. Cependant il en faut excepter cette phrase de l’institution & de la consécration de l’Eucharistie, ceci est mon corps, ceci est mon sang, que l’usage a consacrée. Le P. Bouhours a eu la pensée de traduire, c’est-là mon corps ; c’est-là mon sang, disant que la manière ordinaire n’étoit point françoise ; que c’est-là marquoit en françois la substance même de la chose, comme il paroît par les exemples que nous venons de rapporter ; qu’ainsi c’est-la mon corps, signifie proprement en françois, & selon l’usage, cette chose, cette substance est mon corps, & n’est plus du pain ; que pour signifier le lieu d’une chose, par exemple, du corps de J. C. il ne faut pas dire, c’est-là mon corps, mais mon corps est là, ou là est mon corps. Cependant, comme cette phrase est consacrée, quoiqu’elle fût contre l’usage ordinaire, il n’y voulut rien changer.

On dit familièrement : ce n’est ni ceci ni cela ; c’est-à-dire, il ne s’agit point de tout cela.

CÉCILE. s. f. Nom de femme. Cæcilia. Les actes du martyre de sainte Cécile ne sont point sûrs. Fortunat de Poitiers, le plus ancien des Auteurs qui ont parlé de cette Sainte, fait entendre qu’elle mourut en Sicile.

Quelques-uns donnent aussi dans notre langue ce nom à ceux qu’on appelle en latin Cæcilius, & qu’ils appellent encore Céciliens. Il est mieux pour éviter l’équivoque de retenir le mot latin Cecilius, & de dire les Cecilius, la famille Cécilia, que de dire les Céciles ou les Céciliens, & la famille des Céciliens. Il paroît que nos Antiquaires en usent ainsi, & qu’ils retiennent le mot latin. D’ailleurs si l’on traduit Cæcilius, par Cécilien, quelle différence mettra-t-on dans notre langue entre Cæcilianus & Cæcilius.

CÉCILIEN. s. m. Nom d’homme, qui répond dans notre langue au nom latin Cæcilianus, & non pas à celui de Cæcilius. Voyez Cécile.

CÉCITÉ. s. f. Privation de la vue. Cæcitas. L’usage n’a point établi le mot de cécité, quoiqu’il y ait des personnes qui s’en servent. Il est formé du latin cæcita. ☞ Le Dict. de l’Acad, Fr. prétend qu’on dit cécité au propre, & aveuglement au figuré. Il est certain que si ce mot n’est pas d’usage, il est au moins nécessaire, puis que nous n’en avons point d’autre pour exprimer l’état d’une personne aveugle, & que nous sommes accoutumés à prendre dans un sens figuré, le mot aveuglement qui exprime la même idée. Voyez Aveuglement.

☞ CECRYPHALE. s. f. Sorte de vêtement à l’usage des femmes grecques, dont on n’a conservé que le nom.

☞ CECULUS, Fils de Vulcain, fut conçu, disent les Poëtes, d’une étincelle de feu qui vola dans le sein de sa mère Preneste, pendant qu’elle se chauffoit, & eut toujours une inflammation aux yeux pour marque du feu qui lui avoit donné la naissance ; il bâtit la ville de Préneste en Italie, & prit le parti de Turnus contre Enée. Les Poëtes, pour ajouter du merveilleux à cette fable, prétendent que quelques-uns voulant contester à Ceculus l’honneur d’être né de Vulcain, ce Dieu, pour les punir excita le tonnerre & fit tomber la foudre sur eux. D’autres disent que Ceculus venant de naître fut trouvé par des bergers dans le feu, sans être endommagé de la flamme ; ce qui fit croire qu’il étoit fils de Vulcain.

CED.

CÉDANT, ANTE. Adjectif employé comme substantif. Il n’a guère d’usage qu’en style de pratique. Celui qui cède, qui transporte quelque somme, quelque droit. Qui vel quæ cedit. On fait appeler en garantie un cédant, quand il a cédé une dette fausse, ou lorsqu’il l’a soutenue bonne & exigible. Le cédant est opposé dans le droit au cessionnaire.

Le cédant est celui qui fait cession de quelque chose à un autre, comma le cessionnaire est celui à qui on fait la cession & qui l’accepte. Cedens. On lui a représenté une quittance de son cédant. Brousse.

CEDAR. Nom de lieu dont il est parlé dans l’écriture. Cédar. Les Interprètes Grecs le traduisent par ἁλαάδ, Galaad, par où il paroît que c’étoit le pays qui porte ce nom, & qui est à l’orient du Jourdain, en tirant vers les montagnes de l’Arabie déserte, nommées Montagnes de Galaad, & une partie de l’Arabie déserte, comme il paroît par le Cantique des Cantiques I, 4, où l’épouse dit qu’elle est noire comme les tentes de Cédar. S. Jérôme, & après lui Ziéglerus, disent que ce pays fut ainsi nommé de Cédar, second fils d’Ismaël, Genes. XXV, 13. Adrichomius prétend, avec quelques autres, qu’il cite, que Cédar est une ville de la demi-Tribu de Manassé, qui étoit à l’orient du Jourdain. Quelques Modernes disent qu’elle étoit sur une montagne, ce qui ne convient guère au nom de Cédar qui signifie obscur, noir. D’ailleurs, où ont-ils trouvé cette situation marquée.

Cédar où la fourbe & l’envie
Contre ma vertu poursuivie
Se déchaînèrent si long-temps,
A quels maux ont livré ma vie
Tes sacrilèges habitans ? R.

☞ CÉDATAIRE. s. m. Synonyme à cédant. Voyez ce mot.

☞ CÉDER. v. a. Transporter une chose à une autre personne, l’en rendre maître, lui en donner la propriété. Cedere, concedere. Il m’a cédé & transporté une telle rente, une obligation. Dans tous les contrats de vente, échange ou donation, les Notaires mettent, il lui a cédé, quitté & délaissé, &c.

Céder signifie aussi, laisser ou abandonner quelque chose pour un temps, ou par civilité. Il m’a cédé sa maison, sa chambre, son lit. Cedere alicui domo, cubiculo, lecto. Il m’a cédé sa place. Il m’a cédé le haut du pavé.

Un grand cœur cède un trône, & le cède avec gloire.
Cet effort de vertu couronne sa mémoire. Corn.

Céder se prend quelquefois absolument, pour se rendre, se relâcher, se soumettre. Il faut céder ; & dans un sens neutre, pour déférer à une puissance supérieure, acquiescer, ne pas résister. Cedere, obsequi. Il faut céder au temps, à la force. Il faut céder à l’orage, & caler les voiles. Il faut céder à ses supérieurs. Tout cède à ce Conquérant.

Vaine erreur des Amans, qui, pleins de leurs desirs,
Voudroient que tout cédât au soin de leurs plaisirs.

Rac.

Céder, dans cette acception signifie encore se reconnoître ou être reconnu inférieur à un autre en quelque chose. Cedere, concedere, inferiorem se profiteri. Proposez vos raisons avec beaucoup de retenue, afin que ceux qui vous cèdent vous puissent céder sans chagrin. Bell. Cet homme est cent fois plus habile que moi, je lui cède en tout. Ne faites pas comme ceux qui en cédant, tâchent de donner à connoître qu’ils ne cèdent que par complaisance, & que les autres ont tort. Ab. Rec. On veut bien céder en bonne fortune ; mais non pas en esprit. Amelot. Il y a des génies dominans à qui tout le monde cède, par je ne sais quelle force de supériorité qui les fait régner par-tout. Id. Rien n’est plus fade que d’avoir à faire à des gens qui admirent toujours, & qui cèdent. Mont.

Céder signifie aussi, rabattre, retrancher. Il faut céder quelque chose de les droits pour avoir la paix.

Céder signifie aussi, succomber. Pour moi je cede aux ans. Main.

Cédé, ée. part.

CEDÈS. Ville de la Terre-Sainte. Cedes. Il y a trois Cédès dans l’Ecriture. L’une, dont il est parlé, Jos. XII, 22, & que les Septante appellent Κάδης, Cadès, étoit dans la Tribu d’Aser, & avoit eu un Roi sous les Chananéens. Josephe l’appelle Cedesa, & d’autres Cedessa. Une autre, dont il est parlé I. Paral. VI, 72, est la même chose que Césion. Voyez ce mot. La troisième étoit une ville Lévitique de la Tribu de Nephthali, sur une montagne. Josephe la nomme Caedesa, Cedesis, Cydela ; d’autres Sezechæ, Cades, & Tharsa. Au temps de S. Jérôme, son nom étoit Cidissus, aujourd’hui c’est Sizis. C’étoit aussi une ville de refuge.

CÉDILLE. s. f. L’l se mouille. Terme emprunté de l’espagnol cedilla, pour signifier un petit c, ou une petite virgule, qu’on met au-dessous du c quand on lui veut donner le son de l’s devant les voyelles a, o & u, comme à glaçon, maçon, deçà. Virgula litteræ c subscripta. Le c dans le mot de leçon est accompagné d’une cédille.

☞ Le c avec sa cédille, s’appelle en fonderie de caractères & en imprimerie c à queue.

CÉDIMOTH. Voyez Cademoth.

CEDMONÉEN, ENNE. s. m. & f. Oriental, qui habite à l’Orient. Cedmonæus, a. C’est le nom que l’on donne dans l’écriture aux peuples qui habitoient dans l’Arabie déserte, à l’orient de la Terre-Sainte. Ce nom vient de קדם, kedem, qui signifie l’orient. Les Hébreux le donnoient à ces peuples, comme nous donnons celui d’orientaux à ceux qui habitent à l’orient de l’Europe. Pagnin dit Cadmonéen, qui est bon ; & S. Jérôme Cethmonéen ; c’est une faute.