Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/001-010

Fascicules du tome 2
Tome 1, 991 à 996

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 1 à 10

pages 11 à 20


DICTIONNAIRE
UNIVERSEL,
CONTENANT TOUS LES MOTS
DE LA
LANGUE FRANÇOISE,
DES SCIENCES ET DES ARTS
Avec les Termes Latins qui peuvent y convenir.



Suite de la lettre B.


BOU


BOULEVART. s. m. (Quelques-uns écrivent Boulevard) terme d’ancienne fortification, synonyme avec bastion, qui est seul en usage aujourd’hui dans l’art militaire. Voyez Bastion.

À Paris on appelle Boulevart, le terrein du grand Bastion de la Porte saint Antoine ; & cette partie a donné le nom à tout le rempart, c’est-à-dire à cette promenade plantée d’arbres autour de la Ville. Se promener sur le Boulevart. C’est là que les Bâteleurs, les Farceurs, les Histrions de toute espèce, amusent ce qu’on appelle la bonne companie, & la populace.

Nicot dérive ce mot de boule, & waer mot flamand, ou du picard ward, qui signifie garder, comme qui diroit défense contre les boulets. Turnebe croit qu’il vient de boules vertes. D’autres le dérivent de l’Italien balaordo, ou de l’Espagnol balvartè, qu’on a dit aussi dans la basse latinité. Mais Ménage croit qu’il vient de l’Allemand bolverk, qui signifie ouvrage de poutre ; bol signifiant poutre, & werk, ouvrage : ce qu’il a dit d’après Hotman. Du Cange le dérive de burgwart, quod burgum servat & tuetur. Les Grecs modernes ont fait de ce mot leur Βολερος.

☞ Ne pourroit-on pas dire que Boulevart vient des mots boule, corps sphérique avec lequel on joue, & vert, verdure, gazon. Boulevart, gazon où l’on joue à la boule. On a dit dans la suite Boulevart ; mais le peuple a conservé l’ancien mot, et prononce encore Boulevert. Je crois avoir vu cette étymologie quelque part.

Boulevart, se dit figurément des places fortes qui couvrent tout un pays, & qui en défendent l’entrée aux enemis. Propugnacula. Rhodes étoit autrefois le boulevart de la Chrétienté. Le Tygre et l’Euphrate sont les deux puissans boulevarts de ce Royaume. Vaug.

BOULEVERSEMENT. s. m. Grand changement qui met toutes choses en désordre, renversement. Eversio, disturbatio. Une mine qui joue, cause le bouleversement d’un rempart. Au figuré, les nouvelles hérésies causent un grand bouleversement dans l’ordre, dans la discipline de l’Église.

☞ BOULEVERSER. v. a. Renverser entièrement, ruiner, evertere. La tempête a tout bouleversé. Le tremblement de terre a bouleversé la ville & les environs.

Bouleverser, signifie quelquefois causer un dérangement général, mettre sens dessus dessous. Disjicere, permiscere omnia. Ils ont tout bouleversé dans mon cabinet pendant mon absence. Bouleverser les meubles d’une maison.

☞ Au figuré, bouleverser signifie mettre en désordre. Turbare, evertere, pertundare. Cette banqueroute a bouleversé ses affaires. Ce factieux a bouleversé l’Etat, a causé de grands désordres dans l’Etat. Cette nouvelle lui a bouleversé l’esprit, a causé une grande altération dans son esprit.

Bouleversé, ée. part.

BOULEUX. s. m. C’est ainsi qu’on appelle un cheval trapu & propre à des services de fatigue. Ce cheval est un bon bouleux. On dit aussi au figuré, en parlant d’un homme d’un génie borné, mais qui fait bien son devoir dans l’occasion, que c’est un bon bouleux. Il est familier.

BOULI. s. m. Sorte de pot où les Siamois préparent leur thé.

☞ BOULJANUS. s. m. Terme de Mythologie. C’est, selon le P. de Longueval, dans son Hist. de l’Eglise Gall. t. 1, p. 193, le nom d’une fausse Divinité honorée à Nantes, en Bretagne, où elle avoit un temple fameux, qui fut abattu, comme on le croit, vers l’an 319, sous le règne & par l’autorité du grand Constantin. Il y a quelque temps, dit ce Pere, que l’on trouva à Nantes une inscription en l’honneur de cette Divinité, conçue en ces termes : Numini Augustor. Deo Bouljano M. Gemel. secundus & C. sedat. florus actor. Vicarior. portens. tribunal. C. M. locis ex stipe conlata posuerunt. Cette inscription a beaucoup tourmenté nos Savans. Nous croyons, ajoute le P. de Longueval, que ce Dieu Bouljanus est le même que le Dieu Janus des Latins, au nom duquel on ajouta le nom celtique boul, qui signifie orbis. Ainsi Bouljanus sera le Janus du monde. On assure en effet qu’une ancienne figure de ce Dieu le représentoit à trois faces, pour signifier sans doute les trois parties du monde qui étoient alors connues. Boul, signifie encore chez les Bretons un globe. Rien de mieux imaginé ; rien de plus plausible que cette explication ; mais malheureusement Bouljanus est un Dieu imaginaire, & l’inscription n’est pas absolument telle que le P. de Longueval la rapporte. Au lieu de Numini, il faut lire Numinibus : Vol. Jano, au lieu de Bouljano : Secudus, au lieu de secundus : Vicanor, au lieu de Vicarior : C M. au lieu de C. M. Ainsi il faut interpréter Deo vol. Jano, par ces mots, deo volente Jano, sous le bon plaisir de Janus : voici en deux mots tout le mystère de cette inscription ; elle fut faite pour apprendre à la postérité que les habitans de Nantes consacrerent leur tribunal aux Dieux des Empereurs, c’est-à-dire, à Jupiter & à Apollon ; mais après avoir invoqué Janus, selon la coutume Payenne, afin que leur offrande passât par lui aux Dieux de l’Empire. Voyez une explication de cette inscription par M. Travers, Prêtre, Docteur de Nantes, dans les Mém. de littér. & d’hist. recueillis par le P. Desmolets de l’Oratoire. L’inscription y est ainsi traduite : Aux Dieux des Empereurs : de l’agrément du Dieu Janus. M. Gemelius Secudus & C. Sedatius Florus, de l’argent contribué, ont bâti dans la place du commerce le tribunal des affaires des habitans du Port.

BOULICHE. s. f. Grand vase de terre dont on se sert sur les vaisseaux. Amphora, metreta. On enduit les bouliches de goudron, & on y met du vin : cela lui donne le même goût que s’il y avoit du quinquina infusé. Lettre écrite de Panama.

BOULIER. s. m. Terme de Pêche. C’est un filet fait comme une seine, dont les pêcheurs se servent sur les côtes de la Méditerranée, & qu’ils tendent aux embouchures des étangs salés. Rete.

☞ BOULIEU. Petite ville de France, dans le haut Vivarais, proche d’Annonay.

BOULIMIE. s. f. Terme de Médecine. C’est une maladie qui cause une faim désordonnée. Plusieurs furent travaillés de la boulimie. Ablanc. Les Transactions Philosophiques, N. 264. p . 598 & Tom. III. p. 111. parlent d’un paysan malade d’une boulimie furieuse dont il guérit en rendant plusieurs vers de la longueur & la grosseur d’une pipe à fumer ; après quoi sa faim diminua peu à peu, & revint à un appétit ordinaire.

Ce mot vient, selon Furetiére, du grec βοῦς, & de λιμὸς, qui signifient bœuf & faim : c’est-à-dire, avoir faim, être affamé jusqu’à manger un bœuf ; ☞ mais ce n’est pas le sentiment de Jos. Scaliger, βοῦ, dit-il, apud Grœcos intendit, ut βούλιμος, & βουλίμια, ingens fames à refrigeratione ventriculi contracta, sic apud Latinos particula ve, ut in vehemen, & aliis. Remarq. sur la Sat. Ménippée. Cette maladie dépend de l’abondance ou de l’âcreté des sucs digestifs qui irritent les intestins.

BOULIN. s. m. Petit trou qu’on dispose tout autour d’un colombier pour y nicher des pigeons ; c’est l’endroit où ils font leurs œufs. Un colombier à pied a quelquefois jusqu’à douze cens boulins.

On appelle aussi Boulins, des pots de terre faits exprès pour servir de retraite à des pigeons.

Boulin, en termes de Maçonnerie, est le trou qu’on fait à un mur pour recevoir les pièces de bois qui portent les échafaudages. On appelle aussi Boulins, les pièces de bois qu’on met dans ces trous pour soutenir l’échafaudage.

BOULINE. s. f. Terme de Marine. C’est une corde amarée vers le milieu de chaque côté d’une voile, qui sert à la porter de biais pour prendre le vent de côté, quand on ne l’a pas en poupe ou de quartier. Velum obliquè obtentum. La bouline de revers, est celle qui est larguée & sous le vent. Le vent de bouline, est celui qui est éloigné de cinq pointes, ou aires de vent de celui de la route. La bouline grasse, est le vent qui s’en éloigne davantage de six à sept pointes. On dit, aller à la bouline, ou tenir le lit du vent, quand on est porté d’un vent de biais, qui semble contraire à la route, en se servant de boulines hâlées & roidies. Obliquo vento navigare ; pedem facere. On le dit aussi figurément, pour signifier, Biaiser, n’aller pas droit dans une affaire : mais cela n’est que du style familier.

Courre la bouline. C’est un châtiment qui se pratique sur mer. L’équipage se range en deux haies de l’avant à l’arrière du vaisseau. Chaque matelot tient une corde, ou garcette à la main. On fait passer le criminel deux ou trois fois entre ces deux haies de matelots, qui lui donnent chacun un coup.

Hâle-Bouline. s. m. Ce mot se trouve dans Pomey. C’est un nom de raillerie que l’on donne à un matelot qui n’est point encore expérimenté. Tu n’es qu’un hâle-bouline.

BOULINER. v. n. Aller à la bouline, prendre le vent de côté. Obliquo vento navigare. On appelle aussi cette manière de naviguer, louvoyer.

On commence à dire figurément, Bouliner ; pour dire, biaiser dans les affaires, n’aller pas droit, trouver quelque détour, ou échapatoire. Cela est bas & du style familier.

Bouliner. v. a. Terme de gens d’armée, qui signifie, voler dans le camp. Furari. Il a perdu au jeu tout ce qu’il avoit bouliné. Ce soldat se fera pendre, il s’amuse à bouliner. Il est populaire.

Bouliné, ée. part.

BOULINEUR. On prononce Boulineux. s. m. Ce mot se dit des soldats qui volent dans le camp. Fur ; latro. C’est un boulineur. On pend tous les boulineurs, quand on les attrape.

BOULINGRIN. s. m. Terme de Jardinage. C’est un mot purement Anglois, qui signifie un gazon sur lequel on joue à la boule. Area cespititia. On l’a dit en France d’un jardin vert, & orné de palissades. On a nommé ainsi le Boulingrin de S. Germain. On l’a dit aussi d’un parterre de pièces de gazon découpées, avec une bordure en glacis, qu’on prend soin de tondre souvent, afin d’entretenir l’herbe toujours courte & verte. On fait des boulingrins de plusieurs manières. Cette espèce d’ornement de jardin vient d’Italie. Liger.

☞ Les boulingrins simples sont de gazon, sans aucun ornement.

☞ Les boulingrins composés sont coupés en compartimens de gazon, mêlés de broderies, avec des plates-bandes & des arbrisseaux.

BOULINGUE, ou bouringe, s. f. Terme de Marine. Velum ad ipsa carchesia intentum. Petite voile au haut du mât.

BOULINIER. s. m. On dit d’un vaisseau, qu’il est bon, ou mauvais boulinier, lorsqu’il va bien, ou mal à boulines hâlées. Navis excipendio obliquè vento apta.

BOULINIS, ou BOULIGNIS. s. m. Monnoie de cuivre qui se fabrique à Boulogne en Italie. Elle y tient lieu de sous, & dans les achats & ventes on y marchande par boulinis, comme l’on fait en France par sous. Les boulinis valent 4 quadrins, c’est-à-dire, la bajoque de Rome, qui a cours en concurrence avec eux, à cause que Boulogne est terre Papale. Leur nom vient de la ville où ils sont frappés.

BOULOGNE. Ville archiépiscopale de l’Etat de l’Eglise, en Italie, sur le Reno. Bononia. La situation de cette ville est charmante, & son terroir si abondant en toutes sortes de biens, qu’elle en a pris le nom de Boulogne la Grasse. Il y a à Boulogne une Académie très-fameuse pour les études de Droit. Honoré II, Luce III, Grégoire XIII, Innocent IX & Grégoire XV étoient de Boulogne. La même ville a donné la naissance aux Carraches, au Guide, au Dominicain & au Guerchin. T. Corn. Boulogne est la seconde ville de l’Etat Ecclésiastique. Le Légat de Boulogne est un Prélat que le Pape y envoie pour la gouverner. Boulogne a le privilége d’envoyer au Pape un Ambassadeur pour se maintenir dans sa liberté & dans ses droits. Idem.

Il y a une Histoire de Boulogne écrite en Italien par Gaspar Bonbaci, qui remarque plusieurs circonstances qui ne se trouvent pas dans les autres histoires de Boulogne. Agnechius, Archevêque d’Amasie, a fait aussi un Traité de la fondation de la ville de Boulogne. Cette ville a été long-temps connue sous le nom de Felsine, soit qu’elle ait reçu ce nom d’un Roi d’Etrurie nomme Felsinus, qui, comme l’écrit Dempsterus, la rétablit long-temps après la première fondation que le Roi Celsinus en fit, dit-on, mille ans avant la fondation de Rome ; soit qu’on l’ait ainsi nommée, parce qu’elle a été autrefois la forteresse de tout le pays, qui en langue vulgaire & ancienne, étoit exprimée par le terme de Felsina. C’est le sentiment d’Agnechius, qui ne reconnoît parmi les Rois d’Etrurie, ni de Felsinus, ni de Bonus, à qui quelques-uns ont cru qu’elle devoit le nom de Boulogne. Quoi qu’il en soit, c’est pour cela que le Comte Carlo Malvasia a intitulé son Traité des Peintres de Boulogne, Felsine Pittrice, car cette ville s’est fort distinguée par cet art ; & l’Ecole de Boulogne passe sans contredit pour une des plus célébres ; plusieurs disent pour la meilleure de toute l’Italie.

Quelques-uns écrivent Bologne ; & c’est l’usage le plus général pour la ville d’Italie, & la pierre qui en porte le nom. Boulogne est à 29°. 8’ 33”. de longitude, & 44°. 29’. 35”. de latitude. Manfredi & Stancarl. Selon le P. Roccioli, elle n’a de latitude que 44°. 29’. 30”. Sa longitude est, selon Hoffman, 33°. 35’. & sa longitude 43°. 52’. Falfoni, Chanoine Régulier, a donné en Italien des Mémoires historiques de l’Eglise de Boulogne & de ses Pasteurs, à Boulogne 1649. in-4°. & nous avons deux ouvrages de Sigonius sur Boulogne ; l’un, De Rebus Bononiensibus ; & l’autre, De Episcopis Bononiensibus. il y a aussi Historie Bolognese de Vizani, & deux volumes d’Alidosi, qui traitent de tous les hommes célébres de Boulogne.

Pierre de Boulogne, & mieux, Pierre de Bologne. Lapis lucifer Casciarolanus vel Bononiensis. C’est une pierre petite, grise, pesante, tendre & sulfureuse, de l’épaisseur à peu près d’une noix, & dans laquelle on trouve une espèce de cristal, ou de talc, quand on la rompt. Elle se trouve aux environs de Boulogne en Italie, & c’est de-là qu’elle a pris son nom. Il y en a cependant encore en d’autres lieux, comme au pied du mont de Palerne. C’est-là qu’un Cordonnier, nommé Vincenzo Casciarolo, ayant ramassé de ces pierres, & les ayant portées chez lui, & mises au feu dans l’espérance d’en tirer de l’argent ; au lieu de ce qu’il attendoit, il découvrit ce phénomène admirable, & la propriété qu’elles ont, qui consiste en ce que quand on les a exposées à la lumière, elles la retiennent, & luisent ensuite dans les ténèbres. ☞ On fait calciner cette pierre au feu, après la calcination on l’expose à l’air, afin qu’elle s’imbibe de lumière. Cette espèce de phosphore transporté dans un lieu obscur, doit être lumineux. Malpighius dit qu’un certain Zagonius avoit trouvé l’art de faire avec la pierre de Boulogne des statues & des peintures, qui brilloient dans l’obscurité ; mais il ajoute qu’il étoit mort sans avoir découvert son secret à personne. Transact. Philos. n. 21. p. 375 n. 134. p. 842. & Tom. III. p. 346.

Boulogne, Ville épiscopale de France, en Picardie, capitale du Boulonois. Bolonia. On trouve Boblonia dans des siècles postérieurs. On croit que Boulogne est le Gessoriacum Morinorum. D’autre l’appellent aussi Morinorum Navale. M. Bately, Archidiacre de Cantorberi, après avoir montré que le port appelé Rutupiæ, ou César débarqua, est le terrain qui s’étend entre Richborroug & Recuver, en infère que l’Occius Portus, où il s’embarqua pour passer dans la grande Bretagne, est Boulogne, parce que le bras de mer qui étoit entre deux, n’avoit que 40 milles de largeur selon César. Dans la carte de France faite par M. de Lisle, la longitude de boulogne est environ de 15°. & sa latitude de 50°. environ 40’. & selon M. Cassini, cette ville est à 20°. 5’. 26”. de longitude, & 49°. 26’, 41”, de latitude.

☞ BOULOGNE, Bolonia. Petite ville de France, en Gascogne ; selon Baudrand dans l’Armagnac, & selon de Lisle à l’extrémité occidentale du bas Comminge, sur la Gimone.

BOULOIR. s. m. Terme de Maçonnerie. Instrument de bois dont les Maçons se servent pour remuer continuellement la chaux quand ils l’éteignent, c’est-à-dire, quand ils l’ont mise dans l’eau, & pour la mêler ensuite avec le sable & faire le mortier. M. Duhamel l’appelle en latin Tudiculus, ou contus. Le bouloir est composé de deux parties, une tête & son manche. La tête du bouloir est un morceau de bois de six, sept, ou huit pouces de long, sur trois ou quatre de large, plat d’un côté & en talus, ou talus rond de l’autre. Du côté qu’il est plat, il est emmanché d’un bâton d’environ six pieds de long. C’est avec le côté qui est en talus, que l’on broie la chaux qui s’éteint, & que l’on remue la chaux & le sable pour les mêler & faire le mortier. Il faut remuer long-temps la chaux avec le bouloir, pour qu’elle soit bonne.

☞ BOULOIR. Chez les Orfévres en grosserie, est un vase de cuivre oblong, avec une queue, dans laquelle on déroche les pièces. Il est aussi à l’usage des Monnoyeurs.

BOULON. s. m. Terme de Charpenterie & de Charonnage. Grosse cheville de fer qui a une tête ronde, & qui est percée & arrêtée par l’autre bout avec une clavette. Clavus trabalis. Il sert à attacher des poutres, des tirans de charpente à un poinçon, à soutenir le fléau d’une porte cochère, sur lequel il est mobile. Il y a aussi des boulons qui ont des têtes rondes à leurs deux extrémités, comme ceux qui attachent les arc-boutans d’un carrosse aux moutons. On appelle aussi boulon, la masse, poids, ou peson de la balance Romaine.

Boulon, est aussi une pièce ronde de fer ou de cuivre, qui sert de noyau pour faire les tuyaux de plomb sans soudure. Elle est un peu plus longue que le moule, & de la grosseur que doit être le diamètre du dedans du tuyau.

Boulons, en termes d’Artillerie, sont des branches de fer, c’est-à-dire, les deux plus longues & plus grosses pièces où pose le canon.

BOULONNER. v. a. Arrêter une pièce de charpenterie avec des boulons. Il faut boulonner cette poutre.

☞ BOULONNÉ, ÉE. part.

BOULONOIS. Voyez BOULENOIS.

Boulonois, oise s. m. & f. Bononiensis. Qui est de Boulogne en Italie, ou du pays dont Boulogne est la capitale.

Boulonois, s. m. Bononiensis ager. Petite province des Etats de l’Eglise en Italie, qui a le Ferrarois au nord, la Romagne propre à l’orient, la Toscane au midi, & le duché de Modène à l’occident. Il a pris son nom de Boulogne sa capitale. Les Italiens l’appellent Bolognese. Davity & le grand Atlas le nomment Boulognois ; Maty Boulognois, ou Boulonois ; M. Corneille Boulonois seulement.

Boulonoise. s. f. Terme de Fleuriste. Anémoine dont les grandes feuilles sont blances à font incarnat, sa peluche entremêlée de blanc, d’incarnat, & de citron : elle demeure long-temps en fleur. Sa peluche est fort bien rangée. Anemone Bononiensis. C’est aussi le nom d’une tulipe rouge, pâle & blanc. Morin Cult. des fleurs.

BOULOUBACHI. s. m. Terme de Relation. Capitaine des Janissaires. Janissariorum Centurio. Alloient deux à deux les Bouloubachis, ou les Capitaines des Janissaires, avec leurs grandes plumes sur le turban. P. Dan. Hist. de Barb.

BOULU, UE, adj. Ce mot est du petit peuple de Paris, qui dit châtaigne boulue, pour châtaigne bouillie. Elixus.

BOUNE. s. f. Vieux mot. Borne. Du grec βουνός, Coline, éminence. On a dit aussi Bourne.

BOUQUE. s. f. terme de navigateur des isles de l’Amérique, qui signifie proprement une passe, ou entrée passage étroit, d’où est venu embarquer & débouquer. Voy. ces mots.

BOUQUER. v. n. Baiser par force ce qu’on présente. Ce verbe ne se dit proprement qu’en parlant d’un singe, lorsqu’on le contraint de baiser quelque chose. Ce singe a eu bien de la peine à bouquer. Faire bouquer un singe. On dit aussi à un singe ; Bouquez cela ; & dans cette phrase, Bouquer est employé activement. ☞ On le dit au figuré, mais dans le style familier ou populaire, pour dire faire malgré soi quelque acte de soumission. Invite, œgrè facere. Il a résisté long-temps, mais à la fin il a fallu bouquer, céder à la force.

Ménage dérive ce mot de buccare, qu’on a fait de bucca, qui signifie joue.

BOUQUERAN. s. m. Vieux mot, qui signifie une sorte d’étoffe, qu’on croit avoir été faite de poil de chèvre, comme le camelot est fait de poil de chameau.

BOUQUET. s. m. Assemblage de fleurs arrangées & liées ensemble. Florum fasciculus. Un Bouquet de fleurs d’orange, de roses.

BOUQUET. On dit qu’une Dame a le bouquet ; pour dire, qu’elle est la Dame du Bal, qu’elle en reçoit les honneurs. Acad. Franç.

Ce mot vient de boscetum. Guichard dit de אבק, abak, qui signifie lier, d’où en lisant par transposition בקא, s’est fait bouquet.

Bouquet, se dit aussi des fruits, & d’autres choses liées ensemble. Voilà un beau bouquet de poires, un beau bouquet de plumes. On dit aussi, Bouquet de diamans, bouquet, de pierreries, bouquet de perles. En cuisine, bouquet de fines herbes. ☞ On emploie ce terme en Botanique dans le même sens. On dit que les fleurs de telle plante sont rassemblées par bouquets. On s’en sert aussi à l’égard des feuilles, & l’on dit qu’elles naissent par bouquets, Fasciatim ; pour dire, qu’il y en a plusieurs rassemblées.

Bouquet de cheveux, petite touffe de cheveux. Cette femme n’a qu’un bouquet de cheveux. On dit de même qu’un homme a la barbe par bouquets, quand il n’en a que de petite touffes, par-ci par là.

On appelle aussi Bouquets, les représentations de fleurs liées ensemble, qu’on fait dans des tapisseries, dans des peintures de panneaux de menuiseries, &c.

Bouquet d’émail. Ce sont des fleurs artificielles, que les Emailleurs font avec des émaux de diverses couleurs.

On appelle aussi Bouquet, un petit bois qui est dans un jardin de plaisance. Nemus, silvula.

Bouquet. Terme de Rivière & de Charpenterie. Tigillum. Les deux bouquets d’un bateau sont deux pièces de bois, faisant ensemble cinq pieds de long, servant à lier la matière-feuillie, c’est-à-dire les côtés, avec les deux courbes de devant. Caron.

Bouquet, est aussi un fer dont se servent les Doreurs ou Relieurs pour appliquer le bouquet dont ils ornent le dos d’un livre relié en veau.

Bouquet, se dit aussi parmi les Maquignons, de la paille qu’ils mettent à la queue & aux crins des chevaux qu’ils veulent vendre.

Bouquet, se dit figurément. Le bouquet sacré. Bouquet spirituel, se dit de quelque pensée ou affection, quelque mot court & vif qui renferme ce qui a le plus touché dans l’oraison mentale, & qui sert à nous élever à Dieu pendant la journée, & à nous rappeler le fruit de l’oraison & les saintes vues que Dieu nous y a données. Les Spirituels disent qu’il faut toujours à la fin de l’oraison se faire un bouquet spirituel ; qu’il faut de temps en temps pendant le jour flairer le bouquet spirituel, c’est-à-dire, se rappeler ce mot, cette pensée. Sertum spirituale. Il faut abandonner ce mot aux mystiques.

On dit proverbialement d’une maison, qu’elle a le bouquet sur l’oreille ; pour dire, qu’elle est à vendre : & d’une fille ; pour dire, qu’elle est à marier. On dit aussi, donner le bouquet à quelqu’un, quand on l’engage à donner un bal ou un repas à une compagnie : & rendre le bouquet, régaler à son tour, ceux qui ont régalé. On dit aussi, qu’une femme fait porter le bouquet à son mari, quand elle lui est infidelle.

BOUQUETIER. s. m. Terme de Faïencier. Vase de faïence, où l’on met des fleurs.

Bouquetier. Ouvrier qui fait & vend des fleurs artificielles. Les Maîtres Plumassiers de Paris prennent la qualité de Bouquetiers.

BOUQUETIÈRE. s. f. Celle qui fait des bouquets. Coronaria.

Bouquetière, signifie aussi celle qui a le droit d’exposer & de vendre toutes sortes de bouquets de fleurs naturelles. Elles sont appelées maîtresses Bouquetières, Chapelières en fleurs. Il leur est défendu de se servir de fleurs d’Acacia, & les autres fleurs qu’elles emploient, doivent être nouvellement cueillies.

BOUQUETAIN. s. m. Bouc-etain, Steinbok. Ibex. Voy Bouctein.

BOUQUIN. s. m. Vieux boux. Hircus. On appelle aussi Bouquins, les mâles des lièvres & des lapins.

On appelle figurément un vieux bouquin, un vieux débauché, fort adonné aux femmes.

☞ Dans la fable on donne le nom de Bouquins aux satyres, parce qu’on les représente avec la figure de bouc depuis la ceinture jusqu’en bas.

Cornet à Bouquin. C’étoit autrefois une grande flûte de paysan. Cornu musicum. Elle sert maintenant dans les chœurs de musique des Eglises. Voy. au mot Cornet.

Ménage dérive ce mot de buccinum, qu’on a dit pour buccina.

On appelle aussi de vieux livres dont on fait peu de cas, de vieux bouquins. Vilis & obsoletus codex.

Ce mot vient de l’allemand buck, ou bouc, qui signifie un livre, & parce que les premiers livres imprimés nous sont venus de ce pays-là, on a appelé bouquins les vieux livres. Voyez Naudé dans le Mascura, p. 172. Lipse croit que l’Allemand vient du Latin buxus, parce que le buis servoit à leur reliûre. Le P. Kirker, Œd. Æg. T. 2. p. 6, en rapporte une étymologie plu vraisemblable. Il dit qu’on écrivoit autrefois dans le Septentrion sur des tablettes de hêtre, qui dans les langues septentrionales s’appelle Buch, buchbamub ; que c’est de-là qu’ils ont aussi appelé un livre buech, & bûcher au pluriel. Car pour l’étymologie de Guichard, qui le tire de l’hébreu כתב, Catab, Ferire, d’où en transposant les lettres s’est fait בכת, bacath, & de-là en grec ποχτὸς & πυχτὶς, libellus, tabula, epistola, duquel ποχτός a été retenu en latin pictacium ; & dont s’est formé en allemand buch, book en anglois, boeck en flamand, liber, quasi scriptum : pour cette étymologie, dis-je, elle ne paroît pas recevable quant à l’hébreu ; & quand au reste, celle du P. Kirker est plus vraisemblable.

Reprenons un style nouveau,
Laissons la langue marotique,
Bouquins, rentrez dans le tombeau.

Bouquin, en latin Hirculus. Espèce de nard bâtard. Voyez Spica-nardi.

On dit proverbialement, sentir le bouquin ; pour dire, sentir mauvais. Ce mot se dit particulièrement des aisselles, lorsqu’il en sort une odeur forte, comme celle d’un bouc. Olere hircum.

BOUQUINER. v. n. Chercher de vieux livres chez les Libraires, ou s’amuser à les lire. Veteres & obsolutos libros ac codices scrutari, vel evolvere. Il y a force curieux qui ne font toute leur vie que bouquiner. Ce mot est familier.

Bouquiner. Se dit aussi du lièvre, lorsqu’il est en amour, & qu’il tient sa hase. Salnove.

BOUQUINERIE. s. f. Terme méprisant qui se dit d’un grand ramas de citations & de passages de vieux livres, ou de bouquins. Au nom de Dieu trèves de passages ; & puisque tu m’as promis la lecture de ces nouveaux titres que je suis plus envieux de voir que toute ta bouquinerie, obliges-moi de m’en faire lecture. Masc.

☞ BOUQUINEUR. s. m. celui qui cherche de vieux livres.

☞ BOUQUINISTE. s. m. Celui qui les vend ou qui les achète.

BOURA. s. f. Sorte d’étoffe soie & laine.

BOURACAN. s. m. On disoit autrefois Baracan. Gros camelot, ou étoffe tissue de poil de chèvre. Pannus è caprinis pilis contextus. Le Bouracan ne se foule point ; on le fait seulement bouillir dans l’eau claire à deux ou trois reprises, ensuite on le calendre.

Ce mot vient de l’Italien baracane. Ménage. D’autres le dérivent de varocino, ou varonico, parce que c’étoit une étoffe qui étoit particulièrement propre à vêtir les hommes, que les Espagnols nomment varones. Du Cange le dérive de barres, parce que leur fils ou leurs lisses représentent des barres.

BOURACANIER, ou Baracanier, s. m. Ouvrier qui fabrique les Bouracans.

☞ BOURACHE. Voyez Bourrache.

BOURACHER. s. m. C’est le nom que l’on donne à Amiens aux ouvriers qui travaillent à certaines étoffes, comme raz de Gènes, &c.

BOURASQUE. Voyez Bourrasque.

☞ BOURBE. s. f. Terre imbibée d’eau. Cœnum. On le dit particulièrement de la fange de la campagne, du fond des eaux croupissantes, des étangs & des marais. Le poisson qu’on pêche dans les étangs, sent ordinairement la bourbe.

Nicot dérive ce mot du grec βοόβορος, signifiant la même chose. Etienne Guichard allant plus loin à son ordinaire, prétend que de hébreu, abarboura, qui vient de הבר בורה, Conjunxit, & signifie, macula sic appellata quòd sit livori similis, & selon les Grammairiens hébreux, macula livoris, une tache livide, color ex pallido nigrescens, couleur d’un pâle noirâtre, que de-là, dis-je, a été formé en grec βυόβορος, & bourbe en françois, & borra en espagnol.

BOURBELIER. s. m. Terme de Chasse. C’est la partie du sanglier, qu’aux autres animaux on nomme poitrine, & au cerfs la hampe. Pectus.

BOURBEUX, EUSE, adj. Qui est plein de bourbe. Cœnosus. Un ruisseau bourbeux, un gué bourbeux.

Il se dit aussi de ce qui vit dans la bourbe. On lit dans la fable des grenouilles traduite du latin du P. Commire :

Déjà ces insectes bourbeux
Osoient sortir du marécage,
Et paroissant sur le rivage,
Faisoient fuir les troupeaux qui paissoient auprès d’eux.

BOURBIER, s. m. Lieu plein de bourbe où l’on enfonce, & dont on a peine à se retirer. Cœnosa lacuna. Les chariots pesans demeuroient la plûpart enfoncés dans des bourbiers. Vaug.

Bourbier, se dit figurément des embarras où l’on se trouve, des affaires fâcheuses dont on a peine à sortir. Res, locus difficilis, periculosus. Il aura bien de la peine à se tirer de ce bourbier. Expr. du style familier.

☞ BOURBILLON. Terme de chirurgie & de maréchallerie. Pus épaissi qui sort d’une plaie, d’un apostème, d’un javar. Pus, sanies. Un clou, un javar est bientôt guéri, quand le Bourbillon est sorti.

BOURBON. Nom de plusieurs lieux. Borbonium.

Bourbon l’Archambaud Borbonium Archambaldi. ville de France, dans le Bourbonnois, ainsi appelée d’Archambaud son Seigneur. Bourbon n’étoit d’abord qu’une Baronnie qui fut partagée entre deux freres, Archambaud & Anseaume ; ils eurent chacun dans leur partage une ville nommé Bourbon, ce qui fit que tous deux prirent le titre de Barons de Bourbon. Bourbon l’Archambaud passa dans la Maison de France par le mariage de Béatrix, héritière de Bourbon avec Robert, Comte de Clermont, fils de S. Louis en 1327 Bourbon l’Archambaud fut érigé en Duché par Charles le Bel en faveur de Louis de Clermont, surnommé le Grand, fils de Robert & de Béatrix.

Bourbon l’Archambaud est fameux par ses bains chauds, qui sont les plus fréquentés qui soient en France. Dans l’usage ordinaire on dit Bourbon tout court, sans ajouter l’Archambaud, quand on parle de cette Ville. Les eaux de Bourbon, les bains de Bourbons, le voyage de Bourbon. Les Médecins m’ordonnent d’aller à Bourbon ; on conseille à ce malade de prendre les eaux de Bourbon.

Bourbon Lancy, Borbonium Anselmi, ou antiqui, primogeniti. Petite ville de Bourgogne dans l’Antunois, ainsi appelée par corruption du nom du Seigneur à qui elle fut donnée, comme nous avons dit, & qui s’appelloit Anseaume, desorte que Bourbon Lancy est originairement Bourbon l’Anseaume. D’autres disent que c’est Bourbon l’ancien, parce que c’étoit la portion de l’ancien, ou de l’aîné de la famille. Mais puisqu’on a dit Bourbon l’Archambaud du nom du Seigneur, il est plus vraisemblable que l’on a dit aussi Bourbon l’Anseaume du frere d’Archambaud, à qui ce Bourbon-là échut. On dit qu’on trouve beaucoup d’antiquités en fouïssant aux environs de Bourbon Lancy.

BOURBON. s. m. Nom de l’Auguste famille qui regne en France. Robert, fils de S. Louis, & Comte de Clermont, épousa Béatrix Dame de Bourbon l’Archambaud. De ce mariage sortir Louis de Clermont, surnommé le Grand, en faveur duquel Charles le Bel érigea Bourbon l’Archambaud en Duché l’an 1327, & qui porta le premier le nom de Duc de Bourbon. De ce Louis sont descendus de pere en fils Jacques de Bourbon, Jean de Bourbon, Louis II de Bourbon, Jean II de Bourbon, François de Bourbon, Charles de Bourbon, Antoine de Bourbon, Roi de Navarre ; Henri de Bourbon, Roi de France & de Navarre ; Louis XIII & Liuis le Grand, XIV du nom.

Manes des grands Bourbons, brillans foudres de guerres,
Qui fûtes & l’exep-mple & l’effroi de la terre. Corn

Tel le grand Saint Louis, la tige des Bourbons,
Lui-même du Soldat forçoit les Bataillons. Id.

Dans les Héros que pour regner fit naître
Des grands Bourbons la Royale Maison,
Le sang inspire & prévient la raison ;

Le noble instinct, qui dans le cœur domine
Rappelle en eux leur auguste origine,
Et de ce sang reçu de tant de Rois
La Majesté reclame tous les droits. P. du Cerc

Astres de Bourbon. Astra Borbonia, ou Etoiles de Bourbon. Stellœ Borboniœ. Ce sont trente Satellites que l’on a découverts près du Soleil, & qui font leur révolution autour de cet astre en quinze jours.

Île Bourbon, ou de Bourbon, Île d’Afrique à l’Orient de la grande Île de Madagascar. Insula Borbonia. Elle est aux François, qui lui ont donné ce nom. Les Portugais, qui l’ont découverte les premiers, la nommerent Mascaregne. Il croît à l’Île de Bourbon une espèce de Café, ou Cafier, qui produit le Café long, qui est très-bon. Il y vient aussi une espèce de poivre. On nous envoie encore de-là un excellent extrait d’Aloès, une résine odorante que la colonie appelle Benjoin, & qui peut être de vrai Benjoin ; une gomme que la colonie appelle Tacamaca, & qui paroît semblable à l’Assoite de Maria des Espagnols ; de la Curcuma ou Terre Mérite ; de la Schénante ; de la Squine ; des Tamarins ; une sorte de Scabieuse, & quantité de bois singuliers par leurs odeurs & leurs couleurs, qui peuvent les rendre également utiles aux Ebenistes & aux Teinturiers. De Jussieu, Mem. Mss. Voyez les drogues ci-dessus mentionnées, chacune en leur place.

BOURBONNE-LES-BAINS. Bourg de France célébre par ses eaux minérales. Ce lieu est en Champagne, dans le Bassigny, dans le fond d’un vallon, dont la pente du ruisseau de Borne, qui le parcourt, va de l’est à l’ouest. Les eaux minérales de Bourbonne sont dispersées en plusieurs sources, & on s’en sert pour la guérison de différentes maladies. On les appelle eaux de Bourbonne, à ce que l’on prétend, à cause de la bonté de leur bourbe, ou boue ; ensorte que Bourbonne es tdérivé de Bourbe bonne. Ces eaux sont chaudes & remplies d’un sel qui a beaucoup de rapport au sel marin. Il y a une Dissertation de M. Gautier, Architecte Ingénieur, & Inspecteur des grands chemins, des Ponts & Chaussées de France, sur les eaux minérales de Bourbonne-les-bains, imprimée à Troyes en 1716. L’ancien château de Bourbonne ayant été brûlé en 1716 dans l’incendie presque générale du Bourg, on bâtit une maison basse dans la cour de ce château, où l’on plaça une pierre qui avoit été mise dans la face du donjon de l’ancien château, sur laquelle on lit une inscription votive & adressée à la Nymphe ou Génie de la Fontaine de Bourbonne ; en voici les termes : Borvoni thermonæ Caius Jatinius Romanus in Galia pro salute Cocilæ ex voto. Gruter, p. x. n. 4, & M. Dunaud, tom. 2, pag. 515 de son histoire de l’Eglise de Besançon, font mention de cette inscription. Les eaux de Bourbonne sont bonnes pour la paralysie, les rhumatismes, les humeurs froides, le scorbut, disposent à la guérison de la vérole, préviennent la goutte & la gravelle. Elles doivent leurs vertus à un sel neutre qu’elles renferment, à des parties sulfureuses, bitumineuses, volatiles, absorbantes & ferrugineuses. M. Juret, Médecin de ce lieu pour le Roi, prétend qu’elles guérissent de la fièvre quarte mieux que le quinquina. Voyez sa Dissert. imprimée à ce sujet en 1750. Les boues de Borbonne qui se trouvent dans les bains, servent à guérir plusieurs incommodités, sur-tout celles qui attaquent les nerfs. Voyez Dom Calmet, Traité historiq. des eaux & bains de Plombières, Bourbonne, &c. p. 152. L’Hôpital militaire de Bourbonne-les-bains, est rempli de soldats depuis le premier de Mai jusqu’au premier d’Octobre. Ils y viennent de toutes parts.

BOURBONNISTE. s. m. attaché à la Maison de Bourbon. Voyez Valesien.

BOURBONNOIS. Borboniensis Provincia, ou Ducatus. Le Bourbonnois est un ancien Duché de France, situé entre l’Auvergne, le Forêt, la Bourgogne, le Nivernois, le Berry, & la Marche. Le Bourbonnoisfut anciennement le pays des Boies, ou Boïens. Le haut Bourbonnois est proprement le pays de Combrailles. Le reste s’appelle le bas Bourbonnois. Le Bourbonnois est arrosé de l’Allier, & divisé en 17 petites Châtellenies. Moulins est la capitale du Bourbonnois.

BOURBONNOIS, OISE, s. m. & f. Borboniensis, Boius. Qui est de Bourbonnois. Il ne se dit point pour signifier celui ou celle qui est de Bourbon, soit de Bourbon l’Archambault, soit de Bourbon Lanoy, mais seulement qui est de la province de Bourbonnois. Je connoissois le P. Lingendes ; il étoit Bourbonnois. Qui sont ces Provinciaux-là ? Ce sont des Bourbonnois.

☞ BOURBONS. s. m. pl. terme usité dans les Salines de Lorraines. Grosses & longues pièces de bois de sapin servant à soutenir les poêles par le moyen des happes & des crocs.

BOURBOURG. Ville de France, dans la Flandre maritime, cédée aux François par la paix des Pirénées. Burburgus. Bourbourg étoit autrefois assez bien fortifié. Maintenant il est démantelé.

Il étoit autrefois du diocèse de Térouanne, aujourd’hui de celui de S. Omer ; il est célébre par une ancienne Abbaye de Bénédictins.

L’Abbaye de Bourbourg fut fondée en 1102 par le Comte Robert dit le Jérosolymitain & la Comtesse Clémence sa femme, sous la dépendance immédiate du Saint Siégé, pour des filles de la première noblesse du pays. L’Evêque de Térouanne approuva cette fondation, & le Pape Pascal II la confirma en 1106, Calixte II en 1119, & Innocent II en 1138. Cette Abbaye est composée d’une Abbesse, d’une Prieure & des Demoiselles : car on les appelle Demoiselles plutôt que Religieuses. Les Novices s’appellent Ecolières, c’est le Gouverneur de la ville qui les présente.

Bourbourg. s. m. Terme de Fleuriste. C’est une tulipe de quatre couleurs, gris lavandé, colombin obscur, colombin clair & blanc. Cult des Fl.

BOURCER. v. n. Terme de Marine, qui se dit lorsqu’on ne met au vent qu’une partie d’une voile, & qu’on la trousse à mi-mât, ou au tiers de mât, par le moyen des cargues ou cordes destinées à cet effet ; ce qui fait qu’on dit aussi carguer dans le même sens. Cela se fait quand on veut prendre moins de vent, afin de retarder le cours du vaisseau. Voyez encore Carguer.

BOURCET. s. m. Terme de Marine. C’est un nom qu’on donne dans la Manche au mât de misaine & à sa voile. Dolo, exiguum velum ad corbitam.

BOURCETTE. s. f. Plante que l’on mange en salade, qu’on appelle communément Mâches à Paris. Suivant les analyses de l’Académie des Sciences, ce que l’on tire de la bourcette est presque tout alcalin, & il y a peu de plantes qui donnent plus de sel volatil concert, plus de fixe lixiviel & plus de terre. Sa saveur est d’un goût d’herbe salée, & comme détertif, & le suc de ses feuilles rougit un peu le papier bleu : ce qui fait conjecturer que dans cette plante le sel ammoniac est dissous dans une portion considérable de flegme modéré par beaucoup de terre & un peu de soufre. Elle est très-utile dans les pertes de sang, les hémorragies, la dissenterie, &c.

BOURDAIGNE. s. f. Espèce de pastel bâtard, qu’on nomme autrement Pastel-bourg.

☞ BOURDAINE. s. f. Arbrisseau fort commun dans les bois. Les feuilles qui sont d’un beau vert, ressemblent presque à celles de l’Aune. Il porte de petites baies noires quand elles sont mûres : son bois, qui est extrêmement léger, sert à faire du charbon qui entre dans la composition de la poudre à canon. son écorce intérieure est de quelque usage en Médecine.

☞ Le genre de cet Arbrisseau n’est point douteux. Les Vocabulistes auroient pu s’épargner la peine de relever la faute d’impression qui s’étoit glissée dans la dernière édition de ce Dictionnaire.

SE BOURDALISER. Prendre les manières du Pere Bourdaloue, son style, son caractère. Ho le beau sermon que vient de faire le P. le Comte ! Il se bourdalise beaucoup. En voilà deux de suite de la même force. Abbé de Choisy.

BOURDALOUE. s. f. Mot qui signifie une étoffe modeste dont les femmes s’habillerent pendant quelque temps, depuis que le P. Bourdaloue eut prêché fortement contre le luxe, & la magnificence des habits.

Ce mot signifie aussi une sorte de tresse, ou d’or, ou d’argent, ou de soie, large d’environ un doigt, qui sert de cordon au chapeau, & qui s’attache avec une petite boucle de métal.

☞ On a aussi donné ce nom à une sorte de pot-de-chambre oblong ; dans ce sens il est masculin.

BOURDE. s. f. Mensonge dont on se sert pour s’excuser, ou pour se divertir de la crédulité des autres. Commentum, nugæ. Cet homme m’a fait accroire qu’il avoit sollicité pour moi, mais il m’a donné une bourde. C’est un homme qui se plaît à donner des bourdes, des baies. Tu n’es pas homme à te repaître de bourdes & de coccigrues. Masc. Il est populaire.

☞ Voltaire dans ses remarques sur le Menteur de Corneille observe que cette expression, grand donneur de bourdes, qui y est employée, est aujourd’hui un peu basse : elle vient de l’ancien mot bourdeler, bordeler, qui se signifioit que se réjouir.

☞ Les Vocabulistes, qui se piquent d’une si grande exactitude, disent que le mot de bourde signifie mensonge, défaite. Ils n’en ont pas trouvé davantage dans le Dictionnaire de l’Académie. Ce qu’on appelle bourde est une chose controuvée pour s’excuser ou pour rire de la crédulité des autres.

Ce mot vient de l’Italien burla. Ménage. Autrefois il signifioit aussi un bâton gros par le bout sur lequel on s’appuie ; une sorte de potence dont se servent les infirmes.

Bourde, est aussi un terme de Marine, qui signifie la voile que l’on met quand le temps est tempéré.

Bourde. Sorte de soude qui est très-mauvaise.

BOURDEAUX. Nos peres écrivoient plus communément Bordeaux. Mézerau l’écrit ainsi, & quelques-uns le font encore ; mais Bourdeaux est mieux aujourd’hui, & il faut toujours le prononcer ainsi, quoique communément ceux du pays prononcent Bordeaux. Burdigala, Burdegala. Ville de France, capitale de la Guyenne. Bourdeaux, situé sur la Garonne, est une des plus grandes, des plus riches, & des plus belles villes de France.

Isidore de Séville écrit que Bourdeaux prend son nom de ceux qui l’ont peuplé, & qu’il nomme Burgos Gallos, c’est-à-dire, Bourg Gaulois, ou Ville Gauloise. J’aimerois mieux le dériver à Burgo Galatico, c’est-à-dire, Bourg Faulois, ou Ville Gauloise, le nom de Bourg étant assez ancien, & dérivé de la langue grecque, & par conséquent à l’usage des Gaulois, pour signifier une forteresse, comme l’on peut voir dans Végéce, Orose, & le Glossaire de Philoxène, Burgus, Turris, πύργος De Marca, Hist. de Béarn, L. I. p. 5. Favin, en son Hist. de Navarre, L. II. p .63, croit que Bourdeaux est ainsi appelé à cause de l’assemblage des eaux tant du reflux de la mer qui remonte jusqu’à sept lieues au-dessus, que la Garonne, Gironde, Dordogne, & autres qui s’assemblent près de-là pour se jeter dans la mer ; & que c’est Burgum aquarum.

Les Berruyers, c’est-à-dire, ceux de Berry, étant trop serrés prirent le large, & laissant la rive de la Loire & leur ville capitale de Bourges, aux plus vieux, vinrent s’établir sur la Garonne, où ils bâtirent Bourdeaux, laquelle ils appelerent Bourges, Bituriges, comme la ville capitale de leur pays qu’ils voient laissée. J’ai vu une ancienne inscription dans le château Trompette qui portoit, Augusto sacrum & Genio Civitatis Biturigum viviscorum. Favyn, Hist. de Nav. p. 63. 64.

L’Archevêque de Bourdeaux dispute à celui de Bourges le titre de Primat d’Aquitaine. Bourdeaux a Parlement, Sénéchaussée, Amirauté, Bureau des Finances, Généralité, Cour des Aydes, Hôtel des Monnoies, & Université. Les vins de Bourdeaux sont estimés : on fait cas sur-tout de ceux de Grave.

De la Brousse, dans son livre sur la Primatie d’Aquitaine ; a ramassé les étymologies du nom de Bourdeaux. Selon lui Bourdeaux n’est point une colonie des Bituriges, mais des Phéniciens. Ainsi il ne peut souffrir Isidore, qui dut que Burdegalis vient de Burgi & Galli Burdegalim appellatam ferunt, quòd Burgos Gallos prumùm colonos habuerit ; quibus antea cultoribus impleta est. Cependant il conjecture qu’on pourroit changer Burgos en Brigos, ou Briges, qui sont des mots phéniciens. Car, dit-il, pourquoi plutôt Burgigala, que Brigigala ? Ensuite, parce que Riges en phénicien, selon lui, signifie Hommes braves, gens de cœur ; il soupçonne que l’Hercule Gaulois, sur-nommé Ogmius, auroit bien pu venir à Bourdeaux en allant en Espagne ; & donner son nom de brave & de courageux à cette ville ; mais, continue-t-il, les Phéniciens donnoient aux lieux les noms des fruits qui y naissoient : il se pourroit bien faire que Bourdeaux vînt de Ibura ; (il vouloit dire עבורא ibburah, chaldéen) qui signifie abondance, fertilité & de dagan, דגן qui signifie blé ; car encore aujourd’hui le pays de Médoc & celui d’entre les deux mers portent beaucoup de blé. Mais, ajoute-t-il, ne seroit-il point mieux de dire que, comme les habitans de Saintonge portoient un habit nommé bardus, les Bourdelois le prirent aussi à cause du voisinage, & de-là furent appelés Bardigalli ; comme une partie de la Gaule fut appelée Gallia Braccata, à cause des braies qu’elle portoit ? Il croit encore qu’il faut tirer ce mot Bardus de l’hébreu bardes, ou de l’arabe bord. Peut-être aussi furent-ils appelés bord, à cause de leur habileté dans la Poësie & la Musique Gauloise, ainsi que les fameux Bardes. Vinet a dit que Burdigala étoit un mot celtique. S. Jérôme, deuxième Préf. sur l’Ep. aux Galates, dit que l’Aquitaine tiroit de Gréce l’origine du nom Burdigala. Enfin, il conclut que les Romains pourtant pourroient bien être les auteurs de ce nom ; car c’étoit leur coutume de donner des mots de leur façon à tous les lieux qu’ils conquéroient, ou dans lesquels ils établissoient des colonies. Tout cela ne nous avance guère ; mais au moins c’est tout ce qu’on dut de l’étymologie de Bourdeaux.

Le même Auteur prétend que c’est Bourdeaux, & non pas Bourges, qui a eu la Primatie d’Aquitaine. Voici quelques-unes de ses raisons. Le droit de visite qu’a prétendu l’Archevêque de Bourges, n’est point un droit de Primat, mais de Métropolitain. Hincmar égale l’Archevêque de Bourges & celui de Bourdeaux, les appelant tous deux Primatum Sedium Regni Aquitanici. L’Evêque de Reims a eu le titre de Primat de sa Province avant Bourges. Le changement de Frotaire ne prouve rien : on peut passer d’un Siége à un autre qui est égal. Le Concile de Tulle a donné le nom de Primat à l’Archevêque de Bourdeaux ; cette ville étoit la capitale de la Novempopulanie ; des Evêques de Bourdeaux ont présidé à des Conciles où étoit l’Archevêque de Bourges ; savoir, au Concile d’Agde, au premier d’Orléans ; & au second de Mâcon, qui se tint en 588. Il s’ensuit que Bourges n’avoit point encore de Primatie. Voyez Bourges. Mrs de Sainte-Marthe ne sont point du sentiment de M. de la Brousse. Nous avons des antiquités de Bourdeaux par un Anonyme à Poitiers 1565. Selon MM. de l’Acad. des Sciences la longitude de Bourdeaux est 17°. 8’. & sa latitude de 44°. 50’.

Selon Picard & de la Hire,. Bourdeaux est à 16°. 46’. 33”. de longitude, & à 44°. 5’. 3”. de latitude. Voyez sur Bourdeaux, Notitia utriqûe Vasconiæ ; auct. Arn. oihenarto, De Hautesersse, Rer. Aqui M. Valio, Notitia Gall. De Sainte-Marthe, Gall. Chr. T. I. p. 195.

Bourdeaux. Bourg en France ou Dauphiné, au pied des Monts, à sept lieues de Valence.

BOURDELAGE, ou BORDELAGE. s. m. Terme de Coutume, est une redevance qu’on doit au Seigneur en argent, blé, plume ou volaille, ou de deux de ces trois choses, selon la Coutume de Nivernois. Jus exigendi prædiatorii vectigalis. Le droit de bourdelage en Bourbonnois est de pereille condition & qualité que le droit de taille réelle : & le mot de bourdelier se dont non-seulement du détenteur, mais aussi de l’héritage, de la redevance & du contrat, & même du Seigneur auquel ce droit est dû. Seigneur bourdelier.

Ce mot, selon Coquille, dans son Hist. du Nivernois, vient de bord, qui en ancien langage tudesque signifie un domaine, métairie, ou ferme à la campagne ; & de-là est tiré l’ancien mot françois borde, qui signifie la même chose. Quand un homme riche avoit un plusieurs domaines à la campagne, il les bailloit à un ou plusieurs laboureurs à perpétuité, pour les faire valoir, & en payer une redevance, en grain & en volaille ; & le bourdelage consiste en ces trois choses, ou pour le moins en deux des trois.

Bourdelage, est aussi un vieux mot qui signifioit, paillardise. Impudicitia.

BOURDELIER. s. m. Ce mot se dit non-seulement du Seigneur à qui le droit de bourdelage est dû, mais encore de l’héritage & du contrat. On dit, un Seigneur bourdelier. Un héritier bourdelier. Un contrat bourdelier. Les Chartreux du Val-saint-Georges sont les plus grand bourdeliers du Nivernois.

BOURDELOIS, OISE. s. m. & f. Biturix Viviscus, Burdigalensis. Qui est de Bourdeaux. On écrivoit autrefois Bourdelois, & M. de Marca lui-même n’écrit jamais autrement dans son Hist. de Béarn. Les Bourdelois sont les anciens Bituriges Vivisci ; & quelques-uns prétendent que ce nom s’est corrompu de celui de Bituriges. Isidore le tire de Burgos Gallos, étymologie qui ne plaît point à M. de Marca, qui aimeroit mieux le dériver à Burgo Galatico, c’est-à-dire, Bourg Gaulois, ou Ville Gauloise. César ne fait aucune mention des Bourdelois, ou Vivisques, dans la conquête de l’Aquitaine. Lurbe a cru qu’ils étoient compris sous les termes généraux des peuples éloignés, qui conserverent leur liberté par le moyen de la rigueur de l’hiver. M. de Marca en conclut qu’ils ne sont point une nation d’Aquitiane, mais un peuple gaulois, ou bien qu’ils sont compris sous le nom de Cités Armoriques. Notre Poëte Bourdelois, Ausone, après avoir long-temps gouverné les écoles de son pays, se rendit capable d’exercer le Consulat à Rome. Masc.

BOURDELOIS. s. m. Petit pays de Guyenne, qui est autour de Bourdeaux, & qui porte aussi le nom de Guyenne propre. Burdigalensis ager. L’an 778 le Bourdelois fut érigé en Comté en faveur de Seguin.

Bourdelois, ou Bourdelais, s. m. Gros raisin de treille, blanc ou rouge. Le Bourdelais n’est pas un bon raisin. La Quintinie écrit Bourdelais. Le Bourdelais est une espèce de gros raison blanc, longuet, qui fait de très-grandes & grosses grappes, ne mûrit presque jamais, & par-conséquent est propres à faire des confitures, ou du verjus. Il sert encore pour fournir des feuilles à garnir les plats au mois d’Octobre. La Quint. Part. III. Ch. 14. Le Bourdelais, autrement verjus, tant le blanc que le rouge, est une espèce de pied de vigne qui se taille au printemps, & se provigne, se grèfe, & se plante comme l’autre vigne pendant les mois de Janvier, Février & Mars ; il faut l’ébourgeonner au printemps pour lui ôter les branches foibles & inutiles. Id. Part. VI. p. 174.

BOURDER. v. n. Vieux mot, dont on se peut servir encore dans le style burlesque. Il signifie, se moquer, dire des sornettes, des bourdes, Mendaciis fallere, imponere. Ce coquin ne fait que bourder.

BOURDEUR. s. m. Donneur de bourdes. Mendax, illusor, derisor. De ce mot corrompu on a fait le proverbe. Autant pour le Brodeur, au lieu de dire pour le Bourdeur. On dit Bourdeuse au féminin.

BOURDILLON. s. m. Bois de Chêne refendu, propre à faire des tonneaux & futailles.

☞ BOURDIN. s. f. & non pas masculin, comme le disent les Vocabulistes, pêche ronde, de bon goût, très-colorée, qui mûrit à la fin du mois d’Août, ou au commencement de Septembre, la bourdin est un peu moins grosse que la mignone ; mais elle est excellente quand l’arbre est un peu vieux ; son fruit en est plus beau, & il charge beaucoup.

BOURDON. s. m. Bâton fait au tour, qui a une pomme en haut & au milieu, & un fer pointu par en bas, que portent les Pélerins. Baculus longior qualem gestare solent qui perigrinationes obeunt. On peint S. Jacques avec son bourdon.

Ménage dérive ce mot du latin burdo, qui signifie un âne, ou un mulet, parce qu’il aide à marcher comme les mulets : de même qu’on appelle un bâton la haquenée des Cordeliers, & que des bourdes signifioient autrefois des potences. Selon Guichard דרב darab, fait dourban, דרבן (il falloit dire dorban) qui est exposé, Stimulus qui rustici arantes boves pungunt, fustis, baculus ; c’est-à-dire, l’aiguillon dont on pique les bœufs à la charrue, fustic, baculus, bâton. De sorte que par transposition de ces radicales en ברדן, bourdan, bourdon s’en trouvera dérivé en françois en même signification. M. Le Moine prétend que ce mot est arabe, & qu’il signifie un bâton fait du bois qui fournissoit la matière du papier.

Dans la vie du B. Simon, Hermite de S. Augustin, il est fait mention d’un bourdon de fer, cum uno bordono serreo in manu ; sur quoi le P. Papebrock remarque que c’est un mot françois & italient, Act. SS. April. T. II. p. 828, & dans les Actes de S. Canion, qui semblent avoir été faits sur la fin du troisèime siècle, mais qui sont faux, & ne peuvent être même du commencement du cinquième siècle, on trouve burdilli pour des bâtons, des instrumens, dont ce Saint fut battu pendant une heure. C’est apparemment un diminutif de burdo, qui seroit fort ancien si ces Actes étoient vrais.

Bourdon, se prend aussi quelquefois pour le Péleron qui le porte. Peregrinus.

Hé quoi ! Madame à son chevet
Pourroit voit un Bourdon. La Font.

Planter le bourdon en quelque lieu. Sedem in aliquo loco figere. C’est une façon de parler proverbiale & figurée, qui veut dire, s’établir en quelque lieu.

Quelques-uns appellent les trois bourdons ces trois étoiles que le vulgaire nomme les trois Rois, & qui sont dans le baudrier d’Orion, toutes trois de la seconde grandeur, sur une même ligne & à peu près en égale distance. Celle du pied gauche d’Orion est de la première grandeur, & s’appelle Rigel ; & des deux brillantes de ses deux épaules, qui sont toutes deux de la seconde grandeur, celle de l’épaule droite qui est fort rouge, s’appelle Beldegensis, & celle de l’épaule gauche s’appelle Bellatrix, & toutes ces Etoiles n’ont jamais fait partie de celles qui composent les trois Rois.

Bourdon, en termes d’Imprimerie, est une faute que commet l’ouvrier, lorsqu’il omet un ou plusieurs mots, ou même plusieurs lignes de la copie. Faire un bourdon.

Bourdon, est aussi une grosse mouche guêpe qui fait beaucoup de bruit en volant. Fucus. Ce mot est fait par onomatopée du bruit que dont les mouches en volant. Bumbus. Swammerdam en décrit huit espèces. Il y a des bourdons dans les ruches d’abeilles. Les bourdons sont d’une couleur obscure, d’un tiers plus grands & un peu plus gros que les abeilles. Il y a des ruches où il ne se trouve qu’un petit nombre de bourdons, & d’autres où il s’en trouve une plus grande quantité, & il y a des saisons de l’année où l’on n’en remarque point. Il y a des bourdons qui ne sont pas plus grands que les abeilles. Tous les bourdons mâles n’ont point d’aiguillon. Maraldi, Mém. de l’Acad. des Scienc. 1712. p. 302. En ce sens Guichard dérive ce mot de דבורה, debora, mot qui signifie une abeille ; faisant une transposition בורדה, boreda, d’où bourdon, vespa, sucus, a été formé en françois, si on l’en veut croire. Mais apparemment c’est le bruit que font ces insectes qui leur a fait donner ce nom.

Bourdon, est aussi le jeu de l’orgue qui fait la basse, qui a le son le plus creux, & qui a les plus gros tuyaux. Ordo tuborum soni gravioris. Le bourdon est un des principaux jeux de l’orgue. Il est de bois & bouche. Il est accordé à l’unisson avec la montre. Il y a un second bourdon qui est de quatre pieds quand il est bouché, ou de huit pieds quand il est ouvert, fait en forme de flûte, qui est à l’octave de la montre ou du premier bourdon ; il peut être d’étain ou de bois. Matthieur Paris témoigne que ces tuyaux ont été appelés burdones, à cause qu’ils ressemblent aux bourdons des Pélerons. On le dit aussi des basses de quelques autres instrumens, comme des deux flûtes ou chalumaux des cornemuses & des musettes, dont le vent ne sort que par la pate. Notre bourdon ou basse répond à la note que les Grecs appeloient προσλαμϐανόμενος. Les Anciens avoient de grosses flûtes, faites en forme de bâton, qu’ils appelloient bourdon, d’où sont venus ces termes de Musique, parce que ces sons creux & bas imitent le bourdonnement des mouches.

Faux-Bourdon, est une Musique simple qui se chante note contre note, & qu’on appelle aussi simple contrepoint, à la différence du contrepoint figuré, qui subdivise les notes en croches & en doubles croches. Rudior musicorum concentus. Les Italiens nomment encore faux-bourdon une certaine harmonie produite par l’accompagnement de plusieurs sixtes de suite, qui fait entendre plusieurs quartes entre deux parties supérieures, parce que la troisième de ces parties est obligée de faire plusieurs tierces avec la basse. Brossard.

On appelle aussi bourdon, la grosse cloche de Notre-Dame de Paris.

Bourdon, s. m. Espèce de poire de la fin de Juillet, qui pour la grosseur, la qualité de sa chair, de son goût, de son parfum & de son eau, aussi-bien que par le tems de sa maturité, ressemble à-peu-près au Muscat Robert, & n’en est guère différente que par la queue, qu’elle a plus longue. La Quint.

Bourdonasse. s. f. Espèce de lance dont on se servoit à la guerre. Mém. de Comines, L. 8. c. 6. p. 518.

BOURDONNANT. L’oiseau bourdonnant est un oiseau de l’Amérique qui a le plumage fort joli, & qui n’est que de la grosseur d’une des plus grosses guêpes. Il a le bec noir, & aussi délié que la pointe d’une aiguille fine, avec des jambes & des pieds proportionnés au reste du corps. ☞ Quand il vole, il ne bat point des ailes comme les autres oiseaux, mais il les tient étendues, dans un mouvement égal & continuel, comme les abeilles & les autres mouches, dont il a le bourdonnement continuel quand il vole. Il se meut avec beaucoup de vîtesse, & cherche les fleurs & les fruits. Il y en a de deux ou trois sortes, mais tous fort petits. Ils n’ont pas tous le même plumage. Les plus gros sont noirâtres.

BOURDONNÉ. ée, adj. Terme de Blâson, qui se dit des croix garnies aux extrémités de pommes ou bâtons semblables à ceux des Pélerins, ou dont les branches sont tournées, & arrondies en bourdons de Pélerins. On les appelle plus ordinairement pommetées. Globatus. Les Prieurs mettent aussi des bourdons ou bâtons derrière l’Ecu de leurs armes, pour marque de commandement, comme les Abbés des crosses.

☞ BOURDONNEMENT. s. m. Bruit que font les bourdons & autres insectes de cette nature, bulbus, bumbitatio. Le bourdonnement des abeilles, des grosses mouches, des hannetons.

☞ Dans le figuré, on le dit du bruit confus que les hommes sont sans prononcer de voix articulées ; ce qui pour l’ordinaire, n’est pas un signe d’approbation. Bumbus, murmur cœcum. A peine eut-il cessé de parler, qu’on entendit un bourdonnement universel dans l’assemblée.

Bourdonnement se dit encore d’un bruit qui se fait entendre dans les oreilles, tel que celui que fait une mouche en volant, & quelquefois tel que feroit le tintement d’une chose. Voy. Tintement. Bombus. On entend quelquefois ce bourdonnement à la suite d’une longue maladie. Il peut être causé ou par une grande chaleur, ou par une trop grande abondance du sang & des humeurs. Ce n’est pour l’ordinaire qu’une indisposition passagère. S’il est habituel, il annonce quelque embarras.

BOURDONNER. v. n. Faire un bruit sourd tel que font les bourdons. Bombum edere, bombilare. Il n’y a rien de plus importun qu’une mouche qui bourdonne aux oreilles.

Le moindre bruit éveille un mari soupçonneux,
Qu’à l’entour de sa femme une mouche bourdonne,
C’est cocuage qu’en personne, &c. La Font.

Bourdonner, se dit figurément d’un murmure ou d’un bruit confus. Strepere, murmurare, susurrare. J’ai entendu bourdonner quelque chose de cette nouvelle, mais je n’en ferais pas le détail. Il est vieux. ☞ Il se dit plus particulièrement du bruit sourd & confus de plusieurs personnes qui désapprouvent ce qui a été dit ou fait. Sa harangue finie, on entendit bourdonner l’assemblée.

BOURDONNET. s. m. Terme de Chirurgie. Les Bourdonnets sont de petite rouleaux de charpie, en forme d’un noyau d’olive. On s’en sert pour arrêter le sang qui coule d’une plaie, pour tenir une plaie dilatée, pour y porter des médicamens, & pour en absorber le pus. Voyez M. Dionis.

BOURDONNIER. s. m. qui porte un bourdon, un long bâton fait au tour. De l’usage observé par les Pélerins, & ceux qui entreprenoient les voyages d’outre-mer, de porter des bourdons, les hérétiques Albigeois prirent sujet de se railler des Croisés qui avoient entrepris de les combattre, en les appelant bourdonniers, ainsi que nous apprenons du Moine de Vaux de Cernai, ch. 62. Bourdonarios autem vocabant peregrinos, eò quùod baculos deferre solerent, quos linguâ communi Burdones vocamus... Du Cange, Disert. XV. sur Joinville, p. 237.

BOUREAU. Voyez Bourreau.

BOURG. s. m. Gros Village qui a une Paroisse, une Foire & un Marché. Vicus, Pagus. Quelques-uns le restreignent aux lieux qui ne sont fermés ni de murs, ni de fosses. D’autres au contraire, comme Messieurs de l’Académie veulent que ce soit un gros villager fermé de petites murailles ; ☞ Mais ce ne sont point les murs qui distinguent le bourg d’avec la ville ; puisqu’ils y a des bourgs murés & des villes sans murailles. Ce n’est point non plus la quantité plus ou moins grande de maisons ; car il y a de très-grands bourgs & de très-petites villes. La distinction de la ville & du bourg est fondée sur les droits de bourgeoisie & sur les priviléges dont jouissent les habitans d’une ville, & dont ne jouissent pas ceux du bourg. Le bourg releve presque toujours d’une ville, & jamais la ville d’un bourg. Ces observations peuvent servir à rendre plus claires, ou à rectifier les idées que nous attachons aux mots de bourg, village, hameau.

Le hameau est un assemblage de quelques maisons seulement, sans église paroissiale, ni juridiction locale.

Le village, plus grand que le hameau, a une église desservie par un Curé, souvent une espèce de juridiction subalterne, comme d’un Bailli, souvent une foire tous les ans, le jour de la dédicace de l’église ou de la fête du patron. Les habitans du village sont paysans, laboureurs.

Le bourg, plus grand que le village, a une paroisse & quelquefois une espèce de magistrature, &, outre la foire annuelle, un marché à certains jours de la semaine. Les habitans du bourg sont en partie laboureurs, artisans ou marchands en détail. Quelques bourgs sont accompagnés d’un château où demeure le Seigneur. Quelques bourgs ont été fortifiés, soit durant les guerres civiles, soit à cause du voisinage de la frontière ; mais conne en les fortifiant, on n’a rien changé à l’état des habitans, ils ont conservé le nom de bourg, au lieu que les villes dementelées sont demeurées villes, parce que les habitans ont été maintenus dans leurs droits.

La ville est un gros bourg, qui, outre la paroisse, une ou plusieurs foires annuelles, un marché toutes les semaines, a un Magistrat nommé le corps de ville, qui administre la justice de la ville, & a son ressort. Les habitans de la ville sont bourgeois, & jouissent, en vertu de leur naissance, des franchises & priviléges accordés par l’usage ou par la concession du Souverain à la ville dont ils sont bourgeois.

Le mot de Bourgade est moins distinct dans la signification, & on donne ce nom aux lieux dont on ne sçauroit dire s’ils sont villages ou bourgs, & qui sont dans un état douteux entre ces deux qualifications. Il y a peu de fiefs considérables où les Moines n’aient bâti de nouveaux bourgs, du consentement des Seigneurs ; & la fondation des Prieurés a produit cet avantage d’augmenter le nombre des habitans, & de mettre à profit beaucoup de terres incultes ; parce que ces nouveaux bourgs étoient peuplés de nouveaux habitans, & c’étoit une des premières conditions du traité que les Moines faisoient avec les Seigneur. Du reste, les Seigneurs leurs laissoient tout l’exercice de la Justice sur ces étrangers, & n’en exigeoient aucun service, ni aucune corvée, si ce n’étoit celle de travailler à la réparation des ouvrages publics, dont ils avoient l’usage, aussi-bien que les anciens habitans, comme les ponts & les chaussées. Lobineau.

Nicot & Cujas dérivent ce mot du latin pyrgus, venu du grec πύργος, ou du latin burgus. Cambden est à-peu-près de même opinion, Britan. p. 625 & 852. car il prétend que ce nom ne s’est formé que sous les derniers Empereurs, après la translation de l’Empire à Constantinople, du nom πύργος, qui signifie un petit château, un fort ; & que c’est de-là que vient le nom des Bourguignons, parce qu’ils habitoient dans ces sortes de châteaux. Mais ce mot vient de l’Allemand burg, qui est très-ancien dans cette langue, comme on voit par la terminaison de la plûpart de leurs villes. Luitprand, Liv. III. chap. 12. en parlant des Bourguignons, dit, que dans leur langue burgum signifie un amas, ou assemblage de maisons, qui n’est point renfermé de murailles. Les Allemans appeloient burger, ou Burgar, les habitans de ces sortes de lieux. Isidore, Liv. IX. ch. 4. dit Burgarii à burgis dicti. Dans Végéce le mot de burgus signifie seulement tour, ou petit château. Le sentiment le plus vraisemblable, c’est que burgus vient du mot pyrgus, πύργος ; le π se change aisément en b, & l’υ grec se change en u dans plusieurs morts qui ont passé de la langue grecque dans la latine, &c. Ou plutôt πύργος, & burg, sont le même nom. Voyez Cluvier, Germ. Ant. Liv. I. p. 110.

BOURG. Ville de France, capitale de la Bresse. On dit souvent Bourg-en-Bresse. Forum Segusianum. Tanum, Burgus. Messieurs de Mèzirias & Vaugelas, souvent cités dans ce Dictionnaire, étoient de Bourg-en-Bresse.

Bourg-sur-mer, est une autre ville de France en Guyenne, à l’embouchure de la Dordogne dans la Garonne.

Faux-bourg. Assemblage considérable de maisons attenant les portes d’une ville. Suburbium. Les villes de guerre ne doivent point avoir de faux-bourgs ; car ils favorisent les approches des ennemis.

Ce mot vient de fors & bourg, comme qui diroit hors le bourg.

On dit figurément de ceux qui approchent de quelque chose, mais qui ne sont pas dedans, qu’ils sont dans les faux-bourgs.

BOURGACHARD. Bourg de Normandie, province de France : il est dans le Roumois, pays du Diocèse de Rouen. Ce bourg a donné son nom à une réforme de Chanoines Réguliers qui a été établie en 1685, & qu’on appelle les Chanoines Réguliers de la réforme de Bourgachard. L’Auteur de cette réforme est le P. Moulin. L’origine & l’histoire de cette réforme sont fort obscures, parce que ces Chanoines gardent sur cela & sur tout ce qui les concerne un très-grand silence. On sçait seulement qu’elle a commencé au Prieuré de S. Cyr de Friardel, Doicèse de Lisieux, fondé vers l’an 1142, que quelques temps après elle passa dans l’Abbaye d’Yvernaux, proche de Brie-Comte-Robert, Diocèse de Paris. Ensuite elle passa au Prieuré de S. Lo de Bourgachard qui leur fut donné. Elle s’est fort étendue en Normandie, & a passé en quelques autres provinces. Leur habillement consiste en une soutaine noire avec une grand collet, comme celui des Chanoines Réguliers de la Congrégation de France ; sur la soutane ils ont un rochet, & lorsqu’ils sortent un manteau noir. Il vont au chœur l’été avec le même rochet sans surplus, ayant sur le bras une aumusse grise. L’hiver ils ont la chape noire avec le grand camail, comme la plupart des autres Chanoines Réguliers, avec cette différence que sous le camail d’étoffe ils ont une capuce de peau, comme leur aumusse, & que le capuchon du camail est toujours abaissé. Ils font deux ans de noviciat : la première année s’appelle l’année de postulance, pendant laquelle les postulans sont vêtus de noir, comme les Ecclésiastiques ; la seconde est véritablement celle du Noviciat ; les Novices ont une soutane blanche à boutons noir & le rochet. Dans quelques Abbayes où ils ont succédé à des Chanoines Réguliers non réformés, ils ont pris la soutane blanche, comme leurs Prédécesseurs la portoient. Ils ne sont guère établis qu’à la campagne.

Le nom de Bourgachard est devenu le leur, & dans le discours ordinaire on dit un Bourgachard, les Bourgachards, & plus ordinairement on adoucit ce mot, & l’on dit un Boucachard, les Boucachards.

BOURGANEUF. Ville de France dans la Marche, sur la rivière de Taurion, à six lieues de Limoges. Burgus novus.

☞ BOURG-ARGENTAL. (le) Petite ville de France en Forez, aux confins du haut Vivarais.

☞ BOURG-D’AULT, ou d’eau, gros bourg de France, en Picardie, Diocès d’Amiens.

☞ BOURG-D’OYSANS. Petite ville de France dans le Dauphiné, sur la Romance, capitale de la vallée d’Oysans.

☞ BOURG-LA-REINE, à deux lieues de Paris, sur le chemin d’Orléans.

☞ BOURG-LE-ROI. Ville dans le Maine, Diocèse & Election du Mans.

☞ BOURG-SUR-MER. Ville de France, en Guyenne, dans le Bourdelois, sur la Dordogne, près du bec d’Ambez.

☞ BOURG DE THYSI, ou BOURG-LE-COMTE. Petite ville de France, en Beaujolais, sur la Loire, six lieues au dessus de Roanne.

BOURG-THEROUDE, (on prononce assez communément Bou-Troude) Bourg ou village, chef-lieu d’un Doyenné rural du diocèse de Rouen, & Collégiale fondée ou rétablie en 1693. Descrip. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. Tom. II. p. 342.

BOURGADE. s. f. Diminutif de Bourg. Pagnus. Cette Comté a dix ville, trente bourgades, & quatre à cinq cens villages. Patru. Voyez Bourg.

BOURGAGE. s. m. Terme de Coutume. Ce qui est situé dans l’étendue des villes, & de la banlieue. Ce sont proprement les masures, manoirs & héritages qui sont ès bourgs, & qui sont tenus sans fief du Roi, ou d’autres Seigneurs du bourg, & qui gardent les coutumes des bourgs, & payent les rentes aux