Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/961-970

Fascicules du tome 1
pages 951 à 960

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 961 à 970

pages 971 à 980


confins des villages pour les séparer. Les racines prennent fort facilement ; & en peu de temps elles deviennent de grands arbres. Voyez Dapper, p. 254.

Bonde. Petite rivière du Vexin, qui passe à Etrepagni, & à Bezu-le-long. Descript. Géogr. & Hist. de la Haute-Normand. T. II, p. 236.

BONDEVILLE. Prieuré de filles de l’Ordre de Cîteaux, mais fournis à l’Ordinaire, situé à deux lieues au-dessous de Rouen, & érige en Abbaye en 1657. Descrip. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. Tom II, p. 324.

BONDIR. v. n. Faire des bonds. Salire, resilire, subsilire. La tête du criminel bondit deux ou trois fois sur l’échauffaud ☞ Cette balle ne bondit point.

☞ On le dit de certains animaux qui vont en sautant. Les chèvres, les agneaux bondissent dans la prairie.

☞ On dit figurément, en parlant de certaines choses pour lesquelles on sent une certaine répugnance, qu’elles font bondir le cœur. Cet aliment, cette médecine fait bondir le cœur, fait soulever le cœur, le cœur bondit contre. Naudeam, stomachum movere.

Bondir. Terme de Vénerie. Faire bondir, c’est dire qu’un cerf, un dain, un chevreuil, fait partir de la reposée d’autres bêtes fauves. Salnove.

BONDISSANT, ANTE. adj. Qui bondit. Saliens, resiliens, subsiliens. Il ne le dit guère que des animaux, comme chèvres, agneaux qui bondissent dans les champs.

Cent bœufs sur tes guérets tracent mille sillons,
Mille agneaux bondissans paissent dans tes vallons.

Ménage
.

BONDISSEMENT, s. m. Mouvement de ce qui bondit. Subsultus. Le bondissement des agneaux dans une prairie. On dit aussi, le bondissement du cœur soulevé par quelque prochain vomissement, ou quelque dégoût. Nausea.

BONDON. s. m. Cheville de bois, grosse & courte, qui sert à boucher un trou qu’on laisse aux tonneaux par-dessus pour les remplir ou leur donner de l’air. Dolii obturamentum.

Bondon, signifie aussi le trou même qui est bouché. Quand le vin bout, l’écume sort par le bondon. Cadi, dolii umbiculus.

BONDONNER. v. a. Mettre un bondon. Obturare dolium. Ce vin a assez bouilli dans ces tonneaux, il les faut bondonner.

BONDONNE, EÉ. parr, Obturatus. Une fûtaille mal bondonnée.

BONDONNIÈRE. s. f. Instrument en forme de ratière, de figure conique, dont le bout, qui le termine en pointe, est amorcé & tourné en vis. Il sert au Tonnelier à percer dans une des douves des futailles ou tonneaux, le trou où le met le bondon.

☞ BONDOUR. Ville d’Asie, dans la Natolie, dans les terres, au pied des montagnes.

BONDRÉE. s. f. Oiseau de proie, qui a le bec court, la tête plate & grosse, le cou fort court, garni de beaucoup de plumes. Tout le dessus de cet oiseau est d’une couleur assez obscure : le ventre est blanc, marqueté de plusieurs taches longues, & d’une couleur brune. Sa queue est fort large. Aldrovandus donne trois testicules à cet oiseau. C’est pour cette raison que les latins l’appellent butco triorchis. Car τρίορχος est un mot grec qui signifie, qui a trois testicules. Les Italiens appellent cette espèce d’oiseau poyano, les Espagnols & les Portugais, Gaccia.

D’autres distinguent quatre espèces de Buses, dont deux qu’ils appellent Buses, ou Busards, Perenopteros ou Oripelargos, sont des espèces d’aigles, dont nous parlerons au mot Buse. Pour les deux autres espèces ils les nomment seulement Buse, Buteo. La première espèce qu’ils nomment simplement Buse, & en latin Buteo, ou Triorchis, est celle à laquelle ils attribuent ce qui vient d’être dit ici. Nous l’avons décrite au mot Buse. La seconde espèce qu’ils appellent Buse de Bellon, est l’oiseau, selon eux, qui est appelé communément Bondrée. Voici comme Bellon en parle : si on la considère, le vol étendu par le deifus, on lui verra les extrémités des cinq premieres grandes pennes noires à la partie éloignée du ventre ; car tout le reste qui en approche paroît blanc lorsqu’elle vole ; mais lorsqu’elle est sur la perche le vol plié, elles paroissent d’un cendré obscur, ou noirâtre, & les cinq premières ont des crans noirs comme une scie, à l’endroit où elles commencent à blanchir : les pennes qui couvrent le ventre seroient entièrement blanches, si une tache noire ne paroissoit au bout : elle prend du milieu du tuyeau. Les plumes, dont les jambes sont revêtues, sont obscures. Ses ongles sont médiocrement crochus, & ne sont pas fort grands. Pour ce qui regarde la diversité de sa queue, elle est comme un Francolin, & traversée avec le même ordre. Ses jambes sont courtes, & ne sont pas entièrement rondes. Ses doigts sont couverts de tablettes ou d’anneaux. Le reste est couvert de petites taches, & est jaune de part & d’autres. Son bec est court & noir à la pointe ; savoir, à l’endroit auquel il est crochu. Le tour des naseaux & l’ouverture de son bec sont jaunâtres. L’âge apporte souvent du changement à la couleur de leur pennage, comme en tous les autres oiseaux de proie. Celui-ci se prend d’une manière assez facile. L’Oiseleur attache une souris contre terre, le ventre en haut, & met un cercle de bois qui l’environne, & qui sert à mettre des vergettes engluées, qui sont dressées tout autour : la Bondrée voulant prendre le mulot, ou la souris, demeure prise à la glu. Il y a des pays où l’on nomme cet oiseau un Goiran.

BONDUC. s. m. Plante qui croît de la hauteur d’un homme : elle est originaire des deux Indes. On se sert de ses baies rondes, de couleur cendrée, blanches en dedans, entièrement amères & insipides. Elles sont bonnes dans les hernies ; elles dissipent les flatulences, soulagent dans la colique, fortifient l’estomac, provoquent les règles, & chassent la pierre.

BONDY. Pomme de Bondy. Nom d’une espèce de pomme, grosse, verte, rouge, & fort lisse.

BONE. Port & ville d’Afrique, autrement appelée la neuve Hippone, ou la nouvelle Bone. Bona Hipponoya. Ce nom s’est fait par corruption de celui d’Hippone, parce que l’on prétend que c’est l’Hippone de Ptolomée, ou qu’elle a été bâtie des ruines de celle-là. Voyez Marmol, T. II, p. 434 & suiv.

BONNET, & vulgairement Bond. Nom d’homme, Bonitus, d’où le nom françois s’est formé. Bonus, Bonifacius. S. Bonet, d’une très-bonne famille d’Auvergne, naquit vers l’an 623, & fut grand Echanson de Sigebert Roi d’Austrasie, & ensuite son Référendaire, puis Evêque de Clermont. Voyez Baillet, T. I, p. 181. M. Savaron dans ses notes sur la vie de S. Bonet, dit qu’on l’appelle vulgairement Bon, & non pas Bond, comme M. Baillet. Voyez les notes & recherches de Savaron sur la ville de Clermont. p. 184.

BONGOMILE. s. m. & f Nom de Secte qui suit les erreurs de Basile, qui sous l’habit de Moine exerçoit la médecine, il nioit la Trinité, soutenoit que Dieu avoit une forme humaine, que les Anges avoient crée le monde, que l’Archange S. Michel s’étoit incarné. Il ne recevoit que sept livres de l’Ecriture ; il blâmoit le culte des images, & outrageoit la sainte Croix. Il tenoit que le Baptême de S. Jean étoit celui de l’Eglise, &c. Voyea Baronnius à l’an 1118 de J. C. N. XII, & Sanderus, her. 138.

☞ BONHEUR, s. m. Prospera, secunda fortuna. Etat avantageux qui arrive par hasard, qui est capable de fournir la matière des plaisirs, & de mettre à portée de les prendre. Les choses étrangères servent au bonheur de l’homme ; mais il faut qu’il fasse lui même sa félicité, & qu’il demande à Dieu la béatitude. Notre bonheur brille aux yeux du public, & nous expose souvent à l’envie. On est quelquefois dans cet état de bonheur, sans être dans un état de félicité. La possession des biens, des honneurs, des amis & de la santé fait le bonheur de la vie : mais ce qui en fait la félicité, c’est l’usage, la jouissance, le sentiment & le goût de toutes ces choses. Voyez Béatitude et Félicité. Saint Augustin & plusieurs autres ont défini le bonheur, ce qui est désirable pour soi-même. Port-Royal.

Ce mot vient d’heur, qui signifioit bonheur, d’où vient le mot d’heureux, peut-être du latin hora. Voyez Heur et Heureux.

Ménage a observé qu’on ne s’en sert au pluriel, que quand il est opposé à malheur. Je ne ferois cependant point de difficulté de dire, il lui est arrivé toutes sortes de bonheurs. Corn. Il lui pourroit arriver tous les bonheurs & tous les malheurs du monde, qu’il ne se hausseroit, ni se baisseroit. Vaug. Rem. Cependant il est certain qu’excepté en certaines phrases semblables à celles-là, le mot de bonheur ne se dit jamais qu’au singulier. Ne parlez point de votre bonheur devant les misérables ; la comparaison qu’ils font de leur état au vôtre, leur est odieuse. La Bruy.

Que votre bonheur est extrême !
Cruels lions, sauvages ours,
Vous qui n’avez dans vos amours
D’autre règle que l’amour même. La Suze.

Il y a de la différence entre le bonheur & un bonheur. Un bonheur est un événement heureux. On peut avoir un bonheur sans être heureux.

☞ Le bonheur, pris indéfiniment, signifie une suite d’événemens heureux. Considéré comme sentiment, c’est une suite de plaisirs.

☞ Quand on dit en morale, que l’homme recherche nécessairement son bonheur, qu’il agit toujours en vue de son bonheur, on entend par ce mot, cette satisfaction intérieure de l’ame, qui naît de la possession du bien ; & par le bien, on entend tout ce qui convient à l’homme pour sa conservation, pour sa perfection, pour sa commodité ou son plaisir : tout plaisir ou sentiment agréable est un bonheur, puisqu’il met l’ame dans un état de joie & de satisfaction. Maleb.

Quand on dit que le bonheur est nécessaire aux grands Capitaines, aussi-bien qu’aux Joueurs ; qu’un homme a joué de bonheur ; que tel événement a été pour lui un bonheur singulier, le mot bonheur se prend dans le sens dont nous avons parlé pour un événement favorable à quelqu’un, qui n’est point une suite de ses soins, & de sa prévoyance, & à quoi il n’a point contribué par son adresse. On attache communément une autre idée à ce qu’on appelle bonheur. On croit d’ordinaire qu’il y a un certain principe de bonheur qui accompagne certaines personnes, & qui les fait réussir en des choses ou d’autres échoueroient, sans que l’on puisse attribuer ce bon succès à leur prudence. Mais à proprement parler, le terme de bonheur ne signifie rien dans la bouche de bien des gens, ou ils y joignent des idées très-obscures. Car si le bonheur est un effet du hasard, lequel se détermine sans règle, &c par caprice, l’on ne peut pas dire, que le bonheur est attaché & fixé à certaines personnes : autrement c’est fixer & déterminer une chose qui ne peut être fixée ni déterminée. Voyez Heureux.

Bonheur, se dit aussi en termes de complimens par exagération. Depuis que j’ai eu le bonheur de vous écrire, de vous voir, de vous parler.

On dit adverbialement, par bonheur ; pour dire, Heureusement.

Bonheur. Autrefois ce mot se séparoit en deux Bon heur, bonne fortune.

Rendra ton œuvre immortel de renom,
Qui te fera peut-être si bon heur,
Que le profit sera joint à l’honneur.

BONHOMMIE. s. f. Caractère d’un homme bon. Bonté naturelle, simplicité qui se fait remarquer dans les actions les plus indifférentes.

Je regrette la bonhommie,
L’air loyal, l’esprit non pointu,
Et le patois tout ingénu
Du Cure de la Seigneurie,
Qui n’usant point sa belle vie
Sur des Ecrits laborieux,
Parle comme nos bons ayeux,
Et donneroit, je le parie,
L’Histoire, les Héros, les Dieux,
Et toute la Mythologie,
Pour un Cartaut de Condrieux.

Gresset
.

☞ BONI. Petite ville de France, sur la Loire, entre Nevers & Orléans, dans le petit pays de Puysaye, en Beauce.

BONIFACE. s. m. est un nom d’homme, qui se dit aussi populairement de ceux qui sont doux, simples & incapables de malice. Cet homme est un vrai Boniface.

Le peuple appelle aussi boniface, un homme qui a un visage gros, gras.

☞ BONIFACIO, ou BONIFACE. Bonifacium. Ville d’Italie, dans la partie méridionale de l’Île de Corse, aux Genois, bien fortifiée, avec un bon Port.

BONIFIER. v. a. Rendre meilleur. Meliorem reddere. Ce jus d’éclanche bonifiera notre sauce. La Marne bonifie les terres labourables.

☞ On ne le dit guère que des terres. On bonifie les terres par labours fréquens, par les engrais.

Bonifier, en termes de Marine, signifie, dépecer une baleine, en tirer ce qu’il y a de bon, en fondre le lard sur la grève. On tire quelquefois d’une baleine qu’on bonifie jusqu’à sept ou huit cens livres de. ses huile & de ses barbes.

BONIFIÉ, EÉ. Part.

BONJON. s. m. Terme de Manufacture de toiles. Voy Laize de Bonjon.

BONJOUR. Voyez Bon.

BONITE. s. f. Poisson qui est fort commun sur la mer atlantique, qui est d’un goût & d’une couleur approchant de celle de nos maqueraux, mais bien plus grand. Ce poisson se pêche plus fréquemment en haute mer que le long des côtes : c’est un des ennemis des poissons volans. Il est gros, rond, & a environ deux pieds en ovale, y compris la tête, auprès de laquelle il a deux grand ailerons pointus comme ceux du marsouin ; & depuis ces ailerons une ligne d’écaille tirée jusqu’à la queue, qui est fourchue, & deux autres au-dessous ; une au bas-ventre, & une inégalement grande depuis le milieu du dos jusqu’à la queue, Il est couvert d’un cuir comme le marsouin : il est demi-chair & demi-poisson. Ce qui est proche de la grosse arrête, qui est la seule qu’il ait, est une chair semblable à celle du marsouin, mais plus tendre, & d’un goût incomparablement meilleur, & qui approche de celui du canard. Elle est séche, ferme & tort nourrissante. Quelquefois la mer en est presque toute couverte. On les voit sauter dix ou douze pieds de haut, & alors on les prend avec des foines, des tridens & des harpons ; on les prend aussi avec des hameçons gros comme le petit doigt, où l’on met deux plumes de pigeons blancs, enveloppées de petits linges ; l’on attache la ligne à une vergue, en sorte que l’hameçon, qui semble être un petit poisson volant, ne fait que sautiller dans l’eau ; & la bonite ne manque pas de se jeter dessus, & de se prendre. P. Du Tertre, Hist. des Ant. Tr. IT, Ch. 1, §. 12.

☞ BONLIEU. Abbaye de France, Ordre de Cîteaux, dans la Marche, diocèse de Limoges.

☞ Il y a une autre Abbaye du même Ordre, en Guienne, entre la Garonne & la Dordogne.

☞ Et trois Abbayes de filles, aussi du même Ordre, l’une dans le Forez, au diocèse de Lyon.

☞ L’autre dans le Dauphiné, diocèse de Valence.

☞ Et la troisième dans le diocèse du Mans, près du château du Loir.

☞ BONNAIGUE. Bona aqua. Abbaye de l’Ordre de Cîteaux, au diocèse de Limoges.

BONNARET, ou BONNAREZ. Voyez Concombre.

BONNE. s f Bona. Nom de femme. Bonne de Savoye, Duchesse de Milan ; Bonne d’Artois, Comtesse de Nevers, & depuis Duchesse de Bourgogne ; Bonne de Bourbon, Comtesse de Savoye ; Bonne Sforce. Reine de Pologne ; Bonne, femme de Pierre de Brunoro, toute paysanne qu’elle avoit été, fut une illustre guerière, & une véritable héroïne au XVe siècle.

Bonne. s. f. Terme du style familier par lequel on désigne la gouvernante d’un enfant. Cet enfant demande sa bonne. Où est la bonne ?

Bonne, Voyez Beuve.

Bonna. Bonna. Ville d’Allemagne, sur le Rhin, à quatre heures au-dessus de Cologne, capitale de l’Electorat, comme Cologne l’est de l’Archevêché. Bonne est une ville ancienne. On prétend qu’elle a été bâtie au plus tard par Drusus, sous l’empire d’Auguste. Bonne s’est appelée anciennement Colonia Julia, Verona, & Ara Ubiorum, à ce que l’on prétend. Hoffman a donné à cette ville 28° 48’ de longitude, & 50° 42’ de latitude. M. de l’Isle ne la met qu’à 24° 40’ de longitude. Il ne faut point écrire Bon, comme a fait Maty, mais écrire & prononcer toujours Bonne ; c’est l’usage.

Bonne. Ville maritime d’Afrique, en Barbarie, au royaume d’Alger, dans la province de Constantine.

Bonne. Bonna. Petite ville de Savoye, dans le Faussigny, sur le ruisseau de Menoi.

BONNEAU. s. m. Terme de Marine. Morceau de bois, ou de liége, qui flotte sur l’eau, & qui marque l’endroit où l’on a mouillé l’ancre. C’est aussi quelquefois un baril relié de fer. On l’appelle autrement Gaviteau, ou Hoirin.

☞ BONNE-COMBE. Abbaye de France, dans le Rouergue, diocèse de Rhodez, ordre de Prémontré.

BONNEMENT, adv. D’une manière, bonne, sincère, naïve. Simpliciter, bonâ fide. Il a confessé sa faute naïvement, bonnement, à la bonne foi.

Il marque quelquefois de l’incertitude. Je ne saurois bonnement dire où j’ai appris cette histoire. Je ne sais pas bonnement la date de ce contrat, c’est-à-dire, précisement.

☞ BONNE-ESPÉRANCE. Abbaye du Hainaut, diocèse de Cambray, ordre de Prémontré.

☞ BONNESTABLE. Ville de France, dans le Maine, à cinq lieues du Mans. On l’appeloit autrefois Malestable, ou mauvaise auberge.

BONNET. s. m. Habillement qui sert à couvrir la tête, & qui en a quelquefois la figure. Pileus, pileum. Bonnet d’enfant. Bonnet à l’Angloise. Bonnet de femme. Il y a des bonnets de plume, des bonnets ronds, des bonnets de fer, ou salades. On voit fur diverses médailles des bonnets à la Phrygienne.

C’est dans l’entrée de Charles VII à Rouen, le 10 de Novembre 1449, ou du moins sous ce règne, qu’on commença à voir en France l’usage des chapeaux, & des bonnets, qui s’y introduisit depuis peu-à-peu à la place des chaperons, desquels on s’étoit fervi de tout temps. P. Dan. Tom. II, p. 1204. M. Le Gendre, dans les Mœurs & Coût. des Fr. page 234, remonte plus haut. On commença, dit-il, sous Charles V, à abattre sur les épaules l’aumusse & le chaperon, & à se couvrir d’un bonnet ; si ce bonnet étoit de velours, on l’appeloit mortier ; s’il n’étoit que de laine, on le nommoit simplement bonnet. L’un étoit galonné, l’autre n’avoit pour ornement que des cornes peu élevées, par l’une desquelles on le prenoit. Il n’y avoit que le Roi, les Princes & les Chevaliers qui se servissent de mortier : le bonnet étoit la coiffure du Clergé & des Gradués : le mortier fut peu à la mode : les bonnets y ont toujours été, avec cette différence, qu’autrefois ils étoient de laine, & que depuis environ cent ans, on ne les fait plus que de carte, que l’on couvre de drap ou de serge.

Ménage dérive ce mot de l’anglois bonnet, ou de l’allemand bonnit. Le P. Pezron prétend que bonnet est un mot celtique. Pasquier dit qu’il est venu par corruption de bourrelet, parce que les chaperons, qui étoient autrefois la couverture de la tête, que les gens de robe ont quitté les derniers, étoient environnés d’un bourrelet rond qui couvroit la tête ; & le surplus pendoit d’un côté & d’autre : & comme il étoit inutile, on l’a retranché pour en faire des bonnets ronds, que depuis on a changés en bonnets carrés, de l’invention d’un nommé Patrouillet. Ils furent aussi appelés bonnets à quatre brayettes. On appeloit aussi Bifurcati Canonici les Chanoines qui portoient des bonnets carrés. Il dit aussi, que quand on a donné le bonnet dans les Universités aux écoliers, c’étoit pour montrer qu’ils avoient acquis toute liberté, & n’étoient plus sujets à la verge des Supérieurs, à l’imitation des Romains, qui donnoient un bonnet à leurs esclaves, quand ils les vouloient affranchir. C’est aussi pour cela qu’on les appelle maîtres.

Le bonnet sur les médailles est le symbole de la liberté. Elle le tient de la main droite, par la pointe, & il a la forme de ceux que portent nos matelots. Voyez les Antiq. de Nismes, de Paradin, p. 177. Les esclaves, à qui l’on donnoit la liberté, prenoient ce bonnet ; d’où venoit le proverbe, vocare servos ad pileum. Voyez Erasme, Adag. Cent. I, n. 27. Aulu-Gelle, L. VII, c. 4, & Budé sur la dernière Loi, ff. De Orig. Jurisdict.

Quoiqu’on ait mis dans la définition de bonnet, qu’il a à peu près la figure de la tête, cela n’empêche pas qu’on ne donne ce nom à des habillemens de tête qui n’en ont guère la figure. Tel est celui des Chinois. Ils n’ont point l’usage du chapeau comme nous, mais ils portent un bonnet, que la civilité leur défend d’ôter. Ce bonnet est différent, selon les différentes saisons de l’année ; celui dont on use en été a la forme d’un cône, c’est-à-dire, qu’il est rond & large par le bas, mais court & étroit par le haut, où il se termine tout-à-fait en pointe. Le dedans est doublé d’un beau satin, & le dessus couvert d’une natte très-fine, & très-estimée dans le pays. Outre cela on y ajoute un gros flocon de soie rouge qui tombe tout à l’entour, & qui se répand jusques sur les bords ; de sorte que quand on marche, cette soie flotte irrégulièrement de tous côtés, & le mouvement continuel de la tête lui donne un agrément particulier. Quelquefois au lieu de soie, on porte une espèce de crain d’un rouge vif & éclattant, que la pluie n’efface point ; & qui est sur-tout en usage parmi les cavaliers. En hiver on porte un bonnet de peluche, bordé de zibeline, ou de peau de renard ; le reste est d’un beau satin noir, ou violet, couvert d’un gros flocon de soie rouge comme celui d’été. Il n’y a rien de plus propre que ces bonnets ; on les vend quelquefois huit & dix écus ; mais ils sont si courts, que les oreilles paroissent toujours découvertes, ce qui est très-incommode au soleil & dans les voyages. Quand les Mandarins se trouvent en cérémonie, le haut du bonnet est terminé par un diamant, ou par quelqu’autre pierre de riz assez mal taillée, mais enchâssée dans un bouton d’or très-bien travaillé. Les autres ont un gros bouton d’étoffe, de cristal, d’agate, ou de quelque autre matière que ce soit. P. le Comte.

Bonnet, est quelquefois un ornement, une marque de quelque caractère. Un bonnet rouge est un chapeau de Cardinal. Un bonnet de Docteur, est un bonnet qu’on donne à ceux qui reçoivent le Doctorat. Les Docteurs vont toujours en robe & en bonnet aux cérémonies.

On dit, prendre le bonnet de Docteur. Et absolument ; prendre le bonnet, pour dire, se faire recevoir Docteur. Et donner le bonnet à quelqu’un, pour dire, lui mettre le bonnet de Docteur sur la tête. Acad. Fr.

Bonnet Quarré, ou Carré, est le bonnet que portent les gens d’Eglise, les gens de Justice, & les gens de Collège, qui sont Gradués. Pileus quadratus, où si l’on veut se servir de l’expression de Wiclef, pileus bifurcatus ; car cet Hérésiarque, dans son Trialogue, art. 10, appelle les Chanoines bifurcati, à cause de leurs bonnets carrés. Pasquier & du Vair racontent le changement qui est arrivé dans la forme de ces bonnets. Il dit qu’on les appeloit bonnets ronds de son temps, quoiqu’ils fussent carrés. Ils disent qu’à ces bonnets, qui étoient ronds, on commença de donner je ne sais quelle forme de quadrature grossière & lourde, qui fut cause qu’on les appeloit bonnets à quatre brayettes ; que le premier qui y donna la façon fut un nommé Patrouillet, lequel se fit riche Bonnetier aux dépens de cette nouveauté.

Le P. Lobinaeau, dans l’Histoire de Bret. T. I, page 845, prétend qu’au XIIIe siècle, & même plus de deux cens ans auparavant, l’usage étoit en Bretagne parmi les Ecclésiastiques, sur-tout parmi les Chanoines, de porter de certains chapeaux, qui étoient comme des bonnets, & que c’est de-là que sont venus les bonnets carrés des Ecclésiastiques, qui, ajoute-t-il, tout de même que les mitres, ont crû peu-à-peu jusqu’à l’énorme figure qu’on leur donne à présent.

Les bonnets étoient en usage dans le Clergé dès le neuvième siècle. Ce n’étoit d’abord qu’un petit bonnet en forme de calotte, que l’on portoit sur le capuchon de la chappe, ou autre habillement de tête. On les fit ensuite plus larges en haut qu’en bas. La coutume vint après de les faire encore plus amples, mais ronds & plats, presqu’en la manière de ceux que portent aujourd’hui les Novices des Jésuites, & qu’ils appellent birettes. On leur donna, il y a près de 300 ans, la figure carrée, & ils étoient tissus de laine, & avoient quatre espèces de cornes, qui paroissoient néanmoins fort peu au-dessus. Ceux qui sont de carte couverte d’étoffe, & tous carrés, comme on les porte aujourd’hui, sont d’une invention assez moderne. P. Hélyot, T. III, p. 25.

Bonnet, est quelquefois une marque d’infamie. Le bonnet jaune est la marque des Juifs en Italie : à Luques ils le portent orangé. Le bonnet vert étoit la marque de ceux qui avoient fait cession.

Et que d’un bonnet vert le salutaire affront
Flétrisse les lauriers qui lui couvrent le front.

Boileau.

Autrefois ceux qui avoient fait cession de leurs biens, étoient obligés de porter un bonnet vert, pour être connus de tout le monde, afin qu’on ne pût être trompé dans le commerce que l’on avoit avec eux. Il y a un Arrêt du Parlement de Rouen, du 15 Mars 1584, & un du Parlement de Paris, du 26 Juin 1682, par lesquels il est jugé que ceux qui seront reçus au bénéfice de cession, après avoir justifié la perte de leurs biens dans fraude, seroient tenus de porter le bonnet vert, & que s’ils étoient trouvés ne l’ayant pas, ils seroient déboutés du bénéfice de cession, permis à leurs créanciers de les emprisonner, en leur fournissant un bonnet par an à leurs dépens. Par Arrêt du 10 Mai 1622 un Gentilhomme qui a fait cession de biens, doit porter le bonnet vert. Par un Arrêt du 1 Décembre 1628, un cessionnaire de biens fut condamné à porter le bonnet vert continuellement, sans distinction de jours de fêtes, mais aujourd’hui cela n’est pas exécuté. Bruneau.

☞ Il y a pourtant encore des endroits dans le Royaume, à Bordeaux par exemple, où suivant l’ancien usage, un cessionnaire est obligé de porter le bonnet vert sur la tête en tout temps. Dans presque tous les autres endroits, suivant l’usage qui s’est introduit, il suffit qu’ils le portent sur eux, en sorte qu’ils puissent le montrer & le mettre sur leur tête, en cas qu’ils en soient requis par quelqu’un de leurs créanciers. Ferr.

Cet usage du bonnet vert n’a été introduit en France par aucunes Ordonnances, mais par les Arrêts des Cours Supérieures. Ragueau.

Etienne Guichard dit que de βουνὸς, colline, bonnet a été formé en françois, pileus nocturnus ; comme aussi, continue-t-il, turban a été dit à turbinis figurâ, & plusieurs semblables mots, qui retiennent le nom de leur figure.

On dit figurément, qu’une question passe du bonnet, qu’on opine du bonnet, lorsque tout le monde est de même avis, ou qu’on opine sans raisonner, & selon le sentiment de ceux qui ont déjà opiné.

Bonnet, se dit généralement dans les Arts, de ce qui couvre la partie supérieure & sphérique d’un instrument, d’une machine.

Bonnet de Turquie. Terme de Pâtissier. On donne ce nom à une pièce de pâtisserie qui a la figure d’un turban.

Bonnet à la Polonoise. C’est un bonnet fort long, & presque de même largeur depuis l’ouverture jusqu’au bout : ce bout est émoussé & tant soit peu courbé. Quelques Bontanistes se servent de ce terme pour exprimer la figure de la partie supérieure de la fleur de l’aconit appelé Tue-loup.

Bonnet à Prêtre, en terme de guerre, est un dehors ou piece détachée qui a deux angles rentrans, & trois saillans, qui est presque comme une double tenaille ; si ce n’est que ces côtés sont en queue d’aronde, au lieu d’être parallèles, & occupent moins de terrain en dedans, c’est-à-dire, vers la gorge, qu’ils n’en occupent du côté de la campagne.

Bonnet de Prêtre, se dit en Botanique d’une plante qui porte un petit fruit rouge, carré, & en forme de bonnet de Prêtre. On l’appelle autrement fusain. Voyez ce mot.

Bonnet de Neptune. Terme d’Histoire Naturelle. Espèce de champignon de mer. Neptuni pileus. Ce champignon a cinq pouces & demi de hauteur, sur spt pouces de large à sa base, qui s’éleve insensiblement, & s’arrondit enfin en manière de calotte ou de dôme feuilleté en dehors par bouquets, dont les lames sont coupées en crête de coq, & qui représente en quelque manière une tête naissante & moutonnée. Sa structure intérieure est différente : il est cannelé légérement, & parsemé de petits grains, & de quelques pointes obtuses, dont la plus longue n’a pas plus d’une igne de long. Tournefort, Acad. 1700, Mém. pag. 31. On trouve quelques bonnets de Neptune, mais rarement, qui ont un petit pédicule qui les soutient. Ce pédicule est fort cassant ; cependant il est à croire que dans leur naissance ils étoient attachés au fond de la mer par quelque chose de semblable, & suivant toutes les apparences, lorsquils n’ont plus de pédicules, ils se nourrissent par le secours de quelque suc que l’eau de la mer où ils trempent, laisse insinuer dans leurs pores. Id. p. 32.

Bonnet, est aussi le nom du second ventricule du bœuf, & des autres animaux qui ruminent, qu’on appelle autrement réseau. Reticulum. C’est où les aliments tombent quand ils ont ruminé, pour y faire une seconde digestion, & de-là passer dans le troisième ventricule ; qu’on appelle le millet. Il a été nommé bonnet, parce qu’il ressemble au bonnet de lacis, dans lequel les femmes autrefois enfermoient leurs cheveux.

Bonnet d’Hippocrate. Terme de Chirurgie. Espèce de bandage pour la tête, ou de capeline à deux chefs pour les écartemens des futures. Voyez le Dict. de M. Col de Villars.

Bonnet. Terme de filoux au jeu. Les filoux ont donné ce nom à la somme qu’ils gagnent à ceux qu’ils dupent. Ils disent : j’ai donné un bonnet de 400 pistoles à ce Provincial ; c’est-à-dire, qu’ils lui ont filouté 400 pistoles. Ce terme vient du mot de Bonneteur, qui signifie filou au jeu, à la différence des autres filoux qui fouillent dans les poches.

Bonnet. Terme de Perruquier. On appelle ainsi une perruque courte qui descend à peine jusqu’aux épaules, & telle à-peu-près que les Abbés les portent. Les bonnets sont fort à la mode aujourd’hui, é il y a lieu de croire que cette mode durera, à cause de sa grande commodité.

On dit proverbialement, triste comme un bonnet de nuit sans coiffe, à cause qu’un bonnet en cet état est sans ornemens & sans propreté. On dit, mettre la main au bonnet ; pour dire, saluer quelqu’un, à cause que les enfans qui ont leur bonnet qui est attaché, saluent ainsi. On dit aussi de trois personnes liées de grande amitié, & qui sont toujours de même sentiment, que ce sont trois têtes dans un bonnet. On dit aussi, que Janvier a trois bonnets ; pour dire, qu’il se faut bien couvrir la tête durant le froid. On dit qu’un homme a mis son bonnet de travers, pour dire, qu’il a pris de l’humeur, & qu’il querelle tout le monde. On dit encore, bonnet blanc, ou blanc bonnet ; pour dire, que deux choses sont égales, & qu’on peut prendre indifféremment l’une pour l’autre. On dit qu’un homme a la tête près du bonnet, pour dire, qu’il est aisé à mettre en colère, à s’emporter. On dit, j’y mettrois mon bonnet ; pour dire, je gagerois ce que j’ai de plus précieux, ce qui m’est le plus nécessaire. On dit encore, qu’un homme a pris une chose sous son bonnet ; pour dire, que c’est une chose qu’il a imaginée, & qui n’a point de fondement.

On dit : il y a plus sous son bonnet qu’il ne paroît ; pour dire, qu’une personne a plus d’esprit ou de malice qu’elle ne paroît en avoir.

BONNETADE. s. f. Révérence, compliment qu’on fait à ceux dont on croit avoir besoin. Les plaideurs sont accoutumés à faire bien des bonnetades à leurs Juges. Cela ne se peut dire qu’en riant.

BONNETER. v. a. Solliciter quelqu’un, lui faire la cour, en lui faisant bien des révérences. Nudato capite frequenter honorem habere cuipiam. Les Juges sont bien aises d’être bonnetés par leurs cliens. Cela est du style familier.

BONNETER, ou, selon d’autres, coiffer un artifice. Terme d’Artificier. C’est en couvrir l’amorce d’un papier collé, pour que le feu ne puisse s’y insinuer, que lorsqu’on le veut, en cassant ce papier, qu’on appelle aussi bonnetage.

BONNETÉ, ÉE. part.

BONNETERIE. s. f. Corps de Marchands Bonnetiers, qui est le cinquième des six Corps de Marchands de Paris. Pileorum Opificum Collegium. Ils vendent toutes sortes de bonnets de drap ou de laine, de bas, & de camisoles tricottées, ou faites à l’aiguille, ou au métier, &c.

BONNETEUR. s. m. Filou, trompeur, sur-tout au jeu. Fraudator, deceptor, fur. Je croyois jouer avec d’honnêtes gens, c’étoient des Bonneteurs. Les Boneteurs portent toujours sur eux plusieurs jeux de cartes apprêtées. Les Bonneteurs ont des dés chargés ou garnis de plomb.

Apparemment qu’on a appelé ainsi ces filoux, parce qu’ils bonnetent les gens pour les engager au jeu, & les filouter ; c’est-à-dire, qu’ils leur font des civilités, qu’ils les préviennent d’honnêtetés pour les attirer au jeu. C’est un terme familier.

BONNETIER. s. m. Celui qui fait ou vend des bonnets. Pileorum opifex. Chardon de Bonnetier. Voyez Chardon.

On dit proverbialement, qu’un homme est comme le Bonnetier, qu’il n’en fait qu’à sa tête ; pour dire, qu’il ne prend conseil de personne, qu’il ne suit que son caprice.

BONNETTE. s. f. En quelques Provinces les femmes appellent au féminin bonnette, l’habillement dont elles se couvrent la tête, comme l’on appelle bonnet au masculin, celui dont les hommes se couvrent la tête pendant la nuit ou pendant le jour dans le domestique. C’est un mauvais usage. A Paris les femmes disent mon bonnet, & non pas ma bonnette.

Bonnette, en termes de Fortification, est une espèce de petit ravelin au-delà de la contrescarpe, pour y mettre un corps-de-garde avancé. Munimenti genus quod bonetam vocant. Il n’a que deux faces, qui forment un angle saillant. Sa hauteur est de trois pieds, a il est borbé d’une palissade, qui en a encore une autre à la distance de dix ou douze pas. On l’appelle autrement Flèche.

BONNETES. s. f. pl. Terme de Marine. Ce sont de petites voiles qu’on attache au bas des grandes voiles, quand il fait beau temps, ou trop peu de vent, pour aller plus vîte. Artemon. Ainsi elles servent ou à agrandir celles du vaisseau, ou à les multiplier. Il y a des bonnettes maillées, qui servent à alonger les basses voiles, qui s’attachent à des anneaux, ou à des mailles ou des œillets qui sont en bas. Il y a d’autres bonnettes en étui, qu’on appelle autrement coutelas, qui s’attachent à chaque extrémité de la grande vergue sur des pièces de bois appelées Boute dehors ; en sorte qu’elles règnent le long des côtés de la grande voile, pour l’élargir & prendre plus de vent. Il y a encore des bonnettes lardées ; ce sont de petites voiles piquées avec du fil de voile, & lardées d’étoupe, dont on se sert pour boucher une voie d’eau, lorsqu’elle se trouve dans un endroit du vaisseau qu’on ne peut découvrir.

☞ BONNEVAL. Bona vallis petite Ville de la Beauce, dans le Pays Chartrain, sur le Loir, avec une Abbaye de l’ordre de S. Benoît.

☞ BONNEVAUX. Abbaye du Dauphiné, Ordre de Cîteaux, Diocèse de Vienne.

☞ BONNEVILLE, ou la BONNEVILLE. Bonopolis ou Bonna. Petite ville de Savoye, capitale du Faussigny, sur la rivière d’Arve.

☞ BONNEVILLE. Petite ville de Suisse, dans l’Evêché de Basle, au bord du lac de Bienne.

BONNIERES. Lieu sur la méridienne de Paris, du côté du nord, à 19°, 56’, 6” de longitude, & 50°, 14’, 46” de latitude. Cassini.

☞ BONNY. Petite rivière de France, dans le Gâtinois, Election de Gien, qui se perd au village de Bonny, dans la Loire.

BONOSIAQUE. s. m. & f. Nom de Secte. Les Bonosiaques sont des Hérétiques du IVe siècle, qui étoient une secte de Photiniens, comme il paroît par le second Concile d’Arles, Can. 17. Cependant ils baptisoient au nom de la Très-Sainte Trinité. De-là vient que quoique le Concile ordonne, selon les anciens, Canons, Can. 16, de baptiser les Photiniens, ou Paulianistes, il règles néanmoins qu’on recevra les Bonosiaques sans baptême. Voyez Bonosien. C’est la même chose.

BONOSIEN, ENNE. s. m. & f. Bonosianus. Nom de Secte. Bonosius, Evêque en Macédoine, renouvela au 4e siècle les erreurs de Photin, & enseigna que la sainte Vierge n’avoit point été vierge après l’enfantement. Ses disciples furent appelés Bonosiens, ou Bonosiaques. Le Pape Gélase les condamna avec Photin, &c. Gennadius & le Pape Innocent I disent qu’ils suivoient les erreurs de Photin.

BON-OUVRIER. On appelle fil blanc bon-ouvrier, une sorte de fil qu’on tire de Lille en Flandre, & qui est plus connu à Paris sous le nom de fil d’Epinay.

BON-PORT. s. m. Baie d’environ cinq brasses & demie de profondeur, large & commode, dans le continent du Brésil, du côté de l’Île de sainte Catherine. Le fond de cette baie est mou, fond de vase par-tput. Voyages de George Anson, édit. de Hollande, p. 35.

☞ BONPORT, Bonus portus. Abbaye de France, en Normandie, de l’Ordre de Cîteaux, au diocèse d’Evreux, sur la Seine.

☞ BON-SENS. Voyez Sens.

☞ BONSOIR. s. m. Terme de civilité dont on se sert pour saluer quelqu’un sur la fin du jour & dans la nuit. Bonsoir, Monsieur. Je vous souhaite le bonsoir.

BONT. s. m. Bonitus. Nom d’homme, qui s’est formé de Bonet. Voyez Bonet. Les Auvergnats appellent cet Evêque S. Bonet, les Parisiens S. Bont, comme on voit par le nom de son Eglise qui est presque au centre de Paris. Il y a aussi des Eglises de son nom à Bourges où l’on dit aussi Bonnet, & à Moulins. Chast.

BONTANT. s. m. Sorte d’étoffe ou de couverture de coton, rayée de rouge, qui se fabrique à Cantor, Royaume situé sur le haut de la rivière de Gambie.

BONTÉ. s. f. En parlant de Dieu, attribut de la Divinité, quand on la considère souverainement bonne à cause de sa clémence, de sa miséricorde, de ses grâces. Bonitas.

Rien n’est plus incertain que notre dernière heure :
Heureuse incertitude, aimable obscurité,
Par où la divine bonté
A veiller, à prier sans cesse nous convie.

l’Abbé Tétu
.

Il se prend aussi pour les effets de cette bonté, c’est-à-dire, pour les faveurs, pour les bienfaits que Dieu répand sur les hommes par bonté.

Bonté, en Physique, est la qualité de ce qui est bon dans son genre, ce qui le perfectionne. La bonté de la terre. La bonté de l’or. On ne sauroit trop louer la bonté de cette étoffe. On admire la bonté de son esprit, de sa mémoire. Il se confioit en la bonté de la place. Vaug. Les machines ne firent pas grand effet à cause de la bonté du mur. Ablanc.

Dans les ouvrages d’esprit il y a une bonté qu’on appelle poëtique, & qui consiste dans la ressemblance du portrait avec le modèle. Néron peint dans une Tragédie avec toute sa cruauté à une bonté poëtique.

Bonté, en Morale Chrétienne, se dit de la vertu, & particulièrement de la charité, de la douceur des mœurs, de l’inclination à assister son prochain ; de la patience à souffrir les afflictions, les injures. C’est pour ainsi dire, l’humanité manifestée par des effets réels. La bonté est la source de toutes les vertus bienfaisantes, parce qu’elle paroît la plus opposée à l’amour propre, qui rapporte tout à sa propre utilité. M. Esp. Les ambitieux ne pratiquent la bonté que par une envie de régner dans tous les cœurs, & dans tous les esprits. Id. Nul ne mérite d’être loué de bonté s’il n’a pas la force d’être méchant. Toute autre bonté n’est le plus souvent qu’une paresse, ou une impuissance de la volonté. La Rochef. Il est malaisé de distinguer la bonté générale, & répandue sur tout le monde, de la grande habileté. Id. La bonté n’est pas une qualité fort louable quand elle n’est pas accompagnée d’esprit & de jugement, sans quoi elle est fade & ennuyeuse. M. Scud. Les hommes sont aisément convenus que la bonté est une vertu, parce qu’il n’y a point de bonne qualité dont ils tirent plus d’avantage que de la bonté. M. Esp.

☞ Rien n’est plus louable que la véritable bonté : la plûpart de ceux qui croient en avoir, n’ont d’ordinaire que de la complaisance ou de la foiblesse ; mais enfin la bonté dont on croit que l’amour propre est la dupe, est au contraire le plus utile de tous les moyens dont il se sert pour arriver à ses fins. C’est un chemin dérobé par où il revient à lui-même plus riche & plus abondant : c’est un désintéressement qu’il met à usure ; c’est un ressort délicat avec lequel il réunit, il dispose, & tourne tous les hommes en sa faveur.

Bonté, dans les Princes, se dit particulièrement de leur clémence.

Bonté, se dit aussi des actions, & est opposée à malice. La bonté d’une action dépend souvent de l’intention avec laquelle on la fait.

☞ La bonté morale est la conformité de la conduite avec ce qui est, ou qui est censé être la règle & le modèle des mœurs.

Il signifie aussi, simplicité, facilité, sottise. Simplicitas. Cet homme s’est ruiné par sa bonté.

Bonté, se dit aussi de ce qui se fait par honnêteté, par simple civilité. Vous aurez la bonté de faire tenir ma lettre. Je rends grâces à vos bontés. Votre bonté à me favoriser de votre attention, m’a fait prendre la liberté d’étendre mon discours. Ne craignez point que j’abuse de votre bonté. Ils ne peuvent manquer de bonté pour moi, eux qui en ont pour tout le monde. Voit. En mythologie, la bonté est représentée comme une Déesse vêtue de gaze d’or, couronnée de rue, avec un Pélican entre ses bras. Sa guirlande marque qu’elle n’a pas moins de force à exterminer les mauvaises pensées, que la rue a de vertu contre les malins esprits. Le Pélican est le symbole de son ardente charité. Sa robe est d’un métal qui se fait aimer par-tout. Rochef.

☞ BONTOUR. s. m. Détour que fait un vaisseau quand il est affourché, pour empêcher que les cables ne se croisent.

BONZE. s. m. Terme de Relation. C’est le nom qu’on donne aux Prêtres à la Chine & au Japon. Bonzius. Il y a au Japon un Bonze souverain qui décide en dernier ressort de tout ce qui regarde le culte des Dieux. Les Bonzes ont porté à la Chine la doctrine de la transmigration des ames. Les Bonzes ont plusieurs Universités au Japon, où ils enseignent les mystères ridicules de leur secte, & vivent en communauté. Il y a aussi des filles & des femmes Bonzes, Bonziæ, qui vivent en communauté dans des espèces de Monastères. Les Lettres de S. François Xavier, sur-tout la 4e & la 5e du IIIe Liv. & la 1e du IVe Livre ; la vie de ce Saint par le P. Bouhous, une lettre du P. Vilelo Jésuite, L. III, Epist. Japon. Maffé, Hist. des Indes, Liv. XII, & XIV : Vossius, de idolatriâ, L. I, cap. 25 ; le Mire, Pol. Eccl. Lib. II, cap. 29 ; & l’Histoire de la Comp. de Jesus, T. I, Liv. IX, n. 192 & suiv. Liv. XI, n. 105, 125. T. II ; Liv. IV, n. 284, instruisent parfaitement de ce que c’est que les Bonzes du Japon.

Il y a aussi des Bonzes au Tunquin. Voyez la Rel. de Tunq. de Marini, Trad. Franç. p. 71, 167, 232. Quelques vieux Auteurs ont dit Bonzie, parce qu’ils ont trouvé Bonzius en latin ; mais il faut dire Bonze.

BOO.

BOOPE. s. m. Poisson de mer du Brésil. Il a la figure & la grandeur des thons d’Espagne. On le coupe comme les turbots, & on le sale. Sa graisse ressemble au lard, & on en fait une certaine huile. On appelle ces poissons Boopes, à cause que leurs yeux sont comme des yeux de bœuf, du grec βοῦς, bœuf, & de ὤψ, face, aspect.

BOOT. s. m. Terme de Marine. C’est dans les ports de la mer baltique une chaloupe. Cymba. On avoit mis sur l’un des bâtimens de la flotte le petit boot, ou la première chaloupe qui ait été construite ici. Gaz. 1724. p. 514. De Petersbourg.

BOOTÈS. s. m. Terme d’Astronomie. Bootes, Arctophylax. Constellation voisine du pôle arctique. Ce mot est grec, de βοῦς, bœuf, & signifie proprement Bouvier. C’est une étoile proche de la grande Ourse, qui semble suivre le charriot comme un Bouvier. On l’appelle encore Arctophylax, c’est-à-dire, Gardien de l’Ourse, parce qu’il est derrière l’Ourse, comme s’il la gardoit. Les Poëtes ont dit que c’étoit Icare, Athénien, qui ayant reçu du vin de Bacchus, le mit sur un charriot, & parcourant l’Attique en donna à boire aux paysans, qu’il enivra. On crut qu’il les avoit empoisonnés, & on le tua ; Erigone sa fille se pendit de douleur. Jupiter les plaça dans le ciel, & fit d’Icare une constellation qui fut appelée Bootès, ou Bouvier, à cause du charriot qu’il avoir conduit par l’Attique, & qui lui avoit attiré la mort : de sa fille il en fit la Vierge, & de son chien la Canicule. D’autres croient que c’est Arcas fils de Caliste, fille de Lycaon ; & d’autres l’appellent Orion. Cette Constellation est de 3’ étoiles, dont l’une qui est sur le bord de sa robe, s’appelle Arcturus, & est de la première grandeur. Cette troupe de cliens, qui se presse dès le point du jour, & même dans la saisons où le Bootès conduit son charriot glacé, pour rendre leur hommage à leurs Patrons. P. Tart. Juven. Il faut en ce mot faire sonner le s final, comme dans les mots grecs & latins.

☞ BOPFINGEN, le même que Boffingue.

☞ BOPPART. Petite ville d’Allemagne, dans l’Archevêché de Trèves, ou cercle électoral du Rhin, sur le bord du Rhin.

BOQ.

BOQUELLE. s. f. C’est ainsi que le peuple nomme en Egypte l’écu, ou daller de Hollande, que dans le commerce & parmi les marchands, on appelle communément Abukesb.

BOQUETEAU. s. m. Petit bois, ou petit bouquet de bois. Ordonnance des Eaux & Forêts.

BOQUILLON. s. m. Vieux mot qui signifie la même chose que Bucheron. Mercure étant venu aux cris de celui qui avoit perdu sa coignée, lui en montra d’abord une d’or qu’il refuse, ensuite une d’argent qu’il refusa aussi... Enfin une de bois.

Voilà, dit-il, la mienne cette fois ;
Je suis content, si j’ai cette dernière.
Tu les auras, dit le Dieu, toutes trois.
Ta bonne foi sera récompensée.
En ce cas-là je les prendrai, dit-il.
L’Histoire en est aussi-tôt dispersée.
Et boquillons de perdre leur outil,
Et de crier pour se le faire rendre.
Le Roi des Dieux ne sait auquel entendre :
Son fils Mercure aux criards vient encor ;
A chacun d’eux il en montre une d’or.
Chacun eût cru passer pour une bête
De ne pas dire aussi-tôt, la voilà.
Mercure au lieu de donner celle-là,
Leur en décharge un grand coup sur la tête.

La Font.

Boquillon est dans Cotgrave, & Boscheron dans Furetière, au mot Bûcheron. Mais il n’y a que ce dernier qui soit aujourd’hui en usage.

☞ Dans les coupes des bois destinés pour les salines, il y a des ouvriers, que l’on appelle Boquillons.

BOR.

☞ BORACHERA. s. m. Arbre des Indes occidentales. On dit que du suc exprimé de ses feuilles, mêlé avec de l’eau, on fait une liqueur assez forte pour enivrer.

BORAMETS. s. m. Agnus Scyticus, frutex Tartaricus. Racine d’une espèce de fougère qu’on taille en manière de mouton, & dont les tiges servent de pieds. Duret, Scaliger, & plusieurs naturalistes ont repardé cette plante comme un zoophyte, c’est-à-dire, une plante-animale à laquelle on donne la figure d’un agneau, & qui vivoit des plantes voisines. Rien cependant n’est plus faux. La figure qu’en donnent plusieurs Auteurs est faite à plaisir : & il y a plusieurs fougères en Amérique dont on pourroit faire de pareils Boramets. Cette racine est ordinairement couverte d’un poil fin, soyeux, court, n’ayant pas plus d’un tiers de pouce de longueur. Ce poil est nommé Poco sempis. Il est astringent, & on s’en sert pour arrêter le sang dans des plaies récentes. On l’appelle encore Kinkia. On dit qu’il est en usage dans la Chine sous ce nom-là. Voyez le Commetaire de Moscovie du Baron Sigismond. Voyez Agneau de Scythie.

BORAX. s. m. Sel minéral qui se tire d’une pierre qu’on trouve aux Indes Orientales dans les terres nitreuses, & qu’on fait calciner, lessiver & cristalliser. On trouve le borax en Perse & en Transylvanie. On prétend que c’est la première préparation du borax que nous appelons naturel, qui est ordinairement en cubes alongés, verdâtres, un peu transparens. Ce borax est quelquefois enveloppé d’une matière grasse, d’une couleur jaune tirant sur le vert, d’une odeur rance. C’est ce qu’on nomme borax gras. On croit qu’à Venise & en Hollande, pour y préparer le borax que nous nommons artificiel, on ne fait que refondre & cristalliser de nouveau ces premiers cristaux de borax ; d’autres ont dit qu’il se faisoit avec l’urine des jeunes gens buvant du vin, battue dans un mortier de bronze, & sur laquelle on jetoit de la rouille d’airain, & quelquefois du nitre. Mais ce dernier sentiment n’est pas probable, puisque plusieurs personnes qui ont suivi cette manipulation, n’ont jamais pu venir à bout de faire aucun sel qui approchât du borax. On ne connoît point positivement la manière dont il se prépare, ni que quoi il est composé. Le borax factice, ou artificiel, ressemble à l’alun glacial ou alun de roche d’Angleterre : il est pareillement âpre au goût. Les Orfévres & les ouvriers qui travaillent sur les métaux, s’en servent non-seulement pour souder les métaux, mais encore pour avancer leur fonte. Quelques Modernes prétendent que le Crysocolla des Anciens & le Tinear des Arabes, n’étoient autre chose que notre borax. Le borax sert pour procurer la sortie du délivre retenu, pour faciliter l’écoulement des mois aux femmes ; mais il faut le donner avec prudence.

Après que le borax a été tiré de la terre, on le raffine à-peu-près comme les autres sels : il se condense en beaux morceaux blancs, nets, durs, transparens, secs : il se garde facilement sans l’humecter : il a d’abord un goût un peu amer, après quoi il devient douceâtre. On s’en sert pour souder quelques métaux, & principalement l’or, ce qui le fait appeler chrysocolla. Il est aussi quelquefois employé dans la Médecine, comme un remède incisif & apétitif. Acad. des S. 1703. Hist. p. 49. Le borax est si disposé à la vitrification, qu’il aide à celle de l’antimoine calciné, & des autres minéraux. Le verre du borax se dissout entièrement dans l’eau. Ib. p. 50.

Pline dit que le borax est une humeur qui se congèle l’hiver dans les mines & dans les caves, & que ce limon congelé est dur comme une pierre-ponce. Il s’en trouve dans les mines de plomb, de cuivre, d’or & d’argent. Dioscoride dit que le borax d’Arménie est le meilleur, & est vert comme un poireau. On appelle borax jaune le vert de terre qui est beaucoup plus dur que l’artificiel, qui se fait en jettant de l’eau sur les veines minérales tout le long de l’hiver jusqu’au mois de Juin ; auquel temps on détourne l’eau, & on laisse pendant deux mois sécher la mine, de sorte que le borax n’est autre chose qu’une mine pétrifiée. Le noir se trouve aux mines de plomb, le blanc aux mines d’argent, & le jaune aux mines d’or. Il se trouve encore du borax naturel en quelques endroits, & entre autres au fond d’un torrent dans les montagnes de Purbet, dans les terres de Radziaribron qui vont jusqu’aux confins de la Tartarie Blanche, & il croît en forme de corail. On le ramasse deux fois tous les ans sans autre préparation, comme il est écrit dans les Relations des Hollandois recueillies par Thévenit. Biringuccio écrit qu’il vient quantité de vrai borax d’Allemagne, & que c’est une pierre luisante, & de forme semblable au sucre candi, ou au sel gemme, quoique Pline dise qu’elle soit verte, & qu’elle sert non-seulement à souder l’or, mais aussi à hâter la fonte des métaux, & à peindre. Agricola dit qu’il y a du nitre fossile, dur & épais comme une pierre dont on fait le borax à Venise ; mais la vérité est, comme on l’a dit, qu’on ne sait ce que c’est que le borax artificiel. On dit borax sec ou rafiné, borax naturel, brute ou gras. Pline, Dioscoride, Agricola, Thévenot, dans son Recueil des Voyageurs Hollandois, en ont parlé.

Borax. C’est aussi une espèce de Béozard de Crapaud, c’est-à-dire, une sorte de pierre qui se trouve dans la tête du crapaud, à laquelle on attribue de grandes propriétés. Voyez Crapaudine.

BORBORIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de secte. Borborianus. Quelques-uns disent Borborien, au lieu de Borborite, dont on va parler tout à l’heure. Aëtius s’attacha à disputer avec un de ceux que l’on nommoit Borboriens, & qui étoient les plus infâmes des Gnostiques. Aëtius fut entièrement vaincu, & en pensa mourir de chagrin. Fleury.

BORBORITE. s. m. Nom de Secte de Gnostiques dans le second siècle. Borboriani, ou Borboritæ. Ceux qui en étoient, ne se contentoient pas d’admettre seulement toutes les ordures de ces infames hérétiques : ils nioient outre cela le jugement dernier.

Le nom de Borborites vient du mot grec βόρϐορος, cænum, boue, ordure ; & ce nom a été donné à ces Hérétiques, non pas parce qu’ils commettoient les crimes les plus sales, mais parce qu’ils avoient coutume de se barbouiller le visage & le corps de boue & d’ordure. Cet usage étoit dans eux non-seulement une chose extravagante, mais aussi une impiété, parce qu’ils prétendoient par-là défigurer l’image de Dieu, qui est sujette à commettre tant de crimes, comme si les péchés des hommes ne venoient pas du déréglement de leur volonté. Voyez le Traité de Philastrius sur les Hérésies. Quelques-uns prétendent que dans les premiers siècles de l’Eglise, on a donné le nom de Borboriens ou Borborites, aux Nicolaïtes, aux Gnostiques, aux Barbelites, à cause des abominations qu’ils enseignoient, & qu’ils commettoient, & des infamies dont leurs cérémonies étoient pleines.

BORBORYGME, ou BORBORISME. s. m. Terme de Médecine, qui vient du grec βορϐορίζειν, avoir l’odeur de la bourbe, sentir le bourbier. Borborygme est dont ce qui sent la bourbe, ce qui a l’odeur d’un bourbier. Borborygmus. Mais en Médecine il signifie plus particulièrement un vent qui sort des gros intestins avec le son que feroit une liqueur. C’est, dit Jean Gorrée, Médecin de Paris, dans ses Définitiones Medicæ, flatus ab intestinis crassis erumpens cum sonitu quodam humoris. Et il est, ajoute-t-il, différent d’un vent sec, qui se nomme βόμϐος. Ces douleurs commençoient ordinairement vers l’os des iles du côté droit, & s’étendoient en passant sur l’estomac jusqu’au côté gauche : elles étoient accompagnées de tranchées, de borborigmes, de gonflement dans tout le bas-ventre. Demours. Acad. d’Ed. T. I, p. 357. Galien dans ses Comment. Aphor. 73, l. 4, définit le borborygme en cette sorte : Sonitus spiritûs, qui nec magnus sit, nec multus, sed cum modicâ quâdam humiditate deorsum descendens. Ainsi, selon Galien, le borborygme ne fait que peu de bruit & n’est pas fréquent, & non-seulement il a le son d’un liquide, mais il sort avec un peu d’humidité. Le borborygme est proprement un bruit qui se fait entendre dans les gros intestins par des vents ou flatuosités qui les distendent & courent de cellules en cellules dans leurs circonvolutions. Ce bruit ou murmure est un symptôme ordinaire des indigestions, des coliques, des affections hypocondriaques & histériques. Il dépend des mêmes causes & demande les mêmes remèdes, particulièrement les carminatifs. Ce mot est grec, Βορϐορυγμος, intestinorum tumultus : il vient du verbe Βορϐορυζω, strepidum edo, je fais du bruit. Col de Villars.

☞ BORCKLOEN. Petite ville du pays de Liège, au Comté de Loez ou Loolf, entre Tongres & S. Tron.

☞ BORCKHOLT, Borcholtum. Petite ville d’Allemagne, en Westphalie, dans l’Etat de l’Evêque de Munster, sur l’Aa.

BORD. s. m. Ce qui termine, ce qui est aux extrémités de quelque chose, parties les plus éloignées du milieu d’une étendue limitée. Ora. Le bord de la mer, Littus. Le bord de l’eau, ripa. Il ne fut pas plutôt à l’autre bord du Fleuve, qu’il fut enveloppé par les ennemis. Ablanc. Bord d’une fontaine, margo. Bord d’un précipice, crepido. Bord d’un fossé, labrum.

On ne repasse point le rivage des morts,
Et l’on ne voit jamais deux fois les sombres bords. Rac.

On dit aussi, le bord d’un verre, rouge bord, une rasade d’une assiète, le bord d’une jupe, le bord d’un manteau. Ora.

Ce mot est pur allemand. Ménage dit que le françois & l’allemand viennent du latin Orlum, qui a été fait de Ora, d’où nous avons fait aussi ourlet. De Gange prétend qu’on a dit bordus dans la basse latinité, en la signification de bord.

Bord, signifie aussi, un ruban, un galon, une dentelle, qu’on met aux extrémités d’un chapeau, d’une jupe, & sur des coutures, ou sur les ouvertures des habits. Limbus.

Bord, ou Boqdare, en Botanique margo. On dit, cette feuille est dentée par les bords. Ce pétale a les bords échancrés.

Bord, en termes de Marine est souvent synonyme à vaisseau. Il est allé à bord de l’Amiral. Navis Pretoria. Il lui a donné à dîner sur son bord. Il a obligé ce vaisseau ennemi d’abattre le pavillon, & de venir à son bord. Etre à bord c’est être sur le vaisseau. Aller à bord, pour dire, aller au vaisseau.

On appelle aussi un vaisseau de haut-bord un grand bâtiment à voiles, à la différence des galères, pataches, & des petits bâtimens qu’on appelle de bas-bord.

On appelle bas-bord, le côté gauche du navire. Latus sinistrum ; & tribord, dextribord ou tienbord, le côté droit, eu égard à la main du patron, qui est à la poupe. Latus dextrum.

On dit des vaisseaux corsaires, qu’ils courent le bon bord ; pour dire, qu’ils piratent ; & figurément on le dit des femmes impudiques, qui courent dans les mauvais lieux. On dit aussi, renverser le bord, ou changer le bord ; pour dire, revirer le navire, & naviger sur un autre aire de vent. Rendre le bord, c’est venir ancrer, ou donner fond dans quelque port ou rade. On dit, courir bord sur bord ; pour dire, louvoyer & gouverner tantôt à droite, tantôt à gauche. Courir même bord que l’ennemi, c’est faire les mêmes mouvemens, gouverner comme lui. On appelle, faire un bord, ou une bordée, la route qu’on fait jusqu’à ce qu’on soit obligé de virer, & de mettre à l’autre bord.

Lorsque deux vaisseaux se rangent de fort près, & presque à se toucher par leurs travers, on dit qu’ils font bord-à-bord. On dit de bord à bord, pour dire, louvoyer autant sur un côté du vaisseau que sur un autre. On dit, un bord qui alonge ; pour dire, que la bordée que l’on court, lorsque le vent est contraire, sert à la route. On dit encore que l’on a fait un bon bord, pour dire, que l’on a gagné ou avancé à sa route étant au plus près du vent.

Bord à la terre, Bord au large. Terme qu’on emploie, lorsqu’on parle d’un vaisseau qui court à la mer, & recourt à terre.

Plat-Bord. s. m. Terme de Marine. Les plats-bords d’un bateau sont les pièces de bois qui font le dessus du bordage d’un bateau, & qui règnent d’un bout à l’autre. Dans les bateaux foncets, le plat-bord a environ dix-huit toises de chaque côté. Summa lateris pars ; tignum lateris summum, ou superius. Caron.

Bord, se dit poëtiquement au pluriel, pour dire, des régions environnées d’eau. Les bords Africains. Les bords Indiens. Acad. Fr.

On appelle bord de bassin, la tablette de marbre ou de pierre, ou le cordon de gazon ou de rocaille qui pose sur le petit mur circulaire, carré, ou à pans d’un bassin d’eau. Labrum.

☞ Dans l’usage ordinaire, bord à bord, se dit encore adverbialement en parlant des liqueurs qui remplissent toute la capacité de ce qui les contient. Le vin est bord à bord du verre. L’eau de la rivière est bord à bord du quai.

On dit proverbialement & figurément, qu’un homme est sur le bord d’un précipice ; pour dire, qu’il est en danger de faire une grande chute ; qu’il est sur le bord de la fosse, pour dire, qu’il est vieux ; qu’il a la mort sur le bord des lèvres ; pour dire, qu’il est à l’agonie. On dit aussi, qu’on a une chose sur le bord des lèvres, quand on a de la peine à nommer une chose, qu’on nommera facilement quelque temps après. On dit aussi, boire de rouges bords ; pour dire, boire des verres tout pleins de vin.

Bord, a aussi signifie autrefois, un bâtard à ce que dit du Cange ; d’où Covanuvias a dérivé le mot de bordel, & croit que ce mot venait de burdo, qui signifie un mulet engendré d’un cheval & d’une ânesse. Nothus.

BORDAGE. s. m. Terme de marine. Ce sont les planches qui couvrent les côtes ou les membres du navire en dehors : celles du dedans s’appellent ferrage, ou vaigres. Marginum navis constructio. Les deux planches qui sont des deux côtés de la quille s’appellent particulièrement gabords. Les bordages sont des planches fort épaisses. Tabula crossior. ☞ Il y en a de plusieurs sortes qui ont différens noms suivant les différentes parties auxquelles on les applique.

Bordage, en termes de coutume, est un droit seigneurial dû sur une borde, loge, hôtel, ou maison baillée pour faire les vils services du Seigneur, laquelle ne peut être vendue, donnée, ni engagée par les bordiers ou débiteurs de ce droit. Vectigal clientelaris casæ.

☞ BORDAILLE. s. f. Terme de rivière. Il se dit de la partie d’un bateau foncet, voisine des rebords.

BORDAT. s. m. Petite étoffe, ou tissu étroit, qui se fabrique en quelques lieux d’Egypte, particulièrement au Casse, à Alexandrie, & à Damiette.

BORDAYER. v. n. Terme de Marine. Gouverner tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, lorsque le vent ne permet pas de porter à route. Navim dextrorsùm ac sinistrosùm moderari. Il signifie aussi faire des bordées. Quelques-uns disent bordeger.

BORDE. s. f. Vieux mot qui signifioit autrefois une petite maison de campagne. Agrestis casa, mapale, rusticum prædiolum. Bord est un mot saxon qui signifie maison, ou une petite ferme de campagne. De ce mot on a fait aussi autrefois borderie, qui signifioit une petite ferme ; & bordier, pour signifier le Fermier ou le Metayer. Quelques-uns le dérivent de Boaria, c’est-à-dire, lieu à tenir des bœufs. On a dit aussi bourde, & ce mot signifioit une logette, une maisonnette. Ne trouverez meshui ne bourde ne maison.

Dans le grand Terrier d’Angleterre, on trouve des gens appelés Bordarii, que nous pouvons nommer en françois Bordiers. Ils sont distingués des Serfs, Servi, & des Villains, Villani ; & il paroît qu’ils étoient d’une condition inférieure à ceux-là. Ils étoient ainsi appelés du nom bord, qui est le même que le François borde, & qui, selon M. Harris, signifie non pas maison, mais une petite partie de terre, qu’on leur donnoit, à charge & condition de fournir le Maître de volailles & d’œufs. Il est probable que le même nom a été en usage en France, & que c’est de-là que vient à plusieurs familles leur nom de Bordier.

Borde. Terme de Marine. Commandement aux matelots rangés sur les écoutes des voiles, pour leur dire de border ou de tendre la voile au vent.

BORDÉ. s. m. Galon d’or, d’argent, ou de soie, qui sert à border des habits, des meubles, &c. Lacinia aurea, argentea, serica. Le bordé de cette veste n’est pas assez large.

BORDEAU. s. m. Lieu de débauche. Synonyme de bordel.

Et le plus saint d’entre eux, sauf le droit de cordeau
Vivoit au cabaret pour mourir au bordeau.

Ce mot est vieux : il vient de borde, parce que les femmes de mauvaise vie étoient logées dans de petites maisons. D’autres croient que ce mot vient de bord & eau, parce que ces maisons étoient autrefois le long de l’eau.

BORDEAUX. Voyez Bourdeaux.

BORDÉE, s. f. ☞ Terme de Marine, qui signifie la décharge de toutes les pièces de canon rangées d’un des côtés du vaisseau. Disposita in utroque navigii latere tonnenta. Ce Capitaine lâcha sa bordée contre l’ennemi. Tirer une bordée, c’est tirer tout le canon, d’un bord. Essuyer une bordée.

☞ On dit au figuré, dans le style familier, une bordée d’injures, ou simplement une bordée ; pour dire, une tirade de paroles injurieuses. Il lui a lâché une bordée d’injures, une bordée, une furieuse bordée.

Bordée, signifie aussi le cours d’un vaisseau depuis un revirement jusqu’à l’autre. La nuit, le vent étant à l’Est, j’ai continué ma bordée tirant à la côte d’Espagne. M. Le Comte de Toulouse. Ce vaisseau a fait son voyage tout d’une bordée sans revirer. Quand on est obligé de louvoyer, il faut courir plusieurs bordées, revirer souvent. Faire la grande bordée, c’est le terme dont on se sert dans une rade, lorsqu’on y veut faire le quart de mer. Faire la petite bordée, c’est lorsqu’on partage le quart en deux portions.

BORDEGER. v. n. Voyez Bordayer, c’est la même chose.

BORDEL. s. m. Lieu de débauche où les femmes se prostituent. Lustrum, lupanar. Les bordels publics ont été abolis du temps de François I. Ils ont subsisté à Madrid jusqu’à l’année 1627. Il y avoir autrefois à Paris plusieurs endroits assignés à la demeure des femmes de débauche, où elles étoient maintenues par autorité de Justice. Ainsi on disoit le bordel de Glatigni, du Heuleu, &c. On a appelé à Paris autrefois la porte bordel, celle qu’on nomme maintenant la porte S. Marcel. Il y a apparence qu’on a confondu ici la porte aujourd’hui nommée Porte-Baudet (tout à l’opposite de celle de S. Marcel,) que l’on nommoit autrefois la Porte-Baudel, du nom latin S. Baudilii.

Etienne Guichard dérive ce mot de l’hébreu פרד, parad, auquel il donne une signification qu’on ne lui trouve nulle part ; car il l’interprète scortari ut mulus, facere opus muli qui non generat, coire eo pacto ; parce que פרד, pered dérivé de parad, signifie un Mulet. Il prétend donc que de-là s’est fait bourdeau en françois, que l’on disoit apparemment de son temps, & burdel en espagnol, bordeel en flamand, bordello en italien, le פ ou p hébreu s’étant changé en b. Or, continue-t-il, comme du mot פרד, pered, exposé mulus, פרד, parad, a été exposé scortari, ainsi on a abusé en françois du mot qui se dit des chevaux au sens de coïre ; en quoi l’on reconnoît la conformité des langues, ès mots dérivés par mêmes similitudes. Ainsi les femmes de mauvaise vie étoient appelées πῶλοι Ἀφροδίτης, pulli Veneris, & du mot ἵππος, equus, a été fait ἱπποπόρνη, meretrix, ἱπποϐίνος, qui meretrico amore debacchatur ; & de פרד, parad, πόρνη, a pris son origine en grec, pour πόρδη, ד étant converti en ν.

Ce nom est composé, selon quelques-autres, du nom bord, & de celui d’eau, à cause que les femmes débauchées étoient autrefois placées proches des fleuves. Selon d’autres, il vient du saxon bord que les François avoient conservé, & qui signifioit loge, ou maisonnette, de même que les Romains nommoient ces lieux fornices, petites voûtes, parce qu’en effet c’étoit leur véritable forme. De la Mare.

☞ Au reste ce terme grossier n’est pas tolérable. Regnier & beaucoup d’autres l’ont employé sans scrupule. Corneille l’employa dans un rondeau qu’il fit dans le temps d’un différent qu’il eut avec Scuderi, au sujet des observations sur le Cid. Boileau même, dans le siècle des bienséances, souilla son chef-d’œuvre de l’art poétique par ces deux vers dans lesquels il caractérisoit Régnier, & tomboit lui-même dans le défaut qu’il lui reprochoit.

Heureux, si moins hardi dans ses vers pleins de sel,
Il n’eût jamais mené les Muses au bordel.

☞ M. Arnaud l’obligea de réformer ces deux vers, auxquels il substitua ces deux vers excellens:

Heureux si ses discours craints du chaste Lecteur,
Ne se sentoient des lieux que fréquentoit l’Auteur.

Aujourd’hui on n’oseroit ni l’écrire ni le prononcer.

BORDELAGE. s. m. Voyez Bourdelage.

BORDELIER. s. m. Débauché, qui hante les femmes de mauvaise vie. Ganeo, scortator. Il est vieux.

Bordelier, est aussi le nom qu’on donne à un Seigneur à qui on paye le droit de bordelage. Voyez Bourdelage.

BORDELIÈRE. s. f. C’est le nom d’un petit poisson de rivière ou de lac, qu’Aldrovandus nomme en latin, Ballerus. Sa tête est courte, il n’a ni dents, ni langue ; mais les os de sa mâchoire sont durs. Son corps est couvert de petites écailles minces, de couleur noirâtre. Il se tient toujours au bord de l’eau, ce qui lui a fait donner le nom de Bordelière. La Bordelière est bonne à manger. Lémery.

BORDEMENT. s. m. Terme de Peinture en émail. Il le dit de la manière d’employer les émaux clairs, en les couchant à plat, bordés du même métal sur lequel on les applique. Les ouvrages sans bordement sont ceux qui sont tout en champ d’émail.

BORDER. v. a. Mettre un bord, garnir l’extrémité d’une chose, d’un habillement, d’un meuble, &c. en y cousant un ruban, un galon ou quelqu’autre chose. Prætexere, circumdare. Border une jupe d’un ruban. On borde un chapeau d’un galon d’or. Border un mantelet d’hermines. Border un filet, c’est attacher avec du fil de trois ou quatre pouces une corde autour du filet, pour le rendre plus fort.

Border, se dit par extension de ce qui s’étend le long de certaines choses, & leur sert comme de bord. Une rivière est bordée d’arbres. Les chemins sont bordés de monde. Les quais bordent la rivière. Un lieu est bordé de précipices, pour dire, qu’il en est entouré.

☞ On dit en termes de Jardinage, border une allée ; pour dire, planter une bordure de buis, ou de quelqu’autre chose de cette nature, dans un parterre, pour séparer la planche, ou plate-bande des carreaux, d’avec l’allée.

☞ On dit aussi border une planche, une plate-bande. C’est relever un peu la terre au bord d’une planche, ou y mettre une bordure.

Border. Terme de peinture. C’est coucher une couleur plus claire ou plus brune sur le fond du tableau, autour des figures ou autres objets, pour en détacher les contours.

Border la haie. Terme de l’Art Militaire. Disposer plusieurs rangs ou files, sur une ou plusieurs lignes droites marquées.

Border, en termes de Marine, a plusieurs acceptions. On le dit dans le sens de côtoyer, marcher le long des Côtes. Notre Vaisseau ne fit que border la Côte. Oram legere.

On dit border un Vaisseau ennemi, pour dire, le suivre de côté, afin de l’observer & de le reconnaître. Il signifie aussi, venir à l’abordage. Voyez Abordage.

Border un vaisseau, c’est : encore couvrir ses membres de bordages. Border une carvelle, c’est border en sorte que les bordages ne se touchent point. Border à quien, c’est border en sorte que l’extrémité d’un bordage passe sur l’autre. Border l’artimon, c’est haler l’écoute d’artimon pour la faire toucher à une poulie qui est mise sur le haut de l’arrière du vaisseau. Border une écoute, c’est haler l’écoute jusqu’à ce que le coin de la voile touche à un certain point. Border les écoute-arrières, c’est haler les deux écoutes de chaque voile pour aller vent en poupe. ☞ Border une voile, c’est l’étendrec & l’arrêter par le bas, en sorte qu’elle puisse retenir le vent. Explicare & astringere. Borde plat, borde l’artimon, &c. c’est la manière de faire le commandement pour border les écoutes, &c.

Border les Avirons. Terme de Batelier. Mettre les Avirons dans les tourets, pour nager & ramer.

BORDÉ, ÉE, part. Il a les significations du verbe.

Bordé, en termes de Blason, se dit des meubles en pièces dont l’écu est chargé, lorsqu’il y a autour quelque filet ou bordure de métal ou d’une couleur différente, comme les croix, les bandes, les gonfanons, &c. Limbo cinctus.

Bordé, en Botanique. Marginatus. Semina marginata, semences bordées d’une membrane, ou dont Tes bords sont garnis d’une membrane.

Bordé, en Marine. Vaisseau bien bordé, dont les coutures sont étroites & égales. Voile bordée, lorsqu’elle est tendue au vent.

BORDEREAU. s. m. Terme de Finances. Scheda, notæ,, adversaria. C’est un mémoire de diverses espèccs dont on fait un gros compte, ou payement, ou des sommes d’un compte qui doivent être tirées en ligne pour en avoir plus facilement le total. Tous les comptes qu’on rend à la Chambre doivent avoir leur bordereau.

Bordereau, se dit encore d’une note ou mémoire des espèces que l’on donne en payement ou, que l’on reçoit, ou que l’on a en caisse.

☞ On le dit encore d’un petit livret sur lequel les Commis & les Facteurs qui vont à la recette par la ville écrivent les sommes qu’ils reçoivent, les dates des jours, les noms de ceux qui ont payé, & les espèces.

BORDIER. adj. On appelle en termes de Marine, un vaisseau bordier celui qui a un côté plus fort que l’autre.

Bordier, vieux mot qui signifioit autrefois une espèce de fermier, ou de métayer, Voyez Borde, où ce mot est expliqué.

Bordier, signifie encore celui qui a des terres qui confinent aux bords des grands chemins. On peut les appeler aussi Riverains des grands chemins. Cependant il semble que Riverain soit consacré pour ceux qui bordent les rivières ou les forêts, selon l’Ordonnance des Eaux & Forets. Ainsi il faudroit employer seulement Bordier, pour ceux qui ont des terres au bord des grands chemins.

BORDIGUE. s. f. Terme de pêche. C’est un espace retranché avec des roseaux, ou des cannes, ou plutôt avec des claies sur le bord de la mer, pour prendre du poisson. Les bordigues sont ordinairement construits sur les canaux qui communiquent de la mer aux étangs salés, pour prendre le poisson dans le passage de l’un à l’autre.

BORDILLE. s. f. On nomme ainsi à la Rochelle ce qu’ailleurs on nomme une poêle à frire.

BORDOYER. v. a. Terme de Peinture en émail. M. Félibien s’est servi de ce mot dans le chapitre où il parle de cet art, pour exprimer le mauvais effet des émaux clairs. Les émaux clairs, dit-il, mis sur un bas or, plombent & deviennent louches; c’est-à-dire, qu’il y a un certain noir comme une fumée, qui obscurcit la couleur de l’émail, ôte de sa vivacité, & la bordoie, se rangeant tout autour, comme si c’étoit un plomb noir.

BORDURE. s. f. Ce qui garnit, ce qui termine, ou ce qui orne les bords de quelque chose. Margo, ora. Bordure d’une tapisserie. Les bordures des parterres se font d’ordinaire de buis. Des bordures de lavande. Une bordure de gazon dans un parterre a quelque chose de charmant. Liger. La bordure d’un chapeau se fait avec un petit galon. La bordure d’un seau, d’un minot, est la pièce de bois qui sert à les renforcer par le haut & par le bas.

Ce mot se dit & de la chose qui borde, & de la chose qui est bordée. Bordure de galon, & bordure de chapeau, &c.

Bordure, se dit particulièrement du cadre dans lequel on met un tableau, des miroirs, des estampes. Un tableau paroît beaucoup plus lorsqu’il a une belle bordure. On fait des miroirs avec de riches bordures de bois, ou de cuivre, d’or, d’argent, de cristal, &c.

Bordure de pavé. Les Paveurs appellent ainsi les deux rangs de pierre rude & rustique, qui font les bords du pavé d’une chaussée.

Bordure, terme de Doreur sur cuir. Il se dit des ornemens qui sont au haut & au bas du livre immédiatement après les filets du premier & du dernier bouquet.

☞ Les Boisseliers & les Vanniers appellent bordure un cordon de brins d’osier dont ils garnissent les extrémités de leurs ouvrages.

Bordure, chez les Cordiers. Gros tissu de chanvre ou de sangle qui sert aux Tapissiers pour border les gros ouvrages.

Bordure, en termes de Blason, est une espèce de brisure faite comme un passement, posée de plat au bord de l’écu, en forme de ceinture qui l’environne tout autour. Limbus. La bordure doit occuper en largeur la sixième partie de l’écu. La. bordure simple est tout d’une couleur, ou d’un métal, & est la première brisure des puînés. Il y en a de componées, cantonnées, engrëlées, endentées, & chargées de plusieurs pièces qui sont des brisures différentes des puînés de puînés.

BORÉADES. s. m. pl. Nom patronymique de Zéthès & Calaïs, fils de Borée.

BORÉAL, ALE. adj, ☞ Tout ce qui a rapport au septentrion, qui est du côté du nord, d’où le vent Borée souffle. Hémisphère boréal, latitude boréale. Boreus, borealis, cette ville est à tant de degrés de latitude boréale. Le vent boréal est froid & sec. Les parties boréales de la France sont la Normandie, la Bretagne,&c.

BORÉASMES. s. m. pl. Fêtes de Borée à Athènes. Boreasmi. Ce vent avoit dans cette ville un autel qui lui avoir été érigé, parce qu’on le regardoit comme allié des Athéniens depuis son mariage avec Orithie, fille d’Erechtée, Roi d’Athènes, laquelle il avoit enlevée auprès du fleuve Ilissus. Le Dieu accorda une protection particulière à la ville d’Athènes, où la chère épouse avoit pris naissance. Car un jour que les Athéniens livroient un combat sur mer, le vent Aquilon ayant écarté & dissipé la flotte ennemie, les vainqueurs ne manquèrent pas de regarder cette victoire comme un effet de la protection de Borée. Pausan. in Attic. c. 19. Hesychius.

On offroit au même vent des sacrifices solennels dans la ville de Mégalopolis, en Arcadie, où il avoit un temple que les habitans de cette ville lui avoient bâti, en reconnoissance de ce que par son secours ils avoient résisté aux Lacédémoniens & à Agis. C’étoit le plus grand Dieu des Mégalopolitains. Pausan. in Arcad. c. 27 & 36.

BORÉE. s. m. Mot poétique, pour dire, vent septentrional, bise, vent du nord. Boreas. Ce vent est froid, sec ; il rend l’air pur & serein. Voyez : Vent.

Le mot Borée vient du mot latin boreas, & celui-ci vient du grec Βορέας, dont on rapporte différentes étymologies. Quelques-uns le font venir de Βοὴ, clamor, bruit, à cause du bruit que fait ce vent ; d’autres le dérivent de Βόρα, esca, nourriture, parce que ce vent donne de l’appétit, qui est une envie de prendre de la nourriture ; ou parce qu’il est bon pour les biens de la terre, qui font notre nourriture. Ces étymologies paroissent forcées : celles que Martinus en rapporte seulement par conjecture, pour être plus savantes & plus recherchées, ne sont pas plus naturelles. Il dit que ce mot vient peut-être des mots hébreux birjah qui signifie cibus, nourriture ; beri, qui veut dire.