Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONCOMBRE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 771-772).

CONCOMBRE. s. m. Cucumis. Plante cucurbitacée, qui se distingue par ses fruits qui sont plus petits que ceux des citrouilles, des melons, des potirons & des courges. Plantes cependant qui lui sont congénères : l’intérieur de ses fruits est divisé en trois ou quatre loges remplies de semences, petites, plates, oblongues & étroites. Il y a plusieurs espèces de concombre, les unes sont bonnes à manger, & quelques autres ne le sont point du tout. Le concombre ordinaire qu’on mange, Cucumis sativus, se cultive dans les jardins. Il pousse plusieurs tiges rampantes sur terre, rudes au toucher, pleines de suc, & de la grosseur du doigt. Ses feuilles sont rudes, alternes, pareilles à celles du melon, mais plus ruded, plus anguleuses, & un peu plus amples. Des aisselles de plusieurs de ces feuilles naissent les vrilles & les fleurs. Ces fleurs sont jaunatres, évasées, découpées en cinq, & de demi-pouce environ de diamètre. De ces fleurs, quelques-unes sont stériles, & d’autres nouent. Ses fruits sont verts d’abord, fermes, comme épineux, un peu alongés & un peu courbes. On les confit au vinaigre, & dans cet état on les nomme cornichons. Dans sur maturité ils sont longs de plus d’un demi-pié, épais de trois à quatre pouces, couverts d’une écorce jaunâtre ou blanchâtre, & fort inégale, & remplis d’une chair blanchâtre, aqueuse, douceâtre, divisée dans son milieu en trois ou quatre loges, remplies de semences ovales pointues. Ces semences sont du nombre des semences froides majeures. On mange les concombres en Eté, & on les sert dans le potage, ou en fricassée. Ils sont rafraîchissans.

Ce qu’on nomme concombre serpent, cucumis flexuosus, ou cucumus anguinus, ne différe du précédent que par ses fruits, qui sont longs, menus, verdâtres, & pliés de manière qu’on diroit que c’est le corps de quelque serpent. Sa chair est blanche & douce.

Le concombre sauvage, cucumis silvestris, sive asinius, se fait assez reconnoître par ses tiges qui sont courtes : par ses feuilles qui sont plus pointues, plus velues, plus charnues, & blanchâtres : par les fleurs qui naissent par bouquets ; & par ses fruits qui ne sont guère plus gros que le pouce ; ovales, verdâtres, chargés d’un poil rude qui les rend velus. Ces fruits dans leur maturité se détachent de leur pédicule, avec une élasticité surprenante. Ses semences en même temps sont chassées avec impétuosité hors du fruit. Ce fruit est très-amer au goût, d’une odeur vireuse, assez désagréable. Ces semences sont aplaties, arrondies, plus petites que celles de la coloquinte, & noirâtres dans leur parfaite maturité. Cette plante vient auprès des masures, & le long des chemins. L’extrait de ses fruits se nomme claterium ; c’est un des plus violens & des plus puissans purgatifs que nous ayons dans les végétaux. Un ou deux grains de cet extrait purge & fait vomir. Sa racine est émolliente & fort résolutive.

Jean Struys parle dans ses voyages d’un concombre velu qui croît vers la partie Occidentale du Volga, & qui semble ronger toutes les herbes qui sont autour de sa tige : il dit que ce fruit a la figure d’un agneau avec les piés, la tête & la queue de cet animal distinctement formés, d’où on l’appelle en Moscovie Bonnaret ou Bonarez, c’est-à-dire, petit agneau ; que sa peau est couverte d’une laine, ou d’un duvet fort blanc, & aussi délié que de la soie ; que les Tartares & les Moscovites en font grand état, & qu’il en a vû plusieurs dans leurs maisons qu’ils conservoient ; qu’il croît sur une tige d’environ trois piés de haut ; que l’endroit par où il tient est une espèce de nombril sur lequel il se tourne & se baisse vers les herbes qui lui servent de nourriture, se séchant & se flétrissant aussi-tôt que ces herbes lui manquent ; que les loups l’aiment & le dévorent avec avidité, parce qu’il ressemble à un agneau ; qu’on l’a assuré que ce fruit a effectivement des os, du sang, de la chair, d’où vient qu’on l’appelle dans le pays Zoophite, c’est-à-dire, plante animale. Voyez Agneau.

Cucumis, selon Varron, a été dit à curvore. Cucumeres, dit-il, quasi curvimeres. L’éthymologie de Scaliger a plus de vraisemblance, quand il tire ce mot du grec κυκυμίς.

Les Turcs ont à Constantinople de petits concombres, qui se mangent cruds avec du sel durant cinq mois de l’année, & dont la quantité ne fait point de préjudice à la santé comme en France. Du Loir, pag. 84.

Concombre. Sorte d’insecte marin, qui a du rapport au concombre de terre. Rond. ☞ C’est un petit poisson de la longueur & de la grosseur du doigt, charg de quelques tubercules, qui a la couleur & l’odeur du concombre.