Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/951-960

Fascicules du tome 1
pages 941 à 950

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 951 à 960

pages 961 à 970


le dedans de l’ame de la pièce, à mesure qu’un cheval tourne une roue placée horizontalement sous cette machine.

Boîte, est aussi une emboîture de fer, ou de fonte, dans laquelle entre le bout d’un essieu d’affût, ou autre.

Boîte à pierrier. C’est un corps cylindrique & concave, fait de bronze ou de fer, rempli de poudre, avec une anse & une lumière, qui répond à cette poudre. On met cette boîte ainsi chargée dans le pierrier par la culasse, derrière le reste de la charge, qu’elle chasse aussitôt qu’elle a pris feu.

Boîte, chez les Facteurs d’orgue, se dit des tuyaux de forme cylindrique, par le moyen desquels le vent du sommier passe dans le corps de la trompette, ou autre jeu d’anche.

On dit proverbialement, que dans les petites boîtes sont les bons onguens ; pour dire, que les choses précieuses ne tiennent pas beaucoup de place. On dit aussi d’une chambre chaude & bien fermé, qu’elle est close comme une boîte. On dit aussi d’une personne qui est très-propre, qu’il semble toujours qu’elle sorte d’une boîte. On dit aussi, mais fort bassement d’un homme qu’on a mis prisonnier, qu’on l’a mis dans la boîte aux cailloux.

BOITE. s. f. Terme de Meunier. On dit aussi boitillon. C’est un morceau de bois d’orme qui est emboîté dans l’œillet de la meule, il est serré avec des coins, & contient environ un pied en carré. Caron. Modiolus molæ pistrinensis.

BOITE. s. f. (la première syllabe est brève). Le point, le temps, la saison où le vin est bon à boire. Bibendi vini maturitas. Ce vin est trop vert, il ne sera dans sa boite que dans trois mois.

Boite, est aussi du petit vin qu’on fait à la campagne pour des valets, en mettant des seaux d’eau sur le marc avant qu’il soit entièrement pressuré. Famulare vinum’. On a fait trois muids de boite pour les gens.

Boite, ou Boitte. Terme de pêche de la morue. Appas, ce qui se met à l’hameçon pour attirer la morue. Esca, illecebra. Les Pêcheurs font leur boite de hareng, dont la morue est fort friande. Denis. P. I. c. 5.

BOITEMENT. s. m. Ce mot se trouve dans Pomey. Il signifie l’action de celui qui boite, qui marche mal, à cause de quelque mauvaise disposition dans les parties qui servent à marcher. Claudicatio. Voyez Claudication.

BOITER. v. n. Clocher, incliner plus d’un côté que d’un autre en marchant. Claudicare. On boite d’un pied, quand l’un est plus court que l’autre. On boite aussi de la hanche, quand elle est foible. On boite par blessure, on boite par douleur, lorsque les jambes, ou les cuisses, ou les pieds sont incommodés, & ne peuvent faire leurs fonctions. On le dit de même du cheval en Manège.

BOITEUX, EUSE. adj. qu’on emploie aussi substantivement. Celui ou celle qui boite. Claudus. Il est presque guéri de sa goutte, il n’est plus qu’un peu boiteux. Lorsqu’on présenta à un Picard un fille qui demandoit à l’épouser pour le tirer de la potence, s’étant apperçu qu’elle étoit boiteuse, il dit au bourreau, fais ton devoir. Mont. Rochef. C’est un boiteux, une boiteuse.

Boiteux, se dit aussi figurément d’un esprit mal fait, qui juge de travers. Ingenium distortum. C’est une esprit boiteux. Pasc.

En termes de Manege, on appelle un cheval boiteux de l’oreille, ou de la bride, quand par ses mouvemens de tête il marque tous les pas qu’il fait en boitant.

En musique, contrepoint boiteux, ou à la boiteuse, se dit, parce que comme on est obligé de mettre toujours & dans chaque mesure contre le sujet donné une blanche entre deux noires ; quand on vient à exécuter ce contrepoint, il semble que ces fréquentes syncopes faisant sautiller la voix, la fassent marcher en chancellant & en boitant. Brossard.

Boiteux, chez les Rubaniers-Tissutiers, se dit lorsqu’un dernier retour n’a pas autant de marches que les autres. On appelle celui-ci ruban boiteux. Encyc.

☞ Ils appellent aussi ruban boiteux, ce qui se trouve d’une couleur à un bord, & d’une autre couleur à l’autre bord.

Le boiteux, dans la science hermétique, signifie Vulcain, le feu ou la chaleur de la nature.

On dit proverbialement en matière de nouvelles, qu’il faut attendre le boiteux ; pour dire, qu’il en faut attendre la confirmation, avant que de les croire. Cette expression, il faut attendre le boiteux, vient de ce que le temps semble être boiteux, & marcher lentement à tous ceux qui sont dans l’attente de quelque chose. ☞ Attendre le boiteux : ancienne façon de parler, dit Voltaire, dans ses remarques sur la suite du menteur, qui signifie le temps ; parce que les anciens figuroient le temps sous l’emblème d’un vieillard boiteux qui avoit des ailes, pour faire voir que le mal arrive trop vîte, & le bien trop lentement. On dit, qu’il ne faut pas clocher devant les boiteux ; pour dire, qu’il ne faut pas se moquer des défauts naturels de son prochain. On dit aussi que les boiteux sont de bons mâles & vigoureux en amour. Ce proverbe vient d’une réponse que firent les Amazones pour se moquer des Scythes, qui leur vouloient persuader de se rendre à eux, en leur disant qu’elles ne seroient plus caressées par des boiteux, comme étoient tous les mâles de ce pays-là, à cause qu’elles leur tordoient les jambes en naissant, afin de demeurer toujours les maîtresses. Cette réponse passa d’abord en proverbe chez les Grecs & chez les autres nations. On dit que les boiteux sont marqués au B. Voyez B.

Etienne Guichard dérive ce mot de l’hébreu לבט, labat, qui signifie, selon lui, perverti, impingere, offendi, ruere cædere, festinare, accelerare, claudicare ; & selon ces significations, dit-il, de labat, labor peut être formé en latin, & omettant la première radicale, de bat, boiteux en françois. Il est vrai que R. David Kimhhi, dans son Dictionnaire hébraïque, rapporte que son père R. Joseph Kimhhi, dans son Commentaire sur les Proverbes, l’interprétoit festinare, se hâter, & claudicare, boiter ; interprétations qu’il tiroit de la langue arabique, où nous trouvons en effet des vestiges des deux significations. Ainsi les Maures pourroient nous avoir apporté ce nom ; mais cela est bien incertain.

BOITIAPO. s. m. Serpent du Brésil, que les Portugais appellent cobus, de cipo. Marcgrave, Jonston. Il est long de sept ou huit pieds, gros comme le bras, rond & pointu en forme d’une alène vers la queue, couvert de belles écailles comme triangulaires, de couleur d’olive & jaunâtre. Il vit de grenouilles. Sa morsure est dangereuse comme celle des autres Serpens. Sa chair résiste au venin.

BOÎTIER. s. m. Boîte de Chirurgien, dans laquelle il porte sur lui plusieurs sortes d’onguens ; & pour cet effet elle est divisée en plusieurs petites cellules. Capsula unguentaria.

Boîtier. s. m. Qui fait des boîtes. Dict. de l’Orthographe.

BOI-TOUT. s. m. Prononcez Boi-tou. Ce mot ne se dit guère qu’en riant, & en parlant familièrement. Il signifie un verre dont la pate est cassée. On appelle ainsi ces verres, parce que quand on les a replis, il faut boire.

BOITURE. s. f. Vieux mot, qui signifie débauche qu’on fait à boire. Pergræcatio.

Qui boivent pourpoint & here,
Puisque boiture est si chère.

☞ BOITZEMBOURG. Voyez Botzenbourg.

BOKAS. s. m. Toiles de coton que l’on tire de Surate : il y en a de blanches & d’autres bleues.

☞ BOKE-MEALE, ou BOUKE-MEJALE. Province d’Afrique, sous l’équateur, qui la coupe en deux parties. Elle tire son nom de la ville située dans sa partie la plus septentrionale.

☞ BOKHAH ou BOKHAM. Ville d’Afrique, sur la côte de Sofalah.

☞ BOKHARAH, BOCAR, BOGHAR, BOKARA BUCHAR, & BOUCHARA. Ville de la Tartarie, au pays des Usbecks, près de Gihun & de Bikaut.

BOL.

BOL, ou BOLUS. s. m. Terme de Médecine. Petite boule de drogues médicinales qu’on prend seule ou sous quelque enveloppe. Bolus. Il a été inventé principalement pour les malades qui ont de la répugnance à boire les remèdes, ou qui n’en peuvent supporter le goût ni l’odeur : on y a recours aussi pour faire mieux avaler certains remèdes, qui par leur pesanteur resteroient au fond du verre, s’ils étoient mêlés dans des liqueurs, comme feroient diverses préparations de mercure, d’antimoine, &c. Il y en a de plusieurs sortes. On les fait avec des électuaires, des confections, des conserves, des pulpes, des poudres, des sels, des huiles, des essences, des extraits, des sirops, & avec une infinité de remèdes, dont il faut qu’il y en ait qui aient assez de solidité, ou assez de sécheresses pour donner de la consistance à ceux qui sont trop liquides, ou trop mous. On les prend à la pointe d’un couteau ; mais le plus souvent on les enveloppe de pain à chanter, de sucre, de poudre de réglisse, de fruits cuits ou crus, ou de quelque confiture ou autre matière, qui puisse empêcher en quelque façon qu’on ne sente l’odeur & le goût des médicamens, dont les bols sont composés.

Plus ne m’enquiers de quelle drogue avez
Formé ce bol par qui seroient bravés
Bien plus de maux, plus de pestes encore
Que parmi nous n’en apporta Pandore ;
Nul mal ne tient contre ce bol divin.

Bol Bolus. s. m. Sorte de terre qui est ordinairement en morceaux rougeâtres, quelquefois jaunâtres, ou blanchâtres. Elle est grase au toucher, onctueuse, stipique au goût, & astringente. Elle s’attache facilement àa la langue, & se fond dans l’eau. Il y a plusieurs espèces de bols. Il s’en trouve du rouge & du jaune aux environs de Lyon : auprès de Montpellier il y en a de fort rouge ; près de Paris on en trouve d’incarnat, mais moins pur que les précédens. Le bol qui nous est apporté d’Arménie est le plus estimé. Il se font aisément dans la bouche, il est plus fin & plus pur, sur-tout lorsqu’il est bien choisi. Les Alchimistes font grand cas des deux autres espèces de bols, qu’ils nomment Axungia solis, & axungia lunæ. Le premier vient des mines d’or de Silésie ; le second vient apparemment de quelques mines d’argent, ou bien son nom se prend peut-être de sa blancheur. Le bol rouge est astringent, stipique. On l’applique extérieurement pour arrêter les hémorragies des plaies, intérieurement pour les dyssenteries, les aigreurs, les cours de ventre & les pertes. Il entre dans la composition de quelques emplâtres stipiques & astringens. Agricola, Vormios, Charleton, ont parlé de ses différences.

☞ On doit regarder le bol comme un composé ou mixte, que l’on trouve en plusieurs endroits, surtout dans les mines de fer. Quand on le décompose par le moyen d’un acide, on y trouve des parcelles de ce métal, & souvent de l’or, comme dans le bol de Tokay. On lave le bol en sortant de la carrière, & l’on en fait des pâtes rondes ou plates comme des tronçons, appelées bol en bille, qui doit être doux, friable, & sans aucun sable.

Beaucoup de gens confondent le bol d’Arménie avec la terre Lemnienne. Les Marchands les falsifient, & les vendent l’un pour l’autre. On le tire en certaines baumes ou cavernes de Cappadoce, & on l’apporte en la ville de Sinope, d’où il a pris son nom. Mathiole dit qu’on le trouve dans les mines d’or, d’argent, de cuivre & de fer. Voyez Faloope, Agricola, Cardan, Scaliger, qui en ont traité amplement. On l’appelle aussi terra Lemnia, parce que ce sont les habitans de l’île de Lemnos qui en font le trafic.

On trouve dans la Province de Machicore, en Afrique, une terre rouge, qui est aussi bonne, ou qui est la même que celles que les Apothicaires appellent Bol d’Arménie ; on l’appelle dans la langue du pays Tamene. Dapper.

☞ BOLAIRE. adj. Nom de l’espèce de terre dont les Egyptiens se servoient pour faire la couverte de leurs ouvrages de terre cuite. On appelle terre bolaire ou bols, une espèce d’argile très-fine. C’est avec les terres bolaires qu’on fait ce qu’on nomme les terres sigillées.

BOLATHEN. s. m. Terme de Mythologie. Bolathen, en grec Βολαθήν. C’est un des noms que les Phéniciens & les Syriens donnoient à Saturne, au rapport de Damascius, dans la vie du Philosophe Isidore, dont Photius nous fait l’extrait dans sa Bibliothèque, Cod. 242.

☞ BOLBANE. Abbaye de France, au Comté de Foix, dans le haut Languedoc, diocèse de Mirepoix, Ordre de Cîteaux.

BOLDUC, BOLEDUC, ou plutôt BOIS-LE-DUC. Sylva Ducis, Boscum Ducis, Bolducum. Ville des Pays-Bas, dans le Brabant, ☞ au confluent des rivières de Dommele & d’Aa, qui prennent le nom de Dyse. C’est la capitale du Brabant Hollandois. Le Prince d’Orange qui commandoit l’armée des Etats Généraux, l’enleva à l’Espagne en 1629. Cette ville est dans une plaine dans laquelle étoit un bois, où les Ducs de Brabant alloient souvent à la chasse, & qui, pour cela étoit appelé Bois le Duc, Sylva Ducis. Le Duc Henri voulant s’opposer aux courses que ceux de Gueldres faisoiant sur ses terres, fit couper ce bois qui les favorisoit, vers l’an 1172, & l’on y jeta les fondemens d’une ville, que le Duc Geoffroi fit achever en 1184. Le territoire de cette ville s’appelle la Mairie de Bois-le-Duc.

☞ BOLENA. Bolina. Ville de la Morée, au Duché de Clarence, avec un Evêché suffragant de Patras.

BOLEMBERG, ou BOLENBOURG. Petite ville du cercle de la Basse Saxe, au Duché de Mecklenbourg, sur la mer Baltique.

☞ BOLENE. Petite ville de Provence, dans le Comté Venaissin, sur la rivière de Lets, à une lieue & demie de S. Paul-trois-Châteaux.

☞ BOLESLAFF, ou BOLESLAU, ou BUNTZLAU. Villé de Silésie, sur la rivière de Bober, dans le Duché de Javer. Il ne faut pas confondre cette ville avec deux autres qui sont en Bohème, distinguées par les surnoms d’ancienne & de nouvelle.

BOLESLAW, ou BUNTZLAU l’ancienne, située près de BRANDEIS, sur l’Elbe, ainsi nommée de Boleslas le cruel, qui y massacra son frere S. Wenceslas, Duc de Bohème, en 929.

☞ Et Boleslaw, ou Buntzlau la nouvelle, située sur la rivière de Gizere.

BOLETITE. s. f. Pierre argilleuse, de couleur cendrée, semée de lignes argentées, qui représente une morille avec son enveloppe.

BOLHUERT. s. m. Terme de Fleuriste. Tulipe incarnat & blanc. Morin, Cult. des Fleurs.

☞ BOLKOWITZ, POLCKWITZ, ou PULCHKVITZ. Petite ville de Silésie, au Duché de Glogau.

BOLLANDISTE. s. m. Bolandianus. Les Bollandistes sont les Jésuites d’Anvers, qui ont travaillé à la collection des Actes & des Vies des Saints. Comme nous citons souvent ces Auteurs, & qu’on leur sera obligé de plusieurs choses excellentes, que l’on trouvera dans ce Dictionnaire ; que ce nom d’ailleurs s’est établi dans notre langue, on sera bien aise de les connoître, & d’apprendre d’où on leur a donné ce nom. Le P. Héribert Rosweide d’Utrecht, Jésuite de la maison Professe d’Anvers, connu par un grand nombre d’excellens ouvrages, forma le dessein, au commencement du XVIIe siècle, de recueillier toutes les vies des Saints, & de les donner telles qu’elles ont été écrites par les Auteurs originaux, avec des notes semblables à celles qu’il a mises à ses vies des Peres, pour éclaircie les choses obscures, distinguer les vraies des fausses, &c. Il mourut en 1629, sans avoir pu commencer son ouvrage. Jean Bollandus reprit le même dessein l’années suivante : mais au lieu que Rosweide n’avoit eu en vue de donner que les vies des Saints qui ont été composées, Bollandus se proposa, quand il n’y auroit point de vie d’un Saint, de la tirer lui-même des Auteurs qui en auroient parlé, & de la faire. On lui associa en 1635, le P. Goedfroy Enschenius, & en 1641, il donna le mois de Janvier en deux gros volumes in-fol. En 1658, on leur joignit le P. Daneil Papebroch, qui commença aux Saints du mois de Mars. Henschenius étant tombé en paralysie, on joignit au P. Papebroch le F. Fr. Baert, & le P. Conrad Janning, qui commencerent à travailler au premier tome du mois de Mai, aux 2e & 3e de Juin : ils ont eu pour Collégue le P. Nicolas Rayé, & après encore le P. Jean Sollier, qui ne paroît sur les rangs qu’au dernier tome de Juin. Ce grand ouvrage, & les Dissertations ou Notes savantes qu’on y trouve, servent infiniment à éclaircir toute l’Histoire, tant ecclésiastique que civile. C’est du P. Bollandus, ou Bolland, qui commença ce grand Recueil projeté par Rosweid, qu’on appelle ces Auteurs les Bollandistes, c’est-à-dire, ceux qui continuent l’ouvrage commencé par Bollandus.

☞ BOLLI. Ville de Natolie, dans la contrée de Bolli, qui est une partie de la Natolie propre.

BOLLOS. s. m. pl. On nomme ainsi dans les mines du Ptosi, & du reste du Pérou, les lingots ou barres qui se font de l’argent qu’on tire du minéral, par l’opération du feu souvent répétée, ou par le moyen des eaux fortes.

☞ BOLM. Contrée d’Afrique, dans la haute Guinée, au Royaume de Quoja.

☞ BOLOGNE. Voyez Boulogne.

BOLSENA. Petite ville d’Italie, dans le patrimoine de S. Pierre. Volsinium.

BOLUS BASSI. s. m. Terme de relation. Officier de la Porte. Les Bolucs Bassis sont chefs de bande, ou Capitaines de cent Janissaires, ayant état de 60 aspres par jour, montés de cheval & habillés. Nicolay.

☞ BOLUNGO. Terme de relation. Nom d’une espèce de conjuration que pratiquent les Ganges, Prêtres des idoles d’Angola, qui a assez de rapport à l’épreuve que les anciens Allemands faisoient par le feu. Quand une femme est soupçonnée d’adultère, ou quelques personne de l’un ou de l’autre sexe, de larcin, d’homicide, ou de quelque autre crime, tout le village s’assemble, & le Ganga ayant invoqué l’idole à haute voix, fait diverses grimaces, applique un fer chaud sur le bras ou sur la jambe de l’accusé, assurant que s’il n’est pas criminel, le feu ne le brûlera pas. Cette coutume étoit si commune dans ce pays, que les maîtres mettoient leurs esclaves à cette épreuve, sitôt qu’ils les soupçonnoient de mensonge ou de tromperie. La sévérité que l’on exerce contre ces superstitieux, dans les terres qui dépendent du Portugal, fait qu’elle a cessé au moins publiquement.

BOLUS. Voyez Bol.

☞ BOLZANO. Bolzanum. Petite ville d’Italie, dans le Vicentin.

BOLZAS. s. m. Espèce de coutil fait de fil de coton qui vient des Indes. Il y en a de tout blancs, & d’autres rayés de jaune, dont les raies se font avec du fil de coton écrû.

BOM.

☞ BOMARZO. Autrefois ville épiscopale, en latin Polymartium, aujourd’hui château & bourg d’Italie, avec titre de Duché dans l’état de l’Eglise, dans la province du patrimoine.

☞ BOMBAÏM, ou BOMBAÏRA. Ville & Île dans les Indes Orientales, dans l’Océan indien, sur la côte de Decan.

BOMBANCE. s. f. Vieux mot, qui signifioit, grande dépense en bonne chère, repas somptueux, Luxuriosæ epulæ. On a vécu toujours dans cette maison, avec grande bombance ; ce n’est que bombance & que festins.

Ménage le dérive de pompancia, qui a été fait de pompa. Borel le dérive du vieux mot gaulois babance & bobancier, qui signifie vanité, superfluité. Guichard prétend, mais sans apparence, que de אבב, abab, la fleur de la jeunesse, & ce qui en est le signe, pubes, a été fait en grec βουϐὼν, pubes, inflammatio & tumor pubis propriè, deinde alterius étiam partis, que de βουϐὼν, est dérivé boub, en allemand, puer ; & peut-être que de βουϐὼν, bobans a été dit en françois ; luxus, luxuries, prodigalitas, & affluentia deliciarum, tàm in moribus, quàm in cultu ; & bobancier, luxuriosus, dissolutus, lascivus, prodigus, ganeo.

On peut encore se servir de ce mot, pourvu que ce soit dans le style familier ou badin.

BOMBARDE. s. f. Pièce d’artillerie dont on se servoit autrefois, qui étoit grosse & courte, avec une ouverture fort large. Æneum tormentum murale. Quelques-uns l’ont appelée basilic, & d◊autres passe volant. ☞ Il y avoit de ces bombardes qui portoient jusqu’à 300 livres de balles. On s’en servoit aussi pour tirer de gros boulets de pierre, & on leur donnoit une grande charge de poudre.

☞ Avant l’invention de la poudre, on donnoit le nom de bombarde à une machine de guerre dont on se servoit pour lancer de grosses pierres.

Froissart fait mention d’une bombarde qui avoit 50 pieds de long, & faisoit si grande noise au décliquer, qu’on entendoit le bruit des pierres qu’elle jetoit, de cinq lieues durant le jour, & de dix lieues pendant la nuit, & qu’il sembloit que tous les diables fussent en chemin. Elle ne jouoit qu’avec des cordes & des machines. Il parle aussi d’une bombarde portative qu’on tiroit avec la main, & qui lançoit des carreaux de fer & empennés. Casimir, Polonois, dans sa Pyrotechnie, écrit que les Danois ont été les premiers qui se sont servis de cette machine.

Quelques-uns dérivent ce mot par corruption de Lombarde, croyant qu’elle est venue de Lombardie ; & ainsi l’appeloient les Espagnols. Mais Ménage, après Vossius, & autres le dérivent du grec βόμϐος, ou du latin bombus à bombo, & ardeo, à cause du bruit éclatant que font ces terribles machines : car bombus, selon Laurent Valla, qui donne cette étymologie du mot bombarde, se dit non-seulement du bruit que font les abeilles, mais aussi des bruits du tonnerre. D’autres le dérivent de bomba, dont quelques Auteurs se sont servis pour parler de certaines coquilles qui servoient de trompettes. Mais il vient de l’allemand bomberden, qui est le pluriel de bomber, qui signifie balista. Les premiers canons ont été appellés bombardes.

Bombarde. s. f. Nom d’un jeu de l’orgue, l’un de ceux qui ont le tube en cône. Il y a aussi parmi les jeux en pédales, les pédales de bombardes. ☞ La bombarde est placée sur un sommier particulier, parce que, comme elle dépense beaucoup de vent, elle nuiroit aux autres jeux. Voyez M. Sauveur, Acad. des Sc. 1720. Mém. p. 315.

BOMBARDEMENT. s. m. Action de bombarder, de jeter des bombes. Ænei tormenti jactus. Le bombardement d’une Ville, d’une Place de guerre.

BOMBARDER. v. a. Jeter des bombes dans une place. Tormento æneo muros quatere. Le Roi a fait bombarder Alger : on bombarde un Ville, une Place, des Retranchemens. On ne le dit guère que dans ces phrases.

BOMBARDÉ, ÉE. part.

BOMBARDIER. s. m. Celui qui jette les bombes par le moyen des mortiers. M. toinart trouvoit qu’il falloit dire bombier. Ænei tormenti jaculator. Il y a 200 ans qu’il signifioit celui qui servoit les bombardes, qui étoient les principales pièces d’artillerie de ce temps-là. On appeloit aussi Couleuvrinier, celui qui servoir les couleuvrines, comme on appelle aussi Canonnier, celui qui sert le canon. Les Espagnols & les Italiens appellent encore un Canonnier Bombardeco.

BOMBABIN. s. m. Futaie à deux envers, doublement croisée, ou double basin qui vient de Lyon. Bombycinium lanâ mistum.

Ce mot vient de bombasum, mot arabe, qui signifie coton. Mais Ménage le dérive de bombassinum, & de bombyx, ver à soie ; ou de bombax, qui selon Du Cange signifie du coton, qui dit être quelque chose de mitoyen entre la laine & le lin.

BOMBE. s. f. Grosse grenade, ou gros boulet de fer aigre qui est creux & rempli de poudre, & qu’on jette par le moyen d’un mortier sur les endroits qu’on veut détruire. Globus ingens ex ære fusus excavatusque, ingesto pulvere refertus. On le tire dans un mortier monté sur un affût, & le feu se met à la fusée lente, qui entre dans sa lumière. Son poids, quand elle tombe, & les éclats du fer quand elle se brise, font de grands désordres dans une ville assiégée. On appelle bombe foudroyante, celle qui tue, fracasse & brise tout ; & bombe flamboyante, celle qui étant seulement pleine de feu d’artifice, ne sert qu’à éclairer. Alphonse I, Duc de Ferrare, avoit pris pour devise une bombe qui crevoit en l’air, avec ces mots françois, Au lieu & temps, pour marquer que les grandes affaires veulent être faites dans des conjonctures favorables, & qu’il faut beaucoup de prudence pour les ménager.

Ce mot vient de bombus, crepitus, aut fibilus ani, à cause du bruit que fait la bombe. M. Blondel a fait un livre de l’art de jeter les bombes ; & il croit que l’usage des mortiers est aussi vieux que celui du canon. Pour les bombes, les premières, selon lui, furent jetées sur la ville de Wachtendonch en Gueldres, l’an 1588. D’autres prétendent qu’un siècle auparavant l’an 1495, on en jeta à Naples sous Charles VIII, & ils tâchent de le prouver par un endroit du Verger d’honneur, composé par Octavien de S. Gelais, & par André de la Vigne. On en trouve un exemple de l’année 1495. Il est parlé aussi des mortiers au siége de Naples sous Charles VIII. On tient que ce fut un habitant de Venlo, qui inventa les bombes sur la fin du dernier siècle, pour les faire servir aux feux d’artifice. Les Hollandois disent qu’un Ingénieur italien en fit des épreuves à Berg-op-Zoom, avant que l’homme de Venlo y eût songé ; que les premières qu’on ait fait servir à la guerre, furent jetées dans Wachtendonck en Gueldres, lorsque le Comte de Mansfeld l’assiégeoit en 1588, qu’on ne s’en est servi en France qu’au siége de la Mothe en 1634, quoique dise Casimir, que les François en jetèrent dans la Rochelle ; que l’Ingénieur qui les jetta, étoit un Anglois nommé Malthus ; qu’au siége de Thorn en Pruse les Plonois se servirent contre les Suédois d’une manière extraordinaire de jeter des pierres sans mortier, qui pesoient plus de 800 livres. Voyez M. Blondel, l’art de jeter des bombes. D’autres disent qu’on s’en servit au siége de Mezières en 1521.

Un caisson de bombes est un fourneau superficiel, un creux où l’on met cinq ou six bombes, qu’on couvre d’un peu de terre, & qu’on fait tirer quand l’ennemi arrive sur ce terrain.

Bombe, se dit d’une bouteille de verre, ronde, & qui n’a qu’un goulot fort court. Une bouteille ou bombe de verre. Barbe.

☞ On dit figurément que la bombe est prête à crever, pour dire, qu’un grand malheur est prêt d’arriver.

☞ BOMBEMENT. s. m. Terme particulièrement affecté à l’architecture, synonyme de convexité, qui signifie l’état d’une chose bombée. Convexitas, arcuatio. Le bombement d’une comode, d’un ouvrage de sculpture.

☞ BOMBER. v. a. Terme d’architecture. Rendre convexe, un trait plus ou moins renflé. Arcuare, in arcum efformare, figurare. On bombe une rue, on bombe un ouvrage d’architecture, de sculpture, de menuiserie, &c.

Bomber, a la même signification au jardinage, & signifie, mettre en dos de bahut, ou dos-d’âne. voyez ces mots. On bombe maintenant toutes les plates-bandes des jardins ; c’est-à-dire, qu’on charge plus le milieu, afin que se trouvant plus élevé, les deux côtés forment le talus.

Bomber. Terme de Bijoutier. C’est proprement emboutir, creuser plus ou moins le fond d’un bijou, d’une tabatière, par exemple.

Bomber, est aussi neutre, & signifie être convexe. Ce parquet, ce morceau de menuiserie bombe.

☞ BOMBÉ, ÉE. part & adj.

Bombé, en architecture, se dit d’un arc un peu élevé au-dessus de sa corde, ou beaucoup moindre que le demi-cercle. Frezier. Lorsqu’au lieu de s’élever, l’arc s’abaisse au-dessous de sa corde, on l’appelle bombé en contre-bas, comme il arrive aux plates-bandes mal faites. Id.

☞ BOMBOM. Bombona. Province de l’Amérique méridionale, dans le Perou, dans le Gouvernement de Lima, au pied des Andes.

BOMERIE. s. f. Terme de Marine. C’est le nom qu’on donne sur les côtes de Normandie à un contrat ou prêt à la grosse aventure, qui est assigné sur la quille du vaisseau. La bomerie diffère de l’assurance, en ce qu’il n’est rien dû en vertu de ce contrat en cas de naufrage, mais seulement quand le navire arrive à bon port.

Ce mot vient de bome, flamand, qui signifie quille du vaisseau ; & bomerie est une quille équipée, ou vaisseau garni. On a ainsi nommé l’argent prêté à gros intérêt, qui monte quelquefois à 25 pour cent, parce que l’argent n’est prêté que sur la quille du vaisseau.

☞ BOMMEL. Bommelia. Ville des Provinces-Unies, dans les Pays-Bas, au Duché de gueldres, autrefois fortifiée, aujourd’hui démantelée.

☞ BOMMERLSWAERD. Petit pays des Provinces-Unies, ou Îles renfermée entre la Meuse & Wahal qui reçoit son nom de la ville de Bommel qui y est située.

BOMONIQUE. s. m. Bomonica. C’est le nom qu’on donnoit à Lacédémone à de jeunes enfans, qui dans le sacrifice de Diane, disputoient à l’envi à qui recevroit le plus de coups de fouet, & qui les souffroient quelquefois pendant tout un jour jusqu’à la mort, ainsi que Plutarque le rapporte dans ses apophthegmes. Souvent leurs meres présentes les voyoient avec joie, & animoient leur constance. Voyez Meursius, Græc. feriat. Lib. II.

Ce mot vient de βώμος, autel, & νίκη, victoire, & signifie victor ad aram, victorieux aux autels, qui a emporté la victoire pendant les sacrifices aux pieds des autels.

☞ BONPOURNICKEL. s. m. Espèce de pain noir, fort compacte, dont on mange beaucoup en Westphalie. Hoffman prétend qu’il est préférable à tout autre pain, & le regarde même comme un excellent remède, dans le cas où les forces naturelles seroient perdues, & la dissipation des esprits, prochaine. Voyez le Dict. de James.

☞ BON, ONNE. adj. C’est encore un de ces mots qui vont à tout, & qui peut s’appliquer à tous les êtres spirituels & corporels, hommes, animaux, minéraux, en un mot à toutes les productions de la nature, & à tout ce qui résulte de l’art. Comme il peut servir d’épithète à tous les substantifs de la langue, il est évident qu’il doit avoir des sens différens, selon la différente nature des substantifs auxquels il se trouve joint. Nous ne ferons que parcourir ces différentes acceptions, & les distinguer par des exemples.

Bon, dans sa signification générale, dit quelque chose de parfait. En parlant de Dieu, il présente l’idée d’une perfection infinie. Dieu est bon. Il n’y a que Dieu seul qui soit bon, dit Jesus-Christ en Saint Mathieu.

☞ En parlant des choses créées, l’on désigne ce qui a les qualités convenables à sa nature. Dieu créa la lumière, & il vit que la lumière étoit bonne. Tout ce que Dieu a créé est bon, parce que tout ce qu’il a créé est comme il doit être, & ce qu’il doit être.

☞ Dans ce sens on le dit des choses mêmes qui sont nuisibles. Ainsi l’on dit de bon Arsenic, de bon Poison ; pour dire, que ces choses ont les qualités qu’elles doivent avoir pour produire leur effet. Ici ce mot désigne simplement l’ensemble des qualités, l’intégrité du tout, l’état de la chose qui a tout ce qu’elle doit avoir.

Bon, sert aussi à exprimer les qualités louables des choses : en ce sens il s’applique aux ouvrages de la nature & de l’art, & aux qualités de l’esprit. Bon vin, bon blé, bon air, bonne terre, bon fruit, bon cheval, bon ouvrage, bonnes qualités.

☞ Dans un sens à-peu-près semblable, il s’applique aux personnes qui réussissent en quelque art, en quelque profession. Bon Capitaine, bon Soldat, bon Cavalier, bon Ouvrier, bon Poëte, bon Grammairien, bon Orateur, bon Prédicateur.

☞ Ici il désigne l’assemblée des qualités, des connoissances nécessaires, pour s’acquitter comme il faut de quelque chose. Cet Ecrivain a une bonne main ; pour dire, qu’il peint bien. Cette chose me vient de bonne main, c’est-à-dire, de bonne part. Cette affaire est en bonne main, c’est-à-dire confiée à un homme capable de la conduire. Ce jeune homme est en bonne main, c’est-à-dire, sous la conduite d’un homme qui saura le contenir, le moriginer.

Bon, dans le sens miséricordieux. Dieu est bon ; il nous pardonnera nos offenses. Populairement, aimer, prier le bon Dieu. Bon Dieu ! Exclamation par laquelle on marque de la surprise.

Bon, appliqué aux personnes, signifie encore, humain, bienfaisant. La plus belle qualité qui ait été jamais donnée à un Prince, est celle de très-bon Prince, qui se voit sur tant de médailles de Trajan, & que le Sénat & le Peuple lui déférerent à l’envi. S. P. Q. R. Optimo Principi.

☞ Quelquefois cette épithète désigne un homme traitable, qui a les mœurs douces & faciles, qui est commode pour le commerce ordinaire de la vie, facilis, commodus. C’est un bon homme, une bonne femme, d’un naturel doux & facile. Il n’est bon que pour soi. Sibi uni commodus.

☞ Cette vertu portée à l’excès n’est pas une trop bonne qualité. On dit d’un homme simple & de peu d’esprit, que c’est un bon homme, qui n’y entend point de finesse. Les personnes excessivement bonnes, qui approuvent tout, sont un peu ennuyeuses en conversation. Ces personnes bonnes, sans esprit & sans savoir, ne sont pas d’un grand usage dans le monde. M. Scud. Il est dangereux d’être trop bon : ceux qui ne se font point appréhender, sont trop exposés à la médisance. S. Evr. On dit proverbialement & familièrement, c’est un bon Prince, en parlant de quelqu’un qui ne prend pas garde de si près à ce qu’on dit & à ce qu’on fait.

☞ On appelle encore familièrement bon homme, bonne femme, bonnes gens, des personnes qui sont déjà dans un âge avancé.

☞ Dans l’acception dont on vient de parler, le mot de bon se joint à quantité de substantifs, pour désigner un homme complaisant, ou d’une humeur agréable. C’est ici qu’on dit un bon vivant, un bon enfant, un bon diable ; un bon compagnon.

☞ Dans le sens de fin & rusé, on dit c’est un bon apôtre : & quelquefois par plaisanterie, ou par injure, c’est un bon coquin, un bon vaurien, une bonne pièce, une bonne ame : & par exclamation, la bonne ame ! La bonne pièce !

Bon, dans la signification de grand, se joint à certains substantifs dont il augmente l’énergie. C’est ainsi qu’on dit une bonne lieue, une bonne heure, un bon coup de poing. Donner un bon soufflet, un bon coup d’épée.

bon, dans la signification d’avantageux, favorable, convenable. Cet événement ne présage rien de bon. Ce contrat est bon pour le mari, avantageux. Le temps est bon pour les voyageurs. Voici le bon moment pour lui parler, favorable. Voilà un bon temps pour planter, pour semer, convenable. Prendre une chose en bonne part, dans un sens favorable. In bonam partem accipere.

Bon, dans le commerce, en parlant d’un Marchand, synonyme de riche & solvable. Vous pouvez confier votre marchandise à cet homme, je vous garantis qu’il est bon.

Bon, en parlant des choses & des personnes, signifie aussi, qui est propre à certain usage. On dit que du vin est bon à boire ; qu’un homme est bon à mille choses, à tout, qu’il n’est bon à rien ; qu’un remède est bon à la fièvre, contre la fièvre ; qu’une chose est bonne à toute sauce.

☞ On dit proverbialement d’un homme qui n’est propre à rien, qu’il n’est bon ni à rotir ni à bouilir.

Ceci s’adresse à vous, esprits du dernier ordre,
Qui n’étant bons à rien, cherchez sur tout à mordre,

La Font.

On dit aussi, à quelque chose malheur est bon, & le même M. de la Fontaine s’est heureusement servi de ce tour dans une de ses fables.

Quand le malheur ne seroit bon
Qu’à mettre le sor à raison,
Toujours seroit-ce à juste cause,
Qu’on le dit bon à quelque chose.

Bon, dans la signification de robuste, sain. C’est dans ce sens qu’on dit qu’un homme a le corps bon, que c’est un bon corps d’homme. On dit aussi d’un malade, qu’il a le cœur bon, qu’il n’a pas perdu toutes ses forces. Un homme qui a bon pied, qui marche bien, qui a bon pied, bon œil, agissant & léger.

☞ Galopper sur le bon pied, en parlant d’un chveal, galopper en levant le pied droit le premier.

☞ Au figuré, mettre une personne sur le bon pied, le réduire à faire ce qu’il doit. Etre sur un bon pied dans le monde, y avoir du crédit, jouir d’une certaine considération.

Bon visage d’hôte, accueil gracieux. Faire bon visage, bon accueil, bonne mine. Recevoir d’une manière honnête & gracieuse. On dit de même, avoir bonne grâce à faire quelque chose, s’en acquitter comme il faut.

☞ En parlant d’une chose qui laisse un goût agréable à la bouche, on dit qu’elle fait bonne bouche. Garder une chose pour la bonne bouche, c’est la réserver pour la dernière comme la plus agréable : & ironiquement on le dit de quelquun qui, après avoir joué plusieurs tours à quelquun, lui en joue un plus sanglant que les autres.

☞ Jouer bon jeu bon argent, c’est-à-dire, sérieusement & avec obligation de payer ce qu’on aura perdu. Un homme de bon compte, qui est fidèle, juste dans ses comptes. Rendre bon compte de sa conduite, faire connoître qu’on a tenu une conduite louable.

☞ A bonnes enseignes, avec une connoissance suffisante de ce qu’on doit faire, ou avec un pouvoir suffisant. Je ne payerai qu’à bonnes enseignes. Je ne veux y aller qu’à bonnes enseignes.

Bon, joint avec les mots de temps, de jour, d’année, &c. prend des significations assez différentes les unes des autres.

Bonne année, signifie année fertile, abondante. Nous aurions eu une bonne année, si la grêle n’eût gâté la moisson.

☞ Souhaiter la bonne année à quelqu’un, en terme de civilité, lui souhaiter une année heureuse. Faustum annum precari. On dit familièrement, bon jour, bon an.

☞ Pour marquer le revenu fixe d’une terre, d’un héritage, &c. on dit, cette terre rapporte tant, bon an, mal an, c’est-à-dire, ’années communes, la bonne compensant la mauvaise, la fort portant la foible.

Bonne aventure. Evénement heureux, soit que la chose vienne impunément, ou qu’elle soit la suite d’une intrigue. Dire la bonne aventure à quelqu’un, c’est prédire, de quelque façon que ce soit, principalement par la chiromancie, ce qui doit lui arriver. Voyez Prédire, Aventure, &c.

bon bord. Courir le bon bord, c’est pirater, piraticam exercere. On le dit aussi des femmes publiques qui fréquentent les mauvais lieux. Ils buvoient, se battoient, juroient, prenoient du tabac, & couroient le bon bord. Conte du tonneau.

Bon Chrétien, se dit de ceux qui s’acquittent bien des devoirs du Christianisme. C’est un bon Chrétien, signifie aussi, c’est un homme simple, ou un homme bon, franc, aisé.

Bon-chrétien, se dit aussi de certaines poires fort grosses, qu’on appelle en latin Pyra panchresta, ou boni christiani. Le bon-chrétien est admirable cuit, quoique sa compote péche en couleur. La Quint.

Bien des gens prétendent que le bon-chrétien ne sauroit réussir en buisson. Il est certain qu’il vient plus beau & plus coloré en espalier. On peut cependant dans les jardins bien exposés élever en buisson des poires de bon-chrétien très-belles, c’est-à-dire, fort grosses, bien faites, avec une peau assez fine, un peu colorée à l’endroit où le soleil donne, & d’un vert propre à jaunir en maturité. La Quint.

Ce mot bon-chrétien, s’est fait par corruption du latin, ou plutôt du grec panchresta, qui signifie, tout-à-fait bon, ou tout-à-fait utile, & composé de πᾶν, tout, & χρηστὸς, bon, utile, de χράομαι, utor.

Il y a le bon-chrétien d’été, & le bon-chrétien d’hiver. Le bon-chrétien d’été est un fruit du mois d’Août. Chomel, Dict. Œconom. dit qu’on l’appelle autrement Graccioli. Le bon-chrétien d’hiver est un fruit cultivé depuis long-temps. L’ancienne Rome l’a connu sous le nom de Crustumium, & de Volemum. C’est encore un des plus beaux fruits qui se voient. Sa figure est longue & pyramidale, sa grosseur est surprenante, de trois ou quatre pouces dans sa largeur, & de cinq à six dans sa hauteur, si bien qu’on en voit fort communément qui pesent plus d’une livre. Il s’en trouve qui en pesent jusqu’à deux. Son coloris naturel est jaune ; il est relevé par un bel incarnat, quand il est dans une belle exposition. Il demeure long-temps sur l’arbre, c’est-à-dire, depuis le mois de Mai jusqu’à la fin d’Octobre, & se conserve ensuite quatre ou cinq mois dans la serre. La poire de bon-chrétien d’hiver est très-bonne cuité, quand on la veut manger un peu avant sa maturité ; & très-excellente crue, quand on lui veut donner le temps d’y parvenir. A la vérité elle n’est pas beurrée, mais elle a la chair cassante, & souvent assez tendre, avec un goût agréable, & une eau douce & sucrée assez abondante, & même un peu parfumée. Son défaut est d’avoir la chair coriace & pierreuse, ou tout au moins peu fine. En Poitou on l’appelle simplement poire de Chrétien. La Quint.

Les poires de bon-chrétien d’hiver en buisson, ou en espalier, ne peuvent que difficilement acquérir sur franc la couleur jaune & incarnate qu’on y souhaite ; il faut de celles-ci sur cognassiers. La Quint. Les buissons de bon-chrétien sur franc font ordinairement leur fruit tavellé, petit, raboteux, &c. Id.

Le bon-chrétien musqué est une des principales poires d’été. La Quint. Il l’appelle ailleurs bon-chrétien d’été musqué. Le bon-chrétien d’été musqué ne vient guère bien que sur franc. La poire est excellente ; elle est bien faite en poire, d’une grosseur raisonnable, & à peu près comme celle des belles Bergamottes : son coloris est blanc d’un côté, & rouge de l’autre ; sa chair est entre cassante & tendre, ayant beaucoup d’eau, accompagnée d’un très-agréable parfum. Il mûrit au mois d’Août. La Quint.

Certains curieux distinguent différentes espèces de bon-chrétien ; le long, le rond, le vert, le doré, le brun, le satiné, celui d’Auche, celui d’Angleterre, celui qui est sans pepin, &c. Mais La Quintinie s’en moque, & dit que tout cela souvent se trouve sur le même arbre, & ne vient que de la différence du fonds, des expositions, des années, de la vigueur ou de la foiblesse de l’arbre ; a qu’au reste la ressemblance non-seulement du bois, des feuilles & des fleurs, qui se trouvent en tous les poiriers de ces sortes de bon-chrétiens, mais sur-tout de la figure de la poire, du temps de sa maturité, de sa chair cassante, & de l’eau sucrée, &c. montrent visiblement que c’est toujours la même espèce. Voyez plusieurs choses curieuses & utiles sur ce fruit dans cet Auteur, T. I, P. III, ch. 1.

Le bon-chrétien d’Espagne est une poire grosse, longue, & bien faite en pyramide, ressemblant tout-à-fait par-là un bon-chrétien d’hiver, d’où lui est venu le nom qu’elle porte ; elle a d’un côté un beau rouge éclatant tout piqué de petits points noirs, & de l’autre côté elle est blanche, jaunâtre : sa chair est cassante : elle a d’ordinaire une eau douce, sucrée, & assez bonne, quand elle est venue dans un bon fonds, & qu’elle est en parfaite maturité ; mais elle a la chair dure, grossière & pierreuse, particulièrement dans les terroirs & les années un peu humides. La Quint.

BONS CORPS. s. m. pl. Milice levée par François II, Duc de Bretagne, dans la guerre qu’il eut en 1468 contre Louis XI. Le Duc en attendant le secours d’Angleterre, fit assembler les forces du pays par l’Amiral de Quenelec, & mit sur pied une nouvelle milice composée de gens du commun les plus robustes que l’on pouvoit trouver, qui fur depuis appelé les Bons corps. La commission de les lever, & de les armer, fut donnée à Rolland de Brefeillac, Maître d’Hôtel, & à Jean de Montbourcher. Lobineau. Il donna ordre qu’on levât parmi les roturiers 10000 hommes effectifs de cette nouvelle milice que l’on appeloit les Bons corps ; gens robustes & de service. Idem.

BONNE-DAME. s. f. Terme de Botanique. Plante que quelques-uns appellent autrement Arrocke & Folette. Atriplex, Blitum. La bonne-dame ne vient que de graines ; on la seme des premières du printemps : elle est des plus promtes à lever, & des plus promtes aussi à monter en graine dès le mois de Juin : on la seme assez claire ; & pour en avoir de belles graines, il est bon d’en replanter quelques pieds à part. La feuille de cette plante est fort bonne en portage & en farce: on s’en sert presque d’abord qu’elle est sortie de terre ; car elle passe fort promptement. La Quint. Chomel.

BONNE DÉESSE. s. f. Terme de Mythologie. Bona Dea. Nom propre d’une Déesse, que les Anciens ont aussi appelée Fauna, & Fatua. Elle avoit été si chaste, que nul homme ne l’avoit jamais vûe, ni su son nom ; aussi les hommes ne pouvoient-ils assister à ses sacrifices, qui ne se faisoient que la nuit, & par les seules femmes. Tibul. L. I, Eleg. VI, v. 22. Juven. Sat. VI, v. 314. Quelques-uns croient que la Bonne Déesse étoit Proserpine, & que c’est pour cela qu’on lui sacrifioit une truie ; parce qu’elle gâte les blés de sa mere Cérès. Les Romains, au rapport de Plutarque, dans la vie de César, la prenoient pour une Nymphe Dryade, femme de Faune. Lactance rapporte, d’après Sext. Clodius, que cette Nymphe ayant bû du vin, contre la coutume des femmes de ce temps-là, Faune son mari la fouetta de verges de myrte jusqu’à la mort ; que dans la suite regrettant son épouse, il la plaça entre les Dieux ; qu’en mémoire de ces faits, la bouteille de vin qui servoit aux libations dans ses sacrifices, étoit enveloppée & couverte, & ne s’appeloit point bouteilles de vin, mais bouteilles de miel ; & que l’on n’admettoit point de myrte dans ces cérémonies. D’autres disent que c’est parce que le myrte est consacré à Venus, & que la Bonne Déesse avoit été très-chaste. Les Vestales étoient les principales de ces Prêtresses. Ce sont elles maintenant qui se rendent propice la Bonne Déesse, par l’effusion de leurs grandes coupes de vin, & par le sacrifice de ce qu’il y a de plus tendre & de plus délicat dans les jeunes truies. P. Tart. Juven. Les secrets qui se pratiquent aux cérémonies de la Bonne Déesse, sont assez connus, quand la flûte incite à danser, & que les Ménades de Priape, transportées hors d’elles-mêmes par le vin & par le bruit du cornet à bouquin, portent leurs cheveux épars, & font ouir des hurlemens. An. de Marolles. Juven.

Les Mythologues prennent la Bonne Déesse pour laterre. Cette Déesse a eu plusieurs noms, & on l’a confondue avec d’autres Divinités : on la trouve nommée Opis, ou Ops, Proserpine, l’ancinnet Vesta, la Grande Mere, la Grande Mere des Dieux, Mere Idéenne, Déesse Phrygienne & Palatine, Mere Bérécynthienne.

Les sacrifices de la Bonne Déesse s’appeloient Mystères, ou Mystères Romais, & se faisoient le 4 Décembre. Voyez Gronovius, Obser. L. IV, c. 9. Il s’y passoit bien des infamies affreuses, comme il paroît par les anciens qui en ont parlé. Lucrece, L. II, v. 598, nous apprend qu’on la dépeignoit en l’air dans un char traîné par des lions, & portant en tête une couronne murale. C’est en effet ainsi qu’elle est représentée sur des médailles de l’Empereur Philippe. Outre les Auteurs cités, Properce, L. IV. Eleg. 10. v. 25 ; Ovide, de Arte, L. III, v. 637, & V. Fast. v. 148 & 153 ; & Joan. Rosin. Antiq. Rom. L. II, C. 19 ; L. III, C. 26, & L. IV, C. 9 ; Struvius, Antiq. Rom. Syntag. p. 122 ; Vossius, de Idol. L. I, C. 12 ; L. II, C. 61, parlent de cette Déesse, ou des sacrifices, &c. Trois inscriptions dans Gruter, p. LXXXI, 11 ; CCXXVII, 1 ; CCXXXVIII, 8', l’appellent Bona Ded. Une autre, p. LXXXII, n. I, lui donne aussi la qualité de Sainte.

B O N Æ D E Æ
S A N C T Æ
S A C R. &c.

BONNE ENTE. s. f. Sorte de poire. Voyez Doyenné. C’est son nom plus ordinaire.

Bonne Espérance. s. f. Terme de Mythologie. Divinité païenne. Bona Spes. Une inscription antique dans Gruter, p. MLXXV, n. 1, porte :

B O N Æ S P E I
A U G. V O T.
P P. T R

Soit que ce fut la même Déesse que l’Espérance, à laquelle ils donnoient quelquefois l’épithète de bonne ; ou plutôt qu’ils distinguassent ces deux Divinités.

BONNE ESPÉRANCE, (le Cap de) est la pointe méridionale de l’Afrique. Il fut découvert en 1498 par Vasquez de Gama, Portugais. On le nomma la Tête d’Afrique, le Cap des tourmentes, le Lion de la mer, parce qu’il est le plus dangereux & le plus long qu’on connoisse. Emmanuel Roi de Portugal, lui donna le nom de Bonne-Espérance, parce qu’après l’avoir doublé, on peut espérer de continuer heureusement sa navigation. Les Hollandois y ont un fort qu’ils appellent le Fort de Bonne-Espérance.

Bon Evénement. Terme de Mythologie. Les Anciens en avoient fait un Dieu, à l’honneur duquel il nous reste encore quelques inscriptions dans Gruter, p. CL, v. 7 & 8. Euphranor avoit fait une statue du Bon Evénement, que Pline décrit, L. XXXIV, C. 8. De la main droite il tenoit une patère, ou coupe, & de la gauche un épi & un pavot. On le voit aussi gravé sur quelques médailles. Varron, De Re Rust. L. I, C. I, met le Bon Evénement au nombre des douze Dieux Consentes, de la campagne, qui passoient pour les conducteurs & les Patrons des laboureurs. Le Bon Evénement est le dernier. On l’invoquoit au commencement des entreprises & des actions plus considérables. Voyez Struvius, Ant. Rom. Syntagma, C. I, p. 149.

Bonne-Fête. Fête solennelle, grande fête. Aller à l’Office les bonnes-fêtes. Il est familier.

Bonne fois. Une bonne fois, c’est-à-dire, sérieusement, absolument, définitivement, à n’y plus revenir. Il lui a dit une bonne fois, c’est-à-dire, définitivement. On dit aussi, une bonne fois pour toutes. Je vous prie une bonne fois pour toutes, ne me parlez plus de cette affaire.

Bonne foi. de bonne foi, en bonne foi, sont des phrases adverbiales qui équivalent à des adverbes affrimatifs ; sincèrement, véritablement, en conscience. Certè, verè, sincerè. De bonne foi le croyez-vous ? En bonne foi lui avez-vous dit cela ? De bonne foi, ou, en bonne foi, je l’ai fait, comme j’ai l’honneur de vous le dire.

Bonne fortune. Evénement heureux où le hasard a beaucoup de part. On le dit de tout ce qui arrive d’avantageux. On peut regarder ce qui vous arrive là comme une bonne fortune.

☞ En matière de galanterie, bonne fortune & faveurs sont des termes synonymes. C’est un hommes à bonnes fortunes. Savoir couper à table & servir ses convives avec dextérité ; mener une intrigue avec adresse ; avoir quelque habileté dans les jeux de commerce & dans la musique ; voilà avec un peu de jargon, ce qui procure tant de bonnes fortunes à nos aimables gens.

Bonne Grâce, se dit de l’agrément d’une personne qui a bonne mine, bonne façon. Corporis venustas, dignitas. Et on dit, se recommander aux bonnes grâces de quelquun ; pour dire, lui demander la continuation de son amitié. Gratia, benevolentia. On dit aussi, vous avez bonne grâce de vous mêler de cette affaire ; tant en parlant sérieusement, qu’ironiquement.

☞ On appelle aussi bonne grâce un lez d’étoffe qu’on attache vers le chevet & les pieds du lit, pour accompagner les grands rideaux.

BONS-FIEUX. Freres Pénitens du Tiers Ordre de Saint François, appelés communément les Bons-Fieux. C’est une Congrégation de cet Ordre qui commença à Armentière, petite ville de Flandre, l’an 1615, par cinq Artisans fort pieux, qui ne pouvant être reçus chez les Capucins, firent une petite Communauté qui subsista ainsi jusqu’en 1626, qu’ayant pris la Règle du Tiers Ordre de Saint François, ils se soumirent au Provincial des Récollets de la Province de Saint André, & au Directeur du Tiers Ordre du Couvent d’Arras. En 1670, ils soumirent leur Congrégation aux Evêques des lieux où leurs maisons étoient situées. En 1679, Louis XIV leur donna la direction de ses hôpitaux de terre & de marine à Dunkerque, à Bergue, & à Ypres. Chaque famille ou maison est gouvernée par un Supérieur, un Vicaire & trois Conseillers. Chaque famille a aussi un Directeur ecclésiastique de la part de l’Evêque, pour y faire la visite. Le peuple a toujours appelé ces Tertiaires Bon-Fieux, ou Bons Fils. Ils suivent la Règle de Leon X, pour le Tiers Ordre de Saint François, excepté qu’ils commencent leur Avent à la Toussaint, au lieu de la S. Martin. Ils ne portent point de linge, & couchent tout habillés sur des paillasses. Voyez le P. Héliot, T. VII, C. 44.

Bon henri. Bonus henricus. Chenopodium folio triangulo, Inst. R. Herb. Sa racine est vivace, grosse, épaisse, chargée de quelques fibres, jaunâtre, amère & âcre au goût. Elle pousse plusieurs feuilles triangulaires, assez semblables à celles des épinars, ou du pied de veau. Elle donne aussi plusieurs tiges hautes d’un pied, en partie droites, en partie couchées sur terre, cannelées, creuses, succulentes, & garnies de feuilles plus petites que celles du bas, également charnues, & pareillement triangulaires, vertes en dessus, & quelquefois couvertes en dessous d’une poussière blanche, & d’un goût nitreux. Ses fleurs naissent en épis à l’extrémité des tiges, comme l’amaranthe : chaque fleur est à cinq étamines soutenues par un calice verdâtre découpé en cinq parties ; le pistil devient une semence noire, taillée en rein, & renfermée dans une enveloppe qui a servi de calice à la fleur. On mange les fleurs de bon henri, de même que celles des épinars ; c’est pourquoi on les a pris pour des épinars sauvages. Il est bien émollient, & par cette raison anodyn : on s’en sert en cataplasme pour soumager les oduleurs de la goutte. Appliqué extérieurement, il est vulnéraire & détersid, préservant les plaies des vers & de la pourriture.

Bon homme, se dit d’un vrai homme de bien, qui ne peut faire de mal. Vir probus, vir frugis ; & d’un homme simple, qui ne songe à aucune malice, qui a peu d’esprit, ou de pénétration, qui n’entend point de finesse, qui croit légérement. Vir simplex. On le dit tout de même d’une femme, ou d’une fille. Que vous êtes bonne  ! est-ce qu’on épouse un homme riche pour l’aimer ? On se marie simplement pour se mettre à son aise. On dit, les soldats pillent le bon homme ; c’est-à-dire le paysan. On appelle un vieillard, un bon homme. Senex. Une vieille femme, une bonne femme. Vetula.

Bons-Hommes. C’est le nom de certains Religieux que le Prince Edmond établit en Angleterre en 1259. Ils portoient un habit bleu, & professoient la règle de S. Augustin. Quelques-uns croient que leur institut étoit celui du bienheureux Jean le Bon, qui vivoit en ce temps-là, & qui les faisoit appeler Bons-Hommes. On appeloit aussi Bons-Hommes les Religieux de l’Ordre de Grandmont. Ils furent établis dans le bois de Vincennes, près de Paris, & les Minimes qui leur succéderent dans cette maison, en prirent le nom de Bons-Hommes. Cependant aujourd’hui on appelle Bons-Hommes les Minimes d’un autre Couvent, que ces Religieux ont à Chaillot au-dessous de Paris ; & ceux de Vincennes ne s’appellent plus guère que les Minimes de Vincennes. Quelques-uns disent que les Minimes en général ont été appelés Bons-Hommes, à cause que le Roi Louis XI appeloit S. François de Paule leur fondateur le bon homme. Voyez l’Hist. de Sablé de Ménage.

Les Hérétiques Albigeois se faisoient aussi appeler Bons-Hommes ; ou du moins des Hérétiques qui étoient dans la Province de Toulouse, lesquelles furent condamnés par un Concile, ou plutôt Sentence arbitrale donnée en l’an 1176, entre les Catholiques & les gens de guerre qui les soutenoient, & qui étoient dans Lombers, ville aujourd’hui détruite, à cause de la rébellion de ses habitans. C’est tout ce qu’en dit Catel, Hist. de Langued. Liv. II, pag. 350. Homines boni. Ces prétendus Bons-Hommes, interrogés par Gaucelin, Evêque de Lodève, l’un des Juges qui avoient été choisis, répondirent qu’ils ne recevoient point la loi de Moyse, ni les autres livres de l’ancien Testament, mais seulement le nouveau ; qu’ils n’exposeroient point leur foi, s’ils n’étoient forcés, mais qu’on ne devoit point y être contraints. Ils refuserent de répondre sur le Baptême des enfans, & sur l’état du mariage. Ils dirent que tout homme de bien, tant clerc que laïque, consacroit le Corps de Notre Seigneur ; qu’il suffisoit aux malades de se confesser à qui ils voudroient ; que la confession seule suffisoit ; que S. Jacques ne parloit que de cela, & nullement de contrition du cœur, ni de satisfaction & d’œuvres de pénitence ; qu’ils ne vouloient pas être meilleurs que cet Apôtre, ni rien ajouter du leur ; qu’on ne doit jamais faire aucun serment ; que si les Evêques & les Prêtres semblables à ceux qui livrerent Jésus-Christ à la mort ; & qu’il ne faut point leur obéir. Tous ces points montrent que c’étoit des Albigeois, c’est-à-dire, des vrais Manichéens. Les Conciles donnerent à ces hérétiques différens noms. Ils les appelerent les hérétiques Toulousains, les Ariens, les nouveaux manichéens de Toulouse, les hérétiques provinciaux, les Bulgares, & en langue gascone, vulgaris. Mais ayant comparu dans le Concile d’Albi en 1176, après y avoir soutenu les dogmes dont parle S. Bernard, & quelques-autres, ils y prirent eux-mêmes le nom de Bons-Hommes, & depuis la sentence que l’on prononça contre eux dans cette assemblée, ils furent nommés Albigeois. P. Benoît. Ils continuerent à donner le nom de Bons-Hommes aux plus parfaits d’entr’eux. Voyez le mot Parfait; Les autres s’appelerent Croyans. Voyez ce mot.

Les Bons-Hommes de Caria. C’est le nom que l’on donne aux Religieux du Tiers Ordre de S. François, établis en 1443 à Caria, bourg du diocèse de Laméga, en Portugal. P. Hélyot, T. VII. C. 36.

Les Bons-Hommes de Villar de Fradez, sont des Chanoines séculiers fondés en Portugal par Jean de Vicenze, célèbre Médecin, & Professeur des Belles-Lettres à Lisbonne. Ils furent mis en possession du Monastère de Saint Sauveur de Villar de Fradez en 1425. Ils prirent les Constitutions de S. Georges in Alga de Venise, & furent approuvés par Martin V, sous le titre de Bons-Hommes de Villar de Fradez. On les appela aussi du nom de leur Monastère, les Bons-Hommes de Villar de Fradez. Isabelles, femme du Roi Alfonse V, leur a bâti un Monastère hors des murs de Lisbonne, sous le titre de Saint Jean l’Evangéliste ; & cette Princesse, qui avoit beaucoup de dévotion à ce saint Apôtre, obtint d’Eugène IV, que cette Congrégation ne s’appelleroit plus à l’avenir du nom de Saint Sauveur de Villar de Fradez, mais de Saint Jean l’Evangéliste. Ils ne font point de vœux en Portugal. Pie V les y a obligés en Italie. Il y a aussi des Chanoinesses de cet Institut.

Bon-Hommes. Ce nom est aussi donné aux Grandmontains, ou Religieux de l’Ordre de Grandmont. P. Hélyot, T. VII. p. 414.

Bon Jour, est une fête solennelle. Dies solemnis. Faire son bon jour, c’est recevoir le S. Sacrement de l’Eucharistie. Sacro Christi corpore refici. Donner le bon jour, c’est faire un compliment à une personne pour lui souhaiter une heureuse journée. Salutem dicere. Et on dit absolument, bonjour ; pour dire, Dieu vous garde. On dit aussi, bon jour & bon an, le premier jour de l’année. Faustum diem & annim apprecari.

Quand on parle de quelque action mauvaise faite en un jour solennel, on dit, bon jour, bonne œuvre.

Bonne-heure. Dans le sens dont nous avons parlé, on dit, il y a une bonne-heure.

☞ On dit adverbialement de bonne-heure, tôt. Venez de bonne-heure. Il est de bonne-heure, par apposition à tard. Vous arrivez à la bonne-heure, à propos.

☞ On dit aussi à la bonne-heure, pour marquer une espèce d’approbation. Cela est fait, à la bonne-heure.

Bonne maison. Famille noble. Clara, illustris domus. Être de bonne maison, être d’une ancienne famille.

Faire bonne maison, en parlant de quelqu’un qui a famille, c’est mettre ses affaires en bon état. On l’a traité en enfant de bonne maison ; pour dire, on l’a bien châtié. On dit, un bon logis, en parlant d’une hôtellerie où on est bien traité.

Bonne de nage. Terme de Marine. On dit qu’une chaloupe est bonne de nage, lorsqu’elle est facile à manier, & qu’elle passe ou avance bien à l’aide des seuls avirons.

Bonne-voglie. Terme emprunté de l’italien, buona voglia, bonne volonté. On prononce comme dans olle, en mouillant les ll. Galérien volontaire ; celui qui se loue volontairement pour ramer sur une gaère, & qu’on appelle communément Marinier de rame. Ramex voluntarius. Il y avoit vingt bonnes-voglies sur cette galère.

☞ On dit adverbialement, de bonne-voglie, faire quelque chose de bonne-voglie ; pour dire, de bonne volonté. Ménage a tort d’écrire bonne vouille.

Bon mot, se dit de quelque trait sententieux, ou plaisant, d’une bonne rencontre. Acutè, ingeniosè dictum. Il y a des gens qui se piquent d’être diseurs de bons mots. M. Pascal dit que le caractère de diseurs de bons mots est un mauvais caractère. Un bon mot, dit un Auteur récent, est un sentiment vivement & finement exprimé sur les choses qui se présentent, ou une repartie prompte & ingénieuse sur ce qui a été dit auparavant. Un bon mot ne doit point rouler sur un jeu de mots, ou sur une équivoque, il faut qu’un bon mot puisse être traduit en toutes sortes de langues sans rien perdre de sa justesse. Bon mot, selon le P. Bouhours, est ce que les Anciens nommoient apophthegme, ce que les Italiens appellent motto, & les Espagnols agudeza : c’est un mot spirituel à quoi on ne s’attendoit pas, & qui renferme d’ordinaire une raillerie fine ; par exemple, une Dame Espagnole se confessant à un Prêtre qui voulut savoir qui elle étoit, & qui lui demanda son nom, elle lui répondit, Padre, mi nombre no es pecado ; c’est-à-dire, mon Pere, mon nom n’est pas un péché. L’auteur du Traité des bons mots, croit que le bon mot est différent de l’apophthegme, parce que l’apophthegme est d’ordinaire grave & instructif, & le propre du bon mot est de réjouir en instruisant, comme ce que dit Vespasien en mourant à ses courtisans, je sens bien que je deviens Dieu.

Et Martial est-il un sot ?
Non, & ses traits ont de quoi plaire ;
Mais il court après un bon mot :
Horace attend tout au contraire
Que le bon mot vienne s’offrir,
Et sans qu’il s’en fasse une affaire,
Il sait l’attirer sans courir. P. du Cerc.

Bon succès. Nom d’un faux Dieu. Voyez Bon événement.

Bon visage, signifie nom seulement un visage sain, mais aussi un accueil favorable, doux, riant, un témoignage qu’on donne à ses amis, qu’ils sont les bienvenus. Vultus hilaris, læta front as placida.

Bon, sert quelquefois d’interjection, tant pour faire une exclamation, Bon Dieu ! Bone Deus ! Donne Vierge ! que pour faire une ironie, en se moquant d’une proposition. Vous me menacez, bon, je ne vous crains pas ; ou pour exciter à poursuivre, bon, courage ; bon, suivez. Euge, fortiter, bellè.

Bon, est quelquefois substantif, & désigne la qualité louable de la personne ou de la chose dont on parle. Cet homme a du bon et du mauvais. Le bon de l’affaire, veut dire l’avantage qu’on y trouve. Le bon du conte, c’est le trait plaisant, le sel qui s’y rencontre. Le bon & le beau sont les objets de nos affections. Dans cet ouvrage il y a du bon & du mauvais. On dit aussi, qu’un homme a du bon, du revenant bon dans une affaire ; pour dire, qu’il y a profité. On dit aussi, qu’une armée a eu du bon ; pour dire, qu’elle a eu la victoire, ou quelque avantage sur ses ennemis. On dit aussi, qu’un homme est en ses bonnes ; pour dire, qu’on l’a trouvé dans une disposition favorable d’accorder une demande. On dit aussi, il la lui a gardé bonne ; pour dire, il a conservé son ressentiment jusqu’à une occasion de se vanger. Et on dit, du bon du cœur ; pour dire, sincèrement & avec affection. Trouver son bon, c’est, trouver un parti plus avantageur que celui qu’on avoit auparavant. On dit aussi, cela ne présage rien de bon ; pour dire, c’est l’avant-coureur de quelque mal. On dit encore, faire bon ; pour dire, répondre de quelque chose, assurer qu’elle est. Vous pourrez demeurer méchant garant de tout le mérite dont vous leur avez fait bon en moi. Comtesse de B.

Le bon est toujours fort aimable ;
Il est l’objet de notre cœur,
Rien au monde n’est si flatteur ;
Sous ce nom tout est désirable.

☞ Quand on dit le bon du Roi, le bon du Ministre, le bon d’un Banquier, &c. on entent l’agrément du Roi, le consentement du Ministre, l’acceptation du Banquier. Voyez ces mots.

Bon s. m. Terme de Jardinage. Nom qu’on donne à deux espèces de pommes assez mauvaises. Il y a le gros bon & le petit bon.

Bon. s. m. C’est, suivant Prosper Alpin, dans son Traité des Plantes d’Egypte, le nom qu’on donne en ce pays-là au fruit du café.

Bon. s. m. Terme de relation. C’est le nom d’une fête que les Japonnois célèbrent tous les ans à l’honneur des morts. Ce jour-là on voit à chaque porte des chandelles allumées, & chacun courir aux tombeaux chargé de plats pleins de mets exquis qu’ils offrent aux morts. Ambass. des Holl. au Jap. 1. pag. 114.

Bon, se dit quelquefois absolument & adverbialement. Boire du bon, on sous-entend, vin. Il fait bon vivre en ce pays-là ; pour dire, on y vit à bon marché. On dit aussi, il fait bon vivre, & ne rien savoir, on apprend toujours. Il fait bon battre glorieux, il ne s’en vante pas. Il fait bon être en la compagnie des honnêtes gens. Tenir bon, c’est se défendre avec courage, disputer avec opiniâtreté. Faire bon, promettre de payer pour soi, ou pour autrui. A quoi bon tant de soins, pour dire, que sert-il ? sentir bon, pour dire, exhaler, ou ressentir une odeur agréable. Couter bon, ou bonne ; pour dire, faire quelque grande perte en acquérant quelque chose peu considérable. On dit aussi, tout de bon, à bon essient ; pour dire, sérieusement, & sans jeu ni fiction. On dit aussi qu’un homme trouve bon quelque chose, lorsqu’il l’approuve, qu’il la goûte bien, tant au propre qu’au figuré. Et on dit absolument, bon bon cela, quand il demeure d’accord. On dit aussi, il y fait bon ; pour dire, l’occasion est favorable. Il fait bon avec ce Seigneur ; pour dire, on fait fortune avec lui. On dit aussi, il y fait bon ; pour dire, il y fait sûr, ou pour dire, le temps, l’occasion est favorable pour faire une telle chose. Il fait bon passer le rivière à ce gué. Il fait bon se fier aux gens d’honneur. Ce drap est d’un bon user. On dit au Palais, comme il avisera bon être, comme bon lui semblera.

Bon, se dit proverbialement en ces phrases. Les bons pâtissent pour les mauvais, quand on fait un mauvais jugement de plusieurs personnes du même genre, quoiqu’il y en ait parmi de fort innocens. On dit, que les bons maîtres font les bons valets ; pour dire, qu’il faut qu’il y ait de la douceur & de l’amitié réciproque entre les maître & les valets. Les bons comptes font les bons amis. A tout bon compte revenir. Recevoir une somme à bon compte. On dit aussi, jouer bon jeu, bon argent ; pour dire, qu’il faut bien payer quand on joue sérieusement. On dit aussi, bonne mine & mauvais jeu ; pour dire, ne pas faire paroître tous les chagrins qu’on a dans l’ame, ou cacher ses méchantes affaires. Contre fortune bon cœur, pour dire, qu’il faut de la constance dans les adversités. On dit aussi, à bon entendeur salut, quand on fait quelque reproche ou réprimande à quelquun en paroles couvertes. On dit, avoir bon pied & bon œil ; pour dire, être alerte, avoir l’esprit présent pour ne se pas laisser surprendre, prendre garde à tout. On dit, bon jour, bonne œuvre ; pour, dire que les méchans prennent l’occasion des bonnes Fêtes pour faire leurs crimes, lorsqu’on s’en défie le moins. On dit, à bon chat, bon rat, de ceux qui se battent avec forces égales. On dit aussi d’un homme doux & simple, que c’est un bon Prince. On dit aussi, mettre quelqu’un sur le bon pied, non-seulement pour établir sa fortune, & le faire paroître avec éclat, mais encore pour le mettre en disposition d’obéir, de ne point contredire. On dit aussi, à quelque chose malheur est bon ; pour dire, qu’un habile homme peut profiter des malheurs qui lui arrivent. On dit aussi à un homme qui fait trop de cérémonie pour se couvrir, couvrez-vous, la chaleur vous est bonne. On dit aussi, qu’un homme n’est bon à rien, n’est bon qu’à noyer, n’est bon ni à rôtir, ni à bouillir, n’est bon à aucune sauce ; pour dire, que c’est un homme inutile, qui n’est propre à quoi que ce soit. On dit aussi, qu’on ne seroit pas bon à jeter aux chiens, si on avoit fait une telle chose ; pour dire, qu’on attireroit l’indignation publique sur soi. On dit aussi, que ce qui est bon à prendre est bon à rendre, de ceux qui s’emparent du bien d’autrui injustément, & par provision. On dit encore, un bon averti en vaut deux ; pour dire, un homme est bien plus fort quand il a pris ses précautions. On dit qu’un valet est allé à la bonne eau, quand il est long-temps à revenir. On dit aussi, qu’un homme ne tirera rien d’un autre par le bon bout ; pour dire, qu’il n’en aura rien que par la force, par la voie de la Justice. On dit aussi, qui bon l’achete, bon le boit ; pour dire, qu’on ne trouve de l’avantage qu’à acheter de bonnes denrées. On dit aussi, tout cela est bel & bon, mais l’argent vaut mieux, à ceux qui apportent des raisons & des excuses pour ne point payer. On dit aussi, qu’un homme est un bon Gaulois ; pour dire, qu’il est à la vieille mode ; qu’il est bon françois ; pou dire, fort affectionné à sa patrie ; &, en bon françois ; pour dire, s’expliquer franchement, & sans rien déguiser. Une bonne suite vaut mieux qu’une mauvaise attente. On disoit autrefois, bon prou vous fasse, je souhaite que cela vous profite.

☞ BONA. Ville maritime d’Afrique, au royaume d’Alger, près des frontières de Tunis.

☞ BONACE. s. f. Ce mot signifie la même chose que calme, tranquillité. On ne le dit guère qu’en parlant de la mer, & désigne l’état où est la mer quand elle est calme, quand elle n’est point agitée. Malacia. Si vous aimez les pleonasmes, vous direz avec les Vocabulistes, état tranquille & calme de la mer quand elle n’est pas agitée. On craint la bonace. En bonace le vaisseau n’avance point.

BONASIEN. On donna le nom de Bonasiens dans le quatrième siècle à des hérétiques, qui soutenoient que J. C. n’étoit fils de Dieu que par adoption. Moréri, après Baronius.

☞ BONASSE. adj. de t. g. Terme du style familier qui désigne un homme simple, sans malice, & communément sans esprit. Il est bonasse : elle est bonasse : tout bonasse.

BONASUS. s. m. Espèce de bœuf sauvage, un peu plus grand que les bœufs ordinaires. Sa tête & son cou sont couverts de grands crins jaunes, plus longs & plus mous que ceux du cheval. Ses cornes sont contournées en dedans, ensorte qu’elles ne lui servent pas de défense ; elles sont d’un beau noir luisant. Le poil de son corps est gris cendré, tirant sur le roux. Sa peau est fort dure & à l’épreuve des coups. Son cri est semblable à celui du bœuf. Il se trouve entre la Pæonie & la Médie. Il habite les lieux montagneux. Sa chair est fort bonne à manger ; ses cornes sont astringentes, sudorifiques, & résistent au venin. ☞ Les anciens Naturalistes rapportent que cet animal, quand il est chassé, ne pouvant écarter les chiens avec ses cornes recourbées, se défend en lâchant sur eux ses excrémens, à la distance de vingt-quatre pieds. Ces excrémens sont une espèce de caustique assez corrosif pour enlever le poil de l’endroit où il tombe sur le corps des chiens.

BONAVOGLIE. Voyez Bonne voglie.

BONBANC. s. m. Sorte de pierre fort blanche, qui se tire des carrières qui sont aux environs de Paris. Le bonbanc se mouline, & ne résiste pas beaucoup au fardeau ; mais il dure assez long-temps lorsqu’il n’est pas exposé à l’air, ni à l’humidité. Celui qui a un lit coquilleux & quelques molières est le meilleur. Il a depuis 15 pouces jusqu’à 24 de hauteur, & on s’en sert aux façades intérieures des bâtimens, & pour faire des rampes & des appuis. On en tire aussi des colonnes.

Bonbon. s. m. Terme enfantin, qui signifie quelque friandise qu’on donne aux enfants. Crustula, cupedia. Voilà du bonbon. Une nourrice, une gouvernante dit à un enfant : soyez sage, & vous aurez du bonbon. Si vous ne criez point, je vous donnerai du bonbon. Comment ? vous êtes friand, vous aimez les bonbons. C’est le mot bon répété deux fois, pour marquer quelque chose de bien bon.

Au pluriel on dit Bonbons.

Soyez sage, & demain,
Lui disoit-on, vous le verrez ; soudain
Il s’apaisoit, une telle promesse
Plus le flattoit que bonbons & caresse.

P. Du Cerc
.

On se sert aussi de ce mot dans le style burlesque ; pour dire, des rafraîchissemens, des confitures.

Après sur le théâtre même,
Notre cœur en liesse extrême,
Ayant pris la colation
De bonbons en profusion. Loret.

Un Poëte la dit aussi en parlant d’un petit chien.

Pour rendre encor mon malheur plus complet,
Il ne fut pas même jusqu’à Cadet
Qui d’aboyer contre moi ne fît rage,
L’ingrat Cadet à qui dans mon manchon
J’avois tant soin de fourrer du bonbon.

BONCON. s. m. Vieux mot. Balle qu’on jetoit avec l’arc. Il y a dans le Roman de la Rose, en parlant d’une montagne.

Si haute que nulle arbalête,
Tant fut fort, ne détraire prête,
Ne treroit ne boncon ne vire.

☞ BONCONVENTO, ou BONCONVENT. Bonus conventus. Petite ville d’Italie, dans la Toscane, près de Sienne, sur une colline.

BONCORE. s. m. Terme de Fleuriste. C’est le nom d’un narcisse, qui produit à l’extrémité de sa tige douze fleurs qui ont les feuilles blanches & épaisses, & au milieu de ces feuilles un godet crêpu & plissé. On lui a donné le nom de Boncore, parce que celui qui l’a trouvé le premier, s’appeloit ainsi.

BOND. s. m. Réflexion, rejaillissement que fait un corps dur en tombant à terre, ou sur un autre corps. Saltus ex soli repercussu. Un balon en tombant fait plusieurs bonds. Le boulet rejaillit sur lui d’un bond qu’il fit. Ils se mirent à rouler des pierres du haut de la montagne, qui faisant plusieurs bonds, en tomboient avec plus de violence. Vaug.

Quelques uns tirent ce mot du grec βόμϐος, βομϐεύειν, resonare, strepere, ce qui est le propre des choses qui bondissent.

Bond, se dit particulièrement au jeu de paume, pour marquer le rejaillissement que fait la balle après avoir frappé le carreau. Attendre, prendre la balle au bond, entre bond & volée. La balle prise au premier bon est bonne : prise au second bond, elle est nulle.

☞ On dit figurément & familièrement, prendre la balle au bond, faire une chose précisément dans le temps où elle est faisable. La prendre entre bond & volée, profiter du moment unique, après lequel elle ne seroit plus faisable. La faire tant de bond que de volée, la faire de façon ou d’autre, de la manière qu’on le peut.

Quand on relève une chose après quelqu’un, on dit que ce n’est que du second bond.

On dit qu’une balle fait un faux bond, lorsqu’en rejaillissant elle s’écarte du lieu où vraisemblablement elle devoit tomber ; lorsque le bond ne se fait point selon la règle ordinaire de l’incidence des corps mûs en ligne droite, ce qui trompe le joueur & lui fait manquer la balle. L’angle de réflexion, quand il n’y a point d’obstacle, est légal à angle d’incidence. Cette balle a fait un faux bond qui m’a trompé.

☞ Dans un sens figuré, on dit familièrement, faire faux ’bond à quelqu’un, manquer à ce qu’on lui devoit, à ce qu’on lui avoit promis.

☞ Faire faux bond à son honneur, manquer à ce qu’on lui doit. Cette fille a fait faux bond à son honneur, a manqué à son honneur.

[[sc|Bond}}, se dit aussi des sauts fréquens que font les chevaux, les agneaux, les chèvres, & autres animaux, par gaïeté, ou par emportement. Saltus. Ce cheval ne va que par sauts & par bonds. On le dit aussi d’un jeune homme qui ne fait que sauter & gambader.

☞ La même chose se dit aussi figurément d’une certaine manière d’écrire fougeuse & impétueuse, d’un discours inégal, plein de faillies. inæqualis.

Sa Muse déréglée en ses vers vagadons,
Ne s’éleve jamais que par sauts & par bonds.

Boil.

Bond. Donner le bond. Terme burlesque ; pour dire, jouer d’un bon tour. Gloss. sur Cl. Marot.

☞ BONDA. s. m. Voyez Bonde.

☞ BONDE. s. f. Grosse planche ou pièce de charpente placée à la chaussée d’un étang, qui se hausse ou se baisse pour lâcher ou retenir les eaux. Objectaculum ligneum, obturamentum. On leve, on hausse la bonde pour lâcher les eaux, on la baisse pour les retenir.

Quand on parle d’un trou fait à un tonneau pour verser du vin dedans, & de la cheville de bois qui sert à boucher ce trou, il faut dire bondon pour l’un & pour l’autre, & non pas bonde.

On dit figurément lâcher la bonde à sa colère, à ses larmes, & à ses passions ; pour dire, les laisser couler, ou agir en pleine liberté. Expression populaire.

Bonde, plus communément Bonda, s. m. Arbre d’une grandeur prodigieuse, qui se trouve au Royaume de Quoya, & qui surpasser en hauteur tous les autres arbres des forêts. Il a plus de six ou sept brasses d’épaisseur, & son écorce est toute hérissée d’épines épaisses. Son bois est huileux, & l’on en fait des canots, des cuillers, des plats & des chaises. On fait d’excellent savon avec ses cendres qu’on passe en lessive, & que l’on mêle avec de vieille huile de dattes. Les planches qu’on tire des racines de cet arbres, qui paroissent cinq ou six pieds au-dessus de terre, servent à faire des portes & autres choses semblables. On en coupe des rameaux qu’on plante dans les