Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/941-950

Fascicules du tome 1
pages 931 à 940

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 941 à 950

pages 951 à 960


BOIE. s. f. Espèce de revêche qui se fabrique par les Sayetiers drappans d’Amiens. Il y en a de trois longueurs : les larges qui ont trois quartiers de large sur vingt aunes & demie de long. Les moyennes qui ont moins de trois quartiers sur la même longueur, & les petites que demi-aune sur vingt aunes de long.

BOÏEN, ENNE. s. m. & f. Prononcez Boyen. Anciens peuples de la Gaule celtique. Boius. M. de Marca, dans son Hist. de Bearn, les appelle aussi Boiates. On trouve dans César des Vocates, ou Voïates parmi les peuples de l’Aquitaine, ou Gascogne. Les Boïens occupoient le pays de Buchs, où est le bourg appelé vulgairement Tête de Buchs. Ce bourg de Buchs étoit anciennement l’une des douze cités d ela Novempopulanie, appelée dans les Notices la cité des Boïates, autrement Boïens. De Marca. Cordemoy suit ce sentiment, Tom. I, p. 9. Voyez encore le Marca Hispan. L. I, c. 14, §. 3. Scaliger & vinet estiment que les Boïens avoient leur étendue depuis le pays de Buchs jusqu’à Baïonne, & que cette ville étoit leur cité, mais le pays de la cité d’Acqs s’oppose à cette conjecture ; car une partie de ce pays est située entre Baïonne & le pays de Buchs. De Marca. D’autres prétendent que les Boïens habitoient la contrée que l’on appelle à présent Médoc. C’est le sentiment qu’ont embrassé Maty & M. Corneille. Quoiqu’il en soit, une partie de ces Boiens se joignit à Segovèse, passa le Rhin sous sa conduite, & s’établit, partie en Bohème, comme nous avons dit au mot Bohème, chassé à leur tour par les Marcomans, se retirerent en Bavière. Ceux d’Italie, au commencement du gouvernement de César, se joignirent aux Helvétiens, c’est-à-dire, aux Suisses, pour entrer en Gaule. César les défit, & obligea les Helvétiens de retourner chez eux. Pour les Boiens, les Héduens demanderent au Général Romain, qu’il leur permît de se mettre dans leur voisinage ; il y consentit, & leur assigna une partie du Bourbonnois d’aujourd’hui, & la partie de l’Auvergne qui est entre la Loire & l’Allier. V. César, Comment. Liv. I, c. 28, & M. de Valois dans sa Notice des Gaules, au mot Boii, & p. 326, où il dit qu’on les nomme encore aujourd’hui Buics, & leur pays le pays de Buchs. De Vigenere a dit Boies au lieu de Boiens. Favin croit au contraire que ce sont les Bourbonnois qui ont peuplé le pays de Buchs, ou Baïonne, Hist. de Nav. p. 63, mais sans fondement.

BOJITES. s. m. pl. Bojitæ, Nom d’une famille Persanne, sortie de Bojas, que l’on disoit descendre de Darius Histaspides, & des anciens Rois de Perse. Les Bojites ont délivré leur patrie de la domination des Calipes. Alis, fils de Bojas, fut le premier Bojite qui monta sur le trône vers l’année 928 de J. C. Melecva fut le dernier Bojite qui occupa le trône. Les Selgiucides, turcs d’origine, leur succederent en 1055. Ainsi la domination des Bojites dura 127 ans. Voyez Horn. Orb. Imp. Joachim Feller, dans ses Notes sur Hornius, dit que les Bojites s’appellent aussi Pujans, Pujani.

☞ BOINITZ. Ville de la haute Hongrie, au Comté de Zoll, assez près de Privitz.

BOJOBI. s. m. C’est un serpent du Brésil, que les Portugais appellent Cobre verde. Il est long d’environ une aune, & gros comme le pouce, de couleur porracée, luisante. Sa gueule est grande & sa langue noire. Sa morsure est très-venimeuse. Les remèdes dont les Médecins Indiens se servent le plus contre sa morsure, est de faire avaler au malade, dans de l’eau, de la racine pilée d’une herbe qu’ils appellent Coapia. Dict. De James.

BOIRE. v. act. Avaler quelque liquer pour étancher sa soif, pour se rafraîchir, pour se purger, ou pour le simple plaisir. Bibere. Ainsi on dit, boire à sa soif ; ne boire que quand on en a effectivement besoin. Boire frais, boire à la glace, boire pour se raffraîchir. Boire, avaler une médecine. Boire à l’allemande. Boire à tire larigot. Voyez Larigot. Boire d’autant. Boire copieusement. Boire tout pur. Boire comme un trou. Boire à longs traits, des rasades, des rouges bords ; pour dire, boire en débauché, & pour s’enivrer. Il y a des animaux qui sont long-temps sans boire, comme le chameau. L’Auteur de l’Histoire des Antilles, assure que les cochons des Caraïbes boivent peu, ou point du tout ; que les chèvres ne boivent qu’une fois la semaine ; les civette qu’une fois le mois; & que les vaches sont six mois sans boire. Montague dit dans ses Essais, Liv. III, ch. 13, qu’un Gentilhomme de sa connoissance avoit fait le trajet de Madrid à Lisbonne en été, sans boire. Les Chinois tiennent pour un grand régal de boire chaud : & leur boisson qui est le thé, & le vin de ris, est toujours sur le feu dans quelque vaisseau proche la table.

On dit absolument dans ce sens, qu’un homme est sujet à boire, ou qu’il boit ; pour dire, qu’il est sujet à s’enivrer : & qu’il boit bien, pour dire, qu’il porte bien son vin : qu’il boit sec, qu’il boit jusqu’à la dernière goutte. Charlemagne, Liv. III, ch. 33 de ses Ordonn. fait défense aux soldats de boire les uns aux autres, à cause des querelles qui naissent de la débauche. Boire à la santé, est une cérémonie de buveur, qui se fait en saluant quelqu’un, lorsqu’on veut boire pour lui faire honneur : & porter une santé, inviter un autre d’en faire autant. Propinare alicui. On trouve dans une gazette : les santés de leurs Majestés furent bues & répondues. Boire à la ronde, c’est boire la santé de toute la compagnie l’un après l’autre. Boire les inclinations, c’est recommencer à boire les santés des mêmes personnes. Crier le Roi boit, cérémonie qui est en usage dans toute l’Europe, ☞ cri de réjouissance parmi ceux qui mangent ensemble le jour des Rois, après avoir fait un Roi d ela fève. On crie le Roi boit, la Reine boit, toutes les fois que le Roi ou la Reine de la fève boivent.

Boire ensemble, est aussi un témoignage d’amitié, qui se fait en se donnant l’un à l’autre quelque repas. Compotare. Il l’est aussi de réconciliation : car quand on veut raccommoder des gens brouillés, on dit qu’on les fera boire ensemble. Dès le dixième siècle boire ensemble, étoit en Bretagne une clause des contrats & des traités entre particuliers. Lobineau.

Boire le vin du marché, est aussi une coutume pratiquée parmi le peuple, & sur-tout à la campagne, de ne faire aucun marché sans aller boire ensuite en signe de bonne foi & de réjouissance : & on dit aussi des petits présens qu’on donne aux valets & aux artisans qui ont rendu quelque service, que c’est pour boire, pour se réjouir. Boire bouteille, ou vider bouteille. Voyez Bouteille.

Boire à la régalade ou au galet, c’est verser une liqueur dans la bouche, la tête étant renversée. voyez M. Petit, Mem de l’Acad. des Sc. 1715. Les Indiens boivent à la régalade.

On dit aussi, principalement en Poësie, ceux qui boivent le Gange, le Thermodon ; pour dire, les peuples qui habitent sur les rives de ces fleuves.

On dit de même, que la terre boit, que le papier boit ; & de toutes les autres matières seches & spongieuses, qu’elles boivent, quand elles sont pénétrées de quelque liqueur. Anacréon dit plaisamment, dans sa dix-neuvième ode, la terre boit, les plantes boivent la terre, c’est-à-dire, la suçent, la mer boit l’air, le Soleil boit la mer, la lune boit le soleil ; pourquoi, compagnons, voulez-vous dont m’empêcher de boire ? On dit en Chimie, que les alcalis boivent les acides ; pour dire, qu’ils s’en imbibent, & qu’ils entrent l’un dans l’autre pour faire un corps nouveau.

Boire le calice, se dit aussi figurément, pour dire, souffrir avec patience quelque infortune qu’on ne peut éviter ; faire quelque chose par une force majeure. Haurire calicem. En ce même sens on dit, boire un affront, une injure. Il fallut boire la raillerie, de peur de l’accroître en la défendant. Ablanc. Malheureux que je suis, faut-il que je boive cet affront ? Mol. Le supporter, sans marquer de ressentiment.

☞ On dit poëtiquement, boire le nectar, être assis à la table des Dieux. Boire le Styx, le Cocyte, être mort. Ce verbe est aussi employé dans un sens moral, mais en poësie seulement.

O toi, qui libre enfin d’une pénible course,
Possède du vrai bien l’inépuisable source,

Qui dans un saint repos à jamais établi
Des peines d’ici bas bois l’éternel oubli.

Tout cela veut dire : toi qui est maintenant au ciel, où l’on jouit d’une parfaite félicité.

☞ On appelle chansons à boire, des chansons faites pour être chantées à table, & dans lesquelles on fait l’éloge du vin. Du vin prompt à boire, est du vin qu’on boit dans la primeur, & qui n’est pas de garde. Vinum fugax.

On dit en termes de Lingerie & de Couture, faire boire une étoffe, du linge, du passement ; pour dire, le coudre lâche, & un peu plissé.

On dit au manége, boire la bride, quand le mords remonte trop haut, & se déplace de dessus les barres où se fait l’appui. ☞ Boire dans son blanc, se dit d’un cheval bay, alzan, & qui a le nez tout blanc.

Faire boire, est aussi un terme de Tanneau, qui signifie, faire tremper. Faire boire une peau vingt-quatre heures dans la rivière.

On dit en termes des Eaux & Forêts, qu’une mare, un fossé, ou une chantepleure boit en rivière, quand elle a quelque communication avec elle : ce qui est défendu par l’Ordonnance.

Boire, se dit proverbialement en ces phrases. On ne sauroit si peu boire, qu’on ne s’en sente ; pour dire, que ceux qui boivent un peu trop, disent ou font ordinairement quelque sottise. On dit, à petit manger bien boire ; pour dire, qu’on se récompense sur le vin, quand on n’a pas beaucoup de mets. On dit, qu’on commence matines par tousser, & souper par boire. On dit, qui fait la folie la boit ; pour dire, que chacun doit porter la peine de sa faute. On dit encore, on ne sauroit faire boire un âne s’il n’a soif ; pour dire, qu’on ne peut pas obliger un homme à faire une chose malgré lui. On dit encore, puisqu’il est tiré, il le faut boire ; pour dire, qu’il faut poursuivre les affaires où l’on est engagé. On dit, qu’un homme a bien gagné à boire, tant sérieusement qu’ironiquement, quand il a fait quelque action utile, ou dommageable. On dit aussi, boire en âne, lorsqu’on laisse une partie du vin dans le verre. On dit encore, boire le petit doigt, le petit coup gaillard ; pour dire, faire une petite débauche entre honnêtes gens. On dit, boire comme un Templier, comme un trou ; ou boire en chantre & en sonneur ; pour dire, boire par excès. On dit aussi en voyant un homme ivre, il a plus bu que je ne lui en ai versé. On dit encore, qui bon l’achète, bon le boit ; ☞ ce qui signifie figurément, il ne faut point plaindre l’argent à de bonne marchandise. Boire à deux mains, comme un homme qui vend sa terre.

On dit proverbialement, après grâces Dieu bu, ce qu’on croit venir d’une Indulgence qui fut donnée aux Allemands qui boiroient un coup après avoir dit grâces, pour les obliger par ce moyen à les dire. On dit aussi, il a toute honte bue, il a passé par devant l’huis du Pâtissier, en parlant d’un homme sans honneur, qui se moque de tous les reproches qu’on peut lui faire. Ce proverbe vient de ce que les Pâtissiers tenoient autrefois cabaret sur le derrière de leur logis, où ceux qui avoient quelque pudeur entroient par une porte secrette ; & quand un débauché y entroit par la boutique, ou par le devant, on disoit qu’il avoit toute honte bue.

Boire, est aussi s. m. & signifie boisson, ce qui sert de boisson. Potus. Apprêter le boire & le manger de quelqu’un. On dit d’un homme extraordinairement appliqué à quelque chose, qu’il en perd, qu’il en quitte le boire & le manger.

☞ BU, UE. part. Les Vocabulistes vous apprendront qu’on ne dit pas du bu vin, mais du vin bu.

BOIRIN. s. m. Terme de Marine. C’est le nom qu’on donne sur mer au cordage qui tient la bouée.

BOIS. s. m. ☞ Ce terme se prend en deux sens dans la langue françoise. Il signifie quelquefois la partie ligneuse des arbres, ou la partie dure qui forme le corps des arbres, & qui prend son accroissement du suc de la terre. Lignum. Dans ce sens on peut considérer le bois comme un corps organisé. Voyez Arbre, Aubier, Branche, Bourgeon, Racine, &c. M. Grew, dans son Anatomie des Plantes, a découvert que la partie qu’on appelle proprement le bois dans un végétable, n’est autre chose qu’une infinité de canaux fort petits, ou des fibres creuses, dont les unes s’élèvent en haut, & se rangent en forme de cercle parfait ; & les autres, qu’il appelle insertions, vont de la circonférence au centre. Elles se croisent mutuellement, comme les lignes de longitude & de latitude sur un globe, ou les fils des tisserans étendus en long & en large, entrelacés ensemble.

☞ On peut aussi considérer le bois comme matière ; & sous ce point de vue, on le distingue en plusieurs sortes relativement à sa nature, à ses qualités, à ses usages, à ses façons, &c.

Le bois, considéré selon ses diverses qualités utiles, curieuses & médicinales, est premièrement le bois de charpente ou à bâtir, tels que sont le chêne, châtaignier, le sapin qu’on scie & qu’on équarrit, &c. qui sert à bâtir les maisons, à faire les planchers & les toits des moulins, des machines, &c. Materies, materia.

Les bois estimés par curiosité, sont les bois de citron, de cèdre, d’ébène, de calemba ou calembouc, de buis, &c. à cause de leur odeur & de leur dureté, & parce qu’ils reçoivent un beau poli, dont on fait des tables, des buffets, des chapelets, des peignes.

Les bois de teintures sont des bois d’Inde, bois de Brésil, bois de Campêche, bois jaune, &c.

Les bois médicinaux sont le Gaïac, que les Espagnols appellent ligno sancto, l’aloès ou Agallocum, le bois d’aigle, ou pao d’aquila, & d’autres qui seront expliqués à leur ordre.

Bois, en termes de forêts, considéré suivant son état, s’appelle bois en étant, lorsqu’il est de bout sur ses pieds, vivant & prenant son accroissement sur la terre. Arbor nixa stirpibus. Cette expression vient de ce que ce mot étant étoit autrefois un substantif ; & on disoit qu’un homme étoit en son étant ; pour dire, qu’il étoit de bout sur ses pieds ; comme on dit encore, qu’il est en son séant ; pour dire, qu’il est à demi-couché.

Bois vif, est celui qui prend nourriture, ou qui porte du fruit, qui pousse des branches & des feuilles. Lignum vivens. Caron, dans son Traité des bois, oppose bois vif à celui qu’on appelle mort bois : l’un & l’autre prennent nourriture, & portent des feuilles : la différence se prend de l’espèce des arbres ; le bois vif, ce sont les arbres propres à faire de l’ouvrage, comme chêne, hêtre, châtaignier, & autres qui ne sont point compris dans les morts-bois. Lignum fabrile.

Bois d’entrée, est celui qui est entre vert & sec, dont les arbres ont les houppiers ou quelques branches séches, & d’autres vertes, Arbor aliquâ suî parte arida. La coupe en est défendue aux usagers.

Bois gisant. Celui qui est coupé ou abattu & couché sur terre. Arbor jacens humi.

Bois mort. Celui qui est séché sur pied, qui n’a plus de séve. Lignum aridum. La Coutume de Nivernois dit, art. 12, ch. 17, bois mort, est bois chu, abattu ou sec, qui ne peut servir qu’à brûler.

Mort-bois, sont des arbrisseaux de peu de valeur, expliqués & désignés dans la Charte Normande, accordée par Louis X en 1313. Arbor caduci roboris. Il y en a neuf espèces, saux, marsaux, épines, puines, aunes, le seur ou sureau, gênet, geniévre, & ronces. Dans l’Ordonnance de François I; sur le fait des Chasses, Art. 55, le Roi déclare que pour ôter toute difficulté sur ce qu’on doit appeler bois mort & mort bois, il veut qu’on suive l’interprétation & la restriction qui est contenue en la Chartre aux Normands du Roi Louis X, les Ordonnances postérieures y sont conformes. Ce mot s’est dit, selon quelques-uns, par corruption pour mau-bois, ou mauvais bois, qui ont voulu y comprendre tout le bois en étant, qui n’avoit ni fruit, ni graine, comme on voit dans la Coutume de Nivernois. Cependant il y a bien d’autres arbres qui ont vie, & qui ne portent point de fruit, qui ne sont pas renfermés dans le petit nombre d’espèces que l’Ordonna ce met sous ce nom de mort-bis, qui n’est en usage que suivant les restrictions qui y sont comprises. Le mort-bois n’est point sujet au tiers & danger. Coquille dit que le mort-bois est bois vert sur pied non portant fruit.

Bois-blanc, est le peuplier, le bouleau, le tremble, & autre bois léger & peu solide. Il n’y doit avoir que le tiers au plus de bois blanc dans la voie de bois de corde ou à brûler, suivant l’Ordonnance.

Bois en grume, est tout le bois qu’on amene sans être équarri, qui est avec son écorce, & tel qu’il est sur pied, comme sont les pilotis & plusieurs bois de charronnage & d’ouvrages. Lignum scabrum, asperum. Il y a des règles pour réduire le bois en grume au carré, c’est-à-dire, pour savoir combien un arbre sur pied de tant de pourtour donnera de pied de bois équarri.

Bois chablis, sont des bois abattus ou rompus par les vents, soit par le pied, soit ailleurs, au corps, ou aux branches, ou déracinés. Arbor dèjecta violentiâ tempestatis. On l’appelle aussi chable, ou bois versé. Tous les arbres de condamnation pour forfaiture ou délit y sont aussi compris.

Bois encroué, est un arbre sur lequel un autre arbre qu’on abat, est tombé de façon que leurs branches sont engagées les unes dans les autres. Ruinosa arbor arboris pripinquæ ramis implicita. L’Ordonnance défend d’abattre les bois sur lesquels d’autres sont encroués.

Bois de délit, signifie bois volé, qu’on prend en commettant un délit. Il y a confiscation des chevaux, bourriques, &c. qui se trouvent chargés de bois de délit. Lignum furto ablatum.

Bois de remontage. Ce sont des bois qui peuvent être propres à remonter les pièces de canon, & à construire des affûts, avant-trains, charriots, &c.

Bois en recepage, est un bois incendié, ou gâté par délit, ou de jeunes taillis abroutis excessivement par les bestiaux, ou par de fortes gelées, de sorte que le restant des bois ne profitant plus qu’en rabougriffant, l’on est obliger de le réceper par le pied, pour en faire revenir d’autres d’une plus belle venue. Sylvia incendio, belluarum morsu, frigoris asperitate vitiata. Caron.

Le bois considéré selon ses défauts, est premièrement le bois roulé : c’est du bois que les vents ont abattu pendant qu’il étoit en séve ; ensorte que les crûes de chaque année n’ont point fait corps ensemble, mais sont demeurées de leur épaisseur sans aucune liaison. Ce bois ne peut être débité ni en fente, ni en autre marchandise. Il n’est bon tout au plus que pour les petits ouvrages.

Bois tranché, est celui qui a le fil de travers, qui au lieu de suivre le long de l’arbre, le traverse d’un côté à l’autre de l’écorce. Obliquis fibris arbor. Il ne peut être employé à la fente, & il se casse aisément.

bois charmés, sont des bois auxquels on a fait quelque chose pour les faire mourir ou tomber. Lignum fascinatum.

Bois arfins, sont des bois où a été le feu, soit qu’on l’y ait mis par malice, soit qu’il y ait pris par accident. Lignum exustum.

On appelle loupe de bois, des bosses ou gros nœuds qui s’élèvent sur l’écorce. Nodosum.

Bois rabougris, ou abougris, broutés, ou avortés, sont les bois tortus & mal faits qui ne croissent qu’à la manière des pommiers, qui ne sont pas de belle venue, & qui doivent être récépés. Arbor non adept iustam magnitudinem.

Bois rustique & noailleux, est celui qui a crû sur le gravier, & est exposé au soleil du midi, qui ne se peut fendre, si ce n’est un peu vers le tronc. arbor nodosa, retorrida, arefacta. On le dit aussi des racines d’olivier, de noyer, & d’autres bois veinés, qui servent aux Ebénistes pour des ouvrages de placage. On l’appelle aussi bois madré. Lignum undatimcrispatum, & vermiculatum.

Bois mouliné, ou bois carrié, est du bois corrompu, pourri, & où il y a des vers & des malandres. Lignum cariosum, putridum.

Bois bombé, est celui qui est naturellement un peu croubé, & qu’on pose sur son fort, quand on met par-dessus sa partie la plus élevée, & qui fait la bosse. Curvatum, incurvum.

Bois gelif. C’est un bois qui a des fentes qui lui sont venues par la gelée. Les vaisseaux bordés de bordages de bois gélif sont fort sujets à faire eau. Rimosum.

Bois combugé. C’est un bois qui est imbibé & pénétré d’eau.

Bois déversé ou gauche, est celui qui n’est pas droit par rapport à ses angles & à ses côtés.

☞ Le BOIS se considère aussi selon sa taille & ses façons.

Bois d’émail, c’est du bois qui est fendu & scié du centre à la circonférence.

Bois d’écarrissage, ou Bois carré, est tout le bois équarri destiné à bêtir, qui est au-dessus de six pouces ; & selon qu’il est débité, chaque grosseur porte son nom particulier. Ligna in quadratum decisa.

Bois flâcheux, est celui qui n’est pas bien équarri, & à vive arête. Lignum decisum infabrè. Bois meplat, celui qui est beaucoup plus large qu’épais, comme les membrures de la menuiseries. Ligna lata magis quàm profunda. Bois lavé, dont avec les besaiguë on a ôté tous les traits que la scie y avoit laissés. Lignum politum. Bois déversé, ou gauche, celui qui n’est pas droit par rapport à ses angles & à ses côtés. Depravatum, contortum. Et bois de refend, celui dont on fait du merrein, des lates, des échalats ; il est appelé ainsi, à cause qu’il se refend par éclats. Fissile. On appelle bois d’échantillon, des pièces de bois de certaines longueurs & grosseurs ordinaires, telles qu’on les trouve dans les chantiers des Marchands. In tigna variæ magnitudinis decisum. Et bois apparent, celui qu’on ne couvre point de plâtre après qu’on la mis en œuvre dans les planchers, cloisons, &c.

On appelle aussi bois qui se tourmente, le bois qui n’étant pas sec quand on l’emploie, ne manque jamais de se déjetter ; & on appelle bois sain & net, celui qui n’a ni gales, ni fistules, ni nœuds vicieux.

Un Cent de vois chez les Charpentiers, c’est cent fois 72 pouces de bois en longueurs. Un pièce de bois, c’est 12 pieds de long sur six pouces d’épaisseur & de largeur ; desorte qu’une seule poutre est souvent comptée pour quinze ou vingt pièces de bois. Tout le bois de charpente se réduit à cette mesure, soit pour la vente, soit pour la voiture, soit pour le toisé des ouvrages. Il est taillé en longueur depuis six jusqu’à trente pieds, en augmentant les pièces toujours de trois pieds en trois pieds. Celles de menuiserie ne vont guère qu’à quinze pieds avec la même gradation. Ainsi on dit en ce sens, qu’un navire de 1100 tonneaux, comme le Victorieux qui a 120 pieds de bois, réduits, selon l’usage de Paris, à sa mâture de 4000, qui font bien 1800 charretées de bois, tant que deux chevaux en peuvent tirer, sans les affûts de canon & les pièces de rechange. Le Caron, Arpenteur, a fait deux petits volumes de la qualité & du toisé des bois, fort utiles pour les Marchands ou Bourgeois qui veulent acheter du bois à bâtir. Des expériences que M. Perraut rapporte pour faire voir le passage des différens sucs dans les plantes, il en tire un précepte pour les Charpentiers, qui est de mettre les poteaux, & les autres pièces de bois, qui doivent être debout, en une situation contraire à celle que les arbres ont naturellement, afin que l’eau qui peut tomber sur les ouvrages découverts, ne pénètre pas avec tant de facilité dans les pores du bois.

Bois de charronnage, est celui qui sert à faire des roues de charriots & charrettes, comme l’orme & le chêner. Lignum curribus, carris, ac plaustris fabricandis aptum.

Bois de sciage, est le bois coupé en planches & en solives, qui sert pour les menuiseries : comme aussi tout le bois carré, dont l’épaisseur est moindre de six pouces, s’appelle bois de sciage. In asseres ac tigna decisum.

Bois d’ouvrage est celui qu’on travaille dans les forêts, dont on fait des sabots, des pelles, des seaux, des lattes, des cercles, des éclises, &c. Fabrile.

On appelle aussi en général du bois ouvré, ou non ouvré, celui qui est façonné par les mains des ouvriers, ou celui qui est en état l’être.

Bois merrein, c’est du bois fendu en petits ais, dont on fait les douves des tonneaux, des cuves. In assercules decisum. On l’appelle aussi bois à baril, bois d’enfonçures, bois à douvin, bois à pipes. Les Menuisiers en font aussi des panneaux ; mais il ne sert point à bâtir, quoiqu’abusivement, quelques-uns l’étendent à tout le bois de charpente, & plusieurs aux perches, échalats, &c. Le mot de merrain vient de materiamen, qu’on disoit dans la basse latinité pour materia ; de materiamen on a fait martein, merrain, marrien. De Laurière.

Les Menuisiers appellent aussi du bois refait, du bois équarri & dressé sur toutes ses faces. Ils appellent corryer le bois, quand ils lui donnent cette façon. Ils disent aussi que les bois sont bien poussés & bien rabotés, quand ils sont bien unis.

Les Charpentiers appellent aussi bois affoiblis, les bois qu’on a taillés en ceintre, qu’on a rendus courbes. Les bois affoiblis exprès sont toisés de la grandeur de leur bossage, & les courbes de la grandeur de leur plein cintre ; c’est-à-dire, qu’il faut comprendre le plus grand vide de la courbe avec sa longueur. Il disent aussi encliner le bois avec une régle ; pour dire, mettre les pièces sur une même ligne. On dit mettre les pièces de bois en leur raison, quand, en mettant en chantier les pièces de bois qui doivent servir à un bâtiment, on met chaque morceau en sa place. On dit encore, piquer les bois suivant le devers qui s’y trouve ; ce qui se fait avec le plomb percé en triangle.

Bois à brûler, est celui qu’on destine à faire du feu, qui se divise en plusieurs espèces.

Bois flotté, est celui qu’on amène en trains, & lié avec des perches & des rouettes sur des rivières. Lignum fluctibus jactatum.

Bois perdu, est celui qu’on jette dans les petites rivières qui n’ont pas assez d’eau pour porter des trains ni des bateaux, & qu’on va recueillir & mettre en trains aux lieux où elles commencent à porter. Il est permis aux Marchands de jeter leurs vois à bois perdu, en avertissant les Seigneurs dix jours auparavant, comme aussi de faire des canaux, & de prendre les eaux des étangs pour faire flotter leurs bois en les dédommageant.

Bois volans, sont les bois qui viennent par le flot droit au port où on les recueille.

Bois échappés, ceux qui par les inondations s’échappent dans les prés & dans les terres.

Bois canards, ceux qui demeurent au fond de l’eau, ou qui s’arrêtent sur les bords des ruisseaux où l’on a jeté un flot de bois à bois perdu. Les Marchands ont quarante jours après que le flot est passé pour faire pêcher leurs bois canards sans rien payer.

Bois neuf, est le bois qui vient dans les bateaux sans tremper dans l’eau. Lignum navibus advectum.

Bois pelard, est du bois menu & rond, dont on a ôté l’écorce pour faire du tan.

Bois de moule, ou de quartier, est du bois qui est mesuré. Il doit avoir au moins dix-huit pouces de grosseur. Caudex annullarius. Les Marchands Ventiers doivent fournir aux Bûcherons des chaînes & mesures de ces longueurs.

Bois de corde, est du bois fait ordinairement de branchage, ou de taillis. Lignum ex consuetâ sylvæ cæsura proveniens. On l’appelle ainsi quand il est au-dessous de 17 pouces de grosseur. Il doit être au moins de six, & se vend à la membrure, qui a quatre pieds de haut sur quatre pieds de large. Il est ainsi appelé, à cause qu’on le mesuroit autresfois à Paris avec des cordes. Tout bois à brûler en général doit avoir trois pieds & demi de long compris la taille. La corde de boies vaut deux voies de Paris. La mesure de la corde de bois, selon l’Ordonnance, est de huit pieds de long & quatre de haut. Du bois en chantier, c’est du bois en pile & en magasin.

Bois de compte, est celui dont les 60 bûches au plus se trouveront remplir les trois anneaux qui composent le voie de bois par les Ordonnances de la Ville ; & ceux qui sont au-dessous de dix-huit pouces de grosseur, doivent être rejetés & renvoyés parmi le bois de corde. Lignorum strues ex stipitibus ac truncis constata.

Bois déchiré, c’est le bois qui revient de quelque ouvrage qu’on met en pièces ; par exemple, un vieux bateau qu’on déchire, c’est-à-dire, qu’on défait.

Mouleur de bois, est un Officier de Ville établi sur les ports pour faire mesurer le bois dans les moules ou membrures. Lignorum mensor.

On appelle à Paris bois de gravier, un bois demi-flotté, qui vient du Nivernois & de Bourgogne dans des endroits pierreux.

On appelle du bois d’Andelle, un bois de deux pieds & demi qui vient par bateaux par la rivière d’Andelle. Il est ordinairement de hêtre.

Bois de brin, est un morceau de bois de belle venue, droit & long, qui n’est point scié, si ce n’est pour l’équarissage, & qui est de toutes le grosseur de l’arbre. Lignariæ fabricæ materiæ. Il est excellent pour faire des planchers.

Bois, est aussi un nom collectif, qui signifie les arbres qui sont plantés fort épais & en grand nombre, soit dans un jardin, soit dans la campagne. Nemus. Un bois épais. Un bois dégradé.

Bois de haute futaie. Arbre de tige. C’est le bois qui est parvenu à sa plus grande hauteur, qui est réputé immeuble, & qui ne peut être abattu par un usufruitier. Alta, ardua, & procera sylva. Bois est réputé de faute futaie, dit Loisel, quand on a demeuré trente ans sans le couper. C’est la définition qu’en donne la Coutume de Blois. Celle de Sens dit qu’un bois est bois de haute futaie, quand il est planté de temps immémorial, & qu’il est propre à bâtir. Dans celle de Nivernois, après 20 ans, en le faisant néanmoins notifier, par affiches & cri public. Il est permis à ceux qui ont le droit d’usages ou pâcages, de mener leurs bestieux dans les bois de haute futaie, en tout temps, excepté la saison de la glandée, ou vive pâture. De la Mare.

On appelle bois de haut revenu, celui qui est de demi-futaie de 40 ou de 60 ans.

Bois sur le retour, est un bois trop vieux, qui commence à diminuer de prix, & à se corrompre, qui a plus de 200 ans à l’égard des chênes. Sylva vetaræscens. Il est différent du bois taillis, qui renaît sur les vieilles souches de la haute futaie coupée, & qu’on peut couper tous les neuf, douze ou quinze ans, qui tourne au profit de l’usufruitier.

Bois sujet à tiers & danger, est un bois dont le propriétaire doit au Roi le tiers & la dixième partie de la vente. Sylva præstationi obnoxia.

Bois taillis, est le bois qu’on met en coupes ordinaires tous les dix ans au moins, & qui est au-dessous de quarantes ans ; car au-delà c’est une futaie sur taillis. Sylva cædua. C’est dont on fait le charbon & le bois à brûler. Les bois taillis sont en pâtures pendant toutes les saisons de l’année que les bestiaux ne peuvent nuire au jeune bois. Les Coutumes de Berri, de Bourdonnois & d’Auvergne, fixent ce temps à trois ans, & au mois de Mai depuis la dernière coupe. Celles de Nivernois & de Bourgogne à 4 ans, que l’on peut proroger. Celles de Poitou à 4 ans, & pour les chèvres 5 ans. Celles de Troyes, de Vitry é de Chaumont jusqu’à 5 ans, & aux chèvres pour toujours. Celles de Sens & d’Auxerre jusquà ce que par jugement le bois ait été déclaré assez fort. De la Mare.

Bois à faucillon, est un petit taillis qu’on peut couper avec une petit ferrement.

Bois en pueil. C’est un bois nouvellement coupé, qui n’a pas encore trois ans. Ce mot se trouve en plusieurs Courumes, & entr’autres en celle d’Auvergne.

On appelle un bois en défends, quand on a défendu de couper un bois qu’on a reconnu de belle venue dans quelque triage, pour le conserver & le laisser croître, jusqu’à ce qu’on en ait besoin : & on dit qu’un bois est jugé défensable, quand le Juge a donné permission d’y faire entrer les bestiaux en panage.

Bois mamrmenteaux, ou bois de touche, sont des bois autour d’une maison, ou d’un parterre, pour leur servir d’ornement, auxquels on ne touche point Nemus domesticum, edibus adsitum. Les usufruitiers ne peuvent faire couper les bois marmenteaux & bois de touche, ni en haute futaie, ni en taillis, quand ils servent à la décoration d’une maison ou d’un château.

Une coupe de bois réglée, est une division qui se fait d’un grand bois en certaines portions, afin qu’on en coupe chaque année une certaine quantité sans dégrader le bois, ni en diminuer le revenu. Consuetæ cœsuæ saltus. On appelle l’âge du bois, ou l’essence du bois, le temps écoulé depuis sa dernière ocupe. L’usance du bois se dit de son exploitation.

Garde-bois, est l’Officier préposé pour empêcher les dégradations des bois, & conserver le gibier. Sylvarum custos.

☞ Ménage derive ce mot de boscum ou boscus. Il vient plutôt de l’allemand busch, d’où les Italiens ont fait bosco, & les Espagnols bosque. En vieux françois on disoit bos. Du diminutif boskettus on a fait bosquet & bouquet ; & de boscium on a pareillement fait buisson ; de boscq, buche ; & de boscagium, bocage.

En Poësie on appelle les Divinité des bois, les Dryades, Hamadryades, les Faunes, les Satyres, &c. Parmi les Païens il n’y avoit presque point de bois qui n’eût son Dieu tutélaire, & un temple consacré au Dieu qui y présidoit. Le silence & l’horreur qui y règnent, leur paroissoient propres à inspirer du respect, & à imprimer je ne sais quel sentiment de religion, en sorte qu’ils se figuroient que la Divinité y habitoit ; c’est pourquoi ils étoient sacrés & inviolables ; & Cicéron, en déclarant contre Clodius, n’exagère rien tant que la profanation qu’il avoit commise en portant le fer & le feu dans ces bois défendus par la dévotion des peuples. Lucus. Les sombres ombrages des bois les rendoient vénérables aux hommes, & les faisoient choisir comme des lieux propres à la célébration des mystères. S. Evr. La solitude & les bois inspirent je ne sais quelle tendresse qui enfonce le trait dans le cœur, au lieu de l’en arracher. Id.

Les bois ont été les premiers lieux destinés au culte des Dieux. Dans les premiers temps où les hommes ne connoissoient ni villes ni maisons, & qu’ils habitoient les bois ou les cavernes, ils choisirent dans les bois les lieux les plus écartés, les plus sombres, les plus impénétrables aux rayons du soleil, pour l’exercice de leur religion. Dans la suite on bâtit de petites chapelles, & enfin des temples ; & pour conserver cette ancienne coutume, on plantoit toujours, lorsqu’on le pouvoit, des bois autour des temples, & les bois étoient aussi sacrés que les temples mêmes. Ces bois sacrés furent bientôt très-fréquentés. On s’y assembloit aux jours de fêtes, & après la célébration des mystères, on y faisoit des repas publics, accompagnés de danses & de toutes les autres marques de la plus grande joie. On y suspendoit les offrandes avec profusion. Couper des bois sacrés, étoit un sacrilège ; il étoit cependant permis de les élaguer, de les éclaircir, & de couper les arbres qu’on croyoit attirer le tonnerre.

En termes de Marine on dit, faire du bois, lignari ; pour dire, descendre à terre pour aller couper des bois nécessaires à l’équipage. On dit aussi qu’un vaisseau a reçu des coups en bois ; pour dire, dans le bas & dans les œuvres vives.

☞ Le mot bois est souvent employé dans les arts & métiers.

Bois d’un éventail, sont les deux montans ou maîtres brins & les flèches. Ce terme est générique, & signifie toutes les matières qui servent à la monture d’un éventail ; bois, écaille, ivoire, &c.

Bois de raquette, c’est tout le bois qui compose la raquette, le tour avec son manche. Lignum reticuli.

Bois de lit, ce sont les pans, les colonnes, le dossier, les tringles & les goberges du lit. Fulcrum.

Bois de fusil. Voyez Fût.

Bois. Terme d’Imprimeurs. Ils appellent bois de tête, les petites pièces de bois qui se mettent dans les châssis, au-dessus des pages, pour tenir les formes serrées ; & bois de fonds, les bois qui se mettent entre les pages.

Bois de brosse, chez les vergettiers, petite planche, mince, percée de plusieurs trous, à distance égale, pour recevoir les loquets.

☞ On appelle généralement en Menuiserie des meubles de bois, des tables, des sièges, des lits, quand ils n’ont point d’étoffes ni de tapisserie.

Bois de tournebroche. C’est la fusée & les poulies du tournebroche.

☞ On appelle aussi bois de pique ou brin de bois, un bois de lance ou les bois de ces armes avant qu’ils soient ferrés. Hastile.

☞ Les anciens Chevaliers appeloient bois, leurs lances. C’est en poësie un terme de guerre & de tournois. Lancea, missile, jaculum, sagitta. Leurs bois volerent en éclats. Et l’on disoit qu’ils portoient bien leur bois, lorsqu’ils couroient en lice de bonne grâce. C’est de-là qu’on dit figurément, qu’une personne porte bien son bois.

☞ En termes de Vénerie, on dit un bois de cerf, ce qu’on appelle autrement cornes de cerf. Ramosa cervi cornua ; & l’on dit qu’un cerf a touché au bois, quand il a dépouillé la peau de sa tête, en se frottant contre les arbres.

☞ On dit figurément en ce sens, qu’une femme fait porter du bois à son mari, lorsqu’elle lui est infidelle.

☞ En Agriculture, bois se dit des menues branches, sions & rejetons que les arbres poussent chaque année. Ainsi on dit qu’un arbre pousse trop de bois, qu’une vigne est trop chargée de bois ; pour dire, qu’il faut la tailler, & qu’il faut émonder ou élaguer les arbres. On appelle aussi la vigne le bois tortu.

Bois. En termes de Trictrac, se dit des dames avec lesquelles on joue. Avoir beaucoup de bois sur une case. C’est une règle inviolable, que bois touché doit être joué. Traité du Trict. Il faut, avant que de toucher son bois, marquer ce que l’on gagne. Ib. On dit, abattre du bois, quand on abat beaucoup de dames de dessus le premier tas, pour faire plus facilement des cases dans la suite.

☞ On appelle chez les Chrétiens, par excellence, le bois sacré de la croix, le bois de la vraie croix, celui où fut attaché le Sauveur. Lignum crucis.

☞ Ce mot est pris figurément de l’Evangile. S’il est ainsi fait au bois vert, que fera-t-il du bois sec ?

Bois-a-bois. Terme d’aunage, & d’Auneurs. Auner une étoffe ou une toile bois-à-bois, c’est l’auner juste, sans faire aucune bonne mesure.

Bois, se dit aussi en plusieurs phrases proverbiales. On dit d’une personne qui a grand air, qu’elle porte bien son bois ; cette femme porte bien son bois, pour dire, qu’elle a un port majestueux. On dit d’un fanfaron, que c’est un grand abatteur de bois, qui se vante de faire beaucoup plus de prouesses qu’il n’en fait. On le dit aussi d’un homme qui expédie beaucoup de besogne, & même d’un juge qui rapporte beaucoup de procès. On dit de ceux qui font les choses avec éclat, violence & impétuosité de naturel, que c’est la force du bois, par allusion au bois vert, qui se tourment & qui travaille. On dit, avoir l’œil au bois ; pour dire, prendre garde à ses affaires, & ne se laisser point surprendre, par allusion aux embuscades qui se font d’ordinaire dans les bois. On dit aussi, il n’est tel feu que de gros bois, en faisant allusion à un Philosophe qui voyoit tranquillement brûler sa maison. On dit en menaçant, il verra de quel bois je me chauffe ; pour dire, je le bâtonnerai du bois que j’ai à mon feu. On dit en ce même sens, charger un homme de bois, lui donner sa provision de bois ; pour dire, lui donner plusieurs coups de bâton. On dit qu’un homme est du bois dont on fait les vielles, qu’il est de tous bons accords ; pour dire, qu’il est foible ou complaisant, qu’il n’ose ou ne veut contre-dire personne. Être du bois dont on fait une chose, c’est avoir de son côté les qualités & les dispositions nécessaires pour parvenir à cette chose-là, y être propre, pouvoir y prétendre. Un Gentilhomme disoit au Maréchal de la Meilleraye, si je ne suis pas Maréchal de France, je suis du bois dont on les fait : vous avez raison, répartit le Maréchal, quand on sera de bois, vous pourrez prétendre. On dit ne savoir de quel bois faire flèche ; pour dire, être réduit au petit pied, être si misérable, qu’on ne sait où, ni comment subsister. On dit d’une chair dure, ou trop cuite, qu’elle est sèche, dure comme du bois, que c’est du bois. On dit bassement d’un visage pâle, défait, d’une mauvaise mine, que c’est un visage de bois flotté. Tu mets bien du bois au feu tout d’un coup, pour dire, tu proposes bien des choses, bien de la matière tout d’un coup. Mascur. Il ne faut pas mettre son doigt entre le bois & l’écorce ; pour dire, qu’il ne faut pas s’ingérer mal-à-propos dans les différens des personnes naturellement unies. Trouver visage de bois, pour dire, trouver la porte fermée, ne trouver personne. A gens de village trompette de bois, pour dire, qu’à des gens de peu ou de mauvais goût, il ne faut pas des choses bien délicates, bien exquises. On dit au propre, tout bois vaut bûche ; pour dire, qu’il n’importe pas si c’est du menu ou du gros, pourvu qu’on se chauffe. On le dit aussi au figuré, pour dire, que lorsqu’on n’a pas les choses propres, on y substitue ce que l’on peut & ce qu’on trouve.

Marot a dit proverbialement :

Non que ce soit de piquer ma coutume,
Mais il n’est bois si vert qui ne s’allume.

On dit dans le droit, le boi acquiert le plain. Loisel. M. Chaline explique ainsi cette espèce d’axiome, la terre qui est demeurée sans culture pendant l’espace de trente ans, appartient au Seigneur Haut-Justicier à cause de sa forêt banale y joignante, s’il n’y a séparation entre la forêt & le plain, par bornes, murs, fossés, ou autres marques.

Bois d’aigle. s. m. C’est un bois compact, dur, pesant, de couleur grise, brune ou noirâtre, résineux, rendant, quand on l’approche du feu, ou qu’on le brûle, une odeur suave. On le tire d’un arbre des Indes, semblable à un olivier, mais plus grand. Quelques-uns prétendent que c’est de ce même arbre dont on tire l’aloès, & que le bois d’aigle est le premier qu’on trouve sous l’écorce. Ces deux bois diffèrent pourtant fort en goût ; car le bois d’aloès est amer, & le bois d’aigle ne l’est point. Ce dernier a un goût assez insipide dans le commencement qu’on le mâche, mais on sent sur la fin une légère âcreté. Il est fort rare en Europe, parce que les Cochinchinois chez qui il croît, sont gens barbares & d’un très-difficile commerce. Ils l’emploient à faire des armes, & plusieurs autres petits ouvrages. Ils s’en servent aussi en Médecine contre les maladies contagieuses, pour fortifier le cerveau, le cœur & l’estomac. Ils le font brûler dans des lieux bien fermés, & en reçoivent la fumée bien précieusement, comme une fumigation salutaire pour tout le corps. Il les fait suer, & ramine leurs esprits.

Bois amer, espèce de bois qui vient dans les Îles, à qui l’on a donné ce nom, à cause de son amertume, qui est si grande, qu’elle se communique à tout ce qu’on fait cuire à son feu, soit dans la marmite, à la broche, ou sur le gril. Il y en a de plus de deux pieds de diamètre. Son écorne est brune, hachée & fort épaisse. Le bois est d’un jaune clair, qui devient presque blanc en séchant. Quoiqu’on puisse s’en servir à faire du feu, il est excellent à faire des lattes ou des planches minces pour clouer l’ardoise, parce qu’il est fort léger, & qu’il n’est jamais attaqué des insectes. Le P. Labat.

Bois caribe. Le bois caribe est un des arbres de l’Amérique dont on se sert à faire les grosses charpentes, comme les poutres, les solives, les sablières, les faîtes, les poinçons, &c. Il n’est pas des plus gros, à peine en voit-on atteindre quatorze pouces d’équarrissage ; mais il est fort & roide, & il faut qu’il plie beaucoup avant que de rompre. Sa feuille est presque ronde, rougeâtre & comme si elle étoit un peu brûlée, dure & cassante. Son écorce se lève par longs filets, comme des cordes. Elle est mince, paroît toujours sèche, & n’est nullement adhérente. Il est difficile de distinguer l’aubier du reste du bois. Ses fibres sont si longues, que d’une bille de cinq ou six pieds, on en peut tirer des filets de toute cette longueur. Ce bois est de couleur de chair, quand on le coupe, mais en séchant il devient blanchâtre. Cet arbres vient assez grand, mais il a peu de branches, qui ne viennent qu’au sommet, ensorte qu’on en voit de plus de quarante pieds de tige, & fort droits. Il ne fait, dit le P. Labat, se servir de ce bois qu’à couvert, parce qu’il s’échauffe facilement à l’air, & dure peu.

Bois de chandelle. Les habitans de l’Île de la Tortue font des flambeaux de bois de Santal jaune, qu’ils fendent par éclats. Ce bois rend une flamme fort claire, quoiqu’il soit vert. C’est pourquoi ils le nomment bois de chandelle. Oexm. On l’appelle aussi bois de citron à cause de son odeur, & bois de Jasmin, à cause des fleurs, qui ressemblent à celles de Jasmin.

Bois à euïvter. Espèce de bois dont les Insulaires de l’Amérique se servent pour enivrer les rivières, ou plutôt le poisson qui est dedans. Sa propriété lui a fait donner ce nom, & il n’en a point d’autre. Il n’a que cinq ou six pieds de hauteur, & l’on en voit peu qui aillent jusqu’à dix. Ce bois est assez dur, mais il est tortu & mal fait : son écorce est rude, brune & épaisse ; il est assez branchu & fort chargé de feuilles approchantes, pour la figure, de celles des pois communs ; elles sont épaisses, cotonnées & d’un vert foncé, & tiennent trois à trois, attachées à la même queue. On prend de l’écorce de cet arbre, & principalement de ses racines : on la pile avec ses feuilles & de la chaux, & voilà la composition dont on enivre le poisson, que l’on prend ensuite à la main.

Le bois de Fustet, ou Fustel, comme on dit ordinairement, est la racine & le tronc d’un arbrisseau qui vient en Provence & en Italie ; Pline l’appelle cotinus. Il est d’une couleur jaune, il sert à teindre en couleur de café & de feuille morte ; Les Ebénistes s’en servent aussi.

Le bois jaune, ou le bois d’Angleterre, ainsi appelé, parce que nous le tirons d’Angleterre, est un bois étranger de couleur qui sert aux Teinturiers & aux Ebénistes.

Bois lézard. s. m. On donne le nom de bois lézard dans les Îles à une espèce d’arbre de charpenterie, où le lézard se retire lorsqu’il est creux, ce qui arrive assez souvent. Sa feuille est petite & longuette, mince & fort adhérente, quand l’arbre est sur pied ; mais elle se détache facilement, & s’enroule quand l’arbre est abattu. Le bois en est brun, & plus on approche du cœur, & plus il se charge de couleur avec des teintes de différentes nuances. L’aubier en est gris & presque aussi bon que le cœur. Il a les fibres longues, fines & fort serrées. Il est fort, & ne se gâte ni dans l’eau, ni à l’air, ni dans la terre. On fait de l’aissis ou du bardeau de ses branches, qui dure plus de quarante ans. Il se travaille assez facilement avec la hache, mais on a plus de peine à le scier, à cause d’une matière gommeuse dont il est rempli, qui engorge la scie. C’est cette matière qui est amère, qui le préserve des vers & des poux de bois, jusquà ce qu’il ait servi plusieurs années. Cet arbre s’appelle à la Guadeloupe bois d’agouti, à cause que cet animal s’y retire quand il est creux, comme fait le lézard dans les autres Îles. Mes Paroissiens me fournissent chacun une quantité de palissades de bois lézard, pour faire la clôture de mon jardin. Le P. Labat.

Le bois de sainte Lucie vient de Lorraine : il est d’un gris rougeâtre, dur, & médiocrement pesant : son odeur agréable, qui augmente à mesure qu’il vieillit, le fait recherche pour les ouvrages de marqueterie. Voyez Cerisier.

Le bois de Calembouc est verdâtre, il a une très-bonne odeur ; on s’en sert pour plusieurs petits ouvrages : les Barbiers en font bouillir dans l’eau dont ils se servent quand ils font la barbe.

Le bois violet ne sert que pour les ouvrages de marqueterie. Il y en a de deux sortes ; celui qu’on connoît sous le nom de bois violet, & un autre qui est d’une couleur rougeâtre tirant sur le violet ; les Hollandois l’appellent letterhout.

Le bois d’ébène, si connu par les ouvrages qu’on en fait, & par quelques remèdes qu’on en tire, est de trois sortes ; savoir, l’ébène noir qui est la plus connue, l’ébène rouge ou grénadine, & l’ébène verte.

Le bois d’anis, ainsi nommé à cause qu’il a l’odeur d’anis, est d’une couleur grisâtre : il vient des Indes, & est employé par les Tabletiers &par les Ebénistes.

Le bois de corail est d’une couleur rouge vive, semblable à celle du corail. Les Américains en font divers ouvrages.

Le bois de Santal est en usage dans la médecine, & chez les Parfumeurs. Voyez Santal.

Le bois d’aloès vient des Indes Orientales, de la Chine, de la Cochinchine, du Calécut, de Lao, &c. On en fait des ouvrages dans ce pays-là qui sont fort estimés. Les Ambassadeurs de Siam firent présent au Roi (LOUIS XIV) de plusieurs ouvrages de bois d’aloès, entr’autres d’une aiguière avec une espèce de sous-coupe ou bassin pour laver les mains : cet ouvrage avoit été fait à Siam, & à la mode du pays : les Ambassadeurs l’estimoient plus que s’il eût été d’or.

Le bois de Gaïac sert à plusieurs choses. On en tire du flegme, de l’esprit, de l’huile, de la résine, du sel : on en fait de la poudre : la plûpart de ces choses sont fort en usage dans la médecine.

Le bois de Gaïac de France est le büis, que quelques-uns appellent Gaïac de France, parce qu’ils croient qu’il a les mêmes qualités que le Gaïac, & ils l’emploient à peu-près aux mêmes usages.

Le bois de Brésil est fort en usage pour les teintures rouges : le Brésil, d’où il vient, lui a fait donner son nom : il en croît en différens endroits de l’Amérique : il en vient aussi du Japon ; les Anglois & les Hollandois l’appellent bois de Sapan. Voyez Bresil.

Le bois d’Inde, ou bois de Campêche, ou bois de la Jamaïque, sert pour les teintures en violet & en noir. Voyez Campèche.

Bois Gentil. Les Bourguignons ont donné ce nom au Mézéreon, qu’on appelle autrement auréole femelle. C’est une espèce de Garou, ou de Thymelæa. Voyez Mézéreon.

Bois des Moluques. C’est une sorte de bois qui nous vient des Îles Moluques en Amérique, que ceux du pays nomment Panoma, & qui est très-rare en France. On tire cd bois d’un arbre domestique, grand comme un coignassier. Sa feuille ressemble à celle de la mauve, & son fruit a une aveline ; mais il est plus petit, & son écorce plus molle & plus noirâtre. On cultive cet arbre avec grand soin dans les jardins, & les habitans du pays en sont si jaloux, à cause de ses propriétés, qu’ils ne le laissent voir aux étrangers qu’avec grande peine. Son bois est purgatif, & quand il purge trop, on tempère son action en buvant un verre de décoction d’orge. Il résiste au venin, & remédie à la morsure des bêtes venimeuses, & aux coups empoisonnés. Il est bon pour les fièvres quartes & continuës, pour les coliques, pour l’hydropisie, & pour la gravelle, pour la difficulté d’uriner, pour la douleur des jointures, pour la migraine, pour les squirres, les écrouelles, les vers, & pour exciter l’appétit. Sa dose est depuis quatre grains jusqu’à demi-scrupule dans du bouillon. On l’applique aussi entièrement sur les plaies envenimées.

Bois puant. Anagyris fœtida. Arbre d’une moyenne grandeur, & qui donne dès sa racine plusieurs jets. son bois est pâle, & son écorce est d’un vert brun. Ses branches sont garnies de feuilles qui sont par trois sur une même queue, longue environ d’un pouce. Elles sont oblongues, pointues, vertes par-dessus, & blanchâtres par-dessous, d’une odeur forte & désagréable, sur-tout lorsqu’on les froisse. Les fleurs naissent des aisselles des feuilles & sont légumineuses, allongées, jaunes, & soutenues par un calice blanchâtre, comme argenté, & à cinq pointes. A ses fleurs succèdent des gousses longues & larges comme le doigt, qui renferment entre leurs cosses des semences taillées en rein, grosses comme des haricots, & qui brunissent en mûrissant.

Bois épineux, est un arbre des Antilles. Lignum spinosum. Il y en a de quatre sortes. Le plus grand croît & grossit si promptement, qu’en trois ou quatre ans il surpasse la hauteur de nos plus gros chênes. Il est fort chargé de branches & de feuilles, qui font une ombre épaisse. Il porte un fruit qui ressemble à une calebasse : on y trouve un coton gris brun. Le bois épineux jaune est plus dur, & bon à bâtir, au lieu que l’autre est trop mou & trop tendre. Il y en a de mâle & de femelle ; mais toute la différence consiste en ce que le mâle est d’un jaune plus clair, & que les femelle est plus pâle. La feuille de l’un & l’autre est ovale, découpée sur les bords, d’un vert pâle, & d’une odeur de vert assez forte quand on la broie dans la main. Son écorce est grise, assez épaisse, adhérente, tachetée de petites marques blanches, rayées, & comme tailladées légèrement. Elle est couverte de beaucoup d’épines, plus à ses branches & à son sommet qu’à son pied, d’où elles tombent à mesure que l’arbre croît. Ce sont ces épines qui l’ont fait nommer bois épineux. Le peu d’aubier qu’il a ne diffère en rien du cœur, le bois est compacte & le grain en est fin, ce qui lui fait prendre un beau poli à la varlope & au tour. Il est bon en terre, dans l’eau, couvert ou à découvert ; mais il est fort sujet à être creux & aux poux de bois. Le P. Labat.

Bois de Rhode. C’est un bois qui ressemble en quelque manière au santal citrin, de couleur jaunâtre, rendant une odeur de rose. On le tire d’un arbre fort haut é fort droit, qui croît en plusieurs lieux du Levant, à la Martinique, & aux Îles de Cypre & de Rhodes. On en tire par distillation une huile très-odorante, dont se servent les parfumeurs. On prétend que cette huile & ce bois servent à fortifier le cerveau. On l’appelle aussi bois de rose. Voyez-en la description sur ce mot.

Bois de Rose, est à la Guadeloupe la même chose que le bois de Cypre à la Martinique. Lignum cyprium. C’est un bois qui croît fort haut, & fort droit. Il a plusieurs branches, accompagnées de fleurs molles, velues d’un côté, & longues à-peu-près comme celles du Noyer. Dans la saison des pluies il porte de gros bouquets de fleurs blanches de bonne odeur. Ces fleurs sont suivies d’une petite graine noirâtre & polie. L’écorce de son tronc est d’un gris blanc. Son bois est au-dedans de couleur de feuille morte, & quand le rabot & le polissoir ont passé par-dessus, on y remarque plusieurs veines de différentes couleurs, qui lui donnent un éclat marbré, & un lustre merveilleux. La douceur de l’odeur qu’il exale lorsqu’on le met en œuvre, & qu’on le manie, est ce qui le fait priser davantage, & qui lui donne le beau nom qu’il porte, & celui de bois de Cypre qu’on lui donne en quelques-unes des Antilles. Lonvill. Hist. nat. des Antil. L. I, c. 7, art. 3. le bois de rose a l’odeur de rose ; quelques-uns l’appellent bois de Rhodes, à cause qu’il en vient de l’Île de Rhodes. On s’en sert pour faire des chapelets : on l’emploie aussi dans la médecine.

Bois de Couleuvre. Plante de la Martinique : on l’appelle ainsi, parce qu’elle s’attache aux arbres en serpentant. Son bois est tortu, & gros d’un pouce ou deux. On assure qu’il est mortel pour les serpens. Le P. du Tertre, qui en parle dans son Hist. des Antil. Traité III, c. 4, §. 9, confirme cela. Selon le Pere Plumier, c’est l’Arum montant à grandes feuilles percées. Voyez Arum.

Bois néphrétique, Arbriseau de la nouvelle Espagne. Son bois teint l’eau en bleu, & cette eau nettoie les reins, & tempère l’acrimonie de l’urine. Cette propriété lui a fait donner le nom de bois néphrétique par les Espagnols. Il produit des fleurs jaunes.

Bois de la Chine, est un bois propre pour faire des ouvrages de marqueterie, que les Hollandois appellent Letterhout, qui ne croît en aucun autre lieu du monde, que dans le continent de Guyane. Lignum Sinense. Le millier pesant ne revient sur les lieux qu’à un écu. On le vend à Paris jusqu’à cent, & jamais moins de cinquante écus.

Bois luisant. Lignum lucidum. C’est du bois qui jette de la lumière, qui luit dans les ténébres, comme un ver luisant. Il y a du bois pourri qui est luisant. M. Boyle a fait la comparaison du bois luisant & du charbon allumé. Elle est dans les Trans. Phil. n. 32, p. 605, T. III, p. 646.

Bois vert. C’est pour l’ordinaire un buisson comme les grosse épines blanches ; il est fort chargé de petites feuilles vertes & lissées, assez semblables à celles du büis, mais un peu plus grandes : son écorce est grosse & polie. On n’en voit guère de plus gros que la cuisse : il a toujours un pouce ou deux d’aubier blanc, & tout le cœur du bois est vert fort brun, & même plus noir que vert, mêlé de quelques veines jaunes. Il se polit comme l’ébène, & noircit si bien avec le temps, que les Ebénistes le font souvent passer pour de vraie ébène. Les Teinturiers s’en servent pour teindre en vert naissant. Il y en a grande quantité à la Guadeloupe. P. du Tert.

Bois à petites feuilles. Il vient dans les lieux humides & dans les terres grasses de toutes les Îles de l’Amérique. C’est une sorte d’arbre chargé de petites feuilles assez semblables à celles du büis ; elles sont attachées à de petites queues si menues, qu’au moindre vent elles tremblent. L’écorce de l’arbre est jaspée comme celle du bois d’Inde ; mais de temps en temps la petite écorce s’éleve, & se roule comme de la cannelle, & il ne lui en manque que le goût & l’odeur. P. du Tert. Hist. des Ant. Tom. III, ch. 4, §. 7.

Bois de fer. Arbre des Îles de l’Amérique, ainsi nommé à cause de sa dureté. Il croît jusqu’à une pique & demie de hauteur, gros comme le corps d’un homme ; son écorce est presque semblable à celle de l’Erable, mais plus dure & plus grise. Il a quantité de petites feuilles, & porte un grand nombre de beaux bouquets de fleurs, semblables à celles du Lila, même plus belles, mais en si grande abondance, qu’il semble qu’il n’y ait que des fleurs sur l’arbre. Tout l’aubier est jaune & fort dur jusques vers le cœur, qu’il a fort petit, & de couleur de fer rouillé, mais si dur que les haches de la meilleure trempe rebroussent dessus quand on le frappe. P. du Tert. Tom. III, ch. 4, §. 8, & Lonvill. Hist. nat. des Ant. Liv. I, ch. 7, art. 5. C’est l’ébène. L’ébène ou bois de fer. Tournefort. Acad. 1700, Mém. p. 30.

Il y a une arbre au Tunquin qui s’appelle Lim, & que les Portugais nomment Palo ferro, c’est-à-dire, pieu de fer, soit à cause de sa pesanteur, parce que si on le met dans l’eau il va plutôt au fond que l’ébène ; soit à cause de sa couleur, qui a rapport à la rouille, ou de sa dureté, qui est telle que si à coups de marteau on enfonce dedans un clou bien trempé, il n’y a point d’homme, quelque robuste qu’il soit, qui puisse l’arracher, même avec des tenailles ordinaires, au contraire il semble que cd bois s’aigrisse contre le fer ; il le corrode & le consume de telle manière, que dans la structure des galions dont on se sert, il est absolument nécessaire de renouveler les clous dans la partie du dedans du vaisseau, dont l’assemblage est fait de ce bois ; autrement les pièces se détachent. Relat. de Tunq. par le P. Marini.

Bois d’Inde. C’est une espèce de Laurier qui croît excessivement gros quand il est en bonne terre, & dans les lieux humides. Il a l’écorce jaunâtre, déliée, & si douce, si unie, si polie par-tout, qu’il semble que ce soit le bois dépouillé de son écorce. Sa couleur est d’un gris vif & argenté, & en quelques endroits elle tire sur le jaune ; ce qui fait remarquer cet arbre entre tous les autres. Elle est fort sèche & astringente au goût. Ses feuilles sont presque semblables à celles du Laurier, mais un peu plus souples & plus rondes, dit le P. du Tertre, ou à celles du Goyavier, dit M. Lonvillers : elles sentent le clou de girofle, dit celui-là ; & quand on les manie, dit celui-ci, elles parfument les mains d’une senteur plus douce que celle du Laurier. Elles ont, ajoute le premier, un goût de cannelle, picquant, astringent, qui laisse dans la bouche une petite amertume qui n’est pas désagréable. Elles donnent, continue le second, à la viande & aux sauces un goût si relevé, qu’on l’attribueroit plutôt à une composition de plusieurs sortes d’épices, qu’à une simple feuille. Cet arbre fleurit une fois l’an au temps des pluies ; & pour-lors il renouvelle une partie de son feuillage. Son bois est le bois le plus dur, le plus plein, le plus massif & le plus pesant de tous les bois des Îles de l’Amérique, de-là vient qu’il coule à fond comme du plomb, qu’il souffre d’être poli comme du marbre, & que les sauvages en font leurs massues. L’aubier est de couleur de chair, & le cœur de l’arbre est tout violet, extrêmement dur. La décoction de ses feuilles est fort bonne pour fortifier les nerfs, soulage beaucoup les paralytiques, & fait désenfler les hydropiques, & l’enflûre qui reste aux jambes de ceux qui ont eu des fièvres malignes. M. Robin qui en éleva un au jardin Royal, le nommoit Laurier aromatique : c’est en effet un véritable Laurier, & toutes ses baies ou graines, qui sont semblables à celles du Laurier, aussi-bien que ses feuilles, en sont une preuve évidente. Lonvill. Hist. nat. des Ant. Liv. I, ch. 7, art. 4. P. du Tertre. Tr. III, c. 4, §. 2.

Bois Rouge. On appelle ainsi dans les Antilles plusieurs autres espèces d’arbres qui ont le bois rouge, solide, & pesant, qui résiste aux vers, & à la pourriture, & qui sont tous très-propres à bâtir des maisons, & à faire de beaux ouvrages de menuiserie. Tels sont l’Acajou, le bois de fer, le Courrouça. Consultez Lonvillers de Poincy, Hist. des Ant. Liv. I, ch. 7, art. 5 ;& le Pere Du Tertre, Hist. des Ant. Tr. III, ch. 4, §. 8.

Bois Fossile. Il y a des endroits où l’on trouve du bois dans la terre, soit qu’il y ait été enterré autrefois, & dès le déluge, comme quelques-uns le croient ; soit qu’il s’y forme, comme il arrive à celui des mines d’ambre. Voyez au mot Ambre gris, & la Dissertation de M. Hartman qui y est citée. Il me souvient que voyageant par l’Italie, j’eus la curiosité d’aller voir une mine ou carrière de bois fossile, ou estimé tel, qui étoit proche de la ville d’Aquasparta, & de laquelle un des Lyncées nommé Stelluti, avoit fait un livre. Mascur. On a découvert en 1712 dans les marais de Ciiuk, village à une lieue de Douay, un gros chêne avec ses principales branches, lequel, par le long séjour qu’il a fait dans ces lieux humides, enfoncé 15 ou 20 pieds sous terre, a contracté une couleur noire qui fait honte à l’ébène. Il y a quelque temps qu’on trouva en Angleterre à plus de 100 pieds sous terre, des chênes d’une prodigieuse grosseur avec toutes leurs branches, lesquels avoient aussi contracté une couleur parfaitement noire, jointe à une dureté, qui passoit de beaucoup celle qu’ils avoient lorsqu’il végétoient. Ces arbres peuvent-ils s’être trouvés là par une autre cause que par le bouleversement général du globe terrestre pendant le déluge ? Mém. de Trév. 1713, p. 61, 62.

☞ On a aussi trouvé dans le sein de la terre des bois changés en charbon. Ce sont des arbres enterrés convertis en charbon par des feux souterrains, sans leur faire perdre leur figure.

Bois minéralisés. Arbres pénétrés dans le sein de la terre par une vapeur métallique ou minérale. Il y a des bois alumineux, de couleur brune, plus légers que le charbon de terre, & qui s’enflamment d’eux-mêmes, dès qu’on les expose à l’air ; & des bois de la nature des pyrites. Les premiers ont été pénétrés dans la terre par une matière alumineuse ; les seconds, par une substance sulfureuse & ferrugineuse, ou cuivreuse & arsénicale. Ceux qui ont été pénétrés d’une substance martiale, sont appelés ferrugineux.

☞ On a aussi trouvé des arbres changés en terre, qui conservoient leur figure dans le sein de la terre, mais qui tomboient en poussière dès qu’on les exposoit à l’air.

Bois pétrifiés. Voyez Pétrification.

Bois de Vie. Terme de Philosophie Hermétique. On l’appelle autrement le grand arbre des Philosophes, ou des Sages ; c’est le Mercure des Philosophes. Ils lui attribuent des qualités admirables, jusqu’à donner la vie aux substances mortes.

☞ BOIS-BELLE. Boscabellum. Ville & Principauté de France, dans le Berri, entre Bourges & Sancerre. On l’appelle autrement Enrichemont. Cette Principauté appartient à la Maison de Béthune-Sulli.

☞ BOIS-COMMUN. Boscum-commune. Petite ville de France, dans le Gâtinois, aux confins de l’Orléannois.

☞ BOIS-DAUPHIN. Seigneurie d’Anjou, proche du Maine.

BOISDEUX. adj. Vieux mot. Traître, dissimulé. On a dit aussi Boiscor dans le même sens.

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BOISDIE. Vieux mot. Tromperie, raillerie. Il signifie aussi méchanceté, perfidie : & il est dit dans la Bible Historiaux manuscrite, de Caïn qui tua Abel :

Et l’occit par boisdie & trahison.

BOISER. v. a. Garnie de menuiserie une cheminée, un plafond, une alcove, une chambre. Tabulis vestire.

BOISÉ, SÉE. part. Tabulis vestitus. Chambre boisée. ☞ Comme adjectif, il est employé dans cette phrase, une terre, bien boisée ; pour dire, qu’elles est bien garnie de bois.

BOISERIE. s. m. Tabulatum. Ouvrage de menuiserie, où l’on emploie le bois de chêne, de sapin, ou autre, pour appliquer contre les murs d’une chambre, ou d’un appartement. Le chêne de Danemarck est le plus propre à faire de belles boiseries, parce qu’il a moins de nœuds, & moins de défauts que celui des pays plus chauds. Au reste, boiserie ne se dit que des ouvrages de menuiserie qui s’appliquent contre les murs, & nullement ou rarement de ceux qui se mettent ou au sol, ou au plafond d’une chambre ou d’un appartement. Le premier s’appelle parquetage, & l’autre lambris, ou plafond.

BOISEUX, EUSE. adj. Terme de Jardinier, qui ne se dit que des plantes qui ont quelque solidité dans leurs racines, branches & rameaux, qui sont de la nature du bois. Lignosus. Plante boiseuse, lignosa radis, racine boiseuse. Il y a un Sedon arborescens, qui est une sorte de petit arbre boiseux. Corn. Diction. des Arts.

BOISILLIER. s. m. Terme de Marine. Coupeur de bois, Matelot ou autre que l’on envoie à terre pour faire du bois. Lignator.

☞ BOIS-LE-DUC. Voyez Bolduc.

BOISSEAU. s. m. Mesure pour du grain, de la farine, du sel, des navets, de la cendre, du charbon, &c. Modius. Sous nos premiers Rois, le boisseau & toutes les mesures étoient égales en France. Charlemagne établit une nouvelle msure. C’étoit un boisseau, qui contenoit le poids de vingt livres de froment. Aujourd’hui & depuis très-long-temps, le boisseau est très-différent en France, & change presque en toutes les Juridictions. A Paris il contient quatre quarts, ou huit litrons ; & il faut trois boisseaux pour faire un minot, & quatre minots pour faire un setier de blé, & quarante-huit minots pour faire un muid. Le blé se mesure à boisseau ras, & la farine à boisseau comble. Par l’Ordonnance de 1669, le boisseau doit avoir huit pouces deux lignes & demie de haut, sur dix pouces de large ou de diamètre d’un fût à l’autre ; le demi-boisseau de huit pouces cinq lignes de haut, & huit pouces de diamètre entre les deux fûts. Semodius. Cenalis, dans son Traité des poids & des mesures, prétend que le boiseau de Paris est le tiers de l’amphore, qui contenoit dix-huit quartiers, dont le boisseau de Paris ne contient que six. Le P. Mersenne a observé que le boisseau de blé de Paris contient 220160 grains, quand il est comble, & 172000, quand il est ras. Les Romains donnoient quatre boisseaux de blé à leurs esclaves pour les nourrir ; & l’on a supputé que la mesure de ces boisseaux revenoit à celle de Paris. Il y a douze boisseaux au setier. Courtin. En plusieurs lieux, & sur-tout à Lyon, on l’appelle bichet.

Lorsque Sévère mourut, il y avoit à Rome dans les greniers publics du blé pour sept ans, à dépenser par jour septante, cinq mille boisseaux ; c’est-à-dire, pour 600 mille hommes, le boisseau Romain n’étant que pour huit personnes par jour. Tillem.

Ce mot, selon Du Cange, vient de busellus, ou bustellus, bisellus, diminutif de buz, ou de buza, qu’on a dit dans la basse latinité en la même signification. On trouve même boisselius, & boistellus, mais dans le treizième ou quatorzième siècle. Voyez Aui Sanct. Tam. II, Mart. pag. 244, c.

Les divisions ou parties du boisseau sont le demi-boisseau, le quart & le demi-quart, le litron, & le demi-litron, qui tous deux ne servent guère qu’à mesurer les menus grains, & les légumes secs. Le boisseau de Paris de bon blé froment pèse vingt livres. Le boisseau de Châlons en Champagne est plus petit que celui de Paris d’un 8e, puisqu’il en faut treize & demi pour faire le setier de Paris. Le boisseau de Vitry est de près d’un 5e plus petit que celui de Paris ; 14 & demi en font douze, ou le setier de Paris. A Troyes, Mery, Arcy, le boisseau comble, qui est la mesure dont on se sert, pese quarante livres. De la Mare. Il est donc double de celui de Paris. A Nogent, six boisseaux font le setier de Paris. Id. & par conséquent il est double de celui de Paris. A Bray neuf boisseaux sont le setier de Paris. Id. Le boisseau de Bray est donc plus grand d’un quart de celui de Paris. Provins a deux sortes de boisseaux, l’un qui sert dans le marché, que l’on nomme le boisseau du minage ; il pese 24 livres ; les dix boisseaux font le setier, & les 120 sont le muid de Paris. L’autre boisseau ne sert que dans les maisons des bourgeois ; ils le nomment le boisseau de grenier ; il tient trois demi-setier moins que celui du minage, qui est environ un seizième. Id. Ainsi le boisseau de minage, est d’un cinquième plus grand que celui de Paris ; & le boisseau du grenier de près d’un septième seulement. A Nangis le boisseau tient douze pintes, mesure de Paris. Id. Il est donc double de celui de Paris. A Melun & à Fontainebleau dix boisseaux de blé font le setier de Paris. Id. Par conséquent il est d’un cinquième plus grand que celui de Paris. A Milly le setier contient huit boisseaux mesure du pays, & pese 176 livres. Id. Donc chaque boisseau pese 22 livres. Id. C’est deux livres plus que celui de Paris. Ainsi il est d’un dixième plus grand. A Rozoy le setier tient 8 boisseaux du pays, qui font dix boisseaux & demi mesure de Paris, il pese 210 livres, & conséquemment est plus petit que celui de Paris d’un boisseau & demi. Id. Ainsi le boisseau de Rozoy pese 26 livres & demie, c’est-à-dire, six livres & demie plus que celui de Paris, & conséquemment est plus grand de près d’un tiers. A Chaume les huit boisseaux du pays font le setier, qui pese 225 livres. Id. D’où il s’ensuite que ce boisseau pese 28 livres & deux onces, c’est-à-dire, 8 livres & deux onces plus que celui de Paris, & quil est plus grand de plus d’un tiers. A Brie-Comte-Robert le setier est plus petit d’un boisseau que celui de Paris, ensorte que onze boisseaux de Paris font le setier de Brie. Id. Le boisseau de Brie est donc d’un douzième plus petit que celui de Paris. A Tournan le setier est un peu plus petit que celui de Paris ; & un peu plus grand à Dam-Martin, où le setier pese 242 livres ; c’est deux livres plus que celui de Paris, & par conséquent le boisseau 20 livres & un sixième de livre, un ⅙ de livre plus que celui de Paris, c’est-à-dire, qu’il n’est plus grand que d’une 120e. A Colommniers & à Farmoutier les huit boisseaux font le setier du pays ; il pese 200 livres, le blé qui croît en ce pays est fort bon & fort pesant. Id. Ainsi le boisseau pese 25 livres, & est d’un quart plus grand, ou du moins plus pesant que celui de Paris ; car le poids du boisseau peut venir de la pesanteur du blé. Le boisseau du Mans pese 33 livres. Le boisseau de Nevers pese 30 livres. Voilà ce que nous avons pu trouver de plus exact sur la grandeur des boisseaux. Au reste, tout cela ne se doit pas prendre dans la dernière précision, parce que le blé est plus pesant en un lieu qu’en un autre, une année qu’une autre, selon les saisons, &c. Voyez M. De La Mare. Tr. de la police, Liv. V, Tit. VIII, c. 2.

Boisseau de blé. Boisseau d’avoine. C’est un boisseau plein de cette sorte de grain. Frumenti modius.

En matière de médailles, le boisseau, d’où il sort des épics de blé & des pavots, est le symbole de l’abondance. Une médaille singulière de Caracalla, a d’un côté la tête nue de cet Empereur, avec ces mots, M. AVR. ANTONINVS PIVS AVG. P. B. G. MAX & au revers un boisseau d’où il sort des épics, avec ces mots, ETERNVM BENEFICIVM........ Elle est de grand bronze.

On dit par un proverbe sacré qu’il ne faut pas mettre la lumière sous le boisseau; pour dire, qu’il ne faut point rendre ses talens inutiles, ni s’abstenir de prêcher quand on en a la capacité, parce que cela va à l’édification, ou à l’instruction du prochain. C’étoit un des préceptes mystérieux de Pythagore, qu’il ne faut jamais s’asseoir sur le boisseau.

On dit populairement, qu’un homme a de pleins boisseaux de pistoles ; pour dire, qu’il en a beaucoup. Metiri modio nummos. On dit aussi, que le boisseau est plein, lorsque la providence châtie ceux qui ont commis un grand nombre de crimes.

On appelle boisseau de poterie, un corps rond & creux de terre cuite, & fait en forme de boisseau qui n’a point de fond. On forme la chausse d’une aisance, en emboîtant plusieurs de ces boisseaux les uns dans les autres.

Les Boutonniers appellent boisseau, une Machine de bois en forme d’un demi-globe, & longue d’environ un pied & demi, fort légère, qui se met sur les genoux pour travailler. On s’en sert pour faire des tresses, du cordon rond, des ceintures de soie, ou autres ouvrages qu’on appelle faits au boisseau, pour les distinguer de ceux qui sont faits au métier.

Boisseau, chez les Fontainiers. C’est la boîte de cuivre dans laquelle tourne un robinet.

☞ BOISSELAGE. s. m. Vieux mot. Office de Mesureur de blé.

BOISSELÉE. s. f. Mesure d’un boisseau, autant qu’un boisseau peut contenir de grain, ou autre chose. Frumenti modius.

Boisselée, se dit particulièrement d’une certaine mesure de terre, dont on use en la plupart des Provinces de France. C’est autant de terre qu’il en faut pour contenir la semence du grain contenu en un boisseau. Cette terre contient tant de boisselées. Pour faire un arpent de Paris, il faut environ huit boisselées.

BOISSELIER, ÈRE. s. m. & f. Ouvrier qui fait, qui vend des boisseaux, des cribles, des tambours, des éclisses, litrons, des seaux, des pelles & autres ouvrages de bois servant au ménage. Modiorum faber.

BOISSON. s. m. Ce qui est propre à boire, ce qu’on boit ordinairement. Aliment fluide destiné à réparer nos forces. Potus. L’eau est la boisson ordinaire des animaux. Les Chinois font toujours chauffer leur boisson. Dans les pays différens on a de différentes boissons, du vin, de la bière, du cidre, &c.

☞ On appelle souvent boisson le vin qu’on a coutume de boire. C’est dans ce sens qu’on dit, avoir toute sa boisson en cave.

On appelle en plusieurs provinces, boisson, de l’eau passée sur le râpé d’une vendange, pour donner aux Valets. On dit en ce sens, faire de la boisson. On appelle aussi boisson, sur les vaisseaux, un mélange d’une grande quantité d’eau avec quelques parties de vinaigre. Acad. Fr. Donner de la boisson aux matelots.

BOÎTE. s. f. Petit vaisseau qui se ferme avec un couvercle. Pyxis. Une boîte à portrait. Une boîte à diamans, boîte à confitures. Une boîte à poudre. Des boîtes d’Apothicaire.

Ce mot vient de buxuletta, diminutif de buxula, qui a été fait de buxus, à cause que les boîtes se font ordinairement de buis. Ménage. Buxula, buxtula, se trouvent dans la basse latinité. Voyez Act. Sanct. Janu. Tom. I, 1056, 1057, Feb. Tom. III, p. 535. C’est ainsi qu’en grec de πυξίος, ou πύξος, buis, s’est fait πυξίς, boîte. Du Cange le dérive de buxis, buxida, bossida, & bustula, qu’on a dit dans le même sens dans la basse latinité, ou du grec πυξίς.

Boîte, se dit aussi communément de ce qui est contenu dans une boîte. Une boîte de prunes, boîte d’abricots, boîte d’onguent.

On appelle la boîte des pauvres, des prisonniers, celle où l’on reçoit les charités. La boîte de Confrérie, certain petit tronc portatif, & fermé à clef, dans lequel on reçoit les aumônes pour les pauvres, pour la Confrérie. Le peuple appeloit par dérision. Boîte à Perrette, la boîte des aumônes dans les temples des Réformés. Depuis on a appliqué cette expression aux Appelans.

BOÎTE, en termes de Monnoies, se dit de petits coffres, où l’on enferme les monnoies, qu’on a essayées, pour les envoyer à la Cour des Monnaies, & en faire un nouvel essai. Les boîtes se font par les Gardes des Monnoies : ils y doivent mettre sans choix de vingt pièces d’or une, & de dix-huit marcs de pièces d’argent une autre, qui servent d’échantillon pour le faire juger.

On appelle aussi boîte à la Monnoie, l’endroit où l’on met le carré des médailles, quand on les marque. Cette boîte est d’acier, & l’on y fait tenir fermes les carrés qu’on met dedans par le moyen des vis qui les serrent.

On appelle, boîte de la poste, la boîte où l’on va porter les lettres pour la poste ; & la boîte de la lanterne, la boîte où est enfermée la corde qui sert à hausser & à abaisser chaque lanterne.

Boîte. Terme d’Imprimeur en Taille-douce ; c’est un morceau de bois qui est en forme d’arc, & qui par dedans est garni de fer blanc pour faire tourner le rouleau.

Boîte de montre. Terme de Gaînier. Petite boîte où l’on met une montre de poche.

☞ On appelle plus particulièrement boîte d’une montre, la partie de la montre où le mouvement est renfermé, & le verre ajusté.

Boîte à Foret. C’est où les Serruriers & les Couteliers mettent le foret quand ils veulent percer. ☞ C’est une espèce de bobine où tient le foret, qu’ils font mouvoir par le moyen de la corde de l’archet pour percer des trous.

Boîte de navette. Terme de Tisserand. C’est la partie de la navette où l’on met la trame.

Boîte à poivre. Terme de Taillandier. C’est d’ordinaire une espèce de vase de fer blanc partagé en petits carrés, pour mettre le poivre, les clous de girofle & la muscade. Les Vitriers ont aussi une boîte parmi leurs outils, & c’est où ils mettent la poix résine en poudre.

Boîte à savonnette. C’est une boîte qui est faite en boule, & qui s’ouvre en travers en deux hémisphères ; les Barbiers s’en servent pour porter une savonnette.

On se sert de ce terme en Botanique, pour exprimer la figure de plusieurs fruits qui ressemblent à une boîte à savonnette.

Boîte à moutarde. Vase de bois, où les Vinaigriers mettent la moutarde.

Boîte, en termes d’Anatomie, est le lieu où les os sont enclavés & emboîtés l’un dans l’autre.

Boîte, est aussi la partie du vilbrequin où l’on attache sa mèche.

Boîte, chez les Fontainiers, sont des coffres de fer ou de tôle, percés de trous, que l’on met à la superficie des pièces d’eau pour arrêter les ordures, & empêcher l’engorgement d’une conduite.

En général, chez les Artisans on appelle boîte, les ais qui servent à revêtir d’autres pièces de bois, comme poutres ou solives ; ou les trous où entrent d’autres pièces. Boîte de roue, où entre l’essieu. Ils appellent aussi en Architecture boîte ce qu’on nomme autrement hoches, amarres, & que les Charpentiers de Paris appellent jouières. Voyez Amarres.

En termes de Marine, on appelle la boîte du gouvernail, la pièce de bois percée, à travers de laquelle passe la barre, ou le timon.

Boîte, en termes d’Artillerie, est un petit mortier de fer, haut de sept à huit pouces, qu’on charge de poudre jusqu’au haut, & qu’on bouche avec un fort tampon de bois pour le tirer dans des feux & réjouissances publiques. Æneum crepitaculum. On appelle aussi boîte, le bouton qui est au bout de la hampe des écouvillons qui servent à nettoyer, à rafraîchir le canon. La tête d’un refouloir s’appelle aussi boîte.

Boîte pour allezer le canon. Cette boîte est de cuivre, ou de fonte, & armée d’un couteau bien acéré. On suspend la pièce en l’air, ayant la bouche en bas, ensorte que le couteau enchâssé dans la boîte, coupe & unie