Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRANCHE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 39-40).
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BRANCHE. s. m. Jeune bois qu’un arbre pousse en rameau au-delà de son tronc. ☞ Les tiges se divisent par le haut en plusieurs grosses branches, brachia, qui se subdivisent en plusieurs petits rameaux, rami, & bourgeons, surculi. Les jeunes branches sont, ou opposées, oppositi. ou alternes, conjugati, rassemblées, compressi, ou qui s’évasent, patentes. Celles qui sont garnies de feuilles sont foliati ; celles qui en sont dégarnies, nudi. Enfin il y en a de garnies de support, & d’autres qu’on nomme proliferes. Les branches sont composées des mêmes parties de la tige.

☞ Dans les arbres fruitiers, les Jardiniers appellent branche à bois, celle qui étant venue sur la taille de l’année précédente, & cela dans l’ordre de la nature, est raisonnablement grosse. Branche à fruit, se dit de celle qui est venue de médiocre longueur & grosseur sur cette même taille. Les branches à fruit ont les yeux gros & assez près les unes des autres. Branche à demi bois, est celle qui étant trop menue pour branche à bois, & trop grosse pour branche à fruit, est coupée deux ou trois pouces de long pour en faire sortir un meilleur jet, soit à fruit, soit à bois, pour contribuer à la beauté de la figure, & amuser la vigueur de l’arbre. Branche de faux bois, ce sont les mauvaises qui sont venues contre l’ordre de la nature, & d’ailleurs que des tailles de l’année précédente, ou qui étant venues sur ces tailles, se trouvent grosses à l’endroit où elles devroient être menues. Elles ont les yeux plats & fort éloignés. La Quint. Pour entendre cet ordre de la nature, il faut savoir, 1°. Que les branches ne doivent venir que sur celles qui ont été racourcies à la dernière taille, & ainsi toutes celles qui viennent en d’autres endroits sont branches de faux bois. 2°. Que l’ordre des branches nouvelles est, que s’il y en a plus d’une, celle de l’extrémité soit plus grosse & plus longue que celle qui est immédiatement au-dessous, & celle-ci plus longues & plus grosse que la troisième, & ainsi des autres ; & par conséquent, si quelqu’une se trouve grosse à l’endroit où elle devroit être menue, elle est branche de faux bois. Il y a cependant quelques exceptions. Idem.

Dans les arbres qui sont vigoureux, & en même temps d’une belle figure, il n’y sauroit guère avoit trop de branches à fruit, pourvû qu’elles n’y fassent point de confusion ; mais à l’égard des branches à bois, il n’en faut d’ordinaire laisser en toutes sortes d’arbres qu’une de toutes celles qui sont sorties de chaque taille de l’année précédente. La Quint.

Branche mere, ou mere-branche, se dit de celle qui ayant été racourcie à la dernière taille, a produit d’autres branches nouvelles. Branches aoûtée, se dit des branches qui sur la fin de l’été cessent de pousser & s’endurcissent, en prenant une couleur noirâtre : si elle demeure verte, elle n’est pas bien aoûtée. La Quint. Branches veules, ou branches élancées, se dit de certaines branches longues & menues, qui ne sont propres ni à fruit, ni à bois, & qu’il faut retrancher. Les branches veules sur un arbre fruitier ne sont propres à rien. Liger. Branches chifonnes, sont des branches courtes & menues qui ne font que de la confusion dans l’arbre, & qu’on doit couper. Branche furieuse, c’est celle qui est très-grande, qui a beaucoup poussé, & fait un beau & grand jet. Il est à propos de conserver toutes les belles branches que les pêchers poussent l’été, à moins qu’il n’en soit sorti une si grande abondance, qu’elles fassent de la confusion. Mais en tout cas, si la nécessité y oblige, il faut avec beaucoup d’intelligence arracher ou couper tout prêt quelques-unes des plus furieuses. La Quint. Voyez encore Gourmand.

On dit figurément, qu’une affaire a plusieurs branches ; pour dire, qu’il y a plusieurs affaires connexes, & jointes ensemble ; qu’il y a plusieurs chefs à discuter.

☞ On dit proverbialement qu’un homme est comme l’oiseau sur la branche, quand il n’a point d’état assuré, de fortune certaine. On dit de ceux qui passent sans raison d’un propos à un autre, qu’ils sautent de branches en branches, & de celui dont la fortune se renverse, qu’il s’est attaché aux branches, quand il ne s’est attaché qu’à des gens qui ne peuvent le soutenir, au lieu de s’attacher au tronc, à celui qui a une autorité supérieure. ☞ Ce mot vient du latin, brancha. Ménage, après Saumaise. D’autres le dérivent de brachium, parce que la branche est comme le bras d’un arbre. D’autres enfin de branchia, parce que les branches sont attachées aux arbres, comme les nageoires aux poissons.

☞ Ce mot a été transporté par métaphore, à plusieurs choses qui sont regardées comme des parties analogues à la branche dans l’arbre.

☞ Ainsi l’on dit une branche de corail. Un chandelier à plusieurs branches ; pour exprimer, une chandelier à plusieurs rameaux qui servent aussi de chandeliers. Un ruban noué à plusieurs branches. Branche d’un bouquet de plume. Branche d’une garde d’épée. Les deux parties d’un bois de cerf sont appelées branches. Branche de commerce, objet particulier de commerce, &c.

Branche, en Architecture, signifie les arcs des voûtes des ogives, lesquels arcs traversant diagonalement d’un angle à un autre, forment une croix entre les autres arcs qui font les côtés du carré, dont les arcs font les diagonales. Quelques-unes de ces branches détachées des pendentifs de la doulle, en rachetent d’autres suspendues, d’où pend quelque cul de lampe.

Branche. Terme de Manufacture d’étoffes de laine, en usage dans quelques endroits de Picardie, parmi les Sergers & Bouracaniers, particulièrement à Abbeville. La branche est une portée de fils dont sont composées les portées qui font la largeur de la chaîne d’une étoffe.

Branches de tranchée, est la même chose que boyau de tranchée. Voyez Boyau.

Branche de la bride, en termes de Manège, sont deux pièces de fer courbées qui portent l’embouchure, les chaînettes & la gourmette, & qui sont attachées d’un côté à la têtière, & de l’autre aux rênes, qui tiennent la tête du cheval sujette. On dit branche hardie, en parlant de celle qui ramene. On forgeoit autrefois une branche pour relever, qu’on appeloit branche flaque. Elle n’est plus en usage.

Les meilleures branches de mords sont de l’invention du Connétable de Montmorenci, qu’on appelle à cause de cela, à la Connétable. Newcastle. De quelque côté que les branches du mords aillent, la bouche du cheval va toujours au contraire. Vous tirez la bride, & cela tire sur les branches en haut, & la bouche va en bas. Id. Voyez sur les branches du mords le même Auteur, pag. 419 & suiv. où il explique ce qui les rend foibles & fortes, & quelle est leur action semblable à celle du levier.

Les Potiers d’étain appellent branche de flambeau, toute la partie du flambeau qui s’élève au-dessus du pied, jusqu’à l’endroit où l’on met la chandelle.

Les deux grands bâtons de devant des crochets d’un Crocheteur, & qui posent sur son dos, sont appelés banches de crochet.

On appelle les branches d’un carrosse, les deux pièces de bois qui sont au derrière du train d’un carrosse, vis-à-vis les moutons, & qui en soutiennent les arc-boutans.

On appelle aussi branches de la trompette, se deux premiers canaux qui portent le vent au pavillon.

Branche, se dit en Anatomie, des rameaux qui sortent d’une grosse veine, & particulièrement de la veine cave.

Branche, se dit aussi figurément des rameaux qui sortent de la souche ou de la tige de l’arbre généalogique, où se voient les descendans en ligne collatérale. La branche masculine. La branche feminine. La branche d’Alençon, de Dreux. La branche de Valois.

Branche, signifie aussi la verge, ou la pièce de bois, ou de fer, qui tient lieu de fléau dans la balance romaine, le long de laquelle le contrepoids est mobile.

Branches de biveau, ou de Sauterelles, sont les côtes de ces instrumens. Le P. Déran les appelle doigts. Daviler les appelle bras.

Branche de voussoir. Voyez Enfourchement.

Branche, en termes de Verrerie. C’est un instrument de fer, long d’un pied & demi, ou environ, avec lequel on élargit la bosse du côté qu’elle a été séparée de la felle qui a servi à la souffler.

Branche de vigne. C’étoit chez les Romains la marque des Centurions.

Branche de Cyprès. C’est une espèce de droit de balise qui se paye au Bureau des Fermes du Roi, établi à Blaye. Ce droit est de 4 s. 6 d. par chaque vaisseau venant de Bourdeaux, Libourne & Bourg. Le tiers de ce droit montant à 1 sol 6 d. appartient au Fermier, les deux autres tiers sont au Duc de Duras, par concession de Sa Majesté.

Branche-ursine. Quelques-uns disent Branque-ursine. s. f. Herbe que les Grecs & les Latins appellent Acanthe, Acanthus. C’est de la representation de ses feuilles qu’on fait les ornemens du chapiteau Corinthien. Voyez ACANTHE.