Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/911-920

Fascicules du tome 1
pages 901 à 910

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 911 à 920

pages 921 à 930


Hist. de Languedoc, écrit Biscoyn. Larrey, dans son Hist. d’Angleterre, T. II, p. 373, a écïit Biscain avec quelques anciens, & Maty dit Biscain, les Biscains. L’un & l’autre est mal. Il faut dire avec M. Corneille Biscayen, qui se prononce Biscaïen. Les Biscayens sont affables, agiles, vifs, courageux, mais sujets à la colère. T. Corn. Les filles Biscayennes vont tête nue, & se coupent les cheveux, parce que selon la coutume du pays, les vierges ne doivent pas les porter longs, ni être voilées. Quand elles sont mariées elles se couvrent la tête d’une toile jaune, qui fait au dessus du front une espèce de corne qui s’élève en pointe. Cet habillement de tête semble approcher de celui de quelques anciens Espagnols & Montagnards. Id. Les Biscayens ont eu des Comtes ou Gouverneurs, envoyés par les Rois d’Oviédo & de Léon jusqu’en 859. Les Biscayens, au rapport de Botero, prétendent que le Roi, qui se nomme seulement Seigneur de Biscaye, doit entrer dans leur pays avec un pied déchaussé. Id. M. de Tillemont semble éviter ce mot. Il dit toujours, les peuples de Biscaye. Il est cependant françois & en usage.

Biscayen. s. m. Espèce de fusil qui porte beaucoup plus loin que les fusils ordinaires. L’auteur de la nouvelle manière de fortifier les places, dit qu’elles devroient être garnies de fusils boucaniers, & de ceux qu’on appelle biscayens, afin de pouvoir tuer un homme de trois cens pas.

☞ BISCHBURG. Petite ville de la Prusse Polonoise.

☞ BISCHMARCK. Petite ville de la Poméranie, près de Stargard.

☞ BISCHOFF-HEIM. Ville du cercle du Bas-Rhin, dans l’Electorat de Mayence.

☞ BISCHOFF-LACK. Ville de la Haute-Carinthie.

☞ BISCHOFF-WERDA. Ville d’Allemagne, au cercle de la Haute-Saxe, dans la Misaie, aux confins de la Haute-Lusace.

☞ BISCHOFFZELL. Ville de Suisse dans le Turgaw, à l’embouchure du Sitter, dans le Thour.

☞ BISCHWEILLER. Ville de France, en Alsace, environ à quatre lieues de Strasbourg.

BISCORNU, UE. adj. Mal fait, mal bâti, qui est d’une forme irrégulière. ☞ On le dit figurément de l’esprit & des ouvrages d’esprit. Une maison biscornue, un ouvrage biscornu, un raisonnement biscornu. Il est familier dans toutes les acceptions.

BISCOTIN. s. m. Pâte cuite avec du sucre. Placenta. Pour faire des biscotins, il faut prendre une demi-livre ou une livre de sucre, suivant la quantité que vous en voulez faire, le faire cuire à la plume, prendre une demi-livre ou trois quarterons de farine, la jeter dans le sucre cuit, la remuer proprement pour la mettre en pâte ; mais il ne faut plus la mettre au feu, il faut la dresser sur une table ou sur une planche, avec un peu de sucre, la pétrir proprement, puis la piler dans le mortier, avec un blanc d’œuf, un peu d’eau de fleur d’orange, un peu de musc & d’ambre, si l’on en veut ; la bien piler, pour incorporer le tout, & en faire une espèce de pâté ferme. Ensuite on la met par petites boules, comme les petits pains de citrons.

☞ Ensuite on les jette dans une poêlée d’eau bouillante ; ils vont d’abord au fond, & quand ils viennent dessus, ou les tire avec une écumoire, on les égoutte, on les dresse sur des feuilles de fer blanc ou de papier, & on les met dans le four, pour les cuire & leur faire prendre une belle couleur.

BISCUIT. s. m. Terme de marine. Pain fort desséché par une double cuisson, d’où il est appelé biscuit, pour le garder long-temps, & particulièrement sur la mer. Panis nauticus. La soute est le lieu où on garde le biscuit dans les vaisseaux. Le biscuit pour les voyages de long cours se cuit quatre fois, & on le fait six mois avant l’embarquement. Le biscuit qu’on charge sur les vaisseaux du Roi, est de farine de froment épurée de son, & de pâte bien levée. Faire du biscuit, c’est aller en chercher, aller faire sa provision de biscuit, comme on dit, faire de l’eau, & faire du bois.

☞ On dit figurément & proverbialement, qu’il ne faut point s’embarquer sans biscuit ; pour dire s’engager dans une affaire, dans une entreprise, sans avoir les choses nécessaires pour y réussir.

Biscuit, est aussi une pâtisserie friande faite avec de la plus fine farine, des œufs & du sucre : on y met aussi de l’anis & de l’écorce de citron. Copta dulciaria. On les fait cuire au four dans des moules de fer blanc, ou de papier. Il y a aussi des biscuits de carême faits sans œufs, avec de la pâte d’amandes ; des biscuits de conserve de roses, de citron, de grenade, &c.

Les Maçons appellent biscuits, ou bécuits, les pierres de chaux qui restent dans le bassin, après que la chaux est détrempée.

Biscuit, se dit aussi en termes de Teinture. Il est défendu aux Teinturiers de faire aucun biscuit ni faux noir, c’est-à-dire, entre deux galles, vieille & neuve.

Biscuit, se dit aussi chez les Potiers de terre, Faïenciers, &c. de la pâte qu’ils emploient à faire leurs vaisseaux, & sur laquelle ils appliquent ensuite la couverte.

BISE. s. f. Vent de nord. Il est froid & sec. Il souffle entre l’est & le septentrion. Aquilo. Boreas. La bise est un vent très-dangereux sur la Méditerranée. Il s’appelle nord sur l’Océan, & Tramontana en italien ; chez les Anciens, Boreas, Aparctias. C’est un air froid qui gèle les vignes, qui sèche les fleurs. Voyez-en la cause au mot Vent. Comme tombe une fleur que la bise a séchée, dit Malherbe.

On dit proverbialement, qu’un homme a été frappé du vent de bise ; pour dire, qu’il est ruiné, qu’il lui est arrivé quelque mauvaise fortune.

Lipse dérive ce mot de l’allemand bisa, qui signifie tourbillon de vent, & dit que biesen & biisen signifient en flamand, être fort agité. Le P. Pezion le tire du celtique bis.

Bise. Vieux mot qui se disoit autrefois pour biche, femelle du cerf. Cerva.

Bise, est aussi le nom d’un certain poisson qui approche fort du thon. Amia. Rond.

BISEAU. s. m. Endroit du pain où il n’y a pas de croûte, ce qui arrive lorsque les pains se touchent dans le four en cuisant. Panis pars mollior, & dans la basse latinité, bisellus. Ceux qui ont de mauvaises dents, demandent du biseau. C’est la même chose que baisure.

Quelques-uns le dérivent de baiseau, c’est-à-dire, le lieu par où les pains se baisent. Mais Ménage le dérive de bis, dont il fait bisus & bisellus.

Biseau, se dit aussi en parlant de la taille des verres, des diamans, des pierres précieuses, des glaces de miroir, lunettes à facettes : c’est l’angle formé de leurs superficies qui se joignent. Lingula angulata. On voit les objets doubles, quand on les expose au biseau des deux côtés.

On dit aussi, qu’un ciseau, ou qu’un fermoir de menuiserie est à deux biseaux, lorsque le taillant est en forme de coin, & qu’il a un angle ou biseau des deux côtés. Obliquè angulata ferri acies. Ce qui est coupé en talus sur le dos d’un couteau, ou d’un rasoir, s’appelle aussi biseau.

Biseau, est aussi un terme de Diamantaire, qui se dit des principales faces d’un diamant taillé en table.

Biseau, parmi les Organistes, signifie un petit morceau d’étain, ou de plomb, qui couvre le tuyau, & qui aide au raisonnement de l’orgue.

Biseau, ou chanfrein, terme d’Architecture. C’est une surface inclinée, ou plate bande, faite par l’arête rabattue d’une pièce de bois équarrie. On dit, taillé en chanfrein, ou en biseau. On se sert aussi de ce terme dans la description de certains fruits.

En termes d’Imprimerie, on appelle Biseau, les morceaux de bois qui sont en glacis, qui fervent à entourer les pages.

BISÉE. adj. f. Terme de Teinturier. On appelle une étoffe bisée, une étoffe qui a été reteinte & repassée. On dit aussi étoffe reparée.

☞ BISEGLIA. Ville d’Italie, au Royaume de Naples, dans l’Apouille & dans la terre de Bari, avec un Evêché suffragant de Frani. Vigiliæ.

BISEIGLE. s. m. On l’appelle un Régloir. Double instrument de buis, qui sert aux métiers de cordonnier & savetier.

BISELLIAIRE. s. m. Bisellarius. Ce nom se trouve dans une inscription rapportée par Gruter, p. mxcix, n. 2, Cn. Plaetorio. Viviro. Augustali. Biselliario. Ce mot vient de bisellium, qui, selon quelques-uns, est la même chose que le siège Curule, Sella Curulis ; & selon d’autres un siège plus grand, plus commode, plus honorable, qui se donnoit à certaines personnes aux spectacles, aux théâtres, & dans de semblables assemblées. Le droit d’avoir ce siège s’appelle, sur deux inscriptions trouvées en italie, Honor Bisellii, & par la dernière trouvée depuis quelques années, il paroît qu’au moins quelquefois on achetoit ce droit. L’honor bisellii étoit donc à peu près comme nous dirions en France droit de fauteuil ; & les Biselliaires seroient parmi nous ceux qui dans les assemblées auroient droit de fauteuil, tandis que les autres seroient debout ou assis sur des bancs, des tabourets, des plians, ou des chaises. Ce que nous venons de dire, montre que Scaliger s’est trompé dans les Tables des Inscriptions de Gruter, quand il met les Biselliaires parmi les artisans, comme si c’étoit ceux qui faisoient les sièges appelés bisellia, & non pas ceux qui, comme on l’a dit, avoient droit d’en avoir aux assemblées. C’est une remarque de Pitiscus. Au reste, ces grands sièges appelées Bisellia, étoient anciens. Varron en parle De Ling. Lat. L. IV, & dit que c’étoit des sièges une fois plus grands que les chaises ordinaires, ou bien deux sièges où deux personnes pouvoient tenir. C’est pour cela qu’ils étoient appelles Bisellia, comme qui diroit double siège.

☞ BISER. v. a. Terme de Teinturier. Reteindre une étoffe, la passer une féconde fois à la teinture. Iterum tingere, retingere. Ce mot vient du latin bis. Repasser en teinture, passer deux fois.

☞ BISER. v. n. Terme d’Agriculture, se dit des grains qui dégénèrent, qui noircissent d’année en année. Nigrescere, nigricare. C’est une maxime chez les Laboureurs, que les blés bisent d’année en année ; & cela est confirmé par l’expérience. Les Vocabulistes ne paloissent pas bien convaincus de cette vérité. Les Laboureurs croient, disent-ils, que le blé bise ou dégénère d’année en année, & qu’il finit par devenir seigle. Oui, ils croient ce que l’expérience leur apprend. Aussi ne manquent-ils pas d’aller de quatre ans en quatre ans, plus ou moins, chercher au loin de nouveau grains pour les semer dans leurs terres.

☞ BISERTE. Ville maritime d’Afrique, au Royaume de Tunis.

BISET. s. m. Pigeon sauvage, plus petit que le ramier, qui a la chair plus noire que les autres, & les pieds & le bec rouges. Columbus agrestis, saxatilis. Les bisets, ou pigeons sauvages, nichent dans la Flandre, & dans les pays septentrionaux. Observations sur les écrits modernes, tom. XVIII, pag. 30.

Belon, & Jules Scaliger disent qu’il a été ainsi nommé à cause de sa couleur noire ou bise.

Quelques-uns l’appellent le grand biset. Il est un peu plus petit que les pigeons domestiques. Son pennage est de couleur de rouille, enfumé, approchant de la couleur des raisins noirs. Ses plumes sont si livides, qu’elles en paroissent noires. On voit plus cet oiseau en automne qu’en aucune autre saison. Le biset ne fait des petits qu’une fois l’an. Il a le bec entièrement rouge, long environ comme celui du pigeon privé, & pointu par le bout. Il a toute la tête, le ventre & les ailes cendrées, excepté les grandes pennes, qui sont plus noirâtres. Son vol est très-long, & bien affilé ; ce qui est cause qu’il fend l’air d’une grande vîtesse. Il a le sommet de la tête verdâtre, & mélangé de plumes noires. Sa queue, en approchant du croupion, est cendrée, & noire dans le reste. Ses pieds sont rouges, rabotteux & munis d’ongles noirs. La femelle a le bec & les pieds d’un rouge moins éclatant. L’on fait cas de la chair du biset, & elle est plus délicate & plus serrée que celle du pigeon.

On dit aussi un caillou biset, en parlant d’un caillou noirâtre ; & ce nom est quelquefois substantif. La voûte qui est de biset, ou de caillou brisé brut, &c. Descript. Géograp. & Hist. de la Haute Norm. tome II, p. 231.

Biset. s. m. Grosse étoffe bise. Gérard Ségarelle laissa croître sa barbe & ses cheveux, se fit faire un habit de biset, avec un manteau blanc d’une grosse étamine, & prit une corde pour ceinture & des sandales, comme les Frères mineurs. Fleury.

BISETTE. s. f. Petite dentelle que font les paysannes pour leur usage, & qui est de peu de valeur.

BISETTIERE. s. f. Celle qui travaille à faire de la bisette.

BISEURS, ou Répareurs. s. m. pl. Qualité qu’on donnoit autrefois aux maîtres Teinturiers du petit teint, parce qu’il n’appartenoit qu’à eux de faire le bisage & le réparage. Il ne peut présentement y avoir dans Paris & les fauxbourgs que douze Biseurs & pareurs. Ce sont ceux qui composent la Communauté du petit teint.

☞ BISIGNANO. Bisidiæ, Disidiæ, Besidianum. Ville du Royaume de Naples, dans la calabre extérieure, avec un Évêché suffragant de Rosiano.

BISLINGUA. s. f. Terme de Botanique. C’est une espèce de Ruscus, ou de Houx frêlon. Elle est ainsi appelée, parce que du milieu de chacune de ses feuilles il en sort une autre plus petite, & qui a la même forme. On l’appelle autrement Hypoglossum. Mais ces mots bislingua, & Hypoglossum, ne sont point françois. Voy. Laurier Alexandrin, qui est le nom françois de cette plante, & sous lequel on en parlera

BISMUTH. s. m. Corps minéral à demi métallique, composé de la première matière de l’étain, qui est encore imparfaite. C’est un excrément métallique, provenant d’une portion incapable de former un vrai métal, & changé en un corps minéral, blanc, poli, ressemblant à l’étain, mais plus rouge. Sa substance est fort dure, pesante, aigre & cassante, & d’un grain gros, poli, blanc & éclatant. On l’appelle autrement étain de glaces, parce qu’étant brisé, il fait voir plusieurs substances polies comme une glace, & qu’il tient beaucoup de l’étain. On l’appelle aussi marcossite par excellence, à cause qu’il surpasse les autres en blancheur & en beauté. ☞ Il entre aisément en fusion, perd son phlogistique, & répand beaucoup de fumée. Etant calciné, il se vitrifie, & se dissout dans l’eau-forte & l’eau régale. Lorsque le Bismuth est mêlé avec les métaux, il les pénètre, il les blanchit, il les rend plus coulans, & empêche que le mercure ne les diminue trop dans l’amalgame que l’on en fait. Il faut en excepter cependant le Cobalt & le Zinc. Il contient un sel arsénical dont l’usage intérieur est dangereux. Son précipité est un magistère fort blanc, qu’on mêle avec des eaux & des pommades, pour en faire un fard qui embellit le teint des Dames, & qui guérit les altérations de la peau. On en tire aussi des fleurs qui effacent les taches du visage ; ce qui fait qu’on l’appelle autrement blanc de perle. Voy. la façon de le faire dans Charras. Voyez encore la Métallographie de Webster.

Alonso Barba dit qu’on en a trouvé depuis peu une mine en Bohème, & il le met au rang des métaux. Mais le bismuth est proprement le régule de la pierre appelée Cobalt, Cobaltum ; pierre d’où l’on tire l’arsenic, l’azur, le caffre, & le bismuth. M. Stalh, Médecin Allemand, a donné la préparation : il faut le consulter pour être parfaitement instruit sur cette matière.

☞ Le Bismuth qu’on appelle vierge, est fort rare. On le trouve dans les mines d’argent, dont il annonce la richesse. Il vient en graine, en feuilles & en cubes, & assez pur. On prétend que la chaleur souterraine lui procure toute la cuisson nécessaire, & il se fond très-aisément à la flamme d’une lumière. Il y a un Bismuth d’un gris cendré qui contient du cobalt & de l’arsenic. Il est ou solide ou à grandes stries, donne peu d’étincelles, & ne tombe point en efflorescence, lorsqu’on y répend de l’eau forte. Oryct. Le Bismuth en fleur est d’un gris jaune, souvent rouge, vert ou bleu. Cette mine est pesante, de couleur noire, & contient beaucoup de soufre ; ce qui lui fait répandre une odeur désagréable. Celui qui est sablonneux, prend ce nom, parce qu’il s’est formé dans une pierre de grais, d’une couleur tirant sur le noir. Il est rempli de cobalt, indépendamment de la partie sulfureuse qu’il contient.

On fait du bismuth artificiel, en réduisant l’étain en petites lames & petits morceaux, & en le cimentant par une mixtion de tartre blanc, de salpêtre & d’arsenic stratifié dans un creuset à feu nu. On fait la même chose du zinch, ou zain, en mettant du plomb au lieu d’étain, & un peu de calamine.

☞ Quand le Bismuth sert à former les caractères d’imprimerie, on le mêle avec de l’étain, pour rendre ces caractères plus durables. Oryct.

☞ BISNAGAR. Royaume des Indes. Voyez Narsigue.

Bisnagar. Ville. Voyez Chandegri.

BISNAGUE, ou VISNAGA. Voyez Gingidium.

BISNOW. s. m. Nom de Secte parmi les Banianes des Indes, qui sont la Caste des Marchands, dans laquelle il y a deux Sectes. Celle de Bisnow, & celle de Samarath. Ils reconnoissent un Dieu seul, qu’ils appellent Ram Ram. Ce nom pourroit venir de l’hébreu רם, Ram, & signifier par conséquent, haut haut, c’est-à-dire, en style de langues orientales, Très-haut. Ils ne donnent point de Lieutenans à ce Dieu, comme fait la secte de Samarath. Il fait tout par lui-même, c’est-à-dire, qu’ils ne reconnoissent qu’un seul Dieu. Ils lui donnent cependant une femme. Ils parent leurs idoles de chaînes d’or, de colliers de perles, & de pierreries. Ils chantent, dans leurs temples, des hymnes à l’honneur de ces idoles, & dansent au son des flageolets, des tambours, des bassins de cuivre, &c. Les femmes de la secte de Bisnow ne se brûlent point après la mort de leurs maris, comme celles de la secte de Samarath. Elles se contentent de ne se plus remarier. Peut-être que Bisnow est la même chose que le Dieu Visnou, dont nous avons parlé au mot Brama, & dont nous parlerons encore en son lieu.

BISOCHE. s. m. Bifœcus. Voyez Frérot.

BISOGNE. s. m. Nouveau soldat. Vieux mot. Le Roi d’Espagne, dit le sieur d’Aubray au Duc de Mayenne, envoya à votre père du secours ; mais tel que j’ai honte d’en parler : tous bisognes ramassés, qui jamais ne voulurent combattre a la bataille de Dreux, & se couvrirent des charriots de bagage… Sat. Men. T. I., p. 111.

Brantôme dit que de son temps, en France & en Espagne, on appeloit bisognes, ou Bisonnos, toutes les troupes qui n’avoient point servi dans les guerres de Piémont, & Vieïos, celles qui y avoient été employées. Cependant Bernardin de Mendosse, en ses Commentaires de la guerre des Pays-Bas, semble restreindre la qualité de Bisognes aux seuls nouveaux soldats Espagnols destinés à être mis dans les garnisons, à la place des vieilles troupes que les Espagnols en tiraient pour composer leurs armées : c’est là effectivement la propre signification du mot espagnol Bisonno, qui veut dire un soldat nouveau, de recrue, ou de nouvelle levée ; tels qu’étoient ceux qui se couvrirent du bagage à la bataille de Dreux. Mézerai dit aussi qu’on appeloit en France, en ce temps-là, bisognes, toutes les troupes nouvellement levées… Sat. Men. tome II, p. 272.

BISON. s. m. Bœuf sauvage des Indes. Il a la tête courte, le front large, les cornes crochues, pointues, noires & luisantes. Ses yeux sont grands, hagards, enflammés & affreux. Sa langue est si rude, qu’en léchant il enlève la peau, & fait sortir le sang. Son cou est chargé de quantité de crins longs, qui ont une odeur de mule. Cet animal habite dons les bois : il est féroce & fort dangereux. Sa fiente est résolutive, & ses cornes prises en poudre sont, dit-on, sudorifiques, & résistent au venin.

Bison, en termes de Blason, est la même chose que bufle. Bos ferus. Une tête de bison couronnée.

BISQUAIN. s. m. Peau de mouton garnie de sa laine, préparée & passée par les Mégissiers. C’est de ces peaux (qu’on nomme communément housses) dont les Bourreliers se servent pour faire des couvertures aux colliers des chevaux de tirage.

BISQUE. s. f. Potage exquis, fait de plusieurs Pigeons, poulets, béatilles, jus de mouton, & autres bons ingrédiens. Catinus jurulento pane, & exquisitis fartilibus refertus.

Ce mot, en ce sens, vient de bis cocta ; parce que la bisque, se faifant de plusieurs béatilles, il en faut faire plusieurs cuissons séparées & réitérées, avant que de lui donner la dernière perfection. Vive la France pour les ragoûts & pour les bisques. Main. Rien ne charme tant leur esprit que la bisque & la fricassée. Gomb.

Qu’est devenu ce teint dont la couleur fleurie
Sembloit d’ortolans seuls & de bisques nourrie ?

Boil
.

On appelle demi-bisque, celle qui se fait à moindre frais, & où l’on ne met que la moitié des ingrédiens de la précédente.

On appelle bisque de poisson, celle qui se fait avec des hachis de carpe, leurs œufs & leurs laittes, & avec des écrevisses.

Bisque. Terme de jeu de paume, est un coup que l’on donne gagné au joueur qui est plus foible, pour égaler la partie par cet avantage, & qu’il prend quand il veut une fois en chaque partie. Quadrans pilarii quindenarii. ☞ Ainsi prendre bien sa bisque, c’est placer à propos cet avantage qui vaut quinze. C’est dans ce sens qu’on dit familièrement & figurément, prendre bien sa bisque ; pour dire, prendre bien son temps, profiter de son avantage, d’une occasion pour faire ce qu’on souhaite.

Quelques-uns, en ce sens dérivent ce mot de bis capit, parce que d’ordinaire on la prend après un avantage qu’on vient de gagner, & ainsi on prend deux coups en même temps.

On dit aussi dans ce sens demi-bisque, pour un semblable avantage qu’on ne prend qu’une fois en deux parties, ou en deux jeux.

On dit proverbialement à un homme sur qui on se vante d’avoir de l’avantage en quelque chose que ce soit, qu’on lui donneroit quinze & bisque. On dit aussi ☞ avoir bisque & quinze ; pour dire, avoir un grand avantage, de grands préjugés en sa faveur pour le succès d’une affaire.

BISSAC. s. m. Sac double & tout d’une pièce, qui a une ouverture par le milieu, & fermé par les deux bouts, en sorte qu’il forme un double sac. Pera, mantica, &c. Les bissacs se peuvent mettre à l’arçon de la selle. Les paysans portent sur l’épaule un bissac pour les nécessités de leur voyage. Il ne diffère de la besace, qu’en ce qu’il est plus petit, & est fait ordinainement de cuir. On dit d’un homme ruiné, qu’il est au bissac.

Ménage dérive ce met du latin bisaccium, qui se trouve dans Pétrone en la même signification. Nicot le dérive de bis, & de saccus, aussi-bien que besace ; c’est-à-dire, double sac, ou deux sacs s’entretenans ; & le P. Monet l’appelle sac à double fond. Les Bollandistes, Act. Sanct. Mart. T. II, p. 756, croient qu’il seroit peut-être mieux de le tirer d’un ancien mot françois, ou teutonique, & de dire que bissac signifie un sac à mettre le manger, ou bid-sac, saccus mendicatorius, sac propre à mandier ; car il n’y a, disent-ils, que les pauvres, ou ceux qui vivent d’aumône, qui se servent de bissac ; cependant la première étymologie paroît sans comparaison meilleure.

BISSE. s. f. Terme de Blason, qui signifie un serpent, qui est la même chose que guivre, givre, ou vivre. Anguis.

Ce mot vient de l’Italien biscia, signifiant la même chose. Quelques-uns disent que c’est à cause de son sifflement, qu’on lui a donné ce nom. D’autres croient qu’il peut venir du françois bis, qui signifie couleur cendrée & grise, comme on dit du blé bis, de la pâte bise, & pain bis-blanc ; parce que ces serpens sont cendrés ordinairement.

BISSE. Voyez Bysse.

☞ BISSECTION. s. f. Terme de Géométrie, synonyme à bipartition. Division d’une étendue en deux parties égales. Bipartitio.

BISSÊTRE. s. m. Malheur, accident causé par l’imprudence de quelqu’un. Calamitas. Si vous laissez entrer cet étourdi, il fera quelque bissêtre en la maison.

Ce terme est populaire, & est venu par corruption de bissexte, parce que les superstitieux ont cru que c’étoit une armée malheureuse. On ne s’en doit donc servir que dans le style bas & comique, à l’exemple de Molière, qui fait dire à un valet :

Hé bien ne voilà pas ton enragé de maître ;
Il nous va faire encor quelque nouveau bissêtre.

Voyez Bicêtre.

BISSEXTE. s. m. Terme de Chronologie. Année de 366 jours, qui arrive de quatre en quatre ans, à cause de l’addition qu’on y fait d’un jour, qu’on insère dans le mois de Février, pour remplacer les six heures que le soleil emploie à faire son cours chaque année au-delà de 365 jours. On appela ce jour-là bissexte ; parce que César ordonna qu’il fût intercalé après le 25 de Février, qui étoit le 6 des Calendes de Mars ; ainsi parce que l’on comptoit cette année-là deux fois le 6 des Calendes de Mars, Bissexto calendas, on nomma bissexte le jour qui étoit intercalé ; & année bissextile, l’année où cela arrivoit, Intercalaris dies, annus intercalaris. Les Grecs modernes ont aussi adopté ce mot βίσεξτος, & βίσεξτον, qui se trouve dans Anastasse d’Antioche, & dans un Glossaire manuscrit de la bibliothèque du Chancelier Seguier.

Cependant les Astronomes qui travaillèrent à la réformation du calendrier par les ordres du Pape Grégoire XIII, ayant observé que le bissexte ajoutoit en 4 ans 40 minutes plus que le soleil n’emploie à retourner au même point du zodiaque, ils supputèrent que ces minutes rassemblées composoient un jour en 133 ans. Ainsi pour prévenir que cela ne changeât insensiblement l’ordre des saisons, il fut arrêté que dans le cours de 400 ans l’on retrancheroit trois bissextes. L’année 1700 n’a point été bissextile par cette raison. Ammiam Marcellin rapporte que l’Empereur Valentinien ne vouloit point sortir le jour du bissexte de Février, comme le croyant malencontreux. Voyez le mot An. Le P. Noris se sert pour rectifier la chronologie, de deux bissextes qui sont fixes, l’un en 222, par le cycle pascal de S. Hippolyte, & l’autre en 364 par Ammien. Tillem.

Bissexte. s. m. On nommoit ainsi un certain droit épiscopal, dont parle M. l’Abbé Fleury, & qu’il n’explique pas.

BISSEXTIL, ILE. adj. Epithète de l’année où se rencontre le bissexte. Intercalaris, intercalarius.

Ce mot vient de ce que les Romains comptoient deux fois le même jour de Février où l’on mettoit le bissexte, bis sexto Calendas Martias, six jours avant Mars.

BISSOM. s. m. Bœuf sauvage. Voyez Bison.

BISSONATA. Espèce de grosse étoffe, qui sert à faire les habillemens de quelques Religieux, des frocs de Moines.

☞ BISSUS. Voyez Bysse.

BISTI. s. m. Petite monnoie de Perse. Quelques relations d’assez bonne main mettent le bisti au nombre des monnoies courantes d’argent qui se fabriquent en Perse, & le font valoir un sou quatre ou six deniers de France.

Le Chevalier Chardin ne donne le bisti que pour une monnoie de compte, & l’appelle dinar-bisti, qu’il fait valoir dix binars.

BISTONIE. Bistonia. Ancienne ville de Thrace, bâtie par Biston, fils de Mars & de Callirhoé, duquel elle prit son nom. De là la Thrace fut aussi appellée Bistonie, en grec & en latin, Bistonia, & les Thraces, si souvent dans les Poëtes, Bistoniens, Bistones, Bistonii.

BISTOQUET. s. m. Instrument de billard avec lequel on joue coup sec, quand on craint de billarder. Le dessus de la masse est presque rond, & la queue fort relevée, clava lusoria supernè rotunda. On l’appelle bistoquet par ironie, puisqu’on s’en sert pour ne pas toquer ou toucher deux fois la bille.

BISTORD, ou BITORD. s. m. Terme de marine. Menue corde à deux fils, dont on se sert pour faire des enfléchures, pour amarrer, pour renforcer les manœuvres. Funiculus.

BISTORTE. s. m. Nom de plante. Bistorta. Ses racines sont rougeâtres, charnues, grosses comme le pouce, tortues, repliées ordinairement les unes sur les autres, & garnies de chevelu. Elles jettent des feuilles longues assez semblables à celles de la patience, mais plus petites & vertes en-dessus, blanches en-dessous. Leur tige est haute d’un pied environ, lisses, arrondies, noueuses par intervalles, & garnies de quelques feuilles beaucoup plus petites que celles du bas de la plante. Chaque tige est surmontée d’un épi de fleurs purpurines, long d’un ou deux pouces, & fort serré. Chaque fleur est composée de cinq étamines, soutenues par un calice fendu jusqu’à la baie en cinq quartiers purpurins. Le pistil qui occupe le fond du calice, devient, après que la fleur est passée, une graine à trois coins, brune & renfermée dans une enveloppe fermée par le calice de la fleur. Son nom de bistorte vient de deux mots bis torta, deux lois tort. La racine de bistorte est fort astringente, bonne pour les flux de sang, pour les pertes, pour empêcher l’avortement ; & on la recommande dans les fièvres malignes causées par une dissolution de la masse du sang.

BISTOTIER. s. m. Terme de Pharmacie. C’est un instrument de bois, de figure cylindrique. Il y en a de différente longueur & grosseur. On s’en sert pour le mélange de plusieurs compositions.

BISTOURI. s. m. Instrument de Chirurgie, en forme de petit rasoir, qui ser tà couper, à faire des incisions dans les chairs. Novacula incurva. On l’appelle bistouri, par ce qu’il est retourné. M. Huet croit que ce nom est formé de Pistoie, ville autrefois renommée pour ses ouvrages de fer. Pistoriensis gladius, ou novacula.

Bistouri à la royale, bistouri herniaire, bistouri lithotôme. Voyez le Dict. de M. Col-de-Villars.

BISTOURNER. v. a. Terme de Maréchal. Bistourner un cheval ou un autre animal, lui tordre deux fois les testicules, pour les rendre inhabiles à la génération.

☞ Par ce moyen les testicules privés de nourriture se dessèchent, & l’animal devient impuissant. Autrefois on disoit bestourner, qui signifioit renverser, tourmenter, mettre en désordre. Voyez Bestourner.

BISTOURNÉ, ÉE, part.

BISTRE. s. f. Terme de Dessinateur. C’est ainsi que les Peintres & Dessinateurs appellent de la suie cuite, & ensuite détrempée, qui leur sert à laver leurs desseins. Fuligo cocta ac diluta. On s’en sert aussi en miniature. Il y a des Peintres qui au lieu de bistre, emploient avec les traits de la plume, un peu de lavis fait avec de l’encre de la Chine ; d’autres de la sanguine, & d’autres de la pierre noire.

☞ BISTRICZ. Bistricia. Ville de Transilvanie, sur la rivière, & au Comté de même nom.

Bistricz (le Comté de) Petit pays de Transilvanie, sur la rivière de même nom, au nord de la Transilvanie, & aux confins de la Hongrie.

Bistricz. Rivière de la Transilvanie, qui a sa source aux frontières de la Pokutie, & se joint à la rivière de Samos, aux limites du comté de Neubania. Bistricz. Voyez Pistrensis villa.

BISULQUE. adj. Fendu, fourchu. Les Naturalistes font plusieurs classes des animaux. Il y en a une de bisulques, c’est-à-dire, de ceux qui ont le pied fourchu, tels que les bœufs, les chameaux, les porcs, les chèvres, les moutons, &c. Les Hébreux n’osoient manger que des animaux bisulques. Les animaux qui sont peu féconds, sont récompensés par la longueur de leur vie. Pour se convaincre de cette vérité, en n’a qu’à jeter les yeux sur ce qui arrive aux animaux bisulques, comme les chameaux & les bœufs. Erreurs populaires.

BIT.

☞ BITBOURG, ou BIDBOURG. Petite ville des Pays-Bas, dans le Luxembourg.

☞ BITCH. Petite ville d’Allemagne, capitale du Comté de même nom, aux confins de la Lorraine. Quelques-uns écrivent Biche.

BITCHEMARE. s. m. Sorte de poisson qui se sale & se sèche comme la morue. Il se pêche sur quelques endroits des côtes de la Cochinchine.

BITCHU, ou BITCOU. Petit royaume ou province du Japon, au pays de Jamaissero, de l’Île de Niphon, entre le pays de Bigon & de Bingo, avec une capitale de même nom.

BITETTO. Ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la province de Barri, avec un Evêché suffragant de Barri.

BITHIES. s. m. pl. Peuples de Thrace, ainsi nommés de Bithis, fils de Mars & de Sethe, ou plutôt du fleuve Bithys ou Batinius. Si Pline en est cru sur sa parole, il y a eu des femmes de Scythie appellées de ce nom, qui avoient un des yeux garni d’une double prunelle, & l’autre marqué de la figure d’un cheval. Leurs regards étoient si dangereux, qu’ils ensorceloient, & tuoient tous ceux sur lesquels ils s’attachoient quelque temps. Mor.

BITHYNIARCHIE. s. f. Bithyniarchia. Nom du Sacerdoce de Bithinie, qui étoit peut-être aussi la première Magistrature de cette Province. La Bithyniarchie exemptoit de tutelle pendant qu’on étoit en charge.

BITHYNIARQUE. s. m. Bithyniarcha. Premier Prêtre, ou premier Magistrat de Bithynie. C’est ainsi qu’on disoit Asiaque, Béotarque, &c. Voyez Guther, De Vet. jur. Pontif. I, 28.

Ces deux mots sont composés de Βιθύνια, Bithynie, & ἀρχὴ, commandement, magistrature principauté.

BITHYNIE. Grande Contrée ou Royaume de l’Asie mineure proche du Pont d’un côté, & de la Troade de l’autre, vis à-vis la Thrace. Bithynia. La Bithynie s’appella d’abord Bébrycie, Bebrycia ; puis Migdonie, Migdonia : enfin elle prit le nom de Bithynus, un de ses Rois. Claudien, Liv. I, contre Eutrope, v. 246, & d’autres encore disent que les Thynes, Thyni, peuples de Thrace, étant venus s’établir dans ce pays, il fut nommé Bithynie. Bochart, Chanaan, Liv. I, ch. 10, tire ce nom de l’hébreu בטן, ventre d’où les Arabes ont fait באטן, pour signifier ce qui est intérieur, & il prétend que les Bithiniens furent ainsi appellés, parce qu’ils occupèrent l’intérieur des terres, comme disent Mela, Liv. I, p. 19, & Pline, Liv. VI, ch. 32. Il prétend aussi que les Bithyniens sont une colonie de Phéniciens, amenés là par Phœnix frère de Cadmus. D’autres disent qu’ils ont pris leur nom de Bithynes, fils de Jupiter & de Thrace, fille de Tiran, & qu’ils passèrent de Thrace en Asie. Voyez Strabon, Liv. VII & X. Nicée fut capitale de Bithynie. Nous ne connoissons que trois Rois de Bithynie, Prusias, dont il y a quelques médailles, & deux Nicomèdes. J’ai vu quelques médailles dont l’inscription est ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΕΠΙΦΑΝΟΥΣ ΝΙΚΟΜΗΝΟΥ. Les Turcs appellent aujourd’hui la Bithynie, Bursie, & Besangial, selon quelques-uns. Corn. ou selon Maty, Becsangil. Arrien avoit fait l’Histoire de Bithynie sa patrie. Pothius la cite, chap. 58. pag. 52.

Bithynie. Emplâtre du Barbier de Bithynie, pour les maux de rate & les hydropisies ; on en trouve la description dans Aëtius, Tetrab. III, Serm. 2, cap. 22.

BITHYNIEN, ENNE. s. m. & f. Bithynus. Qui est de Bithynie. Les Bithyniens étoient si riches, que Pithius, Roi de ce pays, fit présent à Darius, Roi de Perse, d’un plane d’or, & d’une vigne aussi d’or T. Corn.

BITI. s. m. Nom d’un grand arbre toujours vert, qui croît dans le Malabar, & dans d’autres contrées des Indes orientales. Le seul usage connu qu’on en tire dans la Médecine, c’est l’huile qu’on prépare avec sa racine, & qui guérit les alopécies. Ray, cité par James.

☞ BITO. Petit Royaume d’Afrique, dans la Nigritie, au midi du Niger.

BITON & Cléobis étoient deux frères recommandables par leur piété envers leur mère, & qui méritèrent par-là les honneurs héroïques. Les habitans d’Argos leur firent faire des statues qu’ils placèrent dans le temple de Delphes.

☞ BITONTO. Ville d’Italie, au Royaume de Naples, dans la terre de Barri, avec un Evêché suffragant de Barri.

BITORT, mieux Bistord. Voyez ce mot.

BITTERN. s. m. Dans les endroits ou l’on prépare le sel tiré de l’eau de la mer : on donne le nom de bittern à la liqueur qui coule du sel commun, & qu’on reçoit dans des vaisseaux convenables ; ou c’est la liqueur qui reste après la crystallisation du sel commun. Nous l’appelons eau mère. Dict. de James.

☞ BITTE. s. f. Terme de rivière. Pièce de bois ronde sur le devant d’un batteau foncet, servant à fermer le batteau.

☞ BITTERFELD. Petite ville d’Allemagne, au cercle de la haute Saxe, dans la Misnie, au territoire de Leipsig.

BITTES. s. f. Terme de Marine. Ce sont deux pièces de bois élevées de bout depuis le bas du fond de cale, jusqu’à quatre pieds & demi au dessus du premier pont. C’est autour de ces pièces qu’on met & qu’on attache le cable, quand on a mouillé l’ancre. Elles sont à côté du mât de misaine, & entretenues par un traversin ou grosse pièce de bois travée contre, & sont appuyées par des courbes, ou arc-boutans qui sont sur les ponts, qu’on appelle contre-bittes.

Les bittes d’écoutes d’huniers, où petites bittes, sont placées au-devant du grand mât, & du mât de misaine, sur le second pont, au-travers desquelles il y a des ruaux ou rouets de cuivre, par où passent les écoutes des hunes, qui servent à faire bander les écoutes de huniers.

BITTER le cable, c’est le rouler & arrêter autour des bittes. Circumducere.

BITTON. s. m. Pièce de bois ronde & haute de deux pieds & demi, par le moyen de laquelle on attache une galère à terre. On appelle aussi bittons ou taquets de petites bittes qu’on met proche des mâts d’un vaisseau, pour lancer ou amarrer quelques manœuvres.

BITTONNIÈRES. s. f. Ce sont des canaux ou égoûts qui régnent à fond de cale, à côté de la carlingue, par où s’écoulent les eaux d’un vaisseau, & viennent à la pompe. Voyez Vitonnières.

BITTORD. s. m. Voyez Bistord.

☞ BITTURE. s. f. Prendre bitture, c’est alonger le cable sur le pont, pour le disposer à mouiller l’ancre.

BITUME. s. m. C’est une espèce de graisse épaissie & ondtueuse en forme de bourbe, qui se trouve dans le lac Asphaltite, & en d’autres lieux, qui est d’une nature fort inflammable, comme du soufre. Bitumen. Il y a du bitume dur & fossile, qu’on tire de la terre en guise de tourbes & de mottes, qui sert à des forges. Il y a du bitume qui sert de chaux, & est propre à lier les pierres des bâtimens, tel que celui dont on dit qu’ont été bâtis les murs de Babylone. Il y a enfin du bitume liquide, qu’on brûle dans les lampes & dans les lanternes, comme de l’huile, comme on fait entr’autres en Sicile. Les Juifs, au rapport de Strabon, se servoient de bitume pour embaumer leurs corps morts.

Le plus excellent bitume s’apporte de Judée, & est resplendissant, de couleur de pourpre, fort pesant, & d’une odeur forte. Le noir ne vaut rien. Les Médecins l’appellent Asphaltus. On n’apporte plus de bitume de Judée, mais les Apothicaires le composent de poix & d’huile de pétréol, &c. Il faut dire la même chose des Egyptiens ; car les momies sont toutes pleines de bitume semblable à celui de Judée. Le P. Kirker a fait cette remarque dans son Œd. Æg. Tom. III, p. 394, & je l’ai remarqué en effet dans des momies, & principalement dans celles des Augustins déchaussés de Paris. Martitius dérive le mot bitumen, d’où bitume a été formé, de πίπτα, pix, poix. Voyez Asphalte.

☞ On tire le bitume liquide de plusieurs endroits. Le bitume mou est le naphta ou maltha, le bitume de Sirnam, de Copal & de Colao.

☞ Ces matières inflammables & molles comme la poix, sont noires & de mauvaise odeur. On n’y voit que du soufre & de l’huile mêlée avec une quantité de sel acide.

☞ Ces minéraux, au lieu de se crystalliser, s’épaississent dans les entrailles de la terre, ou sur sa superficie : ils nagent même sur les eaux. C’est un assemblage de cet acide, premier principe ; c’est une matière grasse, onctueuse & très-chaude, qui est tantôt volatile, tantôt inflammable, ou facile à mettre en fusion. Elle se mêle avec les sels de la terre, & contribue à la formation des métaux & des plantes. Les liquides sont amenés par des veines souterraines jusqu’à l’ouverture, par laquelle ils découlent en huile. On regarde les soufres comme le principe des saveurs & des odeurs, que nous trouvons dans la chair des animaux qui servent à notre nourriture. On prétend même que la couleur des fleurs est produite par les parties volatiles des soufres primitifs qui circulent dans les plantes. Ces sucs en effet contiennent beaucoup d’huile, de soufres & d’esprits volatils. C’est ce qu’on remarque tous les jours dans les procédés de la Chimie.

☞ On distingue douze espèces de bitumes, qu’on trouvera sous leurs noms particuliers.

BITUMINEUX, EUSE. adj. Qui tient du bitume. Bituminosus. Il y a plusieurs terres & minéraux qui sont de nature bitumineuse.

BITURIGE. s. m. & f. Biturix. Nom d’un ancien peuple de Gaule, qui occupoit ce qu’on appelle aujourd’hui le Diocèse de Bourges, c’est-à-dire, le Berry & une partie du Bourbonnois, & dont Bourges étoit la ville capitale. César & Tite-Live, Pline, Lucain, Florus &c. disent toujours Biturix, & Bituriges. La table de Peutinger dit Beturiges ; d’autres disent Betorici, & Bitorices, Grégoire de Tours Biturici.

Entre tous les peuples de la Gaule, ceux qui portoient particulièrement le nom de Celtes, ont été les premiers conquis parmi les nations étrangères, & depuis que les Bituriges se furent mis en possession de lui donner des Rois, elle fut si heureusement gouvernée, qu’elle devint bientôt la plus florissante. Cordem. Lorsque le premier Tarquin étoit Roi de Rome, Ambigat, l’un des Bituriges, étoit Roi des Celtes. Id. & comme dit Tite-Live, les Bituriges étoient en possession de l’Empire des Celtes. Ce prince, pour décharger le pays, qui étoit trop peuplé, envoya un très-grand nombre d’hommes, de femmes & d’enfans, sous la conduite de Sigovèse & de Bellovèse, enfans de sa sœur. Le sort donna à Sigovèse la forêt Hercynie, dont une partie a été appelée depuis la forêt noire. Plusieurs croient qu’entre les peuples qui suivirent Sigovèse, il y eut des Bituriges, des Volces-Tectoslages, des Boiens, des Sénonois, des Andes & des Bellovaciens. Ce qui le fait croire, c’est qu’on a trouvé dans la Germanie des nations & des pays qui portoient le nom de ces peuples, & suivant cette conjecture les Bituriges auroient occupé ce qui est entre la Frise & le Wezer : on dit même que ce fleuve fut nommé Viturgis, ou Biturgis, du nom de ce peuple. Id. La colonie de bellovèse composée de Bituriges, d’Arvernes, de Sénonois, d’Eduens, d’Ambarres, de Carnutes, & d’Aulerques-Cénomans, se partagea en deux bandes l’une tourna vers les Pyrénées, & l’autre avec Bellovèse passa les Alpes : tous les peuples voisins s’enfuirent devant eux. Quelque temps après les Toscans voulurent s’opposer à ces Gaulois ; ils furent défaits, & les vainqueurs se rendirent maîtres de toute la partie occidentale de l’Italie, qu’on a nommée depuis Gaule Cisalpine. Au temps de César les Bituriges étoient sous la protection des Héduens.

Les Bituriges Cubes sont ceux qui occupoient le Berry & une partie du Bourbonnois, ainsi appelés Bituriges Cubi, pour les distinguer des autres Bituriges dont nous parlerons tout-à-l’heure. Ils avoient un grand nombre de villes ; & César rapporte que Vercingentorix en fit brûler plus de vingt en un seul jour. Leur capitale étoit Bourges, comme elle l’est encore du Berry. Quelques Auteurs les appellent Berruyers, comme on fait maintenant ; mais il vaut mieux dire Bituriges en parlant de ces anciens temps, comme a fait M. de Cordemoy en l’expliquant ensuite. Mais il ne faut pas dire Biturigeois, comme Chauméau dans son Histoire de Berry, ni recevoir les étymologies qu’il donne de ce nom, & les histoires fabuleuses qu’il rapporte de l’origine des Bituriges, fondées sur le faux Bérose & sur les contes d’Annius de Viterbe ; & la Thaumassiere a raison de les rejeter comme fausses & romanesques. Liv. I, ch. 2.

Les Bituriges Vibesques sont un peuple de Gaule, entre les Santonois & les Aquitains. Scrabon dit qu’ils étoient les seuls de l’Aquitaine, qui fussent ἀλλόφυλοι, c’est-à-dire, comme plusieurs l’interprètent, venus d’ailleurs ; expression par laquelle ils croient avec raison que ce Géographe a voulu marquer que c’étoit une colonie des premiers Bituriges. Il est certain que César n’a jamais parlé que des Bituriges Cubes, & que de son temps il n’y avoit point encore de Bituriges Vibesques. M. de Marca prétend que Strabon par le terme ἀλλόφυλος, ou ἀλλοεθνὴς comme il parle ailleurs, n’a point entendu une nation étrangère, mais une nation distincte & séparée de l’Aquitanique ; & que par cette véritable, quoique nouvelle explication, l’on détruit la prétendue colonie du peuple de Berry. Mais pour peu qu’on ait d’usage de la langue grecque, on sait qu’ἀλλόφυλος, n’a point ce sens, non plus qu’ἀλλόφυλος, & qu’il ne signifie autre chose qu’un étranger, un homme venu d’ailleurs. Et s’ils sont originaires du pays, comme les Santonois & les Aquitains, pourquoi César n’en parle-t-il jamais ?

BIV

BIVAL. Abbaye de filles de l’Ordre de Cîteaux, mais soumise à l’Ordinaire, fondée vers l’an 1150 dans le pays de Brai, à deux lieues de Neuf-Châtel, au Diocèse de Rouen. Descript. Geogr. & Hist. de la Haute Normandie, Tom. I, pag. 150.

BIVALVE. s. f. Terme de Conchyliologie. Coquillage qui a deux parties, qui s’ouvre à peu près comme une porte à deux battans. Bivalva. διθυρα. Diverses bivalves. Gersaint.

Ce mot est composé de bis, deux fois, & valva, battant. On disiingue les poissons testacées en univalves & en bivalves. Les bivalves sont l’huître, la moule, la pinne, la perle, le pitot, le coutelier, le pétoncle, &c. qui ont deux patries jointes par une espèce de charnière. La bivalve est appelée doublette par les Hollandois.

Bivalve. adj. Bivalvis. Terme de Botanique, à deux battans. Un fruit bivalve se sépare en deux, comme les deux battans d’une porte, ou comme les deux panneaux d’une coquille bivalve, telle qu’une moule. Ce terme convient surtout aux siliques.

☞ BIVAR. Ville de l’Esclavonie, province de Hongrie, située sur une île de la Save.

BIVEAU. Voyez Beveau.

BIVENTER. s. m. Terme d’Anatomie. C’est le sixième muscle de la mâchoire, & le dernier des ouvreurs, nommé diagastoique, ou bivento, parce qu’il a deux ventres à ses deux extrémités, & un tendon dans son milieu. Il prend son origine d’une scissure qui est entre l’os occipital, & l’apophyse mastoïde, & passant son tendon par un trou, qui est au muscle styloïdien, il va s’insérer à la partie inférieure & interne du menton. Dionis.

BIVIAIRE. adj. Qui se dit d’une place où deux chemins, où deux routes aboutissent. Bivium. L’Ordonnance des Eaux & forêts veut que dans les angles des places croisées, biviaires, ou triviaires des grandes routes ou chemins royaux des forêts, on plante des croix, poteaux, ou pyramides, avec une inscription qui enseigne le lieu où ils conduisent.

BIVIE. s. f. Nom d’une divinité de l’antiquité. Bivia. C’étoit la Déesse qui présidoit aux endroits où un chemin se divisoit en deux. Son nom le montre, car il vient de bis & via. Apparemment que les voyageurs l’invoquoient alors pour ne pas se tromper, & pour prendre des deux chemins celui qu’il falloit. Otto Diss. de Diis vialibus.

BIVOAC. s. m. Terme de guerre. La Fontaine dans son Traité des devoirs militaires des Officiers de Cavalerie écrit Bivoac au lieu de Bivouac, Biouac, Bihouac. Voyez ces mots.

BIVOIE. s. f. Chemin fourchu, lieu où deux chemins aboutissent. Bivium. Il y a plusieurs lieux en France qu’on appelle la Bivoie. Ce mot signifioit aussi autrefois la garde extraordinaire d’un camp, d’où les Flamands ont fait bivouac, qui est maintenant en usage.

BIVONA. Ville & Duché d’Italie, dans la vallée de Mazara.

BIVOUAC, ou BIOUAC, ou BIHOUAC. s. m. Terme de guerre. C’est une garde extraordinaire qu’on fait de nuit pour la sûreté d’un camp qui est proche de l’ennemi. Vigiliæ. Cette garde se fait par toute l’armée, ou la meilleure partie, qui sort de ses lignes en escadrons & bataillons pour passer la nuit sous les armes à la tête du camp. Cet avis l’obligea de redoubler la garde des lignes, & même de faire le bivouac toutes les nuits. De la Chap. Être au bivouac, se trouver au bivouac. Monter à cheval pour le bivouac. Passer la nuit au bivouac. Guillet. Faire coucher les troupes au bivouac. Lever le bivouac, c’est renvoyer l’armée dans ses tentes, dans ses barraques, quelque temps après la pointe du jour. Id. On fait aussi le bivouac, lorsqu’on assiège une place, pour empêcher les ennemis de faire entrer quelque chose dans la ville, ou pour prévenir les surprises & les attaques du camp. Il vouloit paroître à la vue des ennemis, quand ils descendroient le bivouac. Quincy. Il seroit plaisant de voir le Pape coucher au bivouac. Bussi.

Ce mot est nouveau, & vient de l’allemand weywach, qui signifie double-garde. D’autres le dérivent de bivoie.

BIZ.

☞ BIZA, ou BISA. s. m. Monnoie & poids du royau de Pégu. La monnoie est d’argent, & vaut 5 liv. 5 s. 5 d. de France. Le poids est de deux livres cinq onces de Venise.

BIZACENE. s. f. Voyez Byzacène.

BIZARRE. Il y a encore quelques gens qui disent bigearre, mais mal. adj. m. & f. Qui a des mœurs inégales, des opinions extraordinaires & particulières. Morosus, tetricus, varius. C’est un homme bizarre, avec lequel on ne peut vivre. Les gens bizarres ne sont pas un moment dans la même situation d’esprit. Ils passent d’une extrémité à l’autre ; de la plus belle humeur ils passent tout d’un coup à un sérieux, & à un silence morne & mélancolique. Ils n’ont point de sentimens fixes, & leur humeur chagrine s’oppose à tout ce que les autres souhaitent. On ne peut compter sur leur bienveillance, qui varie comme leur humeur. Voilà le caratlère ou la définition des personnes bizarres. Bell. Il y a des gens capricieux que les plus grands plaisus ne touchent point, à moins qu’ils ne soient bizarres & extravagans. Id. C’est beaucoup que ce bizarre sorte quelque fois de sa taciturnité pour contredire, & qu’il daigne une fois le jour avoir de l’esprit. La Bruy.

☞ L’Acad. dit fantasque, extravagant, capricieux. Les Vocabulistes ajoutent à toutes ces épithètes celle de quinteux. Que ne disoient-ils encore difficile, bourru, &c. comme si tout cela entroit dans l’idée du bizarre. Toutes ces qualités sont bien l’effet, & en même temps l’expression d’un goût particulier, qui s’écarte mal-à-propos de celui des autres : mais outre cette idée générale qui rend ces termes synonymes, chacun n’en a pas moins son propre caractère, & son idée partieulière qui se distingue. Le Bizarre est celui qui est dirigé dans sa conduite & dans ses jugemens par une affectation de ne rien dire ou faire que de singulier. S’écarter du goût par une singularité d’objet non convenable, c’est être bizarre, dit M. l’Abbé Girard. Le bizarre dit proprement quelque chose d’extraordinaire. Voyez aux autres mots leurs différences.

Bizarre, signifie aussi figurément extraordinaire, singulier, hors de l’usage commun. Couleur bizarre, ajustement bizarre. Plumage bizarre. Acad. Fr.

Bizarre, est aussi un substantif. C’est un vrai bizarre.

Bizarre du cadet. Terme de Fleuriste. Tulipe feuille morte, rouge brûlé & jaune enfumé. Cult. des Fl.

BIZARREMENT. adv. D’une manière bizarre. Morosè. La fortune dispose bien bizarrement de moi. Voit.

En musique, chanter bizarrement, c’est chanter tantôt vite, tantôt lentement, tantôt fort, tantôt doucement, selon la fantaisie du compositeur, ou plutôt selon les diverses expressions que demande le sens des paroles. Brossar.

BIZARRERIE. s. f. Humeur bizarre, affecttation de ne rien dire ou faire que de singulier. Voyez Bizarre. Morositas. Cet homme est sujet à de grandes bizarreries. La bizarrerie de votre cœur vous fit revenir à moi, à mesure que vous voyiez que je m’éloignois de vous. P. D. Cl.

Ces mots viennent apparemment de l’espagnol bizarro, qui signifie beau, agréable, parce que la diversité des couleurs a quelque agrément, sur-tout quand elles sont bien ménagées. C’est pour cela que le mot de bizarrerie se prend aussi quelque fois pour une variété bizarre, agréable.

La satyre est comme une prairie,
Qui n’est belle, sinon en sa bizarrerie. Regn.

Quelque fois le mot de bizarrerie ne signifie autre chose que variété. Il y a de la bizarrerie dans beaucoup d’ouvrages de la nature, dans la variété des coquilles, des pierres, des animaux.

☞ BIZÉ à deux têtes. s. m. Outil de buis servant aux Cordonniers à régler la trépointe du derrière du soulier. Encyc.

☞ BIZEBANI. Nom que les Turcs donnent aux muets du Grand Seigneur. Bi signifie sans, & zeban, langue : ils les appellent aussi Dilfiz.

☞ BIZEGLE. s. m. Outil de Cordonnier. Morceau de buis servant aux Cordonniers à Hfter le devant des femelles de souliers.

BIZERT. s. m. Oiseau de passage, appelé en Languedoc Pérengue. Il passe les monts Pyrénées, près Baigniéres, au mois d’Octobre, & vient en très-grand nombre. Catel. Hist. de Langued. Liv. I, chap. 5, p. 46.

BIZET. Voyez Biset.

☞ BIZU. Ville d’Afrique, en Barbarie, au Royaume de Maroc, sur le mont Atlas.

BLA.

BLACHE. s. f. Blachia. Ce mot est en usage en Dauphiné : il signifie, en cette Province, une terre plantée de chênes, ou châtaigniers, si distans les uns des autres, qu’ils n’empêchent pas qu’on n’y laboure. Ager raris arboribus consitus. Ragueau.

BLADAGE. s. m. Terme en usage dans l’Albigeois : il signifie un droit qui s’exige en forme decensive, & par-dessus la censive lorsqu’il est établi par titre. Ce droit consiste en certaine quantité de grains que l’emphytéote paye pour chaque bête de labourage qui travaille le fonds inféodé. Ce mot bladage vient de ce que ce droit se paye en grains. Jus annui frumentarii reditûs.

☞ BLADERIE. Vieux mot. Marché au blé.

☞ BLADIER. Vieux mot. Marchand de blé.

☞ BLAER. Vieux verbe. Ensemencer en blé.

BLAFARD, ARDE. adj. Qui se dit d’une couleur terne, ou d’une lumière foible. Pallens, pallidulus. Cette fille a le teint blafard. Lumière, lueur, couleur blafarde. Visage blafard. Cette couleur est trop blafarde, elle n’a pas assez d’éclat & de vivacité.

Toujours ces sages hagards.
Maigres, hideux, & blafards,
Sont souillés de quelque opprobre. R.

BLAFART ou BLAFFERT, ou PLAPPERT. s. m. Petite monnoie qui a cours à Cologne. Le blafart vaut quatre albus, & l’albus neuf deniers trois seizièmes de France.

BLAÎCHE. Voyez BLÊCHE.

BLAINVILLE. Village & Collégiale du Diocèse de Rouen. Ce nom est formé de celui de Blain, ou Belain, qui a signifie un mouton ou un bélier. En effet, plusieurs Seigneurs de ce lieu ont porté au VIe siècle le nom de mouton. Descrip. Géogr. & hist. de la Haute-Norm. Tom. II, p. 341.

☞ Il y a en Normandie un autre bourg du même nom entre Caen & la mer, sur la rivière d’Orne.

☞ BLAIR. Petite ville d’Ecosse, capitale de la province d’Athol, à huit lieues de la ville de Perth.

BLAIREAU. s. m. Animal quadrupède, autrement nommé taisson. Taxus, meles, ou malis. C’est une sorte de bête puante qui se terre. Animal solitaire, qui se retire dans les lieux les plus sombres & les plus écartés, où il se creuse une demeure souterraine, dont il ne sort guère que la nuit. Il mange de tout ce qu’il trouve, de la chair, des fruits, des graines, des racines, &c. Il dort toute la nuit, & une partie du jour ; ce qui fait qu’il est toujours gras. La femelle fait trois ou quatre petits. Elle met bas en été. On distingue deux espèces de blaireaux. Les uns s’appellent porchins, parce qu’ils ont le nez fait comme celui d’un porc : ce sont les plus gros. Taxus suillus. Les autres se nomment Chenins, parce qu’ils ont le nez fait comme un chien : ceux-ci sont plus petits que les autres. Taxus caninus. Chomel. Cet Auteur écrit bléreau, mais il écrit souvent mal.

Ce mot, selon Saumaise, vient de glirellus, parce que c’est une espèce de loir qui lui ressemble, en ce qu’il s’engraisse en dormant, quoiqu’il diffère en autre chose. On connoît l’âge des blaireaux à la quantité des trous qu’ils ont sous la queue ; car ils augmentent d’un tous les ans.

BLAIRIE. s. m. Terme de coutume. C’est un droit qui appartient au Seigneur Haut-Justicier pour la permission qu’il donne aux habitans de pâture pour leurs bestiaux sur les terres & prés dépouillés, ou dans les bois & héritages non clos & fermés. Ce droit se leve tant sur les nobles que sur les roturiers, à proportion des héritages qu’ils possèdent, & des bestiaux qu’ils ont. On appelle aussi Seigneur Blayer, celui qui a ce droit.

☞ BLAISE. (la) Rivière de France, en Champagne, qui a sa source dans l’élection de Chaumont, & se perd dans la Marne, à deux lieues de Vitri le François.

☞ BLAISE. Petite Rivière, au pays Chartrain, qui a sa source au-dessus de S. Ange, en Thimerais, auprès de la ferté au Vidame, & se joint à l’Eure auprès de Dreux.

BLAISE. s. m. Nom propre d’homme. Blasius. S. Blaise fut fait Evêque de Sébaste en Arménie, du temps de l’Empereur Dioclétien. Baillet. Il souffrit le martyre sous le Gouverneur Agricola, après avoir eu les côtés déchirés avec des peignes de fer. Fleury. Les Cardeurs ont pris S. Blaise pour leur patron, sans doute à cause des peignes de fer dont il fut déchiré.

BLAISE. s. m. Ordre de saint Blaise. C’est une Ordre militaire que les Rois d’Arménie établirent à l’honneur de ce Saint, comme étant le patron de leur Royaume. Ordo militaris sancti Blasii. Cet Ordre de Chevalerie étoit composé d’Ecclésiastiques & de Laïques. L’emploi de ce dernier étoit de s’opposer aux hérétiques à main armée, & celui des premiers de faire l’Office divin & de prêcher la foi. La marque de cet Ordre étoit une croix rouge, au milieu de laquelle étoit une image de S. Blaise. Ils la portoient sur une robe de laine blanche tout simple. P. Hélyot, T. I, C. 37. Justiniani, T. I, C. 24; traite de cet Ordre qu’il appelle Ordre, ou Chevalier de S. Blaise & de sainte Marie, & non pas de saint Blaise seulement. Il le place non pas en Arménie, mais en Palestine. Il dit qu’on ne trouve point l’année de son institution, mais seulement qu’elle se fit à-peu-près en même temps que celle des Templier & des Hospitaliers ; que les armes qu’ils portoient dans leurs bannières étoit une croix de gueule toute unie, au centre de laquelle étoit un saint Blaise ; que leurs réguliers étoient les mêmes que ceux des Templiers ; que les Profès faisoient un vœu particulier de défendre la religion Catholique & l’Eglise Romaine, & qu’ils avoient la Règle de S. Basile.

BLAISOIS. Pays de France qui confine avec la Beauce vers le septentrion, avec l’Orléanois à l’orient, avec le Berry au midid, & la Touraine au couchant. Blesensis ager, ou pagus. Selon le P. Monet le Blaisois a été la demeure des Corbiloniens. Le Blaisois a titre de Comté. Il se divise en supérieur & en inférieur. Le supérieur étoit autrefois compris dans la Beauce ; l’inférieur est dans la Sologne. Il a pris son nom de Blois sa capitale. Prononcez comme s’il étoit écrit Blésois.

BLAISOIS, OISE. Qui est de Blois. Blesensis. Les Blaisois passent pour prononcer fort bien le françois.

BLÂMABLE. adj. m. & f. Qui est digne de blâme. Vituperabilis, reprehensione dignus. Cet homme est fort blâmable. Sa conduite n’a rien que de blâmable.

BLÂME. s. m. Repréhension faite ou reçue pour quelque action honteuse, ou criminelle. Sentiment ou discours par lequel on condamne une action ou une personne. Vituperation, reprehensio. Ce mot a plus communément une signification passive. Le vice mérite autant de blâme, que la vertu mérite de louange. Cet homme étoit l’agresseur, tout le monde lui donne le blâme. Tout le blâme de cette action retombera sur vous. J’en rejetterai tout le blâme sur lui. Peu de gens sont assez sagez, pour préférer le blâme qui leur est utile, a la louange qui les trahit. Rochef. Nous n’entrons en part de la gloire, ou du blâme du bien ou du mal, que du jour que nous commençons à agir par raison. M. Scud.

Blâme, en termes de Palais, est le contredit que donne un cohéritier contre les lots qui lui sont présentés par son cohéritier. En Jurisprudence feodale, c’est l’improbation que fait un Seigneur de l’aveu & denombrement que lui donne son vassal, quand il est défectueux. La coutume donne quarante jours au Seigneur pour fournir les blâmes.

Blâme, en matière criminelle, signifie la correction verbale qui est faite par un Juge pour raison d’un crime, c’est une peine qui emporte l’infamie. Elle se fait en ces termes. La Cour te blâme & te rend infâme.

BLÂMER. v. a. Reprendre, condamner quelque mauvaise action, témoigner par des paroles qu’on désapprouve quelque chose. Vituperare, reprehendere, culpare. Je l’ai fort blâmé de son emportement. Tout le monde blâme sa conduite. Je vous blâme d’avoir attendu si tard à me découvrir vos peines & vos ennuis. Souvent ceux qui blâment les autres, tombent dans les mêmes défauts.

Mais pour Cotin & moi qui rimons au hasard ;
Que l’amour de blâmer fit Poëtes par art. Boil.

Blâmer, ☞ en matière criminelle se dit de la correction verbale que fait le Juge à un coupable, ordonnée par le jugement. Etre blâmé en Justice, porte note infamante.

Nicot prétend que ce mot vient de blasphemere, ou du grec βλάπτειν, qui signifie famam lœdere, médire. D’autres croient au contraire que le mot de blasphémer vient du mot de blâmer, qui ne signifie autre chose que reprendre, condamner, diffamer. On trouve blasphemium dans le sens de blâme dans la vie de saint Gunthram Roi de France, p. IV, n. 24 tirée de Grégoire de Tours, Liv. VII, Hist. Eccl. C. 28.

Blâmer, en Juridiction féodale, signifie contredire ou débattre l’aveu & dénombrement qui est donné à un Seigneur par ses vassaux. Improbare, contradicere. A faute de blâmer par le Seigneur dans le temps de la coutume, l’aveu est reçu. Par la Coutume de Paris, un aveu & dénombrement doit être blâmé dans les 40 jours après qu’il est donné, autrement il est reçu. Dans celle de Normandie, le Seigneur a trente ans pour blâmer l’aveu ou dénombrement.

BLAMÉ, ÉE, part. Vituperatus, reprehensus, culpatus.

☞ BLAMNYSER. s. m. Plaquette, ou demi-Escalin. Monnoie des Pays-Bas, dont la valeur est de trois sous six deniers de France.

☞ BLAMONT. Ville de France, en Lorraine, à cinq lieues de Lunéville. Albus mons. Quelques-uns écrivent Blanmont.

BLAMUSE. s. f. Tape, coup donné avec la main. Brantome, Dames galantes, t. 1, p. 271.

☞ BLANC, ANCHE. adj. Souvent employé substantivement. Ce qui est de la couleur la plus approchante de la lumière, & la plus opposée au noir. Albus, candidus. Le blanc, à proprement parler, est un composé de toutes les couleurs. Les corps ne paroissent blancs que parce qu’ils réfléchissent des rayons de toutes couleurs, au lieu que les noirs les absorbent. Aussi un corps noir s’échauffe bien plus facilement qu’un blanc. Voyez Couleur. Quand on veut exagérer la blancheur, on se sert de ces comparaisons. Blanc comme un satin, parlant de la peau. Blanc comme ivoire, en parlant des dents. Blanc comme neige, en parlant du linge. Blanc comme albâtre, en parlant d’un beau sein. Il crache blanc comme coton, en parlant de la salive. Ceux qui briguoient les Magistratures à Rome, étoient habillés de blanc : c’est pourquoi on les appeloit Candidats. On appelle papier blanc, celui où il n’y a rien d’écrit. Hévélius dit qu’il est très-certain que les animaux deviennent blancs en hiver dans les pays septentrionaux, comme les lièvres, les renards & les ours ; & que l’été ils reprennent leur couleur naturelle. En Ethiopie on a du blanc l’idée que nous avons du noir. On y peint le Diable blanc, si l’on en croit Ludolphe.

Les Thraces ont été les premiers qui ont marqué les jours heureux avec de petits cailloux blancs, & les malheureux avec des noirs. Les grecs ont imité cette coutume, & cela a donner lieu au proverbe, marquer une jour de blanc ; pour dire, témoigner une fort grande joie.

Ce mot, selon Covarruvias, est goth. Ménage, après Guyet, dit qu’il vient de albicus, d’où les Italiens ont fait bianco, & les Espagnols blanco. Il en dérive aussi le mot de blond.

Blanc, se dit aussi de ce qui est pur & net, qui n’est ni sale ni gâté. Nitidus, purus. Du linge blanc. Une assiette blanche. En ce sens on dit au figuré, ce criminel a gagné le Juge, il l’a fait sortir tout blanc de cette affaire. Ce mot pris ainsi dans un sens figuré, a diverses autres significations. Par exemple, ils sont tout blancs au-dehors & tout noirs au-dedans ; c’est-à-dire, qu’ils sont vertueux en apparence, mais qu’au fond ce sont des méchans.

Quand je veux dire blanc, la Quinteuse dit noir.

Boil.

C’est-à-dire, quand je veux dire d’une façon, elle dit d’une autre.

L’homme va du blanc au noir.
Il condamne au matin ses sentimens du soir. Id.

C’est-à-dire, que l’homme est volage & inconstant dans toutes ses résolutions. M. Claude a dit que S. Augustin avoit passé du blanc au noir, sur le sujet de la tolérance pour les Hérétiques ; pour dire que ses premiers sentimens sur cet article étoient fort différens de ceux qu’il embrassa dans la suite.

Vouer au blanc, se dit lorsque le pere ou la mere d’un enfant fait vœu que cet enfant sera vêtu de blanc, avec le bonnet, les gants, les souliers, &c. de la même couleur, pendant un certain temps en l’honneur de la Vierge. Acad. Fr.

Blanc. On appelle vers blancs les vers sans rimes, tels que ceux des Anglois & des Italiens modernes. Je vais prendre la liberté de traduire en cet endroit en vers blancs, comme votre pièce est écrite, parce que le temps qui me presse ne me permet pas le travail qu’excite la rime. Voltaire. J’aurois souhaité pouvoir, à l’exemple des Italiens & des Anglois, employer l’heureuse facilité des vers blancs. Idem.

Blanc, se marie avec plusieurs substantifs, qui changent sa signification en y ajoutant quelque chose.

Blanc-bec. s. m. Jeune homme sans expérience. Il se dit plus ordinairement de ceux qui sont nouvellement entrés dans les troupes. C’est un blanc-bec.

Argent blanc, ou Monnoie blanche. C’est toute la monnoie d’argent. Nummi argentei. Et il est opposé à l’or & au billon.

Armes blanches. C’étoient jadis les armes d’un jeune Chevalier, dont l’écu n’étoit chargé d’aucunes Armoiries. Parma alba. On appelle aujourd’hui Armes blanches celles qui ne sont pas armes à feu, comme les épées, les sabres, &c.

Bière blanche. On appelle ainsi la bière qui tire sur la couleur du vin blanc, pour l’opposer à la bière rouge. Cervisia albida.

Billet blanc. Voyez Billet.

Bois blanc, est du bois de bouleau, peuplier, tremble, &c. Populus.

Boudin blanc, est un boudin fait avec du lait & du blanc de chapon. Botulus lacte & albâ caponum carne fartus.

Carte blanche, est une carte où il n’y a point de peinture de roi, dame, ni de valet. Charta alba. On dit donner la carte blanche à quelqu’un ; pour dire, offrir de faire quelque chose à telles conditions qu’il lui plaira.

Cheveux blancs, des cheveux de vieillard blanchis avec l’âge. Cani. Ainsi on dit, il est tout blanc de vieillesse. Par la même raison, le mot de blanc se prend encore quelquefois pour la blancheur même des cheveux, ou pour la maladie qui les fait devenir blancs.

Ils n’arrêteront pas le temps qui toujours vole,
Et qui d’un triste blanc va peindre tes cheveux.

Main
.

Cire blanche, est de la cire, qui étant jaune naturellement, a été blanchie à la rosée.

Cornette blanche, se dit en France du premier régiment de cavalerie, régiment du Colonel Général de la cavalerie.

Cure blanche, est un terme usité dans l’Orléanois & ailleurs, a qui se dit des Cures possédées par des Chanoines Réguliers de S. Augustin, parce qu’ils ont des soutanes blanches, pour les distinguer des autres Curés séculiers qui en ont de noires à l’ordinaire. Ainsi on dit Cures blanches & Cures noires.

Drapeau blanc, en France, le premier Drapeau d’un Régiment.

Eau blanche, c’est de l’eau où l’on a mis du son pour la faire boire aux chevaux malades.

Echarpe blanche, signal de ceux qui étoient autrefois au service de France.

Fer-blanc, est du fer battu en lames, & blanchi avec de l’étain. Ferrum stanno illitum. On appelle Taillandiers en fer-blanc, ceux qui sont des entonnoirs, des lanternes, &c.

Gelée blanche, c’est la gelée légère qui se forme le matin de la rosée, ou brouillard. Pruina.

Gris blanc, c’est du gris pâle tirant sur le blanc. Albidus.

Blanc-etoc. Voyez Blanc-être.

Blanc-être. Terme d’exploitation & de commerce de bois. Faire une coupe de bois à blanc-être, c’est n’y rien réserver, abattre tant le bois taiilis que les baliveaux & autres arbres retenus. Quelques-uns disent blanc-etoc, mais blanc-être est plus usité.

Blanc-manger, est un mets délicat fait en forme de gelée : un pressis de viande avec du lait, du sucre & des amendes. Jus è carnibus elixis concretum, & albidum colorem referens. Il y a un fruit au Mexique qu’on appelle blanc-manger, qui en effet en a presque le goût. Il fond dans la bouche comme la neige, l’emplit d’une eau sucrée. Il est gros comme une poîre, & est plein en dedans de plusieurs noyaux ou petite pierres noires.

Magie blanche, est un art innocent de faire des choses extraordinaires par la connoissance des secrets de la nature, que le peuple croit ne se pouvoir faire que par le pouvoir des Démons. Ars innocens & ingeniosa stupenda patrandi.

Mer blanche, c’est la mer glaciale, ou Hyperborée. Mare Glaciale, Hyperboreum. On appelle aussi Mer blanche la mer Egée, parce qu’on tient que c’est une mer fort sure.

Meurier blanc. Espèce de meurier dont les feuilles servent à nourrir les vers à soie.

Moine blanc, est un Religieux de l’Ordre des Chanoines réguliers de S. Augustin, ou de Prémontré, ou des Feuillans. Monachus alba veste indutus. On appelle, vouer au blanc un enfant, quand on l’habille de blanc jusqu’à un certain âge, en l’honneur de quelque saint Fondateur d’un Ordre qui porte le blanc. Il y a aussi à Paris des Blancs-Manteaux, appellés autrefois des Guillemins, dont la maison est maintenant remplie de Bénédictins. Ce nom de Blancs-Manteaux a été aussi donné aux Religieux de la Congrégation des Serfs de sainte Marie Mere de Jesus-Christ. Elle fut instituée à Marseille dans le Monastère de sainte Marie des Arènes, & le Pape Alexandre IV la confirma en 1225.

Note blanche, est une note de musique dont la tête est blanche, c’est-à-dire, vide dans le milieu. Elle vaut deux noires, ou la moitié d’une ronde.

Pain bis-blanc, qui est mêlé de son ou de seigle.

Pavillon blanc, est le pavillon de l’Amiral de France.

Poivre blanc, est une poivre dépouillé de son écorce. Voyez Poivre.

Poudre Blanche, est de la poudre à canon qui tire sans faire de bruit, à ce que l’on prétend.

Reine blanche, Voyez Reine.

Rose blanche. Terme de Fleuriste. Œillet, ainsi appelé, parce qu’il n’est ni plus large, ni plus feuillu que la rose blanche : sa plante est foible, mais sa fleur ne casse point en lui laissant cinq boutons. Cult. des Fl.

Blanc-racine. Œillet blanc, qui a une grosse & large fleur, ainsi nommé de M. Racine.

Blanc de Paris. Autre espèce d’Œillet commun à Paris. La blanche printanière, la blanche tardive, sont des noms de Tulipes. Id.

Blanche d’Andilly. Espèce de pêche qui mûrit dans le mois de Septembre. La Quint. T. I. p. 267. Il ne les estime pas. Voyez P. III, ch. 5, p. 418 du I T. Elles sont sujettes à avoir la chair molle & presque en bouillie. Id. C. 12, p. 422.

Sauce blanche, est une sauce faite avec du beurre fondu, & qui n’est pas noirci à la poêle.

Sel blanc, est du sel décrépité, ou séché au feu. Excoctus igne sal.

Verre blanc, c’est du verre pur, & bien plus clair & diaphane que le verre commun.

Blanc, terme de peinture, la couleur, ou la matière blanche que les Peintres emploient pour rendre blanc.

Blanc d’Espagne. Espèce de terre ou marne blanche qui se fond très-facilement dans l’eau. On ne l’emploie qu’en détrempe.

☞ Il y a aussi du blanc de craie qui est à-peu-près la même chose.

Blanc de plomb ou de céruse. C’est la rouille du plomb, qui est ainsi appelée à cause de sa blancheur. Cerussa, psimmithium. Elle se fait à la vapeur du vinaigre : on l’appelle autrement céruse. On met du plomb dans des pots, au fond desquels il y a du vinaigre. On bouche ces pots de telle manière que l’air n’y puisse entrer ; ensuite on les enterre dans du fumier, où on les laisse trente jours : au bout de ce temps on les débouche, & on trouve le plomb devenu blanc & cassant : on rompt le plomb en morceaux ; on le fait sécher à l’air, & on le broie pour les Peintres qui s’en servent : c’est le plus beau blanc que nous ayons.

☞ Le blanc de plomb est aussi un cosmétique, dont les femmes se servent pour blanchir la peau. On en fait le fard Fucus, pigmentum.

Blanc des Carmes. C’est de la chaux de Senlis fort blanche & passée dans un tamis très-fin.

Blanc. s. m. Terme de Fleuriste qui se dit des œillets. C’est une espèce de tache blanche, qui s’attache aux fanes de l’œillet, & qui peu-à-peu, comme une peste, gagne le cœur. Le blanc est une maladie incurable de l’œillet. Pour le préserver pourtant des accidens que cause cette maladie, il faut le garantir des nuits froides & des brouillards, l’exposer en grand air, & l’arroser souvent. Voyez le Traité de la Cult. Des fleurs, c. 18. J’ai un œillet qui a le blanc. Liger. Mes œillets périssent par le blanc. La Quint.

☞ On appelle blanc de champignons, des filets blancs qu’on trouve dans le fumier, & qui produisent des champignons.

C’est aussi un terme de Jardinier, qui se dit des concombres & des melons. Mes concombres, ou mes melons, ont le blanc. Liger. Ce mal, qui est mortel pour ces plantes, n’est autre chose qu’une altération dans les fibres de leurs fanes, ou de leurs bras, qui n’étant plus capables de recevoir le suc qui les nourrit, périssent. Id.

☞ Cette maladie attaque aussi les arbres, principalement les pêchers. C’est une espèce de lèpre qui gagne peu-à-peu les feuilles, les rameaux & les fruits qui se couvrent d’une espèce de matière cotonneuse, qui bouche apparemment les pores, & empêche par ce moyen la transpiration. Inde mali labes. Comme on ne connoît point la cause de ce mal, on en ignore le remède. On l’appelle autrement meunier.

Blanc Rhasis, que le vulgaire appelle blanc raisin, est un onguent qui est ainsi appelé de sa couleur blanche, & du nom de son inventeur, qui est Rhasis, Médecin. Il est composé d’huile rosat, de cire, de céruse & de camphre. On l’emploie dans les brûlures, les gratelles, & plusieurs autres maladies de la peau.

Blanc d’eau. Plante qu’on appelle autrement nénuphar. Nymphæa. Voyez Nénuphar.

Blanc de Mesue, est un emplâtre qu’on nomme autrement diachylon.

Blanc de baleine. C’est la cervelle d’une espèce de baleine que les Basques appellent byaris, & ceux de S. Jean de Luz cachalot. C’est, selon quelques-uns, la baleine mâle. On prend la cervelle de cet animal ; on la fait fondre sur un petit feu ; ensuite on la met dans des moules semblables à ceux où l’on jette le sucre ; après qu’elle est refroidie & égouttée de son huile, on la fait refondre comme la première fois, & ainsi plusieurs fois de suite, jusqu’à ce qu’elle soit bien purifiée & bien blanche : alors on la coupe en écaille avec un couteau fait exprès. Le blanc de baleine veut être conservé dans des vaisseaux bien bouchés, car il n’y a guère de chose qui se gâte plus aisément à l’air. Pomet. Outre ses usages en Médecine, on l’emploie comme cosmétique.

Blanc de perle. Voyez Bismuth.

En termes de Médecine, on dit Le blanc de l’œil. Oculi album, oculorum albor. C’est la première tunique, ou peau de l’œil, qu’on appelle aussi conjonctive, parce qu’elle sert à joindre & à soutenir les autres. Elle ne va que jusqu’au cercle qu’on nomme iris.

Blanc de chapon, c’est la chair du chapon cuit, sur-tout celle des ailes & de la poitrine.

Blanc d’œuf. Glaire de l’œuf où est le germe. Albumen.

Blanc. Monnoie ancienne de billon qui valoit communément dix deniers tournois, quelquefois plus, quelquefois moins. Quincunx Francicus. On appeloit grands blancs, ou gros deniers blancs, ceux qui valoient dix deniers tournois ; & petits blanc, ou demi-blancs, ceux qui n’en valoient que cinq. Les blancs dans leur origine, c’est-à-dire, sous Philippe de Valois & au commencement du règne du Roi Jean, étoient aussi quelquefois appelés gros tournois, parce qu’ils tenoient la place des gros tournois qu’on ne fabriquoit plus. Le Blanc. Les droits Curiaux sont taxés pour chaque Paroissien à Pâques à un blanc. Pendant les guerres contre les Anglois les blancs à la couronne valoient 12 deniers : cela varioit selon la différence des monnoies.

On fabriqua aussi sous Charles VI, des blancs & des demi-blancs à l’écu. On a appela des grands blancs au soleil de Louis XI, & Charles VIII, des sous qui valoient treize deniers, qu’on a aussi nommés treizains. Sous Charles VIII, les blancs furent nommés Carolus ; Carolus Francicus ; & Ludovicus, sous Louis XII. Sous François I, on les nommoit Franciscus ou douzains, à cause qu’ils valoient douze deniers. Decunx Francicus. Il y a eu aussi des pièces de six blancs appelées Néelles, parce qu’elles avoient été faites en la tour de Néelle, à Paris. On a appelé cette monnoie, sous ou livres blancs, à cause qu’elle étoit blanchie, à la différence d’une autre monnoie noire, qui étoit de moindre valeur, qu’on appeloit sous nerets. Le Blanc dit que ce fut pour la distinguer des doubles & des deniers qu’on appeloit communément monnoie noire, à cause de leur couleur qui tiroit sur le cuivre. En 1358, on fabriqua de gros deniers blancs à la couronne. Le Blanc.

Petit Blanc. s. m. Nom d’une ancienne monnoie, qui valoit cinq deniers. C’est encore à présent une monnoie de compte, & l’on appelle trente deniers, six blancs.

Un usurier à la tête pelée
D’un petit blanc acheta un cordeau
Pour s’étrangler. Marot.

Peu après il l’appelle simplement blanc.

Ayant regret de son blanc, s’est pendu. Id.

Blanc. Papier ou parchemin signé, que l’on donne à