Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BYSSE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 122).
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BYSSE. Terme de blâson. Voyez Bisse.

BYSSE. s. m. C’est le nom de la soie dont les Anciens s’habilloient, Byssus. Elle étoit si différente de celle dont on se sert aujourd’hui, qu’on ne doit pas confondre deux choses si différentes sous un même nom. En Egypte & en Syrie on portoit du fin lin, & du bysse. Fleuri.

Le mot de bysse n’est guère en usage. Les Interprètes de l’Ecriture expliquent communément le mot byssus, qui vient du grec βύσσος, par fin lin, tant dans l’ancien que dans le nouveau Testament au ch. 16 de S. Luc 19, où il est dit dans notre édition latine au texte grec, du mauvrais riche induebatur purpurà & bysso : Mrs de Port-Royal ont traduit, qui étoit vêtu de pourpre & de lin ; ce qui n’exprime pas assez la propriété du mot byssus qui signifie quelque chose qui est plus que de simple lin. Les Pères Jésuites ont traduit, qui s’habilloit d’écarlate & de toile fine. Le P. Amelote, qui a voulu s’accommoder à nos usages, a mis dans sa version, qu’il étoit vêtu de pourpre & de soie. On lit de la même manière dans la traduction de Calvin, & dans l’espagnole imprimée à Venise en 1556 : mais byssus étoit autre chose que notre soie, comme on le peut prouver évidemment par un grand nombre d’anciens Ecrivains, & entre autres par Pollus, Liv. VII de son Onomast. ch. 17. M. Simon a traduit plus à la lettre, qui se vêtoit de pourpre & de fin lin, avec cette note : Il y avoit une espèce de fin lin qui étoit fort cher, & dont les plus grands Seigneurs se vêtoient en ce pays là & dans Egypte. ce Riche en avoit un habit de couleur de pourpre. Cela s’accorde parfaitement avec le Lexicon de Hésychius. Bochat a aussi remarqué dans son Plaleg, Liv. III, ch. 4 que ce qu’on appelle byssus étoit un lin fort délié, qui étoit souvent teint en pourpre. Pline assure que le bysse étoit une espèce de lin très-fin. Pausanias dit la même chose ; il remarque que dans toute la Grèce il ne croissoit de bysse qu’en Elide. Il faut qu’il y eût deux sortes de bysses, l’un beaucoup plus fin que l’autre ; car Bonfrétius remarque que de deux mots hébreux qui signifient bysse, il y en a un qui est toujours employé dans l’Ecriture quand il est parlé des vêtemens des Prêtres, & l’autre quand il est parlé des vêtemens des Lévites : cette conjecture paroît fort vraisemblable. Leidekker croit que le bysse étoit un lin fort fin & fort blanc.

☞ M. de Fleuri prétend que le bysse, ou byssus, étoit une soie d’un jaune doré qui provenoit de certains coquillages de mer.

☞ Aristore parle d’un byssus, tiré des pines-marines, & nomme ainsi la soie de ces coquilles.

☞ Le byssus des anciens, n’étoit peut-être qu’un terme générique, qui s’appliquoit à toutes les matières qui se filoient, & qui étoient plus précieuses que la laine.