Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/441-450

Fascicules du tome 1
pages 431 à 440

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 441 à 450

pages 451 à 460



Ce fils victorieux, l’héritier & l’appui
D’un empire, d’un nom, qui va renaître en lui. Rac.

Appui, se dit encore figurément pour protection, défense. Il faut mettre son appui en Dieu. Je trouverai toute sorte d’appui auprès de lui. Je vous demande votre appui contre son injustice. Mol.

Et sans chercher l’appui d’une naissance illustre,
Un Héros de soi-même emprunte tout son lustre.

Boil.

Ailleurs plus libéral, ce moderne Aristarque
Va prodiguer l’encens qu’il épargne au Monarque,
Et par l’espoir trompeur qu’il condamne en autrui,
Chercher des Mecénas, mendier de l’appui.

Appui, en termes de Joueurs de boule, se dit de celle qui vient en soutenir une autre jouée par un autre du même parti. Adminiculum. Il faut venir à l’appui de la boule.

☞ Cette expression est quelquefois employée au figuré, mais dans le style familier seulement, & signifie fortifier l’avis, le parti de quelqu’un en se joignant à lui. Ouvrez l’avis, faites la proposition, faites les premières démarches & j’irai à l’appui de la boule.

Appui. Soutien, support, considérés comme synonymes dans le sens figuré. L’appui, dit M. l’Abbé Girard, a plus de rapport à la force & à l’autorité ; le soutien en a plus au crédit & à l’habileté ; le support en a davantage à l’affection & à l’amitié. On cherche dans un protecteur puissant de l’appui contre ses ennemis. Quand les raisons manquent, on a recours à l’autorité pour appuyer ses sentimens. Ce n’est pas les plus honnêtes gens de la Cour, qu’il faut choisir pour soutiens de sa fortune, mais ceux qui ont le plus de crédit auprès du Prince. On ne se repend guère d’une entreprise où l’on se voit soutenu d’un habile homme. Des amis toujours disposés à parler en notre faveur, & toujours prêts à nous ouvrir leurs bourses, sont de bons supports dans le monde. Le vrai chrétien ne cherche d’appui contre la malignité des hommes que dans l’innocence & la droiture de sa conduite ; il fait de son travail le plus solide soutien de sa fortune, & regarde la parfaite soumission aux ordres de la Providence, comme le plus inébranlable support de sa félicité.

Appui, en terme de Manége, est le sentiment réciproque de l’action de la bride entre la main du cavalier, & la bouche du cheval. Mutuus equitis atque equi sensus, frenorum & habenarum ope utrinque perceptus. Ce cheval a l’appui fin, c’est-à-dire, il a la bouche délicate. Il a un appui sourd, c’est à-dire, une bonne bouche, mais une langue épaisse qui empêche l’action du mors sur les barres. Il a un appui qui force la main, il est sans appui, c’est-à-dire, qu’il obéit avec peine au cavalier, qu’il craint l’embouchure. Un cheval qui a trop d’appui, est celui qui s’abandonne trop sur le mors. On dit, appui à pleine main, ou au-delà de pleine main ; pour dire, qu’il a l’appui ferme, ou qu’on l’arrête avec peu de force. La rêne de dedans du cavesson attachée courte au pommeau, est un excellent moyen pour donner un appui au cheval, le rendre ferme à la main, & l’assurer. Cela est encore utile pour lui assouplir les épaules, ce qui lui donne de l’appui où il en manque, & en ôte où il y en a trop. Newc.

APPUI-MAIN. s. m. se dit chez les Peintres, de la baguette qui a un bouton au bout, qui leur soutient la main qui tient le peinceau. Fulcrum.

APPUI-POT. s. m. Ustensile de cuisine fait de fer en demi-cercle, qui sert à appuyer un pot ou un coquemar de peur qu’on ne les renverse.

APPUPEN. s. m. Grand marais de l’Amérique méridionale, & dont les eaux se déchargent dans le Parana. Appupen. Appupæna Palus. Hist. Parag. L. V. c. 4. Les Espagnols lui ont donné le nom de Marais de Sainte-Anne, Ibid. Il n’est pas beaucoup éloigné du confluent du Paraguay & du Parana. Le marais Appupen ou de Sainte-Anne est 30 lieues au-dessous d’Itapuor, sur le bord du Parana. Ib. c. 6. On y a bâti une ville où l’on a rassemblé les Indiens que l’on a instruits & baptisés. Ib.

APPUPÉNOIS, OISE. s. m. & f. Habitans des environs du marais d’Appupen. Appupenensis, e.

APPUREMENT. Voyez Apurement.

APPURER. Voyez APURER.

☞ APPUYER. v. a. Soutenir par le moyen d’un appui, disent les Vocabulistes. Sustinere. Erreur dans le françois & dans le latin. L’appui ne soutient pas, il fortifie. Appuyer, c’est fortifier une chose par une autre que l’on met tout auprès, soit pour résister à l’impression des corps étrangers, soit pour la tenir dans une situation droite. Pulcire. On appuie une muraille par des arcs-boutans. On appuie des choses qui sont violemment poussées ou qui penchent trop. On soutient ce qui est excessivement chargé, ou ce qui est trop lourd par soi-même, en plaçant quelque chose dessous. Une voûte est soutenue par des colonnes.

☞ On a dit autrefois appoyer. Nicod. dérive ce mot de appodiare ; podium, ce qui sert à appuyer, appui.

☞ On dit appuyer une maison contre une autre, contre un coteau, c’est la bâtir auprès, ensuite que cela lui serve d’appui : c’est la même chose qu’adosser. Applicare.

Appuyer le pistolet à quelqu’un, le mousqueton, c’est le présenter à bout portant. Sclopetum admovere propiùs, sclopeto incumbere in pectus alicujus.

Appuyer un cheval. Terme de Manége. Voyez Appui. Appuyer l’éperon à un cheval, calcar admovere, c’est lui appliquer fortement l’éperon. Appuyer le poinçon, c’est faire sentir la pointe du poinçon sur la croupe du cheval pour le faire sauter.

Appuyer les chiens. Terme de chasse. C’est les animer du cor & de la voix. Excitare.

Appuyer, signifie aussi mettre une chose sur une autre qui lui serve comme d’appui. On appuie la main sur l’épaule de quelqu’un. On appuie les coudes sur la table.

☞ On dit aussi s’appuyer dans cette acception. Appuyez-vous sur moi. Les vieillards s’appuient sur un bâton. On s’appuie contre un arbre. On s’appuie sur une balustrade. Niti, inniti re aliquâ, incumbere alicui rei.

Appuyer, s’emploie aussi dans un sens figuré, & signifie protéger, défendre, servir d’appui. Voyez Appui au figuré, où l’on a dit qu’il a plus de rapport à la force & à l’autorité. Protegere, tueri. Ce protecteur a promis de m’appuyer contre mes ennemis. Il a promis d’appuyer mon affaire, mon placet, mes prétentions. Quand les raisons manquent, on a recours à l’autorité pour appuyer ses sentimens. Appuyer son avis, son opinion sur une loi, sur un traité, sur un passage, sur une autorité, c’est se fortifier en faisant usage de ces moyens.

Mais l’orgueil d’un faux titre appuyant sa foiblesse,
Maîtrisa les humains sous le nom de Noblesse.

Boil.


Tout étoit juste alors : la vieillesse & l’enfance
En vain sur leur foiblesse appuyoient leur défense.

☞ On dit aussi, dans le sens figuré, s’appuyer sur quelqu’un, sur l’autorité de quelqu’un. Niti, inniti. C’est y mettre son appui. S’appuyer sur un roseau, c’est mettre son appui en une personne qui n’a aucun pouvoir.

☞ S’appuyer sur l’écriture, sur l’autorité des anciens sur la coutume, &c. c’est faire usage de ces moyens pour donner plus de force à ce qu’on dit.

Appuyer. v. n. signifie la même chose qu’être appuyé. Porter sur un appui. Inniti, Incumbere. Je ne veux pas que cette poutre appuie sur mon mur.

☞ Cette muraille appuie sur un arc-boutant.

Appuyer, se dit encore neutralement pour peser sur quelque chose. Appuyer sur le burin, sur la plume. Il ne faut pas appuyer pour bien écrire. Appuyer sur un cachet.

☞ En Musique, appuyer sur une note, c’est y demeurer long-temps.

☞ On dit, en termes de Manége, d’un cheval qui porte la tête basse, qu’il appuie sur le mors.

Appuyer des deux, c’est enfoncer les deux éperons dans le flanc du cheval.

Appuyer, comme verbe neutre, est aussi d’usage au figuré, comme synonyme d’insister. Il faut appuyer sur tel moyen. Il falloit appuyer davantage sur la fausseté de cette pièce.

APPUYÉ, ÉE. part. Fulcitus, suffultus. Un globe, qui n’est appuyé que sur un point, avec ce mot latin, Tantillo nititur, est une devise faite pour un jeune Prince encore enfant, qui fait l’espérance & l’appui d’un Etat.

☞ APPUYOIR. s. m. Morceau de bois plat de forme triangulaire, dont se servent les Ferblantiers pour dresser les feuilles de fer blanc qu’ils veulent souder ensemble. Encyc.

APR.

☞ ÂPRE. adj. de t. g. On appelle ainsi ce qui a une certaine saveur rude, âcre & désagréable : ce qui par sa rudesse cause une sensation désagréable au goût. Asper. Les néfles sont fort âpres. Apre au goût, à la langue.

La saveur âpre est la quatrième des sept saveurs principales. Elle annonce des molécules mal-cuites. En effet un fruit est âpre lorsqu’il n’est pas encore mûr.

Âpre, se dit aussi de ce qui fait une impression incommode & fâcheuse sur les organes du toucher. Le feu est âpre. Le froid est âpre. Acer.

Alors pour se couvrir durant l’âpre saison,
Il fallut aux brebis dérober la toison.

On le dit encore des surfaces des corps inégales & rudes, dont quelques-unes des parties s’élevent tellement au-dessus du reste, qu’elles empêchent de passer la main dessus avec liberté. Dans ce sens, âpre est opposé à uni, poli.

Dans cette acception on le dit des chemins qu’une superficie inégale rend difficiles, raboteux. Asper. La Provence, le Dauphiné sont des pays âpres & raboteux. Nous passâmes par un chemin âpre & raboteux.

Âpre, se dit aussi au figuré, pour marquer l’excès d’ardeur ou d’avidité que l’on a pour certaines choses. Avidus, alicujus rei studio flagrans. Un Procureur est âpre à l’argent. On dit d’un joueur, qu’il est âpre au gain, au jeu ; & d’un chasseur, qu’il est âpre à la chasse.

On le dit dans le même sens, pour marquer la trop grande avidité de certains animaux. Un Chien est âpre à la curée. Un faucon âpre, trop âpre.

Âpre, se dit dans le même sens de certaines choses, pour en marquer la violence, la rudesse, la sévérité. Durus, acerbus. Un combat âpre. Un esprit âpre. Une réprimande âpre. Mener une vie âpre & austère.

De mille âpres chagrins leur âme est tourmentée. Anon.

Jadis chez les mortels l’âpre Philosophie
Opposoit à mes loix (l’Amour) sa sevère manie.

Vill.


Lui qui vécut paisible, & toujours se tint coi
Loin des âpres conflits de la poudreuse école.

Il suit dès sa tendre jeunesse,
L’âpre sentier de la Sagesse.

En Médecine on appelle l’Apre artère, le conduit par où l’air passe dans le poumon. Voyez Trachée, Artère.

On appelle en Grammaire, un esprit âpre, asper, une marque faite en forme de c, qu’on met sur certaines lettres, pour montrer qu’il les faut prononcer avec une forte aspiration, comme on fait en françois les h consonnes, & comme les Grecs faisoient plusieurs voyelles, & la lettre η ; ce qui leur tenoit lieu d’un h.

Âpre. s. m. Monnoie turque. Quinze âpres valent environ 10 sous de notre monnoie. Du Loir. p. 95.

Âpre. Poisson. C’est un petit poisson de rivière qu’on trouve ordinairement dans le Rhône. Asper. Son nom, qui en latin signifie rude, vient de la rudesse de ses mâchoires & de ses écailles. Sa tête est assez large & pointue, sa gueule médiocre : il n’a point de dents. Sa couleur est rougeâtre, parsemée de taches noires, larges ; il est bon à manger & passe pour être apéritif. On dit aussi Apron. Voyez le Dict. de James.

APRÈLE. s. f. Herbe dont les feuilles sont fort rudes, qui sert aux ouvriers à polir le bois, à écurer l’airain, la vaisselle. Equisetum. Cette herbe croît dans les lieux aquatiques, dans les fossés. Elle jette des tiges creuses, nouées, rougeâtres, & rudes au toucher, autour desquelles il y a quantité de feuilles menues, & minces comme le jonc. Elle croît fort en hauteur, quand elle trouve des arbres pour s’y attacher ; & y étant entortillée, elle fait pendre une grande chevelure noire comme une queue de cheval. Sa racine est dure comme du bois. Matthiole en décrit quatre espèces, dont il y en a une que les paysans mangent en carême. Voyez Prelle. C’est une sorte de queue de cheval. Equisetum juncium.

ÂPREMENT. adv. D’une manière âpre. Asperè, vehementer. Vous mangez trop âprement. Ce valet a été réprimandé âprement par son maître.

☞ APREMONT. Petite ville de France, en Poitou, à onze lieues de Luçon.

Apremont, Seigneurie dans la Lorraine, avec titre de Baronnie. Elle confine avec le territoire de S. Michel. C’est un ancien fief de l’évêché de Metz. Ce lieu a donné le nom à une maison illustre.

☞ APRÈS. Préposition qui marque postériorité de temps, ou de lieu, ou d’ordre, & qui s’emploie également en parlant des choses & des personnes pour marquer celles qui suivent les autres. Post. Après le déluge. Le temple de Salomon fut commencé 480 ans après la sortie d’Egypte. Après l’antichambre, est un magnifique sallon. Après le Boulingrin est une grande pièce d’eau. Après Dieu, il faut aimer son prochain. Après l’or, l’argent est le plus précieux de tous les métaux.

Outre cette propriété de marquer ce triple rapport de temps, de lieu, & d’ordre, la proposition après entre dans plusieurs phrases, où elle a un sens tout différent.

Courir après quelqu’un, au propre c’est le poursuivre. Les archers courent après les voleurs, les chiens après les loups. Au figuré, courir après une chose, c’est la rechercher avec ardeur. Un ambitieux court après les honneurs. Cet homme court après une succession, est empressé de la recueillir.

On dit en termes de Peinture & de Sculpture, ce portrait est fait d’après nature ; c’est-à-dire, fait sur la personne même qu’il représente. Imago ad naturam ipsam, ad primarium aliquod exemplar expressa. D’après Raphaël ; pour dire, c’est une copie de Raphaël, copié sur l’original fait par Raphaël. Il est dessiné d’après l’antique, d’après la Bosse. Il se dit aussi au figuré ; j’avois copié mes personnages d’après le plus grand Peintre de l’antiquité, je veux dire, d’après Tacite. Racin.

☞ Dans le style familier être après quelque chose, être après à faire quelque chose, c’est y travailler actuellement. Il est après mon procès, il est après à examiner mes papiers. Il est après cet emploi. Il travaille à l’obtenir. Être après quelqu’un, s’en occuper beaucoup, ou le fatiguer. Cette mere est toujours après son enfant. Cet homme de mauvaise humeur est toujours après ses valets. Se mettre après quelqu’un, le chagriner, le maltraiter. Crier après quelqu’un, le quereller, le réprimander. On a attendu long-temps après vous, en parlant à quelqu’un qui s’est fait attendre. On n’attend plus qu’après cela, en parlant d’une chose sans laquelle on ne peut faire ce qu’on se propose.

Après quoi, c’est-à-dire, après laquelle chose. Nous allâmes à la promenade, après quoi nous soupâmes.

Après tout. Manière de parler adverbiale, qui sert de conjonction, & équivaut à cependant. Vous avez beau avoir de la bravoure, après tout il faut de la modestie.

Après. Conjonctive qui se met devant le prétérit de l’infinitif. Postquàm, posteaquàm. Jéroboam mourut après avoir régné vingt-deux ans. Port-R.

Après. Conjonctive qui régit l’indicatif & quelquefois le subjonctif. Après que Salomon eut bâti un temple à Dieu, il se bâtit un Palais pour lui. Port. R. Après qu’on est sorti du péril, on ne songe plus au Saint.

Après, est aussi une transition interrogante. Deindè, ultrà. Continuez, après, que dites-vous ?

Après, se dit aussi adverbialement, dans plusieurs façons de parler. Partez, nous irons après. Sequemur. On dit la messe, & après le sermon. Deindè habetur concio. Tôt après. Continuò. Puis après, ci-après ; pour dire, ensuite. Posthàc, deinceps. En après ; par après : mais ces deux derniers ne se trouvent plus dans les ouvrages bien écrits.

Après, se dit proverbialement en ces phrases. Après la panse vient la danse. Jeter le manche après la cognée, abandonner une affaire dans la crainte de ne pas réussir. Après cela il faut tirer l’échelle ; pour dire, quand on a vu cela, il ne faut point voir autre chose. Courir après son éteuf. Il y a trop de chiens après un os ; pour dire, qu’une société est trop grande, & que la part de chacun sera petite. Regnier a dit aussi, après grâces Dieu but. On prétend que ce proverbe vient de ce qu’on donna des Indulgences aux Allemands qui boiroient un coup après avoir dit grâces, afin de les obliger à les dire. Il y en a beaucoup d’autres qu’on verra dans la suite.

Après, prép. s’est dit pour à, en parlant d’une chose attachée à une autre. Le peuple le dit encore en quelques lieux.

Là sont pendus après la voûte
Les coutelas prodigieux
De ces Géants que nos yeux
Ont si souvent mis en déroute. P. le M.

☞ APRÈS-COUP. Façon de parler adverbiale qui signifie trop tard. Votre Procès est jugé ; vous arrivez après coup. Seriùs.

APRÈS-DEMAIN. adv. de temps. Second jour après celui où l’on est. Perendiè, perendino die. Un mauvais payeur remet à demain, à après-demain, de jour à autre.

APRÈS-DÎNÉ. Ce sont deux mots, dont le premier est une préposition, & le second un nom substantif. On dit également après le dîner. Ils signifient le temps qui suit immédiatement le dîner. A prandio, post prendii tempus. Je fus berné vendredi après-dîné. Voit.

APRÈS-DÎNÉE. s. f. La seconde partie du jour que l’on compte depuis midi, qui est l’heure ordinaire du dîner. Pomeridianum tempus. L’après-dînée ceux qui ne chassent point, ont la promenade dans les jardins des maisons voisines. L’Ab. Genest, Divert. de Sceaux.

D’Adam nous sommes tous enfans,
La preuve en est connue,
Et que tous nos premiers parens
Ont mené la charrue :
Mais las de cultiver enfin,
Leur terre labourée,
L’un a dételé le matin,
L’autre l’après-dînée.

On dit en proverbe au Palais, quand la Cour se leve le matin, elle dort l’après-dînée ; pour dire, qu’elle n’entre point le soir quand elle a été obligée de se lever le matin pour quelque cérémonie.

APRÈS-MIDI. s. f. Le temps qui est depuis midi jusqu’à la nuit. Pomeridianum tempus, Horæ pomeridianæ. L’après-midi ne fut pas belle hier ; il n’y eut pas moyen de sortir. Voilà une vilaine après-midi. Je vous ai attendu toute l’après-midi.

APRÈS-SOUPÉ. Ce sont deux mots, dont le premier est une préposition, & le second un nom substantif. On dit de même après le souper. A cœnâ, post cœnæ tempus. Ils signifient le temps qui suit immédiatement le soupé. Je vous irai voir après-soupé.

APRÈS-SOUPÉE. s. f. Le temps qui s’écoule depuis qu’on a soupé jusqu’à ce qu’on se couche. Serotinum tempus. Où irez-vous passer l’après-soupée ?

APRÉTADOR. Voyez Apprétador.

ÂPRETÉ. s. f. Qualité de ce qui est âpre. ☞ Asperitas. Il se dit, comme l’adjectif, de plusieurs choses différentes. 1o Des fruits, quand faute de maturité, ou pour quelque autre raison, ils ont une certaine saveur rude, âcre & désagréable. L’âpreté qui se trouve dans les fruits, diminue à mesure qu’ils murissent, ou que les arbres vieillissent. 2o. Du feu & du froid ; quand l’un & l’autre sont violens & âpres. L’âpreté du feu se fait sentir à proportion du froid. La rigueur & l’âpreté des hivers ne l’arrête point. Patr. ☞ 3o. Des corps dont les surfaces sont rudes & inégales. 4o. Des pays & des chemins, quand ils sont rudes, inégaux, raboteux. L’âpreté de certains pays en empêche le commerce. Vous rétablirez un chemin que sa hauteur & son âpreté rendent difficile. Boss. Voyez Âpre.

Âpreté, se dit figurément pour marquer la sévérité, l’austérité du caractère. Acerbitas. Les Anciens ont blâmé l’âpreté des mœurs de Caton, & sa trop grande sévérité. Cette âpreté naturelle, qui ne se rendoit jamais aux difficultés, établit mieux la puissance de Rome, qu’une humeur douce & raisonnable. S. Evr. Il faut avoir une sagesse gaie & civile, & fuir l’âpreté des mœurs. Mont. On dit aussi, cet homme entreprend les choses avec trop d’âpreté ; pour dire, trop d’ardeur. Apreté à l’argent, au gain.

On le dit aussi du goût & de la manière d’un ouvrier dans les ouvrages mécaniques. Michel Ange auroit été plus estimable, s’il eût retenu ce qu’il y a de bon dans le gothique, je veux dire, le dégagement & l’âpreté des entrecolonnemens qui nous plaisent si fort. De Cordem. Traité d’Arch. P. 175.

APRIGLIANO. Bourg de la Calibre citérieure, au Royaume de Naples. Il est au midi de Cosence. Aprilianum. Selon quelques Géographes, c’est l’Aprustum des anciens Brutiens, que d’autres mettent à Castro-Villare.

APRIO, APRI. Ville de la Romanie en Turquie. Apros, autrefois Théodosiopolis, parce que Théodose le Grand la répara, & y fit quelquefois son séjour. Elle est sur la rivière de Lerissa, au levant de Trajanopolis.

APRISE. s. f. Vieux terme de Palais, Synonyme de Prisée, Une sommaire aprise, pour dire, un procès-verbal, une description, une estimation d’un fonds, pour en connoître l’état présent & la valeur. Æstimatio. Ce mot vient du latin Apretiare. On en a tiré Aprisia, qui se trouve dans les anciens arrêts, & de Aprisia, on a fait Aprise.

APRON. s. m. Poisson d’eau douce. Il ne se trouve qu’en Dauphiné. Dalécham & Nicod ont observé qu’il est semblable au goujon. Chorier. Voyez Âpre.

APROUSSE. s. f. Vieux mot. Hâte, ardeur, empressement. Aprousse vient de l’ancien mot âpresse, dit pour âpreté, & qui se trouve dans Nicod, Glossaire Bourg. Les Champenois disent Aprosse.

APROXIS. s. f. C’est une plante, ainsi nommée par Pythagore, & dont la racine prend feu à une certaine distance, de même que le naphte. Ce Philosophe prétend que de quelque maladie qu’on soit attaqué dans le temps qu’elle fleurit, elle se fait sentir de nouveau au retour du printemps, quoiqu’elle ait été parfaitement guérie. Il en est de même du froment, de la ciguë & de la violette. Pline cité par James.

APS.

APS. Ville autrefois épiscopale, maintenant bourg du Vivarès en France. Alpia, Alba Helvetiorum. Elle est proche de Viviers, qui s’est formé de ses ruines, & où son évêché a été transféré.

☞ APSIDE. s. f. Terme de Liturgie. Voyez Abside.

Apside. Terme d’Astronomie. C’est ainsi qu’on doit écrire ce mot. On appelle Apside les deux points de l’orbite d’une planète où elle se trouve à la plus grande ou à la plus petite distance du Soleil ou de la terre. Grande & petite Apside. On dit communément Aphélie ou apogée, périhélie ou périgée. Voyez Abside.

APT.

APT. s. f. Apta Julia. Ville de France, en Provence. Quelques Auteurs conjecturent qu’elle fut nommée Apta, à raison de sa situation commode & avantageuse sur le Calmaon ; & Julia, en l’honneur de Jules César, ou d’Auguste. Elle fut autrefois capitale des Vulgientiens, Apta Julia Vulgientium. Pline la compte parmi les villes Latines. Elle est appelée Colonie, Col. Aptha, sur une pierre trouvée à Arles. Jules César y fit construire un pont, qui fut nommé le pont de Jules, Pons Julius. Il y a encore à Apt les restes d’un amphithéâtre & d’autres antiquités. Il y a un évêché qui est très-ancien, & le premier de la province d’Aix. La longitude d’Apt est 26 d. 5′ & sa latitude 43 d. 10′. M. et Mlle de Scuderi étoient d’Apt. En 1604. on trouva dans la cour de l’évêché d’Apt, l’épitaphe du cheval de l’empereur Hadrien, nommé Boristhènes.

☞ APTERE, du grec ἄπτερος, sans ailes. Epithète que les Athéniens donnerent à la victoire, qu’ils représentoient sans ailes, pour la fixer chez eux.

APTE. adj. m. & f. Vieux mot, & hors d’usage, qui signifioit autrefois, propre à quelque chose. Aptus, idoneus.

APTHE. s. f. Nom propre. Agatha. On appelle dans le Diocèse d’Usez, Sainche Apthe, une Eglise de Sainte Agathe. Les Languedociens disent Sainche, pour Saint & Sainte.

APTITUDE. s. f. Terme de Philosophie, qui signifie, Disposition naturelle à quelque chose. Habilitas. Le bois a plus d’aptitude à être consumé du feu, que la pierre. Vous avez une aptitude à toutes les belles & bonnes choses. Le P. Bouhours prétend que ce mot est un peu barbare, & que l’on peut s’en passer.

On dit pourtant avoir de l’aptitude aux sciences, aux mathématiques, à la peinture, &c. Mais je crois que cela sent un peu le pays Latin.

☞ En Jurisprudence, où aucun terme n’est barbare, on se sert du mot d’aptitude pour désigner la capacité, l’habileté à posséder un emploi, à recevoir un don, un legs, &c. Voyez Capacité, Habileté, Habile.

APU.

APUREMENT. s. m. Terme de Finances, qui se dit lorsqu’un comptable, en vertu de requetes & de pièces, fait lever les charges mises sur la recette, ou sur la dépense de son compte ; lorsqu’il en fait lever toutes les souffrances & difficultés, & qu’il en a payé le reliquat. C’est la reddition finale d’un compte, par où il paroît qu’un comptable est bien & valablement déchargé du maniement des deniers qu’il a eus entre les mains. Rationum decisio. Tous les comptables ont été obligés à faire apparoir de l’apurement de leur compte.

APURER. v. a. Terme de Finances. Faire juger & clorre un compte, & payer le reliquat, faire lever toutes les charges d’un compte, & en rapporter les acquits. Rationes decidere. Ce Comptable a fait apurer tous ses comptes, il est bien déchargé de son maniement.

Apurer l’or moulu. Terme de Doreur sur métal. Expurgare. C’est après que l’or en chaux a été amalgamé au feu avec le vif-argent, le laver dans plusieurs eaux, pour en ôter la crasse & les scories.

APURÉ, ÉE. part. & adj. Decisus.

APURIMA. Rivière de l’Amérique méridionale. Apurima. Elle sort des montagnes des Andes, passe à Cusco, & se décharge dans le Xama.

APURWACA, CAPURWAKA. Rivière de l’Amérique méridionale. Apurvaca. On l’appelle Pirague & Aprouage. Elle a sa source dans la Guiane, traverse le lac des Harritiabans, & la Caribane, après quoi elle se décharge dans la mer du Nord.

APUYE. s. m. & f. Nom de peuple. Apuius, a. Les Apuyes habitent vers les sources du Rio-Saneiro, dans le Brésil.

APY.

☞ APYRE. adj. de tout g. Terme d’histoire naturelle qui se dit des terres ou pierres qui résistent au feu, & n’en éprouvent aucune altération, c’est-à-dire, qui n’y sont changées ni en verre, ni en chaux, ni en plâtre ; comme l’amiante, le talc. Acad. Fr.

APYREXIE. s. f. Intermission ou cessation de la fièvre, soit qu’on parle de l’intervalle qui survient entre les accès des fièvres intermittentes, soit qu’on entende que le malade est entièrement délivré d’une fièvre continue par une cure convenable. Ce mot est grec, ἀπυρεξια, composé de l’α privatif, & de πύρεξις, ou πύρετος, fièvre. Col. de Villars.

AQU.

☞ AQUA. Province d’Afrique, sur la côte d’Or, au royaume de Fantin, & au midi occidental de Denkira.

AQUACATE. s. m. Arbre qui croît dans la nouvelle Espagne, & que les Espagnols appellent ainsi. Ses feuilles ressemblent à celle de l’oranger, mais elles sont plus vertes, plus grandes & plus rudes. Sa fleur est petite, & d’un blanc tirant sur le jaune. Son fruit a la figure d’un œuf, mais il est un peu plus long, noir par dehors, & quelquefois d’un ver brun. Le goût en est agréable.

☞ AQUA DE PALO. Ville de l’île de S. Michel, l’une des açores, assez mal peuplée, selon Davity.

AQUA DOLCE, autrement Gliguéro, ou Athiras. Rivière de la Romanie, province de la Turquie d’Europe. Aqua dulcis, Athiras, Pydara. Elle baigne Chiourlich, & se jette dans la mer de Marmara, entre Sélivrée & Périntho.

AQUADOR. s. m. Poisson qu’on appelle autrement volant. Ce poisson, dit Gémelli Carréri, dans son voyage du Tour du monde, pèse environ dix ou douze onces ; cependant quand il est poursuivi par un autre poisson nommé abnous, qui le veut engloutir, il s’élève au-dessus de la surface de l’eau à la hauteur d’une portée de mousquet. Il fait cela à l’aide de ses nageoires qu’il a faites comme des espèces d’ailes avec lesquelles il s’élève & se soutient en l’air. Mais ses ailes venant à se sécher, elles ne peuvent plus soutenir son poids, & il est obligé de retomber dans son élément naturel. Ce sont les Portugais qui ont nommé ce poisson Aquador.

AQUA LAGNA. Village du duché d’Urbin dans l’état de l’Eglise. Aqualania. Il est sur la rivière de Canitano, peu éloigné de Cagli.

AQUALQUE, ACHALAQUE. Bourg des Apalaches, dans l’Amérique septentriole ; il est au couchant de la Caroline, près du grand lac de Thomi.

AQUA PENDENTE. Voyez Acqua Pendente.

AQUARIEN, ENNE. s. m. & f. Aquarius. Nom de secte. Les hérétiques Aquariens furent ainsi appelés du nom latin aqua, qui signifie de l’eau, parce qu’ils n’offroient que de l’eau au sacrifice de la messe. S. Cyprien, qui réfute cette erreur dans sa trente troisième lettre, dit qu’elle étoit nouvelle de son temps ; ainsi cette hérésie ne s’éleva qu’au milieu du troisième siècle. On dit que la persécution donna occasion à cet abus. Les Chrétiens, de crainte que l’odeur de l’espèce du vin qu’ils recevoient la nuit, ou de grand matin aux sacrés mystères, ne les fit reconnoître par les Gentils, userent d’eau seule avec l’hostie au lieu de prendre l’espèce du vin. Les Aquariens allerent ensuite plus loin, & prétendirent même consacrer avec l’eau seule. Outre S. Cyprien, Voyez S. Jean Chrys. hom. 83. in Math. S. Epiphane hér. 46. S. Aug. hér. 64. Rabanus Maurus, Baron. ad an. 257. n. 5. Cœl. Rhodig. L. 18. C. 40. S. Epiphane dit que les Aquariens étoient des sectateurs de Tatien, qui furent nommés ainsi, parce qu’ils s’abstenoient du vin, dont ils ne se servoient pas même dans l’Eucharistie. Au reste, les Aquariens, du temps de S. Cyprien, ne faisoient point difficulté d’offrir du vin le soir à l’heure du souper ; car il étoit encore en usage d’offrir le saint sacrifice de l’Eucharistie deux fois le jour, le matin & le soir.

AQUARII SERVI. On nommoit ainsi chez les Romains les porteurs d’eau.

AQUARIUS. s. m. autrement Verseau. Aquarius. Terme d’Astronomie. Signe du Zodiaque, qui est l’onzième, à compter depuis Aries. Le soleil le parcourt au mois de Janvier, & ce signe est de la nature de Saturne. On le marque ainsi ♒, & il a 33 étoiles. Ce nom lui a été donné, parce que, lorsqu’il paroît sur l’horizon, il vient des pluies. Quelques Poëtes feignent que c’est Ganymède fils de Troïle & de Callirhoé, & qu’il s’appelle Aquarius, Verseau, parce que c’est lui qui verse de l’eau aux Dieux. Jupiter, qui l’aimoit, le fit enlever par son aigle du mont Ida où il étoit, & le plaça parmi les astres.

AQUA-STYGIA. s. f. C’est l’Eau-régale, qui est extrêmement corrosive, & c’est pour cela qu’on lui a donné le nom d’un prétendu fleuve des enfers. Ce nom est latin.

AQUATACCIO. Aqua d’Acio, Rio d’Appio. Rivière de la Campagne de Rome. Aquatacium, Almo. Elle tombe dans le Tibre près de Rome.

AQUATULCO. Ville de l’Audience du Méxique, dans l’Amérique septentrionnale. Aquatulcum. Elle est dans la province de Guaxaca, où elle a un port sur la mer du Sud.

AQUATILE. adj. Aquatilis. Qui naît, & qui se nourrit dans l’eau. Animaux Aquatiles. Il a la même signification qu’aquatique qui est plus en usage.

☞ AQUATIQUE. adj. de t. g. (prononcez acouatique) terme qui vient du latin aqua, & qui signifie plein d’eau, marécageux. Terres Aquatiques. Lieux aquatiques. Aquosus, paludosus. Les lieux aquatiques sont mal-sains. On dit d’une maison bâtie dans un terrain marécageux, qu’elle est aquatique. Cette épithète s’applique aussi à ce qui croît & se nourrit dans l’eau. Aquatilis, aquaticus. Plantes aquatiques. Animaux aquatiques. Le Saule, l’Aune, les Roseaux, le Nénuphar, &c. sont des plantes aquatiques. Les grenouilles, les rats d’eau, &c. sont des animaux aquatiques.

Et qui ne s’ennuieroit d’une salle aquatique,
Où vingt crapeaux privés me donnent la musique.

Sanlec.

Et pourtant
Grenouilles devroient se taire,
Et ne murmurer pas tant ;
Car si le soleil se pique,
Il le leur fera sentir :
La République aquatique
Pourroit bien s’en repentir. La Font.

AQUÉDUC, prononcez AKÈDUC. m. Aquæductus. Construction de pierre faite dans un terrain inégal pour conserver le niveau de l’eau, & la conduire par un canal d’un lieu à un autre. Il y a des aquéducs sous terre, & d’autres qui sont portés par des arcades, & qu’on appelle Aquéducs élevés ; parce qu’ils sont construits sur des corps de maçonnerie percés d’arcades. Aquéduc double ou triple, est un aquéduc qui a son canal porté sur deux ou trois arcades. Les Romains étoient magnifiques dans leurs aquéducs, qui s’étendoient quelquefois à cent mille.

Aquéduc, en termes d’Anatomie, est un conduit partie membraneux, & partie cartilagineux, qui va de l’oreille dans le palais. Il est ainsi appelé, non-seulement à cause de sa forme de canal, mais encore parce qu’il peut donner quelquefois passage aux humeurs étrangères, qui se ramassent assez souvent dans une des cavités de l’oreille, qui se nomme la caisse, n’ayant aucune valvuve qui puisse en empêcher la sortie.

☞ On a donné ce nom à plusieurs conduits du corps humain, à cause du rapport qu’ils ont avec les aquéducs qui servent pour conduire de l’eau d’un lieu dans un autre.

AQUELIN. s. m. Nom d’homme. Aquilinus. Saint Aquilin, que le vulgaire nomme Saint Aquélin, naquit à Bayeux vers l’an 620 de parens nobles & riches. S. Aquélin fut élevé sur le siége d’Evreux après la mort de Saint Etéon, qui arriva vers l’an 653. Il assista l’an 688. au concile de Rouen, & mourut en 695. Baillet, au 19 d’Octobre.

AQUEL MARIC. C’est le nom qu’on donne à la langue des Africains naturels, & qui signifie Langue noble. On l’appelle autrement, Langue d’Abimalik. L’Aquel Maric, ou la Langue d’Abimalik, est mêlée de beaucoup d’arabe, depuis que les Arabes se sont rendus maîtres de l’Afrique.

AQUÉRIR. Voyez ACQUÉRIR.

AQUETTE. s. f. Liqueur qui se fait en Italie, sur-tout au royaume de Naples, & qui est composée de vin, d’un tiers d’eau, & de plusieurs sortes d’aromates. Aquetta. Ce débauché est mort pour avoir trop bu d’aquette.

Ce mot est italien, diminutif d’aqua, de l’eau, comme qui diroit, petite eau.

AQUEUX, EUSE. adj. Qui est de la nature de l’eau, qui en est tout rempli. Aquosus. Le lait a une partie aqueuse, l’autre butyreuse. Les Chimistes séparent la partie aqueuse de tous les corps par la distillation. On appelle un fruit aqueux, celui qui n’a point de goût, qui ne sent que l’eau. On appelle aussi Humeur aqueuse, la première des trois humeurs qui sont enfermées dans l’œil, & qui est située sur la partie antérieure. Elle est liquide & transparente comme l’eau.

☞ AQUI, AKI, ET AQUITA. Ville du Japon. Elle est dans l’île de Niphon, vers la côte méridionale. Elle est capitale de l’Etat ou Principauté de ce nom, entre les royaumes de Bingo au levant, & Suvo au couchant, & entre les villes de Themo & d’Amanguchi.

AQUIESCER. Voyez ACQUIESCER.

AQUIGIRE. s. m. & f. Nom de peuple. Aquigira. Les Aquigires sont un peuple du Brésil, près du gouvernement de Spiritu-Sancto.

☞ AQUIGNI ou ACQUIGNI. Bourg de France, en Normandie, sur l’Eure, avec titre de Baronnie, à une lieue de Louviers, à quatre d’Evreux.

AQUILA-ALBA. s. m. Terme de Chimie. C’est une matière blanche qui imite, par sa sublimation, le vol de l’aigle. Quoique ce mot puisse convenir à tous les sublimés blancs, il se dit particulièrement du mercure sublimé doux.

AQUILA. s. m. Nom d’homme. Aquila. La version d’Aquila. Aquila étoit du Pont. S. Epiphane & la Chronique paschale disent qu’il étoit beau pere de l’empereur Adrien : c’est une fable. On ne peut pas dire la même chose de ce qu’ajoute Saint Epiphane, qu’étant à Jérusalem, Adrien qui vouloir rétablir cette ville, lui donna l’intendance de cet ouvrage. Il y vit les Chrétiens & les admira ; il embrassa leur religion, & fut baptisé ; mais ayant continué de s’adonner à l’Astrologie judiciaire qu’il avoit apprise, il en fut repris comme il méritoit, & ne se corrigeant point, il fut chassé de l’Eglise. Le dépit qu’il eut de l’affront qu’il recevoit par-là, lui fit abjurer le Christianisme, & embrasser la religion des Juifs. Il s’appliqua fortement à l’étude de la langue hébraïque, & entreprit une nouvelle version de l’Ecriture, pour l’opposer à celle des Septante, dont les Chrétiens se servoient alors très-utilement contre les Juifs. Mais n’étant pas tout à fait content de sa version, il la retoucha ensuite, & en fit une seconde plus à la lettre que la première. C’est ce qui fait que l’on trouve quelquefois la version d’Aquila citée de différente manière sur un même passage. Les fragmens qui nous en restent, prouvent évidemment que cet Interprète s’étoit principalement appliqué à traduire mot pour mot le texte hébreu de la Bible, & à faire plutôt un Dictionnaire des mots hébreux, qu’une version. Aussi Saint Epiphane la méprise, & la regarde comme un ouvrage assez inutile ; & Saint Jérôme le traite quelquefois de ridicule & d’impertinent, parce qu’il ne s’étoit pas contenté de traduire les paroles ; mais qu’il avoit de plus exprimé l’étymologie ou la propriété des mots. Cette barbarie n’est pas si générale & si grande que M. Simon le fait entendre, & S. Jérôme loue souvent Aquila comme un Interprète exact & fidele ; & lorsqu’il s’agit de donner la propre & véritable signification des mots hébreux, il a recours à la version d’Aquila. Quand il l’a blâmée, c’est que pressé du reproche qu’on lui faisoit de n’avoir pas traduit l’Ecriture sainte avec assez d’exactitude, il répondit que cette façon de traduire si littéralement & selon la rigueur de la Grammaire, devoir être rejetée, & il donna pour exemple la version d’Aquila.

Origène témoigne que les Juifs préféroient la version d’Aquila à celle des Septante ; & c’est pour cette raison qu’ils s’en servoient ordinairement dans les disputes qu’ils avoient avec les Chrétiens. Les Chrétiens d’autre part la décrierent par la même raison, & la regarderent comme une version fausse, & faite par un de leurs plus grands ennemis. Quelques Peres même l’accuserent d’avoir falsifié l’Ecriture. Il est certain qu’Aquila ne toucha point au texte hébreu, & ne le changea point. Il ne l’est pas moins qu’en quelques endroits où les Peres lui reprochent d’avoir favorisé les Juifs, on ne voit pas trop quel avantage les Juifs en pouvoient tirer. Mais il faut aussi convenir qu’il affecta en quelques-uns d’interpréter le mot hébreu d’une manière qui ôtât sa force à l’argument que les Chrétiens en tiroient contre les Juifs. L’endroit le plus fort est celui que Saint Irenée lui reproche, L. III, c. 24. C’est le passage d’Isaïe, C. VII v. 4. Voilà qu’une Vierge enfantera. Il ne traduit point le mot hébreu עלמה, alma, pour celui de πάρθενος, une Vierge, comme les Septante, mais par νεανὶς, une jeune fille. En quoi il y a certainement de l’affectation, & du dessein d’ôter aux Chrétiens ce témoignage d’Isaïe, par lequel ils pressoient les Juifs.

Et ce qui marque encore mieux l’affectation d’Aquila : c’est que lui qui cherchoit avec soin le sens propre & primitif des mots hébreux, & qui par conséquent devoit traduire עלמה, par ἀποϰρυφη, abscondita, a évité même cette traduction, pour prendre νεανὶς, qui certainement ne répond point au mot hébreu. D’où peut venir une affectation si marquée, sinon du dessein d’ôter aux Chrétiens l’avantage qu’ils tiroient de cet endroit d’Isaïe contre les Juifs ?

Tant il est vrai que dans ces premiers siècles, ces siècles apostoliques, les Chrétiens entendoient par-là une Vierge proprement dite, & demeurant Vierge malgré l’enfantement, & qu’ils étoient bien éloignés de croire que le Prophète parlât de la femme & du fils qu’elle mit au monde, comme quelques Chrétiens l’ont prétendu de nos jours. Tant il est vrai que les Juifs sentoient toute la force de ce mot, & qu’ils ne pouvoient l’éluder que par des interprétations fausses & insoutenables.

Drusius, & le P. Montfaucon dans ses Hexaples, ont ramassé les fragmens de la version d’Aquila qui nous restent.

Aquila. Ville du royaume de Naples. Aquila. Elle est dans l’Abruzze ultérieure, sur le penchant d’une petite montagne, au pied de laquelle coule la rivière de Pescaire. Elle s’est agrandie des ruines d’Amiternum & de Forconium. Elle est capitale de l’Abruzze ultérieure.

☞ AQUILANO. Fort de l’île de Gilolo, dans la mer des Indes, un des trois que les Espagnols possédoient lorsque les Hollandois firent la conquête des Moluques.

AQUILÉE. s. f. Aquileia, ou Aquilegia. Vossius, dans ses notes sur Pomponius Mela, Liv. II, ch. 3, remarque, que tous les anciens manuscrits écrivent Aquilegia. Parmi les épigrammes & épitaphes que Gruter a tirées d’un vieux manuscrit de la Bibliothèque palatine, il y en a une p. MCLXIX, 6, où on lit aussi Aquilegia. Cependant les Poëtes, comme Silius Ital. Liv. VIII, v. 605. Mart. Liv. IV, ép. 25. Ausone, Cotal. clarar. urb. ep.7, ne le font que de quatre syllabes ; & toutes les inscriptions antiques, où il est parlé d’Aquilée, monumens incomparablement plus anciens & plus surs que les manuscrits, écrivent Aquileia. Gruter, p. CCCCXXXIII, 8. Patavii in ædibus Ranusiacis.

L. MANILIVS L F.

ACIDINVS TRIV. VIR.
AQVILEIÆ COLONIÆ

DEDVCENDÆ

Voyez encore p. CCCI, & p. XXXVI. 12.

APOLLINI

BELENO
C. AQVILEIENS.
FELIX.

& p. CLII. 4.

IMP. CAES. INVICIT. AVG.

AQVILEIENSIVM RESTITVTOR
, &c.

Voyez encore p. CCCXLV. 10, pag. DCCLXXXVIII. 6, & DCCLVII, 4.

On voit donc que le véritable nom est Aquileia, C’est une ville d’Italie, dans le Frioul, sur le confluent de l’Ansa & du Torre. Quelques-uns disent qu’elle a pris son nom d’un certain Aquilus venu de Troye avec Antenor, qui en jeta les premiers fondemens. Vossius, qui veut que son premier nom soit Aquilegia, soutient à l’endroit que j’ai cité, qu’il vient à d’Aquilegium ; qui signifie une source, une fontaine & qu’elle fut ainsi appelée à cause de l’abondance des sources & des eaux qu’il y avoit au lieu où elle fut bâtie. Mais sa conjecture sur ce nom étant fausse & Aquilegia étant une mauvaise ortographe des siècles postérieurs, & des copistes, qui dans ces siècles ne prononçant le gi que comme un i, & ne faisant point sentir le gi comme les Grecs, qui ne le font point sentir non plus, ont mis gi où il ne falloit qu’un i, parce que ces deux sons n’étoient point, ou presque point différens ; ou bien que ce nom n’étant, comme prétend Cluvier, Liv. I, ch. 20, qu’une corruption du mot Aquileia, qui s’est introduite dans les siècles de la barbarie, Pline, Tite-Live, Cicéron, Tacite, & tous les autres, écrivant Aquileia, sans que j’y trouve de variante, quoi qu’en dise Vossius ; les Grecs, comme Strabon, Ptolomée, écrivant Ἀϰυληία & Denys, Ἀϰυλύνον, sans parler d’une médaille de Vespasien, citée par Goltzius, p. 237, & qui porte Col. Aquileia, mais que je ne voudrois pas garantir, parce que je ne la trouve citée par aucun autre Auteur ; tout cela, dis-je, étant certain, l’étymologie de Vossius tombe d’elle-même. L’Empereur Julien, dans sa seconde harangue sur les actions de Constancius, dit qu’elle fut appelée Aquilée, parce que, lorsqu’on la bâtit, un aigle, en latin aquila, parut du côté droit. Ce sentiment n’a de fondement que l’entêtement & la superstition de son auteur, & le fait n’est attesté d’aucun autre. Il est donc bien plus vraisemblable qu’Aquilée ne fut d’abord qu’un camp Romain, où les aigles Romaines furent arborées, & que de-là on le nomma Aquileia. En effet, dès le temps que les Gaulois vinrent s’établir près de-là, & y commencerent une ville, c’est-à-dire, l’an de Rome 566, ou 567, quatre ou cinq ans avant qu’on y conduisît une colonie, il y avoit déjà là un Préteur, & par conséquent des troupes romaines & un camp, comme il paroît par le 39e Livre de Tite-Live. Depuis Aquilée devint si riche & si considérable, qu’on la compara à Rome même, & qu’on lui en donna le nom. L’Eglise d’Aquilée, si l’on en croit la Tradition du pays, fut fondée par S. Marc. Elle a titre de Patriarchat, dont les Macri rapportent l’origine à l’an 570. Parce que l’air d'Aquilée étoit très-mal sain, les Patriarches transporterent le siège à Udine, qui devint la Nouvelle Aquilée, l’ancienne ayant été abandonnée. L’Empereur, qui est maître d’Aquilée, prétend nommer au patriarchat ; mais pour éviter les contestations, les Vénitiens donnent au titulaire résident à Udine dans les terres de la Seigneurie, le pouvoir de choisir un coadjuteur. Voyez sur Aquilée, Leand. Alberti, Italiæ regio. 18e. et Cluvier, Ital. ant. Liv. I. ch. 20, & M. Antonius Sabellicus, de vetustate Aquileiæ, cinq livres. La longitude d’Aquilée est 36d. 10’, sa latitude 45d. 45’.

Cette ville fut la première qui se déclara pour Charles VIII. Ferron dit qu’à cause de cela il lui accorda beaucoup de privilèges, & entre autres celui de battre monnoie. Cette monnoie est singulière, en ce que la légende est mise en françois par une ville italienne, pendant que nous la mettons en latin sur les nôtres. Sans doute cette ville en usa ainsi, afin de marquer combien elle étoit bonne Françoise. Le Blanc. Elle s’appelle & s’écrit sur des monnoies, Cité de l’Eiglie, & en latin, (car il y en a aussi avec des légendes latines) Civitas Aquilina. On trouve Aquileia, pour la province, dont Aquilée est la capitale, dans Bolland. Febr. Tom. III, p. 9.

AQUILEÏEN, ENNE. s. m. & f. Qui est d’Aquilée. Aquilicensis, e. Les anciens Aquileiens adoroient le Dieu Belenus, qui n’est autre que le Soleil, & que Vopiscus appelle le Dieu des Aquiléiens.

AQUILICES. s. m. pl. Sacrifices que les Romains avoient accoutumé de faire à Jupiter lorsqu’il vouloient avoir de la pluie, ce qui faisoit donner le nom d’Aquiliens ou d’Aquiliciens aux prêtres par qui se faisoient ces sacrifices.

AQUILIN. adj. m. Est une épithète qu’on donne aux nez qui sont courbés par le bout comme le bec d’une aigle. Aduncus, aquilinus. Nez aquilin.

AQUILON. s. m. Vent qui souffle du côté du nord. Aquilo, Boreas. Les Mariniers l’appellent Nord-nord-est. En poësie généralement tous les vents orageux, & que les Nautoniers appréhendent, s’appellent Aquilons.


Comme les Laboureurs
Des cruels Aquilons redoutent les fureurs.

Mais il se dit principalement des vents d’hiver, des vents froids.

Et tu quittes ces lieux pour ces âpres climats,
Le funeste séjour des vents & des frimats,
D’où les fiers Aquilons, d’où la triste froidure,
A banni pour jamais l’agréable verdure ? Ménage.

☞ Les Poëtes ont aussi personnifié ce Dieu. Il étoit, disent-ils, fils d’Eole & de l’Aurore. On lui donnoit une queue de serpent, & des cheveux toujours blancs.

AQUILONAIRE. adj. Ne se dit point. On dit septentrional, boréal.

AQUILONDA, ou plutôt AQUELONDA. Grand lac d’Ethiopie, en Afrique. Aquilunda. Il est aux pieds des montagnes du Soleil, aux confins des royaumes de Congo & d’Angola, & des peuples Giaques ou Galies.

AQUIN. Aquinum. Ville d’Italie dans la terre de Labour, qui est du royaume de Naples. Elle a un évêché suffragant de Capoue. Tacite dit qu’Aquin étoit une colonie romaine. S. Thomas, de l’Ordre de D. Dominique, est appelé S. Thomas d’Aquin, Aquinas, parce qu’il étoit du diocèse d’Aquin. Juvenal étoit d’Aquin même. Pour Victorin, qui a écrit le Cicle paschal, il étoit d’Aquitaine, & non pas d’Aquin, comme écrivent quelques Auteurs. La longitude d’Aquin est 73d, 35’. Sa latitude 41d, 28’. Voyez Cluvier, Ital. Ant. Leandr. Alberti, Descript. Ital. Bollandus, Tom. I., p. 550. S. Thomas d’Aquin étoit Normand, & Bas-Normand du côté de sa mere, qui étoit sortie des Seigneurs Tancréde & Hauteville. La preuve s’en trouve dans de vieux manuscrits à Coutance, & dans l’année dominicaine composée par un Jacobin, qui en fait mention au septième de Mars, fête de ce Saint. Vign. mar.

AQUIQUI. s. m. Espèce de singe qu’on trouve dans le Brésil, & qui est beaucoup plus grand que les autres. Il est d’un poil noir, & a une barbe fort longue au menton. Parmi ceux de cette espèce il en naît quelquefois un mâle, de couleur roussâtre, que les Sauvages appellent le Roi des Singes.

AQUITA. Petite ville du Japon. Aquita. Elle est sur la côte occidentale de l’île de Niphon, où elle a un port. Elle est capitale d’un royaume qui porte son nom. Maty la met sur la côte orientale de Niphon. Il n’est parlé ni de la ville ni du royaume dans la carte japonnoise de Roland.

AQUITAIN, AINE. s. m. & f. Qui est d’Aquitaine. Aquitanus. Valerius Præceninus fut tué, & son armée rompue par les Aquitains. De Marca. Hist. de Bearn. p. 34. Les Aquitains étoient fort adroits à faire des mines pour ruiner les machines des ennemis, à cause des travaux ordinaires qu’ils faisoient aux minières de fer. Id. ib. On ne se sert de ce mot qu’en parlant des anciens peuples de l’Aquitaine.

AQUITAINE. s. f. Aquitania. C’est le nom qu’on donnoit autrefois à la troisième partie des Gaules. Sous Jules César elle ne comprenoit que ce qui est entre la Garonne & les Pyrénées. Méla, Liv. III, ch. 2, Liv. IV ch. 17, & d’autres Auteurs, qui n’ont écrit que long-temps après César, ne lui donnent point d’autres bornes. Cependant Auguste les étendit jusqu’à la Loire, y joignant quatorze nations, qu’il tira de la Celtique, & qui se trouvoient entre la Loire & la Garonne. C’est Strabon qui nous l’apprend, & Tibulle, qui vivoit sous Auguste dans la 7e, ou, selon d’autres éditions, dans la 8e élégie de son premier Livre, lui donne pour bornes l’Océan Sanctonique, les Pyrénées, le Rhône, la Saone & la Loire. Quelques-uns prétendent que le même Empereur divisa cette grande Aquitaine en deux parties, & que des quatorze peuples qui habitoient entre la Loire & la Garonne, il en donna six, eu plutôt dix, selon Strabon, à l’ancienne Aquitaine de Jules César ; savoir ceux de Bordeaux, d’Agen, d’Angoulême, de Xaintes, de Poitiers & de Périgueux, &c. Et que des Celtes, comme dit Strabon, ou du Berri, de l’Auvergne, du Rouerge, du Querci, du Limousin, des Cévennes & de la Narbonnoise, il en fit une autre partie d’Aquitaine ; que celle-ci fut la première Aquitaine ; & l’autre la seconde Aquitaine ; qu’ensuite Hadrien divisa encore la seconde Aquitaine en deux ; que des six peuples ajoutés par Auguste à l’ancienne Aquitaine, il en fit une province qui fut la seconde Aquitaine, & que de l’ancienne Aquitaine de Jules, comprise entre la Garonne & les Pyrénées, il en fit la troisième Aquitaine, qui fut aussi appelée Novemmpopulanie, parce qu’elle comprenoit neuf peuples. Ammien Marcellin, Liv. XV. Orosoius, Liv. I., ch. 2. Athicus, Otho Frisingentis, Liv. VI. Chron. ch. 30. D’autres prétendent que ces divisions ne se firent point avant le IVe siècle ; que jusque-là l’Aquitaine telle qu’Auguste l’avoit augmentée, ne fut qu’une seule province ; que Constantin la divisa d’abord en deux parties, dont la première étoit tout ce qu’Auguste y avoit ajouté, comprenant quatorze peuples, ce qui fut désormais l’Aquitaine. La seconde étoit l’ancienne Aquitaine, qui fut appelée Novempopulanie ; que dans la suite on divisa encore la première partie en deux ; que l’une fut la première Aquitaine, qui avoit Bourges pour métropole, ou capitale ; & l’autre la seconde Aquitaine, à laquelle on donna Bordeaux pour métropole. Au reste, personne, que je sache, que le Dictionnaire de Moréri, n’attribue la division de l’Aquitaine à Auguste : il l’augmenta, il ne la partagea pas. On dispute seulement si c’est Hadrien, ou Constantin, qui ont fait ce partage.

Sous Pepin, l’Aquitaine avoit son ancienne étendue du côté du septentrion ; c’est-à-dire, qu’elle alloit jusqu’à la Loire. C’est ce que les monnoies de Pepin frappées à Limoges & à Poitiers me font croire. La Chronique d’Ademar, fol. 160, & l’histoire des Evêques & des Comtes d’Angoulême, fol. 251, nous apprennent que Pepin fit frapper de la monnoie à son coin dans les villes d’Angoulême & de Xaintes. Pepin est appelé sur ces monnoies Rex Aquitaniorum ; & sur une autre, Rex Eq. c’est-à-dire, Equitaniæ, ou Equitaniorum. Le Blanc. Bourges étoit la capitale du royaume d’Aquitaine, comme le témoigne Adrevalde, qui écrivoit sous Charles le Chauve les miracles de S. Benoît en France.

Aujourd’hui nous n’appelons souvent Aquitaine que la Guyenne de la Gascogne, cependant par rapport aux provinces ecclésiastiques, nous retenons encore l’ancienne division. Tout ce qui est compris entre l’Océan, la Loire, & le Rhône, ou la Lyonnaise & les Pyrénées, est l’Aquitaine en général. C’est en ce sens que l’Archevêque de Bourges prétend être Primat d’Aquitaine. Cette Aquitaine se divise en trois, comme nous avons marqué ci-dessus.

Pline dit que l’Aquitaine s’appela d’abord Armorique, c’est-à-dire, Maritime, selon César, Liv. VII, ch. 14. L’Auteur de la vie de S. Eloi, dans Surius, Tom. VI, Dec. I l’appelle de même, & dit que Limoges est dans les contrées Armoricaines. Un Moine anonyme, qui écrivoit la vie de Saint Basole au commencement du Xe siècle, l’appelle encore ainsi. C’est son nom Celtique ou Gaulois. Les Romains lui donnerent celui d’Aquitaine de Aqua, qui signifie de l’eau, à cause des caves, fontaines, rivières & ruisseaux, dont il y a grande quantité, selon le jugement de maître Jean le Maire en ses Illustrations, où il s’aide de Berose, qui n’est Auteur approuvé de tous. Ce sont les paroles de Jean Bouchet dans ses Annales d’Aquitaine, où il dit que c’est Galatéus XI, Roi des Gaules qui lui donna ce nom. D’autres écrivent qu’elle l’eut à cause de la grande quantité d’eaux salutaires & minérales, dont elle est pleine. Peut-être que les Romains, en lui donnant ce nom, ne firent que traduire en leur langue le nom Armorique qu’elle portoit auparavant, & en firent un dans leur langue qui y répondît. Du mot Aquitaine s’est fait par corruption Quitaine, Quiaine, Guiaine, & enfin Guienne. Jules César, dans ses Comment. au commencement du premier Liv. & à la fin du 4e. Méla, Liv. III, ch. 2. Plin. Liv. IV, ch. 17. Strabon, Liv. IV. Papire Masson, le P. Monet, De Marca, Hist. de Béarn. Louvet, His. d’Aquitaine, M. de Tillemont, Emp. Tom. I, p. 59. écrivent de l’Aquitaine. Jean Bouchet de Poitiers a fait aussi au XVIe siècle les Annales d’Aquitaine ; mais avec peu de critique. Antoine Dadin, dans ses cinq Livres de l’Aquitaine, est savant, judicieux, critique : Il mérite fort d’être lu, Rerum Aquitanicarum, Libri V. Auctore Ant. Dadino Altaserra. Tolosæ, in-4o. 1648. Il y a une Histoire sacrée d’Aquitaine par le P. Bajole Jés. une Dissertation latine de M. de la Brousse, Conseiller au Parlement de Bordeaux, sur la Primatie d’Aquitaine, qu’il prétend appartenir à l’Archevêque de Bordeaux ; & une de M. Catherinot, qui soutient le droit de l’Archevêque de Bourges.

☞ L’Aquitaine donne son nom à un grand Prieuré de l’Ordre de Malte qui vaut environ 23000 liv. de rente.

ARA.

AR. Voyez Aroer.

Le Cap d’ARA. C’est le cap le plus méridional de l’Arabie Heureuse. Aræ promontorium, autrefois Promontorium Neptunium. Il se forme avec la côte d’Ajan en Afrique, à l’entrée du golfe de la mer rouge.

Ara. Ville de Médie, que S. Jérôme dit être la même que Ragès. Hara. Samson l’a confondue avec Charan, ou Carres dans la Mésopotamie. S’il eût sçu l’hébreu, il eût vu que ces noms sont fort différens dans cette langue.

ARAB. Ville de la Terre-Sainte. Arab. Elle étoit dans la Tribu de Juda, au midi, ou du côté de l’Idumée.

ARABA. Ville de Perse. Araba. Elle est dans le Sigistan, entre la ville de ce nom & celle de Candahar. On la prend pour l’ancienne Ariaste, capitale de la Drangiane, que quelques-uns mettent à Gobinam dans la même province.

ARABE. s. m. & f. Arabs. Peuple originaire d’Asie, entre l’Egypte, la Chaldée, la Syrie & la Palestine. Les Arabes se disent fils d’Ismaël. Il y a bien de l’apparence qu’en effet les premiers Arabes sont les Ismaëlites ; mais que dans la suite ceux-ci s’étant étendus & s’étant mêlés avec tous leurs voisins, ou les ayant soumis, tous furent appelés du nom commun Arabes, & que des Amalécites, des Madianites, des Ammonites, des Sabéens, &c. il ne se fit qu’un peuple qu’on nomma Arabe.

Les Arabes ont été fort connus autrefois sous le nom de Sarrasins. Aujourd’hui on ne les appelle plus ainsi. Les Arabes ont de l’esprit, & sont propres aux sciences spéculatives & abstraites. Les Arabes ont introduit dans la philosophie l’excessive subtilité qu’on y remarque : ils nous ont conservé les ouvrages de quelques Auteurs Grecs, qu’ils avoient traduits en leur langue, & c’est par eux que les Chrétiens les ont eus. Les Arabes se sont répandus dans les trois parties de l’ancien monde : ils ont fait la conquête de cette partie d’Afrique qu’on appelle Barbarie ; ils se sont établis en Espagne, & en ont possédé une grande partie pendant plusieurs siècles. Les Arabes parlent une langue qui est formée de la langue hébraïque ; elle est belle & abondante. Le Pere Ange de S. Joseph dit qu’elle est si féconde, qu’il y a mille noms pour signifier une épée, quatre-vingts pour le miel, cinq cens pour le lion, & deux cens pour le serpent. ☞ Cette prétendue abondance de la langue est une vraie superfluité. Qu’importe d’avoir plusieurs termes pour exprimer la même idée. Cela est plus propre à fatiguer la mémoire, qu’à enrichir & faciliter l’art de la parole. Il seroit bien plus avantageux d’avoir des termes pour toutes les idées qu’on a à exprimer.

Quelques-uns prétendent que ce nom vient de ערב, Arab, mot hébreu, & que ces peuples ont été ainsi appelés, des campagnes incultes & désertes qu’ils habitoient ; car ערבה, araba, en hébreu, signifie une campagne inculte & déserte. D’autres le dérivent du même mot hébreu ערב, arab, qui dans une autre signification se prend pour mêler, confondre ; parce que les Arabes sont un mélange de différentes nations, comme on l’a dit ci-dessus. D’autres le dérivent de ערב, arab, être obscur, être noir ; d’où vient que le soir & la nuit sont appelés ערב, ereb, c’est-à-dire, noirs, ténébreux ; & le corbeau dont le plumage est tout noir, עורב, oreb. Les Arabes ont donc été ainsi nommés, disent-ils, parce qu’ils sont noirs, ou basanés, hâlés : c’est pour cela qu’Homère les appelle Ἐρεμϐους, comme s’il disoit ἠρεμνους, ou ἐρεϐεννους. La Cerda prétend qu’Arabe signifie Voleur, & qu’on a donné ce nom à ces peuples à cause de leurs brigandages, comme on a appelé les Chananéens de ce nom, qui signifie Marchand ; & les Chaldéens, Chaldéens ; c’est-à-dire, Astrologues, parce que les uns & les autres exerçoient ces arts. Mais La Cerda se trompe, & prend la signification dérivée pour la primitive.

Les Arabes ont été savans en Médecine & en Mathématique.

Il paroît par les médailles que les Grecs ne soumirent point les Arabes. Les Rois Arabes non-seulement battent monnoie à leur coin, mais ils y prennent la qualité d’amis, ou d’alliés des Grecs. Dans le cabinet du Roi, ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΡΕΤΑ ΦΙΛΗΛΛΗΝΟΣ. Et dans celui de M. Foucault, ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΡΕΤΟΥ ΦΙΛΗΛΛΗΝΟΣ. Il paroît encore par-là, & par S. Paul, 2, Cor. XI, 32, que le nom d’Arétas leur étoit bien ordinaire, comme celui de Ptolomée en Egypte.

On appelle le chiffre arabe, celui dont on se sert pour les grandes supputations, par opposition au chiffre romain, dont on se sert dans les comptes. Le commun des Savans croient que les Sarrasins nous ont communiqué ces notes, & qu’elles viennent originairement des Arabes. Le Moine est de ce sentiment dans le second Tome de ses Varia sacra. Scaliger étoit si persuadé de la nouveauté de ces chiffres, qu’il crut qu’un célèbre médaillon d’argent de Marquart Freher, sur lequel on le consulta, avoit été frappé depuis peu, dès qu’il eut appris qu’on y voyoit ces figures numérales 234, 235. On croit que Planude, qui vivoit sur la fin du XIIIe siècle, est le premier des Chrétiens qui se soit servi du chiffre Arabe. M. Huet croit que ces chiffres ne nous viennent point des Arabes, mais des Grecs, & que ce sont des lettres grecques, dont, comme l’on sait, les Grecs se servoient pour marquer les nombres. Voyez ses Dissertations, tome II, p. 372. Un autre Auteur prétend que ce sont les notes de Tiron. Sa Dissertation sur cela se trouve dans les Mémoires de Trévoux. ☞ Les chiffres Arabes dont on se sert ordinairement dans les calculs d’Arithmétique, sont, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, & 0 qu’on nomme zéro.

Les chevaux arabes, sont ceux que nous appelons communément Barbes, parce qu’ils viennent de Barbarie ; mais ils sont véritablement de race arabe. Leur vitesse est si grande, qu’ils attrapent une autruche à la course ; & on les estime tant pour cela, que, si l’on en croit Marmol, liv. I, ch. 23, on les achete jusqu’à mille ducats d’or, & qu’on les change contre cent chameaux.

Le Golfe des Arabes, est dans la mer de Barbarie, entre la côte du royaume de Barca & celle d’Égypte. Arabum sinus, anciennement Gyzis. Il a pris son nom de la Tour des Arabes.

La Tour des Arabes. Turris Arabum. Tour & village d’Égypte situé sur le golfe des Arabes, aux confins du royaume de Barca.

Arabe. s. m. & f. ☞ Pris, non comme nom de peuple, mais comme signifiant un homme qui exige avec une extrême dureté ce qui lui est dû. Arabs, Arabis in morem ferus. Quand on a affaire à des sergens, ce sont des Arabes, qui tirent jusqu’au dernier sou. Les hôteliers de Hollande sont des Arabes, qui rançonnent cruellement leurs hôtes. Cet usurier est un Arabe envers ses débiteurs, il ne leur relâche rien.

Endurcis-toi le cœur : sois Arabe, Corsaire,
Injuste, violent, sans foi, double, faussaire.

Boil.

Cette expression a été apportée de la Terre-Sainte, où les pélerins étoient cruellement traités par les Arabes.

ARABESQUE. adj. Qui est fait à la manière des Arabes. Arabicus. Les curieux vont voir le palais de Grenade, à cause des ornemens arabesques qui sont merveilleux. On appelle Grotesques, Moresques & Arabesques, les peintures & ornemens où il n’y a point de figures humaines ; des caractères arabesques, les lettres des Arabes.

On appelle aussi Arabesques, en termes de peinture, certains rinceaux ou fleurons d’où sortent des feuillages faits de caprice, & d’une manière qui n’a rien de naturel. On s’en sert d’ordinaire dans des ouvrages de damasquinure, & dans quelques ornemens de peinture & de broderie.

ARABESSE. s. f. Femme Arabe. Mulier Arabs. Les Arabesses des villes, différent de celles de la campagne. Ablanc. Traduct. de Marmol, Liv. I, ch. 32, dans lequel il décrit leurs habillemens & leurs modes.

ARABIE. Arabia. Grande contrée d’Asie habitée par les Arabes. Elle comprend tout ce qui est entre l’Égypte, la mer arabique, autrement la mer rouge, & la mer persique, l’Euphrate, la Syrie, la Phénicie, & la Palestine. Elle le divise en trois parties.

l’Arabie Pétrée, Arabia Petræa, ainsi nommée, ou à cause de ses rochers, ou, comme on le dit plus communément, à cause de sa capitale, nommée Pétra, est à l’orient de l’Égypte & de la mer rouge ; elle a au midi l’Arabie heureuse, au couchant une partie de l’Arabie déserte, au septentrion la Palestine, ou Terre-Sainte, & encore l’Arabie déserte.

l’Arabie heureuse, Arabia felix, Eudæmon, est enfermée entre la mer rouge & le détroit persique. C’est une grande presqu’île. Sa fertilité, sur-tout en baume, en myrrhe, en encens & en toutes sortes d’aromates, lui a fait donner le nom d’heureuse par les Grecs & les Romains. C’est dans l’Arabie heureuse qu’est la Mecque, si fameuse par le tombeau de Mahomet.

l’Arabie déserte, Arabia deserta, s’étend depuis l’Arabie heureuse au midi, jusqu’à la Syrie au septentrion, entre l’Euphrate à l’orient, la Palestine, la Phénicie, & une partie de la Syrie au couchant.

ARABIQUE. s. m. & f. Nom de secte. Arabicus. Il s’éleva en Arabie vers l’an 207, une secte d’hérétiques, qui soutenoient que l’âme mouroit avec le corps, & qu’elle ressusciteroit de même avec le corps. Ils furent nommés Arabiques de leur pays. Voyez Saint Aug. her. 83. Nicéphore, Liv. V, ch. 23, & Eusèbe, Liv. VI, ch. 38, où il dit que l’on tint un concile pour arrêter le progrès de cette erreur, qu’Origène y assista, & qu’il convainquit si bien les hérétiques, qu’ils abjurerent leurs erreurs.

ARABIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à l’Arabie. Arabicus. La langue arabique. On appelle gomme Arabique une sorte de gomme qui se fond dans l’eau, & qui découle d’un acacia, commun en Égypte & en Arabie. Il y a plusieurs autres gommes qui se dissolvent de même dans des menstrues aqueux : telles sont celles de nos arbres à noyau. Le golfe arabique est la mer rouge. Plusieurs Latins, le Géographe Denys & la plupart des Auteurs Grecs distinguent la mer rouge du détroit arabique. Le golfe ou détroit arabique, sinus arabicus, est, selon eux, aussi bien que selon tous les autres, le golfe qui commence au détroit de Babelmandel, & s’étend entre l’Ethiopie & l’Egypte d’un côté, & de l’autre l’Arabie heureuse jusqu’à la ville de Suez. La mer rouge, Mare rubrum, Erithrum, ou Erithræum, selon les Anciens, est l’Océan qui se trouve entre l’Ethiopie & l’Inde. Ainsi c’est la mer rouge, selon eux, qui entre également dans les deux golfes, le persique & l’arabique ; & de là vient qu’ils appellent indifféremment l’un & l’autre, Mer rouge, témoin Sénèque. Troade, ℣ 11, Solin, ch. 58. Pline, liv. VI, ch. 23, 24, 25, & Liv. V, ch. 11. D’où vient donc qu’on a attribué le nom de Mer rouge au détroit arabique en particulier ? Quelques Auteurs croient que c’est une erreur à laquelle les Septante, & S. Paul Hebr. XI, 29, ont donné occasion ; que comme on a vu qu’ils appellent le golfe arabique Mer rouge, on a cru, contre ce que nous venons de montrer, & contre l’intention des Septante & de S. Paul, que c’étoit le nom propre & particulier de cette mer, & qu’il ne convenoit point à d’autres. Voyez Mer rouge. Ce détroit s’appelle encore mer de la Mecque, Meccense pelagus. Il a environ 370 lieues de long. Sa plus grande largeur n’est guère que de 80 lieues. Le golfe arabique est dangereux à cause des bancs de sable, des petites îles, & des écueils qu’on y trouve. Il y a deux choses singulières dans ce golfe. 1o Une prodigieuse quantité de corail, dont on trouve en plusieurs endroits des forêts entières qui ont quelques milles d’étendue, & dont les arbres sont si grands qu’ils poussent leurs cornes jusqu’au-dessus de l’eau. 2o. On y voit une très-grande quantité de l’herbe que les Éthiopiens appellent zuph qui est rouge, & propre à faire une espèce de teinture de pourpre. Et c’est vraisemblablement de cette herbe que ce golfe prit autrefois le nom de mer rouge. Maty ; ou peut-être du corail & de cette herbe tout ensemble. C’est aussi de-là que les Hébreux l’appellent ים סוף mer de Saph, qu’il faut par conséquent traduire, mer pleine de l’herbe appelée Saph, et non pas en général, comme font tous nos Commentateurs, mer pleine de roseaux & d’herbes marécageuses.

Arabique. Pierre arabique. Elle ressemble à de l’ivoire marqueté de taches. Broyée & appliquée en cataplasme, elle dessèche les hémorrhoïdes. Calcinée, c’est un remède contre les douleurs de dents, selon Dioscoride cité par James.

Arabique, Arabicus. Titre, nom honorable qui fut donné à l’Empereur Sévère, parce qu’il conquit l’Arabie, & en fit une province romaine. Ses médailles portent L. SEPTIMUS SEVERUS PERTINAX AUG. IMP. VII & au revers, PARTHIC. ARABIC. ADIAB. COS II.P. P. & d’autres, PARTH. ARAB. PARTH. ADIAB. C’est à-dire, Parthique, Arabique, Adiabénique ; ou Parthique, Arabique, Parthique, Adiabénique. Apparemment parce qu’il avoit vaincu les Parthes en Arabie, & dans la Diabène, & qu’il leur avoit enlevé ces deux provinces.

ARABISER. v. a. Rendre Arabe. Ce mot est nouveau, & ne peut pas être d’un grand usage. On attribue à un Turc nommé, Al-Fariabi, & parmi nous Alfarabius, la traduction des Analytiques d’Aristote. sous le titre arabisé d’Analouhica. Merc. Fév. 1735.

ARABISME. s. m. Manière de parler propre des Arabes, ou de la langue arabe, idiome, construction, ou phrase qui lui est propre. Arabicum idioma. R. Marin prétend que ז marque quelquefois un jurement en hébreu, comme en arabe. Aben-Ezra, qui savoit parfaitement bien l’arabe, & qui s’en sert souvent pour interpréter l’hébreu, n’a point désapprouvé ce sentiment. Toutefois il ne l’approuve pas non plus, il se contente de le rapporter ; & pour un aussi zélé partisan des arabismes, c’en est assez pour nous faire entendre que cette découverte ne lui a pas paru bien solide. P. Souc.

ARABLE. adj. m. & f. Ce terme n’est point dans l’usage ordinaire ; il se trouve seulement dans quelques factums & écrits du Palais, & signifie Labourable. Arabilis, e. Ce terrain étoit composé de terres arables. Normand. Il faut abandonner ce terme au Palais.

Ce mot vient du latin arabilis, dérivé du verbe arare, aro, labourer.

ARABOUTEN. s. m. Arbre du Brésil. Les Brasiliens ont de certains arbres fort gros, qu’ils nomment Arabouten. C’est de cet arbre que l’on tire le bois de Brésil, si connu par sa bonne odeur. De la Neuville. Hist. de Port. L. V, p. 69. Voyez Brésil.

ARACADEP. s. m. Sorte de poisson qui se pêche dans les mers du Brésil. Il est plat, & rend en cuisant une certaine graisse jaunâtre qui lui sert de sauce. Sa chair est fort bonne.

ARACAMIRI. s. m. Arbrisseau qui croît au Brésil, & qui porte un fruit qui mûrit au mois de Mars & de Septembre. Ce fruit a la faveur douçâtre du musc ; & un peu de celle du fruit de l’arbousier. Lorsqu’il est confi & gardé, il est rafraîchissant, il est aussi astringent, corroboratif, & il supplée fort bien au défaut de marmelade de coings, de conserve de roses & autres choses semblables.

ARACÉNA. Bourg d’Andalousie, en Espagne. Aracena. Il est à la source du Tinio, entre Séville & Xerca de Badajos. Aracéna est, à ce que l’on croit, l’ancienne Lælia des Turdétans, dans l’Espagne Bétique.

ARAC-GELARAN. petit pays du Chusistan, province de Perse. C’est la Melitene des Anciens. Melisene.

ARACH. Ville ancienne, bâtie par Nemrod.

ARACHIDNA, ou plutôt ARACHIDNOÏDE. s. f. Terme de Botanique. Arachidnoïdes Americana, Arachidna quadrifolia, villosa, flore luteo. Plante de l’Amérique, que le P. du Tertre, dans son II volume de l’Histoire des îles de l’Amérique, p. 121, appelle pistache, & le P. Labat, dans son voyage des îles de l’Amérique, p. 59, appelle manobi. La racine de cette plante est blanche, droite & longue de plus d’un demi-pied, piquant en fond, accompagnée vers le milieu de plusieurs fibres traçantes, & quelque peu chevelues, de différentes longueurs ; car il y en a quelques-unes qui n’ont que deux ou trois pouces de long, & il s’en trouve qui en ont bien quatre ou cinq, & même quelquefois davantage. Elle est épaisse en son collet d’environ six ou sept lignes, & en diminuant insensiblement, elle va finir par une pointe très-déliée. Cette racine pousse plusieurs tiges de huit à dix pouces de long, tout-à-fait couchées sur terre ; il n’y a que celle du milieu qui soit tant soit peu relevée. Toutes ces tiges font rougeâtres, velues, carrées & noüeuses, divisées en quelques branches.

Les feuilles dont elles sont garnies, ont un demi-pouce de long sur un pouce de large. Elles sont attachées immédiatement & sans pédicules à des queues de près d’un pouce & demi de long, toujours au nombre de quatre, & opposées deux à deux : elles sont d’une figure presque ovale, d’un vert gai par-dessus, & blanchâtres par-dessous, relevées d’une petite nervure au milieu, accompagnée en sa longueur de petits filamens, qui s’étendent obliquement jusqu’aux bords, médiocrement épaisses, & pliées légèrement en gouttière.

Les queues qui les soutiennent, sortent des nœuds des tiges, accompagnées de deux feuilles qui les embrassent aussi bien que la tige. Elles sont longues de huit à neuf lignes, & n’en ont que quatre ou cinq de largeur à leur naissance, & en s’étrécissant peu-à-peu, elles le terminent en une pointe très-fine.

Les fleurs sortent des aisselles de ces queues & du milieu des feuilles qui les embrassent ; elles sont légumineuses, d’un jaune tirant un peu sur le rouge, soutenues par un pédicule d’environ sept à huit lignes de longueur. L’étendard ou feuille supérieure en a six sur sept ou huit de largeur ; ses ailes ou feuilles latérales en ont quatre sur une de large. Il y a entre deux une petite ouverture par où l’on découvre la base de la fleur appelée ordinairement Carina. Elle est composée de deux feuilles, entre lesquelles est placé le pistil, qui est tant soit peu relevé en haut, & qui sort du fond du calice, lequel est formé en espèce de cornet dentelé.

Ce pistil, lorsque les fleurs commencent à passer, se fiche dans la terre, & y devient un fruit long & oblong, blanc sale, tirant quelquefois sur le rougeâtre. Ce fruit est une espèce de gousse membraneuse, sillonée en sa longueur, garnie entre les sillons de plusieurs petites lignes, tantôt transversales, tantôt obliques, suspendue dans la terre par une petite queue de sept à huit lignes de long. La longueur de ses gousses varie souvent ; il y en a d’un pouce & demi de long, & plusieurs n’ont pas plus de huit à neuf lignes. Leur grosseur est allez irrégulière, les deux extrémités étant ordinairement renflées, & le milieu comme creusé en gouttière. Le bout par où elles sont attachées à la queue, est ordinairement plus gros que le bout opposé, qui se termine souvent en une espèce de pointe émoussée & relevée en façon de bec crochu. Chaque gousse est composée de deux cosses, dont les cavités qui sont inégales, & garnies en dedans d’une petite pellicule blanche, luisante & très-déliée, renferment un ou deux noyaux ronds & oblongs, divisés en deux parties, & couverts d’une petite peau rougeâtre, semblable à-peu-près à celle qui couvre les amandes & les noisettes, qui noircit quand le fruit vieillit ou devient sec.

Ces noyaux, lorsque chaque gousse n’en renferme qu’un seul, sont assez réguliers, & ne ressemblent pas mal aux noyaux de gland ; mais lorsqu’il y en a deux, ils sont échancrés obliquement, l’un à la tête, l’autre à la queue, aux endroits par où ils se touchent. La substance de ces noyaux est blanche & oléagineuse, & le goût en est fade & insipide, tirant sur le sauvage, & ayant quelque rapport avec le goût des pois chiches verts.

On avoit élevé cette plante au jardin royal de Montpellier, mais l’on n’a pu l’y conserver long-temps.

Le P. du Tertre & le P. Labat l’ont mal ou peu exactement décrite. Le P. Plumier lui a donné le nom d’Arachidna. Cependant elle ne peut être rapportée à aucune des espèces d’arachidna dont les anciens Auteurs de Botanique ont parlé. Nous n’en connoissons que deux espèces ; savoir, Arachidna, aut potiùs Arachidnoïdes Honorii Belli J.B. 2, 323, que M. Tournefort appelle dans ses Institutions Vicia siliquas suprà infraque terram edens. 397 & l’Arachidna Théophili Papas Peruanorum. Cl. 79, que Gaspar Bauhin appelle Solanum tuberosum esculentum.

Ces deux plantes portent régulièrement leurs fleurs & leurs fruits comme les autres plantes ; toute la différence qu’il y a, c’est que l’arachidna de J. B. outre les fleurs et les fruits ordinaires, porte encore des siliques dans la terre, suspendues aux fibres de la racine ; & celle de Clusius y porte de grosses tubérosités. De sorte que le P. Plumier auroit, ce semble, mieux fait de nommer cette plante Arachidnoides, c’est-à-dire, plante qui a quelque léger rapport avec l’Arachidna. Nissole, Mém. de l’Acad. des Sc. 1723, p. 387, & suiv.

Ἀράχίδνα, Arachidna, c’est le nom grec d’une plante du genre de celles que les Grecs appellent ἀμφιϰάρπους, qui ont des fruits des deux côtés. Arachidnoïdes est formé d’ἀράχίδνα, & de εἶδος, espèce, ressemblance.

ARACHNÉ. s. f. Terme de Mythologie. Fille d’Idmon, dont parle Ovide au commencement du sixième Livre de ses Métamorphoses. Elle manioit l’aiguille avec tant de dextérité, & brodoit avec tant de délicatesse, qu’elle se vantoit de surpasser Minerve. Cette Déesse se trouva