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Aussitôt qu’on a commencé à faucher une pièce d’herbage artificiel, on se hâte, dans certaines contrées, de répandre les andains sur toute la superficie. C’est une faute, quelles que soient d’ailleurs les circonstances de position et de température. En effet, si la pluie menace, il faudra remettre le fourrage en petits tas, et ''l’épandage'' aura été une opération inutile. Si le temps marque une tendance à rester au beau fixe, les feuilles des plantes, surprises par une chaleur intense, se crisperont, se dessécheront trop promptement et tomberont à la moindre secousse.
Aussitôt qu’on a commencé à faucher une pièce d’herbage artificiel, on se hâte, dans certaines contrées, de répandre les andains sur toute la superficie. C’est une faute, quelles que soient d’ailleurs les circonstances de position et de température. En effet, si la pluie menace, il faudra remettre le fourrage en petits tas, et ''l’épandage'' aura été une opération inutile. Si le temps marque une tendance à rester au beau fixe, les feuilles des plantes, surprises par une chaleur intense, se crisperont, se dessécheront trop promptement et tomberont à la moindre secousse.


Nulle part le fanage des prairies artificielles n’est mieux entendu que ''dans certaines parties du département de l'Oise''. Je vais exposer les procédés que l’on y suit, mais qui ne sont point invariables. Tout ce qui est fauché le matin est ''laissé en andains'', tels que les a faits le fauchage. Vers midi ou une heure on les retourne, mais on ne les éparpille pas. Cette opération a seulement pour but de les faire également ressuyer des deux côtés. Ce qui est fauché le soir est laissé intact. Le lendemain matin, aussitôt que la chaleur du soleil a fait évaporer la rosée, on ''met en petits tas'' de 25 à 30 livres tout ce qui a été fauché la veille indistinctement. On a soin de les soulever le plus possible, afin que la chaleur et le vent les pénètrent dans tous les sens. On les retourne le jour même et les suivans jusqu’à ce qu’ils soient secs, mais toujours sans les répandre. Aussitôt qu'on s’aperçoit que la dessiccation est terminée, on ''apporte des liens de paille'' ou d’écorces de tilleul qu’on a préparés dans les cours pendant que la rosée ne permettait pas de travailler, et on lie ce qui est sec ; le lien est étendu par terre et chargé de deux des petits monceaux dont j’ai parlé précédemment. Les ouvriers les plus faibles chargent les liens, et les plus forts, ou mieux les plus adroits, lient les bottes sans trop les secouer. Par la dessiccation ces sortes de fourrages se réduisent ordinairement au quart du poids qu’ils avaient étant verts. Ainsi, chaque botte pèse à peu près 12 à 16 livres. Aussitôt le bottelage terminé, on ''met le tout en dizeaux'' de 25 à 50 bottes.
Nulle part le fanage des prairies artificielles n’est mieux entendu que ''dans certaines parties du département de l’Oise''. Je vais exposer les procédés que l’on y suit, mais qui ne sont point invariables. Tout ce qui est fauché le matin est ''laissé en andains'', tels que les a faits le fauchage. Vers midi ou une heure on les retourne, mais on ne les éparpille pas. Cette opération a seulement pour but de les faire également ressuyer des deux côtés. Ce qui est fauché le soir est laissé intact. Le lendemain matin, aussitôt que la chaleur du soleil a fait évaporer la rosée, on ''met en petits tas'' de 25 à 30 livres tout ce qui a été fauché la veille indistinctement. On a soin de les soulever le plus possible, afin que la chaleur et le vent les pénètrent dans tous les sens. On les retourne le jour même et les suivans jusqu’à ce qu’ils soient secs, mais toujours sans les répandre. Aussitôt qu’on s’aperçoit que la dessiccation est terminée, on ''apporte des liens de paille'' ou d’écorces de tilleul qu’on a préparés dans les cours pendant que la rosée ne permettait pas de travailler, et on lie ce qui est sec ; le lien est étendu par terre et chargé de deux des petits monceaux dont j’ai parlé précédemment. Les ouvriers les plus faibles chargent les liens, et les plus forts, ou mieux les plus adroits, lient les bottes sans trop les secouer. Par la dessiccation ces sortes de fourrages se réduisent ordinairement au quart du poids qu’ils avaient étant verts. Ainsi, chaque botte pèse à peu près 12 à 16 livres. Aussitôt le bottelage terminé, on ''met le tout en dizeaux'' de 25 à 50 bottes.


La ''manière de faire ces dizeaux'' mérite d’être connue. Un ouvrier tient dressée la botte A (''fig''. 389), pendant que les autres dressent contre celle-là les bottes B, C, etc., jusqu’à ce qu’il y en ait neuf dans la ligne. Il y a deux rangs accolés l’un contre l’autre. La disposition du dessin n’a permis d’en figurer qu’un. Lorsque les dix-huit bottes sont dressées en donnant un peu d’inclinaison aux dernières, on les recouvre avec sept bottes D, posées en travers et formant un peu le toit. On comprend que s’il vient à pleuvoir, il n’y aura de mouillées que les bottes supérieures qu’on pourra ôter et faire sécher lorsque le temps le permettra. Cette disposition a encore un mérite qui lui est particulier : c’est qu’il est facile au cultivateur de s’assurer immédiatement et sans beaucoup de peine, du nombre de bottes de fourrage qu’il a récoltées.
La ''manière de faire ces dizeaux'' mérite d’être connue. Un ouvrier tient dressée la botte A (''fig''. 389), pendant que les autres dressent contre celle-là les bottes B, C, etc., jusqu’à ce qu’il y en ait neuf dans la ligne. Il y a deux rangs accolés l’un contre l’autre. La disposition du dessin n’a permis d’en figurer qu’un. Lorsque les dix-huit bottes sont dressées en donnant un peu d’inclinaison aux dernières, on les recouvre avec sept bottes D, posées en travers et formant un peu le toit. On comprend que s’il vient à pleuvoir, il n’y aura de mouillées que les bottes supérieures qu’on pourra ôter et faire sécher lorsque le temps le permettra. Cette disposition a encore un mérite qui lui est particulier : c’est qu’il est facile au cultivateur de s’assurer immédiatement et sans beaucoup de peine, du nombre de bottes de fourrage qu’il a récoltées.