Sommaire traicté du revenu et despence des finances de France

Sommaire traicté du revenu et despence des finances de France, ensemble les pensions de nosseigneurs et dames de la cour.
Nicolas Rémond

1622



Sommaire traicté du revenu et despence des finances de France, ensemble les pensions de nosseigneurs et dames de la cour, escrit par Nicolas Remond, secretaire d’estat.
M. DC. XXII1.

Les finances s’appellent communement le nerf de la guerre et l’ornement de la paix. Autres tiennent que cela se doit plustost dire de la valeur et de la justice. Mais il me semble qu’elles se doivent comparer au sang, sans lequel les nerfs perdent leurs forces et les esprits leur vie ; si bien qu’estant une des parties plus nobles de l’estat, il est aisé de se persuader combien la cognoissance en est utile et necessaire, surtout à ceux que la vertu et le merite appellent aux charges publiques.

Des autres estats nous n’en parlerons point ; mais au nostre, le nom mesmes des finances, qui est originaire, monstre combien elles y ont esté estimées : car il vient d’un vieux mot françois qui signifie mettre quelque chose à fin2, comme si ce moyen en estoit plus capable que nul autre.

L’autre nom equivalent est deniers, qui se prennent ordinairement l’un pour l’autre, de sorte que la division des finances se fait en mesmes termes de deniers ordinaires et extraordinaires.

Anciennement les deniers ordinaires s’appellent seulement ceux du domaine, qui se subdivise en muable et immuable.

L’immuable consiste en cens, rentes et autres choses payables en argent, qui ne peut changer.

Le muable est celuy qui provient des bleds, vins, volailles et autres choses dont le prix peut augmenter ou diminuer.

Les deniers extraordinaires s’appelloient tout ce qui se levoit outre le domaine, c’est-à-dire à temps, et ont receu de grandes diversitez, selon les despenses et les necessitez des affaires.

On tient que la première imposition, qui dure encores de present, fut le huitiesme du vin, soubs le règne de Chilperic, environ l’an 5803 ; l’equivallent suit après, qui est l’equipollent du sol pour livre sur toutes denrées et marchandises, qui se leva, environ l’an mil trois cens soixante, pour tirer d’Angleterre le roy Jean, qui y estoit prisonnier4. Des autres natures de deniers nous en parlerons puis après.

Mais, le domaine ayant esté alliené depuis ces guerres civilles, comme chacun sçait, et ne s’en tirant aucune chose en la pluspart des generalitez, des autres peu, nous laisserons ceste partie, encores que ce soit le fondement des autres, et dirons qu’il se fait une division des finances en mesmes termes de deniers ordinaires et extraordinaires.

Les deniers ordinaires sont ceux dont le roy fait estat comme de son domaine, s’il y en a, de ce huictiesme, et autres impositions sur le vin, qui s’appellent aydes, de ces equivalens, tailles, taillon, fermes et autres deniers employez en recepte ès estats de Sa Majesté.

Les deniers extraordinaires sont ceux des quels il n’est point fait estat, qui se sont plus autrefois estenduz qu’à present, et qui sont presque reduicts aux nouvelles creations d’offices.

De sorte que, cette seconde espèce estant peu de chose, cazuelle, et par consequent sans règle, nous parlerons seulement de la première, qui se subdivise en deux parties à peu près esgales, l’une en ce qui se tire du peuple, l’autre en ce qui revient des fermes, qui semblent être ce que les Romains appelloient tributa et vectigalia : le premier desquels se levoit par les officiers, et les autres par les fermiers. Nous parlerons premierement de la partie première, secondement de la partie seconde, et finalement de la despence qui se fait de l’une et de l’autre.

Mais, pour en avoir plus facile intelligence, il semble à propos de dire que, comme la France se divise par provinces pour les gouvernemens, et par parlemens pour la justice5, aussi fait-elle pour les finances et generalitez, qui sont au nombre de vingt et une ; et, bien que Blois se nomme aussi generalité, toutes fois, à cause que c’est seulement pour ce qui regarde le domaine du comte de Bloys, ainsi qu’il se manioit soubs Louys XII, nous ne le mettrons pas en ce nombre de vingt et un, qui sont :

Paris, Soissons, Orleans, Amyens, Chaallons, Tours, Poictiers, Lymoges, Bourges, Moulins, Ryom, Lyon, Rouen, Caën, Bourdeaux, Nantes, Thoulouze, Montpellier, Dijon, Aix, Grenoble.

Soubs les quelles quinze premières generalitez il y a sept vingt-neuf eslections6, et soubs les quelles eslections, vingt-trois mil sept cens quatre-vingt-dix-sept parroisses7, sçavoir :

Soubs Paris, vingt eslections et dix-neuf cens soixante et dix parroisses.

Soubs Soissons, six eslections et douze cens soixante parroisses.

Soubs Amiens, six eslections et quatorze cens soixante parroisses.

Soubs Chaallons, neuf eslections et deux mil deux cens sept parroisses.

Soubs Orleans, douze eslections et douze cens trente-huict parroisses.

Soubs Tours, quatorze eslections et quinze cens soixante et trois parroisses.

Soubs Poictiers, neuf eslections et seize cens parroisses.

Soubs Lymoges, neuf eslections et six cens parroisses.

Soubs Bourges, neuf eslections et huict cens trente-deux parroisses.

Soubs Moulins, huict eslections et quatorze cens quatre-vingt parroisses.

Soubs Ryon, quatre eslections et huict parroisses.

Soubs Lyon, trois eslections et sept cens vingt parroisses.

Soubs Rouën, vingt-neuf eslections et deux mil huict cens soixante et seize parroisses.

Soubs Caën, neuf eslections et quatorze cens vingt-six parroisses.

Soubs Bourdeaux, quinze eslections et trois mil cinq cens huict parroisses.

Si les generalitez, les eslections ou parroisses, estoient semblables, il seroit beaucoup plus aisé d’éviter les grandes inegalitez qui se treuvent lors qu’il est question d’en parler generalement : car il s’en treuve où la plus grande estendue et le plus grand nombre portent le moins, à cause des infertilitez du pays, de la pauvreté du peuple et d’autres occasions qui se verront en suitte.

Pour la generalité de Bretagne, elle est composée de dix-sept receptes particulières, qui sont la pluspart eveschez, et s’appellent receptes de fouages, à cause que les impositions se font par feu ; il y a, en outre, une ferme ordinaire qui s’appelle imposts et billots8.

Pour celle de Bourgogne, elle n’a autres receptes particulières que celles de Bresse. Bugey et Vivonnay, du marquisat de Saluës, ont esté donnez à la couronne par ledit marquisat de Sallus9.

Pour celles de Thoulouze et Montpellier, elles ont chacune unze receptes particulières, qui s’appellent la pluspart diocèzes.

Celle de Provence n’a aucunes receptes particulières.

Celle de Dauphiné a huict baillages, qui portent le revenu du domaine à la recepte generale.

Ces cinq dernières s’appellent petites generalitez, non, comme j’ay dit, pour avoir moins d’estendue que les autres, et la raison est, pour celles du Dauphiné et Provence, qu’elles ont esté donnez par leurs seigneurs à la couronne, et que celles de Languedoc et Bourgogne s’y sont soubmises chacunes soubs certaines conditions ausquelles la consideration qu’elles sont frontières par terre semble les oster, autant maintenues qu’autre chose, et c’est pourquoy elles se gouvernent aussi par estats et deputez ; comme aussi fait la Bretagne, qui est la dernière joincte à la couronne10.

Or, bien qu’en chacune des dites generalitez, qui sont vingt et un, il y ait dix thresoriers de France (excepté en celles d’Amiens, Rouen et Montpellier, où il y en a unze en chacune, en celle de Nantes seulement deux, en celle d’Aix sept, en celle de Grenoble cinq, qui est en tout le nombre de neuf vingt dix-sept thresoriers de France11), toutesfois, il n’y a des esleus12 qu’en celles où il y a des eslections, qui sont les quinze premières generalitez cy-devant nommées, en la pluspart des quelles eslections il y a dix esleus, et, pour en conter le nombre au vray, l’on peut les estimer à neuf l’une portant l’autre, faisant à ceste raison le nombre de neuf cens trente-six esleus13.

Pour le regard des receptes et controlles qui s’exercent triennalement, sinon en celles où le triennal est vague, aux anciens et alternatifs, ou bien a esté remboursé, tout ainsi qu’en chacune des dites generalitez, ils s’appellent receveurs et controlleurs generaux des finances, ainsi qu’en chacune des dites receptes particulières, tant en celles où il y a des eslections qu’aux autres, ils s’appellent receveurs et controlleurs des tailles.

Il y a aussi aux dites vingt et une generalitez des receveurs et controlleurs generaux du taillon qui ont des receveurs particuliers soubs eux, les quels receveurs generaux mettent les deniers entre les mains des thresoriers de l’ordinaire des guerres pour le payement des compagnies d’ordonnances.

Voilà succinctement le nombre des generalitez, des eslections et de la pluspart des parroisses et des officiers, par le moyen des quels ce qui porte generalement le nom de tailles se lève, car les natures de deniers sont diverses, comme nous dirons en son lieu ; toutes fois, pour ce qui porte l’un porte l’autre, c’est-à-dire qui porte la taille porte le tallion et autres impositions, elles s’entendent toutes soubs appellation commune de tailles, et s’en fait de trois sortes : l’une appellée réelle, comme en Provence et Languedoc, où le roy mesme paye la taille s’il y a quelques terres ; l’autre personnelle, d’autant qu’elle regarde de plus près les personnes et leurs biens, en quelque lieu qu’ils soient scituez et assis14.

Voyons maintenant l’ordre qui se tient en l’imposition et levée desdits deniers, et, affin que ce soit plus clairement, prenons l’une des huict années dernières, qui ont esté à bien près toutes semblables, non seulement en ceste première partie, qui regarde les tailles, et en la seconde, qui regarde les fermes, mais aussi en la despence des deniers provenant de l’un et de l’autre15.

Le roy, au commencement de l’advenement à sa couronne, prevoyant la despence qui luy convenoit faire tous les ans pour la conservation de son estat et entretenement de sa maison, en fait un abregé qui s’appelle project, lequel se signe de la main du roy et d’un secretaire d’estat.

La somme totale arrestée, qui est estimée chacune des dites huict années à près de dix-sept millions, Sa Majesté règle là-dessus le creu extraordinaire, qui monte à quatre millions quatre cens mil livres16 ; mais elles se lèvent sur quatorze des dites quinze premières generalitez, celle d’Amiens estant exempte.

Grande taille.

Paris, trois cents soixante et dix milles livres.

Soissons, quatre cens quatre vingt mil livres.

Amyens, six cens vingt mil livres.

Orléans, trois cens trois mil livres.

Chaallons, quatre cens mille livres.

Tours, huict cens dix mil livres.

Poictiers, sept cens vingt-deux mil livres.

Limoges, trois cens quarante mil livres.

Bourges, six cens trente mil livres.

Moulins, huict cens quarante mil livres.

Rion, quatre cens quinze mil livres.

Lyon, six cens quarante mil livres.

Rouën, un million quatre cens douze mil livres.

Caen, six cens quarante-cinq mil livres.

Bourdeaux, quatre cens quarante cinq mil livres.

Pour celle de Bretagne, il s’expedie aussi commission pour les fouages ordinaires à raison de sept deniers pour feu, non compris les douze deniers pour livre pour la creue des prevosts des marchands17, douze mil soixante livres pour partie des postes, revenant le tout, avec le taillon, qui est de cinquante six mil quatre cens livres, à quatre-vingt mil quatre cens soixante livres.

Pour Thoulouze et Montpellier, il ne s’expedie qu’une commission aux estats de Languedoc, qui s’assemblent par chacune année, portant pour tout la somme de six cens cinquante et un mil cinq cens quarante-deux livres.

Dijon porte pour l’octroy des prevots des marchands la somme de huict vingt dix-sept mil six cens quarante livres.

Aix, pour Provence, porte pour l’octroy et pour le taillon la somme de quatre-vingt-sept mil quatre cens soixante et douze livres.

Grenoble, pour Dauphiné, pour l’octroy et pour le taillon, dix mil soixante livres ; pour les officiers du pays, trente mil livres ; pour le taillon, vingt-sept mil cinq cens livres. Cy soixante et dix mil livres.

Somme des dites generalitez, un million trois cens soixante et quatorze mil cent quatre-vingt-neuf livres.

Somme toute des sommes contenues au dit brevet qui se lèvent aus dites generalitez en vertu des commissions des tailles, unze millions quatre-vingt-neuf mil livres.

Ledit brevet arrêté, il s’en envoye un à chacune des dites generalitez avec une lettre au cachet du roy, et une autre du superintendant des finances, adressante aux tresoriers generaux de France, par les quelles leur est mandé d’en faire le departement par les eslections de leur generalité, et c’est lors qu’ils doivent avoir fait leurs chevauchées par les dites eslections, pour sçavoir celles qui se sont enrichies ou appauvries, afin d’augmenter les uns et de soulager les autres, tout ainsi que les esleus font peu après par les parroisses de leurs eslections pour y garder l’esgallité, comme Sa Majesté leur a recommandé sur toute chose, et qui est aussi d’une extresme importance, comme il se peut facilement imaginer.

Les thresoriers generaux de France ayant envoyé à Sa Majesté, c’est-à-dire au superintendant, le departement qu’ils ont fait par les eslections de la somme que doit porter leur generalité, et avec cela donner avis de l’incommodité que chacun a receu, Sa Majesté règle là-dessus la creue extraordinaire, autrement dit grand’creue des garnisons, dont l’estat, compris quelques autres creues, monte pour la dite année à quatre millions quatre cens mil livres18, dont chacune des dites generalitez portent,

À sçavoir :

Paris, quatre cens cinquante-sept mil livres.

Soissons, cent seize mil livres.

Amyens, neant.

Chaallons, trois cens quatre-vingt-dix mil livres.

Orleans, quatre cens soixante et treize mil livres.

Tours, deux cens quatre-vingt-dix-sept mil livres.

Poictiers, quatre cens quarante mil livres.

Limoges, cent neuf mil neuf cens livres.

Bourges, quatre-vingt-dix-sept mil cent trente-neuf livres.

Moulins, cent neuf mil quatre cens quarante livres.

Rion, sept vingt-six mil livres.

Lyon, neuf vingt douze mil livres.

Rouen, neuf cens vingt-cinq mil livres.

Caen, quatre cens soixante et dix mil livres.

Bourdeaux, quatre cens soixante et dix-huict mil livres.

Somme toute, quatre millions sept cens quatre mil livres19.

Il y a ceste difference en l’imposition de ces deux natures de deniers que, pour la première, c’est à sçavoir l’ordinaire, il s’expedie aux esleus de chacune eslection une commission particulière de Sa Majesté, signée d’un secretaire d’Estat ; et pour ce qui est de la grande creue, il s’expedie seulement une commission aux thresoriers generaux de France en chacune generalité, lesquels tresoriers generaux en font le departement par les eslections et en envoyent leurs commissions, celle des tailles aux esleus, ce qui se fait au commencement du mois de novembre.

Si tost que les esleus les ont receus, ils font le departement des finances y contenues par les parroisses, adjoustans ou diminuans à l’année precedente20, suivant la commodité ou l’incommodité qu’ils ont recognues par leurs chevauchées.

Leurs departemens faits, ils envoyant leurs commissions à chacune parroisse, laquelle crée aussitost des consuls et des collecteurs qui dressent avec ceux de l’année précédente le roolle de la taxe et cotte de chacun particulier, et, iceluy fait, le porte aux esleus pour sçavoir s’ils n’ont pas outrepassé leurs commissions, et, ce fait, les dits esleus l’arrestent et le signent.

En ce mesme temps les thresoriers generaux de France dressent un estat de la valeur des finances dans le quel sont comprises toutes les charges estans tant sur les receptes particulières que sur la generale, les quels ils envoyent au conseil, c’est-à-dire au superintendant des finances.

Sur le dit estat l’on fait celuy du roy, qu’on appelle estat des finances ; mais ils se reiglent plus tost sur l’autre de Sa Majesté de l’année precedente que sur celuy des thresoriers generaux, et s’en envoye un aus dits thresoriers de France et un au receveur general des finances estant en exercice, avec commission sur l’un et sur l’autre pour le suivre de poinct en poinct selon la forme et teneur.

Dans l’un et l’autre des dits estats sont compris par le menu et par les eslections toutes les natures des deniers dont nous avons cy-devant parlé, ensemble les charges qui sont dessus et ce qui en revient de net à Sa Majesté, la quelle se paye tousjours par preferance, attendu que c’est là-dessus, ainsi que nous avons dit cy-devant, que sont fondées les despenses de son estat et de sa maison. Voyons donc ce que Sa Majesté fait estat de retirer ladite année 1620, et de chacune des susdites vingt et une generalitez, tant pour l’ordinaire que pour l’extraordinaire, qu’on appelle,

À sçavoir :

Premierement. — Recette de l’espargne.

De Paris, toutes charges desduictes, six cens quinze mil soixante et treize livres tant de den21.

De Soissons, cent six mil huict cens livres.

D’Amiens, quatre-vingt-trois mil quatre cens quarante livres.

De Chaallons, neuf vingt dix-neuf mil quatre cens deux livres.

D’Orleans, six vingt-trois mil quatre cens treize livres.

De Tours, sept cens dix mil six cens trente-huict livres.

De Poictiers, huict cens soixante mil livres.

De Limoges, sept cens soixante et quatre mil huict cens vingt-quatre livres.

De Bourges, trois cens dix mil trois cens soixante et deux livres.

De Moulins, trois vingt et un mil six cens soixante et une livre.

De Ryon, cinq cens cinquante mil sept cens quatre livres.

De Lyon, un million cent vingt-deux mil livres.

De Rouen, un million quatre-vingt-un mil quatre cens dix-huict livres.

De Caën, sept cens sept mil trois cens cinquante-deux livres.

De Bourdeaux, sept cens dix-neuf mil deux cens soixante et treize livres.

De Nantes, sept vingt-un mil neuf cens sept livres.

De Tholouze, quatre-vingt-un mil six cens livres.

De Montpellier, six vingt-un mil six cens livres.

De Dijon, sept vingt-trois mil quatre cens vingt-trois livres.

D’Aix, huict vingt cinq mil trois cens dix livres.

De Grenoble, neant, pour ce que le tout se consume sur le lieu.

Somme, sept millions deux cens quatre-vingt mil quatre cens vingt-cinq livres22.

Seconde recepte de l’espargne.

L’estat de ces deniers s’appelle première recette de l’espargne ; la seconde est celle des finances, dont nous avons secondement promis de parler ; mais ce sera beaucoup plus succinctement que de l’autre, attendu qu’il n’y a autre ceremonie que de les bailler, comme elles sont au conseil, au plus offrant et dernier encherisseur, pour 2, 3, 4, 5, 6, 7 ou autre nombre d’années, et, après cela, les fermiers sont tenus la plus part d’apporter immediatement les deniers entre les mains du thresorier de l’espargne, ou d’acquitter de quartier en quartier les assignations qui se lèvent sur eux, tout ainsi que les receveurs generaux, les quels à ceste occasion contraignent les receveurs particuliers et les particuliers les collecteurs23, chacun en divers temps qui se mesurent à chacun des dits quatre quartiers. Voyons donc ceste seconde recepte :

Des parties casuelles sur les quelles n’y a aucune charge, dix-huit cens mil livres.

Des receptes des bois, quatre-vingt-dix mil livres.

Des aydes et allienations, les charges montent par estimation à quinze cens mil livres, et en revient sept cens dix mil livres24.

Des gabelles de France, les charges montent deux millions deux cens vingt-six mil cinq cens dix-sept livres, outre trois sols neuf deniers qui se lèvent en plusieurs greniers pour le payement des gages de la commission des aydes, et en revient deux millions quatre vingt quatorze mil cinq cens livres.

Des gabelles de Lyonnois, les charges montent à vingt-huict mil cent vingt-huict livres, et en revient la somme de sept cens mil livres.

Des gabelles de Languedoc, les charges montent six vingt-huict mil neuf cens soixante-sept livres, et en revient deux cens quatre-vingt-treize mil deux cens quatre-vingt-quatre livres.

Des gabelles de Dauphiné, affermées deux cens soixante-dix-sept mil livres, attendu qu’il s’employe par chacun an cent cinquante mil livres au rachapt du domaine dauphinal, et six vingt-six mil livres au payement de quelques debtes, celle-cy à neant.

De la ferme du convoy de Bourdeaux25, les charges payées, deux cens quatre-vingt-dix mil livres.

De la ferme de la comptabilité de Bourdeaux, trois cens soixante mil livres.

Des traictes foraines d’Anjou26, deux cens quatre-vingt mil livres.

Des peages de Loire, quatre cens mil livres.

De la subvention des villes franches, et l’escu pour thonneau de vin, six cens cinquante mil livres.

De l’escu pour muid de sel passant à Rouën, cent cinquante mil livres.

De l’escu pour muid de sel passant par Ingrande, soixante-dix mil livres.

Des sept deniers pour minot de sel entrant en Bourgongne, trente mil livres.

Du vin de Picardie, cinquante mil livres.

Des trente sols pour muid de sel qui se prend en Brouage, soixante mil livres.

De l’escu du thonneau de vin entrant à Rouën, cent cinquante mil livres.

De la ferme des cartes et tarotz, celle-cy à neant27.

De l’escu pour muid de vin qui se vend en Bretagne, cent trente-quatre mil livres.

Des quatre cens mil livres dont le pays de Languedoc fait present au roy de quatre ans en quatre ans, quatre cens mil livres.

De trente sols pour muid de sildre entrant à Rouën, soixante mil livres.

L’entrée des drogues et espiceries, soixante-dix mil livres.

Des droicts qui se prennent le long de la rivière de Charente, cinquante mil livres.

Des droicts qui se prennent le long de la rivière de Loire, cent mil livres.

Des quatre mil livres du sel à Langres, celle-cy à neant.

Somme totale de la despence cy-dessus, dix-neuf millions cent trente-six mil trois cens trente-cinq livres.

Laquelle somme arrestée, y compris les charges tant sur les generalitez que sur les fermes, le tout revient à trente-six millions neuf cens vingt-six mil cinq cens trente-huict livres, qui se lèvent annuellement en France28.

Cy trente-six millions neuf cens vingt-six mil six cens trente-huict livres.

Chapitre de despence.

La chambre aux deniers, c’est à sçavoir ce qu’il faut pour la bouche de Sa Majesté et des officiers de sa maison, trois cens trente mil livres.

Les gages des officiers domestiques, trois cens mil livres29.

L’ecurie, neuf vingt-six mil livres.

L’argenterie, quatre-vingt-dix-huict mil quatre cens livres.

Les menus plaisirs du roy, six vingt-neuf mil livres.

Les offrandes et aumosnes, huict mil quatre cens livres.

La venerie, douze mil livres30.

Les chevaux et oyseaux, dix-huict mil livres.

Les gentils-hommes de sa maison, deux cens mil livres31.

Les Suisses, vingt-deux mil livres.

Les gardes du corps, tant François que Suisses, deux cens mil livres.

Le prevost de l’autel, cinquante-deux mil deux cens livres.

Les bastimens, compris Fontaine-bleau, quatre cens quatre-vingt mil livres.

Maison de la royne, trois cens mil livres.

Maison de monsieur le duc d’Anjou32, frère du roy, sept vingt-deux mil livres.

Les garnisons, quinze cens mil livres.

Les autres gens de guerre, treize cens mil livres.

Artilleries, outre les sommes employées dans l’estat des finances, deux cens quatre-vingt mil livres.

Fortifications et reparations, quatre cens soixante-dix-sept mil neuf cent soixante livres.

Marines de Ponant, dix-huict mil livres.

Marines de Levant, deux cens soixante-dix-sept mil neuf cens soixante livres.

Les voyages, deux cens deux mil livres.

Les deniers, deux cens mil livres.

Les menus dons, deux cens mil livres.

Les grosses estrennes du roy, cent cinquante mil livres.

Comptant ez mains du roy, sept vingt mil livres.

Les gouverneurs des provinces, quatre-vingt-neuf mil livres.

Les ambassadeurs, neuf vingt quatorze mil neuf cens quatre-vingt-unze livres.

Les pensions, pour six millions quatre cens mil livres33.

L’Angleterre et Pays-Bas, un million neuf cens cinquante mil livres34.

Les deniers en acquit, six cens quatre-vingt dix mil livres.

Les seigneurs de ligues des Suisses, douze cens mil livres.

Le grand duc, pour debtes, cent mil livres.

Leduc de Lorraine, pour debtes, cent mil livres.

Le duc de Guyse, pour debtes35.

Le cardinal de Joyeux, de Hombert, Bassompierre et Incarville, au lieu du domaine dont ils ont eté depossedez, cent mil livres.

Le duc de Vendosme et madame de Mercure36, pour debte, cent cinquante mil livres.

Le duc de Nemours, pour debte, quatre-vingt-dix mil livres37.

Le duc de Mantoue, pour debte, quarante-cinq mil livres.

Jamect et Gondy, pour debte, quatre-vingt dix mil livres.

Debtes de Languedoc, soixante-quinze mil livres.

Fermes, demandes de dedommagemens, deux cens mil livres.

Rentes à Rouen, soixante-douze mil livres.

Interests d’advances, trois cens mil livres.

Parties inopinées et non values, cy deux millions cent sept mil cinq cens livres sept sols six deniers.

Somme toute de la despence cy-dessus, dix-neuf millions six cens trente-six mil trois cens trente cinq livres.

Voilà donc à quoy revient ces despens, ce grand amas de finances ausquels nous pouvons observer cet ordre de la nature, que, tout ainsi que des fontaines naissent des ruisseaux, les rivières qui tirent quelques fois leur origine de lacs dont les sources sont en eux-mesmes et se desgorgent toutes dans la mer, de mesme se peut-il voir des finances, en ce qu’après estre entrées en l’espargne, elles en sortent, comme nous avons monstré cy-devant, et, se jettans par les plus grosses veines, se respendent jusques aux plus moindres partyes, qui sont les laboureurs et artizans, ausquels il faut necessairement que la plus part s’en aille ; et que si, pour conserver le repos du royaume, il en sort quelque partie, aussi en entre-il d’ailleurs par le moyen de ces quatre sources inexpirables : le bled, le vin, les toilles et le pastel38, dont la paye entretient l’abondance et fait que le peuple se peut facilement acquitter de ce qui luy est imposé sur luy, vivre paisiblement et d’esperer encore mieux à l’advenir ; car Sa Majesté veillant, comme elle a fait depuis la paix, par les yeux de ceux qu’elle a commis et dignement choisis en toutes les charges de son Estat, et recouvrant comme elle a fait le douaire de sa sacrée couronne, sçavoir est le domaine dont il y a party fait dès l’année mil six cens et douze39, pour prest de trente millions de livres, c’est le moyen le plus asseuré pour l’enrichir, comme aussi le public, et en faire autant pour son peuple comme pour Sa Majesté mesme.

Pensions de nosseigneurs et dames de la cour.

À monsieur le Prince, pour sa pension de la présente année 1621, cent mil livres40.

À monsieur le comte de Soissons, soixante-dix mil livres.

À monsieur de Guyse, cent mil livres.

À monsieur le duc de Nevers, cent mil livres.

À monsieur de Longueville, quatre-vingt mil livres41.

À monsieur de Vandosme, cinquante mil livres.

À monsieur le duc d’Elbeuf, trente mil livres.

À monsieur le prince de Joinville, trente mil livres42.

À monsieur le duc d’Epernon, soixante-dix mil livres.

À monsieur le duc de Bouillon, quatre-vingt mil livres43.

À monsieur de la Trimouille, cinquante mil livres44.

À monsieur le chevalier de Vandosme, trente mil livres.

À monsieur l’admiral, quarante mil livres45.

À monsieur le duc de Redz46, vingt mil livres.

À monsieur le comte de Laval, trente mil livres47.

À monsieur le comte de Chombert, trente mil livres48.

À monsieur d’Esdiguières49, soixante mil livres.

À monsieur de Montbazon, quarante mil livres50.

À monsieur le Connestable, soixante et dix mil livres51.

À monsieur de Brante, trente mil livres.

À monsieur de Cadenet, vingt mil livres52.

À monsieur de Bassompierre, trente mil livres.

À monsieur le duc de Rouennois53.

À monsieur le comte de S.-Aignan54, trente mil livres.

À monsieur le Grand55, cinquante mil livres.

À monsieur le mareschal de Souvray, quarante mil livres.

À monsieur le Premier56, quarante mil livres.

À monsieur le comte de la Roche-Foucault57, vingt mil livres.

À monsieur de Termes58, quinze mil livres.

À monsieur de la Roche Guyon, dix mil livres.

À monsieur le vicomte de Pardaillan, dix mil livres.

À monsieur de Rauquelaure59, trente mil livres.

À monsieur le vicomte de Sardigny60, soixante mil livres.

À monsieur de Suilly, quarante mil livres61.

À monsieur le marquis de Rosny, vingt mil livres.

À monsieur le marquis de Nesles, vingt mil livres.

À monsieur le marquis de Cœuvre62, dix mil livres.

À monsieur de Vantadour, vingt mil livres.

À monsieur le comte de Fiesques63, vingt mil livres.

À monsieur le vidasme du Mans, vingt mil livres.

À monsieur le vidame de Chartres, vingt mil livres.

À monsieur de Mortemar, dix mil livres64.

À monsieur de Biron, vingt mil livres65.

À monsieur d’Antragues66, dix mil livres.

À monsieur le comte de Chiverny67, dix mil livres.

À monsieur le comte de Sanxerre, dix mil livres.

À monsieur de la Curée, six mil livres.

À monsieur Daigremont, dix mil livres.

À monsieur de Crequy, douze mil livres68.

À monsieur de Praslin, dix mil livres.

À monsieur le marquis de Ragny, huict mil livres.

À monsieur le marquis de Mosny69, huict mil livres.

À monsieur de Villepreux, dix mil livres70.

À monsieur de Sainct-Gerant71, huict mil livres.

À monsieur de Courtenvaux72, dix mil livres.

À monsieur le chevalier de Souvray73, dix mil livres.

À monsieur Dallincourt74, vingt mil livres.

À monsieur Daumont75, dix mil livres.

À monsieur de Salcedde, dix mil livres.

À monsieur le vicomte de Bourgueil, dix mil livres.

À monsieur le comte de S.-Paul76, trente mil livres.

À monsieur de Nangy77, vingt mil livres.

À monsieur de Montespan, dix mil livres.

À monsieur d’Argouges, dix mil livres.

À monsieur d’Aubigny, huict mil livres.

À monsieur de Razilly78, huict mil livres.

À monsieur du Plessy-Mornay, trente-six mil livres.

À monsieur Benjamin79, dix mil livres.

À monsieur de Vignolles80, dix mil livres.

À monsieur le marquis de Conaquin, dix mil livres.

À monsieur de Riberpré81, douze mil livres.

À monsieur le marquis de Nouailles, dix mil livres.

À monsieur de Mout82, douze mil livres.

À monsieur d’Estisac83, dix mil livres.

À monsieur de Pouille, huict mil livres.

À monsieur de Rohan, trente-six mil livres.

À monsieur de Bellangreuille, cinquante mil livres.

À monsieur de Cangey, huict mil livres.

À monsieur de Sauveterre84, huict mil livres.

À monsieur le comte d’Auvergne, quarante mil livres.

À monsieur de Pommereuze, dix mil livres.

À monsieur de Moncanisy, dix-huict mil livres.

À monsieur de Matignon, dix mil livres.

À monsieur de Vaubecourt, douze mil livres.

À monsieur de la Pardis, douze mil livres.

À monsieur le marquis de Marrigny, dix mil livres.

À monsieur de Fourneaux, douze mil livres.

À monsieur de Baigneux, dix mil livres.

À monsieur de Grandmond, huict mil livres85.

À monsieur de Martainville, six mil livres.

À monsieur Ribère, medecin86, huict mil livres.

À monsieur de Blammesnil, six mil livres.

À monsieur du Bois-Chastellier87, huict mil livres.

À monsieur de Lormeroux, dix mil livres.

À monsieur de Conflans, huict mil livres.

À monsieur de Beaugrand, escrivain du roy, trois mil livres.

À monsieur Gentil, joueur de paulme de Sa Majesté, deux mil livres.

Au sieur Hierosnime, espadacin du roy, trois mil livres88.

Capitaines des gardes.

À monsieur de Saincte-Collombe, trois mil livres.

À monsieur de Fourrilles89, deux mil livres.

À monsieur de Campaignolles, deux mil livres.

À monsieur de Formagères, deux mil livres.

À monsieur Tilladet, deux mil livres.

À monsieur de Meux, deux mil livres.

À monsieur de Bourdet, deux mil livres.

À monsieur de la Salle, deux mil livres.

À monsieur de Bourg, deux mil livres.

À monsieur de Nangy, deux mil livres.

À monsieur de Goaas90, deux mil livres.

À monsieur de Grandpré, deux mil livres.

À monsieur de Castellier, deux mil livres,

À monsieur de Grandpré, deux mil livres.

À monsieur de Livroux, deux mil livres.

Pairs de France, Clergé.

À monsieur l’evesque de Noyon, douze mil livres.

À monsieur l’evesque de Chaallons, dix mil livres.

À monsieur l’evesque de Laon, dix mil livres.

À monsieur l’archevesque de Rheims, douze mil livres.

À monsieur l’evesque de Langres, dix mil livres.

À monsieur l’archevesque de Sens, quinze mil livres.

À monsieur l’archevesque de Lyon, douze mil livres.

À monsieur l’evesque de Paris, douze mil livres.

À monsieur l’evesque de Senlis, huict mil livres.

À monsieur l’archevesque d’Anbrun, huict mil livres.

À monsieur l’evesque de Chartres, huict mil livres.

À monsieur l’archevesque de Bourges, dix mil livres.

À monsieur l’evesque de Lisieux, dix mil livres.

À monsieur l’archevesque de Roüen, huict mil livres.

À monsieur l’archevesque de Tours, six mil livres.

À monsieur l’archevesque d’Arles, huict mil livres.

À monsieur l’evesque de Rennes, huict mil livres.

À monsieur l’evesque de Nantes, six mil livres.

À monsieur l’archevesque de Bourdeaux, huict mil livres.

À monsieur l’archevesque d’Aix, dix mil livres.

À monsieur l’evesque de Montpellier, dix mil livres.

À monsieur l’archevesque de Thoulouze, huict mil livres.

Conseillers d’Estat.

À monsieur le chancellier91, soixante mil livres.

À monsieur le president du Vair, quatre-vingt mil livres.

À monsieur le premier president, douze mil livres92.

À monsieur le president Jeannin, dix mil livres.

À monsieur le president de Hacqueville, dix mil livres93.

À monsieur de Villemontée, huict mil livres.

À monsieur de Roissy, dix mil livres.

À monsieur de Villotreys94, douze mil livres.

À monsieur de Vicq, dix mil livres95.

À monsieur de Belesbat, douze mil livres.

À monsieur le president Crespin, dix mil livres.

À monsieur de Bullon96, douze mil livres.

À monsieur le president de l’Escaloppier97 dix mil livres.

À monsieur de Revol, dix mil livres.

À monsieur de Hacqueville, dix mil livres.

À monsieur de Harlay98, douze mil livres.

À monsieur le Chevallier99, douze mil livres.

À monsieur le president Gabellin, quatre mil livres.

À monsieur le president Hannequin, six mil livres.

À monsieur de Beaumont, huict mil livres.

À monsieur Durier100, six mil livres.

À monsieur Ollier101, dix mil livres.

À monsieur de Pont-Chartrain, douze mil livres.

À monsieur Puget102, quatre mil livres.

À monsieur Phlippeaux103, quatre mil livres.

À monsieur de Moram, quatre mil livres.

À monsieur D’Herbault104, quatre mil livres.

À monsieur de Vausclans, douze mil livres.

À monsieur de Sancy, trente mil livres.

Gens du roy.

À monsieur le procureur general, huict mil livres105.

À monsieur Servin106, advocat general, six mil livres.

À monsieur le Bret107, advocat general, six mil livres.

Secretaires d’Estat.

À monsieur de Seaux108, vingt mil livres.

À monsieur de Pont-Chartrain, vingt mil livres.

À monsieur de Lermenye109, vingt mil livres.

À monsieur Phlipeaux, vingt mil livres.

À monsieur de Flexelles, greffier du conseil, deux mil livres.

Aux cinq huissiers du conseil, six mil livres.

Dames.

À madame la Princesse, trente mil livres.

À madame la princesse de Conty, vingt mil livres.

À madame de Guyse, la douairière110, vingt mil livres.

À madame d’Elbeuf, la mère, dix mil livres111.

À madame de la Trimouille, dix mil livres.

À madame de Rohan, douze mil livres.

À madame de Longueville la mère, douze mil livres.

À madame la marquise de Verneuil112, dix mil livres.

À madame la comtesse de Mouret113, dix mil livres.

À madame des Essars114, douze mil livres.

2. À mesdamoiselles de Rohan, huict mil livres115.

2. À mesdamoiselles Daumalle, huict mil livres.

À madame la comtesse de Saux116, dix mil livres.

À madame de Balligny117, dix mil livres.

À madame de Guercheville118, dix-huict mil livres.

À madame de Vauselaux, dix-huict mil livres.

À Françoise Joret, nourrice de Sa Majesté, six mil livres119.

Aux servantes des Enfans de France, quatre mil livres.

À Mathurine, douze cens livres120.

À Me Guillaume121, par les mains de Me Jean Lobeys, son gouverneur122, dix-huict cens livres.


1. Tout ce qui, dans cette pièce, a rapport aux finances en général, et par conséquent la première partie tout entière, n’est, sauf quelques légères différences, que la reproduction d’une autre du même genre ayant ce titre : Traité du revenu et despense de France, de l’année 1607. Cette dernière pièce a été publiée dans la Revue rétrospective, 1re série, t. 4, p. 159–186, d’après une copie manuscrite conservée à la Biblothèque impériale, collection du Puy, vol. 89, fol. 243. Le texte en est bien préférable à celui de la pièce que nous donnons. Nous en tirerons parti pour des corrections, que nous ferons toutes avec le plus grand soin, mais sans pourtant prendre la peine de les indiquer l’une après l’autre. — Quoique cette pièce porte la date de 1622, c’est le budget de 1620 qui s’y trouve détaillé, comme on le verra plus loin.

2. C’est le verbe finer, dont on trouve un exemple avec ce sens dans un rondeau de Victor Brodeau :

Au bon vieux temps que l’amour par bouquets
Se demenoit, et par joyeux caquets,
La femme estoit trop sotte ou trop peu fine ;
Le Temps depuis, qui tout fine et affine,
Lui a montré à faire ses acquets.

Finer se prit aussi pour fournir, selon le P. Labbe dans ses Etymologies des mots françois, au mot Fin, et enfin dans le sens de payer, financer, exemple ces vers du 49e psaume de Théodore de Bèze :

Car le rachat de leur ame est trop cher
Pour en finer.....

La Mothe Le Vayer, dans son Traité de l’institution du prince, est aussi d’avis que finance est un dérivé du verbe finer, pris dans le sens de finir, terminer. « De là vient, dit-il, que finance est la même chose que le vieux mot chevance, parce qu’avec l’argent on finit et on achève les choses les plus difficiles. »

3. Ce prélèvement du huitième, toujours en vigueur, n’avoit pas empêché un second impôt de dix sols sur chaque muid de vin, que la ville avoit établi en 1601 pour la réparation des fontaines de Paris, et que Henri IV maintint pour en employer les fonds à l’achèvement du Pont-Neuf, et ensuite à la réparation des quais. V. Félibien, Hist. de Paris, t. 5, p. 483, et notre édition des Caquets de l’Accouchée, p. 24, note. — En 1607, d’après la pièce donnée par la Revue rétrospective, cet impôt pour le pont de Paris, ainsi qu’il y est désigné, grevoit la généralité de Paris de 15,500 livres.

4. Jean déclara que, dans les pays de langue d’oïl, une aide de douze deniers pour livre seroit levée et perçue sur toutes les marchandises vendues, du cinquième sur le sel et du treizième sur le vin et autres breuvages, jusqu’à la perfection et entérinement de la paix, ce qui veut dire jusqu’à l’entier paiement de sa rançon. (Secousse, Recueil des ordonn. des rois de France, t. 3, p. xci, et 433, 441.) — V. aussi, dans les Mélanges de littérature et d’histoire de la Société des bibliophiles françois, Paris, 1850, in-8, p. 145–191, le savant travail de M. L. Dessales, Rançon du roi Jean.

5. Cette phrase manque dans la pièce donnée par la Revue rétrospective.

6. C’est-à-dire 149. La pièce de 1607 donne le même chiffre. En additionnant toutefois les nombres qui suivent, on trouve un total de 162 élections au lieu de 149 ; mais c’est bien ce dernier chiffre qui est le véritable. On l’obtient en rétablissant, d’après l’état de 1607, trois des nombres qui sont fautifs ici, en marquant pour la généralité de Bourges 5 élections au lieu de 9, pour celle de Moulins 7 au lieu de 8, et enfin 21 pour celle de Rouen au lieu de 29.

7. Ce total est encore fautif. L’addition, mieux faite, donne seulement 23,159 paroisses. Dans la pièce de 1607, où le calcul n’est pas meilleur, on en trouve 23,140. Le Pouillé général compte 30,419 cures ; ajoutez, toujours d’après son évaluation, 18,537 chapelles, 1500 abbayes, 2812 prieurés, 931 maladreries, 80 chapitres ayant église, et vous arrivez à un total de 44,279 clochers, ce qui est bien loin des dix-sept cent mille dont il est parlé dans le Calcul et dénombrement de la valeur et du royaume de France, par Jacques Cœur (Collection universelle des mémoires particuliers relatifs à l’histoire de France, 1785, in-8, t. 9). De ce nombre « il rescindoit, y est-il dit, pour pays gastés ou autrement, sept cent mille, et par ainsi demeuroit ung million de clochiers, et à prendre sur chacun clochier, le fort portant le feuble, vingt livres tournois par an pour toutes aides, tailles, impositions et huitième, se monte en somme par chacun an vingt millions, qui satisferont à ce qui s’en suit, etc… » Dans un article de l’Esprit des journaux (août 1786, p. 106, note) l’on a fait voir tout ce qu’il y a d’exagération dans ces chiffres, auxquels M. de Chateaubriand (Analyse raisonnée de l’hist. de France, édit. Didot, in-12, p. 134), et après lui beaucoup d’autres, se sont pourtant laissé prendre. « Il est bien évident, lisons-nous donc dans l’Esprit des journaux, que l’argentier de Charles VII se trompe ici… Mais l’erreur ne doit pas lui être attribuée : le copistes doivent avoir supprimé ou ajouté des zéros aux chiffres. Ainsi, en supposant qu’il n’y avoit, de son temps, que dix-sept mille clochers en France, comme il est clair qu’il l’avoit calculé, en en rescindant sept mille gastés par les guerres, et en mettant deux mille livres tournois au lieu de vingt, ses calculs sont justes. »

8. Ou bîllos. Ce sont les droits et impositions du vingtième, onzième ou quatrième sur le vin, qui étoient levés dans cette province par le roi, par les seigneurs ou par les villes.

9. Cette phrase, tout à fait incompréhensible, doit être ainsi rétablie, d’après la pièce de 1607 : « Pour celle de Bourgogne, elle n’a aucune recette particulière que celle de Bresse, Bugey et Vivonnay, qui ont été annexées depuis neuf ans par l’échange du marquisat de Saluces. »

10. À la suite de cette phrase se trouve celle-ci, dans le Traité du revenu et despense de 1607 : « La Normandie a aussi une forme d’estats ; mais c’est, à parler proprement, une forme, ou plutôt une ombre, au prix des dix autres. »

11. « Qui est en tout, lit-on dans la pièce de 1607, cent quatre-vingt-dix-sept trésoriers de France », ce qui fait par conséquent le même nombre.

12. « Ces officiers, dit P. Bonfons en ses Antiquitez de Paris (Paris, 1608, p. 342), feurent appelez esleuz, parce que, de fait, ils estoient esleuz et choisis en chacun diocèse et evesché pour faire des levées et receptes des deniers des aydes, ou bien pour autant qu’ils estoyent esleuz et deputez des trois estats pour garder les ditz deniers. » Mais dès le temps de Louis XI ce nom d’élu n’avoit plus de sens, car ces magistrats étoient toujours les mêmes et des mêmes familles. D’électives ces charges étoient devenues héréditaires. (Michelet, Hist. de France, t. 6, p. 66. — V. aussi une note de notre édit. du Roman bourgeois, p. 262.)

13. L’évaluation du nombre des élus, porté à 1300 dans l’État de 1607, se rapproche davantage de la vérité. En mettant, en effet, 9 élus pour chacune des 149 élections, on arrive au chiffre de 1341.

14. Dans la pièce de 1607, il est parlé d’une troisième espèce de tailles : « L’autre mixte, comme la plupart, pour ce qu’elle s’impose selon les personnes et leurs biens, en quelque part qu’ils soient assis. »

15. « Cette année sera 1607 », lit-on dans la pièce reproduite par la Revue rétrospective ; mais on comprend que celle-ci, qui donne le budget de 1622, ne pouvoit répéter la même phrase. Ici, du reste, les deux pièces, qui jusqu’à présent n’avoient été que la reproduction l’une de l’autre, cessent de se suivre et deviennent presque complétement différentes.

16. On trouve quelques détails de plus dans la pièce de 1607 : « Mais, y est-il dit, comme Sa Majesté voit que, du premier de ces deux moyens (les tailles), les charges qui se paient premièrement aux élections, puis aux généralités, déduites, il ne lui en revient pas la moitié, ainsi seulement quelque quatre millions cinq cent tant de mille livres, et comme des unes et des autres formes, qui montent à près de quatre millions d’écus, les charges déduites, il ne revient guère plus de huit millions de livres, elle a toujours été contrainte de lever une crue extraordinaire, qui s’appelle grande crue, ou autrement crue des garnisons, laquelle fut diminuée à la naissance de Monseigneur le dauphin (1601) d’environ quinze mille livres. »

17. Dans la généralité de Paris, d’après l’État de 1607, on percevoit pour la crue du prévôt des marchands 61,000 livres, pour les postes près de 5,000, pour le taillon de la gendarmerie 166,000, ce qui, avec quelques autres contributions dont j’omets le détail, élevoit pour cette généralité le taux de la taille ordinaire à 922,000 livres.

18. En 1607, cet état s’étoit élevé à 4,534,000 livres.

19. Ce total n’est pas encore exact ; il faut lire 4,711,020 liv.

20. Dans la pièce de 1607, on lit seulement « ils font le département des sommes y contenues par les paroisses, ajoutant ordinairement à l’année précédente », ce qui est plus naturel, car, en matière d’impôt, rien de plus commun qu’une augmentation, rien de plus rare qu’une diminution.

21. C’est, sauf cent francs, la somme portée aussi sur l’état de 1607. Toutes les autres diffèrent plus ou moins, si ce n’est pour ce qui se percevoit dans les généralités de Limoges, de Bourges, de Moulins, de Bordeaux, de Dijon, où la recette de l’épargne ne varie pas.

22. Total fautif encore. L’addition exacte des sommes qui précèdent donne 9,590,800.

23. « Et les collecteurs le peuple », est-il fort justement ajouté dans la pièce de 1607.

24. Le premier bail général des aides avoit été fait en 1604 pour 500,000 livres seulement. En 1607, comme on le voit par l’État souvent cité, et en 1622, comme on en a la preuve ici, les sommes perçues à ce titre montoient déjà a 1,500,000 livres ; en 1649, d’après l’État général du revenu, elles atteignoient 3,549,712 livres, et la proportion alloit toujours croissant. « Le bail a si bien haussé, lisons-nous dans le Détail de la France, pièce de la fin du XVIIe siècle, que les aides sont à 19 millions ou environ aujourd’hui. » (Archives curieuses, 2e série, t. 12, p. 193.)

25. Droits perçus sur les vaisseaux marchands du port de Bordeaux à qui l’on donnoit pour sauvegarde un convoi de vaisseaux de guerre. En 1649, d’après l’État général du revenu pour cette année-là, la ferme du convoi de Bordeaux rapportoit deux millions trois cent mille livres.

26. La traite foraine, l’une des cinq grosses fermes, étoit un droit levé sur toutes les marchandises qui entroient dans le royaume ou qui en sortoient. L’établissement de la traite d’Anjou, dont il est parlé ici, des bureaux d’Ingrandes, Montluçon et autres lieux qui ne sont pas sur les frontières, étoit alors une chose toute nouvelle.

27. « De la ferme des cartes et tarotz, lit-on dans l’État de 1607, à savoir 15 deniers par jeu de cartes qui se consomment au royaume, n’y a aucunes charges, 3,000 livres. » C’étoit surtout à Rouen un grand commerce, qui s’augmenta beaucoup encore pendant tout le XVIIe siècle. En 1695, Rouen fournissoit de cartes à jouer toute l’Europe, et même les colonies espagnoles d’Amérique. (Archives curieuses, 2e série, t. 12, p. 230.)

28. Sous Henri III, le revenu étoit de 32 millions ; sous Henri IV, de 35 ; Richelieu le doubla, et il alla croissant jusqu’en 1660, puis baissa. (Le détail de la France, Archiv. cur., 2e série.)

29. Ils ne se montoient qu’à 270,000 en 1607.

30. Sous Henri IV, d’après l’état de 1607, la dépense de la vénerie montoit a 51,000 fr. Malgré le goût de Louis XIII pour les oiseaux de chasse, la somme qu’il y employoit en 1620 ne dépasse pas celle qui se trouve, pour le même objet, portée au budget de son père.

31. On ne trouve en 1597 que 21,000 fr. pour les cent gentilshommes. C’est qu’alors Sully veilloit à ce qu’on ne vit pas renaître les dilapidations du règne précédent, et « cette effrenée quantité d’officiers qui detruisoient tous les revenus du roi ». (Œconom. royales, coll. Petitot, t. 3, p. 17.)

32. C’est Gaston, qui ne fut fait que plus tard duc d’Orléans. Il avoit porté le titre qu’on lui donne ici dès sa naissance, en 1610. La rue d’Anjou-Dauphine, dont la construction est de la même date, lui doit son nom.

33. Elles n’étoient portées que pour 2,063,729 sur l’état de 1607. L’augmentation qu’on trouve ici, et bien mieux encore le détail qu’on trouvera plus loin, expliquent les plaintes contenues dans maint pasquil du temps, notamment dans la pièce que nous avons donnée avant celle-ci, Turlupin le souffreteux. On y trouve aussi la preuve de ce qu’a dit Richelieu sur les dilapidations commencées avec la régence de Marie de Médicis, et forcément continuées même après la mort du marquis d’Ancre : « Les présents que la reine fit aux grands au commencement de sa régence étourdirent bien la grosse faim de leur avarice et de leur ambition, mais elle ne fut pas pour cela éteinte. Il falloit toujours faire de même si l’on vouloit les contenter. De continuer à leur faire des gratifications semblables à celles qu’ils avoient reçues, c’étoit chose impossible. L’épargne et les coffres de la Bastille avoient été épuisés, et quand on l’eût pu faire, encore n’eût-il pas été suffisant. » (Mémoires de Richelieu, liv. 5.)

34. Ce subside, dont je ne connois ni l’origine ni l’objet, avoit été diminué d’un million depuis 1607.

35. La somme manque ici, mais on sait par l’état de 1607 qu’elle étoit de 100,000 livres.

36. De Mercœur.

37. Cette dette n’est pas sur l’état de 1607, où les autres figurent.

38. Sur ce produit, l’une des principales richesses de nos provinces méridionales, V. notre t. 3, p. 110–111.

39. « Dès l’année 1608 », lit-on dans l’État de 1607, dont, sauf cette variante, tout ce paragraphe est la reproduction.

40. Un état manuscrit des dépenses particulières de Louis XIII pour 1641, pièce fort intéressante, que M. Vallet de Viriville a publiée presque entièrement dans le Cabinet de lecture (10 juillet 1837), d’après la copie possédée par la bibliothèque Sainte-Geneviève, dans le recueil coté Z, 378, in-4, contient aussi l’état général des gages, appoinctemens et pensions que le roy veult et ordonne estre payées par le tresorier de son espargne aux princes, princesses, dames, officiers de la couronne, seigneurs du conseil, gouverneurs des provinces, gentilshommes et aultres… On y trouve M. le Prince, comme ici, en première ligne, mais pour une pension plus forte : cent cinquante mille livres. De plus, son fils, le duc d’Anguien (sic), en a une de 100 mille.

41. En 1641, il n’a plus que 26,000 livres, y compris ses appointements de gouverneur de Normandie.

42. Frère du duc de Guise. On avoit acheté sa fidélité à la cause du roi par cette pension et d’autres avantages. V. Lettres de Richelieu (documents inédits), t. 1, p. 462, 475.

43. En 1641, Richelieu ayant fait en sorte qu’il fût moins à craindre qu’en 1622, on ne lui donnoit plus que 3,000 livres de pension, plus 10,000 « à cause de la protection de Sedan ».

44. En 1641, il n’a plus que 8,000 livres.

45. C’est le duc de Montmorency qui avoit alors la charge d’amiral. Richelieu la supprima en 1627 ; il la remplaça par celle de grand maître de la navigation, qu’il prit pour lui.

46. Celui dont la déroute au Pont-de-Cé est si fameuse. (Leclerc, Hist. de Richelieu, 1694, in-8, p. 63.)

47. Urbain de Laval, maréchal de France, mort en 1629.

48. Henri de Schomberg, alors superintendant des finances.

49. Le duc de Lesdiguières.

50. Grand veneur de France. En 1641, il ne touche plus que 10,000 livres. V. sur lui notre t. 5, p. 291.

51. Le duc de Luynes, alors connétable en effet.

52. Les deux frères de Luynes. V. sur eux les Caquets de l’Accouchée, passim.

53. Le duc de Roannez.

54. Celui qui eut une si belle part à la déroute du duc de Retz au Pont-de-Cé. V. le Baron de Fæneste, liv. 4, chap. 2.

55. Le duc de Bellegarde, grand écuyer de France. En 1641, il n’a plus que 10,000 livres, et encore est-ce comme conseiller d’État. Richelieu, on le voit, avoit réduit tous les favoris, et Bellegarde l’avoit été plus qu’aucun, à la portion congrue.

56. On appeloit M. le Grand le maître de la grande écurie du roi, et M. le Premier celui qui commandoit à la petite.

57. François de La Rochefoucauld, père de l’auteur des Maximes, fait en 1612 maître de la garde-robe par le maréchal d’Ancre, et duc et pair en 1622 par Louis XIII.

58. Le baron de Termes, frère du duc de Bellegarde. Il mourut cette même année, 1621, le 22 juillet, d’une blessure qu’il avoit reçue au siége de Clérac.

59. Antoine de Roquelaure, maréchal de France, mort en 1626.

60. Scipion Sardini, financier anobli. V. sur lui et sur sa maison le t. 5, p. 221.

61. Le duc de Sully. Ce grand ennemi des pensions ne laissoit pas, comme on voit, que d’en toucher une assez bonne, sans préjudice de celle dont étoit gratifié son fils, le marquis de Rosny, qui suit ici la sienne.

62. François Annibal d’Estrées, marquis de Cœuvres, se rendit fameux dans les ambassades. Il étoit frère de Gabrielle. V. les Caquets de l’Accouchée, p. 149.

63. Charles-Louis, comte de Fiesque, qui joua un rôle dans la Fronde parmi les conseillers de Gaston. Sa femme, Gilone d’Harcourt, figure dans l’Histoire amoureuse des Gaules.

64. En 1641, il est l’un des trois premiers gentilshommes de la chambre du roi, et reçoit en cette qualité 6,000 livres. Son marquisat devint duché-pairie en 1650. On l’appeloit le beau Mortemart. V. t. 5, p. 154.

65. En 1641, il n’a plus que 2,000 livres de pension, et nous le trouvons perdu parmi les 400 pensionnaires environ que la pièce du recueil de la Bibliothèque Sainte-Geneviève comprend sous le titre de Cour.

66. Balzac d’Entraigues ou d’Antragues, ancien gouverneur d’Orléans, père de la marquise de Verneuil. Il vivoit retiré dans sa terre de Malesherbes, où Henri IV l’avoit exilé après la découverte de sa conspiration avec l’Espagne. Il est étrange que Louis XIII pensionne un tel homme.

67. Fils du chancelier de France sous Henri III et sous Henri IV, auteur des Mémoires si célèbres.

68. Maréchal de France, gendre de M. de Lesdiguières.

69. Nous ne le trouvons nommé que dans les Contreveritez de la cour. V. notre t. 4, p. 343. C’étoit, à ce qu’il paroît, un grand fou.

70. Le même qui plus tard accompagna le duc de Guise dans son expédition de Naples, et fut l’un de ceux qui le servirent le mieux. V. Collect. Petitot, 2e série, t. 56, p. 181.

71. Il ne nous est connu que comme agent de Sully pour une mission qu’il lui donna à Moulins. V. Œconom. royales, édit. Petitot, t. 7, p. 407.

72. Gille de Souvray, marquis de Courtanvaulx, maréchal de France, gouverneur de Louis XIII. Il fut tué dans une affaire près d’Arras. V. Mém. de Monglat, Coll. Petitot, 2e série, t. 49, p. 276.

73. Il étoit en 1641 premier gentilhomme de la chambre et recevoit 6,000 livres.

74. Fils de Villeroy, l’un de ceux qui travaillèrent le plus à faire chasser Sully du ministère.

75. Antoine d’Aumont, fort jeune alors. Il devint maréchal de France sous Louis XIV.

76. Gouverneur d’Orléans. Sa femme recevoit encore en 1641 une pension de 6,000 livres.

77. Très brave officier, qui servoit comme mestre de camp au siége de Gravelines, en 1652, et y fut tué.

78. M. de Razilly étoit un voyageur revenu depuis 1613 des îles d’Amérique, d’où il avoit ramené toute une famille de sauvages, dont il est longuement parlé dans les lettres de Malherbe à Peiresc. V. p. 258, etc.

79. Le même que Saint-Amant appelle

Des bons escuyers la source.

Il tenoit a Paris une académie d’équitation. L’abbé Arnauld, qui travailloit à son académie en 1634, fait de lui les plus grands éloges. Cinq-Mars prit aussi de ses leçons, ainsi que le duc d’Enghien, « et, dit l’abbé, c’est, je crois, la plus forte preuve qu’on puisse donner de l’estime dans laquelle estoit cet excellent maistre ». (Mém. de l’abbé Arnauld, Collect. Petitot, 2e série, t. 34, p. 130, 134, 135.)

80. Il avoit été maréchal de camp sous Henri IV. C’est lui qui, lors de la panique de 1636, conseilla d’attaquer Corbie, jurant de le reprendre en quinze jours. On se trouva bien d’avoir suivi son conseil.

81. On le récompensoit là sans doute d’avoir été l’un des ennemis du maréchal d’Ancre et d’avoir failli être tué par ses bravi. V. Collect. Petitot, t. 21 bis, p. 236.

82. Le voyageur de Mout, qui découvrit pour nous, avec Champlain, les côtes de l’Acadie. V. sur lui t. 3, p. 165, note.

83. Le marquis d’Estissac, dont il est parlé dans les Mémoires de Mme de Motteville à propos de sa prise de possession de La Rochelle, ou il demeura fidèle au roi. C’est aussi lui qui chassa de Marennes les gens du comte de Dognon. V. Mém. de Monglat, Collect. Petitot, 2e série, t. 50, p. 395.

84. Il fut quelque temps l’un des premiers valets de chambre de la garde-robe ; mais, étant accusé de vouloir mettre de la mésintelligence entre le roi et sa mère, il fut contraint à se retirer.

85. En 1641, le sieur de Grammont, « fils naturel de M. le prince de Conti », n’est porté que pour 2,000 livres.

86. Sur l’état de 1641 le médecin Ribère ne se trouve plus, mais il y en a six autres à sa place : Bonnard, premier medecin du roy, pour 12,000 livres de gages ; Seguin, premier medecin de la reyne, pour 6,000 ; Guillemeau, medecin ordinaire du roy, pour 2,400 ; Citoye, medecin du roy (il étoit aussi, comme on sait, celui du cardinal de Richelieu), touchoit 2,000 livres « pour sa pention », et non pour ses gages ; enfin Le Teillier, médecin du roy, touchoit 1,200 livres. — Ce qui nous étonne, c’est de ne pas voir ici le nom d’Hérouard, qui devoit être pourtant, en 1621, attaché à la personne du roi, d’après ce que dit Tallemant (édit. in-12, t. 3, p. 62) : « J’oubliois que son médecin Hérouard a fait plusieurs volumes de tout ce que le roi a fait, qui commencent depuis l’heure de sa naissance jusqu’au siége de La Rochelle, où vous ne voyez rien, sinon à quelle heure il se réveilla, déjeuna, cracha, pissa, etc. » Ce singulier manuscrit a été indiqué par le P. Lelong dans sa Bibliothèque de la France, t. 2, nº 21,448. Il porte ce titre : La Ludovicotrophie, ou Journal de toutes les actions et de la santé de Louis, dauphin de France, qui fut ensuite le roi Louis XIII, depuis le moment de sa naissance jusqu’au 29 janvier 1628, par Jehan Hérouard, premier médecin du prince. Il paroîtroit qu’Amelot de la Houssaye avoit eu connoissance de ce journal, quand il écrivit, ne se trompant que sur le nom du médecin : « Bouvard, médecin de Louis XIII, lui fit prendre en un an 215 médecines et 212 lavements, et le fit saigner 47 fois. » (Mémoires historiques, t. 2, p. 193–194.) Ce Journal est aujourd’hui parmi les manuscrits de la bibliothèque de l’Arsenal, in-4, nº 184.

87. Ne seroit-ce pas Dubois, l’un des premiers valets de chambre du roi, de qui l’on a le Mémoire fidèle des choses qui se sont passées à la mort de Louis XIII, etc., publié d’abord à Amsterdam (Curiosités historiques, 1759, t. 2, p. 44), puis par MM. Michaud et Poujoulat, qui ne rappellent pas sa première publication dans leur nouvelle collection de Mémoires, 1re série, t. 11, p. 523.

88. Dans l’état de 1641, l’on ne retrouve plus ces trois derniers emplois, qui indiquent qu’en 1621 Louis XIII, qui n’avoit que 20 ans, apprenoit encore l’écriture, la paulme et les armes. On y trouve en revanche : Jacques Le Vasseur, trompette du roy, porté pour 400 livres ; Jacques Abraham, oiseleur et siffeur de linottes, pour 200 ; le petit fourbisseur, pour 600 ; Boccan, maître à danser de la reyne, pour 800, et le sieur Dupré, saulteur, pour la même somme. En 1659, d’après l’Estat général des officiers, domesticques et commensaux de Sa Majesté…, tiré des Mémoires de M. de Saintot, par le sieur de La Marinière, Paris, 1660, in-8, l’on apprend que le maître à danser du jeune roi (Louis XIV) recevoit 2,000 livres, son maître de dessin 1,500, tandis que celui qui lui montroit l’écriture n’en avoit que 300.

89. Il fut plus tard lieutenant-colonel du régiment des gardes et grand maréchal des logis. En 1641 il avoit cette dernière charge et recevoit 2,000 livres, plus 4,000 auxquelles il avoit droit « pour la pention qu’avoient ses prédécesseurs et qu’il avoit acheptée avec sa charge. » Le premier, selon Mme de Nemours, il démêla les bonnes qualités de Louis XIV. (Collect. Petitot, 2e série, t. 34, p. 305.)

90. C’est lui qui, au siége de Montpellier, en 1622, eut une querelle avec M. de Marillac pour une sentinelle de sa compagnie que celui-ci avoit frappée. V., à cette date, les Mémoires de Puységur.

91. Personne alors n’occupoit cette haute charge : Luynes se l’étoit réservée. C’est lui qui tenoit les sceaux et qui, par conséquent, touchoit aussi les appointements. Après sa mort, le président du Vair, dont le nom suit, fut fait chancelier, mais mourut lui-même après un très court exercice.

92. C’étoit Nicolas de Verdun. V. sur lui les Caquets de l’Accouchée, p. 143-144.

93. Jérôme de Hacqueville. Il fut premier président en 1637, après la mort de M. de Verdun, et mourut lui-même l’année suivante.

94. Le sieur de Villautrais, que sa fortune de partisan avoit porté au Conseil d’État. V. les Caquets de l’Accouchée, p. 165.

95. Meri de Vic, sieur d’Ermenonville, qui fut chancelier de France après du Vair, et mourut l’année qui suivit son entrée en charge.

96. Claude de Bullion, qui mourut en 1640 surintendant des finances.

97. Celui dont la femme fit tant parler et pour laquelle on composa la fameuse chanson des Feuillantines.

98. Fils de l’ancien premier président. Il devint lui-même procureur général, et mourut en 1671.

99. Le président Chevalier, dont il est parlé dans les Caquets de l’accouchée, p. 27.

100. Au lieu de Durier, ne faut-il pas lire Duret, sieur de Chevry ? Il avoit été secrétaire de Sully et étoit devenu président de la chambre des comptes. V. t. 2, p. 139, et t. 5, p. 156.

101. Il n’étoit que conseiller au Parlement sous Henri IV. L’on a de lui de très curieux Mémoires mss. qui se trouvent à la Bibliothèque impériale, nº 9821-3.

102. Fameux trésorier de l’épargne. V. Tallemant, édit. in-12, t. 8, p. 116, et notre édit. des Caquets de l’Accouchée, p. 39, note.

103. Paul Phelypeaux de Pontchartrain. Il mourut cette même année 1621.

104. Remi Phelypeaux d’Herbault, mort en 1629.

105. C’étoit alors Nicolas de Bellièvre, qui mourut en 1650.

106. Louis Servin, mort en 1626.

107. Cardin Le Bret, mort en 1654.

108. Le comte de Sault. Il figure en 1641 parmi les premiers gentilshommes de la chambre, et reçoit en cette qualité 6,000 livres.

109. Lisez Antoine de Loménie, qui fut en effet secrétaire d’État jusqu’en 1638, année de sa mort.

110. Elle faisoit beaucoup parler d’elle alors à cause de son commerce avec M. de Bellegarde. V. t. 5, p. 155.

111. C’est la même qui, en 1631, prit parti avec la princesse de Conti et le duc d’Orléans contre le cardinal et fut exilée.

112. Henriette d’Entragues, dont les amours avec Henri IV sont si connus. Elle mourut en 1633. Il est curieux de voir ici le fils pensionner la maîtresse de son père.

113. Encore une maîtresse de Henri IV pensionnée par son fils. C’est Jacqueline de Beuil, comtesse de Moret, qui eut du roi, en 1607, ce comte de Moret tué à la bataille de Castelnaudary, en 1632.

114. Charlotte des Essars, comtesse de Romorantin. C’est encore une des maîtresses de Henri IV, qui en eut deux filles, l’abbesse de Fontevrault et l’abbesse de Chelles. Elle mourut en 1651, femme du maréchal de l’Hospital. Nous ne la trouvons pas sur l’État de 1641, mais nous y trouvons sa fille, l’abbesse de Fontevrault, pour 3,600.

115. En 1641 nous ne trouvons qu’une demoiselle de Rohan, portée pour 6,000 livres.

116. Auparavant marquise de Créqui, et mère du maréchal de ce nom. Le comte de Sault, dont il a été parlé plus haut, étoit son fils d’un second lit. Bullion avoit été son amant et lui devoit sa faveur. V. Tallem., édit. in-12, t. 3, p. 5–6.

117. Diane d’Estrées, sœur de Gabrielle et seconde femme de Jean de Montluc, sieur de Balagny, maréchal de France. Elle avoit une détestable réputation et la méritoit. V. t. 5, p. 155.

118. Henri IV l’avoit aimée sans succès. Il l’attacha à la personne de Marie de Médicis lors de son mariage avec cette princesse. C’est l’une des rares honnêtes femmes que nous trouvons dans cette liste de dames ayant pension de Louis XIII, dit le chaste.

119. En 1641, c’est la nourrice du dauphin qui touche une pension, mais de beaucoup moins forte : « À la demoiselle de la Giraudière, première nourrice de M. le Dauphin…, 1,200 livres. »

120. C’est la folle en titre d’office dont nous avons déjà si souvent parlé. V. notamment Caquets de l’Accouchée, p. 168, 261. Ogier, dans son Apologie pour Balzac, p. 100, parle de Mathurine comme d’une folle à gages. Ce livre parut en 1627, et Ogier dit qu’elle étoit morte alors.

121. Même note pour maître Guillaume, qui se trouvoit être le fou de Louis XIII comme il avoit été celui de Henri IV. V. pour lui les Caquets de l’Accouchée, p. 263, etc. Dans le Lunatique à maître Guillaume, l’une des nombreuses pièces qui furent faites sous le nom de ce fol ou à son sujet, il est parlé de sa pension, ainsi que de celle de Mathurine : « Tu fais bien de ne pas aimer les réformés, dit l’auteur à maître Guillaume… car s’ils étoient crus… on retrancheroit les fols et les bouffons… Eh ! pauvre Mathurine, pauvre Angoulevant, pauvre maître Guillaume, et tous tant que vous êtes de fous à chaperon et sans chaperon, ou seroient désormais vos pensions ? »

122. Les gouverneurs des fous de cour étoient eux-mêmes des bouffons, témoins ceux qu’on avoit donnés pour maîtres à Thoni, fou de Henri II et de Charles IX : l’un s’appeloit Gui, l’autre La Farce. Il est parlé de celui-ci, dont nous ne venons, bien entendu, de dire que le surnom, dans une pièce qui se trouvoit parmi les archives de M. le baron de Joursanvault, et que le Catalogue (1re partie, p. 64, nº 447) analyse ainsi : « Louis de la Proue, dit La Farce, gouverneur de Thouyn (c’est le vrai nom de Toni), fou du roy, va avec ledit Thouyn trouver le duc de Lorraine de la part du roi. » (1560.)