Sermon XV. Beauté de l'église dans le mélange des bons et des méchants.

Œuvres complètes de Saint Augustin (éd. Raulx, 1864)


SERMON XV. BEAUTÉ DE L’ÉGLISE DANS LE MÉLANGE DES BONS ET DES, MÉCHANTS[1]. modifier

ANALYSE. – La beauté de la maison de Dieu n’est rien autre chose que la splendeur des vertus qui brillent au sein des fidèles. Mais dans l’Église les méchants sont mêlés aux bons, les vases d’ignominie aux vases d’honneur : n’est-ce pas la laideur au lieu de la beauté ? – Non, car 1° il est certain que Dieu fait bon usage des méchants, comme les méchants font mauvais usage de ce qui est bon ; 2°

Dieu emploie les méchants à purifier les bons qui les supportent, comme l’orfèvre emploie la paille et le feu à épurer l’or dans le creuset. Si les méchants sont en grand nombre, c’est pour mieux purifier les bons qui doivent s’attacher à supporter surtout les mauvais chrétiens, sans croire toutefois qu’il n’y en ait pas ou qui il y en ait trop peu de bons. 3° Les méchants servent encore d’une autre manière à purifier les bons ; c’est quand ceux-ci prient pour eux. Si ce devoir est d’un accomplissement difficile, se peut-il rien de plus encourageant que la récompense promise ? – Profite donc de l’épreuve des méchants sans te scandaliser de leur grand nombre ; vois comme il est beau de prier pour eux, et sois sûr qu’en te conformant à ces desseins de Dieu qui te met sous le pressoir, tu seras recueilli comme la bonne huile, tandis que les méchants seront rejetés comme l’écume.
1. Nous aimons la beauté de la maison de Dieu et la demeure où habite sa gloire, si nous-mêmes sommes aussi cette demeure. Et quelle est la beauté de la maison de Dieu et la demeure où habite sa gloire, sinon ce temple sacré dont l’Apôtre dit : « Le temple de Dieu est saint, et c’est vous qui ôtes ce temple[2] ? » Notre œil est agréablement flatté lorsque dans les édifices élevés par la main des hommes il voit l’élégance unie à la magnificence : ainsi la maison de Dieu est belle et sa demeure pleine de gloire, lorsque les cœurs des fidèles, comme des pierres vivantes, sont unis entre eux par le lien de la charité. Apprenez ainsi ce que vous devez aimer, afin de pouvoir l’aimer. Aimer la beauté de la maison de Dieu, c’est sans aucun doute aimer l’Église : non pas les murailles et les toitures élevées par des ouvriers, non pas les marbres polis et les lambris dorés ; mais, les hommes fidèles et saints, qui aiment Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit, et le prochain comme eux-mêmes.
2. Mais en ce qui concerne la communion, la participation aux Sacrements, on voit dans le peuple chrétien « un nombre au-dessus du nombre[3]. » Autre chose est donc le nombre, autre chose ce qui est au-dessus du nombre. Le nombre ce sont ceux dont l’Apôtre dit : « Le Seigneur tonnait ceux qui sont à lui. » Au-dessus du nombre, ceux dont il parle ainsi : « Car dans une grande maison il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre ; et les uns sont pour l’ornement, les autres pour l’ignominie [4]. » Ainsi les vases d’honneur sont le nombre ; au-dessus du nombre, les vases d’ignominie : et en face de ces deux sortes de vases, qui peut douter parmi lesquels est la beauté de la maison de Dieu ? Si donc, pour mettre d’accord ta conduite avec ce que tu viens de chanter, tu veux aimer la beauté de la maison de Dieu et la demeure où habite sa gloire ; cherche les vases d’honneur. Mais ne dis pas : J’en ai cherché sans en trouver. Si en cherchant tu n’as point trouvé, c’est que tu n’étais pas ce que tu cherchais. Les semblables s’unissent et les opposés se fuient. Si tu es un vase d’ignominie, sans aucun doute il te sera difficile même de voir le vase d’honneur. Ignores-tu ce que l’on a dit de quelqu’un : « Sa vue-même nous est à charge [5] ? » Comment te serait-il facile de découvrir ce qu’il t’est si difficile de voir ? Ces vases sont placés à l’intérieur, et pour connaître un juste il ne suffit pas de l’apercevoir. Le juste et l’injuste frappent également les yeux ; tous deux sont hommes, mais ils ne sont pas tous deux la maison de Dieu ; et si chacun d’eux porte le nom de chrétien, ils sont vases l’un et l’autre, non pas également vases d’honneur ; si l’un est vase d’honneur, l’autre est vase d’ignominie.
3. Faut-il, à cause de ces vases d’ignominie, abandonner la grande maison ? Le Seigneur, le Maître de cette grande maison, sait faire usage des vases d’honneur et des vases d’ignominie. Comme les méchants usent mal de ce qui est bien, ainsi Dieu use bien de ce qui est mal. Et quand les méchants n’usent-ils pas du bien, puisque toute créature de Dieu est bonne[6] ? Mais comment en usent-ils mal ? comme le leur reproche l’Écriture lorsqu’elle dit : « Vous demandez et vous ne recevez pas, car vous demandez mal, pour satisfaire vos convoitises ». Quel nom ont reçu ceux qui usent mal des dons de Dieu ? Poursuivez, le voici« Adultères. » Pourquoi adultères ? – « Ne savez-vous pas que l’ami de ce monde se déclare l’ennemi de Dieu [7][8] ? » Il est des âmes adultères, il en est de prostituées : examinons. Les âmes prostituées se sont abandonnées d’une certaine sorte à plusieurs faux dieux. Les adultères sont comme unies à un légitime époux, mais elles ne gardent point la chasteté qu’elles lui doivent. Pour parler plus explicitement, l’âme d’un païen est prostituée ; celle d’un mauvais chrétien, adultère. L’âme du païen est prostituée, elle n’a point de légitime mari, elle se corrompt en s’abandonnant à plusieurs démons. Comment l’âme du mauvais chrétien est-elle adultère ? Parce que, sans abandonner son époux, elle n’aime point la chasteté. Ne dis donc pas : Pourquoi les méchants sont-ils dans la maison de Dieu ? On te répond : Ce sont des vases d’ignominie ; Dieu sait en faire usage ; il ne se trompe pas en les créant ; s’il a pu les créer, il sait les mettre à leur place ; ils ont leur place dans sa grande – maison. Si de plus tu me demandes comblent Dieu en use bien, je l’avoue, je suis homme et je ne puis expliquer le dessein de Dieu. Je sais m’effrayer avec l’Apôtre Paul, car en considérant le même sujet il fut saisi d’effroi et s’écria dans son effroi : « O profondeur des richesses de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont incompréhensibles et ses voies impénétrables ! Car qui a connu la pensée du Seigneur, où qui a été son conseiller ? Ou qui le premier lui a donné et sera rétribué ? Puisque c’est de lui et par lui et en lui que sont toutes choses ; à lui la gloire dans les siècles des siècles (2). » À nous la contemplation, l’étonnement, l’effroi, le cri de surprise ; parce que nous ne pouvons pénétrer le mystère. Mais à Dieu ? « Gloire dans les siècles. » Soit du côté des vases d’honneur, soit du côté des vases d’ignominie, « Gloire à lui dans les siècles des siècles. » Il couronne les uns, condamné les autres, ne se trompe jamais ; il éprouve ceux-ci, les éprouve par ceux-là et met chacun à sa place.
4. Que font, dis-tu, les méchants dans ce monde ? Réponds-moi : Que fait la paille au fourneau de l’orfèvre ? La paille n’est as inutilement, je crois, dans ce fourneau où s’épure l’or. Voyons tout ce qu’il y a là. Il y a le fourneau, il y a la paille, il y a l’or, il y a le feu, il y a l’orfèvre. Mais l’or, la paille et le feu sont dans le fourneau, l’orfèvre en est près. Considère maintenant cet univers : le monde, c’est le fourneau ; les méchants sont la paille ; les bons sont l’or ; les tribulations sont le feu ; l’orfèvre c’est Dieu. Considère encore : L’or ne s’épure point si la paille ne brûle.N'est-il point parlé de l’or dans ce même psaume où nous aimons la beauté de la maison de Dieu et la demeure où habite sa gloire ? Le voilà ; écoute ce qu’il dit : « Épurez-moi, Seigneur, et tentez-moi : brûlez-moi les reins et le cœur. » —Épurez-moi, dit l’or, et tentez-moi. Quoi ? il devrait redouter la tentation, et il l’appelle ? Épurez-moi, Seigneur, et tentez-moi. Vois s’il ne cherche pas le feu ? Épurez-moi, et tentez-moi, brûlez-moi les reins et le cœur. Ne crains-tu pas d’être consumé par le feu ? Non, répond-il. Pourquoi ? « Parce que votre miséricorde est devant mes yeux [9]. » Et voilà pourquoi je dis en toute sûreté : « Épurez-moi, Seigneur, et tentez-moi, « brûlez-moi les reins et le cœur ; » non que je sois capable de soutenir par mes propres forces le feu de la tentation, mais « c’est que j’ai devant les yeux votre miséricorde. » Ah ! vous m’avez donné la grâce de l’épreuve, et vous ne me laisserez pas périr dans le fourneau. Vous m’y jetez pour m’épurer, vous m’en retirerez quand je serai épuré. «Que le Seigneur te garde à ton entrée et à ta sortie [10]. » Vois l’entrée dans la fournaise, vois la sortie. « Considérez comme sujet d’une joie complète, mes frères, lorsque vous tombez en diverses tentations[11]. » Voilà l’entrée dans la fournaise cherche comment on en sort. Il est facile d’y entrer ; l’important est d’en sortir. Mais ne crains rien : « Dieu est fidèle. » Tu étais entré et tu songeais à sortir. « Dieu est fidèle, il ne permet pas que vous soyez tentés au-dessus de vos forces ; mais il vous fera sortir de la tentation. Pourquoi en sortir ? Afin que vous puissiez persévérer[12]. » Tu es entré, tu es tombé ; tu as persévéré et tu es sorti.
5. Plus sont nombreux les méchants, plus sont nombreux les moyens de purifier les bons. Les bons sont mêlés et cachés dans la multitude des méchants, mais « Dieu connaît ceux qui sont à lui. » Sous la main d’un aussi puissant ouvrier, une parcelle d’or ne peut jamais se perdre au milieu des monceaux de paille. Combien de paille et combien peu d’or ! Toutefois ne crains rien : l’ouvrier est si habile qu’il peut épurer sans rien perdre. Contemple le bienheureux Apôtre : C’est l’or dans le creuset de ce monde ; comme il est éprouvé au milieu des dangers ! Nous arrivons ainsi aux vases d’ignominie qui sont dans la grande maison, et dont le Seigneur sait faire bon usage. Que disait donc cet Apôtre au milieu des épreuves de tant de dangers ? « Périls sur mer, périls dans le désert, périls du côté de ma race, périls du côté des gentils. » Tous ces périls sont du dehors. En voici du dedans : «Périls de la part des faux frères [13] . » Je m’adresse donc à l’or divin, je m’adresse aux vases d’honneur, je m’adresse aux grains que l’on foule sur l’aire au milieu de la paille ; et qui que tu sois qui écoutes, non pas moi, mais Celui qui parle par moi, je te dis : Sois bon, souffre le méchant. Ne me demande pas : Qui est bon ? Qu plutôt je veux que tu me le demandes ; car si bon que tu sois, tu ne seras jamais exempt de tout mal ; ce qui fait dire avec une suprême raison. « Nul n’est bon que Dieu seul[14]. » Celui donc qui est bon de cette manière, c’est le Dieu qui fait tout ce qui est bon. Ainsi l’auteur de ce qui est bon, Dieu seul est bon : mais comment serait-il l’auteur de ce qui est bon, si nul ne l’était parmi les hommes ? L’homme est donc bon à un degré très-inférieur, qui pourtant le rapproche de Dieu ; et s’il ne l’était, le Seigneur ne dirait pas : « L’homme bon tire le bien du bon trésor de son cœur[15]. »
6. Sois donc bon et supporte le méchant. Sois bon simplement et supporte doublement le méchant. Bon à l’intérieur ; si tu ne l’es à l’intérieur, tu ne le seras point. Sois bon à l’intérieur ; mais supporte le méchant et au-dehors et au dedans. Au-dehors supporte l’hérétique, supporte le païen, supporte le juif ; au dedans supporte le mauvais chrétien : car les ennemis de l’homme sont « les gens de sa propre maison[16]. » Tu te fâches, tu t’indignes de souffrir près de toi beaucoup de méchants qui t’importunent, comme si le moment de vanner était déjà venu. Mais tu es sous le fléau, tu es encore sous le fléau, on foule encore Paire ; on y rassemble même encore les grains et les gerbes, puisque les gentils arrivent à la foi. T’imagines-tu que tu sois le seul froment sur l’aire ? Tu te trompes. Gémis sur l’aire pour être en joie dans les greniers. Les mauvais chrétiens font beaucoup de fautes. Les étrangers qui ne veulent pas devenir chrétiens y trouvent des occasions de s’excuser ; et quand on les exhorte à croire, ils répondent : Veux-tu que je ressemble à, un tel et un tel ? Ils les nomment. Il dit vrai quelquefois ; mais s’il ne peut trouver rien de véritable, est-il embarrassé d’inventer ? Or en ne craignant pas d’inventer, il inspire à un autre des soupçons contre ce qu’il ne voit pas. Et toi, parce que tu entends ces hommes parler ainsi et parce que tu connais peut-être de tes frères qui sont mauvais, tu dis en toi-même. Il a raison. « Périls de la part des faux frères. » Mais ne te décourage point ; sois ce que cherche ce païen ; sois bon chrétien et tu le convaincras de calomnie.
7. En voici un qui calomnie réellement ; il dit des bons du mal inventé et souvent on le croit. Que fait l’or ? de tous côtés c’est la paille et le feu. Rejette tes scories, non la foi ; sois plus pur, que l’épreuve même te le rende davantage : que ce calomniateur serve à enlever ce qui te souille, non à consumer ton or. Si tu succombes, tu te perds au milieu de la paille, et si tu te perds an milieu de la paille, tu n’étais pas de l’or, tu feignais d’en être. « Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui [17]. » Quant à ces méchants dont tu rougis lorsque tu es au milieu des méchants de dehors, souviens-toi que, dans la grande maison où tu résides, ils ne sont pas des vases d’honneur, mais des vases d’ignominie. L’Apôtre te l’a appris. Suis maintenant la direction de Dieu même. S’il n’existait pas des méchants pour qui nous devons prier, nous dirait-on : « Priez pour vos ennemis ? »
Voudrions-nous donc avoir pour ennemis les bons ? Est-ce possible ? Tu n’auras point le bon pour ennemi, si tu n’es mauvais : et si tu es bon, tu n’auras pour ennemi que le méchant. « Priez pour vos ennemis ; » donc, ô bons, priez pour les méchants. Rentre en ton cœur, ô toi qui te purifies dans ce creuset. Si tu as pu dire : « Éprouvez-moi, Seigneur, et tentez-moi ; brûlez-moi les reins et le cœur, car j’ai devant les yens votre miséricorde ; » rentre donc en ton cœur. Tu dépends de Dieu, tu vas le prier : tu rencontres qui t’a blessé ; tu rencontres qui t’a opprimé ; tu rencontres qui t’a dépouillé ; tu rencontres qui t’a mis en prison ; allons ! rentre en ton cœur, considère ton Seigneur. D’un côté, ton ennemi méchant ; de l’autre, ton Seigneur bon. Ton méchant ennemi te fait du mal, prie pour ton ennemi, te dit ton Seigneur qui est bon. Placé entre ton ennemi méchant et ton bon Seigneur, que feras-tu ? Prieras-tu contre l’un, ou obéiras-tu à l’autre ?
8. Ton Seigneur te commande de prier pour cet ennemi pervers : que feras-tu ? L’ordre vient du Seigneur, l’ordre est sévère, mais grande est la récompense promise. Quel est l’ordre sévère : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent. » Voilà qui est difficile. Mais « à cause des paroles sorties de votre bouche, j’ai marché par de difficiles voies [18]. » Et comment aurais-tu la force de marcher par de difficiles voies, si sa miséricorde n’était devant tes yeux ? Voilà l’ordre sévère, difficile ; considère main, tenant la récompense promise.« Priez pour ceux qui vous persécutent, afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux[19]. » S’il te disait : Prie pour ton ennemi, afin que tu sois l’enfant de ton père, afin que ce père charnel ne te déshérite pas, car il veut te laisser ce qu’il ne peut emporter ; tu craindrais et tu obéirais. Pour cet ordre sévère on te permet d’être le fils du Très-haut. Songe à ton Père, pense à son héritage. Dis donc, commence à prier pour ce grand ennemi, qui t’a fait tant de mal, qui t’a causé tant de chagrins ; commence à prier pour lui et surveille les résistances de ton cœur. Quand tu le veux, quand il te plaît de te soumettre, quand tu en éprouves intérieurement de la joie, quand tu obéis à ton Sauveur et que tu pries pour ton ennemi, c’est l’or. Au contraire, quand après avoir commencé à prier, tu commences à sentir les résistances de la faiblesse charnelle, ce sont les scories dont Dieu veut te purifier dans le creuset.
9. Exerce-toi donc au milieu des méchants, ô homme de bien, si néanmoins tu l’es, non de ton propre fonds, puisque tu as fait le mal, mais par la grâce de Celui qui ne le fait jamais ; exerce-toi au milieu des méchants. Ne me dis pas S’il était nécessaire qu’il y eût des méchants pour nous exercer, que ne sont-ils au moins en petit nombre et pourquoi les bons ne sont-ils pas les plus nombreux ? Ne vois-tu pas que s’ils étaient en petit nombre, ils n’attaqueraient pas les bons ? Considère donc, homme clairvoyant, que si les bons étaient en grand nombre et les méchants en petit nombre, ce petit nombre de méchants n’oserait attaquer le grand nombre des bons. S’ils n’osaient, ils ne les exerceraient pas. Mais aujourd’hui que les méchants sont en grand nombre, le petit nombre des bons se fatiguent au milieu d’eux ; s’ils se fatiguent, ils suent, et s’ils suent, c’est l’or qui s’épure. Sers donc à embellir la maison de Dieu. La faiblesse humaine t’a résisté intérieurement ; prie pour obtenir la victoire : que Dieu te vienne en aide, que Celui qui commande t’aide à obéir. Mais tu as triomphé de ta faiblesse ; tu as repris courage, tu as reçu la grâce de prier pour ton ennemi. Vois quel bien en résulte ; compare. Il cherche des moyens de t’attaquer ; tu répands pour lui des prières. S’il te nuit, c’est ouvertement : quand tu pries pour lui, tu as Dieu pour témoin ; mais il ne le croit pas, parce qu’il ne sonde pas ton cœur. Quand donc il te manque ouvertement au moment même où en secret tu pries pour lui, vois si sous ce pressoir, car l’Église est comparée aussi à un pressoir, cet ennemi n’est pas l’écume qui se répand en public. L’écume se répand en public ; l’huile trouve des voies secrètes pour se rendre dans la coupe ; et quoiqu’elle coule secrètement on la voit réunie en grande quantité. O mes frères, combien est-il d’hommes qui dans cette tourmente universelle, au milieu de la malice du monde, et dans cette effroyable quantité de maux, se sont recueillis et convertis au Seigneur, ont dit adieu au monde et ont tout-à-coup commencé à distribuer leurs biens aux pauvres, après avoir peu auparavant dérobé le bien d’autrui ! Si l’on voit en public beaucoup de ravisseurs, d’envahisseurs et de spoliateurs, c’est l’écume qui se répand dans les rués. Quant aux bons, l’un est ici, l’autre est là, mais ils sont unis de cœur ; ils rougiraient de continuer à faire le mal, ils demandent les avis de Dieu, ils se rient des espérances du siècle, attendant celles du ciel, ils changent et d’affections et de mœurs : c’est l’huile de la sainteté sous le pressoir, c’est le vase d’honneur dans la grande maison, c’est l’or dans le creuset, c’est le grain dans le grenier, c’est la beauté de la maison de Dieu.

  1. Ps. 25, 8
  2. 1 Cor. 3, 17
  3. Ps. 39, 6
  4. 2 Tim. 2, 19, 20
  5. Sag. 2, 15
  6. 1 Tim. 4, 4
  7. Jac. 4, 3-4
  8. Rom. 11, 33-36
  9. Ps. 25, 2,3
  10. Ps. 120, 8
  11. Jac. 1, 2
  12. 1 Cor. 10, 13
  13. 2 Cor. 11, 26
  14. Lc. 18, 19
  15. Id. 6, 4, 5
  16. Mic. 7, 6
  17. 2 Tim. 2, 19
  18. Ps. 16, 4
  19. Mt. 5, 44-45