Sermon XIX. Sur la pénitence.
SERMON XIX. SUR LA PÉNITENCE[1]. Prononcé à Carthage, dans la grande basilique, un jour de jeux publics.
modifierANALYSE. – Ce discours, où Saint Augustin fait entrer deux psaumes presque tout entiers, ou au moins les passages dominants de chacun deux, se rapporte uniquement à la pénitence et se divise en deux parties : savoir, la nécessité et la nature de la pénitence. – I. Il est nécessaire, à l’exemple de David, de déplorer constamment ses péchés propres, plutôt que de censurer les péchés d’autrui : car 1°, cette pénitence est le moyen de désarmer la divine justice ; 2° elle est le sacrifice demandé par Dieu dans le nouveau Testament. – II. La nature de la pénitence consiste 1° à repousser en nous tout ce qui en nous déplaît à Dieu ; 2° à ne pas convoiter les biens temporels comme récompense de nos efforts, car ces biens sont distribués indifféremment aux bons et aux méchants, mais à poursuivre l’acquisition des biens éternels. – Hâtons-nous de faire pénitence. Nous sommes aujourd’hui sous le pressoir de la justice et de la miséricorde.
1. Nous avons en chantant prié le Seigneur de détourner sa face de nos péchés et d’effacer tous nos crimes. Cependant, mes frères, vous pouvez remarquer que dans ce psaume nous avons entendu ces paroles : « Car je reconnais mon iniquité, mon péché est toujours devant moi », et qu’ailleurs nous disons à Dieu : « Ne détournez pas de moi votre face [2] ; » après lui avoir dit ici : « Détournez votre face de mes péchés. » C’est que l’homme et le pécheur ne formant qu’une personne, l’homme dit : « Ne détournez pas de « moi votre face ; » et le pécheur : « Détournez votre face de mes péchés.. » Ce qui signifie Ne détournez pas votre face de celui que vous avez fait ; détournez-la de ce que j’ai fait. Que votre œil distingue l’un et l’autre, et que le vice ne fasse point périr la nature. Vous avez fait quelque chose : quelque chose aussi j’ai fait. Ce que vous avez fait s’appelle nature ; on donne à ce que j’ai fait le nom de vice. Ah ! guérissez le vice pour sauver la nature !
2. « Je reconnais mon péché », dit encore le pénitent. Si je le reconnais, ne le reconnaissez plus. Vivons saintement, et gardons-nous, en vivant ainsi, de présumer que nous sommes sans péché : si on loue notre vie, ne cessons de demander, grâce. Moins les hommes perdus s’occupent de leurs propres péchés, plus leur curiosité recherche les péchés d’autrui. Ils cherchent non à corriger mais à mordre ; et dans l’impuissance de se justifier ils sont toujours prêts à accuser les autres. Tel n’est point le modèle qui nous est ici proposé pour la prière et pour la pénitence. « Car je reconnais mon iniquité et mon péché est toujours devant moi », est-il dit. Ce Roi repentant ne s’occupait point des péchés d’autrui ; il se recueillait non pour se voir superficiellement, mais pour se pénétrer et descendre au fond de lui-même. Il ne s’épargnait pas ; aussi pouvait-il sans, témérité demander d’être épargné. En effet, mes frères, le péché ne – peut rester impuni, ce serait une injustice : indubitablement donc il sera puni. Il le sera par toi ou par moi, dit le Seigneur ton Dieu : c’est-à-dire que le péché sera châtié ou par le repentir de l’homme ou par le jugement de Dieu : par le coupable s’exemptant ainsi, ou par Dieu, frappant en même temps le coupable. Qu’est-ce en effet que la pénitence, sinon la colère de l’homme contre lui-même ? Se fâcher c’est s’irriter coutre soi : n’est-ce pas pour ce motif qu’on se frappe la poitrine, si toutefois on le fait sincèrement ? Et pourquoi te frapper si tu n’es pas courroucé ? En te frappant la poitrine tu t’indignes donc contre ton propre cœur et tu exiges qu’il fasse réparation à ton Seigneur. On peut entendre aussi de cette manière ces expressions : « Entez en colère et gardez-vous de pécher[3]. » Entre en colère parce que tu as péché, etc.en te punissant ne pèche plus. Ranime ton cœur par le repentir, et ce sera un sacrifice offert à Dieu.
3. Veux-tu te réconcilier avec Dieu ? Examine comment tu dois te traiter afin que Dieu se réconcilie avec toi. Remarque ce qui est dit dans le psaume : « Si vous aviez voulu un sacrifice, je vous l’aurais offert ; mais les holocaustes ne vous sont point agréables. ». – Seras-tu donc sans sacrifice ? N’auras-tu rien à offrir, ne pourras-tu apaiser Dieu par aucune oblation ? Qu’as-tu dit par ces paroles : « Si vous aviez voulu un sacrifice, je vous l’aurais offert ; mais les holocaustes ne vous sont point agréables ? » – Continue à lire, écoute et dis avec moi : « Le sacrifice que Dieu demande est une âme brisée de douleur ; Dieu ne méprise point un cœur contrit et humilié [4]. » Après avoir rejeté ce que tu offrais d’abord, tu as trouvé mieux à offrir. Sous nos ancêtres tu offrais des victimes animales et on nommait sacrifices ces offrandes. « Si vous aviez voulu un sacrifice, je vous l’aurais offert. » Vous ne cherchez donc pas cette sorte de victimes, toutefois vous demandez un sacrifice. Puisque je n’offre plus ce que j’offrais, qu’offrirai-je ? demande votre peuple. Toujours renouvelé par les décès et les naissances, c’est toujours le même peuple. Les sacrements sont changés, la foi ne l’est pas : les signes le sont, ce qu’ils exprimaient ne l’est pas. Le Christ était figuré parle bélier, il l’était par l’agneau, il l’était par le jeune taureau, il l’était parle bouc : le Christ était tout. Il était figuré par le bélier parce qu’il conduit le troupeau. Ce bélier fut rencontré dans les buissons lorsque Abraham reçut l’ordre d’épargner son fils et néanmoins de ne pas quitter la montagne sans avoir offert un sacrifice. Ainsi Isaac figurait le Christ, le bélier le figurait aussi. Isaac porta le bois où il devait se consommer, et le Christ portait la croix où il devait mourir. À Isaac fut substitué un bélier, mais au Christ ne fut pas substitué un autre Christ ; et Isaac fut remplacé par le bélier et par le Christ. Le bélier se trouvait arrêté par les cornes dans un buisson[5]. Demande aux Juifs de quoi ils ont formé la couronne du Seigneur. – Le Christ était aussi figuré par l’agneau : « Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui qui efface les péchés du monde[6]. » ; par le jeune taureau : contemple comme les cornes de la croix ; par le bouc, pour avoir pris la ressemblante d’une chair de péché. Tout cela demeura voilé jusqu’au lever du jour et l’éloignement des ombres[7]. Ainsi les anciens justes croyaient au même Seigneur Jésus-Christ, non-seulement en tant qu’il est Verbe de Dieu, mais aussi en tant qu’il est homme, « médiateur entre Dieu et les hommes [8]. » Et ils nous ont transmis cette foi par la parole et la prophétie. Ce qui a fait dire à l’Apôtre : « Ayant le même esprit de foi, « comme il est écrit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ; » ayant donc le même esprit qu’ont eu ceux qui ont écrit : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ; – ayant donc le même esprit de foi » qui a fait écrire aux anciens : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé; nous aussi nous croyons, et c’est aussi pourquoi nous parlons[9]. » Ainsi donc quand le prophète David s’écriait « Car si vous aviez voulu un sacrifice je vous l’aurais offert, mais les holocaustes ne vous sont point agréables », on offrait à Dieu ce sacrifice qu’on ne lui présente plus aujourd’hui ; son chant était une prophétie ; il dédaignait le présent et prévoyait l’avenir. « Les holocaustes, dit-il, ne vous sont point agréables. » S’ensuit-il que l’on cessera de vous présenter des sacrifices ? Nullement. « Le sacrifice que Dieu demande est une âme brisée de douleur ; vous ne méprisez point, mon Dieu, un cœur contrit et humilié. » Voilà de quoi offrir. Ne cherche point dans ton troupeau ; ne prépare point des vaisseaux, ne cours pas aux provinces éloignées pour en rapporter des parfums : cherche dans ton cœur ce qui est agréable à Dieu. Il faut briser ton cœur. Craindrais-tu de le faire périr en le brisant ? Mais ne lis-tu pas aussi : « Créez en moi un cœur pur, ô mon Dieu ? » Pour créer ce cœur pur il faut briser l’impur.
4. Déplaisons-nous à nous-mêmes quand nous péchons, parce que nos péchés déplaisent à Dieu. Puisque nous ne sommes point sans péché, ayons au moins avec Dieu cette ressemblance de n’aimer pas ce qu’il déteste. En réprouvant en toi ce qu’y réprouve ton Créateur, tu seras uni de quelque manière à sa volonté. Dieu est l’artiste qui t’a fait ; mais considère-toi attentivement et bannis ce qui ne vient pas de lui. Il est dit dans l’Écriture : « Dieu « a créé l’homme droit[10] ; » et encore : « Que le Dieu d’Israël est bon pour qui a le cœur droit[11]. » Si donc tu as le cœur droit, rien ne te déplaira en Dieu, pour toi il sera bon et tu le béniras. Tu le béniras de tout, de ses bienfaits et de ses châtiments. Avant de dire : « Que le Dieu d’Israël est bon à ceux qui ont le cœur droit ! » cet ancien s’était examiné avec soin. Il n’avait pas toujours eu le cœur droit et il avait trouvé du désordre en Dieu. Ensuite il changea de sentiment et reconnut qu’il n’y avait en Dieu aucun mal, mais que lui-même manquait de droiture. Se rappelant alors ses jours d’égarement et le moment actuel où il en revenait, il s’écria. « Que le Dieu d’Israël est bon ! » Mais pour qui ? « Pour ceux qui ont le cœur droit. » Pourquoi ce langage ? « C’est que les pieds m’ont presque manqué, mes pas ont glissé ; » c’est-à-dire j’ai failli tomber. Pourquoi ? « Parce que je me suis indigné contre les pécheurs en voyant la paix des impies. » En nous disant pourquoi ses pieds ont chancelé et pourquoi ses pas ont glissé, ne nous avertit-il pas de prendre garde nous-mêmes ? Il ignorait que dans l’ancien Testament étaient les figures de l’avenir et il attendait de Dieu la félicité de cette vie, cherchant sur la terre ce que Dieu lui réservait dans le ciel. Ici même il voulait être heureux quoique le bonheur ne soit pas ici. Le bonheur est une grande et belle chose, mais il a sa patrie. Le Christ est venu de cette patrie du bonheur qu’il n’a point trouvé parmi nous. Il a été tourné en dérision, censuré, enchaîné, flagellé, garrotté, indignement conspué, couronné d’épines ; le Seigneur enfin s’est échappé par la mort. Il est écrit dans un psaume (oui, oui, dirent ici ceux qui le savaient) : « Et le Seigneur a fini par mourir [12]. » Quoi ! serviteur, tu cherches ici la félicité, quand ton Seigneur a fini par y mourir ? Cet homme, dont j’ai commencé de parler, cherchait donc le bonheur dans un pays où il est étranger, et pour l’obtenir en cette vie il s’attachait à Dieu, le servait et accomplissait ses commandements selon la mesure de ses forces. Or cette félicité ou ce qu’il croyait la félicité qu’il demandait à Dieu, et pour laquelle il le servait, il la vit à ceux qui ne servaient point Dieu, qui adoraient les démons et blasphémaient le Dieu véritable. Il la vit et se troubla comme s’il avait perdu le fruit de son labeur. Voilà ce qu’il envia aux pécheurs en considérant la paix dont ils jouissaient. Lui-même ne dit-il pas : « Voilà que ces impies, ces heureux du siècle ont multiplié leurs richesses ? Est-ce donc en vain que j’ai purifié mon cœur, ou lavé mes mains dans l’innocence ? J’ai été frappé de votre fouet durant tout le jour. » J’adore Dieu, ils le blasphèment. À eux le bonheur, à moi le malheur, où est la justice ? Voilà ce qui fait chanceler mes pieds, ce qui a presque égaré mes pas, ce qui a failli me faire périr. Voyez en effet quel danger il y a couru : « J’ai dit, s’écria-t-il alors, comment Dieu les voit-il ? le Très-Haut en a-t-il connaissance ? » Voyez quel danger il a couru en demandant à Dieu, comme une grande récompense, la terrestre félicité. Apprenez donc, mes très-chers, à la mépriser si vous l’avez, et à ne pas dire en vos cœurs Parce que je sers Dieu je suis heureux. Tu verras, même à ceux qui ne le servent pas, ce que tu prends pour le bonheur, et tes pas chancelleront. Si tu le possèdes en servant Dieu, tu remarqueras un homme qui possède quelque chose de semblable sans servir Dieu, et celui-ci jouissant de cette même félicité, tu t’imagineras que la religion est inutile. Si d’un autre côté tu ne le possèdes pas, tu seras plus porté encore à accuser Dieu qui le donne à ses blasphémateurs et le refuse à ses adorateurs. Apprenez donc à mépriser ce qui flatte les sens, si vous voulez servir Dieu avec un cœur fidèle. Tu en jouis ? N’en conclus pas que tu es bon, emploie-le à le devenir. Tu en es privé ? N’en infère pas que tu es méchant, mais évite le mal que ne fait jamais celui qui est bon.
5. On le voit dans notre prophète. Rentrant en lui-même et se reprochant d’avoir commencé à mal penser de Dieu, ce pécheur haletant, qui a vu la paix des impies, s’écrie avec repentir : « Qu’y a-t-il pour moi au ciel et qu’ai-je attendu de vous sur la terre [13] ? » Ainsi il se corrige, ainsi il redresse son cœur et connaît ce que mérite le service de Dieu, ce service qu’il estimait si peu quand pour lui il cherchait la terrestre félicité. Il connaît donc ce que les serviteurs de Dieu doivent attendre en haut, en haut où on nous commande de porter notre cœur et où nous répondons que nous le tenons élevé. Plaise à Dieu que nous ne soyons pas menteurs, au moins dans l’heure, au moins dans le moment, au moins dans l’instant où nous faisons cette réponse ! Rentrant donc en lui-même et redressant son cœur, ce prophète se reproche d’avoir cherché sur terre, comme récompense du service de Dieu, la félicité de la terre. Mais en se reprenant il dit « Qu’y a-t-il pour moi dans le ciel ? » Qu’y a-t-il pour moi ? L’éternelle vie, l’incorruptibilité, l’empire avec le Christ, la société des Anges ; l’exemption de tout trouble, de toute ignorance, de tout danger, de toute tentation ; une sécurité vraie, certaine, immuable. Voilà ce qu’il y a pour moi dans le ciel.« Et sur la terre qu’ai-je attendu de vous ? » Qu’ai-je désiré de vous sur la terre ? qu’ai-je désiré ? Des richesses qui s’écoulent, qui s’écroulent, qui s’envolent. Qu’ai-je désiré ? De l’or, ou un peu de terre pâle ; de l’argent, ou un peu de terre livide ; de l’honneur ou un peu de fumée qui se dissipe. Voilà ce que j’attendais de vous sur la terre. Et parce que je l’ai vu aux pécheurs, mes pieds ont chancelé et mes pas ont failli s’égarer. Oh ! que Dieu est bon pour ceux qui ont le cœur droit. Que cherches-tu donc, Prophète fidèle ? De l’or ? de l’argent ? des richesses terrestres ? Ainsi la foi d’une mère chrétienne mérite ce que possède même une courtisane ! Ainsi la foi d’un homme pieux mérite ce que possèdent un comédien, un cocher, un gladiateur, un larron ? Loin de nous, mes frères, loin de nous la pensée que tel soit le mérite de notre foi ! Que Dieu l’éloigne de nos cœurs ! Voulez-vous connaître ce que vaut cette foi ? Pour elle le Christ est mort. Mais qu’est-elle ? dis-tu, combien vaut-elle ? Écoute cet homme qui crie : « Qu’y a-t-il pour moi dans le ciel ? »
Il ne dit pas ce qu’il y aura là pour lui, mais il ajoute : « Et qu’ai-je attendu de vous sur la terre ? » Il parle du ciel avec éloge, de la terre avec mépris, et dit néanmoins de l’un et de l’autre : Qu’y a-t-il ? Qu’y a-t-il au ciel ? Ce que l’œil n’a point vu. Qu’y a-t-il sur la terre ? Ce que ne convoite point l’œil fidèle. Qu’y a-t-il là ? Ce qu’a trouvé Lazare couvert d’ulcères. Qu’y a-t-il ici ? Ce qu’a possédé le riche enflé d’orgueil. Là ? ce qui ne peut se perdre. Ici ? Ce qui ne peut se conserver. Là ? Point de peine. Ici ? Des craintes incessantes. « Qu’y a-t-il pour moi dans le ciel ? » Quoi ? Celui qui a fait le ciel ; Dieu même est le prix de ta foi ; c’est lui que tu posséderas ; c’est lui qui se dispose à devenir là récompensé de ses serviteurs. Considérez, mes très-chers, tout l’univers, le ciel, la terre, la mer, ce qui est au ciel, ce qui est sur la terre, ce qui est dans la mer, comme tout est beau, comme tout est admirable, comme tout est disposé avec ordre et avec magnificence. Ces beautés vous touchent-elles ? Oui elles vous touchent. Pourquoi ? Parce que ce sont des beautés. Que penser donc de Celui qui les a faites : Je le crois, vous seriez frappés de stupeur, si vous voyiez la beauté des Anges. Quelle n’est donc pas la beauté du Créateur des Anges ? Il est lui-même la récompense de votre foi. O avares ! de quoi vous contenterez-vous si Dieu ne vous suffit point ?
6. Ainsi travaillons à bien vivre, et pour en avoir la force, implorons Celui qui nous en a fait un devoir. Mais pour cette bonne vie ne demandons pas au Seigneur un salaire terrestre. Portons nos vues sur les promesses qu’il nous fait. Portons notre cœur là où ne peuvent le corrompre les soucis du siècle. Tout ce qui occupe ici les hommes passe, s’envole : la vie des hommes sur terre n’est qu’une vapeur. Cette vie, déjà si fragile, est de plus exposée à d’immenses et continuels périls. On nous annonce du côté de l’Orient de grands tremblements de terre ; de grandes cités ont été tout-à-coup renversées. De frayeur, les Juifs et les Païens catéchumènes, qui habitaient Jérusalem, ont reçu le baptême : on compte environ sept mille hommes qui l’ont reçu et le signe du Christ s’est montré sur les vêtements des Juifs baptisés. Ces nouvelles reposent sur le récit invariable de chrétiens fidèles. La ville même de Sétif a été secouée par un tel tremblement de terre, que tous les habitants ont dû passer près de cinq jours dans les champs, où, dit-on, on a bien baptisé deux mille hommes. De toutes parts Dieu fait peur, pour n’avoir pas à condamner. Sous ce pressoir il se fait quelque chose. Car le monde est un pressoir et l’on y travaille avec activité. Soyez l’huile et non l’écume. Que chacun se convertisse à Dieu et change de vie. L’huile a des voies secrètes, elle se rend dans la coupe invisible. Les uns se moquent, rient, blasphèment, vocifèrent sur les places publiques c’est l’écume qui s’échappe. Cependant le Maître du pressoir ne cesse de faire travailler ses ouvriers, ses saints Anges. Il tonnait son huile, il connaît ce qu’il doit recueillir, et quel poids il faut au pressoir pour l’exprimer. « Le Seigneur tonnait ceux qui sont à lui. »
Soyez l’huile, ayez horreur de l’écume, et « qu’ils s’éloignent de l’iniquité, tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur [14]. » Surtout ne concevez point de haines ou étouffez-les à l’instant. Ces bouleversements ne sont pas à redouter. Tu crains un tremblement de terre ? Tu crains le bruit du ciel ? Tu crains la guerre ? Crains aussi la fièvre. Souvent on n’est pas frappé de ces graves bouleversements que l’on redoute, et soudain l’on est pris en travers par une petite fièvre qui enlève. Et si le Juge suprême nous trouve alors comme ceux qu’il ne connaît pas, comme ceux à qui il doit dire : « Je ne vous connais point, éloignez-vous de moi[15] ; » que deviendrons-nous ? Où aller ensuite ? A quel patronage recourir ? Comment racheter sa vie pour la refaire ? A qui permet-on de vivre une seconde fois et de réparer ses désordres ? J’ai fini. Vous êtes venus en petit nombre[16] ; mais si vous avez bien écouté, vous êtes riches. Que le trompeur ne vous trompe point, car vous n’êtes point déçus par Celui qui ne trompe jamais.
- ↑ Ps. L ; LXXII
- ↑ Ps. 26, 9
- ↑ Ps. 4, 5
- ↑ Ps. 50, 5, 11,18, 19
- ↑ Gen. 20, II
- ↑ Jn. 1, 29
- ↑ Cant. 2, 17
- ↑ 1 Tim. 2, 6
- ↑ 2 Cor. 4, 13
- ↑ Eccl. 6, 30
- ↑ Ps. 72, 1
- ↑ Ps. 73, 21
- ↑ Ps. 72, 1-25
- ↑ 2 Tim. 1, 19
- ↑ Lc. 13, 27
- ↑ Sans doute à cause des jeux publics. Voy. Explic. du Ps. 147, n° 7.