Poésie (Rilke, trad. Betz)/Chants de l’aube/Chemin aveuglant
CHEMIN AVEUGLANT…
Chemin aveuglant, dans l’excès de lumière perdu,
poids du soleil sur tant de vignes,
et, tel un songe, un portail, tout à coup,
large et taillé dans un mur invisible.
Le jour brûla longtemps le bois de ses vantaux ;
mais au fronton arqué de l’embrasure
les armes et le bandeau princier durent.
Entre, et tu seras l’hôte… — De qui ?
Frissonnant, tu verras jusqu’au cœur sauvage du pays.