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PHÉDON

moins important, ils sont pour nous presque aussi énigmatiques. Il ne peut être question de mettre en doute leur existence, mais il est bien certain que les anciens n’étaient pas mieux informés que nous sur leur compte ; ils ne savaient que ce qui nous en est dit dans le Phédon ou dans le Criton (45 b) : qu’au temps de la mort de Socrate ce sont de jeunes hommes (Phédon 89 a) ; qu’ils appartiennent à des familles riches et sont prêts, pour seconder le plan d’évasion conçu par Criton, à donner beaucoup d’argent ; qu’ils ont été des auditeurs du Pythagoricien Philolaüs pendant le temps que celui-ci a séjourné à Thèbes (Phédon 61 d) ; que Simmias est de Thèbes et Cébès au moins béotien, comme semblent le prouver la forme dialectale que Platon met dans sa bouche et le « chez nous » dont il se sert à propos du séjour de Philolaüs à Thèbes avant son retour en Italie (ibid. 62 a, 61 e). Une autre fois encore Platon a parlé de Simmias : de tous les Grecs de son temps, lit-on dans le Phèdre (242 ab), Socrate n’a connu personne de plus habile que Phèdre à faire naître les discours, à l’exception toutefois de Simmias le Thébain. Mais l’allusion au Phédon saute aux yeux ; car c’est Simmias qui, en provoquant les explications de Socrate (63 a-d), a été l’instigateur de toute la discussion ; il n’y a donc là aucune donnée nouvelle. Aucune autre ne nous vient d’ailleurs. Xénophon (Memor. III 11, 17 ; I 2, 48) ne fait manifestement que répéter Platon, si ce n’est qu’il spécifie que Cébès, comme Simmias, est de Thèbes même[1]. La VIIe lettre platonicienne (345 a), bien mieux, se contente, en s’appropriant son exclamation de 62 a, de l’appeler « le Thébain » ; mais l’authenticité de cette lettre n’implique pas celle de tous les mots de son texte, et ceux-ci peuvent fort bien n’être qu’une glose. De même Diogène Laërce, quand il précise que Cébès est de Thèbes (II, 126), ne fait sans doute qu’interpréter le Phédon[2]. C’est justement parce qu’on ne savait rien d’eux,

  1. De plus, chez lui, on trouve la forme vraisemblablement correcte du nom de leur compagnon du Phédon : Phédondas (au lieu de -dès), comme Épaminondas, Pélopidas, etc. Quelques manuscrits écrivent Phédônidès.
  2. Simmias et Cébès sont nommés encore, avec référence explicite au Phédon, dans la XIIIe lettre platonicienne 363 a, falsification antérieure au ier siècle de notre ère (puisque le catalogue de Thra-