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Préposition : מִן

Avec verbes de mouvement : Gn 12, 1 לֶךְ־לְךָ (22, 2) ; 27, 43 בְּרַח־לְךָ enfuis-toi = fuis (Am 7, 12) ; Nb 22, 34 אָשׁ֫וּבָה לִּי je veux m’en retourner ; 2 S 2, 21 נְטֵה לְךָ oblique ; — Gn 22, 5 שְׁבוּ לָכֶם asseyez-vous (ou demeurez) ; 21, 16 וַתֵּ֫שֶׁב לָהּ elle s’assit ; Job 15, 28. Avec d’autres verbes : Ps 66, 7 יָר֫וּמוּ לָ֫מוֹ (semble équivaloir à יִתְרֹֽמְמוּ) ; 2 R 4, 3 שַֽׁאֲלִי לָךְ demande pour toi = emprunte (comp. נִשְׁאַל demander pour soi). Avec un nifal à sens réfléchi, le ל avec son pronom renforce la nuance ; ainsi dans le fréquent הִשָּׁ֫מֶר לְךָ qui répond au cave tibi du latin : Gn 24, 6 etc. Avec un nifal à sens passif : Éz 37, 11 נִגְזַ֫רְנוּ לָ֫נוּ ns sommes anéantis (ici dativus incommodi).

Sur le ל devant l’infinitif construit cf. § 124 l.

e מִן de (lat. de, ex, ab) exprime premièrement la séparation et l’éloignement. On l’emploie en particulier pour l’idée de provenance : matière dont on fait une chose, cause (§ 132 d), source ou origine. Le sens partitif est très développé ; on remarquera l’emploi de מן devant un nom d’unité, surtout devant אֶחָד, p. ex. Lév 4, 2 מֵאַחַת מֵהֵ֫נָּה une (quelconque) de ces choses[1] ; 1 S 14, 45 מִשַּֽׂעֲרַת רֹאשׁוֹ un (seul) cheveu de sa tête. On trouve quelquefois le מן d’explication (min el bayān des Arabes) consistant en (totum pro toto) : 4 fois מִכֹּל Gn 6, 2 ; 7, 22 ; 9, 10 ; Lév 11, 32 ; 1 fois מֵֽאֲשֶׁר Jér 40, 7. Au sens temporel מן indique le terminus a quo (= depuis), la période qui suit immédiatement une limite (= au bout de, après) ; mais il est parfois explétif, par ex. dans מֵאָז autrefois.

De l’idée de séparation et d’éloignement procède le sens de différence, qui est celui du מִן dans les comparaisons[2] ; cf. § 141 g.

Devant un infinitif (§ 124 k) מן a le sens causal (parce que) ; résultatif (de façon à). Dans ce dernier sens il est employé d’une façon prégnante : avec un infinitif : 1 S 15, 26 וַיִּמְאָֽסְךָ מִֽהְיוֹת מֶ֫לֶךְ il t’a rejeté (de façon à être loin) d’être roi ; et d’une manière encore plus elliptique, sans infinitif : v. 23 וַיִּמְאָֽסְךָ מִמֶּ֫לֶךְ.

    (Peregr. Silviae 25, 7), et semblablement ital. andarsi, vx. fr. s’aller. L’addition du pronom souligne la part que le sujet prend à l’action (cf. Bourciez, Linguistique romane, § 118 c). En italien moderne les exemples ne se trouvent guère qu’avec ne : andarsene, partirsene, starsene, rimanersene, viversene ; mais dans la langue ancienne p. ex. starsi, fuggirsi, uscirsi. En fr. : s’en aller, s’enfuir.

  1. Cf. Brockelmann, 2, p. 84.
  2. Cf. Brockelmann, 2, p. 403.