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Accusatif direct

bial, § 126). On trouve parfois, il est vrai, l’accusatif subordonné à un nom (§ 127) ; mais c’est un emploi secondaire, à l’analogie de l’accusatif subordonné indirectement au verbe.

L’accusatif direct indique l’objet du verbe. L’objet peut être effectué, produit par l’action verbale, p. ex. חֲלֹמוֹת יַֽחֲלֹמוּן Joël 3, 1 somnia somniabunt (ils feront des songes) ; ou simplement affecté, atteint (directement) par l’action verbale, p. ex. וַיְסַפֵּר אֹתוֹ Gn 37, 9 et il raconta (le songe). Nous distinguerons donc l’objet direct en objet affecté et objet effectué[1] (§ p).

b I. Accusatif de l’objet affecté. Dans certains verbes l’action verbale passe directement à l’objet (verbes transitifs), dans d’autres verbes elle passe à l’objet par une préposition (verbes intransitifs ou, plus exactement, transitifs par préposition). Mais le même verbe peut être transitif et intransitif. Ainsi נָגַע toucher est généralement intransitif (transitif par préposition) : il se construit ordinairement avec le בּ (du contact), parfois avec אֶל (effleurer, atteindre), assez rarement avec עַד (atteindre), très rarement avec עַל, enfin très rarement avec l’accusatif (nom : Is 52, 11 ; suffixe : Gn 26, 29 ; Ruth 2, 9). Diverses circonstances peuvent influer sur la transitivité et l’intransitivité.

La transitivité est favorisée par le fait que l’objet est un pronom : ainsi pour le verbe cité נָגַע : Gn 26, 29 נְגַֽעֲנ֫וּךָ ; Ruth 2, 9 לְבִלְתִּי נָגְעֵךְ. Pour l’emporter sur on a ordinairement יָכֹל ל, mais une fois יְכָלְתִּיו Ps 13, 5. Le verbe דָּבַק adhérer à est généralement intransitif (surtout בּ du contact ; aussi עִם, אֶל, ל), mais on a תִּדְבָּקַ֫נִי Gn 19, 19 (§ 63 a). Le verbe נָשַׁק baiser se construit généralement avec ל ; cependant avec le pronom on a parfois l’acc. : Gn 33, 4 ; 1 S 10, 1 ; Ct 1, 2 ; 8, 1. Dans 1 R 21, 10, 13 הֵעִיד avec suff. a le sens de témoigner contre (בּ) ; Job 29, 11 témoigner en faveur de (ל). Avec בּוֹא on n’a l’acc. qu’avec le pronom : Is 28, 15 ; Éz 32, 11 ; Ps 36, 12 ; 44, 18 ; 119, 41 ; Pr 10, 24 ; 28, 22 ; Job 15, 21 ; 20, 22 (textes poétiques)[2].

  1. Cf. Brockelmann, Grundriss, 2, 291 sqq.
  2. Mais, p. ex. Zach 7, 5 הֲצוֹם צַמְתֻּ֫נִי אָ֑נִי qui signifierait « avez-vous jeûné pour moi ? » est bien suspect ; (lire צַמְתִּי, Mayer Lambert, Rev. des Études juives, t. 71, 200) ; de même Is 65, 5 ; Jér 31, 3 ; Job 31, 18. — Le verbe נָתַן semble pouvoir se construire avec le suffixe de la personne au sens du datif : Jos 15, 19 נְתַתַּ֫נִי dedisti mihi (= Jug 1, 15) ; Is 27, 4 ; Jér 9, 1. Cette construc-