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Infinitif absolu

b A) Emplois nominaux. Certains de ces emplois sont assez rares pour l’inf. abs. alors qu’il sont usuels pour l’inf. cst. Au contraire, l’emploi usuel de l’inf. abs. comme accusatif d’objet interne (cf. § d) lui est propre.

Emplois assez rares : 1) Comme sujet : Pr 25, 27 אָכֹל דְּבַשׁ הַרְבּוֹת לֹא־טוֹב manger trop (littt beaucoup) de miel n’est pas bon ; Pr 28, 21 הַכֵּר־פָּנִים לֹא־טוֹב faire acception de personnes (littt cognoscere faciem) n’est pas bon (cf. 24, 23) ; Is 58, 6-7 פַּתֵּחַ, הַתֵּר, פָרֹס (mais שַׁלַּח est vocalisé étrangement comme inf. cst. ; du reste on pourrait vocaliser toutes les formes en inf. cst.) ; 1 S 15, 23 ; Jér 10, 5 ; Job 25, 2 ⸮ — (Comp. l’inf. cst. § 124 b).

2) Comme prédicat : Is 32, 17 הַשְׁקֵט tranquillité (ê. tranquille).

3) Comme objet : Is 1, 17 לִמְדוּ הֵיטֵב apprenez le bien faire ; 42, 24 לֹא־אָבוּ בִדְרָכָיו הָלוֹךְ ils n’ont pas voulu marcher dans ses voies ; Dt 28, 56 לֹא נִסְּתָה כַף־רַגְלָהּ הַצֵּג עַל־הָאָ֫רֶץ elle n’a jamais osé poser la plante du pied sur la terre (l’inf. objet ayant lui-même un objet qui le précède) ; Is 7, 15 (inf. abs. objet d’un inf. cst.) ; 7, 16 ; 57, 20 הַשְׁקֵט לֹא יוּכָ֔ל il ne peut s’apaiser (avant le verbe) ; Job 9, 18 ; 13, 3. Comparer l’inf. cst. § 124 c)[1].

c Très rares, suspects ou fautifs, sont les cas où l’inf. absolu serait régi par un substantif : Is 14, 23 ; Pr 1, 3 ; 21, 16.

Il est anormal également qu’un inf. abs. soit régi par une préposition. Cependant on trouve 1 S 1, 9 אַֽחֲרֵי שָׁתֹה ⸮. Dans לְהֵֽרָאֹה Jug 13, 21 ; 1 S 3, 21 † il y a plutôt forme anormale d’inf. cst. (comp. forme גְּלֹה pour גְּלוֹת § 79 p). Dans עַד־כַּלֵּה 2 R 13, 17 jusqu’à achèvement = complètement, כַּלֵּה est devenu adverbe ; de même עַד־לְכַלֵּה 2 Ch 24, 10 ; 31, 1[2].

L’infinitif absolu ne peut pas prendre de suffixe nominal, pas plus qu’il ne peut être nomen regens.

d L’emploi nominal usuel de l’inf. absolu, et qui lui est propre, est celui d’accusatif d’objet interne (§ 125 q)[3] soit avant, soit après

  1. Il semble qu’on préfère l’inf. absolu quand il y a inversion : Dt 28, 56 ; Is 42, 24 ; 57, 20 ; Jér 9, 4 (§ 124 c).
  2. Sur l’inf. absolu continuant un inf. cst. précédé d’une prép., cf. § 124 r.
  3. Une locution du type יִקְטֹל קָטוֹל signifie littéralement : occidet occisionem = faciet occisionem, ce qui est en soi plus emphatique que le simple יִקְטֹל occidet. Nos langues n’offrent pas de procédé exactement semblable à