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113 eh
Forme yiqtol (futur)

ressort uniquement du contexte. On ne peut donc employer ce yiqtol que dans un contexte préalablement situé dans le passé[1].

1) Action répétée : Job 1, 5 « Ainsi faisait Job toujours (= chaque fois) יַֽעֲשֶׂה » ; Gn 29, 2 יַשְׁקוּ on abreuvait ; 31, 39 « Je ne t’ai (jamais) rapporté (qatal) une bête mise en pièces ; c’est moi qui en souffrais le dommage אֲחַטֶּ֫נָּה » ; Ex 33, 7 (À chaque étape) « Moïse prenait la tente יִקַּח » ; 40, 36 « Quand la nuée s’élevait, ils partaient יִסְעוּ »[2].

f 2) Action durative : Gn 2, 6 « un flux montait יַֽעֲלֶה (constamment) de la terre » ; 37, 7 « vos gerbes entouraient ma gerbe תְּסֻבֶּ֫ינָה » ; Ex 13, 22 « la colonne de nuée ne se retirait pas le jour יָמִישׁ » ; Nb 9, 16, 17 ; Is 1, 21 ; 6, 4 ; Jér 36, 18.

g On trouve ce yiqtol employé d’une façon assez large, dans des cas où le qatal paraît aussi bon ou même meilleur : Jug 2, 1 אַֽעֲלֶה je vous faisais monter (étrange, surtout en début absolu) ; Nb 23, 7 יַנְחֵ֫נִי il me faisait venir (même remarque) ; 1 R 21, 6 אֲדַבֵּר je parlais (anormal)[3].

h Enfin on trouve des yiqtol sans aucun aspect itératif ou duratif, et donc avec la valeur de qatal, qui serait la forme attendue. Ainsi avec le verbe trouver qui a, de soi, un sens d’instantanéité (§ 111 d) : Dt 32, 10 יִמְצָאֵ֫הוּ il le trouva (poét.) ; Ps 116, 3 אֶמְצָא. Autres exemples : Job 15, 7 תִּוָּלֵד es-tu né ? ; 3, 3 אִוָּלֵד je suis né (opp. le qatal de Jér 20, 14 יֻלַּ֫דְתִּי) ; Job 3, 11. Presque tous les exemples sont du style élevé ou poétique (cf. § o).

  1. Ainsi, en début absolu, une action durative passée ne peut s’exprimer que par הָיָה et le participe, § 121 f.
  2. Dans un contexte au plus-que-parfait : 1 S 14, 47 : « Saül avait pris possession de la royauté et il avait combattu… et partout où il s’était tourné יִפְנֶה, il avait sauvé » (l. יוֹשִׁיעַ Ehrlich, Randglossen).
  3. Ces exemples et d’autres du même genre ne sont pas expliqués d’une façon satisfaisante. Dans certains cas on peut penser à une recherche de style. — Il est bon de remarquer que le yiqtol ne correspond pas de tout point à l’imparfait français. Ainsi le yiqtol ne s’emploie pas dans le cas de simultanéité si l’action est instantanée, p. ex. « Il franchissait le seuil quand j’arrivai ». Pour la simultanéité dans le passé on emploie le qatal si l’action est instantanée, le participe si l’action est durative (§ 166 c-i).