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Forme yiqtol (futur)

« devait-on traiter notre sœur comme une prostituée ? » ; 2 S 3, 33 « Abner devait-il mourir comme un homme ignoble ? » ; Dt 1, 18 « je vous ai prescrit dans ce même temps tout ce que vous deviez faire ».

Assez souvent un yiqtol de prière, de demande, d’ordre etc. équivaut à un impératif, notamment après un impératif[1] : Ps 17, 8 תַּסְתִּירֵ֫נִי tu me protègeras = protège-moi (après l’impératif שָׁמְרֵ֫נִי garde-moi) ; 43, 1 ; 54, 3 ; 59, 2 ; 64, 2 ; 140, 2 ; Nb 32, 24 ; Éz 24, 17 ; Pr 7, 1 ; 22, 17 ; Job 6, 23 ; 40, 10. Dans Ps 51 les yiqtol des vv. 9-10 ont pratiquement la valeur des impératifs des vv. 3-4. — Avant un impératif : Ps 71, 2 ; Job 17, 10. Enfin yiqtol isolé : Is 18, 3 ; Job 18, 2 ⸮ (tous textes poétiques ; comp. Gn 43, 12, § 119 i N).

n Nuance vouloir[2] : Gn 24, 58 « Veux-tu aller avec cet homme ? הֲתֵֽלְכִי » — « Je veux bien אֵלֵךְ » ; Dt 18, 6 s’il veut venir ; Jug 4, 8 « Si tu veux venir avec moi, j’irai » ; 1 S 21, 10 « si tu veux la prendre, prends-la » ; 26, 6 « qui veut descendre avec moi ? » ; 30, 15 veux-tu me mener ? ; Ruth 1, 11 « pourquoi voulez-vous venir avec moi ? » ; 3, 13 s’il veut te racheter (dans le second membre explicitement וְאִם־לֹא יַחְפֹּץ et s’il ne veut pas) ; 4, 4 si tu veux racheter.

o Conclusion. De l’ensemble de ces divers emplois il ressort que le yiqtol a une valeur temporelle moins nette que le qatal. On le trouve assez souvent là où l’on attendrait qatal. En général le contexte suffit à déterminer le temps d’un yiqtol employé d’une façon pour ainsi dire atemporelle. Ainsi dans une alternance de qatal[3] et de yiqtol (fréquente en poésie), le qatal situe dans le passé l’action exprimée par le yiqtol suivant, p. ex. Is 26, 5 « Il a courbé הֵשַׁח les habitants de la haute cité ; la ville haut placée il l’a abaissée יַשְׁפִּילֶ֫נָּה » ; Job 4, 15 ; 19, 10, 12 ; 32, 11 ; 33, 8 ; 38, 17, 22 (cf. § h)[4].

  1. Comparer le cas de weqataltí continuant un impératif, § 119 l.
  2. Comp. Jean 10, 32 διὰ ποῖον αὐτῶν ἔργον ἐμὲ λιθάζετε ; 33 περὶ καλοῦ ἔργου οὐ λιθάζομέν σε.
  3. Ou d’un wayyiqtol équivalant à un qatal et le continuant.
  4. De ces cas ne diffèrent pas ceux où le yiqtol est séparé du waw par un mot, p. ex. Dt 33, 9 שָֽׁמְרוּ אִמְרָֽתֶ֔ךָ וּבְרִֽיתְךָ יִנְצֹ֑רוּ ils ont observé ton commandement et ont gardé ton alliance. Le waw séparé du verbe est pour celui-ci comme s’il n’existait pas (contre König, § 368 h). Cf. Dt 32, 14 ; 33, 28 ; Jug 5, 17 ; Is 2, 6 ; 40, 19.