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Formes avec 1re voyelle brève et 2e voyelle longue

מְלוּכָה royauté. Noms d’action : קְבוּרָה sépulture, שְׁבוּעָה serment, יְשׁוּעָה secours efficace, victoire.

d Qitāl. La forme primitive devient normalement קְטוֹל : la voyelle brève primitive i tombe, § 30 d : זְרוֹעַ bras, חֲמוֹר âne (§ 21 g) ; noms d’instruments, liens, vases : חֲגוֹר ceinture, f. חֲגוֹרָה, אֵזוֹר ceinture (אֵ § 21 h), שְׂרוֹךְ lacet, צְרוֹר sac. — Pour אִסָּר (avec å̄, § f) cf. § 18 g.

Avec finale féminine : עֲבֹדָה travail, בְּשׂרָה bonne nouvelle (évangile).

e Qutāl. La forme primitive devient normalement קְטוֹל : la voyelle brève primitive u tombe, § 30 d : רְחוֹב place, אֱנוֹשׁ l’homme (§ 21 h). Dans quelques noms, comme souvent en arabe, la forme a une nuance péjorative, p. ex. pour les déchets, les choses de rebut : נְעֹ֫רֶת étoupe, בְּלוֹי haillon, probablement קְטֹ֫רֶת fumée[1].

f קְטָל (§ 96 D d). La forme araméenne קְטָל (qeṭå̄l) avec å̄ long[2] (au lieu du ọ̄ hébreu) se trouve dans quelques noms. La 1re voyelle tombée peut être a, i, u : כְּתָב écrit, livre (d’où arabe kitāb), קְרָב combat, סְפָר dénombrement, יְקָר honneur, שְׁאָר reste (probablement qutāl), מְצָד lieu fort.

g La forme hébr. קְטִיל peut provenir d’une forme primitive hypothétique qitīl. En réalité קְטִיל semble une réduction de qatīl : l’a sera tombé, anormalement, pour une cause encore inconnue, p.-ê. sous l’influence de l’araméen. On ne trouve guère que des substantifs, dont plusieurs semblent d’origine étrangère : גְּבִיר seigneur (f. גְּבִירָה dame, absolu et cst. גְּבֶ֫רֶת § 97 F b), אֱוִיל fou (subst. et adj.), כְּסִיל sot, fou, אֱלִיל néant, idole, יְגִיעַ fatigue, בְּדִיל plomb, בְּרִיחַ verrou, דְּבִיר l’arrière (du temple), כְּפִיר lionceau, מְחִיר dot (mot akkadien) ; cf. Bauer, 1, 471.

h La forme hébr. קְטוּל se trouve dans quelques substantifs dont plusieurs sont collectifs. La 1re voyelle tombée peut être normalement i ou u, anormalement a comme en araméen.

Peut-être de qitūl : כְּלוּב cage. (Tell el Amarna : kilubi).

Probablement de qutūl les collectifs : זְכוּר les mâles, רְכוּשׁ les biens, יְקוּם les vivants (pour qei̯ūm), tous trois sans pluriel ; גְּבוּל frontière (coll. et sing.), לְבוּשׁ vêtement (coll. et sing.).

  1. À côté de קְטוֹרָה (1 f.). On a la forme qutāl dans l’arabe ʿuṯān « fumée ». D’après Bauer et Leander, 1, 469 קְטֹ֫רֶת serait un qutul.
  2. Ce ◌ָ a dû être long également en hébreu, malgré la tendance à l’abréger à l’état construit (§ 96 D d).