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Verbes ע״ו

Le futur statif est *i̯ibāš. La seconde voyelle a des verbes statifs est longue, comme la voyelle ū des actifs. La forme est devenue normalement יֵבוֹשׁ avec ọ̄ long (venant de ā)[1].

Le jussif a primitivement la voyelle brève u (état réduit), p. ex. *i̯aqum, devenu normalement יָקֹם avec moyen. Au futur inverti cet devient bref en position posttonique, p. ex. וַיָּ֫קָם ; mais à la pause la voyelle se maintient : וַיָּקֹ֑ם*.

Au plur. fém. on a généralt תְּקוּמֶ֫ינָה. Pour conserver l’ū de l’état normal dans cette forme à afformante consonantique, la langue a eu recours à une voyelle de liaison ē̦, laquelle provient des verbes ל״ה (§ 79 c). Autrement, en cette position (syll. fermée tonique), on doit avoir la voyelle moyenne  : תָּקֹ֫מְנָה. Dans cette forme l’état normal est sacrifié ; on a l’état réduit. Cette forme se trouve quelquefois, p. ex. Éz 16, 55 : deux fois תָּשֹׁ֫בְןָ 3e pl. (sans ה, § 44 d), puis la forme normale תְּשֻׁבֶ֫ינָה 2e pl. (cf. § i).

c Impératif : קוּם. La forme primitive est *qum avec voyelle brève (en ar. qum قُمْ ; comp. impér. hifil הָקֵם) ; on attendrait donc קֹם* (cf. pl. f. קֹ֫מְנָה). En fait l’u est allongé, p.-ê. à l’analogie des formes ק֫וּמִי, ק֫וּמוּ où l’u, en syllabe ouverte, est normalement long.

L’inf. cst. est ordinairement קוּם[2] avec la voyelle du futur.

L’inf. absolu est קוֹם avec ọ̄ à l’analogie de קָטוֹל.

d L’adjectif verbal est קָם ; il s’emploie en fonction de participe. Dans les verbes statifs, les adjectifs verbaux *mit, *buš devenus מֵת, בּוֹשׁ (écrit avec ו) ont été créés à l’analogie des adjectifs verbaux qatil, qatul, en prenant la voyelle caractéristique i, u. À l’analogie de *mit, *buš, on a créé dans les verbes d’action une forme *qam > קָם, répondant à l’adjectif qatal, (p. ex. חָכָם sage). Cette forme a supplanté le véritable participe du sémitique, conservé p. ex. en arabe, en ara-

  1. יֵבוֹשׁ il aura honte est le seul exemple sûr de futur statif : וַיֵּאֹר 2 S 2, 32 est plutôt un qal qu’un nifal ; יָבֹא est un futur actif (§ r).
  2. C’est d’après l’infinitif construit qu’on a coutume de désigner les verbes ע״ו et ע״י, p. ex. verbe קוּם, verbe דִּין. Cet usage est fâcheux, car l’infinitif (qui du reste est aussi nominal que verbal) ne présente pas toujours l’élément caractéristique de la racine. Ainsi le verbe de la racine שׂים a l’inf. שׂוּם (§ 81 b). Il conviendrait de désigner ces verbes par l’impératif, p. ex. verbe קוּם, verbe שִׂים.