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44 ce
Flexion du futur qal

c 2e voyelle. Comme nous l’avons vu (§ 41 a) la 2e voyelle dans les verbes d’action est généralement *u > ◌ֹ, quelquefois *i > ◌ֵ ; dans les verbes statifs (§ 41 b) toujours ◌ַ.

Ces voyelles, étant moyennes, peuvent tomber en syllabe ouverte et de fait tombent, p. ex. יִקְטְלוּ, יִתְּנוּ, יִכְבְּדוּ ; mais elles se maintiennent en pause : יִקְטֹ֑לוּ, יִתֵּ֑נוּ, יִכְבָּ֑דוּ (§ 32 d). L’o étant moyen, la graphie assez fréquente יִקְטוֹל avec ו doit être considérée comme abusive, sauf dans les cas où il y a allongement secondaire.

Doivent être considérées comme anormales ou fautives trois formes avec וּ : יִשְׁפּוּט֫וּ הֵ֑ם Ex 18, 26 ; לֹא תַֽעֲבוּרִ֫י מִזֶּ֑ה Ruth 2, 8 ; תִּשְׁמוּרֵ֑ם Pr 14, 3. Si ces formes sont authentiques, on pourrait p.-ê. les expliquer ainsi : en prépause et en pause on aura voulu avoir une voyelle pleine ; ici, avec labiale, on aura préféré ū à ọ̄.

d Remarques sur certaines personnes.

Au pluriel fém. la 3e p. et la 2e p. ont la même forme תִּקְטֹ֫לְנָה. Cette forme, comme 2e p., est très rare (de même la 2e pl. f. du parfait קְטַלְתֶּן). Dans תִּקְטֹ֫לְנָה 3e p. on a deux fois la marque du fém. Le ת est ici d’origine secondaire et provient du sing. 3e f. תִּקְטֹל. La forme primitive devait être *יִקְטֹ֫לְנָה (avec י comme en arabe, araméen occidental, etc.) ; elle ne se rencontre que trois fois : Gn 30, 38 ; 1 S 6, 12 ; Dn 8, 22.

Au lieu de la graphie ordinaire נָה on a souvent ןָ, surtout dans le Pentateuque et notamment après un waw inversif, p. ex. Gn 19, 33, 36.

e À l’afformante וּ de la 3e p. pl. m. et 2e pl. m. יִקְטְלוּ, תִּקְטְלוּ on ajoute souvent un ן appelé nun paragogique c.-à-d. ajouté. En réalité le ן appartient aux formes primitives et se trouve en arabe, en araméen, etc. Les 305 exemples sont dispersés un peu partout ; on en trouve surtout dans le Deutéronome (56), Isaïe (37), Job (23), dans le Psaume 104 (15)[1]. Les raisons qui expliquent la présence d’une forme en וּן peuvent être l’antiquité d’un texte, une recherche d’archaïsme, une influence araméenne, une raison métrique. Mais la raison ordinaire paraît être la préférence pour une forme plus pleine et plus

    le cas de l’alef prosthétique (§ 17 a). Si יִקְטֹל a été prononcé iqṭọl (§ 26 e), la prononciation e̦qṭọl (א non prononcé) serait discriminante.

  1. Driver, Notes on the Books of Samuel2, in 1 S 2, 15 (p. 30).