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Verbes פ״יו
  1. 3) L’opinion la plus probable semble encore être l’opinion ancienne et commune (Ewald, Olshausen, etc.), d’après laquelle יוּכַל est un futur hofal. La forme en elle-même indique un hofal, et il est prudent de ne pas chercher autre chose, si le sens il pourra peut se concilier avec la forme causative passive. On peut se représenter ainsi le procès sémantique. Le sens premier du hofal il sera rendu capable a pu facilement s’affaiblir en il deviendra capable, il sera capable, d’où enfin il pourra[1]. Le sens causatif se sera graduellement évanoui[2]. De même le hofal יוּקַד proprement ê. mis en flammes perd son sens causatif et signifie ê. en flammes, ê. enflammé, comme le qal יָקֵד*, יִיקַד.

Le verbe יכל est donc défectif ; le parfait est un qal, le futur est un hofal. Le futur normal du qal serait יִיכַל*. Nous ignorons pourquoi il a disparu. En araméen biblique où le parfait (statif) est יְכִל, le futur statif a également disparu ; il a été remplacé par une forme active en u : יִכֻּל (comp. § 41 b).

j Remarques particulières.

Futur יֵשֵׁב. La finale du pluriel fém. est toujours a̦lnå (§ 29 d).

Futur יִירַשׁ. On a souvent la graphie défective יִרַשׁ, p. ex. יִֽרְאוּ ils craindront (avec meteg indiquant la division syllabique i̯ī-re-ʾū ; opp. יִרְאוּ i̯ir-ʾū « ils verront », § 14 c 1).

k Impératifs forts : יְרָא crains ; יְצֹק verse (du très irrégulier יָצַק qui est traité aussi comme פ״יצ § 77 b).

Au sing. masc. on a souvent le ◌ָה paragogique, p. ex. שְׁבָה, רְדָה (cf. § 48 d).

Du verbe inusité יָהַב* donner, l’hébreu n’a que l’impératif. On trouve surtout au sing. la forme הָ֫בָה[3] (mais devant א, Gn 29, 21 הָבָ֫ה,

  1. C’est ainsi qu’en allemand befähigt peut prendre un sens voisin de fähig « capable » ; de même on a Befähigung au sens de « capacité » comme Fähigkeit.
  2. En néo-hébreu, en araméen juif, en syriaque, beaucoup de participes causatifs passifs sont employés comme de purs adjectifs, sans aucune nuance causative, p. ex. néo-héb. מְבוֹאָר clair, évident (originairement rendu clair, expliqué).
  3. On attendrait הֲבָה*. La vocalisation plus forte de cet impératif vient p.-ê. de ce qu’il est aussi employé comme interjection § 105 e ; par analogie on a aussi הָב֫וּ, הָבִ֫י, mais mileraʿ.