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72 ad
Verbes פ״ן
§ 72. Verbes פ״ן.
(Paradigme 7 : נָגֵשׁ* approcher).

a La faiblesse du נ initial de ces verbes a deux effets, l’un propre au נ, à savoir l’assimilation ; l’autre accidentel, à savoir l’aphérèse.

b L’assimilation du נ, dépourvu de voyelle, à la consonne suivante est très fréquente et même ordinaire (§ 17 g), p. ex. i̯inṣọr > יִצֹּר. Exceptions :

  1. 1) En pause, où l’on aime les formes plus longues (§ 32 g), souvent l’assimilation n’a pas lieu, p. ex. יִנְצֹ֑רוּ.
  2. 2) Devant une gutturale généralement il n’y a pas d’assimilation, p. ex. יִנְהֹם. Il y a assimilation dans le nifal נִחַם comme dans tous les nifal (pour éviter deux נ)[1].
  3. 3) Il n’y a pas d’assimilation dans la forme ordinaire (§ 49 f) de l’inf. cst. du type נְפֹל avec ל, p. ex. לִנְפֹּל.
  4. 4) Le verbe לָקַח, qui est traité comme un verbe פ״ן (§ j) fait au nifal נִלְקַח, sans assimilation (opp. נִקַּח nous prendrons, qal futur).

c L’aphérèse du נ (§ 17 d) est un phénomène accidentel, secondaire et analogique, qui se produit seulement à l’impératif et à l’inf. cst. de certains verbes à futur en a. Ainsi, dans ces verbes on a presque toujours l’impér. du type גַּשׁ[2], assez souvent l’inf. cst. du type גֶּ֫שֶׁת (§ h). L’aphérèse dans les verbes פ״ן est probablement à l’analogie des verbes פ״ו, où elle est ordinaire. De plus, une forme telle que impér. גַּשׁ a pu être facilement suggérée par fut. יִגַּשׁ, où le n disparaît, puis se propager à l’infinitif : gaš, d’où גֶּ֫שֶׁת[3].

d L’infinitif aphérétique גֶּ֫שֶׁת est formé de gaš et du t féminin, ajouté pour rétablir la trilittéralité (loi de compensation de Barth[4] ; puis *gašt a été segolisé en גֶּ֫שֶׁת (comme, dans les noms *malk en מֶ֫לֶךְ, § 96 A b). Avec une gutturale on a p. ex. גַּ֫עַת (comme, p. ex., נַ֫עַר).

  1. Le nifal נִחַם changer d’avis, se repentir, a les mêmes voyelles que le piel en a נִחַם consoler (§ 69 a).
  2. Gn 19, 9 גֶּשׁ־הָֽ֫לְאָה va là-bas : suite vocalique (cf. § 29 f) ; p.-ê. aussi favorisé par la sifflante.
  3. On peut se demander pourquoi l’aphérèse ne se produit pas dans les verbes à futur en . À l’infinitif, la ténacité de la forme קְטֹל (cf. § h) aura maintenu נְפֹל ; puis, par analogie, on aura gardé נְפֹל à l’impératif.
  4. Cf. Die Nominalbildung in den semitischen Sprachen (1894), p. xii sq.