a La faiblesse du נ initial de ces verbes a deux effets, l’un propre au נ, à savoir l’assimilation ; l’autre accidentel, à savoir l’aphérèse.
b L’assimilation du נ, dépourvu de voyelle, à la consonne suivante est très fréquente et même ordinaire (§ 17 g), p. ex. i̯inṣọr > יִצֹּר. Exceptions :
- 1) En pause, où l’on aime les formes plus longues (§ 32 g), souvent l’assimilation n’a pas lieu, p. ex. יִנְצֹ֑רוּ.
- 2) Devant une gutturale généralement il n’y a pas d’assimilation, p. ex. יִנְהֹם. Il y a assimilation dans le nifal נִחַם comme dans tous les nifal (pour éviter deux נ)[1].
- 3) Il n’y a pas d’assimilation dans la forme ordinaire (§ 49 f) de l’inf. cst. du type נְפֹל avec ל, p. ex. לִנְפֹּל.
- 4) Le verbe לָקַח, qui est traité comme un verbe פ״ן (§ j) fait au nifal נִלְקַח, sans assimilation (opp. נִקַּח nous prendrons, qal futur).
c L’aphérèse du נ (§ 17 d) est un phénomène accidentel, secondaire et analogique, qui se produit seulement à l’impératif et à l’inf. cst. de certains verbes à futur en a. Ainsi, dans ces verbes on a presque toujours l’impér. du type גַּשׁ[2], assez souvent l’inf. cst. du type גֶּ֫שֶׁת (§ h). L’aphérèse dans les verbes פ״ן est probablement à l’analogie des verbes פ״ו, où elle est ordinaire. De plus, une forme telle que impér. גַּשׁ a pu être facilement suggérée par fut. יִגַּשׁ, où le n disparaît, puis se propager à l’infinitif : gaš, d’où גֶּ֫שֶׁת[3].
d L’infinitif aphérétique גֶּ֫שֶׁת est formé de gaš et du t féminin, ajouté pour rétablir la trilittéralité (loi de compensation de Barth[4] ; puis *gašt a été segolisé en גֶּ֫שֶׁת (comme, dans les noms *malk en מֶ֫לֶךְ, § 96 A b). Avec une gutturale on a p. ex. גַּ֫עַת (comme, p. ex., נַ֫עַר).
- ↑ Le nifal נִחַם changer d’avis, se repentir, a les mêmes voyelles que le piel en a נִחַם consoler (§ 69 a).
- ↑ Gn 19, 9 גֶּשׁ־הָֽ֫לְאָה va là-bas : suite vocalique e̦−o̦ (cf. § 29 f) ; p.-ê. aussi e̦ favorisé par la sifflante.
- ↑ On peut se demander pourquoi l’aphérèse ne se produit pas dans les verbes à futur en ọ. À l’infinitif, la ténacité de la forme קְטֹל (cf. § h) aura maintenu נְפֹל ; puis, par analogie, on aura gardé נְפֹל à l’impératif.
- ↑ Cf. Die Nominalbildung in den semitischen Sprachen (1894), p. xii sq.