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le poëte qui aura rongé ses ongles tout en faisant ses vers.

« Ordonne de plus que tout poëte qui aura la manie de faire le spadassin ou le rodomont, perdra, par le canal de sa vaillante arrogance, toute la réputation qu’il aurait pu acquérir par ses bons vers.

« On prévient qu’il ne faut point tenir pour larron tout poëte qui aurait dérobé quelque vers appartenant à un autre pour l’enchâsser dans les siens, à moins qu’il ne prenne une pensée complète, ou tout un couplet ; car il est, dans ce cas, tout aussi voleur que Cacus.

« Que tout bon poëte, alors même qu’il n’aurait fait aucun poëme héroïque, ni mis en circulation de longs ouvrages, puisse, avec le plus léger bagage, acquérir le renom de divin, de même que Garci Laso de la Vega, Francisco de Figueroa, le capitaine Francisco de Aldana et Hernando de Herrera.

« On avertit les poëtes qui jouissent de la faveur de quelque prince de ne pas lui rendre de fréquentes visites, de ne lui rien demander, et de se laisser aller tout doucement où les mène la fortune ; car celui dont la providence veille au soutien des vermisseaux qui rampent sur la terre et des animalcules qui s’agitent dans l’eau, n’oubliera pas de fournir l’aliment au poëte, quelque rampant qu’il soit. »

En résumé, tels étaient les priviléges, sta-