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une pastorale : « La Constante Amarilis, » divisée en quatre discours et entremêlée de vers excellents. Il la composa pour complaire à un grand personnage, et n’eut pas sujet, à ce qu’il paraît, de s’applaudir de sa condescendance. Cette nouvelle est d’un style agréable et pur ; on la lit encore et elle intéresse, en dépit des dissertations et digressions polémiques, et de ce ton doctoral dont Figueroa ne pouvait se défaire. C’était un censeur chagrin, un critique atrabilaire. Suarez de Figueroa a écrit une douzaine d’ouvrages d’histoire et de morale qui ont leur valeur ; seulement il faut s’armer de patience pour les lire jusqu’au bout. Un recueil de ses poésies parut à Lisbonne en 1625. Il est loin d’être complet. « La Constante Amarilis » a été traduite en français par Lancelot.


Figueroa (Francisco de), surnommé le « Divin, » a été disputé à l’Espagne par le Portugal ; mais il est avéré qu’il naquit à Alcalá vers 1540. Il appartenait à une ancienne famille de gentilshommes. Pour ses études, il n’eut pas à chercher bien loin des leçons et des maîtres. L’université d’Alcalá était alors florissante, et Francisco de Figueroa fut l’un de ses plus brillants élèves. Comme la plupart des grands poëtes, il annonça de bonne heure ce qu’il devait être un jour, et les prémices de son talent ne furent pas indignes de son génie. Au sortir des bancs, il entra dans l’armée et passa la plus grande partie de sa jeunesse au service, en Italie. Il partagea son temps entre les devoirs de sa profession et la culture des belles-lettres, menant de front la poésie castillane et la poésie italienne. Avec une rare facilité, il versifia en italien, et ses essais furent ceux d’un maître. Bientôt il fut renommé parmi les meilleurs poëtes de l’Italie, à Naples, à Rome, à Bologne, à Sienne, dans toutes