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38Or le nombre de ceux qui avaient mangé s’élevait à quatre mille, sans compter les femmes et les enfants. 39Après avoir renvoyé le peuple, Jésus monta dans la barque et vint dans le pays de Magédan[1].



Les Pharisiens et les Sadducéens abordèrent Jésus, et, pour le tenter, ils lui demandèrent de leur faire voir un signe venant du ciel.[2] 2Il leur répondit : “Le soir vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge ; 3et le matin : Il y aura aujourd’hui de l’orage, car le ciel est d’un rouge sombre. 4Hypocrites, vous savez donc discerner les aspects du ciel, et vous ne savez pas reconnaître les signes des temps ! Une race méchante et adultère demande un signe, et il ne lui sera pas donné d’autre signe que celui du prophète Jonas. “Et les laissant, il s’en alla.

5En passant de l’autre côté du lac, ses disciples avaient oublié de prendre des pains.[3] 6Jésus leur dit : “Gardez-vous avec soin du levain des Pharisiens et des Sadducéens.”[4] 7Et ils pensaient et disaient en eux-mêmes : “C’est parce que nous n’avons pas pris de pains.” 8Mais Jésus, qui voyait leur pensée, leur dit : “Hommes de peu de foi, pourquoi vous entretenez-vous en vous-mêmes de ce que vous n’avez pas pris de pains ? 9Êtes-vous encore sans intelligence, et ne vous rappelez-vous pas les cinq pains distribués à cinq mille hommes, et combien de paniers vous avez emportés ? 10Ni les sept pains distribués à quatre mille hommes, et combien de corbeilles vous avez emportées ? 11Comment ne comprenez-vous pas que je ne parlais pas de pains quand je vous ai dit : Gardez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens ?” 12Alors ils comprirent qu’il avait dit de se garder, non du levain qu’on met dans le pain, mais de la doctrine des Pharisiens et des Sadducéens.

13Jésus étant venu dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples : “Qui dit-on qu’est le Fils de l’homme ?”[5] 14Ils lui répondirent : “Les uns disent que vous êtes Jean-Baptiste, d’autres Élie, d’autres Jérémie ou quelqu’un des prophètes. — 15Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ?” 16Simon Pierre, prenant la parole, dit : “Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant.” 17Jésus lui répondit : “Tu es heureux, Simon, fils de Jean[6], car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. 18Et moi je te dis que tu es Pierre[7], et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. 19Et je te donnerai les clefs[8] du royaume des cieux : et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux.” 20Alors il défendit à ses disciples de dire à personne qu’il était le Christ.

21Jésus commença dès lors à découvrir à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, qu’il souffrît beaucoup de la part des Anciens, des Scribes et des Princes des prêtres, qu’il fût mis à mort et qu’il ressuscitât le troisième jour.[9] 22Pierre, le prenant à part, se mit à le reprendre, en disant : “A Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne vous arrivera pas.” 23Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre : “Retire-toi de moi, Satan[10], tu m’es un scandale ; car tu n’as pas l’intelligence des choses de Dieu ; tu n’as que des pensées humaines.” 24Alors Jésus dit à ses disciples : “Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à soi-même, qu’il prenne sa croix et me suive.[11]

  1. 39. La Vulg. met ici Magédan ; le grec varie entre Magadan et Magdala. Cette dernière ville, aujourd’hui pauvre village nommé Medjdel, était la patrie de Marie Madeleine ou de Magdala. Voy. Marc, viii, 10.
  2. XVI, 1. Marc, viii, 11-13 ; Luc, xii, 54-56 .
  3. 5-12. Marc, viii, 14-21 .
  4. 6. Comp. la parabole du levain (xiii, 33) et les enseignements de S. Paul I Cor. v, 6 sv ; Gal. v, 9.
  5. 13. Marc, viii, 27-30 ; Luc, ix, 18-21 .
  6. 17. Simon, fils de Jean ou de Jonas (les manuscrits offrent les deux leçons) : il est probable que Jonas ici n’est qu’une forme abrégée de Johanan, Jean.
  7. 18. Pierre, c.-à-d. rocher, un homme rocher. Telle est, par rapport à l’édifice extérieur de l’Église, la signification précise du nom de Pierre (araméen Céphas), que le Sauveur avait promis à Simon, fils de Jean, la première fois qu’il le rencontra (Jean, i, 42). — Mon Église, litt. assemblée, réunion, société) l’Église chrétienne, seul et véritable royaume du Messie sur la terre. — Les portes : image de la puissance ; chez les anciens Orientaux, c’est aux portes des villes que les autorités du pays rendaient la justice. — Aucune des puissances hostiles à l’Église, ni le royaume de la mort, ni celui de Satan, ne prévaudra contre elle.
  8. 19. Les clefs sont, dans la Bible (Is. xxii, 22), le symbole de l’autorité souveraine ; comp. Apoc. iii, 7 . Dans le pouvoir de lier et de délier, il y a la même pensée sous une autre image. C’est comme si N.-S. disait à Pierre : Je te ferai, sur terre, le chef suprême de mon royaume, c.-à-d. d’après le contexte, de mon Église. Cette autorité, qui n’est ici que promise au prince des Apôtres, il la lui conféra en effet, après sa résurrection par l’ordre trois fois répété : Pais mes agneaux, pais mes brebis (Jean, xxi, 15).
  9. 21. Marc, viii, 31-32.
  10. 23. Satan, adversaire, tentateur, mauvais conseiller : comp. iv, 10.
  11. 24. Marc, viii, 34-39 ; Luc, ix, 23-27. Être mon disciple ; litt. Venir après moi.