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gent[1], afin qu’il ne dévore point mes étalons, qu’il n’étrangle point mes cavales, qu’il ne ravage point mes troupeaux, qu’il ne disperse point mes vaches à travers les prairies. »

Ilmarinen forgea l’épieu, un épieu qui n’était ni trop long, ni trop court, mais tout à fait de grandeur moyenne. Sur le fer se dressait un loup, sur la pointe un ours, un élan s’allongeait sur la bouterolle, un cheval bondissait sur le manche, un renne piaffait à son extrémité[2].

La neige tombait, une neige fine et légère, comme une brebis âgée d’un automne, comme un lièvre âgé d’un hiver[3]. Le vieux Wäinämöinen prit la parole et dit :

« Maintenant, le désir surgit dans mon esprit, l’envie me prend d’aller dans Metsola[4], de visiter les vierges des bois, les domaines des jeunes filles au teint d’azur[5].

« Oui, je quitterai la société des hommes pour me rendre dans les bois, je quitterai la société des héros pour aller travailler hors de la maison. Reçois-moi, ô forêt, parmi tes hommes, reçois-moi, ô Tapio[6], parmi tes héros, fais que ma chasse soit heureuse, que j’abatte le beau des bois[7] !

  1. Raha-Karva. — L’ours est ainsi surnommé à cause du grand prix de sa fourrure, et parce que les Finnois s’en servaient avant l’invention de la monnaie métallique, de même que des autres peaux de bête, comme de valeur d’échange. Le mot raha signifiait originairement une marchandise quelconque employée en guise d’argent dans un acte de commerce. Voir page 109, note 2.
  2. Voir page 384, note 3
  3. « Satoi siittä uutta lunta,
    « Hiukan hienoista vitia
    « Sykysyisen uuhen verran,
    « Verran talvisen janiksen. »

  4. Voir page 116, note 1.
  5. Ici commence le chant de la chasse de l’ours, karhunpyytäjän sanat.
  6. Voir page 114, note 2.
  7. Metsän kaunis. Toutes ces flatteries adressées à l’ours tiennent à la haute estime que les Finnois professent pour cet animal à cause du riche produit qu’ils en retirent.