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le kalevala

le long des chemins de Tapiola[1], à travers les demeures de Tapio[2]. Salut à vous, montagnes, salut à vous, rochers aux pics sublimes, salut à vous, sauvages forêts de sapins, salut à vous, peupliers au tremblant feuillage, salut à celui qui vous salue !

« Croissez, arbres des forêts, engraissez-vous, ô vastes plaines ! Et toi, éternel Tapio, sois-moi propice ! Conduis le héros dans un bois, conduis-le au sommet d’une colline, où il puisse chasser le gibier, où il puisse faire un riche butin !

« Ô Nyyrikki, fils de Tapio, noble héros au casque rouge, grave des signes sur les arbres et sur les rochers, afin que je me retrouve au milieu de ces routes inconnues, lorsque je poursuivrai ma proie, que je lancerai le précieux gibier !

« Ô Mielikki[3], mère de la forêt, gracieuse vieille, charmant visage, envoie ton or, envoie ton argent[4] au devant du héros qui les poursuit, du héros qui te supplie !

« Prends les clefs d’or de l’anneau suspendu à ta ceinture[5], et ouvre l’aitta de Tapio, la citadelle de la forêt, pendant le jour qui éclaire ma prière, le temps où je cours après la proie !

« Et si tu ne veux point te charger toi-même de ce soin, envoie à ta place quelqu’une de tes filles, quelqu’une de tes servantes, envoie celles qui sont faites pour obéir à tes ordres ! Tu ne serais point une véritable maîtresse de maison, si tu n’avais à tes gages cent filles, mille servantes, pour paître tes troupeaux, pour prendre soin de tout ton gibier !

  1. Habitation de Tapio.
  2. Dieu des bois.
  3. Femme de Tapio.
  4. Par l’or et l’argent de Mielikki, il faut entendre les animaux des bois, le gibier.
  5. Il était d’usage chez les anciens Finnois, comme chez les anciens Scandinaves et d’autres peuples, que la maîtresse de maison portât toutes les clefs du ménage suspendues dans un anneau à la ceinture.