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LA PLANÈTE MARS.

Sur la Terre, la proportion est de 1 pour 100. Ce peut être le contraire sur Mars.

La théorie cosmogonique la plus probable nous montre Mars comme formé antérieurement à la Terre et comme plus avancé dans sa destinée.

Helmholtz a calculé que la condensation de la nébuleuse primordiale en soleil a dû produire 28 millions de degrés centigrades. Appliquant ces mêmes principes à la Terre et à Mars, M. Schiaparelli trouve que cette chaleur de concentration a dû être de 8988° pour la Terre et 1795° seulement pour Mars. Ce globe doit être depuis longtemps refroidi jusqu’à son centre.

On sait d’ailleurs que la chaleur intérieure du globe terrestre n’a aucune influence sur la température de la surface ni sur les phénomènes de la vice végétale et animale.

L’ancienneté de Mars expliquerait tout naturellement la plus grande rareté des eaux à sa surface et le nivellement probable de ses continents.

Nous avons vu que ses mers consistent en méditerranées qui paraissent peu profondes. Des régions intermédiaires sont tantôt sèches et tantôt inondées, ou peut être couvertes de brumes. Signalons, comme îles, 1o l’île neigeuse de Hall, située dans l’océan de la Rue, par 47° de longitude et 22° de latitude (Voy. notre carte, p. 69), qui est tantôt visible lorsqu’elle est couverte de neige ou de nuages (Voy. p. 278, 303, 315), et tantôt invisible, et à laquelle M. Schiaparelli a donné le nom de terre de Protée ; 2o l’île de Dawes, appelée aussi terre de Jacob et Argyre, située au-dessus de la précédente (Voy. p. 69, 187, 302). La neige atlantique et la neige olympique paraissent représenter des pics parfois couverts de neiges, situés en pleines terres, le premier par 267° de longitude et 17° de latitude boréale, le second par 128° de longitude et 21° de latitude boréale (Voy. p. 333 et 336).

Nous avons vu aussi que les chaînes de montagnes sont rares. Tout semble nivelé. Cependant il en reste, comme le montrent les taches blanches observées sur le terminateur (Voy. p. 466). Les rives droites de la mer du Sablier, jusqu’au détroit d’Herschel, doivent être en falaises, non en plages, car, d’une part, les extensions de cette mer se produisent toujours sur la rive gauche et, d’autre part, une bordure blanche assez fréquente indique là des neiges, gelées blanches ou nuées.

L’hémisphère boréal de Mars est à un niveau supérieur à celui de l’hémisphère austral : les mers occupent surtout celui-ci. Il en est sensiblement de même pour le globe terrestre. La cause peut être attribuée à l’effet de l’attraction solaire sur les hémisphères martien et terrestre les plus rapprochés de lui pendant la demi-période de révolution de la ligne des apsides à l’époque critique de la consolidation définitive de l’écorce.