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SCHIAPARELLI. — ÉTUDE GÉNÉRALE.

communique avec le détroit Arago, et fait de la région dont il s’agit une île complète (île Phillips). IL en est de même des dessins de Secchi, de 1858 (p. 139). M. Terby paraît incliné à conclure que c’est là la vraie configuration, et que le rattachement de cette île au continent est une illusion produite par des nuages blanchissant ce passage.

La terre de Pyrrha est dans le même cas,

(Ne pourrait-il se faire que l’eau prît un état intermédiaire entre l’état liquide et l’état nuageux et se condensât au-dessus de la surface sous forme de nappes de brumes visqueuses, foncées, très denses ?)

M. Schiaparelli pense que toutes ces terres entourées d’eau doivent donner naissance à des vapeurs qui se condensent plus ou moins et dessinent leurs formes en blanc pour un observateur placé au loin, ces formes variant beaucoup, selon les diversités de la condensation et avec le vent, Pourtant il n’en a pas observé en 1877 dans tout l’hémisphère austral de Mars, excepté des nuées sur la terre de Jacob.

Île de Hall = Terre de Protée.

C’est une île isolée dans l’océan de la Rue, presque sur la même latitude que la mer Terby. Nous l’avons vue sur les dessins et sur la carte de Green (p. 275 et 278). Elle est plus rapprochée de l’équateur que l’île neigeuse de Dawes. Observations rares. M. Green l’a dessinée le 2 septembre à 1h 10m et 2h 20m, très blanche ; M. Schiaparelli l’a vue le 2 octobre et le 4 novembre ; il pense que le 26 septembre et le 4 octobre il a observé, non l’île elle-même, mais son image météorique, une nuée blanche indiquant sa forme.

Mer Schiaparelli = Mer des Sirènes. Colonnes d’Hercule, Araxes, Lac du Phénix.

On doit à l’habile astronome de Milan d’avoir apporté de nouvelles clartés dans cette curieuse région martienne. Jusqu’à lui, la mer qui porte aujourd’hui son nom était confondue avec la mer Maraldi., Ses observations l’ont définie avec précision.

Cette mer se prolonge par deux bras étroits, l’un qui descend vers la gauche jusqu’au lac de Bessel, l’autre qui monte vers le Sud jusqu’à la mer Cottignez. Le premier de ces deux bras porte le nom d’Araxes sur la carte de M. Schiaparelli, et, au lieu d’être rectiligne, est sinueux[1] ; le second porte le nom de Colonnes d’Hercule ; le lac est nommé lac du Phénix. La pé-

  1. « Alla sua curvatura, dit-il, che e molto evidente, e costituisce un caso piutosto raro nei canali onde è sparso il pianeta, ho posto particulare attenzione. » Il y a eu là aussi quelque changement. Voir plus loin les observations ultérieures.