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main-souveraine, sans qu’il soit besoin dans ce cas d’obtenir des lettres de chancellerie.

Le vassal en se faisant recevoir en foi par main-souveraine, doit interjetter appel des saisies féodales, s’il y en a, au moyen dequoi il en obtient la main-levée en consignant les droits. Voyez les commentateurs de la coutume de Paris sur l’article 60 ; Duplessis, chap. vj. de la saisie féodale.

On a aussi recours à la main-souveraine lorsqu’il y a conflit entre deux juges de seigneurs, ou deux juges royaux indépendans l’un de l’autre ; on s’adresse en ce cas au juge supérieur, qui ordonne par provision ce qui lui paroît convenable. (A)

Main du Roi, est la même chose que main de justice. Mettre & asseoir la main du roi sur un héritage, c’est le saisir. Voyez la coutume de Berry, tit. V. art. 7 ; Ponthieu, article 120.

Main-tierce, (Jurisprud.) signifie une personne entre les mains de laquelle on dépose un écrit, une somme d’argent ou autre chose, pour la remettre à celui auquel elle appartiendra.

Un débiteur qui est en même tems créancier pour quelqu’autre objet de son créancier, fait lui-même une saisie entre ses mains, comme en main-tierce, c’est-à-dire comme s’il saisissoit entre les mains d’un tiers. Voyez Tiers saisi. (A)

Main-avant, (Marine.) c’est une espece de commandement pour faire passer alternativement les mains des travailleurs l’une devant l’autre, en tirant une longue corde, ce qui avance le travail.

Main-avant, (Marine.) monter main-avant, c’est monter sans échelle, c’est monter aux hunes le long des manœuvres sans enfléchures, mais seulement par adresse des mains & des jambes.

Main, (Com.) parmi les artisans se prend figurément en divers sens.

Acheter la viande à la main, c’est l’acheter sans la peser.

Lâcher la main sur une marchandise, signifie diminuer du prix qu’on en a d’abord demandé à l’acheteur, en faire meilleur marché, la donner quelquefois à perte.

Acheter une chose de la premiere main, c’est l’acheter de celui qui l’a fabriquée ou recueillie, sans qu’elle ait passé par les mains des revendeurs : l’acheter de la seconde main, c’est l’avoir de celui qui l’a achetée d’un autre pour la revendre. On dit dans le même sens, troisieme & quatrieme main. Rien n’est plus avantageux dans le commerce que d’avoir les marchandises de la premiere main. Dictionn. de Com. tom. II. (G)

Vendre hors la main, terme usité à Amsterdam pour exprimer les ventes particulieres, c’est-à-dire celles où tout se passe entre l’acheteur & le vendeur, ou tout au plus avec l’entremise des courtiers, sans qu’il y intervienne aucune autorité publique, ce qui les distingue des ventes au bassin, qui se font par ordre du bourguemestre, & où préside un vendumestre ou commissaire nommé par le magistrat. Dictionn. de Comm.

Main, (Comm.) poids des Indes orientales, qui ne sert guère qu’à peser les denrées qui se consomment pour l’usage de la vie : on l’appelle plus ordinairement mas. Voyez Mas, Dictionn. de comm.

Main, instrument de cuivre ou de fer-blanc, qui sert aux marchands banquiers, commis, caissiers, qui reçoivent beaucoup d’argent blanc, à le ramasser sur leur comptoir ou bureau après qu’ils l’ont compté, pour le remettre plus facilement dans des sacs. Cet instrument appellé main, à cause de son usage, est long d’environ dix pouces, large de cinq à six, de figure quarrée, avec une espece de poignée par en haut. Il a des bords de trois côtés, celui par où l’on ramasse les especes n’en ayant point. Dict. de comm.

Main, en terme de Blanchisserie, c’est une planche de sapin, longue de cinq piés sur un de large, dont les cornes sont bien abattues. Elle est posée à l’une de ses extrémités en ovale, & garnie d’un morceau de bois rond qui lui sert de poignée ; c’est avec cet instrument qu’on retourne la cire. Voyez les fig. des Pl. de la Blanchisserie des cires, & l’art. Blanchir.

Main, outil du Cirier, avec lequel ils prennent la chaudiere pour l’ôter de dessus le cagnard, & éviter de se brûler lorsqu’elle est chaude, ou de se remplir les mains de cire fondue. Voyez les fig. des Pl. du Cirier. La premiere représente la main seule, & la seconde, la main qui embrasse la chaudiere, & qui lui fait un espece de manche.

Main a l’épée, l’épée a la main, (Gramm.) Il y a-de la différence entre mettre la main à l’épée, & mettre l’épée à la main. La premiere expression signifie qu’on se met seulement en état de tirer l’épée, ou qu’on ne la tire qu’à demi ; la seconde marque qu’on tire l’épée tout-à-fait hors du fourreau. Il en est de même des termes, mettre la main au chapeau, ou mettre le chapeau à la main, & autres ; on dit toujours, mettre la main à la plume, & jamais mettre la plume à la main. (D. J.)

Main, (Horlogerie.) piece de la cadrature d’une montre ou pendule à répétition : on ne s’en sert presque plus aujourd’hui ; elle faisoit la fonction de la piece des quarts dans les anciennes répétitions à la françoise. Voyez les figures de nos Planches de l’Horlogerie. Voyez Piece des quarts, Répétition &c. C’est encore un instrument représenté dans les mêmes Pl. de l’Horlogerie, dont les Horlogers se servent pour remonter les montres & pour y travailler, lorsqu’elles sont finies, sans les toucher avec les doigts : on en voit le plan, fig. 79. p. Les parties 9, 9, 9, sont mobiles sur les centres t, t, t, & portent des especes de griffes 9, 9, figure 80. c, entre lesquelles on serre une des platines par le moyen des vis v v, même fig.

Main, (Imprimerie.) est un signe figuré comme une main naturelle, en usage dans l’Imprimerie pour marquer une note ou une observation : exemple .

Main, (Maréchall.) terme qui s’emploie dans les expressions suivantes par rapport au cheval. Avant main, arriere-main. Voyez ces termes à la lettre A. Un cheval est beau ou mal fait de la main en avant ou de la main en arriere, lorsqu’il a l’avant-main ou l’arriere-main beau ou vilain. Cheval de main, est un cheval de selle, qu’un palefrenier mene en main, c’est-à-dire sans être monté dessus, pour servir de monture à son maître quand il en est besoin. Cheval à deux mains, signifie un cheval qui peut servir à tirer une voiture & à monter dessus. Un cheval entier à une ou aux deux mains. Voyez Entier. Le cheval qui est sous la main à un carrosse, est celui qui est attelé à la droite du timon, du côté droit du cocher qui tient le fouet ; celui qui est hors la main, est celui qui est attelé à gauche du timon. Aller aux deux mains, se dit d’un cheval de carrosse, qui n’est pas plus gêné à droite qu’à gauche du timon. Léger à la main. Voyez Léger. Etre bien dans la main, se dit d’un cheval dressé, & qui obéit avec grace à la main du cavalier. Peser à la main, voyez Peser. Obéir, répondre à la main. Battre, tirer à la main. Forcer la main. Appui à pleine main. Voyez tous ces termes à leurs lettres. Tourner à toutes mains, se dit d’un cheval qui tourne aussi aisément à droite qu’à gauche. Le terme de main s’emploie aussi par rapport au cavalier. La main de dedans, la main de dehors. Voyez Dedans, Dehors. La main de la bride, est la main gauche du cavalier. La main de la gauche, de la lame de l’épée, c’est la droite. L’effet de la main, est la même chose que l’effet de la bride. Voyez Bride. La main haute, est la main gauche du