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ment que dans les pendules, cela vient de ce que les cas défavorables sont infiniment plus grands dans les montres, qui par-là sont aussi moins régulieres.

Plus il y aura dans les pendules & les montres d’uniformité dans la communication de la force motrice, plus les arcs de supplément seront égaux entre eux ; & par conséquent plus elles seront régulieres.

L’on terminera cet article en disant, que l’art de l’horloger consiste d’un côté à rendre la force motrice la plus constante, & de l’autre à n’en point abuser en l’employant surabondamment ; car par-là on altéreroit l’isocronisme des oscillations ou vibrations sur les régulateurs.

Je me sers de l’arc de levée pour marquer le centre d’échappement en cette sorte. Ayant fait une marque sur le bord du balancier ; par exemple, prenant la cheville de renversement pour point fixe, je fais décrire l’arc de levée à droite & à gauche, & je marque sur la platine ou sur le coq les termes de ces deux arcs qui n’en font plus qu’un, lesquels je divise en deux parties égales, & je marque le point de division sur la platine ; & lorsque je mets le balancier avec son spiral, je le retire ou le lâche jusqu’à ce que la cheville ou la marque faite au balancier se repose sur le point de division que j’ai marqué sur la platine : alors mon balancier est dans son échappement beaucoup plus parfaitement qu’on ne le pourroit faire en tâtonant par la roue de champ, comme on le faisoit avant moi. Art. de M. de Romilly, horl.

Levée, (Lingere.) c’est une bande de toile qu’on sépare de la piece pour en faire un ouvrage, ou qu’on sépare d’un ouvrage quand il y en a plus qu’il ne faut.

Levée, (Méchan.) se dit aussi dans quelques machines, de ce qu’on appelle camme dans d’autres. Ce sont des éminences pratiquées sur un arbre qui tourne : il y en a d’autres pratiquées à des pieces debout. Celle de l’arbre venant à rencontrer celles-ci, font relever la piece, s’échappent, & la laissent retomber : c’est le méchanisme des bocards.

Levée, (Maréchall.) en termes de courses de bague, se dit de l’action de celui qui court la bague, lorsqu’il vient à lever la lance dans sa course pour l’enfiler.

Levée, terme de moulin à papier ; ce sont des morceaux de bois plats enfoncés de distance en distance dans l’arbre de la roue du moulin, & qui donnant le mouvement aux maillets qu’ils enlevent, les laissent retomber après, ce qui réduit les chiffons en bouillie. Voyez les Planches de Papeterie.

Levée, terme de riviere ; élévation formée aux deux extrémités d’un bateau, où elles forment un siege. Le batelier est assis sur une des levées, quelques-uns laissent les passans sur l’autre.

Levée, (Rubanerie.) s’entend de toute portion de chaîne que les lisses ou lisettes font lever tantôt en grande quantité, tantôt en moindre, suivant le passage du patron. C’est toujours à travers cette levée que la navette passe la trame qu’elle contient, laquelle trame se trouve arrêtée, lorsque cette levée ayant fait son office lui fait place. On entend assez que cette levée est opérée par les marches, qui faisant toujours lever quelque portion que ce soit de la chaîne, pour donner passage à la navette, donne lieu à la fabrique de l’ouvrage.

Levée, terme de Tisserand, qui signifie la quantité d’ouvrage qu’un ouvrier peut faire sans être obligé de rouler sur l’enspule de devant l’ouvrage qui est déja fait. Voyez Toile.

Levée, (Jeu de cartes.) Une carte est supérieure à une autre, à quelque jeu de carte que ce soit ; c’est-à-dire, que celui qui joue la supérieure, l’emporte de son côté. Toutes les cartes inférieures qui

sont jouées sur la sienne, & la collection de ces cartes s’appelle une levée. Il y a autant de levées à chaque coup qu’on a de cartes en main ; & selon les conditions du jeu, il faut un certain nombre de levées pour gagner la partie.

LEVENDI, s. m. (Hist. mod.) nom donné par les Turcs à leurs forces maritimes ; ils y admettent les Grecs & les Chrétiens sans distinction, ce qu’ils ne sont point dans leurs troupes de terre, où ils ne reçoivent que des Mahométans.

LEVENTI ou LEVANTI, s. m. (terme de relation.) soldat turc de galere qu’on rencontre en assez grand nombre dans Constantinople. Comme ces gens-là ne sont que de la canaille qui court sur le monde le coutelas à la main, le gouverneur de la ville a permis de se défendre contre eux, & l’on les met à la raison à coups d’épée & de pistolets. On a encore un moyen plus sage d’éviter leurs insultes, c’est de se faire escorter par des janissaires, qui ne demandent pas mieux, & pour lors on peut se promener dans Constantinople en toute sureté. (D. J.)

LEVER, v. act. (Gramm.) terme relatif au mouvement de bas en haut. Voyez quelques-unes de ces acceptions, au simple & au figuré, aux articles Levé, Levée, & ceux qui suivent.

Lever, v. act. (Géom.) on dit, dans la Géométrie pratique, lever un plan ; c’est prendre avec un instrument la grandeur des angles, qui déterminent la longueur & la disposition des lignes par lesquelles est terminé le terrein dont on se proposoit de lever le plan. Voyez Planchette, Demi-cercle, Graphometre, &c.

Lever un plan & faire un plan sont deux opérations très-distinctes. On leve un plan, en travaillant sur le terrein, c’est-à-dire, en prenant des angles & en mesurant des lignes, dont on écrit les dimensions dans un registre, afin de s’en ressouvenir, pour faire le plan ; ce qui consiste à tracer en petit sur du papier, du carton, ou toute autre matiere semblable, les angles & les lignes déterminés sur le terrein dont on a levé le plan, de maniere que la figure tracée sur la carte, ou décrite sur le papier, soit tout-à-fait semblable à celle du terrein, & possede en petit, quant à ses dimensions, tout ce que l’autre contient en grand. Voyez Plan, Carte, &c. (E)

Lever, s. m. terme d’Astronomie, c’est la premiere apparition du soleil, d’une étoile ou d’un autre astre sur l’horison, lorsqu’il ne fait que de sortir de l’hémisphere opposé à celui que le spectateur habite. Voyez Horison, &c. voyez aussi Amplitude.

La réfraction des rayons dans l’atmosphere avance le lever des corps célestes, c’est-à-dire, fait qu’ils paroissent sur l’horison, lorsqu’ils sont encore réellement dessous. Voyez Réfraction.

Il y a pour les Poëtes trois sortes de levers des étoiles. Le lever cosmique, lorsqu’une étoile se leve avec le soleil. Voyez Cosmique.

Le lever acronyque, lorsqu’une étoile s’éleve en même tems que le soleil se couche. Voyez Acronyque.

Le lever héliaque, solaire ou apparent. C’est celui d’une étoile qui paroît sortir des rayons du soleil proche l’horison, & cesse d’être cachée par l’éclat de cet astre, ce qui arrive environ 20 jours après la conjonction de l’étoile avec le soleil, le nombre de jours étant plus ou moins grand, selon la grandeur de l’étoile, la distance, &c. Voyez Héliaque.

Hésiode a remarqué, il y a long-tems, que Sirius étoit caché par le soleil l’espace de 40 jours, c’est-à-dire, 20 jours avant son lever cosmique, & 20 après. Quelques nations d’Amérique, entre autres les sauvages de l’île de Cayenne, reglent leur année civile par le cours de Sirius, & la commencent