L’Encyclopédie/1re édition/COSMIQUE

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COSMIQUE, adj. (Géog.) se dit de ce qui appartient à la Cosmographie, ou qui a rapport au monde en général. (O)

Cosmique, se dit, en Astronomie, du lever d’une étoile dans certaines circonstances. Une étoile se leve cosmiquement, quand elle se leve avec le soleil, ou avec le degré de l’écliptique où est le soleil. Voyez Lever.

Le coucher cosmique arrive lorsqu’une étoile se couche dans le même tems que le soleil se leve. Voy. Coucher & Heliaque.

Selon Kepler, se lever ou se coucher cosmiqument, c’est seulement s’élever sur l’horison ou descendre dessous. Voyez Achronique. Chambers. (O)

Cosmiques. (Qualités) Façon de parler dont M. Boyle se sert pour désigner certaines qualités des corps résultantes de la construction générale de l’Univers. Voyez Qualité.

Quoiqu’en considérant les qualités des corps, nous n’examinions ordinairement que la faculté que chaque corps a d’agir sur un autre, ou que la propriété qu’il a de subir l’action d’un autre corps avec lequel une communication réciproque d’impressions fait observer qu’il a une relation manifeste ; cependant, selon M. Boyle, un corps peut avoir quelques attributs, & être sujet à certains changemens, non pas simplement par rapport à ces qualités qui paroissent lui être évidemment inhérentes, ni par les relations qu’il a avec les autres corps, mais en conséquence de la constitution du système général du Monde, de laquelle il pourroit résulter plusieurs agens insensibles, qui par des moyens inconnus pourroient agir puissamment sur les corps que nous considérons, y produire des changemens, & les rendre capables d’en produire sur les autres corps ; de sorte que ces changemens devroient être attribués plûtôt à l’action de quelques agens insensibles, qu’à celle des autres corps avec lesquels on observeroit que le corps en question auroit un certain rapport. Ainsi plusieurs corps étant placés ensemble dans quelque espace supposé au-delà des bornes de l’Univers, ils retiendroient, selon M. Boyle, plusieurs des qualités dont ils sont doüés présentement, & ils pourroient en perdre quelques-unes & en acquérir d’autres. Mais si on les remettoit à leurs premieres places dans l’Univers, ils reprendroient leurs propriétés & dispositions primitives, dépendantes de la forme du système général ou du Monde. Ce sont ces qualités ou propriétés que M. Boyle appelle systématiques ou cosmiques. Chambers.

On ne sauroit douter que tous les corps dont cet Univers est composé, ne forment un système qui est un, & dont les parties sont dépendantes les unes des autres, & ont entr’elles des relations qui résultent de l’harmonie du tout. Certainement quelques-uns de ces corps déplacés pourroient perdre ces relations, & changer par conséquent de propriétés à certains égards. Mais tout ce que nous pouvons dire là-dessus se réduit à des choses bien générales & bien vagues ; parce que nous sommes fort ignorans sur les propriétés de la matiere, & sur l’ensemble de cet univers que nous habitons. Un seul phénomene, un seul fait bien vû & bien développé instruit plus que toutes ces conjectures hasardées, que nous ne serons jamais à portée de vérifier, & qui, sans éclairer les Philosophes, exercent leur imagination & leur oisiveté. Newton, sans s’épuiser en raisonnemens sur le système d’un autre univers, a fait plus de découvertes qu’aucun autre philosophe dans le système de celui que nous habitons. Ne cherchons point ce que les corps pourroient être dans un monde imaginaire ; contentons-nous d’ignorer ce qu’ils sont dans celui-ci. (O)