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triompher de l’injustice du sort, & des entreprises odieuses de leurs ennemis. (D. J.)

JAROMITZ, (Géog.) petite ville de Bohème sur l’Elbe, à 11 lieues S. O. de Glatz 25 N. E. de Prague. Long. 33. 55. lat. 50. 18. (D. J.)

JAROSLAW, (Géog.) ville de Pologne au Palatinat de Russie, avec une bonne citadelle ; elle est remarquable par sa foire & par la bataille que les Suédois gagnerent sous ses murs en 1656 ; elle est sur la Sane, à 28 lieues N. O. de Lemberg, 50 S. E. de Cracovie. Long. 40. 58′. lat. 49. 58′. (D. J.)

JARRE, s. f. (Commerce.) cruche de terre à deux anses, dont le ventre est fort gros. Ce mot vient de l’espagnol jarre ou jarro, qui signifie la même chose.

C’est aussi une espece de mesure : la jarre d’huile contient depuis 18 jusqu’à 26 jallons ; la jarre de gimgembre pese environ cent livres.

M. Savari dit que la jarre est une mesure de continence pour les vins & les huiles dans quelques échelles du levant, particulierement à Mételin où elle est de six orques, qui font environ quarante pintes de Paris. Voyez Orque & Pinte. Diction. de Commerce. (G)

Jarre, terme dont les Chapeliers se servent pour désigner le poil long, dur & luisant, qui se trouve sur la superficie des peaux de castor, & qui n’étant pas propre à se feutrer, est tout-à-fait inutile, & ne peut pas entrer dans la manufacture des chapeaux.

Arracher le jarre, c’est l’ôter de dessus les peaux avec des especes des pinces. On emploie ordinairement à cet ouvrage des ouvrieres qu’on appelle arracheuses ou éplucheuses.

Les chapeliers se servent du jarre pour remplir des especes de pelotes couvertes de chifons de laine, avec lesquelles ils frottent les chapeaux, & leur donnent le lustre. Voyez Chapeau, voyez aussi Castor.

Jarre se dit aussi du poil de vigogne.

Jarres ou Giares, plur. (Marine.) ce sont de grandes cruches ou vaisseaux de terre, dans lesquels on met de l’eau douce pour la conserver meilleure que dans les futailles ; on les place ordinairement dans les galeries du vaisseau. (Q)

JARREBOSSE, (Marine.) voyez Candelette, qui est la même chose.

JARRET le, s. m. (Anat.) c’est la jointure de l’os de la cuisse avec ceux de la jambe dans la partie postérieure. La jointure de l’os de la cuisse avec ceux de la jambe dans la partie antérieure se nomme le genou, au sujet duquel M. Mery rapporte un fait bien singulier dans le recueil de l’académie des Sciences, c’est l’histoire d’une exostose au genou qui pesoit vingt livres. (D. J.)

Jarret, (Maréchallerie.) dans le cheval, c’est la jointure du train de derriere, qui assemble la cuisse avec la jambe. Il faut qu’un cheval ait les jarrets grands, amples, bien vuidés & sans enflure, qu’il sache bien plier les jarrets. Des jarrets gras, charnus & petits sont défectueux. Plier les jarrets, voyez Plier ; on dit d’un cavalier qui serre les jarrets avec trop de force & sans y avoir de liant, qu’il a des jarrets de fer.

Jarret, (Hydr.) en fait de fontaines, s’entend d’une conduite d’eau qui fait un coude, & qu’on n’a pû faire aller en droite ligne à cause de la situation du terrein, ou de la disposition du jardin qui fait un angle. Cette conduite s’appelle jarrette : il faut prendre ces jarrets de loin pour éviter les frottemens. Voyez Conduite. (K)

Jarret, (Coupe des pierres.) imperfection d’une direction de ligne ou de surface, qui fait une sinuosité ou un angle. Le jarret saillant s’appelle coude, & le rentrant s’appelle pli. Une ligne droite fait un

jarret avec une ligne courbe, lorsque leur jonction ne se fait pas au point d’attouchement, ou que la ligne droite n’est pas tangente à la courbe.

Jarret, en terme d’Eperonnier, est cette partie d’un mors qui descend depuis le rouleau Jusqu’aux petits tourets de la premiere chaînette. Voyez Chainette & Tourets, & nos Plarches de l’Eperonnier.

Jarret, (Jardinage.) se dit d’un coude ou d’une branche d’arbre très-longue, dénuée de toutes ses ramilles, & dont on ne laisse pousser que celles qui viennent à son extrémité ce qui forme une espece de jarret.

JARRETE, adj. (Maréchallerie.) c’est la même chose que crochu. Voyez Crochu.

JARRETIER, (Anat.) voyez Poplité.

JARRETIERE, s. f. lien avec lequel on attache ses bas.

L’ordre de la jarretiere, c’est un ordre militaire institué par Edouard III. en 1350, sous le titre des suprèmes chevaliers de l’ordre le plus noble de la jartiere. Voyez Ordre.

Cet ordre est composé de vingt-six chevaliers ou compagnons, tous pairs, ou princes, dont le roi d’Angleterre est ou le chef, ou le grand-maître.

Ils portent à la jambe gauche une jarretiere garnie de perles & de pierres précieuses, avec cette devise, honni soit qui mal y pense. Voyez Devise.

Cet ordre de chevalerie forme un corps ou une société qui a son grand & son petit sceau, & pour officiers un prélat, un chancelier, un greffier, un roi d’armes & un huissier. Voyez Prélat, Chancelier, &c.

Il entretient de plus un doyen & douze chanoines, des soûchanoines, des porte-verges, & vingt-six pensionnaires ou pauvres chevaliers. Voyez Chanoines, &c.

L’ordre de la jarretiere est sous la protection de saint Georges de Cappadoce, qui est le patron tutélaire d’Angleterre. Voyez Georges.

L’assemblée ou chapitre des chevaliers se tient au château de Windsor dans la chapelle de saint Georges, dont on y voit le tableau peint par Rubens, sous le regne de Charles I. & dans la chambre du chapitre que le fondateur a fait construire pour cet effet.

Leurs habits de cérémonie sont la jarretiere enrichie d’or & de pierres précieuses, avec une boucle d’or qu’ils doivent porter tous les jours ; aux fêtes & aux solennités, ils ont un surtout, un manteau, un grand bonnet de velours, un collier de GGG, composé de roses émaillées, &c. Voyez Manteau, Collier, &c.

Quand ils ne portent pas leurs robes, ils doivent avoir une étoile d’argent au côté gauche, & communément ils portent le portrait de saint Georges émaillé d’or & entouré de diamans au bout d’un cordon bleu placé en baudrier qui part de l’épaule gauche. Ces chevaliers ne doivent point paroître en public sans la jarretiere, sous peine de six sols huit deniers qu’ils sont obligés de payer au greffier de l’ordre.

Il paroît que l’ordre de la jarretiere est de tous les ordres séculiers le plus ancien & le plus illustre qu’il y ait au monde. Il a été institué 50 ans avant l’ordre de saint Michel de France, 83 ans avant celui de la toison d’or, 190 ans avant celui de saint André, & 209 ans avant celui de l’éléphant. Voyez Toison d’or, Chardon, ou l’ordre du Chardon, ou de Saint André, en Ecosse, Eléphant, &c.

Depuis son institution, il y a eu huit empereurs & vingt-sept ou vingt-huit rois étrangers, outre un très-grand nombre de princes souverains étrangers