L’Encyclopédie/1re édition/CONDUITE

◄  CONDUITS
CONDUR  ►

* CONDUITE, s. f. (Gram.) c’est l’ordre que l’on met dans ses actions, relatif au but que l’on s’est proposé. Si les actions sont conséquentes, la conduite est bonne ; si elles ne sont pas conséquentes, la conduite est mauvaise. Il est évident qu’il ne s’agit que d’une bonté ou d’une mechanceté virtuelle, & non morale. Pour que la conduite soit moralement bonne ou mauvaise, il faut que le but soit bon & honnête, ou deshonnête ou mauvais ; d’où il s’ensuit que la conduite virtuelle peut être mauvaise quoique le but soit bon, & bonne quoique le but soit mauvais. Conduite a encore quelqu’autres acceptions relatives aux verbes conduire, diriger.

Conduite, s. f. terme d’horlogerie ; il signifie une tringle de fer TE (voyez la fig. 71. Horl.) qui porte à ses deux extrémités des roües R, R. appellées molettes, voyez Molette. Les conduites servent dans les grosses horloges à transmettre le mouvement à des distances de l’horloge trop grandes pour qu’on pût le faire par les moyens ordinaires, comme par exemple, pour faire mouvoir une aiguille qui marqueroit l’heure sur un cadran, éloigné de l’horloge de 10 ou 12 toises. En général on appelle dans une grosse horloge conduites, la partie qui sert à faire tourner des aiguilles qui en sont fort éloignées ; soit que ces conduites soient faites comme nous venons de le dire, soit qu’elles le soient autrement.

Lorsqu’on veut changer la direction d’un mouvement, on en employe de differentes especes. Veut-on, par exemple, changer un mouvement horisontal en un vertical, on met sur la conduite une roue de champ au lieu d’une roue platte ; & situant cette conduite verticalement, on change par-là la direction du mouvement de celle qui est horisontale dans laquelle la roue de champ engrene. Quand on veut dans un même plan changer la direction d’un mouvement, tantôt on fait engrener deux mollettes ensemble, de façon que leurs axes ou conduites fassent entr’eux un angle droit, & qu’ils soient dans ce même plan. Voyez fig. 72. tantôt lorsque l’angle que l’on veut que ces conduites fassent entr’elles est trop obtus, comme dans la fig. 73. Pour employer ce dernier moyen on se sert d’une machine MHE, dont les mouvemens sont semblables à ceux de la lampe de Cardan, c’est-à-dire, que le cercle ou globe G se meut sur les pivots PP, tandis que la queuë de la conduite Q peut aussi se mouvoir circulairement autour du centre du cercle C. Il est bon de remarquer que lorsque l’angle formé au centre C par les deux queuës M & Q est de 45 degrés, ou un peu au-dessous, on ne peut guere se servir de cette machine. Enfin c’est à l’adresse de l’horloger à imaginer des moyens simples de changer la direction des mouvemens, qui doivent se faire toujours avec le moins de frottement & le moins de jeu qu’il est possible. Dans l’horloge des Missions étrangeres qui a été faite sous les yeux de mon pere, les conduites ont en place de molettes d’un côté un petit coude C, fig. 74, & de l’autre un coude pareil D, dans lequel il y a un trou pour recevoir l’extrémité E du coude C ; par ce moyen on supprime non-seulement les jeux & les frottemens de leurs dentures, mais encore beaucoup d’ouvrage. Voyez Horloge, &c. (T).