Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

alimens, & le charie au foie, on le nomme veine-porte. Outre ces tuyaux, il y en a d’autres dans le corps humain, dont les uns sont pleins d’une liqueur claire, transparente, sans goût & sans odeur ; on la nomme lymphe, & les tuyaux qui la contiennent, s’appellent vaisseaux lymphatiques. Voyez Lymphe & Vaisseaux lymphatiques. Les autres conduits, qui ne contiennent ni sang, ni lymphe, sont destinés à recevoir l’air, on les appelle bronches : ils naissent tous d’un canal, en partie cartilagineux & en partie membraneux, qui du fond de la bouche gagne jusques dans la poitrine ; on lui donne le nom de trachée-artere, voyez Trachée-artère & Bronche : l’air amené par ces tuyaux gonfle les poûmons & soûleve la poitrine ; quand il en sort, la poitrine se resserre & les poûmons s’affaissent : ce double mouvement qui se fait alternativement pendant tout le cours de la vie, constitue cette importante fonction, connue de tout le monde sous le nom de respiration : quand l’air rentre, c’est l’inspiration ; quand il sort, c’est l’expiration. Voyez Respiration.

Toute partie qui remplit une fonction d’une certaine importance, & qui est renfermée dans l’une des grandes cavités de la machine, se nomme viscere, voyez Viscere. On voit encore certaines parties arrondies, assez fermes, de différentes couleurs, & qui pour la plûpart séparent du sang une humeur particuliere, on les appelle en général du nom de glandes ; quand elles sont isolées & détachées les unes des autres, elles se nomment glandes conglobées ; elles prennent le nom de glandes conglomérées, quand elles sont ramassées plusieurs ensemble & renfermées sous une même enveloppe. Voyez Glande. L’action par laquelle les glandes, ainsi que d’autres parties, séparent de la masse commune des humeurs une liqueur particuliere, porte en général le nom de sécrétion, voyez Sécrétion ; & les canaux par lesquels cette humeur est reçûe pour être conduite en un lieu différent, se nomment vaisseaux excréteurs : quand ils sont très-fins & très-déliés, on les nomme pores, & du nombre de ces derniers il en est dont la fonction differe des autres, & qui sont destinés à pomper quelque humeur, à s’en charger, pour la ramener à la masse, soit médiatement. soit immédiatement ; ils ont reçû le nom de pores absorbans, & il paroît que la surface de tous nos visceres en est aussi criblée que celle de la peau. Voyez Pores absorbans. Cette derniere partie couvre tout notre corps, ainsi que tout le monde le sait : on l’appelle à cause de cela le tégument universel ; elle est composée de plusieurs lames, dont la plus superficielle & la plus mince se nomme épiderme : celle-ci est insensible, & formée d’un grand nombre de petites écailles très-fines ; elle se replie dans les grandes ouvertures de la peau, & s’y confond, ou s’y perd dans la membrane qui revêt l’extérieur de l’œil, les narines, la bouche, le gosier, l’œsophage, &c. Voyez Epiderme. On apperçoit à la face de l’épiderme qui touche la peau, un réseau plus ou moins fin dans les différentes parties ; il semble être une appendice de l’épiderme, on le nomme le corps réticulaire. Voyez Corps réticulaire. Quelques anatomistes pensent que ce qui fait la liaison de l’épiderme & de la peau est une certaine substance à-peu-près muqueuse, qu’ils ont appellée le corps muqueux, & qu’ils croient être le siege de la couleur blanche de la peau des Européens, &c. & celui de la couleur noire de la peau des Négres. Voyez Corps muqueux. La peau, proprement dite, est immédiatement sous ce corps ; elle est faite par l’assemblage & l’entrelacement le plus singulier de fibres qui approchent fort de la nature des fibres ligamenteuses : à travers cet entrelacement pénetrent mille & mille filets nerveux, qui

viennent à sa superficie s’épanouir en papilles applaties, ou se gonfler de maniere à former les papilles pyramidales : ces papilles sont l’organe immédiat du plus étendu, du plus important & peut-être du plus utile de tous nos sens, du toucher, voyez Toucher. C’est dans la peau que s’opere l’excrétion la moins sensible, & cependant la plus abondante de toutes celles qui se font dans notre machine ; elle est connue sous le nom d’insensible transpiration : l’humeur qu’elle fournit est chassée par les pores de la peau. Voyez insensible Transpiration. La peau ne se réfléchit point comme l’épiderme par la bouche, le nez, le fondement, &c. elle est vraiment trouée dans tous ces endroits-là : il s’en manque beaucoup que la peau ait par-tout la même sensibilité, la même consistence, la même élasticité : toutes ces choses varient suivant les lieux. Voyez Peau. Ajoûtez à tout cela que cette partie soûtient les poils & les ongles. Ces premiers sont des filets très-déliés, de diverses couleurs, de différentes longueurs, toûjours insensibles dans l’état naturel, lesquels naissent d’un petit oignon placé à la face interne de la peau, & qui paroissent destinés à couvrir & défendre du froid, &c. la surface du corps. Voyez Poils. Les ongles paroissent faits d’une substance assez semblable à celle des poils : chacun sait qu’ils garnissent le bout des doigts, des mains & des piés : leur racine jouit d’une grande sensibilité ; l’extrémité se coupe sans qu’on en sente rien. Voyez Ongle. Dans la plûpart des quadrupedes, on trouve sous la peau une lame musculaire, qui s’appelle le pannicule charnu : cette partie manque dans l’homme, voyez Pannicule charnu. Il n’y a sous la peau du corps humain qu’un tissu formé par un grand nombre de cellules irrégulieres, lesquelles renferment une humeur huileuse condensée, douce & jaunâtre, connue sous le nom de graisse, voyez Graisse : ces cellules sont autant de petits réservoirs où la nature met en dépôt l’humeur dont nous venons de parler, & qu’elle saura bien reprendre en cas de besoin, par exemple, dans le tems des maladies, soit pour nourrir le corps, soit pour adoucir l’acrimonie des humeurs morbifiques : les membres gagnent à ce dépôt une forme plus réguliere, des contours plus gracieux & une souplesse très-marquée : la sagesse de la nature sait tirer plusieurs avantages d’une même chose ; elle les épuise ; le tissu cellulaire joint aux propriétés que nous venons d’indiquer, celle de servir de lien à toutes les parties du corps ; c’est lui qui les soûtient, qui les fixe à leurs places, & qui fait que, quoiqu’adhérentes les unes aux autres, elles peuvent pourtant se mouvoir les unes sur les autres sans la moindre difficulté. Voyez Tissu cellulaire ou Graisseux.

Le corps de l’homme se divise en plusieurs parties principales, qui sont la tête, le tronc & les extrémités : ces dernieres sont, les unes supérieures, ce sont les bras ; les autres inférieures, qui sont formées des cuisses & des jambes. Chacune de ces parties se divise encore en plusieurs autres régions.

On distingue dans la tête deux régions principales : l’une couverte de poils, on la nomme partie chevelue ; l’autre en est dépouillée pour la plus grande partie, c’est la face. Voyez Tête.

La tête est unie à la poitrine par le moyen du cou. Voyez Cou. Le tronc se divise en thorax ou poitrine, & bas-ventre ou abdomen. Le devant de la poitrine retient le nom de thorax ; le derriere s’appelle le dos. C’est du haut & des côtés de cette région, que sortent les extrémités supérieures.

Le bas-ventre a comme la poitrine une face en devant & l’autre en arriere ; la premiere se partage en trois régions : la premiere est au milieu, elle est marquée par le nombril, & de là elle a pris le nom