L’Encyclopédie/1re édition/LYMPHATIQUES
LYMPHATIQUES, (Anatom.) vaisseaux lymphatiques, sont des petits vaisseaux transparens qui viennent ordinairement des glandes, & reportent dans le sang une liqueur claire & limpide appellée lymphe. Voyez Lymphe.
Quoique ces vaisseaux ne soient pas aussi visibles que les autres, à cause de leur petitesse & de leur transparence, ils ne laissent pas d’exister dans toutes les parties du corps ; mais la difficulté de les reconnoître a empêché de les décrire dans plusieurs parties.
Les vaisseaux lymphatiques ont à des distances inégales, mais peu considérables, deux valvules semi-lunaires, l’une vis-à-vis de l’autre, qui permettent à la lymphe de couler vers le cœur, mais l’empêchent de rétrograder.
Ils se trouvent dans toutes les parties du corps, & leur origine ne peut guere être un sujet de dispute ; car il est certain que toutes les liqueurs du corps, à l’exception du chyle, se séparent du sang dans les vaisseaux capillaires, par un conduit qui est différent du conduit commun où coule le reste du sang. Mais soit que ces conduits soient longs ou courts, visibles ou invisibles, ils donnent néanmoins passage à une certaine partie du sang, tandis qu’ils la refusent aux autres. Voyez Sang.
Or, les glandes par lesquelles la lymphe passe, doivent être de la plus petite espece, puisqu’elles sont invisibles, même avec les meilleurs microscopes. Mais les vaisseaux lymphatiques, à la sortie de ces glandes, s’unissent les uns aux autres, & deviennent plus gros à mesure qu’ils approchent du cœur. Cependant ils ne se déchargent pas dans un canal commun, comme font les veines ; car on trouve quelquefois deux ou trois vaisseaux lymphatiques, & même davantage, qui sont placés l’un à côté de l’autre, qui ne communiquent entre eux que par de petits vaisseaux intermédiaires & très-courts, qui se réunissent, & aussi-tôt après se séparent de nouveau. Dans leur chemin, ils touchent toujours une ou deux glandes conglobées, dans lesquelles ils se déchargent de leur lymphe. Quelquefois un vaisseau lymphatique se décharge tout entier dans une glande ; d’autres fois il y envoie seulement deux ou trois branches, tandis que le tronc principal passe outre, & va joindre les vaisseaux lymphatiques qui viennent des côtés opposés de la glande, & vont se décharger dans le reservoir commun.
Les glandes de l’abdomen qui reçoivent les vaisseaux lymphatiques de toutes les parties de cette cavité, comme aussi des extrémités inférieures, sont les glandes inguinales, les sacrées, les iliaques, les lombaires, les mesentériques & les hépatiques, &c. qui toutes envoient de nouveaux vaisseaux lymphatiques, lesquels se déchargent dans le reservoir du chyle, comme ceux du thorax, de la tête & des bras, se déchargent dans le canal thorachique, dans les veines jugulaires & dans les souclavieres. Voyez Glande & Conglobée.
Il est un autre genre de vaisseaux, auxquels on a donné le nom de lymphatiques : car comme il y a dans les corps animés des particules blanches, le sang, a-t-on dit, n’y pénetre donc pas ; il faut donc qu’il y ait des arteres qui ne se chargent que de la lymphe, c’est à-dire des sucs blancs ou aqueux. M. Ruisch a sur-tout observé ces arteres lymphatiques dans les membranes de l’œil, & il n’est pas le seul ; Hovius a vu les mêmes vaisseaux : ce sont, selon lui, des arteres lymphatiques. Nuck les a décrites avant cet écrivain qui a été son copiste, ou qui a copié la nature après lui. Voyez les lettres sur le nouveau système de la voix, & sur les arteres lymphatiques.