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au seigneur féodal qui n’a que justice fonciere. La coûtume d’Artois le donne aussi au seigneur foncier.

Dans quelques coûtumes il se prend en nature ; en d’autres il se perçoit en argent. Dans la coûtume d’Amiens, il est pour chaque piece de vin de deux lots ; ailleurs il est plus ou moins considérable, ce qui dépend de la coûtume, des titres, & de la possession.

Quelques coûtumes attribuent au seigneur le droit de forage pour le vin & autres liqueurs vendus en piece. Par l’art. 7. de la coûtume de Téroanne, le droit de forage de vins, cervoise, & autres breuvages qui se vendent en la ville à bloc & en grosse, appartient à l’évêque du lieu. L’évêque & comte de Beauvais a aussi droit de forage, & prétend que les chevaux, chariots & vin lui sont acquis à faute de payement ; & par arrêt du Parlement de Paris du 9 Mars 1533, ce droit leur fut adjugé à raison de 16 deniers pour le vin vendu en détail en la ville, & de 20 deniers pour celui vendu en gros. Voyez le gloss. de Ducange, au mot foragium ; celui de Lauriere, au mot forage. (A)

FORAIN, (Jurisprud.) se dit d’une personne ou d’une chose qui vient de dehors.

On comprend quelquefois sous le terme de forains, les aubains. Voyez Aubain.

Mais on entend plus communément par forains, ceux qui ne sont pas du lieu dont il s’agit ; comme les débiteurs forains que le créancier peut faire arrêter dans les ville d’arrêt. Voyez Arrêt, Débiteur, Ville d’Arrêt.

Les marchands forains sont ceux qui fréquentent les foires. Traites foraines sont les droits qui se payent sur les marchandises qui entrent dans le royaume ou qui en sortent.

Prevôt forain, est un juge dont la jurisdiction ne s’étend que sur les personnes qui sont hors de la ville, ou est son siége. Voyez Prevôt & Prevôté.

Official forain, est celui qui est délégué par l’évêque hors du lieu où est le siége de son évêché. Voyez Official. (A)

Forain, adj. pris subst. (Commerce.) on appelle marchand forain un marchand étranger qui n’est pas du lieu ou il vient faire son négoce Marchand forain signifie aussi un marchand qui ne fréquente que les foires ; qui va revendre dans l’une les marchandises qu’il a achetées dans l’autre. Voyez Foire.

On appelle marchandises foraines, celles qui sont fabriquées hors des lieux où l’on vient en faire la vente. Elles sont sujettes à confiscation, & les marchands forains à une amende fixée par les statuts des corps & communautés, ou par les officiers de police, lorsqu’elles n’ont pas les qualités requises par les ordonnances Dict. de Comm. de Trév. & Chamb. (G)

FORAINE, adj. pris subst. (Commerce.) droit qu’on paye à Bordeaux sur les marchandises qui viennent de la province de Languedoe, du Roüergue, Querci, Armagnac, Comminge, & Riviere de Verdun. On le nomme autrement patente de Languedoc. Dictionn. de Comm. de Chamb. (G)

FORBAN, s. m. (Jurisprud.) se dit en quelques coûtumes pour bannissement. L’ancienne coûtume du Perche chap. jv. appelle droit de forban, ce que la nouvelle coûtume appelle bannir. La coûtume de Bretagne art. xj. appelle sentence de forban celle qui prononce un bannissement. V. Bannissement. (A)

Forbans, pl. (Marine.) on donne ce nom à ceux qui courent les mers sans commission, & qui attaquent & pillent indistinctement tous ceux qu’ils rencontrent, amis ou ennemis. Les forbans n’ont point de pavillon particulier, mais arborent indifféremment ceux de toutes les nations, pour se mieux déguiser, suivant les circonstances ; aussi lorsqu’on les prend, ils sont traités comme des voleurs publics, & pendus tout de suite. (Z)

* Forban, (terme de Pêche.) petit bateau pêcheur du Marbian, ou baie de Vannes.

FORBANNI, adj. (Jurisprud.) forbannitus quasi foras bannitus, c’est celui qui a été banni d’un certain lieu. Les bannis sont ainsi appellés en la coûtume de Normandie, chap. xxiij. lxxvj. lxxx. c. cxxj. au style du pays de Normandie ; en la coûtume de Bearn, tit. xvj. art. 1. & au livre de l’établissement du roi pour les plaids des prevôts de Paris & d’Orléans. La coûtume d’Anjou, art. xlviij. & celle de Normandie, ch. xxjv. se sert du terme de forbannir, pour bannir ; & celle de Normandie, ibid. dit forbannissement pour bannissement.

Voyez les conflit. de Sicile, lib. I. tit. l. lxxij. & lib. II. tit. x. xx. Leg. ripuar. tit. lxxxjx. & lib. III. Leg. francicoe, cap. xljx. l. lib. IV. cap. lxxj. & ci-devant Forban. (A)

FORBANNISSEMENT, (Jurisp.) bannissement, voyez ci-devant Forban & Forbanni. (A)

FORBISHER, (Détroit de) Géog. en anglois Forbisher’s streight, détroit de l’Océan septentrional, entre la côte maritime de Groënlande, & une île à laquelle on ne donne point de nom sur les cartes.

Martin Forbisher, natif de la Province d’Yorck, fameux par ses courses & par ses exploits sur mer, fit trois différens voyages en 1576, 1577, & 1578, pour découvrir une route au N. O. afin de passer s’il étoit possible, par le Nord de l’Amérique dans les mers des Indes. Il ne trouva point ce qu’il cherchoit ; mais il découvrit en échange plusieurs grands bras de mer, des baies, des îles, des caps, & des terres qui formoient un grand détroit auquel il a donné son nom.

Notre anglois trouva le détroit dont il s’agit ici, dans le 69d de latitude. Les habitans du lieu sont basanés, ont des cheveux noirs, le nez écrasé, & s’habillent de peaux de veaux marins ; la plûpart des femmes se font des découpures au visage, & y appliquent pour fard, une couleur bleue & ineffaçable. Les montagnes de glace & de neige empêcherent le chevalier Forbisher de pénétrer dans le pays, & de pouvoir le décrire. Personne depuis ce tems-là n’a été plus heureux. Voyez sur la vie de ce grand navigateur Heroologia anglica. (D. J.)

FORÇAGE, s. m. (à la Monnoie.) c’est l’excédent que peut avoir une piece au-dessus du poids prescrit par les ordonnances. Lorsque cela arrive par la faute sans doute des ajusteurs ou tailleresse, c’est toûjours au détriment ou perte du directeur. Le forçage est appellé, par l’ordonnance de 1554, largesse : ce mot est assez bien placé, car c’est un don que le directeur fait au public ; il est rare.

FORCALQUIER, Forum calcorium, (Géog.) petite ville de Provence, capitale du comté de même nom. Elle est sur une hauteur, à six lieues de Manosque, 8 S. O. de Sisteron, 12 N. E. d’Aix. Lon. 23d. 32l. latit. 43d. 58l.

Le comté de Forcalquier avoit autrefois ses comtes particuliers, qui dans les anciens titres sont aussi appellés comtes d’Arles, comites Arelatensium ; parce qu’Arles étoit la capitale de leurs états. Le roi prend le titre de comte de Provence, de Forcalquier, &c. dans les actes qui concernent la province. (D. J.)

* FORÇAT, s. m. (Jurisprud. & Marine.) homme qu’on a condamné aux galeres pour quelque crime. Voyez Galerien.

FORCE, s. f. (Gramm. & Littér.) ce mot a été transporté du simple au figuré.

Force se dit de toutes les parties du corps qui sont en mouvement, en action ; la force du cœur, que quelques-uns ont fait de quatre cents livres, & d’autres de trois onces ; la force des visceres, des poumons, de la voix ; à force de bras.

On dit par analogie, faire force de voiles, de rames ; rassembler ses forces ; connoître, mesurer ses